Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

Partagez
 

 La veuve et la couronne | Solo

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Mitsu
♚ Fondatrice ♔

◈ Parchemins usagés : 36409
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2005
Mitsu
Dim 01 Juil 2018, 14:44



Le tonnerre grondait au loin et la pluie s’abattait sur les roses du jardin. À l’intérieur de la demeure de son défunt époux, la veuve était assise au bureau qui appartenait jadis à celui qui était à présent décédé. Elle ne pouvait lui parler, ce soir, puisqu’elle avait apposé sur le sommet de sa tête la Couronne. Ce meuble était l’une des pièces maîtresses de la maison, en chêne massif et finement sculpté. Derrière elle, dans l’un des coins de la pièce, se trouvait un chevalet, maintenant une toile à la peinture inachevée. Elle devrait faire rénover la bâtisse si elle comptait continuer à vivre entre ses murs. Pourtant, ce n’était pas forcément son intention. Il est vrai que le jardin était magnifique mais il en existait des bien plus radieux. Elle sourit avec contentement lorsqu’une brise vint caresser sa peau depuis la porte fenêtre ouverte. Les rideaux qui la cachaient à la vue du monde extérieur virevoltaient dans une danse aérienne et sensuelle. Ce simple spectacle fit naître en elle une profonde émotion. Elle désirait jouer du piano mais elle craignait que celui présent dans l’enceinte des murs ne soit désaccordé. L’air frais apportait avec lui le parfum des roses qu’elle avait disposé en un bouquet élégant et coloré sur une table basse. Elle ne sortirait pas ce soir ; la Couronne la rendait bien plus fragile et elle devait s’habituer à cet état, le surmonter. Son ongle courut le long de la dernière lettre qu’elle devait ouvrir. Les condoléances arrivaient de toute part et il ne faisait aucun doute qu’elles n’étaient pas désintéressées. Elle sourit devant l’écriture fine et ronde qu’elle découvrit. Il s’agissait de celle d’une femme, à n’en point douter. Pourtant, au dos de l’enveloppe figurait le nom d’un homme.

Elle se leva, prenant le courrier avec elle. Elle s’arrêta pour humer le bouquet puis, écarta le rideau pour sortir sur la véranda. Le ciel gris se zébrait. Les Ætheri semblaient fâchés. Elle se plaisait à imaginer Elzédor et Harabella se déchirer pour mieux s’aimer. Ce monde n’était plus le sien et elle sentait cette pointe de nostalgie envahir sa poitrine. Ses enfants lui manquaient et ce temps orageux la ramenait à une multitude de souvenirs merveilleux ou coûteux. Elle souhaitait valser au milieu de convives aux silhouettes fantasmagoriques. Ce monde où la beauté côtoyait le raffinement avait été sien jadis et sans doute lui aurait-il suffit si celui de l’ambition ne l’avait pas embrassé. Doucement, elle fit un léger mouvement du poignet, le bougeoir se déplaçant calmement jusqu’à elle, venant éclairer le manuscrit. Quel ne fut pas son étonnement de constater qu’elle était conviée à un bal organisé chez un jeune Marquis. Elle sourit, se plaisant à imaginer la soirée à l’avance. Elle se sentait étrangement seule, dans cette demeure, éclairée à la bougie et baignant dans une lumière tamisée. Elle n’avait aucun mal à envisager un jeune couple goûter au plaisir de la chair dans le lit qu’elle était obligée d’occuper seule. Pourtant, elle dormait peu. Le sommeil la surprenait, à cet instant, à cause de son changement d’essence mais elle s’interdisait de rêver depuis bien longtemps, à l’image de ses sensations égarées.

Elle entra de nouveau dans la demeure, le bruit du papier s’imposant à elle de façon éphémère lorsqu’elle coinça le parchemin dans les pages d’un livre. Elle avait toujours aimé ce son, froissé. Elle soupira. Tout lui paraissait plus vrai, plus intense. Son corps retrouvait une existence viable, des sensations dangereuses mais exquises. Elle avait fait en sorte d’oublier la splendeur d’une existence vécue pleinement, elle y était arrivée. Elle l’occulterait de nouveau lorsqu’elle serait en mesure de le faire. Les rêveries n’apportaient qu’une réalité douteuse. Les rêveries ne menaient jamais à la gloire, ni au pouvoir. Si elle souhaitait être efficace, elle se devait de demeurer pragmatique et froide. Ses yeux rencontrèrent de nouveau le bouquet. Elle aimait contempler les fleurs, leurs pétales qui se disposaient d’une façon si harmonieuse. La fragilité était séduisante, si précieuse tant elle pouvait disparaître en un battement de cils. Alors qu’elle se déplaçait, ses doigts frôlèrent l’air avant de longer le bois d’un meuble qu’elle abandonna pour sortir de la pièce. Cela faisait plusieurs jours que le soleil radieux éclairait son jardin la journée et qu’elle voyait se bousculer derrière son portail rouillé des silhouettes qui l’observaient. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus joué de ses charmes ainsi.
Revenir en haut Aller en bas
 

La veuve et la couronne | Solo

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» La veuve et ses secrets | Solo
» La veuve et les roses | Solo
» La veuve noire [Quête Solo]
» La Couronne de la Nature | Solo
» | La Couronne Blanche [Solo]
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres du Lac Bleu-