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 Tous les pêcheurs s'avancent lentement

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Mar 10 Avr 2018, 23:10


« Cet imbécile croit pouvoir me fuir longtemps ? Lorsque je lui mettrai la main dessus, il passera le plus mauvais quart d’heure de son existence. » Le démon emprunta une paire de gants noirs qu'il revêtit en vitesse avant de les faire claquer sèchement contre sa peau. Un tissu du même teint enroba ensuite ses muscles de la tête aux pieds, épousant une apparence identique à celle des ninjas que l’on trouvait dans les vieux contes modernes. Le fait d’adopter ce style prenait compte de l’aisance de mouvements qu’elle lui octroyait préférentiellement à la surface qu’elle recouvrait. De toute façon, Zane avait changé de minois depuis peu, et seuls quelques démons proches de lui étaient désormais susceptibles de le reconnaître en dehors des terres infernales. Apprêté pour l’occasion, c’est le visage fermé par le mépris que l’homme frappa sentencieusement son pied sur le sol. Immédiatement après ce signal, un servant lui tendit une lance ornée du plus bel effet. Elle portait l’emblème de sa famille, juste en dessous de la pointe saillante qui formait une espèce d’œil stylisée. Cette arme était destinée aux grands évènements. Dans ce cas précis, la lame finirait par perforer son cœur, lentement et avec tout le plaisir que composerait son couplet final. « Préparez-moi un festin d’anthologie. Je serais de retour bien avant l’aube ! » « Êtes-vous certain de faire le bon choix, maitre ? La colère vous régit et… » « Silence. Cet avorton m’a manqué de respect. J’ai été trop compatissant. De plus… S’il est destiné à me surpasser, il devrait survivre à cette traque. » Le rire de l’homme s’accentua pour ensuite se dissiper au travers de la baie vitrée qu’il emprunta lors d’un plongeon téméraire avant d'étendre ses grandes ailes.

Lucius et lui s’étaient rudement disputés la veille. Les sujets ne manquaient pas pour envenimer leurs mésententes routinières, mais celui-ci avait pris fin dans les pires conditions possible, si bien que Zane avait promis d’anéantir tout ce qu’il chérissait, à commencer par cette Orine avec qui il l’avait vu trainé. Le matin même, il s’était enfui en lui léguant une lettre de menace suffisamment bien formulée pour lui mettre les nerfs à vif. Et si ce n'était que ça, il aurait éventuellement pu passer l'éponge. Toutefois, le gredin n'était pas parti les mains vides en dérobant cette relique avec lui. C’en était trop pour le Monarque pour le laisser filer sans réprimande aucune. Il avait néanmoins anticipé sa réaction en avisant ses gardes. Ainsi, ses espions avaient notamment réussi à le localiser à proximité de cette forêt. Désormais sur les lieux, ses pupilles fixèrent l’horizon en prospectant chaque mouvement susceptible de capter son essence. Son ouïe ne tarda pas à lui traduire la portée des sons, et c’est sous l’impulsion de la plante de ses pieds que l’exécuteur se dépêcha dans sa course. Filant d’arbre en arbre tel un maitre assassin, le guerrier décima la plupart des obstacles qui se trouvaient sur son chemin. Il ne percevait que la silhouette de son héritier, mais il peinait malgré tout à le rattraper en raison des nombreux pièges qu’il avait préalablement aménagés. Malgré la différence de puissance, son fils le connaissait par cœur, et quand bien même il lui était supérieur, il restait un mortel avec des vulnérabilités facilement accessibles.

Pour autant, le démon désamorça toutes les embuscades sans réellement laisser poindre une quelconque intrication, et lorsqu’enfin il jugea la distance parfaite, le Diable bombarda sa lance tel le scorpion dardant son projectile. L’effet accentué par sa trajectoire incertaine marqua un arc de cercle avant de cribler la jambe de ce fichu démon, qui, malgré un cri terrifiant de douleur, parvint à s'en extraire. Après la complétion d’une belle acrobatie par la voie des branches, Zane se posa calmement à la surface. Tandis qu’il s’approcha du corps inerte en foulant les quelques feuilles sur son passage, il retira l’arme fichée dans la terre. Toutefois, c’est en arrivant à proximité de l'être inanimé qu’il sentit l’imposture. « Enfoiré… » En le retournant, il comprit d’emblée qu’il s’agissait d’un leurre sous forme de mannequin qui explosa à la seconde où il posa sa main dessus. Le brouhaha ambiant effraya les volatiles et autres mammifères qui prirent directement la voie de la fuite. L’astuce mise en place n’avait pas suffi à l’annihiler, évidemment. Mais les dégâts perçus avaient affecté certaines de ses articulations motrices en plus de détériorer sa magnifique tenue. Il avançait à présent à visage découvert. Aussi, l’infâme avait réussi à se sauver provisoirement grâce à ce brillant stratagème. Toutefois, il ne pourrait pas aller bien loin, car la lance l’avait bel et bien meurtri. Assez pour le ralentir considérablement dans les jours à venir. La chasse prenait à présent tout son sens. La proie ne pourrait pas s’enfuir éternellement, à moins d’être secourue. Ce qui était hautement improbable de cet environnement hostile.

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Quelques heures plus tard, Zane était là, tranquillement assis sur un rocher, près de ce lac ; une canne à la main. Pas pour attraper des poissons, non. Il avait déjà toutes les provisions convoitées en stock. En revanche, avec une simple pierre au bout de la ligne, ça l’aidait à méditer. Un voyage introspectif en quelque sorte. Et puis, dans ce genre de moments, il se posait constamment des questions sans queue ni tête. Parfois existentielles. Souvent non. En outre, il ne pouvait pas s’empêcher d'avoir une pensée pour ces poissons. Car objectivement, ils étaient quand même très cons. Quelle espèce un tant soit peu douée de raison pouvait se faire avoir par un subterfuge si minable ? Est-ce qu'en remplaçant le ver par un steak, un vampire mordrait à l'hameçon ? Hm. L'idée méritait d'être expérimentée. Après tout, ils étaient certainement aussi cons qu'eux, si ce n'est plus. Enfin bref, il avait élaboré son camp en connaissance de cause. C’était l’endroit le plus approprié pour reprendre le chemin le lendemain. Il avait survécu en des territoires beaucoup plus réfractaires après tout. Il s’y connaissait assez pour éviter et contrer le danger à tout instant. La victoire lui était assurée. Quand soudain…


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Mer 11 Avr 2018, 13:59

Du bout des doigts, la jeune femme repoussa le corps. Privé de toute énergie, celui-ci bascula en arrière pour venir s’échouer contre le sol d’une manière tout à fait ridicule. Un soupir las lui échappa. Qu’une première impression se solde par une conclusion macabre lui déplaisait toujours. Échecs et succès se prenaient d’affection en une valse incessante ; l’ivresse de la chasse l’enfiévrait à chaque fois. Néanmoins, un certain ennui se lovait contre son coeur lorsqu’elle songeait à ses protégés. Certains faisaient preuve d’un talent indéniable ; aucun d’eux ne parvenait véritablement à la surprendre. Sa patience leur sauvait immanquablement la mise, et son choix se révélait rarement avant le moment fatidique. De descendant à macchabée, la morsure différait peu. La brune s’agenouilla devant son œuvre funeste. Une note de tendresse se glissa dans sa voix. « Ne t’en fais pas, je ne vais pas te laisser dans cet état. » Il était l’heure de masquer ses traces. Une besogne face à laquelle elle ne rechignait pas, quelquefois amusée de la mise en scène. Sa lame plongea vers la gorge de la morte pour y tracer une ligne sinueuse. Le sang s’échappa en douceur. Tout consommer aurait été une regrettable erreur. D’un geste brutal, elle déchira la robe de sa victime et la remonta vers son ventre. Dans ces circonstances, personne ne prendrait la peine de vérifier ce qui lui était arrivé. Essuyant le carmin de ses phalanges sur le tissu, elle se releva pour renverser quelques meubles. Lorsqu’elle estima le désordre suffisant, elle ramassa ses affaires et tourna les talons sans un regard en arrière.

Voyager avait toujours été pour elle un fabuleux moyen d’apaiser ses tourments. Loin de ses responsabilités et de ses devoirs, une toute nouvelle vigueur se propageait à travers ses muscles. Il lui semblait que toute inquiétude s’envolait, balayée par la fraîcheur qui lui giflait le visage et par la liberté que les chuchotements du vent lui promettaient. L’insouciance aurait presque pu frapper à la porte. La fureur de Sayanel à son retour serait délicieuse. D’excellente humeur, elle allait de village en village sans se soucier de rien, sinon d’assouvir sa soif et de repérer d’éventuels descendants. Lorsqu’un être au premier abord intéressant dévoilait son véritable visage, elle n’hésitait pas à le refroidir définitivement. De tels meurtres lui importaient peu, en fin de compte. Recluse derrière une étrange léthargie, sa conscience demeurait silencieuse, et l’étreinte de la culpabilité ne faisait que l’effleurer. Son vagabondage avait fini par la conduire aux abords d’un lac somptueux. La présence de la poudreuse lui rappelait les heures de joie auprès de sa sœur et les nombreux jeux auxquels elles s’adonnaient autrefois. Guillerette, elle s’enfonça à travers le paysage immaculé pour rejoindre la surface gelée. Enveloppée dans un large manteau de laine, le froid ne la dérangeait pas outre mesure. La Vampire aperçut un homme non loin. Par réflexe, ses cheveux perdirent subitement leur couleur, ses pupilles prenant la teinte de l’encre. Au-delà de l’amusement, le subterfuge présentait l’immense avantage de la laisser dans l’anonymat. Un sourire ravi se dessina sur ses lèvres.

Dépourvue de la moindre magie, une sphère glacée fila à toute vitesse à travers les airs. La neige s’écrasa contre la joue de l’homme. Callidora éclata de rire. Cet endroit lui rappelait les joies de l’enfance. D’humeur taquine, elle s’approcha de lui sans vraiment se soucier de sa réaction. En cas de danger, la lame qui reposait contre l’une de ses cuisses représenterait un moyen de dissuasion expéditif. « Vous devriez faire attention. Les environs ne sont pas aussi sûrs qu’ils en ont l’air, et vu votre concentration, une bête sauvage pourrait surgir et vous sauter à la gorge. » Achetés dans un village des alentours, des patins de bois rejoignirent le sol. Que son programme de la journée soit quelque peu détourné ne la dérangeait pas le moins du monde. L’imprévu faisait courir sur sa peau de légers frissons. La jeune femme aurait pu se contenter de l'avertissement et passer son chemin. Néanmoins, la posture méditative de l’inconnu la rendait curieuse, et quelque chose la retenait auprès de lui. « Ce n’est pas un endroit commun pour faire du tourisme. J’espère que je n’interromps rien d’important. Vous aviez l’air malheureux comme les pierres. » Que pouvait-il bien chercher à contempler ainsi les ondulations du lac ? Aucune réponse ne surgissait des profondeurs, à l’exception peut-être d’une mort certaine. Elle était bien placée pour le savoir, et ce souvenir lui déplaisait franchement. Cela n'avait pas d'importance. Sans comprendre cette nouvelle lubie, elle ressentait l'envie de passer du temps avec lui. Les poings sur les hanches, elle le dévisagea avec sérieux, prête à lui tendre la main. Broyer du noir de la sorte n'apporterait rien à cet individu. « Il paraît que les gens d’ici ont une coutume particulière qui consiste à se débarrasser de ses vêtements et à s’immerger entièrement dans l’eau. Rien de tel pour revigorer l’esprit. Voudriez-vous vous prêter au jeu ? » Dénuée de toute arrière pensée lorsqu'elle la formula, cette proposition avait néanmoins de quoi surprendre. Au bord de l’étendue, elle posa sa cheville sur la glace pour la briser en douceur. Un léger craquement résonna autour d’eux.

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Lun 16 Avr 2018, 00:18

Telle une gifle infligée par l’une de ses conquêtes, c’est d’une manière pour le moins brutale que le Diable fut arraché de ses songes. Marqué par le rafraîchissement soudain que lui soumettait ce réveil, il passa le revers de sa main sur sa joue pour dissiper toute suspicion. La voix féminine qui l’interpella ensuite lui fit vriller la tête, l’attestant d’une grande surprise. Il ne s’attendait pas à voir quelqu’un débarquer ici, et encore moins une femme. Dans une zone semblable qui laissait très peu de place à la survie, les chances de succomber sans s’y être accommodée en avance étaient élevées. Cependant, si elle était arrivée jusqu’ici saine et sauve, c’est qu’elle disposait de toutes les capacités requises. L’homme ricana néanmoins quant à sa réflexion. Vue de l’extérieur, cette mise en garde était parfaitement pertinente. Intérieurement en revanche, il se savait plus sanguinaire que n’importe quelle bestiole qui foulerait ces terres. C’étaient à elles de le craindre, non pas l’inverse. « Je pourrais sans doute vous renvoyer la balle. Mais je ne le ferais pas. J’ai bien trop d’estime pour les demoiselles qui s’égarent entre deux bifurcations alors qu’elles cherchent juste le point d’eau le plus proche. » Les cheveux dorés comme le soleil, il avait comme une impression de déjà vu en s’arrêtant quelques instants sur ses traits. Un drôle de sentiment qu’il chassa néanmoins bien vite lorsqu’elle s’approcha davantage de son campement. Le moins que l’on pouvait dire, c’est qu’elle ne manquait pas de culot.

Cette intervention inopinée se ferait payer avant qu’elle ne daigne reprendre la route, il en faisait le serment. L’homme jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, laissant un vain sourire lui échapper. S’il avait envisagé de partir très tôt dès l’aube pour traquer sa cible, l’imprévu semblait le rattraper pour le réfréner dans ses actes. Ce n’était pas plus mal. Finalement, même en prenant du retard, il gagnerait la partie. « Il est vrai que j’ai eu quelques soucis… familiaux. Rien de grave cependant. Mon neveu s’est dérobé et je ne pense pas qu’il soit sage de le laisser livrer à lui-même. hm. Vous avez des enfants ? Ne voyez là aucune proposition malvenue. Ce n’est pas mon genre. » Cette question pouvait paraitre étrange pour une première amorce, mais seul quelqu’un avec les mêmes contingences pouvait espérer le comprendre. Quoi qu’il en soit, il ancra fermement le bois de sa canne dans le sol, puis se redressa en étirant ses membres. Il baissa ensuite les yeux pour observer l’inconnu. Quelque chose d’assez mystique en ressortait, comme si une autre entité se trouvait à l’intérieur. Il écouta sa proposition sans trop y prêter attention, avant de percuter le sens de sa question. « C’est la première fois que j’entends ce genre d’histoires. Ainsi donc, vous n’avez pas peur de vous baigner avec un inconnu ? Je pourrais être un dangereux criminel recherché dans tout le pays. Cela étant, j’ai bien fait d'arracher toutes ces affiches avant de venir. » Sans se faire davantage prier par la suggestion qu’il approuvait entièrement, le démon commença à défaire ses accoutrements pour les jeter sur le côté. Le tatouage qui prenait habituellement vie sur sa peau avait pris l’apparence de deux aigles en un qui se dissocièrent sur ses avant-bras. Il garda néanmoins ses sous-vêtements pour des raisons évidentes dues au climat. Le froid était omniprésent, et quand bien même il le supportait relativement bien, ça n’avait rien de comparable à la chaleur ambiante de son environnement. Débarrassé de toutes ses couches, il brisa la glace à son tour pour sauter dans le lac et plonger une tête. Il émergea un peu plus loin, de l’autre côté de la berge.

Il s’accouda contre le rebord et agita ses cheveux avant de les étendre tout en longueur sur son torse trempé. « Vous faites ça souvent ? De venir auprès des hommes qui ruminent pour les inviter à prendre un bain, je veux dire. C’est une technique de drague ma foi amusante. Cependant, je ne vous cache pas que j’en ai vu défiler par centaines. Il en faudra plus pour me surprendre. » À le voir sur son visage tout sourire, il s’agissait là d’un moyen impulsif de la narguer. Zane aimait connaitre les limites des femmes, mais il aimait encore plus voir comment elles parvenaient à les repousser. Le défi lancé par cette dernière en l’invitant de la sorte était plus fort que lui. Il y répondait avec grâce et désirait voir de quoi elle serait capable. « Approchez. Je vous propose un jeu. » Dans le creux de sa main gauche se forma une sorte de ruban qui plana et ondula autour de son poignet. Avec une certaine légèreté, il prit la dextre de la jeune femme pour le glisser sur le tissu qui vint à son tour effleurer sa peau pour se nouer autour du sien. Ils étaient désormais soudés par cette sublime étoffe, certes fine, mais ô combien tenace ! « Les règles sont simples ; évitez de la déchirer. Ce tissu a beau pouvoir s’opposer à de nombreux imprévus, l’un de nous peut facilement s’en soulager avec un peu de volonté. Celui qui craquera le premier recevra un gage. Alors… partante ? » De cette façon, il se garantissait presque une victoire éclatante. Il avait non seulement l’habitude de converser avec les femmes, mais il avait encore plus l’habitude d’avoir une proximité charnelle avec ces dernières. Toutefois, ce n’est pas ainsi qu’il escomptait gagner cette fois-ci. Afin de démontrer l'étendue de ses compétences, l’espèce de renard qu’il était disposa sa paume au-dessus de l’eau. Quelques secondes plus tard, un puissant jet aspergea le visage de la femme de plein fouet.« Oh ! J’ai oublié de demander votre nom. Il est essentiel de connaitre son adversaire pour se souvenir d'une victoire. Pour ma part, appelez-moi Loki. » Les jeux sont faits. Rien ne va plus.

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Mar 17 Avr 2018, 22:13

Toute en décontraction, l’attitude de son nouvel interlocuteur en aurait étonné plus d’un. La jeune femme fronça les sourcils une seconde, agréablement surprise de cette réaction. Ses entrées en matière se faisaient rarement sous le signe de la politesse et de la diplomatie. La provocation lui avait toujours semblé sensiblement plus intéressante, et les débordements qui en résultaient parfois en disaient plus long que n’importe quel discours. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. En dehors d’elle, qui pouvait dire quelle différence existait entre les êtres surgis de sa chair et ceux que son sang relevait ? « Beaucoup plus que je ne le devrais. Je n’ai jamais été une femme raisonnable. Et vous le seriez bien moins si vous faisiez de telles propositions à de parfaites inconnues. À moins que vous souhaitiez en faire collection. » Une activité à laquelle elle-même s’adonnait, d’une certaine manière. Dévorer la vie qu’on lui avait prise était une formidable vengeance. À l’évocation du danger qu’il aurait pu représenter, elle haussa les épaules, désignant le couperet lové contre son flanc. « Quand bien même vous seriez une vilaine bête, cette charmante babiole n’est pas là pour la décoration. » D’un geste agile, elle dégaina la lame. Le métal s’enfonça de quelques centimètres dans la glace. Il s’agissait davantage d’une considération pratique que d’un avertissement : ses vêtements ne tardèrent à s’y pendre. Délestée de ses possessions, à l’exception de sa lingerie, elle fut prise de frissons. Ce n'était sans doute pas l'idée du siècle.

Néanmoins, la fraîcheur des environs n’eut pas le temps de parvenir jusqu’à ses neurones pour la décourager. D’humeur joueuse, elle s’élança à la suite de l’homme. Le contact de l’eau contre sa peau nue lui coupa le souffle. Transie, elle s’empressa de rallier la surface. Une certaine résistance lui assurait de ne pas mourir de froid avant qu’ils ne sortent de l’eau. En revanche, elle ne garantissait pas que sa santé ne défaillerait pas suite à cette aventure. La question de l’inconnu la fit éclater de rire. Ce n’était pas exactement son mode opératoire habituel. « Ne jugez pas une femme qui s’ennuie. Il paraît que dans l’histoire, c’est la jeune fille qui rumine en haut de sa tour, et le pêcheur qui vient l’interrompre. Cela dit, il est vrai que vous avez la crinière d’une princesse. » Une ironie moqueuse s’échappait de ses lèvres. La chevelure de l’homme la laissait véritablement admirative ; elle ne dirait pas un mot à ce sujet. En toute honnêteté, ce n’était d’ailleurs pas la seule partie de son anatomie qui méritait qu’on s’y attarde. Ce n’était pourtant pas ce qui l’incitait à rester auprès de lui. Il était agréable de se laisser aller à l’insouciance d’autrefois. Elle battit des cils une seconde, ses pupilles dérivant sur les muscles de l’autre. « Des centaines ? Belle ambition. Ce n’est pas impossible. Vous n’êtes pas trop mal. » Une franche indifférence perçait sa voix. Dévoiler à un homme certaines informations revenait à signer sa perte, et sa naïveté avait perdu de sa superbe.

Saisie par de légers tremblements, la jeune femme ne protesta pas lorsqu’il s’empara de sa main. Une étincelle de curiosité illumina ses prunelles. La prudence lui dictait vainement de s’éloigner et d’oublier cette sympathique rencontre. Que comptait-il faire de ce fameux gage ? La Vampire voulait en savoir davantage. Sans être le moins du monde troublée par la proximité soudaine que lui imposait le tissu, elle chercha le regard de l’inconnu. « Hm. Pour être honnête, je ne pensais pas me lier à vous si vite. J’espère que le jeu en vaut la chandelle. Je serais impitoyable. » Son penchant pour les défis n’était un mystère pour personne. Cela ajoutait une touche d’imprévu à un tableau que son esprit achevait déjà. Ravie de sa proposition, sa gaieté s’évanouit sitôt que l’eau lui éclaboussa le visage. Ce n’était qu’un juste retour des choses. Un sourire plein de malice lui échappa lorsqu’elle lui donna son nom. « Circé. » Dénuée de magie, sa riposte fut tout aussi enfantine.  Manipuler l’eau demeurait le privilège de sa sœur, et elle doutait que les propriétaires de l’endroit apprécient qu’un étranger fasse s’y lover le feu. Ses gestes limités par une nouvelle contrainte, elle ne prit pas garde à ce qui se trouvait sous ses pas, et, occupée à se venger de l’attaque de son adversaire improvisé, sa cheville glissa. Engloutie par le lac, une gerbe d’eau coula dans sa gorge. La sensation la priva un instant de toute volonté.

De retour à la surface, elle fut prise d’une brutale quinte de toux. Une certaine léthargie venait épouser ses muscles, source d’un engourdissement tout à fait dérangeant. Ses dents claquaient légèrement. Le souvenir de sa noyade l’effrayait bien plus que le froid. Mettre un terme à cette activité restait le meilleur moyen d’oublier ce malencontreux événement. « Je crains d’avoir surestimé mes forces. Faisons une pause, à moins que vous ne préfériez converser avec un glaçon. » Il lui paraissait tout à coup urgent de mettre de la distance entre le lac et elle. Sans attendre la réponse de Loki, elle se hissa sur la berge. Le temps de sa sortie, elle resta allongée contre la neige pour éviter toute déchirure regrettable. Le tissu commençait à s’effiler. En était-elle responsable ? Mieux valait ne pas y songer pour l’instant. « Votre neveu… Comment est-il ? » La curiosité reprenait le dessus, un signe favorable. Ce n’était pas le moment que son esprit déraille. Un bruissement dans son dos la fit sursauter. La jeune femme se retourna. Une légère moue déforma sa bouche. Qu’une créature vienne les déranger la contrariait. D’une taille impressionnante, l’animal montrait les crocs, manifestement décidé à en découdre. « Il semblerait que vous ne soyez pas le grand méchant loup, aujourd’hui. Voilà qui est fâcheux. » Il n’était pas question que son escapade prenne fin de cette manière, encore moins de compter une défaite. De sa main libre, la jeune femme claqua des doigts. D’innombrables petites poules surgirent aux pieds de l'indésirable visiteur. Une pagaille indescriptible s'empara bientôt du groupe qui s'éparpilla pour mener une attaque désorganisée. Cela leur faisait gagner quelques instants. La blonde s'approcha davantage de l'homme, se réfugiant presque contre lui. « Veillez à ne pas vous casser un ongle. Ce serait bête de rompre ce ruban par inadvertance. Je ne suis pas très douée pour me battre, mais je m’accorderais à vos mouvements. » Faire appel à sa magie risquait de saboter son subterfuge. Néanmoins, un désir plus profond la poussait à se demander ce dont Loki était capable.


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Jeu 19 Avr 2018, 13:39

Le vilain fixa l’arme d’un air facétieux. Il était rare que l’on puisse le menacer sans conséquence, et il est vrai qu’il aurait tout simplement retourné cette arme contre son propriétaire s’il n’était pas ici par vocation clandestine. Toutefois, il prenait note de la mise en garde et du fait qu’elle sache se débrouiller seule. Peut-être serait-elle d’un soutien non négligeable pour la suite, même si le Diable préférait régler les conflits intérieurs de son propre chef. « Faites preuve de prudence. Une arme blanche au sein d’un écosystème magique ne vaut rien de plus qu’une pierre dans les mains d’un enfant. » D’ailleurs, la guerrière à l’esprit pugnace présenta rapidement des signes de vulnérabilité quelques minutes plus tard, quand dans l’eau glacée du lac, cette dernière manqua de suffoquer par la magnificence de la masse aqueuse elle-même. Une peur, qui visiblement était antérieure à cette rencontre. Zane oubliait souvent que l’effroi consumait les autres espèces, et que lors de certaines circonstances, elle était relativement préjudiciable, même si à de rares occasions elle agissait comme un moteur. Les siens ne connaissaient pas ce sentiment de crainte, et ce n’est qu’en simulant l’une de ses comédies douteuses qu’il s’en rapprochait le plus.

Les yeux écarquillés, il fut toutefois déconcerté par l’abandon hâtif de la personne, qui juste avant d’y pénétrer, semblait avoir une pleine confiance en ses capacités. « Quelle déception ! Je m’attendais à une lutte plus acharnée. Considérons que j’ai remporté le premier round dans ce cas-là. » Nageant à son tour jusqu’à la rive, la bête étira tous ses membres avant de dépenser son énergie dans des exercices d’arts martiaux en sautillant sur place. Une façon pour lui de ne jamais se relâcher en éduquant son corps à une parfaite réactivité ; ses muscles étant de toute façon taillés pour être poussés à l’extrême. Il se rhabilla postérieurement en délaissant les boutons de son manteau pour laisser son torse à l’air libre. À la question sur son neveu, il hésita un instant, avant de fièrement répliquer : « Vous ne devriez avoir aucun mal à le repérer. Il a une jambe en sang. » Annotation qui s’en suivit d’un rire à la fois acerbe et espiègle, presque dérangeant. « Mais honnêtement, je pense que peu d’abrutis se perdent dans les environs. La plupart ne sont que cadavres et pourritures. » Le timbre de la voix de l’homme se faisait plus austère, son regard miroitant au loin l’espoir de le retrouver et de lui faire passer cette envie de le contrarier. Largement moins ébahi que sa partenaire par la créature aux goûts de luxe qui venait de surgir, Zane pivota à peine sur lui-même pour la jauger. Elle était légèrement moins massive que Krog et… beaucoup moins majestueuse par la même occasion. Il se plaça le plus simplement possible aux côtés de la jeune femme pour ne pas rompre le lien, son poignet rentrant en contact avec le sien. « Ne me dites pas qu’en dehors de l’eau, les petites bêtes vous effraient ? C’est moi qui ai le profil de la princesse, ne l’oublions pas. » L’offensive qu’elle inaugura fut pour le moins… surprenante.

Une meute de gallinacés aussi déstructurés que celui d’un escadron composé d’Anges se heurta à de nombreux obstacles, et hormis pour nourrir le carnivore et le mettre davantage en appétit, il fallait admettre que cette stratégie manquait quelque peu de précision. « Si un jour je vous attaque, j’aurai moi aussi le droit à mon invocation de femmes ? Fascinant. » Néanmoins, cela avait permis de gagner quelques précieuses secondes. Secondes durant lesquelles l’homme avait passé son bras par-dessus l’épaule de sa complice pour arranger sa main au niveau de sa poitrine. Tel un ophidien contournant cette jolie montagne, elle s’accrocha à la sienne, près du couperet qu’elle détenait. « Auriez-vous l’obligeance de me le prêter quelques instants ? Merci. » Puis en la réceptionnant avec celle qui était libre de tout mouvement, il repositionna sa main gauche correctement pour entremêler ses doigts avec la demoiselle, comme de jeunes couples le faisaient lorsqu’ils se promenaient en amoureux. Le côté pratique de la chose était bien entendu à privilégier. « Vous êtes prêtes ? » Une question d’ordre rhétorique, puisqu’à peine formulé, le démon se rua déjà vers la proie comme s’il était lui-même le prédateur. De plus, au lieu de se servir de l’arme de la manière la plus rationnelle, à savoir pour ce en quoi elle était destinée ; du corps à corps, l’imprévisible préféra la lancer à mi-parcours. Malgré l’incompréhension d’un tel choix, il écharpa la cuisse de la bestiole qui vociféra de rage, décuplant ainsi son agressivité animale. Zane échappa de peu à son énorme coup de griffe en se baissant au moment opportun, tirant légèrement sur le ruban pour éviter à une autre tête que la sienne d’être décapitée. Arrivant sur son flan, il tira une énième fois — de façon plus grossière — sur le lien pour attirer Circé à lui.

Avec une pointe de rudesse, son bassin se heurta au sien tandis qu’elle était dos à lui. Ses bras l’enveloppèrent dans l’instant, après quoi son visage s’approcha du creux de son oreille. « Montrez-moi ce que vous savez faire, et peut-être qu’alors je vous récompenserais. » Il s’écarta sans différer et la dirigea avec suffisamment d'adresse pour qu’elle atteigne le flanc où était enfoncé le couperet. Elle n’avait plus qu’à le retirer et à s’en servir comme elle savait le faire. Dans cette seconde phase, le Diable se contentait d’éluder la menace en jouant avec le ruban pour la distancer du danger au bon moment. Il aurait pu rapidement s’en débarrasser, mais il préférait des règles complexifiées à une résolution trop basique. De loin, cette synchronisation pouvait d’ailleurs ressembler à une danse, qui, certes macabre, leur permit d’emporter la bataille après un bel acharnement. Avec une seule erreur d’inattention, une longue entaille traversait son abdomen. Rien de grave. Il en avait vu d’autres. De plus, le tissu n’avait pas cédé. « Hm. pas mal. Vous êtes plutôt douée, à condition qu’on vous cadre un peu. » Siffla le chasseur en se tournant en direction de la forêt. Une créature identique à la première les attendait dans l’ombre, mais celle-ci s’enfuit immédiatement lorsque Zane utilisa son aura apaisante sur elle. Oui. Il aurait pu faire de même pour la première, mais l’enchainement aurait été beaucoup moins drôle. « Allons-y. » La détermination dans son regard, il s’infiltra sans plus attendre à l’intérieur de l’immense végétation en compagnie de la blonde.


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Lun 23 Avr 2018, 10:40

La jeune femme n’eut guère le temps de répliquer aux moqueries de son nouveau partenaire de jeu. L’ironie au bord des lèvres, elle s’immobilisa lorsqu’il initia un premier contact. En d’autres circonstances, sans doute aurait-elle rougi d’une telle proximité. Son regard suivit le chemin de ses doigts jusqu’à ce qu’ils rencontrent les siens. Sans se débattre une seconde, elle se laissa porter par la voix de Loki. Comme une funambule qui n’existe plus que par la divine présence de son fil, enivrée par le vide sous ses pas, elle s’abandonna toute entière. Du début à la fin, il avait mené la danse sans qu’elle ne se soucie du moindre mouvement. Libre de suivre les impulsions du ruban, elle maniait sa lame par pur mécanisme, se fiant aux gestes de l’autre et aux grognements de l’animal. La chair tranchée la laissait indifférente, et le sang qui s’en échappait ne provoquait en elle aucune réaction. La charmante proposition qu’il murmura à son oreille engagea un frisson de plaisir le long de son échine. La perspective d’une récompense et la position étrange dans laquelle ils se trouvaient n’y étaient pour rien. Bien que son être se rebellait à cette idée, elle aimait qu’on la dirige. Lorsque ce funeste ballet s’acheva, Callidora battit des cils. Une lueur espiègle dans le regard, ses doigts saisirent une mèche de cheveux de l’homme pour la remettre en place et vinrent effleurer sa joue doucement. « En vérité, je suis bien plus douée au corps-à-corps. Je m’assure simplement de garder les meilleurs cartes dans ma manche ; je ne voudrais pas que la suite vous déçoive. » Un sourire mystérieux aux lèvres, elle s’éloigna à nouveau de lui. La situation se révélait bien plus inattendue qu’elle ne l’aurait pensé. « Je voulais simplement vous voir à l’œuvre. Vous êtes un homme surprenant. » Cela lui rappelait les jours où, d’humeur joueuse, elle refusait les demandes de Sayanel les unes après les autres, l’obligeant sans qu’il s’en aperçoive à lui donner des ordres qu’elle n’avait alors d’autre choix que d’exécuter. Une délicieuse manoeuvre, assurément. Peu d’êtres sur ces terres avaient cependant eu le privilège de lui dire quoi faire sans subir sa colère.

La passivité n’étant néanmoins pas dans ses habitudes, la blonde s’empressa de lui emboîter le pas. Ses prunelles dérivaient à peine vers les animaux que la forêt dissimulait. D’une blancheur de neige, ils se dissimulaient à merveille dans le paysage. Leur agressivité semblait s’éteindre quelquefois. Ils ne l’inquiétaient pas le moins du monde. Un assaut groupé aurait probablement pu les mettre en difficulté ; les bêtes sauvages n’avaient pas l’air d’y songer. En revanche, cet homme l’intriguait. Une multitude de questions s’agglutinait derrière ses lèvres. Si elle n’y prenait pas garde, sa curiosité risquait de la desservir. « Les gens qui vivent ici doivent avoir le coeur glacé. On dirait que cet endroit est figé dans le temps. Calme, mais ennuyeux à mourir si l’on s’y attarde. Rien à voir avec votre foyer, j’imagine. » Haussant les épaules, elle laissa sa supposition en suspens. La jeune femme percevait aisément la force surhumaine qui se dégageait de Loki ; elle se demandait d’où lui venait une telle puissance et de quelle manière il l’exprimait. Le duel mené avec la créature du lac demeurait un bref aperçu de ce dont il était capable. Néanmoins, il ne semblait pas pressé de partir ; elle aurait tout le temps d’en découvrir davantage. « Je ne sais pas quelles sont vos relations avec cet enfant. Si je peux me permettre un conseil, punissez-le comme il se doit, et oubliez-le. Lorsque les miens me déçoivent, je les délaisse quelque temps. Soyez sûr que par orgueil ou par rage, ils s’arrangent toujours pour attirer mon attention d’une manière bien plus éclatante qu’en d’autres circonstances. Les conflits sont parfois nécessaires. L’indifférence est plus efficace que la réconciliation. » L’essentiel était de retourner la dispute à son avantage d'une manière ou d'une autre. Sentir la volonté de ses descendants ployer sous ses reproches, les faire douter d’eux-mêmes jusqu’à ce qu’ils ne souhaitent plus qu’exister à travers son regard lui procurait un plaisir inavouable.

Leur excursion à travers la forêt ne présentait aucune véritable distraction. La jeune femme avisa un point à l’horizon et s’y orienta délibérément. Quelques instants plus tard, ils parvinrent à une demeure en ruines. Un ancien chalet sans doute. Repérant une ancienne fenêtre où s’attardait du verre brisé, elle s’y engouffra. L’intérieur se révélait tout sauf chaleureux. Meubles rongés par les intempéries et poussière semblaient s’y livrer un combat inanimé. Une cheminée à demi effondrée se trouvait au fond de la pièce. « Ce n’est pas exactement le nid douillet dont je rêvais pour la nuit. » N’y prêtant pas plus d’attention, elle attrapa un bol en bois et une chaise relativement fonctionnelle et l’approcha de leur porte d’entrée improvisée. Faisant signe à Loki de s’asseoir, elle passa la tête à l’extérieur pour nettoyer le récipient de ses impuretés et le remplir de neige. Une fois cela fait, elle se planta devant l’homme. « Il faut prendre soin de cette blessure. » Le ton de sa voix ne supposait aucune protestation. Ce n’était pas tant la gravité de la blessure qui éveillait en elle l’inquiétude. La présence du liquide, en revanche, risquait fort de la pousser à commettre des imprudences, et elle ne comptait pas abandonner son costume de sitôt. Cela lui conférait une impression de liberté qu’elle n’avait pas ressentie depuis bien longtemps. À genoux entre ses jambes, ses phalanges traçaient le contour de la plaie. Une furieuse envie de coller ses lèvres contre la chair pour le dévorer tout entier lui tordait les entrailles. « Ne bougez pas, ce ne sera pas long. » Concentrée sur son œuvre, elle s’efforçait de ne pas y penser. Le parfum du sang lui semblait étrangement familier ; sous les notes métalliques se distinguait une sauvagerie sans nom. Sa mâchoire se contracta. Un désir animal illumina l’obscurité de ses yeux un instant. D’un geste brusque, elle déchira un morceau de son haut et dissimula tant bien que mal la cicatrice encore à vif. Le bandage improvisé l’empêcherait de céder à ses pulsions. Du moins fallait-il l’espérer. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas ressenti une telle envie de mordre. Par chance, quelque chose sur le côté attira son attention. Les lattes formaient une structure irrégulière. Intriguée, elle passa la main sur le bois à la recherche d’un quelconque mécanisme. Un léger déclic se fit entendre. Une trappe se souleva, dévoilant ce qui ressemblait à un long corridor. Joyeuse comme une enfant, la jeune femme se tourna vers Loki. « Tiens. On dirait que cette maison n’est pas qu’un tas de ruines, en fin de compte. Une petite exploration nocturne, ça vous tente ? » Impatiente de la suite, elle avait déjà passé ses jambes à travers l'ouverture, attendant qu'il la rejoigne pour le grand plongeon.

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Mar 08 Mai 2018, 13:15


Irrévérencieuse, Circé s'appropriait le langage avec la même élégance que l’arme qu’elle soutenait du bout des doigts. La pantomime sépulcrale qu’ils avaient intuitivement menée avait ainsi répondu par une victoire éclatante du couple improvisé contre la méchante bête. Cette connivence native possédait quelque chose de capiteux que Zane n’avait pas éprouvé depuis bien longtemps. Le seul homme qui pouvait se calquer sur ses mouvements, Seth, pouvait d’ailleurs en témoigner. Suivre son rythme déconstruit sans s’échiner relevait de l’exploit. L’unique femme qui avait eu ce privilège en revanche n’était plus de ce monde, c’est pourquoi il se sentait particulièrement fortuné de pouvoir concevoir cette familiarité à nouveau. « Comprenez bien que je prends les mots pour ce qu’ils sont, à savoir des promesses pas toujours tenues. Pour me surprendre, il faudra passer à l’acte. » L’homme accompagna cette remarque d’un clin d’œil évocateur. Cela étant, il n’était pas ici pour étancher ses besoins primaires, surtout en sachant que le temps lui était compté.

Toutefois, Zane ne se priva pas non plus pour épier attentivement les formes envoutantes de la jeune femme d’un rictus indécent. En d’autres circonstances, pourquoi pas ? Mais cette fois-ci, il ferait l'impasse sur ses pulsions. La neige favorisant ainsi leurs traques au moyen des empreintes qu’ils estampaient dans la poudreuse, ils pouvaient à tout moment se repérer grâce à cette indication. En évoquant son foyer, il captura de la substance blanche pour former une boule dans le creux de sa paume. Cette dernière fondit. « C’est en effet tout l’inverse. Les gens de ma contrée sont très chaleureux, et quiconque vient y chercher l’hospitalité repart rarement de cet endroit, vous savez. D’une certaine manière, je pense qu’ils s’y attachent un peu trop vite. Toutefois, la destination et la provenance n’ont aucune incidence. L’important n’est-il pas d’élever cette ambiance ? De la rendre plus… conviviale ? Et vous ? D’où venez-vous ? » D’après lui, elle devait être une femme recluse qui dépendait d’un peuple assez exempté et nébuleux. Le fait est qu’elle s’était rendue ici sans l’espoir de tomber sur quiconque, supposait qu’elle savait parfaitement lutter face aux imprévus. « Je suis complètement d’accord avec votre conception de l’éducation. Toutefois, comme je vous l’ai dit, je ne suis que son oncle. S’il commet des bévues qui me font défaut, je peux alors le frapper à mort sans regret. » Il regarda dans sa direction, interrogatif. « Vous êtes donc parent. Mariée éventuellement ? Quel gâchis. » Au final, peu importe. Le Roi n’était pas très sensible aux règles de civilité, et qu’elle soit accompagnée ou non n’y changerait rien.

Lorsqu’ils arrivèrent à ce chalet qu’elle avait elle-même localisé, il patienta quelques secondes à l’extérieur avant d’arracher la porte vieillotte et bancale qui officiait en guise d’entrée. Quel que soit l’intention de Circé, celui-ci se laissa diriger, bien que sceptique quant à ses entreprises. Qu’elle veuille s’occuper de sa blessure, c'était son droit, mais qu’elle lui demande au moins son avis ! Toutefois, il s’exécuta et croisa les bras, davantage pour lui faire plaisir que par nécessité imposée. « Vous savez, j’en ai connu des pires. En revanche, ce genre de positions est normalement réservé dans l’intimité. » Oh, il n’aurait pas dit non à des soins plus personnels. De ceux qu’il privilégiait et qui le boostaient bien mieux que n’importe quelle cure médicale. Quoi qu’il en soit, elle devait avoir l’habitude de s’occuper de ce genre de choses tant ça semblait mécanique. « J’espère que vous gardez d’autres savoir-faire similaires dans vos manches, comme… » Et c’est à ce moment-là qu’elle découvrit cette entrée souterraine. Zane se redressa, attiré par la curiosité de l’évènement. Il n’était pas rare de trouver des abris suspicieux au sein de ces terres, mais ici comme ça, dans une pauvre cahute en ruines, c’était un peu plus surprenant. « Je ne refuse jamais les propositions d’une jolie femme. Et puis je m’en voudrais s’il devait vous arriver quelque chose. Un garde du corps ne vous fera pas de mal. » Qu’importe, où ce couloir les mènerait, car l’amour du défi était plus fort que tout. Cependant, avant de s’y introduire et de fouiller le lieu comme un gamin le ferait pour n’importe quelle trouvaille, le Diable fit naitre un double de lui à ses côtés. En lui cédant la moitié de ses stats, il prenait le risque d’affaiblir son corps d’origine. Mais qu’importe. Quand son clone succomberait, toute la puissance lui reviendrait. Et puis, de cette façon, il décuplait considérablement son rayon de recherche. « Bien. Tu sais ce qu’il te reste à faire. » « Pas de problèmes. J’active mon mode chasseur, je le trouve et je déglingue. » « Si jamais les choses venaient à s’envenimer, pense à m’envoyer un signal. N’importe lequel. » Le clone hocha la tête pour conforter sa compréhension des consignes avant de prendre son indépendance. De retour près de la blonde, il lui sourit. « Je crois qu’à présent, les rôles vont légèrement être inversés. Peut-être aurez-vous besoin de protéger mes arrières. Ou peut-être pas. » Oh, même ainsi diminué, il comptait bien lui prouver qu’il n’était pas en reste. Et puis, cela avait le mérité de lui prodiguer du challenge supplémentaire.

Contractant ses muscles pour les préparer à ce qui allait suivre — certain qu’ils ne seraient pas en paix — Le Démon passa son bras autour du cou de sa partenaire, complètement détendu des risques engagés. « Allons-y, beauté fatale. » Puis il se détacha en faisant se faufiler un poignard de nulle part entre ses doigts. L’homme descendit les nombreuses marches de l’escalier qui menèrent au sous-sol. Il avança le long des sombres couloirs ; puis il les illumina régulièrement en enflammant les torches semées dans les portants en fer et dont le reflet dansant dessinait des ombres spectrales sur les murs et les voûtes. À l’intérieur, une sentinelle était en service. Zane posa immédiatement sa main sur les lèvres de la jeune femme pour l’empêcher d’énoncer le moindre mot, puis il la pressa de traverser d’un pas rapide et silencieux. Personne ne les vit, personne ne les entendit. Les rats relevèrent parfois leur museau moustachu tout en se dressant sur leurs pattes. Mais ils ne furent pas effrayés et reprirent aussitôt leurs activités de rongeurs. Tirant sèchement sur le bras de son allié pour la faire entrer à l’intérieur d’une brèche, le démon manqua de se manger la carpette cramoisie qui reposait au sol. Dans l’empressement, il avait même laissé tomber sa torche, ce qui les amena à se trouver dans la pénombre la plus totale tandis que leurs corps étaient plus proches que jamais, le souffle chaud de son binôme étant perceptible. « N’y voyez là aucune invitation, mais c’est peut-être le moment de faire plus ample connaissance. » L’ambiance s’y serait parfaitement prêtée si un bruit sourd ne déclencha pas la fermeture totale de l’accès par lequel ils étaient entrés. « Oups. On est sans doute dans le pétrin. J’aurais tort d’insister, mais si jamais ce sont vraiment nos derniers instants, il faudrait peut-être… » Coupé par une voix marquée de mystères, Zane écouta celle-ci en se curant l’oreille d’un air méditatif. Mais ça, personne ne le voyait. « Ainsi, vous osez pénétrer mon domaine sans ma permission. Sachez toutefois que vous n’obtiendrez pas la sainte relique. Votre aventure s’arrête ici, jeunes voyageurs. Priez pour qu’un jour, vos héritiers retrouvent vos carcasses répugnantes. Adieu ! » Toujours dans l’impassibilité la plus irresponsable, un brouhaha amorça une soudaine secousse. Quelques secondes plus tard, la pièce continua de vibrer. En tâtant les murs, Zane comprit ce que cela signifiait. « Sans vouloir vous alarmer, princesse blonde, on risque vraiment de payer tribut à la nature si vous ne trouvez pas de solutions pertinentes. Personnellement, je préfère m’économiser pour la suite. » Comme d’habitude, il n’en faisait qu’à sa tête. Mais plus que de raison, il devait absolument ménager ses forces si jamais une situation plus critique le requérait. Plus critique que de finir broyé par un plafond en tout cas.
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Ven 18 Mai 2018, 22:52

Heureuse de constater que sa découverte avait suscité l’intérêt général, la jeune femme esquissa un léger sourire. D’une manière tout à fait imprévue, il lui semblait retrouver auprès de cet étranger l’insouciance de son passé et l’illusoire impression que les faux semblants n’étaient plus de rigueur. Les lèvres de Loki délivraient des questions auxquelles elle ne pouvait répondre sans parsemer le tout d’un soupçon de mirage. Servir des chimères lui plaisait davantage que la véritable version de l’histoire. « Je viens d’un village sans importance que j’ai quitté depuis bien longtemps. Voyez-vous, j’ai une nette préférence pour les voyages. Certaines obligations m’ont conduit à laisser de côté ce charmant mode de vie, mais à présent que mes enfants n’ont plus besoin de guide, je préfère errer à travers le monde. Qu’y a-t-il de meilleur que la liberté ? » Ce n’était pas exactement un mensonge. Sous les traits de Circé, ces paroles prenaient même l’allure pleine et entière de la vérité. Néanmoins, elle préférait ne pas dévoiler trop de détails pour le moment. L’expérience lui avait appris à ne pas jeter tous ses filets à l’eau, quand bien même sa proie le nécessitait, ou les suites se concluaient immanquablement par une désastreuse déception. La blonde jeta un rapide coup d’oeil au clone qui leur ouvrait la voie. Une capacité qui pouvait se révéler utile en de fâcheuses circonstances. Décidément, cet homme piquait sa curiosité. Pour une raison inconnue, le ton moqueur qui autrefois ne quittait pas sa voix faisait son grand retour. « Quelle sympathique faculté. Certaines ont dû passer d’excellentes soirées. » D’un geste vif, elle rattrapa le ruban avant qu’il ne touche terre. Le tissu vint s’enrouler autour de ses cheveux avec une certaine élégance.

Sans émettre la moindre protestation, elle garda le silence lorsqu’il le lui demanda, davantage par prudence que par soumission. Quand bien même elle avait des doutes sur la nature de ce qui les attendait au bout du chemin, elle se confrontait suffisamment au danger pour s’en tirer d’une manière ou d’une autre. Dans le cas contraire, cela n’aurait plus la moindre importance. Rêveur, son regard dérivait sur les flammes qui prenaient vie sur leur passage. Cette vision l’enchantait. Cependant, elle fut prise d’un sursaut lorsqu’il l’attira vers un renfoncement inédit. La chaleur de leurs corps s’entremêlait soudain. Sans écouter ce qu’il disait, elle déglutit péniblement, ses pupilles rivées sur sa carotide. Son souffle s’accéléra. Il lui semblait qu’une tempête s’élevait sous son crâne. Sauvages comme les roulements ancestraux d’un tambour, les battements de son coeur résonnaient en elle. Un instant, elle imagina glisser sa bouche le long de sa gorge, lentement. Le plaisir offert par cette perspective lui fit monter le rouge aux joues. Par chance, l’obscurité dissimulait son trouble à merveille. De sinistres craquements la tirèrent néanmoins de ce mauvais pas. « Est-ce que vos propositions entraînent toujours de pareilles conséquences ? Les hommes, toujours à provoquer ce qu’ils ne peuvent arrêter. » Moqueuse, elle se dégagea de son étreinte avec douceur. Les vibrations de la pièce ne l’inquiétaient pas le moins du monde. Avec désinvolture, elle sortit une pomme de son sac et la lui lança. Ce n’était sans doute pas la magie qui secouait ainsi les murs, et la jeune femme avait sa petite idée sur l’origine de l’incident. « Tâchez au moins de ne toucher à rien. Ce charmant plafond ne va pas attendre toute la nuit pour nous écraser. J’aimerais autant éviter que vous précipitiez les choses. » Sur ces mots, elle se désintéressa subitement de lui, en apparence pleinement occupée à comprendre d’où venait le problème.

En réalité, la blonde s’éloigna de plusieurs mètres, désireuse de conserver l’intégralité de ses facultés. Céder à ses pulsions ne lui apporterait qu’une éphémère satisfaction. Le jeu demandait de la patience, et de cette patience naissait parfois un plaisir sensiblement plus profond. « Pardonnez mon attitude quelque peu... excentrique. Cela fait bien longtemps que je ne me suis pas retrouvée dans le noir, seule avec un homme. » Valser avec les nuances de la vérité avait toujours été une façon pour elle de se changer les idées. Sans se soucier des activités de son partenaire, elle colla sa joue contre l’un des murs. Un bruissement caractéristique courrait le long de la pierre. De curieux motifs à demi effacés par la poussière s’y logeaient également. Levant les yeux au ciel, elle se mit à grommeler. « Un simple mécanisme. Fabuleux. La bonne nouvelle, c’est que nous n’allons probablement pas mourir ce soir. La mauvaise est que cet endroit se révèle moins amusant qu’il n’y paraît. » Une moue contrariée sur les lèvres, la Vampire s’efforça de remonter les lignes du schéma pour en acquérir une vision d’ensemble. Immanquablement, le plafond continuait sa furieuse épopée. Reconstituer les intersections lui donnait du fil à retordre ; elle y parvint néanmoins. Cela ressemblait à s’y méprendre à une carte. En divers points de la pièce, elle fit pivoter quelques blocs, faisant apparaître la clé qui assurait leur survie. Légèrement courbée suite aux caprices de la pièce, elle s’aventura jusqu’aux fameuses ouvertures. Relativement incertaine de ce qui allait suivre, elle enfonça ses bras dans les fentes pour effleurer la pierre qui y reposait. Une multitude d’aiguilles vint perforer sa peau. De surprise et de douleur mêlées, elle poussa un léger cri.

En conséquence du liquide qui s’échappait désormais de ses mains, une trappe s’ouvrit sur le côté de la pièce. L’interminable progression du plafond s’arrêta aussitôt. Les doigts de la jeune femme tremblaient. « Manigancer toute cette stratégie pour une simple babiole me paraît excessif. Encore un imbécile qui ne sait pas quoi faire de son temps. » La gaieté dans sa voix avait fait place à un curieux mépris. Que le propriétaire des lieux s’acharne à protéger son trésor, tel était son bon droit ; qu’il le fasse au moins correctement. De mauvaise humeur, elle s’engouffra à travers la porte sans tarder. Une lueur rougeâtre luisait sur les murs. Une allée de braises menait à une nouvelle salle. La jeune femme passa une main dans ses cheveux. « Je déteste le travail mal fait, et bien que ceci soit douloureux, ce n’est pas digne de... » Sa phrase s’interrompit sitôt que son regard capta une forme qui filait vers eux à toute vitesse. Par pur réflexe, elle se rua sur son partenaire pour lui éviter un bien funeste sort. Leurs corps roulèrent contre le sol. La hache géante continua son roulement en douceur. Un air perplexe s’empara des traits de la blonde. « Tendre un second piège lorsque la proie relâche sa vigilance. Vieille technique. » Son visage se trouvait non loin de celui de Loki. La jeune femme se redressa légèrement, presque penchée au-dessus de lui. Une goutte de sang tomba sur la joue de l’homme. Une lueur de convoitise s’alluma dans son regard. Il aurait été si facile de le lier à elle. Il aurait suffi de tendre la main vers sa gorge pour le priver d’air jusqu’à ce que ces traits divins virent au violacé et que, suffoquant, sa bouche laisse entrer la fatale substance. Une telle vision lui procura un frisson de plaisir. La blonde se mordit la lèvre inférieure en douceur. « On dirait bien que la température monte. » Sa déclaration prenait sans aucun doute une toute autre signification aux oreilles de l’autre. Cela faisait bien longtemps que de tels jeux ne provoquaient plus en elle qu’un léger remous, une sensation diffuse que de chaleureux souvenirs maintenaient à peine en vie. Morte née. Quoi qu’il en soit, elle se concentra sur son envie de découvrir les mystères de cet endroit étrange et se releva sans tarder. Ayant retrouvé une relative bonne humeur, elle s’étira doucement et fit quelques pas avant de se tourner vers Loki. « Ce n’est pas que je ne veuille pas vous porter sur mon dos, mais je crains que votre virilité en prenne un sacré coup. » Sans attendre sa réponse, Callidora s’engagea dans l’allée, indifférente aux brûlures. Voilà ce qu'elle était à présent. Une passion glacée, une bénédiction des flammes.


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Mer 20 Juin 2018, 23:37


Les pupilles dilatées de l’homme ne cessaient de prospecter l’élégante silhouette de sa partenaire. Quelque chose d’étrange courait le long de son échine ; une sensation qui l’avait accompagné à maintes reprises dans ses expéditions et qui l’avait rarement trompé. L’intuition peut-être. En d’autres circonstances, il aurait pris le temps de la cuisiner pour lui faire cracher les mille vérités qu’il voulait entendre, mais pour l’heure, l’urgence de sa quête interférait avec sa curiosité qui passait au second plan. Quoiqu’il puisse advenir à présent, il ferait en sorte d’atteindre son objectif coute que coute ! « Meilleur que la liberté ? Au hasard, la richesse, la gloire, toucher les sommets, sortir victorieux d’une bataille… De nombreuses choses la transcendent, car la liberté, elle, est accessible à n’importe qui. Mais qu’en est-il de ceux qui sont nés pour porter fièrement leurs ambitions grâce à cette bannière ? Beaucoup périssent avant même de franchir la première dune. Vous semblez être une femme intelligente, mais le libre arbitre n’est qu’un droit parmi tant d’autres que nous exerçons tous à notre manière. » Si des peuples avaient jadis étés esclavagés et élevés comme des animaux en cage, ce n’était pas le cas de cette époque-ci. Tous ceux qui disposaient d’un aplomb certain se voyaient atteindre l’indépendance expressément. Cette notion était en réalité les prémices d’un but que se fixait l’homme, non une consécration. Comme le bébé qui s’affole lors de ses premiers pas, il est destiné à marcher.

Toutefois, le Démon ne pouvait guère se laisser troubler par de telles préoccupations alors qu’il avait en face de lui une créature qu’il aurait pu dévorer à n’importe quel moment. Dès qu’elle lui tournait un tant soit peu le dos, Zane léchait le pourtour de ses lèvres comme pour signifier son appétit féroce. La seule raison pour laquelle il la conservait était uniquement due au soutien stratégique qu’elle lui apporterait prochainement. « Ne vous inquiétez pas. J’ai passé l’adolescence pour me désintéresser depuis longtemps des trésors qui ne sont pas organiques. Ces doigts sont parfaits pour contenter la chair, moins pour inverser la vibration de ces murs. » De toute façon, il n’avait aucun pouvoir susceptible de contribuer à cette fugue dans son invraisemblable panoplie. Ou s’il avait l’ombre d’une chance de le faire, rien ne le stimulait à s’épuiser futilement maintenant. Il lui laissait carte blanche, confiant le reste à son ouïe exceptionnelle pour analyser sa conduite. Elle semblait vive d’esprit ; un bon point. « Frôler la mort à tout instant fait couler en moi une certaine forme d’excitation. Quoi de mieux pour se sentir vivant que d’échapper à l’une de ses caresses ? » La vision du Diable était celle d’un fou. Mais paradoxalement, c’est ainsi qu’il s’y était toujours pris pour percer aussi loin. En flirtant inlassablement avec elle. En dansant à ses bras sous un air mélancolique, en écoutant les douces plaintes de ceux qui succombaient à l’arrière. L’exaltation de sortir de ce gouffre était sans pareil à sa plus intense fornication ! Par ailleurs, ce cri engendré par sa complice fit office de passerelle avec cette métaphore. « Un peu de calme, bon sang ! je ne m’entends même plus penser ! » Mais le principal, c’est que son entreprise se soldait par un succès flamboyant. Et en parlant de flammes, c’est justement ce que le prochain thème leur réservait. Sans doute un peu trop fougueux, il s’engouffra le premier dans cette dernière. « Peu importe ce que cet homme cache ou non. Cela m’intrigue suffisamment pour… » Ce fut in extremis. Cette absence de vigilance aurait pu lui couter un bras, voire une tête avec un peu moins d’optimisme. Fort heureusement, la princesse avait volé à son secours de justesse. Penché au-dessus de lui, il ne perdit rien de son audace. « C’est bien trop soudain pour entretenir une passion charnelle. Fugace, même. Chaque chose en son temps. » Plaisanter avec la mort empêchait toujours cette dernière de l’atteindre. Toutefois, le comportement de Circé, bien qu’avide, était différent de celui qu’il avait l'habitude de voir. Cette intensité dans le regard était identique à l'effervescence qu’il éprouvait pour la guerre et les tripes qu’il arrachait au quotidien.

Sans s’en accommoder plus que ça, le Diable fit un tour sur lui-même pour observer la disposition de l’allée. Il ne fait aucun doute que de nombreux pièges les attendraient sur le chemin, agrémenté d’un accueil probablement très chaleureux. « Pas d’inquiétudes. Je suis du genre coriace et puis… du moment que mon regard est porté sur vos fesses, j’ai une raison suffisante pour ne pas succomber. » Il suivit donc la route que traçait la jeune femme. Bien qu’il réfute cette stratégie, c’était sans doute plus sage de la savoir en éclaireuse plutôt que de… mais depuis quand était-il modéré ? Rattrapé par son outrecuidance et son sens inné du spectacle, il accéléra soudainement la cadence pour la devancer, profitant de sa détermination pour apposer une tape sur cette fameuse croupe. « Plus vite que ça, nous n’avons pas de temps à perdre ! » Et c’est en se hâtant qu’il fit irruption dans une grande salle, désertique et paisible. Avec ces quelques colonnes qui maintenaient probablement le plafond, tout laissait présager au territoire d’une créature qu’on leur avait gentiment réservé pour les festivités. Zane se tourna vers Circé qui approchait de l’entrée à son tour. « Prévoyez d’utiliser vos plus puissants sorts, nous en aurons besoin pour… »  Néanmoins, avant que Circé ne puisse atteindre ce même côté, l’accès fut rapidement obstrué pour les désunir. Une option qui n’avait pas l’air d’inquiéter l’acteur de cette comédie. « Bon… changement de plan ! Trouvez un autre moyen de me rejoindre ! Quant à moi, je vais… m’amuser. » Confia le démon avec un large rictus. Ainsi débarrassé d’elle, il pouvait tout donner sans prendre le risque de dévoiler sa couverture. L’immense créature qui ressemblait à un Minotaure affecté de gigantisme se rua dans sa direction, ses monstrueuses foulées faisant trembler le sol tandis que son hurlement bestial engendra une perte d’équilibre de sa part. Son poing manqua de l’enraciner dans le marbre, mais fort heureusement il eut le bon réflexe de doper sa super vitesse au dernier moment.

Le combat allait être rude dans cet état. Tant mieux. À son tour, Zane improvisa une boule de terre dans le creux de sa main droite pour la projeter sur son ennemi, alliant celle-ci à une frivole illusion pour fausser sa trajectoire et viser juste. Seulement, voilà, au-delà d’une résistance farouche, son adversaire repoussa l’attaque en lui renvoyant le projectile. Sur son avant-bras, un bouclier se manifesta au dernier moment pour y échapper à son tour, sans prêter attention au violent coup qu’il dut encaisser de la part du taureau sur pattes. Déclenchant une protection dans son dos pour amortir les dégâts contre le mur, Zane se redressa en essuyant le sang sur ses lèvres d’un revers « Hé hé. C’est plus palpitant que je ne l’imaginais. Second round ! » Usant de la téléportation pour se percher sur ses épaules, sa longue chevelure blonde s’étira afin d'empaqueter la bête dans le but de l’immobiliser. Parmi les fibres les plus solides, il avait beau se démener, il ne pouvait pas s’en dégager aussi facilement. Le Diable profita de cette occasion favorable pour l’asséner de coups sur le visage. Il frappait, encore et encore, jusqu’à lui crever un œil. Une blessure, qui, sordide et cruelle, le fit éclater dans une colère noire. Son pouvoir magique étant considérablement réduit, il ne put conserver cette entrave bien longtemps, et ce qui devait arriver arriva. La corne la bête s’enfonça dans ses côtes, après quoi il s'empara de sa cheville pour le frapper au sol et le jeter comme une vulgaire ordure.

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Quelques minutes plus tard, l’accès fut enfin déverrouillé. Était-ce du fait de Circé qui avait appréhendé le mécanisme, ou bien une simple question de délai ? Quoi qu’il en soit, Zane était dos à elle, sa chair rongée par son propre sang. Son bras droit était entièrement recouvert de la substance pourpre, alors que la moitié de son visage était aveuglé par le liquide. Pourtant, plus que jamais, il semblait heureux et… transformé. « Je vous interdis de me venir en aide, c’est bien compris ? Ceci est un combat de monstres. Restez gentiment à votre place et il ne vous sera fait aucun mal. » Plus qu’une demande, il s’agissait d’un avertissement. Malgré cela, il était incapable de vaincre seul avec ces conditions. D'autant que l'absence de certaines colonnes impliquait un certain risque, à commencer par ces fréquentes secousses.
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Ven 13 Juil 2018, 01:08

Emportée par le vagabondage de ses pensées, la jeune femme s’abandonnait toute entière au silence. Le discret crépitement des flammes résonnait en elle comme une divine mélodie qui l’invitait à s’envelopper d’insouciance. Sa méfiance s’engourdissait, refusant de demeurer plus longtemps en un esprit que l’inquiétude malmenait à intervalles réguliers. En compagnie de cet homme dont elle ne savait rien que le nom et les vagues préoccupations familiales, un apaisement salvateur s’emparait de la Vampire. Les charmantes remarques de son partenaire sur ses formes généreuses dessinaient sur ses lèvres un énigmatique sourire. Le brusque contact contre son fessier ne l’offusqua guère. Sous cette allure enchanteresse, rares étaient ceux qui devinaient le cercueil où reposaient ses plus profonds désirs. Elle-même ne faisait rien pour les approcher de la vérité. Jouer la comédie lui permettait de toucher ses souvenirs du bout des doigts, et la sensation lui devenait indispensable. L’enthousiasme manifesté par Loki aurait pu la surprendre si elle n’avait pas appris à composer avec les invraisemblables délires de sa propre conscience. Amusé par la situation, elle éclata de rire en le voyant franchir tête baissée l’entrée d’une salle. « Vous devriez savoir que l’impatience ne mène à rien de bon. » La blonde eut à peine le temps d’entendre ses élucubrations quant à ses éventuelles ressources qu’un torrent de pierres s’abattit le long des murs. Tout ceci avait sans doute été pensé pour séparer les indésirables.

D’un air ennuyé, elle posa une main contre l’un des rochers, essayant d’apercevoir la scène qui se jouait de l’autre côté. L’interstice ne lui offrit qu’un aperçu trouble où couleurs et formes se mêlaient en un imperceptible tableau. Néanmoins, l’enthousiasme qu’elle percevait dans la voix de Loki suffisait à la rassurer. Sans doute s’agissait-il d’une nouvelle épreuve plus agréable que les précédentes. Sa situation en revanche la contrariait sérieusement. « Si je mets la main sur l’imbécile qui a le fantasme sordide de m’enfermer, il ne va pas faire long feu. Cela dit, tâchez de survivre, je serais embêtée de devoir laisser plus d’un cadavre ici. Et ne prenez pas trop de plaisir sans moi. » D’une certaine manière, elle disait la vérité ; amonceler des macchabées sous ses pas ne lui permettrait jamais d’effleurer les cieux. Agacée par la tournure des événements, elle fit quelques pas dans la pièce à la recherche d’un quelconque mécanisme. Cependant, le maître des lieux ne reproduisait pas deux fois la même erreur, et la magie paraissait l’unique responsable de leur séparation. Cela entravait considérablement son champ d’action. Pensive, elle ne ressentit pas immédiatement les curieuses variations de la surface sous ses doigts. Avant d’avoir eu le temps de réagir, le métal se coula le long de ses bras pour enserrer ses poignets. La blonde poussa un soupir agacé. De telles circonstances n’auguraient rien de bon.

Ce fut le parfum qui lui fit d’abord tourner la tête. Un cliquetis irritant lui rappela qu’elle n’était plus libre de ses mouvements, suffisamment néanmoins pour se retourner. Son coeur rata un battement. Une créature filiforme venait de pénétrer dans la pièce. La blancheur virginale de sa chevelure enveloppée de nuances carmines louvoyait en direction d’une large blessure. « Je vous en supplie... » Les mots ne parvenaient pas aux oreilles de la Vampire. Celle-ci ne percevait que le rugissement ancestral qui, bleuissant les chemins, s’écoulait en flots ravageurs. Un, deux, trois. Le rythme s’affolait, et d’une saccade désespérée, reprenait son souffle avant que le courant ne ralentisse. « Aidez-moi. » Incapable de parler, la blonde se laissait envahir toute entière par le désir. D’un geste brusque, elle tira sur ses chaînes pour s’en délivrer ; le métal ne céda pas d’un millimètre. La sauvagerie en elle balayait toute raison. La victime recula d’un air effrayé. Secoués par des tremblements annonciateurs, ses doigts compressaient la plaie qui déchirait son abdomen. Sa main couverte d’hémoglobine se tendit vers la femme entravée. « S’il vous... » La lame qui se lovait en elle ne semblait pas décidée à se défaire de sa mortelle étreinte. Épuisée, la malheureuse tomba à genoux, les yeux noyés de larmes. Que pouvait-elle encore faire ? Elle se sentait déjà partir. Abandonné par la vie, son corps bascula vers l’avant. Sans qu’une lueur autre que l’envie n’éclaire son regard, Callidora l’observa en silence. Un. Deux. Trois. C’était fini.

En réponse à ce trépas insensé, la porte s’ébranla pour ouvrir un nouveau passage. Soufflées par la magie, les chaînes s’évanouirent. La Vampire s’agenouilla pour tremper ses phalanges dans le sang. Par réflexe, elle les approcha de ses lèvres. Déjà froid. Dégoûtée, elle grimaça et se désintéressa sans plus attendre du cadavre. Une secousse brutale l’arracha à sa rêverie. Qu’était-il donc arrivé à son partenaire de la soirée ? Sa bonne humeur retrouvée, elle engagea un sourire sur les lèvres avant de le rejoindre. « Si vous pouviez éviter de... » Devant la créature que l’homme avait manifestement amochée, sa phrase ne connut jamais de fin. Loki la gratifia d’un avertissement inutile. La jeune femme n’avait jamais eu peur des monstres dont le monde recelait. Celui qui dormait en elle demeurait la source de chacun de ses cauchemars. En apparence abasourdie par la présence du Minotaure, ses yeux s’attardèrent sur le rouge qui dévorait sa chair. Une flamme joueuse y vit le jour. « Vous m’aviez caché votre penchant pour les activités sanglantes. » Du coin de l’oeil, elle aperçut l’animal charger dans leur direction. Au dernier moment, son bras s’étendit vers la créature, délivrant des volutes ébènes qui la propulsèrent à travers la pièce. Le mur ne résista pas au choc, les pierres s’effondrant les unes sur les autres. La blonde s’inclina légèrement devant son interlocuteur, moqueuse. « Je ne voudrais pas entraver vos projets, votre Terreur Suprême. » Sans lui laisser le temps de répliquer, elle s’effaça.

Désormais invisible, la jeune femme se détourna de Loki, le laissant imaginer qu’elle avait préféré s’en aller et glissa le long des murs, prenant soin d’éviter d’approcher l’un des deux géants. La jeune femme connaissait ses limites, et se faire réduire en bouillie ne faisait pas partie de ses envies. Discrète comme une ombre, elle fila jusqu’à un recoin de la pièce dissimulé par l’une des rares colonnes survivantes. La pointe de son couperet s’insinua contre la gorge de l’individu qui observait la lutte en silence. Sa présence n’était sans doute pas étrangère à toute cette aventure, et le bambin en savait certainement bien plus qu’il l’aurait dû à son âge. « Que savez-vous de moi ? » L’enfant ne répondit pas à sa question et éclata de rire. « Vous formez un duo amusant. » Pas le moins du monde impressionné par le contact d’une lame sur sa chair, il fit apparaître une pièce de bois entre les doigts libres de celle qui le menaçait, ignorant délibérément sa question. « Tenez. Il y en a d’autres, qui promettent de plus grandes réjouissances. Il serait dommage de rater le spectacle. » Callidora détourna le regard. L’objet exerçait sur elle une emprise presque magnétique. Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? Sa curiosité éveillée, elle en oublia un instant la situation. La voix du jeune homme la rappela à l’ordre. « Une dernière chose. Vous devriez vous méfier. Cet homme n’est pas ce que vous croyez. » Le regard de la Vampire s’assombrit. « Les choses ne sont jamais ce qu’on voudrait qu’elles soient. » D’un geste brusque, elle fendit les airs de son couperet. L’autre avait déjà disparu, ne laissant que des grains de poussière épouser le sol.

Néanmoins, la conversation avait eu le mérite de la distraire des chutes éparses de pierre qui venaient renforcer l’instabilité de la salle. À en juger par les craquements sinistres qu’émettait le plafond, ce dernier ne tiendrait pas longtemps. Déterminée à connaître la suite de l’histoire, elle se précipita vers Loki, abandonnant en chemin son invisibilité. Qu’imaginait-il faire en affrontant aussi directement la créature ? Admirative de la force surhumaine qu’était la sienne, elle ne se faisait pas d’illusion sur l’issue de la bataille, et une destruction mutuelle ne l’intéressait pas. D’un geste inattendu, elle attrapa la main de l’homme sans se soucier ni de son état, ni de ses protestations. Tous deux s’évanouirent dans la nature alors que les blocs de granit s'effondraient sur le Minotaure. Une maison inoccupée les vit émerger du vide, couverts de sang, aussi éreintés qu’enthousiasmés par leurs récentes mésaventures. Désarçonnés par le voyage, ils roulèrent sur les lattes brunes. La jeune femme se releva en toute hâte et s’éloigna de quelques mètres. Le rouge ne tarderait pas à l’obséder. Il fallait s’en détourner avant qu’un regrettable incident ne se produise. Le plancher craquait sous ses pas. Égayée par la perspective de nouveaux lieux à découvrir, elle posa l’objet sur la table qui traînait non loin. « Regardez. Voilà la fameuse relique. Rien d’intéressant en l'état, je vous l’accorde. Mais ce n’est qu’une pièce du puzzle, et j’aimerais... » Vacillante, la blonde tomba à genoux. Ignorer la faim avait toujours eu le don de saper ses forces.

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