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 Reviens ici petite fille ! [Layne]

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Mer 07 Sep 2016, 19:30

Atteindre Drosera n’avait pas été chose facile : elle avait dû traverser les dangers de la forêt des murmures, mais elle connaissait cette forêt, pour y être venue plusieurs fois auparavant. Le mot le plus juste aurait été « perdu » plusieurs fois. Grâce à ses expériences, elle se rappelait que des spécimens intéressants de champignons hallucinogènes se trouvaient en son sein, et elle en avait besoin. Enfin plutôt son nouveau maître en herboristerie : Aenor, avait souhaité qu’elle lui rapporte des végétaux aux effets inattendus. Elle avait hâte de les mélanger à d’autres plantes afin de faire des tests sur la manière dont elle pourrait faire varier leurs effets sur ceux en consommant. Elle avait bien failli devenir fin folle à cause d’eux, mais elle ne les craignait plus, sachant parfaitement les reconnaitre désormais. La journée dans la forêt passa si rapidement qu’elle ne la vit pas se dérouler, au point de se voir surprendre par la nuit, ce qui n’était pas très malin dans cet environnement, car elle ne savait pas ce qui se cachait dans les bois, parmi les ombres. La jeune femme se souvint d’une ville où elle c’était déjà arrêtée pour un cas similaire. Sans trop savoir dans quelle direction elle se trouvait, elle se mit en quête de ce petit village.

Nissa marcha sur plusieurs kilomètres, sans être réellement persuadée qu’elle arriverait à se trouver un toit pour la nuit. Décidant que ses recherches auraient plus de succès sous une forme animale, elle se déshabilla au milieu de la forêt, et rangea ses affaires dans son sac de voyage. A partir de ce moment-là, elle se transforma en une panthère aussi noire que la nuit. Elle saisit son sac dans sa gueule et partie en bondissant dans la forêt. Son odorat et sa vue était bien plus affûtée sous cette forme féline, et elle se mouvait avec davantage de facilité dans les herbes hautes. Bientôt, elle sentit des odeurs humaines, et des bruits lui indiquant qu’il y avait de l’animation à une bonne distance d’elle, distance qu’elle mettrait peu de temps à combler. Elle découvrit deux individus aux oreilles pointus mais à la peau sombre. Elle avait déjà rencontré des elfes, mais ces derniers étaient différents. Ils se mirent en marche et elle les suivit à pas feutrés. Là où ils iraient, il y aurait certainement un endroit où dormir pour elle. Elle n’avait besoin que d’une nuit pour se reposer et repartir dès le lendemain.

Ses pas s’arrêtèrent nets lorsqu’elle se retrouva face à une forteresse cachée au milieu de la forêt des murmures. Si elle n’avait pas trouvé les deux bipèdes, la jeune femme n’aurait jamais atteint ce point de destination. Dans la pénombre, elle se transforma en humaine et se rhabilla, puis emprunta le même chemin qu’eux pour pénétrer dans ce qui semblait être une vaste cité. En se renseignant auprès de la population, elle apprit qu’elle était chez les Alfars, et que l’auberge d’Anarion pourrait l’accueillir pour la nuit, ce qui lui convenait parfaitement. On l’invita à visiter un peu la cité, étant donné qu’elle s’animait de vives lumières et que la nuit débutait, mais elle n’était pas là pour l’architecture des elfes noirs, même si elle avait déjà entendu vanter leurs mérites dans ce domaine.  Elle tourna le dos à ses informateurs et prit la direction de son lieu de repos pour la nuit. Elle affectionnait les auberges pour les individus qui les fréquentaient : elle en trouvait toujours avec qui jouer, à manipuler pour son bon plaisir, avant de leur faire subir un terrible sort. Beaucoup étaient très influençables, notamment à cause de leur enivrement

L’établissement ne fut pas dur à trouver : plus elle s’en rapprochait et plus elle croisait de personnes ivres, hommes ou femmes confondus, et de toutes races. Elle passa la porte et se dirigea vers celui qu’elle identifia comme le tenancier de l’établissement et demanda une chambre en sortant de l’argent. C’était le langage universel sur les terres du Yin & du Yang : dès qu’on avait de l’argent, on pouvait accéder à presque tout. Elle glissa une seconde pièce et obtint une table assise seule. Il dégagea les quelques ivrognes avachis qui ne consommaient plus, nettoya et la laissa s’installer. Elle détestait être perchée sur des chaises de bars, en équilibre. D’un œil interessé, elle observa ce qu’il se passait : elle aimait observer le comportement des gens et les analyser grâce à leur langage corporel, c’était plus savoureux que de leur parler, mais parfois ennuyeux de facilité, notamment lorsqu’elle se servait de son pouvoir de contrôle des émotions pour sentir ces dernières chez ceux qu’elle analysait du regard. Un homme sombre attira son attention, il l’intrigua, il n’était pas comme tous ceux présents ici. Il y aurait davantage de défi pour jouer avec lui et le manoeuvrer pour faire en sorte qu'il fasse ce qu'elle désire. Elle aimait ça: ceux qui lui résistaient un peu car elle restait une sirène, et son aura attirait les hommes vers elle, sans même qu'elle y fasse quelque chose. Néanmoins, lorsqu'elle avait décidé de jeter son dévolu sur quelqu'un, elle déployait tout son charisme, augmenté par sa magie et toute sa force de persuasion.

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Jeu 08 Sep 2016, 14:08


Voilà, j’y étais. Cela ne faisait pas si longtemps que ça que j’avais quitté ma patrie. Une année? Même pas. Le monde m’avait fait découvrir ses recoins. J’avais pu voyager sur deux continents, naviguer sur la mer, et acquérir des connaissances que mon esprit n’aurait jamais pu s’approprier sans ma décision. Et pourtant, je n’étais pas satisfait. Le dévasté, bien qu’ayant une lacune au niveau de son attrait, m’avait démontré une facette du monde que je n’aurais jamais pu imaginer. Mon talent, que je savais caché, s’était développé. Il fallait maintenant faire face à ma peur. J’avais pesé le pour et le contre longtemps, ne sachant pas si j’étais prêt à remettre les pieds dans la cité qui m’avait tellement fait souffrir. Mais une personne ne peut tout simplement pas s’améliorer en se cachant toute sa vie.

Ma nouvelle acquisition attachée sur mon dos, je pris la poignée sans garde et sortit la lame couleur d’encre. La gemme violette, brillant d’un éclat mauvais sous la caresse du soleil, semblant plus absorber la lumière plutôt que de la refléter, je pris mes premiers pas entre les arbres. Le murmure, léger, sous-jacent, me bourdonnait aux oreilles, me faisant miroiter des promesses que j’aurais chéries… En d’autres temps. Ma première expérience pour sortir de sa prison n’avait pas été une joie. La peur m’avait poussé à sortir en courant, après des jours de déambulation dans la brume entre les squelettes des végétaux. Une végétation maléfique. Une existence que je chérissais, leur beauté sombre me chatouillant les pupilles.

Le chemin vers Drosera ne se révéla pas si compliqué. Un instinct invisible me dirigeait. C’est comme si ma maturation psychologique m’avait ouvert les yeux sur la réalité de ce lieu. La forêt des murmures, la meilleure défense naturelle contre les potentiels envahisseurs voulant s’attaquer à la race Alfar. Mais pour un natif de ces lieux, ce n’était rien de plus qu’une marche vers ce que je pouvais appeler maison. Mais une progression bien pénible psychologiquement. Il était difficile pour moi d’imaginer les diverses réactions que je ressentirais en revoyant la grande Drosera. Quels étaient mes sentiments face à mon vécu là-bas? Majoritairement de la haine. De la tristesse. Et une omniprésence de solitude. Je n’avais pas une belle vision des choses. Mais c’était ma cité. C’était là que je devais faire mes preuves.

Le couvert des arbres s’éclaircit après une demi-journée. Et la Majestueuse me ramena dans l’enfance. Dans un temps où encore, je n’avais pas pris conscience du manque de capacités de ceux que j’appelais à l’époque mes parents. C’était toujours une vision impressionnante. Mais mon affect émoussé m’empêcha de réagir d’une autre façon que de figer. Analyser. La possibilité s’offrait toujours à moi. Je pouvais tourner les talons. M’enfuir. Mais une force invisible me força à continuer à avancer. La lame, comprimée dans des jointures devenues blanches par le stress, retrouva sa protection dans mon dos, et je pénétrai enfin dans la cité. D’un geste réflexe, ma capuche me recouvra la tête, jetant un ombrage impénétrable sur mon visage. Ne pas être reconnu, même si je n’étais pas plus que du crottin lors de ma dernière visite, voilà qui était une excellente idée. Alors, j’étais sur le premier plateau. Linaewen. Lieu de ma naissance et de mes tortures. Bien sûr, étant le niveau le plus peuplé, les quartiers étaient nombreux, et je me savais bien incapable de retourner là où l’Enfer m’avait été instruit. Je me dirigeai donc dans la direction opposée. Les silhouettes me croisant étaient toutes celles d’elfes noirs. Le seul contact que j’avais eu avec mes semblables depuis un bon moment, c’était celui avec Mwayer et Korra. Deux personnages bien singuliers, mais m’aillant donner un meilleur espoir que le reste des représentants rencontrés…

Je pénétrai dans l’auberge Anarion, me disant que ce ne devait pas être la plus miteuse ni la plus fréquentée, malgré les éclats de voix indiquant une intoxication probable à l’alcool de leurs propriétaires. Je sortis quelques piécettes que le tenancier s’empressa d’attraper, avant d’aller prendre une table libre, bien que salie. Ne restait plus qu’à attendre mon repas. Assis, les coudes posés sur la table, le regard regardant les nervures du bois de mon support, je laissais mes pensées dérivées. J’avais combattu ma peur. J’étais rentré chez moi. Mais je ne me sentais pas à ma place. Ce n’était pas un endroit dans lequel je me sentais à l’aise. Je sentais la bête à l’intérieur qui voulait se déchaîner. Elle ne demandait qu’à s’échapper du contrôle serré que j’exerçais pour la contenir. Et la destruction suivrait.

Un arôme me frappa alors. En fait, je n’aurais pu qualifier cela autrement. Mais une force semblait m’envelopper. Mon attention fut dirigée inconsciemment vers une femme assise seule. Intrigante, mystérieuse. Je n’arrivais pas à la définir, à prendre une réelle contenance de ce qu’elle projetait, mais ma surprise fut encore plus grande alors que sans m’en rendre compte, j’étais déjà assise face à elle.

- Qu’est-ce que j’fou là?

Les mots n’étaient qu’un murmure. Ce que je remarquai par contre, malgré mon manque d’attention évidente, c’est que la dame n’était pas Alfar. Une pèlerine, donc. Mes mains empoignèrent le bord de la table, serrant avec frustration, essayant de comprendre ce qui m’arrivait. Un brouillard s’élevait dans mon esprit, m’empêchant de raccorder des pensées sensées.


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Sam 10 Sep 2016, 17:44

La jeune femme retint le sourire triomphant qui n’attendait qu’une chose : naître sur son visage. Ce dernier  exprimait tout de même un feu profond qui se reflétait dans ses yeux sous la forme d’une braise. Les jeux de la soirée étaient lancés. Elle espérait que d’autres hommes ne chercheraient pas sa compagnie, car ils distrairaient le jeune homme en face d’elle. La sirène n’avait pas eu beaucoup d’efforts à fournir : il était déjà devant elle. Du coin de l’œil, elle l’observa, le détailla de la tête aux pieds plutôt. Il avait un air gentil sur le visage, un air de bon garçon, ce qui détonnait avec l’apparence qu’il affichait.  Un sourire amusé se hissa finalement sur ses délicates lèvres lorsqu’il poussa son juron sous forme de murmure « C’est plutôt à moi de te poser cette question : que fais-tu là ? Pendant qu’elle prononçait ces mots, elle avait appuyé sa tête contre sa main, la penchant légèrement en attendant sa réponse : la confusion qu’elle sentait régner en lui l’amusait beaucoup. Sans la moindre transition, elle héla le tavernier et cria –Deux bières s’il te plait. Il le lui apporta vivement et elle le remercia d’une voix chantante : ce qui lui permit de les avoir gratuitement. Elle n’avait pas besoin de distiller davantage de magie dans ses paroles lorsque ce dernier, ivre, était aussi facile à persuader. Elle positionna la sienne devant elle et poussa la seconde vers l’alfar. Tiens, tu as l’air d’en avoir besoin. Tu peux me remercier en m’appelant Nissa et en me disant ton prénom. » Elle prenait les devants, il n’avait pas l’air d’en être capable pour le moment.


La musique et les conversations environnantes se faisaient de plus en plus fortes autour d’eux. La jeune femme fronça les sourcils, elle n’appréciait pas beaucoup cela. Deux voix  se portaient au-dessus des autres, deux voix empruntes d’alcool et de brusquerie, ce qui ne l’étonna pas. Elle se tut, coupant sa conversation avec le jeune homme. Ces deux là forçaient toute la taverne à les écouter de par l’intonation qu’ils prenaient. « On cherche une jeune alfar de 22 ans, vous l’avez vu ? Toute la taverne rit. Il y avait beaucoup de jeunes gens présents dans Drosera, notamment ici, sur ce qu’elle avait cru comprendre être le plateau inférieur de Drosera. Il leva difficilement sa choppe en l’air et reprit. On la cherche pour une belle récompense. Vous ne l’avez pas vu vraiment ? Elle a des yeux blancs, et des cheveux noirs, et puis elle a la peau sombre » Les ivrognes rirent aux éclats : tous les alfars avaient la peau sombre. Ces soi-disant chercheurs de jeunes filles étaient des autochtones, tout comme Nissa, et ne devaient pas forcément y connaitre quelque chose à ce peuple mystérieux. L’orateur tomba, ivre sur la table, et son comparse l’aida à se relever pour sortir. Enfin ils pouvaient s’entendre parler tranquillement. L’évocation de la disparition de la jeune fille ne l’avait pas émue le moins du monde. Elle roula des yeux et se retourna vers l’Alfar. « Ah les hommes… Tous aussi bruyants. Toi tu n’as pas bougé, tu n’es pas comme eux, n’est-ce pas ? Depuis quelques minutes, elle se triturait l’esprit en se demandant pourquoi le peuple des alfars et la cité de Drosera lui était si familière. Aenor, son maître en herboristerie lui en avait déjà parlé ! Voilà pourquoi elle avait l’impression de connaître la cité. Là-haut, sur le second plateau, se trouvait l’université de botanique. Elle ne pouvait pas l’intégrer de par sa nature extérieure à ce peuple, mais dès qu’elle serait passée maître dans l’herboristerie, elle s’attendait à ce que ses portes lui soient ouvertes. L’occasion était trop belle pour ne pas en profiter pour rapporter quelques livres chez elle afin d’étudier à la maison. Elle reprit, tout en jouant , grâce à son pouvoir de contrôle des émotions et à sa voix enchanteresse, sur le sentiment de joie que sa présence donnait au jeune homme, augmentant l’envie de lui plaire qu’il pouvait avoir. Non toi tu n’es pas comme les autres, je le vois. Connais-tu l’université de botanique du second plateau ? J’aimerai beaucoup avoir l’occasion de lire quelques livres provenant de là-bas. Pourrais-tu m’en procurer avant que la nuit ne soit trop avancée ? J’aimerai bien apprendre à mieux te connaitre par la suite. » Cette proposition, d’une oreille extérieure, pouvait paraître des plus ridicules. Impossible pour la personne en face d’accepter une telle suggestion. Sauf que cette personne était sous l’influence d’une sirène, qui savait exactement ce qu’elle souhaitait. Nissa espéra ne pas être tombé sur un bon à rien incapable de se servir de ses mains, qui se ferait prendre quelques minutes après son entrée sur le second plateau. Non elle souhaitait être tombé sur un as, et même si son air gentil indiquait qu’il ne l’aurait jamais fait en temps normal, elle soupçonnait une certaine partie d’ombre cachée en lui. Sans compter sur ses capacités physiques : elle l’avait observé bouger. Ce n’était pas le dernier des maladroits.

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Lun 12 Sep 2016, 03:14


Malgré la répulsion profonde qu’il ressentait à obéir à ce qu’elle demandait, il sentait une force extérieure à sa volonté lui dicter ses prochaines actions. Mais cette force, même s’il la sentait étrangère, il la sentait étrangement au diapason avec sa propre âme. Comme si c’était une copie de lui-même qui le dirigeait vers une voie détestée.

- Pour répondre à ta question, j’suis ici parce que c’est à Drosera que j’suis né, contrairement à toi.

Il gardait tout de même l’adversité de s’exprimer selon ses pensées. Une impulsion le poussait à répondre, lui qui avait une amie proche s’appelant silence, elle n’était plus en ce moment. La bière qu’il se fit offrir le mit d’une humeur encore plus massacrante. Il n’avait pas besoin de recevoir la charité. Et il n’allait certainement pas payer cette insulte en donnant en signe de paiement son…

- Layne.

Les mots étaient sortis seuls. Hors de la volonté, s’exprimant de leur propre gré. Mon ouïe capta alors la description d’une Alfar perdue. Et les rires accompagnant la description. La peau sombre… Une caractéristique bien commune à une majorité des elfes noirs. Une description que je ne partageais pourtant pas avec mes semblables. Sa prochaine question l’étourdit encore plus. Mais qui était-elle? Elle débarquait dans Drosera, un lieu de grande beauté, et elle venait bousculer l’ordre naturel des choses en critiquant les mœurs et habitudes… Pas que cela me dérangeait vraiment en fait. J’abhorrais même la constitution en place… Mais sa présence à elle me donnait envie tout à coup d’y adhérer.

Une autre vague de confusion me frappa après son exposition de l’université du deuxième plateau. Un sentiment étrange. Un désir même, une urgence d’aider cette femme. Voilà ce qui s’élevait au plus profond de mon cœur. Mais la rage hurlait. Je voulais… Mais ne voulais pas.

- Je vais le faire. Dis-moi ce que tu aimerais avoir en priorités. Aller sur le deuxième plateau devrait m’être assez facile désormais…

Le reste était resté enfermé dans mon être. Il ne fallait pas exposer mon ignorance même de ce à quoi ressemblait ce deuxième plateau. Bien sûr, Drosera marchait avec une caste de pouvoir. J’étais parti plus bas encore que le plus des échelons de l’échelle. Mais malgré mon incognito, mes capacités parleraient d’elles-mêmes si j’avais à démontrer mon savoir. La magie n’était pas encore d’une grande importance au niveau de Cyrìon, j’avais ma chance au niveau de mes capacités physiques. Il suffisait de démontrer si preuve était sollicitée.

Mais je ne voulais pas. Frustré par ce manque de contrôle sur moi-même, mon esprit divaguant aussi hors de ma portée, j’agrippai la chope à pleine main, la serrant avec toute ma hargne. J’espérais qu’elle éclate. Qu’elle explose sous ma poigne, me déchirant la chair et me ramenant à la raison. Une raison qui me poussait désormais à être serviable.

- Je… Vais… Te…

Les mots furent susurrés, mais ils disparurent dans l’air festif de l’auberge, la musique effaçant les vestiges de cette menace en l’air. Je me levai d’un bond, ma capuche se faisant projeter sur mon dos, libérant mes cheveux d’un noir d’encre attaché par une ficelle d’un rouge bourgogne. Mon faciès était tordu par de violentes expressions. Elle semblait me prendre à la légère. Beaucoup trop à mon goût.

- Tu veux tes bouquins avant que la nuit soit tombée pour que l’on puisse discuter plus amplement, c’est ça? Alors je vais y aller de ce pas. Libre à toi de me suivre jusqu’à la porte de passage de plateau. Sinon, t’as qu’à attendre ici, je vais revenir.

Mon regard brûlant de glace se tourna vers la droite, là où trois Alfars me dévisageaient. Jeunes. Ils devaient être un peu plus vieux que moi. Pas plus que la trentaine. Et ils semblaient voir en moi quelque chose que moi-même je ne voyais pas. Mais les yeux verrons de l’un d’entre eux me revinrent en mémoire. L’un de mes bourreaux de jeunesse. L’un des responsables de ma si grande affinité avec la solitude. Et ils étaient probablement tous des acteurs de cette cruauté que j’avais subis. À voir leurs expressions, je me doutais qu’ils se souvenaient de moi. Je n’avais pas vraiment changé. Peut-être étais-je un peu plus grand, un peu plus musclé. Je me dirigeai vers eux, un sourire mauvais aux lèvres.

- Vous êtes chanceux que je sois accompagné aujourd’hui. Mais demain est un autre jour.

Je me retournai, une démarche féline caractérisant mes pas. Je me dirigeai vers la sortie, attendant encore les dernières instructions de celle qui me faisait ressentir un état de déchirement constant.


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Mar 20 Sep 2016, 18:29

Malgré une évidente attirance envers elle, et davantage envers son esprit que son physique, il émettait une vive résistance. D’habitude, on ne lui opposait pas de barrières comme lui le faisait. Malgré tout, dès qu’il ouvrait la bouche, c’était pour exécuter les envies de la sirène, mais elle sentait une bataille en son for intérieur. Elle n’aurait pas été surprise, si elle avait pu lire les pensées de ce dernier, qu’il se rende à peu près compte de ce qu’il se passait mais que son charme hypnotiseur prenne le dessus au dernier moment. Il était intéressant. Elle prenait plaisir à le détailler, l’analyser. En apparence et à l’intérieur, il était gentil, mais très indépendant, trop. Il n’acceptait d’aide de personne et elle devrait le tuer ou être loin de lui lorsque son charme envoûtant ne fonctionnerait plus.

A l’entendre parler de sa facilité à atteindre le second plateau, elle devina qu’elle avait affaire à un alfar qui c’était élevé au-dessus de ses pairs, pour la plupart, des rats à ce plateau-ci. Comme dans toute cité, Drosera possédait des quartiers pauvres, et d’autres riches. Son système de castes n’était pas très surprenant. « Je souhaiterai que tu trouves un livre traitant de l’Artémisium et un autre sur la Celasum.  C’était des plantes qui poussaient dans la forêt des murmures. La première pouvait faire tomber dans la folie celui qui l’ingérait et la seconde, rien qu’en la humant, pouvait faire plonger une personne dans un profond sommeil. Ce n’était pas dans ses plans, mais si grâce à ces livres, elle pouvait trouver les deux ou l’une des deux plantes, son bonheur serait des plus complets. Layne se redressa, piqué au vif. Elle n’avait pas adoptée le bon ton avec lui. Elle avait deviné qu’il avait en horreur qu’on le materne, ce qui était contraire à la majeure partie des bipèdes masculins peuplant les terres du Yin & du Yang, elle devrait se montrer son égale dans la joute verbale dans laquelle elle escomptait se lancer. –Je vais t’accompagner. Ça me permettra de voir un peu Drosera en nocturne. » Elle se leva à sa suite, puis s’arrêta derrière lui lorsqu’il dévisagea les trois alfars qui se chargeaient de faire la même chose. Elle lui aurait bien proposé son aide pour lui enlever ces épines du pied, par pure distraction, mais il aurait été vexé et elle aurait perdu son emprise sur lui. De plus, elle préférait jouer dans l’art et la finesse.



Ils s’engagèrent par la porte de la sortie, et l’air frais et humide de la cité emplit les poumons de la sirène. La nuit serait fraîche et il ne ferait pas forcément bon de traîner trop dehors. Elle aimait son confort. Elle le suivit en silence dans la nuit noire, puis le regarda s’éclipser vers le second plateau en se calant le dos contre une vieille bâtisse. Elle ne savait pas si il serait long mais elle savait s’occuper. Elle aimait la pénombre et l’aspect rassurant qu’elle avait car elle lui permettait de se camoufler aux yeux de tous. Nissa avait toujours apprécié cela, passer incognito lorsqu’elle se déplaçait, mais au fur et à mesure que ses pouvoirs s’étendaient, elle avait de plus en plus de mal concernant cet aspect-ci. Elle ne s’aperçut pas de la force avec laquelle elle pensait à son envie de redevenir aussi invisible qu’à ses débuts or de l’eau, et lorsqu’elle regarda sa main, elle ne la vit pas.  C’était la même chose pour son bras. Son étonnement fut tel que tout réapparu. Elle comprit immédiatement qu’elle venait de se découvrir une nouvelle capacité. Elle fronça les sourcils de concentration, une expression satisfaite sur le visage. Elle venait de se trouver une occupation des plus formidables : s’entraîner. Elle ne vit pas le temps passer, effectuant plusieurs essais, plus ou moins fatiguant. Ce n’était pas de la fatigue physique mais plutôt de l’usure mentale mais elle commençait à saisir la manière dont ce pouvoir fonctionnait. Il était très différent de sa maîtrise de l’eau et de l’air, mais elle se focalisait davantage sur son désir de disparaître, le laissant l’emplir. Un bruit attira son attention et elle se renfonça dans l’obscurité. Elle reconnut l’alfar qu’elle avait laissé partir plus tôt dans la soirée, Layne, à qui elle avait demandé de lui rapporter des livres de la fameuse bibliothèque de Drosera. Voulant lui jouer un tour, elle se rendit invisible et s’approcha de lui. Elle savait qu’elle pourrait seulement maintenir son état que quelques secondes, jouant davantage sur sa puissance que sur son contrôle du pouvoir. Ce qui pouvait aussi lui jouer des tours, car si elle n’était pas persuadée d’arriver à rester invisible assez longtemps, elle risquait aussi de ne pas réussir à réapparaître : pas assez de contrôle pouvait être aussi dangereux que pas assez de magie ou trop.« C’est moi que tu cherches Layne ? » mais à son soulagement, elle apparut presque aussitôt devant lui, sortant de nul part, comme si elle ôtait une cape d'invisibilité.


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Mar 27 Sep 2016, 13:23



Sa réponse me titilla l’oreille un peu plus. Voir Drosera de nuit, c’était la voir dans sa plus grande beauté. Ténébreuse, traîtresse. Peut-être serait-elle dévorée par les ombres se cachant aux détours de murets, ou bien annihilée par les multiples jeunes Alfars en recherche de sang frais pour se venger de la société dans laquelle ils vivaient. Faire ses preuves était une obligation bien triste, mais qui pouvait devenir plaisante lorsque celles-ci étaient faites sur une étrangère. Mais en même temps, je doutais qu’elle puisse se faire surprendre. Elle dégageait une aura beaucoup plus dangereuse que son apparence laissait percevoir. C’était une personne à éviter, et si je le sentais, d’autres seraient plus intelligents que moi et se tiendraient loin.

Enfin, le chemin s’acheva et je pus me débarrasser de sa compagnie un instant alors que les portes de Cìryon s’ouvrirent sur notre chemin. Bien gardées, elles étaient énormes. Faites d’un bois renforcé d’un métal vert sombre encadrant ses angles, elles donnaient une impression de puissance, mais aussi d’avertissement. Quiconque ne peut traverser ce passage sans y avoir l’autorisation. Une autorisation que je n’avais pas… Pas encore. Étant désormais seule, mon fléau étant disparu au coin d’une ruelle, je me dirigeai vers le garde le plus près, tout en gardant ma capuche relevée.

- J’ai à faire dans Cìryon. Personne ne me connaît, mais le droit d’y entrer devrait m’être acquis désormais.

Les regards mauvais de tous les gardiens se tournèrent dans la même direction, la mienne. Celui se dressant devant moi devait bien être plus petit que moi d’une bonne tête, et sa charpente carrée témoignait de ses capacités physiques.

- Tu connais les lois. Qu’est-ce qui peut te faire prouver ta valeur? Cìryon est fermé aux rebuts de Linaewen, alors qu’est-ce qui te rend meilleur que la crasse vivant ici?


Sans un mot, je libérai mon visage des ombres et le transperçai de mon regard de glace, mes longs cheveux noirs déjà rejoints en une natte serrée. Ma main se porta au fourreau de ma lame dans mon dos, et je tirai l’arme absorbant la noirceur par ses propres ténèbres. Un immense sourire éclaira mon adversaire, qui tira deux cimeterres. Je n’attendis pas et chargeai, plongeant vers ses jambes, tête baissée, avant de me relever d’un coup vif de talon, bloquant au passage ses lames qui allaient me déloger une épaule. Tournant sur moi-même en gardant la pression de mon épée sur ses armes, je lançai un coup de coude qui lui atteignit la tempe avant de lui faucher les pieds. La pointe acérée trouva le chemin de son cou, allant faire couler un mince filet alors qu’il me regardait d’un regard où se mêlaient admiration et terreur.

- Je pense que ma valeur est prouvée.

Je rangeai mon épée avant de lui tendre une main et le remis sur pied. Sans un mot de plus, je passai les portes que jamais avant je n’avais pu traverser, et me retrouvai dans un environnement complètement différent de celui d’où j’étais venu. Tout était plus… Gracieux, luxueux. Mais ce n’était pas ma préoccupation. Je me mis à longer les murs, devenant ceux-ci dans ma démarche presque silencieuse. Attirer l’attention n’avait jamais été ma force, et ce jour ne faisait pas exception. Je pris le chemin le plus court pour me rendre à l’université d’Aldaron. Mon étude datait, mais les voies me restaient en mémoire. Ces journées passées à préparer mon arrivée dans le deuxième plateau avaient payé, et je pouvais dire que j’étais fluide dans mes déplacements. Je n’avais pas l’air d’un premier visiteur. Cela m’aurait fait trop… Honte. Ma fierté en aurait été durement touchée. Enfin, j’arrivai à ma destination.

Le bâtiment n’était pas gardé en tant que tel. Tous les habitants de Cìryon avaient le privilège d’y accéder. Seul l’apprentissage là-bas était limité. À mon entrée, je croisai un groupe d’Alfars arborant toutes les couleurs pigmentaires. Au nombre de cinq, je captai leur conversation tout en continuant mon chemin, les suivant dans les larges couloirs. Ils parlaient encore de la jeune femme disparue. La récompense était apparemment très alléchante. Il suffisait seulement de la retrouver. Mais les pistes menant à elle étaient nombreuses et absentes en même temps. Un fantôme. Elle s’était envolée une nuit, sans laisser de traces. Aucun indice. Un travail de professionnel…

Nos chemins se séparèrent alors que je pénétrai dans le paradis de la connaissance. J’avais rêvé de ce moment toute ma vie. Avoir accès à tous ces bouquins. Se bourrer le crâne jusqu’à la mort de ces manuscrits. Une lueur d’espoir qui devenait maintenant brasier ardent. Malheureusement, une compulsion me poussait à trouver des livres en particulier… La recherche à travers les rayons se révéla être une orgie de plaisirs. Mes yeux ne pouvaient supporter le nombre de savoirs intéressants qui dormaient sur ces étals. Je reviendrai… Et j’en profiterai. Ce retour à Drosera n’était pas si mal, en fait.

Une fois ma besogne achevée, je jetai un dernier regard affectueux à cette immense pièce, pensant avec satisfaction que ce ne serait certainement pas ma dernière visite, puis je repris le chemin du retour. Alors que j’allais atteindre la porte, je vis deux silhouettes vêtues à la mode courante. Grands et élancés, leurs traits étaient d’une grande finesse, malgré la détresse apparente qui se peignait sur leur visage. Passant sans m’arrêter à côté d’eux, je sentis une poigne forte m’enserrée le bras et me retourner. Surpris, je lançai mon pied pour assommer l’agresseur, mais la femme me bloqua et attrapa ma jambe.

- Désolé de prendre de votre temps, mais nous cherchons notre fille qui a disparu, et nous demandons toute l’aide possible…

Je lâchai la contraction qui maintenait mon corps en tension, et déposai ma jambe maintenant libre sur le sol.

- Ouais j’en ai entendu parler. Je vais garder l’œil ouvert. La description est assez générale, mais j’imagine que vous pouvez me donner un indice de plus quant à un signe distinctif.

Un mince sourire écarta leurs lèvres, puis l’homme sortit une boucle d’oreille de sa poche.

- Elle porte l’autre à l’oreille droite. Si vous la retrouvez, la récompense sera satisfaisante pour vous, et nous allons vous être plus que reconnaissants.

Je pris la joaillerie, tournai les talons, et m’en alla en levant la main en l’air en signe d’au revoir. Mon arrivée à mon point de départ était maintenant conclue.  Je dissimulai les deux bouquins dans la poche de mon manteau avant de retourner dans Linaewen, m’attirant des regards curieux des gardes ayant assisté à mon escarmouche plus tôt.

La voix de même que l’apparition de mon bourreau ravivèrent les braises de ma colère. Mon esprit en paix redevenait tempête à sa vue. Je ne savais pas d’où elle venait, mais je savais que son petit tour m’avait fait sursauter, et je n’aimais pas montrer ma faiblesse. Ce sursaut avait été suivi d’un mouvement de prise sur ma dague.


La voix de même que l’apparition de mon bourreau ravivèrent les braises de ma colère. Mon esprit en paix redevenait tempête à sa vue. Je ne savais pas d’où elle venait, mais je savais que son petit tour m’avait fait sursauter, et je n’aimais pas montrer ma faiblesse. Ce sursaut avait été suivi d’un mouvement de prise sur ma dague.

- Tu me refais ça, et je te jure que…

Les mots furent bloqués dans ma gorge. Une frustration évidente me fit balbutier. Mais je savais que mes menaces n’étaient que de l’air. Je ne pouvais lui résister. Je ne pouvais pas l’affronter et n’était pas en mesure de même la toucher. Je le pressentais. Je sortis les manuscrits demandés avant de les lui lancer, me doutant qu’elle ne se laisserait pas surprendre par cette action.

- Tiens, j’imagine que c’est ce que tu voulais. Maintenant, j’en ai fini avec toi.

J’allais tourner les talons pour disparaître dans la nuit qui s’épaississait, une petite déception au cœur de voir qu’elle était encore en vie, mais je ne pus bouger. Une force invisible me retenait. Des chaînes entravant mes mouvements. Et je me souvins qu’elle m’avait dit qu’elle voulait apprendre à mieux me connaître. Mon esprit voulait bouger, mais en même temps, il ne voulait pas, résultant en une immobilité physique, seulement brisée par mon froncement de sourcils devant mon impuissance.

- Ou j’imagine que toi, t’en as pas fini si je suis pas capable de dégager…


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Sam 01 Oct 2016, 07:47

 Nissa rattrapa les fameux livres volés par Layne pour elle, au vol. Il n’avait pas apprécié d’être surpris et surtout de montrer sa surprise : elle pouvait comprendre cela et ne lui en tint pas rigueur : elle n’allait pas brider toutes ses émotions pour qu’il devienne sa poupée vide d’âme et totalement obéissante. « Je te remercie c’est parfait. Tu n’as rencontré aucun problème en allant les récupérer ? » Elle voulait surtout s’assurer qu’il n’avait pas ramené de problèmes avec lui qui pouvaient le suivre de près. A peine sa besogne fut-elle achevée qu’il souhaitait déjà passer son chemin et se séparer d’elle, mais elle ne l’entendait pas de cette manière. Il était très étrange qu’il lui oppose tant de résistance alors que bien d’autres seraient déjà en train de l’adorer. Elle sortit l’insigne de son sac et le suspendit au gilet qu’elle portait. C’était un ornement en or qui augmentait son pouvoir de séduction. Elle l’avait eue après avoir participé à une soirée plus qu’étrange chez les humains. Elle ne répondit pas à la dernière accusation, et se contenta simplement de lui prendre le bras afin de l’entraîner plus en avant « Retournons à la taverne, il va commencer à faire froid.  Elle usa de toute son influence pour qu’il se détende. Où était passé le gentil alfar qu’elle avait deviné en lui ? Il était beaucoup trop agressif et impulsif pour qu’il ne cache pas une partie plus sombre de son être sous l’apparence qu’il affichait. Elle remarqua aussi qu’il semblait soucieux, un peu préoccupé et qu’il observait tous les alfars qui passaient sous son regard. Cherchait-il quelqu’un ? –Tu sembles distrait, il y a quelqu’un que tu recherches ? » En réalité, cela n’intéressait pas réellement la sirène, mais elle préférait qu’il libère son esprit de tout ce qui pouvait le rendre soucieux afin qu’il se consacre pleinement à sa compagnie. Elle ne l’imaginait pas qu’il puisse l’entraîner dans d’obscures conspirations au sein de Drosera. Tout à coup, il lui parut un peu ennuyeux. Même dans la taverne, elle n’arriverait pas à faire sortir son côté sombre, il resterait un peu simplet et elle allait très rapidement se lasser.



Ils arrivèrent en vue de la taverne. Bien évidemment, les alfars qui avaient interpellé Layne au moment où Nissa et lui souhaitaient sortir de cette dernière, étaient encore là, mais étaient sortis dehors. Ils le regardèrent, à nouveau, de la même façon dont ils l’avaient fixé une heure auparavant. Il c’était retenu sous prétexte qu’il avait mieux à faire, mais cette fois-ci, elle voulait s’amuser un peu. Néanmoins, ils semblaient beaucoup plus alcoolisés que lorsqu’ils étaient partis et ils n’avaient pas réellement fait attention à la sirène, obnubilés par Layne. « Déjà de retour Alfar ? Se tournant vers elle, et pourquoi donc es-tu avec lui ? Tu ne sais pas réellement qui il est. Si tu le savais, tu ne voudrais certainement pas l’approcher. –Le danger m’attire, et je suis capable de prendre soin de moi-même. –Tiens, on dirait une réflexion typique de Beyion, il ne te manque que les yeux blancs et la peau grise et tu pourrais passer pour elle. D’ailleurs, elle a disparu, tu pourrais bien la remplacer. » Cette remarque était emprunte de sous-entendus, elle ne savait pas ce que cette jeune alfar faisait avec eux, mais elle ne comptait pas les laisser penser quoique ce soit. D’un mouvement de la main, elle usa de l’eau du tonneau situé à côté d’eux, pour les éclabousser. « ça vous rafraîchira un peu l’esprit. »  Ils restèrent bloqués, trop étonnés et surpris par  ce qu’ils venaient de se passer. « Layne, ta copine va avoir des problèmes. Toi tu en as déjà qui te colle depuis pas mal de temps. On va régler ça maintenant » Puis ils les chargèrent tous les deux. Nissa avait son fouet suspendu à sa ceinture et elle s’en servit le lançant en avant. Le coup sec sur les jambes d’un des alfars et le bruit net de claquement, suivi par un cri de douleur, lui indiquèrent qu’elle avait bien trouvé sa cible du premier coup. A deux, ils pouvaient bien neutraliser ces amphores. Son adversaire touché, vacilla puis recommença à avancer vers elle. Elle lança une nouvelle fois le fouet devant elle, cherchant à encercler ses pieds. Elle manqua son premier coup et le repoussa d’un jet d’eau qu’elle créa puis réussit au bout du deuxième. Elle tira de toutes ses forces vers elle et l’alfar bourru tomba au sol en arrière, se cognant la tête. Layne semblait ne pas avoir besoin de son aide et elle attendit qu’il en ait terminé. Elle n’avait pas réellement d’intérêt pour le peuple des alfars mais ils avaient piqué sa curiosité en lui parlant de cette jeune alfar disparu à qui ils avaient l’air de dire qu’elle ressemblait. Comment pouvait-elle s’acoquiner avec de tels débris ? Elle devait avoir mérité son sort. C’était sûrement celle dont les deux ivrognes avaient parlé et demandé des informations lorsqu’ils étaient à la taverne au début.


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Lun 10 Oct 2016, 14:51


J’entendais sa voix, mais je sentais ma conscience diminuée peu à peu. La fatigue envahissait mon esprit. Essayer de résister à son charme devenait de plus en plus difficile, et l’entièreté de mon énergie était utilisée pour rester à flot. Je devins muet et bien obéissant, mais intérieurement, je savais que j’étais encore moi-même, même si le contrôle moteur n’était pas sous ma propre juridiction. Le contact de son corps sur mon bras m’électrifia, me faisant encore plus combattre mes compulsions de vouloir m’échapper. Elle pourrait se révéler intéressante, et de toute façon, je n’avais rien pour combattre son pouvoir. Je n’étais qu’un Alfar raté et sans magie. Les minces rayons lumineux éclairant la soirée se reflétaient sur sa broche dorée, lui donnant un aspect attirant, hypnotisant. Un sourire niais se peignit sur mon visage alors qu’elle me traînait vers la taverne, ma volonté m’aillant abandonné. Toute ma vie, on m’avait utilisé et maltraité. Je m’étais libéré de cette réalité il n’y avait même pas un an, alors je pouvais dire que retomber dans cette routine n’était pas si pénible… Jusqu’à ce que je vois mes trois semblables de tantôt. Clairement intoxiqués, je voyais déjà qu’ils cherchaient la bagarre. Le feu de la haine se raviva, et mon esprit reprit le plein contrôle. Le meurtre était une option bien potable en ce moment. Toute la colère que j’avais usé de façon vaine jusqu’à maintenant envers ma mystérieuse compagne allait désormais se déchaîner d’une façon beaucoup plus efficace.

- Je pense qu’on va régler nos comptes ici et maintenant. J’ai jamais su vos noms, et pour tout vous dire, vous allez disparaître sans que jamais je les sache.

Le début de la vengeance sonna en harmonie avec le claquement d’un fouet et le cri de douleur qui s’ensuivit. Elle en prenait un. Parfait, j’allais prendre les deux autres. De toute façon, j’aurais bien aimé prendre les trois. Je parcourus la distance me séparant du premier d’un bond, lançant mon poing, le coup paré par un avant-bras assez solide. Me tournant, je lançai mon pied vers l’autre qui esquiva d’un bond en arrière. Il fit sortir des ronces épineuses de la tête, mais un saut m’évita d’être pris dans la prison végétale. Je sortis une dague et la dirigea vers ma première victime. Il n’avait pas aperçu que j’étais armé, et sa voix étrangement aiguë emplit l’air alors que la lame déchirait les couches de sa main, traversant de part en part. Profitant de ce moment de distraction par la douleur de sa part, mon coude vint lui percuter la tempe, l’envoyant dormir dans une pile de tonneaux vide. Je me retournai vivement, juste assez rapidement pour éviter le coup de sabre lancé dans ma direction. Bien. Mon dernier adversaire semblait prêt à tuer. Parfait… Les remords me rongeraient moins lorsque la vie le quitterait. Alors qu’il balançait encore le tranchant dans ma direction, je me penchai en tournant sur moi-même, donnant une force d’accélération au croc-en-jambe qui faucha mon adversaire. Dans sa chute, il fut accueilli par mon poing. Un craquement accompagna le choc et une nouvelle flexibilité dans le visage de mon ennemi m’indiqua que la mâchoire était probablement fracturée. Qu’il souffre.

- J’imagine que tu réalises désormais que je ne suis plus le même. Et que je ne disais pas de paroles en l’air en disant qu’un jour je reviendrais pour me venger.

Je m’approchai de lui. Il était toujours sonné, mais dans la mince lueur qui éclairait les alentours de la taverne, il était possible de voir la terreur dans son visage. Il voyait en moi beaucoup plus que ce qu’il voyait une minute avant. Il réalisait son erreur. Et cela le pétrifiait.

- Non, s’il te plait! J’suis désolé! Non…

Le reste de ses supplications s’éteignirent avec sa vie. Ma dague, profondément enfoncée dans sa gorge, effaçait la conscience de son regard. Une fois satisfait, je rangeais la lame après l’avoir liché puis essuyé sur ses vêtements. Je fouillai le cadavre et récupérai sa bourse avant de traîner le corps jusqu’à dans la ruelle adjacente. Il fallait faire une besogne soignée. Cela me satisfaisait, même si je voyais que les deux autres vivaient encore. Une autre fois, ce serait à leur tour. Un résidu sauvage résidait dans mon visage alors que je retournais vers celle qui avait exercé son contrôle sur moi jusque-là. Un nouveau respect m’emplissait. Elle m’avait donné l’occasion de tuer un de mes bourreaux. Je me dirigeai vers elle, remis mon bras sous sa poigne, dans la position dans laquelle nous étions arrivés.

- Allons parler à l’intérieur.

Je sentais encore les griffes de son contrôle sur mon esprit, mais l’accepter rendait cela plus supportable. La tension qui me déchirait intérieurement semblait s’être atténuée peu à peu à mesure que je la considérais plus positivement. Je me dirigeai vers une table libre, la traînant dans mon sillage.

- Alors, pour répondre à ta question de plus tôt. Mon passé ici n’est pas le plus brillant. En fait, ce n’est pas du tout la joie. Mais tu as vu ce qui s’est passé à l’extérieur il y a quelques instants. Voilà mon intention envers tous ceux qui m’ont fait souffrir. Cela ne veut pas dire que je vais porter cela à terme, car au fond je sais que ce n’est pas la solution…

Je plongeai ma main dans ma poche et en ressortis la boucle d’oreille reçue plus tôt par les parents de l’Alfar disparue.

- Et ça, c’est ce qui s’est passé pendant que je déambulais dans le deuxième plateau en allant te chercher tes livres. Il s’agit de la jumelle de celle que porte la fille disparue. Probablement celle que les connards de dehors ont appelé Beyion. Ses parents me l’ont donné en me promettant une récompense si je la retrouve.


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Mar 11 Oct 2016, 17:58

Nissa n’avait eu aucun mal à se débarasser de son adversaire et Layne non plus, lui semblait-il. En tout cas, elle ne s’en était pas inquiétée, et le retrouva vivant à la fin du combat. C’est au cours de ce dernier qu’elle remarqua la rage qui l’habitait, enfin s’exprimait. C’était comme un torrent qu’une façade avait contenu et qui avait cédé, petit à petit, puis exploser sous la pression. Elle ne savait pas s’il tirait sa force et sa vitesse d’une technique parfait dûes à des années d’entrainements, ou de sa rage qui les décuplait toutes les deux. Le fait est qu’il les élimina, et se dirigea vers elle, comme si de rien n’était, un sentiment tout nouveau en lui. Sa méfiance envers elle n’avait pas changée, mais elle c’était distillée avec autre chose de plus positif. La sirène ne s’attendait pas à faire tomber les barrières du jeune homme de cette façon. Elle le laissa la guider à l’intérieur de l’auberge et ils s’assirent de nouveau à une table. Elle l’écouta avec attention, faisant abstraction du bruit autour d’eux. Elle n’était pas d’accord avec le deuxième partie de ce qu’il avait évoqué, et ne s’en priva pas pour lui dire. Il avait l’air influençable à ce moment là, tenter de sombrer un peu plus, ne pas ravaler la haine qu’il avait. Elle trouverait ça amusant de l’empêcher de reconstruire le mur derrière lequel il l’enfouissait, jusqu’à ce qu’il lui soit impossible de le faire. « Si ce n’est pas eux, il y en aura toujours d’autres pour te faire souffrir, profiter de ta gentillesse et de ton altruisme. Non, je trouve que tu as fais le choix qu’il fallait, et que ce dernier est à faire à chaque fois que ta vie, ton honneur sont mis en cause. C’est de la prévention que d’apparaître comme le plus fort  devant les autres : plus tu t’imposeras, et moins tu auras à tuer… Quoique avant d’arriver à cette étape là, il devrait en éliminer beaucoup. Elle savait de quoi elle parlait. Elle regarda ce qu’il avait trouvé et écouta la mission qu’on lui avait confié sur le deuxième plateau. Si la jeune Alfar fricotait avec d’autres de son espèce de mauvaises augures, il ne lui serait pas bien difficile de pousser un peu plus Layne à se laisser consumer par la haine, éternellement. Elle ne comptait plus le tuer après s’être amusée avec lui, non, elle avait envie de voir la gentille lueur qu’il avait en lui, s’éteindre. Ça ne va pas nous aider à la retrouver… Seuls les hommes de l’espèce de ceux de dehors sont capables de nous renseigner sur là où elle se trouve. Si madame de bonne famille souhaite voler trop près du sol, elle a dû s’écraser.  Par cette image, elle visualisait bien la jeune fille avoir voulu jouer un jeu avec des forces plus hautes qu’elle.  Tu dois sans doute savoir où trouver ce genre de racaille ? » Pour commencer, ils étaient déjà au plus faible niveau de Drosera : ils étaient donc au bon endroit pour débuter leurs recherches.



La sirène ressentit de l’agitation au devant de l’auberge. De multiples sentiments de surprise, de colère, de vengeance vinrent se mêler à ceux qu’elle sentait les entourer. Ils n’étaient pas dans l’auberge, mais dehors. Peut-être que des amis de leurs victimes venaient de les rejoindre et de les découvrir. Elle prit la main de Layne et l’entraîna vers l’aubergiste. « Montre moi où est ta sortie de derrière. » Tous les établissements avaient plusieurs entrées et sorties et elle était certaine que celui-ci ne dérogeait pas à la règle. Sans finesse, elle lui fit ressentir la peur de manière brutale en manipulant ses sentiments. D’un doigt tremblant il lui montra la bonne direction en murmurant quelques mots. Même si elle ne les comprit pas, elle était un détecteur de mensonges vivant et elle sut qu’il lui disait la vérité. Ils atteignirent la porte et la refermèrent sur eux au moment où celle de l’entrée de l’auberge s’ouvrait. « On a que quelques secondes d’avance. » Si ils ne voulaient pas avoir à tuer tous les malfrats de Drosera, ils n’avaient pas intérêts à trainer trop près des corps qu’ils avaient laissé derrière eux. Plus ils en sèmeraient derrière eux, et plus ils seraient en situation difficile. Ils se devaient d’être le moins identifiables possible afin de se fondre dans la nuit et mener leur enquête à bien. Plus ils seraient poursuivis et moins la sirène pourrait accomplir son objectif de la nuit. 


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Dim 16 Oct 2016, 20:20


Ses paroles firent trembler les fondations sur lesquelles ma vie reposait. Combattre avec adversité pour montrer à tous que de défier la personne que j’étais n’était pas une bonne idée. Créer dans le cœur des autres une peur sous-jacente à la pensée de devoir me déplaire. Et cela, ça devait passer par la violence. Un règne de la terreur qui apporterait comme finalité sa dose de respect. Un respect que j’avais désespérément pourchassé sans relâche. Mon corps avait assez saigné, s’était asséché dans la recherche de ce but. Mon derme en était la preuve. Marqué, cicatrisé. Mais jamais je n’oublierai. La mémoire est une chose qui rarement va se débarrasser de ses blessures. La mienne ne faisait pas exception. Elle avait brassé sa rancœur, macéré ma rage et construit un mur de stoïcisme qui ne demandait qu’à être démantelé. Une façade puissante, mais dont la base venait d’être sérieusement endommagée. Ainsi… Éliminer pour paraître puissant. Voilà une maxime qui pouvait me convenir, si j’y mettais assez du mien pour me convaincre…

Puis elle souleva un point intéressant. La crapule accompagnait désormais la disparue selon les minces informations relevées. Il suffisait de s’informer auprès des principaux intéressés et de là découlerait les retrouvailles. Et je savais exactement où il fallait aller… Mais je ne voulais pas vraiment me diriger vers ce quartier. Plus on était considéré comme un raté, plus on se retrouvait dans la misère. Et misère s’apparentait à une violence hors du commun. Il était facile de manipuler les miséreux, leur intelligence n’étant pas bien grande. De puissants Alfars dirigeaient des réseaux clandestins dans ce même quartier. Des maisons closes recrachant des odeurs d’hémoglobine réchauffées par les chaleurs étouffantes. Oui, je ne doutais pas qu’une mine précieuse pouvait se cacher là. Le flot de mes pensées se fit interrompre par l’excitation extérieure. Cela n’avait pas pris autant de temps que ça pour que les corps inconscients ou tout simplement sans vie de nos adversaires se fassent trouver. Et il était certain que les responsables seraient recherchés. Ma compagne en était arrivée à la même déduction, car elle me traîna dehors en manipulant le tenancier. Puissante. Le seul mot qui perçait dans la brume qui restait omniprésente dans les limbes de mes pensées. Elle avait parlé en connaissance de cause tout à l’heure. C’était maintenant irréfutable. Je ne pense pas avoir déjà rencontré quelqu’un méritant autant mon admiration et ma jalousie à la fois…

Une fois dehors, je pris les choses en main. Les dédales discrets des rues, les passages étroits et presque invisibles, je les connaissais. C’était une question de vie ou de mort dans le temps. Et le chemin se fit instinctivement dans ma tête. Je pris la tête en lui tirant gentiment l’avant-bras avant de la relâcher après avoir capté son attention.

- Je vais nous amener bien proche de là où tu penses trouver ce que tu recherches. Mais moi… Je ne pense pas que ce soit une bonne idée que je me pointe là-bas. Je serais reconnu trop vite. Et là où les gens me connaissent, le sang ne peut que couler. Le mien.

Je l’entraînai dans le labyrinthe de minces passages. Je me glissai dans les ombres sur le bord des murs, marchant d’un pas que j’estimais silencieux. J’entendais au loin les plus fervents de la chasse à l’homme qui venait de s’amorcer nous suivre. Enfin, si l’un des deux survivants de notre escarmouche s’était réveillé, il était plus que probable qu’il aille révéler ma présence. Et tous savaient que je venais du quartier où nous nous dirigions. C’était cette caractéristique qui avait transformé ma vie en malédiction.

L’air devint plus rance. La nuit, bien que claire, s’épaissit. Les globes lumineux éclairant les ruelles se firent plus rares. Pourquoi investir dans une chair qui jamais ne serait bonne à la société. C’était un endroit délaissé, pour les délaissés.

Enfin, cela se profilait. Un énorme entrepôt d’où fuyaient des rayons lumineux entre les interstices de planches se ramollissant avec les années d’humidité entourant la forêt. L’endroit était une sorte de place de rassemblement pour bon nombre de mauvaises âmes. Dirigé par une puissance inconnue d’un plateau supérieur, je savais son entreprise très rentable par les paris sur les combats clandestins qui se déroulaient en plein cœur de ce bâtiment. Et bien sûr, les autorités n’en tenaient pas compte. C’était un bon moyen d’éliminer directement la racaille.

- Là-dedans. Je ne doute même pas un instant que ce que nous recherchons en terme d’informations soit disponible ici. Il suffit d’être assez convaincant…

Un coup d’œil accusateur et glacé la transperça, car je savais maintenant qu’elle avait un atout dans sa manche. Je ne pouvais déterminer encore ce que cela était, mais avec le contrôle qu’elle exerçait sur moi et la peur instillée chez l’hôte du bar de tantôt, je doutais que ce soit seulement dû à ses attraits physiques.

- Je vais t’attendre sur le toit. Si j’entends du grabuge, je vais te rejoindre…

Mon intention était toutefois bien différente. Elle avait gagné une partie de mon respect en me donnant l’occasion de goûter à un début de vengeance, mais pourquoi mettre ma propre vie en danger? Par contre, j’allais réellement rester sur le toit. Mais je savais laisser mon oreille glisser aux bons endroits…



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Dim 23 Oct 2016, 07:13

Leur progression était aussi silencieuse que les ombres. Ils les utilisèrent pour se fondre dans la noirceur de la nuit, se camoufler aux yeux de tous. Nissa n’était pas la délicatesse incarnée lorsqu’il s’agissait de se déplacer lestement, en effleurant seulement le sol de la pointe des pieds. Le fait d’avoir davantage grandi avec une queue de poisson plutôt que des jambes ne rendaient jamais facile ces opérations où la discrétion était la clé. Layne, devant elle, se déplaçait avec agilité et elle avait peur d’être un éléphant à côté. Néanmoins, depuis qu’elle c’était découvert un côté animal : elle se transformait en panthère noire, sa compréhension du monde et de la manière dont il fallait traiter avec l’environnement, était devenue beaucoup plus claire, limpide. Elle adopta au mieux sa démarche animale sous sa forme de bipède. C’était étrange son attirance pour être toujours sous une autre forme que celle de deux-jambes : elle appréciait beaucoup plus être une panthère ou une sirène plutôt qu’une simple humaine. L’alfar l’entraînait dans les rues de plus en plus sombres de la cité de Drosera. Même dans le plus bas des quartiers, il y avait une nette dégradation des rues et des logis au fur et à mesure qu’il s’y enfonçait. Plus l’endroit se tenait près du second plateau et plus il était lugubre. Evidemment, ils se dirigeaient à l’opposé de ce dernier.



Les deux jeunes gens arrivèrent en vue d’un entrepôt qui semblait désaffecté par l’aspect lugubre qu’il dégageait, mais les lumières et les bruits qui étaient émis de ce dernier indiquaient clairement que des individus se trouvaient à l’intérieur. Elle écouta d’une oreille distraite ce que l’alfar lui disait, étant davantage focalisée sur ce qu’il se passait à l’intérieur de la bâtisse. Néanmoins, elle comprit bien qu’il ne souhaitait pas entrer avec elle dans ce bâtiment, sinon il mourrait immédiatement. Elle le considéra, toute son attention se reportant intensément sur lui. Il avait peur, et il la laissait y aller seule. Non pas qu’elle ait besoin de lui, mais ce n’était pas de résoudre l’affaire qui l’intéressait, mais plutôt d’entrainer l’Alfar dans les profondeurs noires de son âme et de l’y laisser se faire consumer. Si il restait caché sur le toit, elle n’y arriverait pas. De plus, il lui lançait une sorte de défi : il mettait en doute sa capacité à convaincre ses interlocuteurs. Son esprit de compétition prit le dessus. Elle savait qu’elle n’avait rien à lui prouver, mais elle voulait lui montrer à quel point c’était facile pour elle. « Si tu entends du grabuge ce sera peut-être le bruit de leurs crânes qui se brisent » Sur ce, elle se dirigea vers l’entrepôt, sans lui lancer un dernier regard, volontairement. Qu’il l’attende sur le toit. En marchant, elle accrocha l’Insigne au haut de sa tenue. Cet ornement en or avec son rubis rouge lui permettait de se rendre encore plus impressionnante qu’elle ne l’était déjà, et rendait les hommes encore plus sensibles à son charme et à se laisser charmer. Elle n’en avait pas besoin, mais elle n’était pas encore une Naïadès ou une Néris, elle pouvait avoir besoin de petits coups de pouce afin d’être sûr que ses jeux d’ondine fonctionnent. Elle pénétra dans l’entrepôt et les bruits créés par le brouhaha des voix d’hommes s’estompèrent petit à petit. Elle remarqua que les individus présents étaient assez hétéroclites : des hommes et des femmes de tout âge se trouvaient ici. Ils n’avaient pas de points physionomiques en commun, mais d’eux, exultait quelque chose de malsain, d’inquiétant. La jeune femme détonna immédiatement avec le paysage. Un homme, un alfar, d’une haute carrure, massif,  les yeux soulignés de traits noirs s’approcha d’elle. Il devait sûrement être un sang-mêlés car les elfes noirs n’avaient pas la réputation de ce genre d’aspect indélicat « Que viens-tu faire ici ma belle ? Tu t’es perdue ? –Non, je suis exactement là où je voulais être. Elle donnait à sa voix un aspect chantonnant afin de le bercer dans un cocon de nuage  empli de douceur. Je suis venue voir mon amie Beyion, qui m’a dit passer beaucoup de temps ici. Elle m’a beaucoup vantée les sensations inouies que provoquaient la fréquentation de ce lieu. Je voulais la retrouver chez elle, mais je suppose qu’elle est déjà là. C’est une alfar aux cheveux noirs et aux yeux blancs. Elle passait tellement pour une petite bourgeoise en quête d’aventures qui la sortiraient de sa routine mondaine et ennuyante. –Tu es au bon endroit, mais nous ne connaissons pas Beyion. Son pouvoir de détection de mensonges tinta au fond de son crâne, d’une manière si lointaine qu’elle trouva cela bizarre. Il ne connaissait pas de Beyion, mais il lui cachait quelque chose. –Ah oui ? Elle doit souvent venir ici. –Je ne connais pas ton amie.  Là, il mentait clairement. Il ne connaissait peut-être pas la jeune alfar disparue sous ce prénom là mais il voyait clairement de qui elle voulait parler. –Que faites-vous ici d’intéressant alors ? –Je vais te monter. » Elle se voulait ronronnante, alors qu’elle n’avait qu’une envie, lui planter ses couteaux au niveau de sa jugulaire.
 Il l’emmena dans un coin de l’entrepôt ou un ring se tenait et des alfars s’y battaient . « Voilà ce qu’on fait, nous parions sur les gagnants !  Elle ne doutait pas que Beyion faisait partie des têtes brûlées qui devaient souvent se rendre ici. Peut-être que son dernier combat c’était mal passé… Tu voulais voir comment nous nous amusions, maintenant monte sur le ring ! » Il la poussa en avant, la faisant trébucher et on la hissa sur l’esplanade. Un alfar fin et vif grimpa presque immédiatement pour se retrouver en face d’elle…


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Sam 29 Oct 2016, 19:16


Sa répartie le fit sourire un instant. Bien sûr, elle avait réussi à le contrôler jusque-là avec une facilité déconcertante, mais elle ne semblait pas avoir montré une quelconque fierté jusqu’à maintenant. Et pourtant, elle venait d’arracher l’un des draps de sa personnalité en rétorquant face à ma pique. Bien. Elle commençait à gagner ma sympathie. Ou peut-être pas en fait. Ma haine n’était pas effacée, simplement diluée. Je n’appréciais pas du tout de me faire diriger à la manière d’une figurine. Je n’étais pas un pantin sans vie… Non?

Enfin, elle quitta ma compagnie pour rentrer dans l’entrepôt. Il me fallait me dépêcher, pour ne pas manquer une miette du spectacle qui allait se dérouler sous mes yeux. Si ma mémoire était bonne, ce trou à rat était véritablement un repère de vermines de la pire espèce, et leurs manières n’étaient pas ce qu’il y avait de plus joyeux. Ma capuche relevée, je me fondais dans la nuit, tout d’encre vêtu. Mêlée à mon accoutrement, ma discrétion habituelle me rendait presque imperceptible. Je courus légèrement vers un long tuyau accroché sur la façade latérale de la bâtisse qui montait jusqu’à la tôle servant de toit. Avec une douceur absolue, je commençai l’ascension en m’appuyant sur les attaches longeant le poteau. La sensation froide du métal sur ma peau me réveilla. Mon regard ne quittait pas les minces ouvertures qui me laisseraient observer l’intérieur. Une fois arrivé à leur hauteur, je ne pus que contempler une scène plutôt… inattendue.

Agenouillée dans l’un des coins du ring, ma maîtresse du moment semblait s’être fait traîner de force dans l’arène. Un de mes semblables, svelte et aux mouvements félins, tout en finesse, vint rejoindre le coin adverse. Il serait son adversaire. Et cela n’annonçait pas très bien les choses. Cette chevelure brune aux reflets de flammes, je la connaissais très bien. La fine cicatrice qui lui traversait le torse de part en part, personne ne pouvait la manquer. Une seule personne avait ces deux traits assez distinctifs, en plus d’un regard d’un gris miroitant et vide d’émotions, comme si à sa naissance, on l’avait dénué du moindre intérêt pour le ressentiment. Un tueur né. Un des hommes les plus réputés dans la cité Alfar pour ses aptitudes au combat. Oh… Ça s’annonçait très mal. Surtout que mes souvenirs de lui n’étaient pas très joyeux. Son absence de plaisir alors que son pied me brisait les côtes et que son poing me percutait la joue, c’était gravé à jamais dans ma mémoire. Jusqu’à ce qu’il disparaisse.

Relevant la moitié inférieure de mon corps, me retenant par mes mains aux accroches du tuyau, je rentrai mes jambes par la petite ouverture avant de faire suivre le reste, me retrouvant sur une petite passerelle déserte, mais qui me donnait un bon angle de vue sur la scène, mais qui me rendait aussi visible aux yeux des autres. Le problème fut réglé par un camouflage de fortune entre des boîtes. Il fallait m’assurer de la situation.

Autour du ring, il devait y avoir une trentaine de personnes. Tous d’aspects… Menaçant. Parmi la foule, il était certain que plusieurs m’avaient déjà vu. Possible que d’autres m’aient maltraité. C’était la dure réalité. Et pourtant, mon regard bleu virait au glacial, au point de brûler ardemment. Le brouillard de mon esprit se dissipa, remplacé par un voile de ténèbres. Je n’avais pas besoin de contrôler mes pulsions. J’en aurais été incapable. Je commençai un repérage rapide des lieux. Tout ce qu’il me fallait, c’était une poutre. Une poutre de soutien qui m’amènerait proche, ou mieux, en plein centre de la bâtisse, là où se tenait celui que je considérais comme un adversaire.

Je sortis de ma cachette, coulai mon dos au mur et pris mon élan. Une grande inspiration. C’est tout ce qu’il me fallait pour décoller. Je fis deux pas avant de prendre mon appui directement sur la rambarde avec ma jambe dominante et me propulser vers le plafond. Mes doigts rencontrèrent l’aspérité de la poutre repérée plus tôt. Suspendue comme ça, les deux pieds dans les airs, je contemplai un instant ma situation. La tête penchée vers le bas, un regard croisa le mien. Quelqu’un me regardait directement… Avant de faire passer le message à ses voisins. Et bientôt, une dizaine de têtes étaient en l’air. Je ne pouvais bien entendre ce qui se disait, mais il y avait de l’agitation. Je me hissai sur le dessus, et me retrouvai debout sur le bout de bois, à une hauteur de plus de 30 mètres.

« Hey ma petite! Finalement, je passe que je vais m’occuper de lui, j’ai des comptes à régler avec lui! »

Je sortis une corde ramassée dans l’une des caisses et en la lançant des deux côtés de la poutre en même temps, je me lançai dans le vide, contrôlant ma chute en jouant avec la ficelle qui me tenait en vie. À une hauteur que je jugeai raisonnable, je lâchai mon garde-fou, me retrouvant directement entre Nissa et mon tortionnaire. Je lançai mon manteau au sol, de même que je retirai le fourreau de mon épée qui traversait mon dos, le lançant en direction de la sirène. Elle pourrait l’utiliser si des problèmes surgissaient, et en plus, il valait mieux régler ce problème par les poings. La satisfaction serait orgasmique lorsque je sentirais son sang se vider et sa vie s’envoler.

Un Alfar tenta d’entrer dans l’espace de combat, mais une dague de lancée se ficha dans son œil, coupant court à ses intentions. Je parcourus d’un regard meurtrier le reste de l’assemblée, mais l’homme qui avait poussé ma compagne en avant-plan prit la parole, coupant les protestations des gens présents.

« Il semblerait que nous ayons un combattant prêt à mourir. Laissons-le vivre ses derniers instants comme il l’entend. »

Je retournai mon attention sur la grande silhouette face à moi. Mais mes paroles s’adressaient bel et bien au dernier à avoir brisé le silence de sa voix.

« T’es le prochain.»


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Mar 01 Nov 2016, 07:52

Bien entendu, l’Alfar qui l’avait amené sur le ring de combat avait soigneusement pris toutes les armes de la sirène. Il lui avait ôté son couteau de lancer, son katana, ainsi que son fouet. Fort heureusement pour elle, elle était une arme à elle seule. Si sa technique du corps à corps était moins développée que les autres, elle passait beaucoup de temps à s’entraîner avec l’armée ondine à laquelle elle appartenait. Depuis son arrivée sur les terres du Yin et du Yang, elle avait tout de suite appréciée la maniement des armes : au début son équilibre sur ses jambes avait rendu sa progression lente, mais désormais, elle arrivait à tenir tête à de bons escrimeurs , avec difficulté : elle avait quelques dizaines d’années d’écarts d’entrainement avec eux. Néanmoins, elle avait passé sa vie entière à exercer la magie et elle ne comptait pas s’en priver ici. Diverses situations lui avaient montré qu’elle ne pouvait pas toujours compter dessus, mais aujourd’hui, rien ne lui était interdit, et ils l’avaient cherchés. De plus, ils ne lui tiendraient pas rigueur d’user de coups bas, étant donné que c’était la règle dans cette arène. Elle se concentra sur son adversaire : une cicatrice barrait son torse. Faisant abstraction des alfars environnants, elle opta pour l’utilisation des éléments qu’elle savait contrôler. Si elle se mettait à chanter, elle les hypnotiserait tous, mais certains seraient peut-être plus résistants à cause du nombre à influencer et ce chant là la montrerait bien comme une sirène, et les sirènes sur le marché valait cher.

L’alfar se lança en avant le premier, courant vers elle. En quelques foulées, il avait franchi l’espace qui les séparait. Nissa créa un jet d’air qu’elle envoya en avant, le propulsant plus loin, puis elle utilisa cet air et le dirigea sur elle afin qu’il l’entoure, comme un mur de vent. Elle s’approcha de lui et la rotation du vent autour de la jeune femme attira l’alfar comme un aimant. Elle dirigea l’élément aérien sur sa tête et créa un appel d’air afin de l’en priver. Alors qu’il commençait à suffoquer, avec une agilité déconcertante, il prit une impulsion sur le sol et décolla dans le ciel en exécutant des figures. Il retomba derrière la jeune femme et lui assena un puissant coup de pied dans le dos. Elle tomba en avant, et parvint à peine à mettre ses bras devant elle pour amortir sa chute : ce fut davantage un reflexe qu’un acte voulu. Le coup lui avait coupé la respiration et elle restait au sol, incapable de bouger davantage, cherchant l’air en tentant d’inspirer à grands coups de bruits rauques. Elle se vit déjà mourir, et en avait complètement oublié Layne. Il choisit ce moment pour arriver et la rejoindre dans l’arène.

Sa fierté en prit un coup : elle devait bien admettre qu’elle était heureuse qu’il soit là et vienne l’aider. Justement, c’était avec ce dernier mot : aide, qu’elle avait du mal, notamment venant d’un bipède, un homme qui plus est. Elle se releva et utilisa son contrôle des émotions sur elle-même afin de remettre au second plan son orgueil, pour une fois. D’un coup mouvement de tête, elle le remercia. Peinant encore à respirer, elle se saisit du fourreau de son épée et l’en sortit pour la brandir, respirant de manière hachée. L’intervention de l’alfar aurait pu être le signal de départ d’un gros massacre, mais il coupa court à toute tentative en logeant son couteau de lancer dans l’œil d’un alfar tentant de grimper.

Au début de son combat, elle avait retenu ses coups, ne craignant pas réellement pour sa vie. Elle ne referait plus cette erreur par la suite. Ils étaient trop pour qu’elle s’amuse avant de les tuer, elle les tuerait dès la moindre occasion. Elle sortit du ring, car  Layne semblait vouloir s’occuper seul de ce problème., mais resta au bord et vint se placer à côté de celui qui avait calmé l’ardeur des alfars spectateurs. « Mes armes je vous prie. –Tu as, en quelque sorte, perdu. Tu ne les récupéras pas. C’était bien ce qu’il allait voir. Ils surplombaient les autres alfars, et étaient donc assez éloignés de leurs oreilles, surtout focalisés comme ils étaient par le combat, elle pouvait donc agir. Elle lui toucha doucement la main, comme un geste tendre, et commença à lui absorber son énergie vitale toute en chantonnant à son oreille. –Je t’ai dis de me rendre mes armes. Il hocha la tête, ses jambes commençant à trembler. Elle coupa le contact physique mais pas le mental, en continuant de chanter. –Maintenant tu vas me dire où est Beyion ou ce qu’elle est devenue. Les yeux écarquillés et dans le vide, il parlait, comme si il était devenu vide à l’intérieur. –La dernière fois que nous l’avons elle se battait contre lui, puis ils ont disparu tous les deux ensemble. L’alfar qui combattait Layne possédait donc une pièce du puzzle. Elle cria à l’alfar enragé –Layne, ne le tue pas ! » Elle espérait qu’avec tout ce bruit, il l’ait entendu. L’organisateur des combats la quitta quelques instants et revint avec ses armes. Elle lui ordonna de l’équiper, puis se replaça, les coudes placés sur les cordes, penchée en avant et regardant, une lueur d’inquiétude dans les yeux, le combat. Elle ne souhaitait pas qu’il meurt, l’alfar était à deux doigts de se laisser submerger par la folie, et elle était persuadée, que si il passait la nuit, il n’y résisterait plus. Néanmoins, c’était un vrai spectacle sanglant que d’assister à sa performance. 


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Dim 06 Nov 2016, 03:42



Mes orteils me propulsèrent vers l’Alfar à la chevelure aux reflets enflammés, mon poing se levant dans le même mouvement, visant sa trachée. Finir ce combat en un coup serait satisfaisant. Cela me donnerait une bonne confiance en ma propre force. Mais l’utopie était trop forte dans cette action. Son tronc se pencha vers l’arrière, ses mains le rattrapant et son pied se releva vers le haut, me percutant l’avant-bras et ouvrant ma garde. Son autre pied suivit suite à sa rotation de l’abdomen et vint me percuter directement sur la joue. Je fus propulsé dans les cordages de l’arène. J’aurais dû être sonné. Pourtant, ma vision était claire. Mon esprit n’avait jamais été aussi limpide et libéré de toutes pensées parasites. Mon attention se focalisait sur une seule chose. La victoire. Je fis un tour de ma bouche avec ma langue, rencontrant une gencive libérée de son fardeau et ramassant celui-ci de la pointe avant de cracher la dent. Son coup avait été puissant. Dangereux. Un peu plus au niveau de la tempe et je serais probablement mort. Je me relevai juste à temps pour bloquer de mes avant-bras un nouveau coup de jambe descendant. L’impact me fit trembler, mais mon corps tint bon. Ses assauts se multipliaient, mais j’évitais et bloquais avec une agilité surprenante. Ses mouvements étaient visibles. Mon regard captait ses contractions et me permettait d’anticiper la trajectoire qui allait venir m’assaillir.

Enfin, l’ouverture se présenta alors que son poing vint s’écraser dans ma paume. Mon autre coude se releva et vint frapper directement l’articulation du poignet de sa main emprisonnée dans ma paume. Un craquement sonore se fit entendre, mais son rictus ne changea pas d’un poil. Aucune émotion, pas la moindre panique n’avait traversé son regard. Son stoïcisme était impressionnant, et je devais bien avouer que je l’enviais. Mais là n’était pas la question. Je relâchai ma poigne avant de projeter mon poing vers l’avant, mais son poing vint me percuter dans les abdominaux, me coupant le souffle. Son genou suivit la vague et me percuta le nez. Je sentis le sang immerger mon visage, mais il n’était pas cassé. Il était bon. Meilleur que dans mes souvenirs. Sa réputation n’était pas que du vent. Frustré, perdant mon sang-froid, je pris les devants dans l’assaut en lançant une rafale de coup. La puissance importait peu, la vitesse primait. Je touchai à plusieurs reprises, le déconcertant un peu. Alors que ma main allait se refermer sur sa gorge, scellant son destin, j’entendis le cri. Ne pas tuer. Mon esprit ne voulait pas. Ma haine débordante se révolta contre cet ordre. Mais mon corps obéit, et la trajectoire de mes doigts changea, donnant le temps nécessaire qu’il fallait à mon adversaire pour me faire un croc-en-jambe. Je chutai, mais d’instinct, roulai plus loin, évitant ainsi un écrasement facial qui m’aurait défiguré. Je me considérais chanceux de ne pas avoir eu à affronter un utilisateur de la magie, car j’aurais été bien surclassé dans ce domaine. Je me relevai d’un bond avant de projeter mon coude vers son visage. Le choc fut bilatéral. Je perdis la vision d’un côté tandis qu’il s’échoua mollement à mes pieds. Sonné, je me penchai et prit son pouls. Vivant.

Je l’agrippai et le posai sur mon épaule avant de le lancer aux pieds de ma maîtresse.

- Je sais pas pourquoi il fallait pas que je le tue, mais c’est mieux de valoir la peine. Et maintenant…

Je descendis du ring, repris mon épée et d’un mouvement leste du poignet, décollai la tête de l’organisateur des lieux de ses épaules. L’arabesque de son crâne fut majestueuse. Une belle fin. Son corps perdit toute vigueur, tombant à genoux avant de s’écraser au sol, déversant son contenu improprement. J’essuyai la lame sur ses vêtements avant de la ranger dans son fourreau et de remettre celui-ci à mon dos. Étant torse nu, je laissais à tous le luxe de pouvoir observer les innombrables cicatrices qui me bariolaient. Pourtant, ils n’osaient pas bouger. Ils jaugeaient, gardant une distance plus que respectueuse. C’était parfait comme cela.

- Alors, qu’est-ce qu’on fait, maintenant? T’as découvert quelque chose sur la fille disparue?

Un grognement se souleva du corps évanoui à nos pieds. Mon poing le renvoya au pays des rêves et un sourire de satisfaction éclaira mon visage boursouflé. Mon œil gauche était complètement obstrué par l’inflammation, tandis que ma mâchoire dans son ensemble semblait engourdie par les coups reçus. J’allai prendre mon manteau qui trainait sur le bord du plancher de l’arène et en sortit une roulette de bandage. Je découpai un bout et me le plantai dans les deux narines pour arrêter le saignement abondant qui s’en échappait. Le combat avait été plus dur que prévu, mais j’avais gagné…

- Je vous avertis tout de suite. Je ne repasserai pas par la fenêtre pour sortir. J’ai encore beaucoup d’énergie à dépenser, alors si quelqu’un veut nous bloquer la route, qu’il se déclare maintenant…

Mes poings se serrèrent et mon œil parcourut les visages parmi la foule. Je les défiais d’essayer.  


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Mar 15 Nov 2016, 20:28

Si Layne avait gagné le combat, ce n’était pas sans difficultés. Plusieurs fois la sirène avait pensé qu’il ne se relèverait après les coups qu’il encaissait, mais il les avait bien encaissés justement. L’endurance peut-être. En tout cas, l’alfar, dans le tumulte de son affrontement, avait bien entendu le cri de Nissa lorsqu’elle lui eut demandé de ne pas tuer son adversaire. Il le ramena et le sortit du ring complètement assomé, quant à lui, elle observa qu’il était amoché. D’ailleurs, cela ne datait pas d’aujourd’hui : à son torse découvert, elle eut parfaitement l’occasion d’observer en détails les moindres cicatrices apparentes, et ne s’en priva pas, ne se cachant pas en le passant au crible de son regard bleu océan. Un sourire naquit sur son visage lorsqu’il coupa la tête de l’organisateur de ces combats. Elle sentit en lui le changement que de côtoyer ses frères et sœurs de race, surtout dans un milieu aussi malsain,  opérait sur lui. A leur rencontre, elle n’était pas sûr qu’il aurait fait cela avec un tel détachement, peut-être si sa vie avait été en jeu, mais son acte là, était gratuit. Une gratuité cruelle et magnifique devant laquelle elle n’éprouvait aucun dégoût, bien au contraire : une lueur naquit dans son regard. Nissa observa les alfars aux alentours, elle ne souhaitait pas interroger le perdant du combat devant eux : cela pourrait déclencher de mauvaises réactions. Néanmoins, elle pensait avoir eu ce qu’elle voulait : voir la noirceur de Layne ressortir. Retrouver la fille n’était plus que le cadet de ses soucis. « Trainons le dehors, nous verrons ce que nous pouvons tirer de lui hors des regards. C’est lui qui a été aperçu avec elle le dernier. L’homme décapité m’avait donné tout ce qu’il savait : tu as beaucoup de goût, sa tête est beaucoup plus belle détachée de son corps. » Elle lui lança un sourire taquin puis se tourna vers l’assemblée qui n’avait cessée de les observer.

Layne lança, à tous, un avertissement : il était prêt à se battre de nouveau, et sa soif de sang, accentuée par le fait qu’il en soit recouvert, le rendait très inquiétant. Une ombre noire sembla passer sur le visage de Nissa et un vent violent se déclencha au-dessus de leurs têtes, grâce à elle, trop haut pour les secouer, mais suffisamment pour faire claquer toutes les fenêtres. Elle souhaitait simplement s’amuser en accentuant la promesse d’horreur qui était clairement évoquée par l’Alfar. Aucun des individus présents ne broncha et ils se dirigèrent vers la sortie. Nissa créa une enveloppe d’eau autour de l’alfar assommé et se servit de l’élement pour le porter sans mal vers la sortie, le laissant derrière eux. « Dommage qu’ils aient été trop effrayés. Tout comme le décapité, je pense qu’ils auraient mérité le même sort. Peut-être que nous devrions y repasser après avoir retrouvé la jeune fille et finir le travail. Drosera ne s’en porterait que mieux. » Elle n’avait pas vraiment à cœur l’équilibre de la ville, davantage à assouvir ses envies de voir le plus de bipèdes morts, surtout de cette espèce. Elle le lâcha lourdement sur le sol. L’impact réveilla l’alfar. « Bon et bien, nous pouvons commencer…. Elle se tourna vers le vaincu. Maintenant, tu es seul, j’espère que tu seras raisonnable : où se trouve Beyion ? La jeune femme déploya tout son charme tout en commençant à manipuler ses émotions afin de réduire la résistance qu’il leur opposait. Son sentiment d’orgueil touché par la défaite était le principal obstacle à son mutisme et elle l’apaisa. La crispation sur son visage et le regard de haine qu’il leurs lançait changea et il parla. –Elle est chez nous . La jeune femme regarda Layne –Avec un peu de finesse… puis revint sur l’homme. –Chez vous ? Vous vivez avec elle ? Où elle est enfermée de force ? Son contrôle des émotions s’axait sur la peur de ce dernier, le paralysant au sol. Il n’avait même pas la volonté de bouger. -Non c’est elle qui a eu l’idée de se porter disparue. J’allais demander une rançon dans la soirée à ses parents et nous aurions pu commencer sur des bases décentes. Il semblait n’avoir rien, et elle tout, elle comprenait que les parents de la jeune femme ne désire pas un homme tel que lui pour elle. –Ils ont anticipé et nous ont demandés de la retrouver. Vous allez maintenant nous mener à elle. » Elle se fichait que leur amour puisse être vécu ou empêché à cause d’eux. Pour elle, Layne était dans la pente descendante, et elle n’avait qu’une envie, aller ramener la jeune fille à ses parents pour que l’honneur de ce dernier ne soit pas entaché et qu’elle puisse l’entrainer encore plus loin dans cette pente, sans qu’il soit distrait par un potentiel déshonneur au sein de sa race si il ne la ramenait pas. Elle ne connaissait pas les coutumes des alfars, mais elle commençait à cerner le jeune homme et elle se doutait qu’un échec ne jouerait pas dans les projets qu’avaient Nissa pour lui. L’alfar vaincu et transi d’amour se leva et commença à marcher, la tête basse.


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Reviens ici petite fille ! [Layne]

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