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 [LDR Démon] L'Hybride - Le trépas ou la capitulation

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Jeu 08 Sep 2016, 12:51


Le trépas ou la capitulation


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Le chaos était absolu. Plus rien ne tenait en place — ou presque — et les quelques édifices qui avaient survécu à la condamnation divine s’affaissèrent de seconde en seconde, comme un château de cartes qui se dépossédait de son équilibre par paliers successifs. Une véritable catastrophe s’était produite à la suite de leurs désaccords. Zane ne s’était pas attendu à ce qu’il mette ses menaces à exécution. Du moins pas aussi tôt, et pourtant il l’avait fait sans aucune once de remords. L’Æther de la mort ne plaisantait pas, si bien qu’il avait réussi à ébranler le Monarque en ravageant son Empire en un délai très réduit. Ezechyel l’avait sermonné, et dans un excès de fierté il avait refusé de lui tendre l'oreille en prônant le désintéressement. Cette maladresse avait été lourde en conséquence. Très lourde. Il s’en rendait compte à présent, en baissant les yeux sur l’entièreté du Royaume qu’il gouvernait. Comment avait-il pu laisser cela se produire ? Comment un homme si grand parmi les mortels pouvait-il devenir si insignifiant quand il répliquait par la négative aux cieux ? Son visage était convulsé par la répugnance et par le dédain. Il avait échoué dans sa diplomatie. Il payait à présent les pots cassés de cette obstination. Nombreux étaient les Démons à avoir péri lors de ce cataclysme. Un océan de cadavres parsemait la place centrale. D’ordinaire symbole de rassemblement et de vie, elle était aujourd’hui synonyme de mort et de désespoir. Ceux qui en revanche avaient réchappé à l’hécatombe n’étaient pas en état de poursuivre ce qu’ils faisaient avant le drame. Des corps à moitié arrachés rampaient sur le sol dans sa direction, un bras levé vers lui. La plupart des mots qu’il peinait à entendre étaient clairs : ils le suppliaient de faire demi-tour et de combattre au nom de Sympan. Il n’était pas dans les habitudes du Roi de revoir ses appréciations, mais qu’importe où ses prunelles ocrées se renversaient ; il ne tombait sur rien qui puisse être qualifié de favorable. Quand il virait son visage à gauche, une étendue de sang coulait à flots jusque dans les souterrains. Dès qu’il vrillait à droite, c’est des cratères météoriques et des brèches plus ou moins conséquents qui relayaient son palais et les autres constructions qui l’environnaient.

Devant lui, d’innombrables créatures retournaient à leurs états sauvages, au même rythme que la tempête qui s’apaisait au fur et à mesure. Le trône sur lequel il siégeait avait été épargné, comme s’il s’agissait d’un acte volontaire du coupable, probablement pour lui confier une vue d’ensemble sur la résultante de son refus réitéré. Sans crier gare, l’homme heurta l’accoudoir avec son poing. Un grand Démon à la longue fourrure blanche vint le rejoindre ; il s’agissait de Seth, son infaillible consultant. Sans un bruit, il s’arrêta au bas des marches. « Nous n’avons plus le choix et tu en es conscient, alors pourquoi tarder à faire une annonce ? » Zane buta sa main contre son visage, plus frustré qu’il ne l’avait jamais été. « Je déteste céder aux dissuasions et aux revendications d’un homme, surtout de cette manière. » Le siège commençait à se fissurer, comme pour lui rappeler qu’il n’était pas le maitre du jeu. Il devait coopérer pour la survie de chacun. « Justement, ce n’est pas un homme. Il est vrai que Drejtësi t’a aidée à accéder à la place qui te convient parfaitement en ce jour. Elle a convaincu ceux qui doutaient encore de toi à cette époque. Mais avec du recul, le Créateur semble avoir à ses côtés des sympathisants plus… persuasifs. » « En vérité, je me fiche bien de cette guerre qui les oppose et des conséquences qui en découleront. Nous ne sommes que des pions. Et sans doute qu’ils ne garderont que les pièces maitresses de leurs jeux cyniques. Néanmoins, tu as raison. S’il n’est pas bon de l’avoir comme antagoniste, alors chérissons-le comme une idole. J’ignore si nous commettons un écart ou non en faisant ça, mais quoiqu’il arrive il me faudra l’assumer. » « C’est le mieux à faire. Nous allons avoir du travail pour tout remettre en l’état. » « C’est ce qu’il nous en coûte de choisir le mauvais parti. C'est avec ce genre de mésaventures qu'un Roi peut s’élever encore plus haut. » Quand Zane se leva de son trône, celui-ci s’émietta à son tour, se fondant dans la poussière nébuleuse. Il dévala les marches, sereinement. Il atteignit le rebord de la salle qui commençait lui aussi à se dissoudre.

Cet homme n’avait pas fait les choses à moitié. Des bestioles se promenaient encore à ses pieds comme les restes d’un dîner trop copieux. Il frappa son pied dans l’une d’elles pour la dégager au loin. Lorsque Seth s’immobilisa à côté de lui, il lui fit parvenir un signe afin qu’il déploie de l’un de ses pouvoirs sur sa personne. La seconde suivante, le visage de Zane apparut au-dessus de tous les Démons, tel un hologramme géant qui avait l’emprise sur chaque individu, qu’il fasse partie de ses rangs ou non. « Inutile de tergiverser durant des heures ; nous avons perdu une guerre. » Sa voix résonna avec pertinence. Personne ne pouvait échapper à ses mots. « Sympan et ses serviteurs nous ont prouvé qu’ils pouvaient retourner le monde. Il est plus vindicatif et plus inexorable que je ne voulais bien l’admettre. En refusant d’entendre la vérité, nous avons perdu beaucoup de soldats et de biens matériels. Aujourd’hui, j’ai décidé de rectifier le tir en appelant tout le monde ici présent à revoir nos convictions et ainsi nous battre au nom du Dieu-Roi. À partir de maintenant, nous débusquerons et nous supprimerons ceux qui soutiendront les Ætheri. Ce n’est ni une offre ni un avertissement, c’est un ordre ! Aussi, je vous demanderais de localiser et de ramener les blessés en lieu sûr dans le but de garantir leurs rétablissements. La reconstruction de l’Enfer commence dès à présent. Que notre résurrection fasse trembler les mortels ! » Il couronna son discours en levant le bras en l’air et se retourna. Il échangea un vif regard à son acolyte qui comprit instantanément quelles étaient les instructions. La renaissance se faisant immuablement dans les flammes, elle inculquait toujours le tourment malgré elle.

Explications


Hey o/

Bon alors, vous vous demandez sûrement « mais qu’est-ce que c’est que ce binz ? » Je vous réponds donc que ce n’est rien et que vous pouvez retourner vous coucher /sbaf. Non alors, concrètement ce RP se situe chronologiquement à la suite d’un RP – qui n’a pas encore commencé – qui aura lieu entre Zane et Jun en PNJ Æther de la mort. En gros, Ezechyel l’a contraint à revoir sa position, mais devant le refus de ce dernier, il a tout fait péter pour lui apprendre qu’il valait mieux l’écouter. Bien entendu, ça s’est fait progressivement, avec des bouleversements de plus en plus importants qui font que l’Enfer a un peu dépéri depuis son passage. Vous l’aurez compris en lisant, les Démons changent de bords et seront désormais pour Sympan et non plus pour les Ætheri. En l’occurrence, plusieurs choix s’offrent à vous : soit vous maintenez vos croyances envers les Ætheri et dans ce cas des vilains pas beau vous pourchasseront, mais pas pour vous faire des câlins. Soit vous êtes d’accord / acceptez l’idée de suivre l’Originel et dans ce cas c’est perfecto. En revanche, comme l’Enfer à un peu (beaucoup) souffert, vous pouvez vous occuper des blessés, aider ceux qui remettent le tout en place, jouer à dada avec une chèvre (en plus c’est bien, ça donnera un sens à la nouvelle description de l’Enfer o/). Mais surtout, parlez de vos convictions et de votre choix FINAL, car après c’est définitif.

Seuls les Démons et les compagnons Démons peuvent participer à ce LDC. Les affranchis peuvent également participer. Vous avez jusqu'au 08 Octobre, 23h59, pour poster.

Gain(s)


○ Pour 900 mots : Un point de spécialité au choix
○ Pour 1350 mots : Un point de spécialité supplémentaire.

RP EVENT ! Vous pouvez attribuer +1 à Sympan ou -1 aux Aetheri


Récapitulatif des Gains


Personnage / Lien / Gains

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Sam 10 Sep 2016, 00:00

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Dans la cave sombre qui servait de stockage au petit cartel qui avait recruté Dzaal, celui-ci y faisait un inventaire en maugréant. Parce qu'il était le petit nouveau, il devait subir le comptage et recomptage des paquets et de leur contenu. Rares étaient ceux qui sortaient indemnes de cette expérience. Au mieux un rhume bien senti, au pire des visions hallucinogènes. Il en suppliait presque Ezechyel de l'emporter pour ne plus avoir à souffrir de ces manques de considération et de sa céphalée persistante ; et surtout à faire disparaitre ces nombres qui s’amoncelaient les uns derrière les autres sur le parchemin. D'un autre côté, il était un peu dans son élément...

Trempant sa plume dans un encrier, l'autre main étant occupé à soupeser une petite bourse en cuir, il glissa sa pointe sur le support en tremblant un peu. "1 oooonc...." Le visage de son Monarque apparut et, surpris, la plume fila hors du parchemin. Dzaal grinça des dents en voyant la page entière qu'il devrait réécrire, mais très vite, son attention se focalisa sur le visage du Souverain qui venait d'apparaître. Se mettre à genou, rester debout, pouvait-il le voir ? Quelle importance à cette distance... Son annonce fit froncer les sourcils du jeune Démon. Une guerre ? Quelle guerre ? Il avait beau l'ignorer, si ce visage apparaissait là, maintenant, c'est que la situation était peut-être critique.

Sa petite pause lui permit de récupérer sa page faussée, et d'en faire une boule qu'il envoya derrière lui parmi les dizaines d'autres. Se rasseyant plus confortablement sur le petit tabouret à trois pattes rongés par les vers, son regard se tourna à nouveau vers son Roi. La situation était quelque peu cocasse puisque jamais il n'aurait pu se tenir avachi tel qu'il l'était en sa présence. Sa tête reposant dans sa main, elle-même soutenue par un coude vacillant sur le bord de son bureau de fortune, il écouta attentivement...
Pendant son discours, Dzaal crut entendre un bruit dans le couloir, il pencha la tête pour tenter d'apercevoir la porte, mais elle était toujours fermée. Quand il eut terminé et que la vision disparut, Dzaal se demandait si ce n'était pas l'effet de la drogue qui venait de lui jouer des tours. Le silence suivit la déclaration du Souverain. Plus un bruit, sinon celui des rats qui longeaient les murs dans l'ombre.

Sa Lignée et lui-même par le passé, à sa connaissance, avait été fidèle à l'Aether de la Mort. Ezechyel. Pas un jour ne passait sans oublier de lui offrir quelques pensées afin que meurent leurs ennemis et qu'il sauvegarde leur propre vie. Haziel parfois, était aussi cité. Mais Dzaal le vénérait plus par tradition que par réelle empathie ou respect concret pour lui. La guerre n'était-elle pas seulement remportée par les Hommes suivant les aléas de la situation ? "Nous avons perdu une guerre"... Difficile de comprendre. Mais l'ordre avait été clair. Ne pouvait-il pas louer les deux ? Non. Le Démon avait une idée en tête, mais avant de la mettre en œuvre, il allait devoir se farcir les quelques centaines autres paquets.

***

Le lendemain, il remit manu militari le dossier rempli - et à jour - à son chef. Un homme ordinaire parmi d'autres qui avait su tirer son autorité de la force de ses poings. Un Orisha qui, s'étant libéré de ses chaînes, avait eu pour idée de rendre esclave les pauvres hères grâce à sa poudre argentée. Et de s'en mettre plein les poches au passage. D'esclave, il devint ainsi maître. Vu l'étendue des dégâts qu'il réussissait à faire seul, il était tout naturel que cela continue en s'amplifiant. Il recruta donc quelques vertueux de la castagne et connaisseurs des effets anabolisants - et addictifs - du produit qu'il s'était attribué afin qu'ils se mettent à sillonner les rues des quartiers peu surveillés de Pabamiel. Si eux se voyaient déjà les maîtres du monde, le cartel était ridiculement petit. Quant à Dzaal, il fut employé via un autre parcours. Ils les avaient pourchassés, un temps, avant de se rendre compte des possibilités de les rejoindre : plus d'arbre où se percher pour dormir, de la nourriture à peu près convenable pour un sans domicile fixe, quelques vêtements avec moins de trous que ceux de la veille, etc. Ce n'était pas sans danger mais Tsuna était un repère digne de ce nom, Nobu sa comparse.


Quoi qu'il en soit, il lui remit les documents en mains propres pour une bonne raison. Avec ce qu'il venait de se produire dans le territoire démoniaque, il ne pouvait tout simplement pas rester ici, les bras croisés. S'il avait rarement eu l'occasion de côtoyer les habitants de l'Enfer, c'était peut-être l'occasion de mettre la main à la pâte et d'y rencontrer quelques personnes pour l'aider dans un futur proche.
Le cartel fonctionnait un peu de manière chaotique. Chacun faisait ce qu'il voulait, du moment qu'il ne trahissait pas. C'est donc après avoir informé son groupe que Dzaal quitta Pabamiel par navire, sur lequel il eut tout le temps de réfléchir. Cela lui prit en tout et pour tout cinq minutes. Devenir fidèle à l'Originel, plutôt qu'aux Aetheri... Au-delà de l'ordre donné par le Monarque, c'était un revirement qui allait bousculer bien des mœurs. Mais en son for intérieur, il était d'accord avec ça. Il n'avait pas à donner de justification. Il n'avait pas besoin de penser. Il devait juste obéir et cette solution de facilité lui allait comme un gant.

***

Dzaal s'était délesté des petits sacs de poudre cachés dans ses doublures. Ce n'était pas le moment de s'attirer les foudres de quelques Démons revendeurs et de les laisser imaginer qu'il venait sur leurs plates-bandes. Pas que cela ne se fasse pas dans les normes, mais plutôt que son produit ne venait pas d'ici, du moins l'imaginait-il. La Dame Argentée...
Néanmoins, une petite idée germa dans son esprit, pour plus tard.

Le Démon prit la route des Enfers, empruntant les sentiers sinueux avec quelques voyageurs de passage - et probablement inconscients, disons-le - pendant de longues heures. Lui-même n'ayant prit ce chemin qu'en de rares occasions, s'y perdre n'était pas très compliqué. Le groupe fut surpris de la taille de la porte à double battant. Il le fut davantage quand Dzaal passa l’entrebâillement avec un sourire arrogant.

- Bienvenue chez nous, leur lança-t-il.

Il n'eut plus cure de savoir s'ils l'avaient suivi, où s'ils avaient rebroussé chemin ; et si c'était le cas, s'ils avaient réussi à rentrer chez eux entiers. S'il venait de faire son malin, n'en déplaise à son ego, une forme d'anxiété lui saisit le ventre. Les mauvais souvenirs refluèrent mais il ne se détourna pas de son but. Dzaal effaça temporairement ces expériences de démon de bas étage pour se remémorer une phrase énoncée plutôt dans le discours de son Roi. "Que notre résurrection fasse trembler les mortels" ... Il devait y avoir derrière ces mots et derrière le changement de position de la race démoniaque une importance capitale et un lien qu'il n'arrivait pas encore à saisir. Mais si son Souverain le disait, ce ne pouvait qu'être vrai !

Dzaal poursuivit avec un peu plus d'assurance et de fierté, né d'un ego grandissant qui ne provenait pourtant pas de ses propres capacités. Il en était conscient...
A compter d'aujourd'hui, il ferait donc ce qu'il pensait être le plus à-même d'être dans son intérêt, et celui de sa race toute entière. Il vouerait sa foi au Dieu-Roi, et éliminerait tous ceux qui s'y opposeront - dans la mesure du possible - y compris les fidèles aux Aetheri. Il tenterait de les détruire physiquement ou mentalement, voire les changer pour qu'ils acceptent, eux aussi, le renouveau.

La Vérité.


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1362 mots
+2 Magie
+1% Sympan


Merci pour ce LDR de rebondissement !
(yeah ! Posté à 00h00...)
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Dim 11 Sep 2016, 18:35

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« Bordel, c’est quoi ces absurdités ? » Hâzel n’aimait pas ça. A bien y réfléchir, Hâzel n’aimait rien en dehors de sa petite personne et de son confort. Non, cette voix pernicieuse qui prenait les accents de son souverain ne lui plaisait pas. Il n’appréciait pas cette manière détournée de lui faire choisir sa voie, comme une profession de foi. L’incube souleva les draps délavés de sa couche, jetant un rapide coup d’œil à celle, gémissante dans ses songes, qui la partageait. Inconditionnel de l’amour grivois et des filles de joie, Hâzel n’avait su résister à pareils attraits. Se levant pour rejoindre l’ovale d’une fenêtre sur le monde, il parcourut ce fade et morne univers de ses orbes écarlates. Comme un revers de médaille, la messe était dite, s’articulant autour d’un retournement de veste exécrable qui alimentait ses aigreurs. Non, décidément Hâzel n’aimait pas la tournure des événements. S’habillant à la hâte, de quelques parures sans grande inventivité, il acheva son ouvrage en coiffant son épaisse chevelure, pour qu’elle ne puisse dissimuler ses cornes. Souriant comme un benêt, le démon se déroba au réveil de sa douce compagnie et prit la fuite en passant la porte de la sortie. Il n’aimait pas les confrontations, ni même les explications. Hâzel n’aime rien. Hâzel est un démon.

L’enfer est pavé de bonnes intentions et ces dernières lui coûtaient cher. Qui était-il pour s’opposer à la volonté de son monarque ? Personne, pas même le fragment d’une existence digne du quelconque intérêt. Non, il n’irait pas à l’encontre des exhortations de son roi, il suivrait scrupuleusement les lois, pour conserver quelques temps encore sa tête et ses pensées. Mais en lui, il bouillonnait, meurtri par cette trahison, ce brusque changement de décision. Hâzel se morigéna, portant machinalement une main sur l’arme qui battait son flanc. Némésis. La lame appartenait au génie Morphée, qui lui léguait cette dernière lorsqu’il le désirait. Pestant contre le ciel et la terre, l’incube errait dans l’univers. Il n’y avait jamais de demi-teinte avec lui. Seulement le bien et le mal, une vision purement manichéenne et arriérée, dont il n’avait jamais pu se délester. Il devait à présent rejoindre le lieu originel de sa vile parenté - l’enfer et ses voluptés. Aussi, ses pérégrinations parurent longues et fastidieuses, ne prenant du repos que pour quelques haltes malencontreuses, lorsque la fatigue inhérente à sa faiblesse venait poindre au sein de sa poitrine. Pour qu’enfin il parvienne jusqu’au désastre et à l’infernal. Le monde des succubes s’en trouvait décharné, meurtri et tentant de cicatriser après les divagations des divinités s’y étant déchaînés. Hâzel n’aimait pas ça. Hâzel n’aime rien. Hâzel est un démon. Mais aujourd’hui, on s’en est pris à sa maison.

« On s’absente quelques semaines et voilà le résultat ! » Grommelant, au fil de sa marche de l’expiation, l’incube scrutait ce monde en désolation. Gravats et détritus côtoyaient cadavres et blessés, offrant une vision des plus singulières à l’enfer, jadis si divinement éclatant. Un homme attira l’attention du démon, qui s’avança vers lui, en replaçant son paquetage sur son épaule. Délesté d’un bras et vomissant des gerbes d’un sang obscur, le condamné bredouillait quelques paroles indéchiffrables. Hâzel vint s’accroupir à ses côtés, relevant d’une phalange son faciès déformé, cherchant vainement une issue à ce délicat incident. « Je pense que c’est terminé pour moi… Je ne sens même plus la douleur. Quelle fin misérable pour un démon, moi qui pensais mourir au combat la caboche d’une de ces saloperies d’anges à la main. Ah ah, j’entends même l’enfer se rire de moi. » Hâzel l’observa longuement, contemplant son teint se parer d’une pâleur sépulcrale, avant que la mort ne le prenne. Il n’était pas médecin, tout juste un pion sur l’échiquier des combats. Il ignorait tout des soins et des blessures, ce n’était pas l’apanage des démons, mais celui des bons. « Tout ira bien, mon frère. J’irais dézinguer des milliers de ces foutus ailés pour laver ton honneur. Je ne peux rien pour toi. Je ne suis pas féru de magie et encore moins de celle des altruistes. Crève en silence, pendant que j’inspecte les carcasses de nos frères. » Le supplicié acquiesça, s’ouvrant aux bras de la faucheuse, avant de rendre sa dernière exhalation soupirante. Hâzel se leva, abandonnant là le cadavre démembré, pour poursuivre son sentier. Il n’aimait pas ça. Hâzel n’aime rien. Hâzel est un démon. Mais aujourd’hui, il maudit les Aetheri.

Le spectacle était macabre ici bas. Des abris de fortunes s’étaient constitués, accueillant les victimes de ce chaos organisé. Hâzel passait le long des tentes, finissant par déposer son sac au pied de l’une d’entre elles, pour s’attarder sur l’aide qu’il pouvait prodiguer. Il exécrait l’altruisme, maudissait l’entraide complaisante et les gestes de noble bonté. Mais il s’agissait de ses congénères, de sa race qui s’était vue malmenée par de hautes instances malintentionnées. En ce sens, il ne pouvait rester de marbre et demeurait sur la touche. Il agirait, mais si tôt les maux effacés, il reprendrait ses exactions décérébrées. Poursuivant son périple à travers monts et débris, Hâzel allait et venait auprès des cadavres, empilant les restes des gisants, vérifiant les morts éventuels. Une âme le happa de ses grands yeux violets, sublime succube ruisselante d’un sang carmin qui desservait son teint. Une longue balafre dévorait son flanc, qu’elle tentait inutilement de camoufler de ses doigts blafards. « Tu n’arriveras à rien comme ça, femme. Laisse-moi jeter un coup d’œil à cette blessure. » S’exécutant séant, Hâzel se pencha sur la blessée, chassant ses mains pour avoir accès à la profonde estafilade. D’un geste, il déchira un pan de vêtement, pour le presser contre la plaie, avant d’entourer son côté pour éviter toute effusion supplémentaire. Une gerbe traversa le tissu, maculant son faciès d’incube du liquide vital que s’échappait en grands écoulements. La victime se débattait, gémissant sous les assauts répétés de l’apprenti médecin, qui finit par interrompre le flux insatiable, après maintes déconvenues. Le bandage était sommaire, mais il ferait l’affaire. Il devait conduire la créature à l’abri, pour recevoir des soins plus aguerris. « Alors, entre deux sauvetages, as-tu songé à ton avenir chez les nôtres ? T’es-tu posé les questions existentielles ? Quel sera donc ton… » Sa voix mourut, tandis qu’elle lâchait un flot de sang, au travers de ses lèvres entrouvertes. « Ferme-la. Je ne me suis pas démené, pour que tu crèves bêtement en piaillant comme une conteuse. » Redoutant la redite, Hâzel soupira longuement, sentant ses forces s’amenuir sous le poids de la succube. « J’ai eu le temps de réfléchir. Je ne ferais pas défection à ma race. Je me contrefous de qui nous devons vénérer ou non, j’ai un souverain et c’est lui que j’écoute. Qu’importe le reste et les inepties des dieux et des lois. » Le teint violacé par l’effort, il lâcha un râle de contentement, lorsque les abris se dessinèrent devant leurs yeux. Le repos se profilait enfin. La démone était tombée dans les vapes. Hâzel n’aimait pas ça. Hâzel n’aime rien. Hâzel est un démon. Mais aujourd’hui, il sauve une vie.

Elle s’extirpa mollement de sa léthargie, grimaçant sous l’irradiation de douleur de sa plaie qui sévissait le long de son côté. L’incube était resté à son chevet, non par sollicitude, mais par nécessité de se reposer. Il appuya sur son plexus, pour l’empêcher de se lever, grognant farouchement à l’aulne de ses protestations véhémentes. « Bordel, arrête de bouger ou je t’assomme ! Tu vas faire sauter les coutures, à gesticuler comme une bête. » S’avouant vaincue, la succube hocha la tête, puis Hâzel prit congé. Les estropiés affluaient, laissant les inaptes dans le flou quant à leur rôle. Il prit le chemin qu’il avait précédemment emprunté, cherchant de nouveaux rescapés à ramener. Ainsi Sympan ferait loi chez les démons, prenant l’ascendant sur les Aetheri si longuement choisis. Le monarque instaurait ses choix, imposant son bon vouloir à ses sujets qui se voulaient dévoués. Mais certains prendraient la tangente, se dérobant à la volonté du roi damné. Une nouvelle ère se propageait, auréolée des désirs de ce souverain singulier, qui avait prit le parti de s’opposer. Hâzel n’aimait pas ça. Hâzel n’aime rien. Hâzel est un démon. Mais aujourd’hui, il est asservi.

1376 mots
+4 points de force pour Hâzel | +1 pour Sympan
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Mer 28 Sep 2016, 17:47

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Les démons étaient partis un peu plus loin de l'Antre des Damnés que d'habitude. Ils s'étaient engagés dans un grand périple, une espèce de joyeux voyage entre jeunes faisant une ode à la liberté, mais… en version démons vraiment très méchants. Xantha s'amusait bien, mais elle était encore la plus faible de son groupe alors elle s'échinait à suivre leur rythme car elle savait que si elle ralentissait, elle serait laissée sur le carreau. Ils n'avaient de solidarité que pour les démons qu'ils estimaient être de force égale après des duels ravageurs. Quoiqu'il en soit, cela restait agréable pour elle puisqu'elle était nourrie et logée et elle n'avait nul besoin de donner son avis. Ça lui allait bien de suivre les gens quand elle se sentait intégrée dans une communauté. Ils la portaient dans les vices dont elle rêvait ; pour elle, ils lui donnaient de l'or en la laissant rester avec eux et elle en profitait tant qu'elle le pouvait.

Cela faisait deux semaines que le groupe de démons intenable voyageait de village en village. Ils adoraient semer la zizanie dans les tanières ou même au sein des chaumières et des champs quand ils étaient peuplés de personnes soutenant Sympan. Ils se considéraient au service de leur Roi et, plus encore, de leurs Divinités en ciblant leurs méfaits sur toute cette partie du peuple yinois. Entrés dans une frénésie de violence, les démons ne croisaient que peu d'obstacles car les villageois étaient, le plus souvent, faibles et inadaptés à la violence, alors que dans leur groupe, c'étaient deux colosses et une manipulatrice qui menaient la danse. Mais ils allaient devoir s'arrêter net… ou plutôt… changer leur cible. Ils n'étaient pas trop au courant de ce qu'il se passait en Enfer, s'estimant déjà heureux d'être au courant que Zane était leur nouveau souverain… et encore, la plupart d'entre eux ne connaissaient ni sa voix, ni son visage. Mais ce jour-là, il était apparu à eux tous pour leur envoyer un message. Il les avaient mis en face de la réalité sans ambages. Ils n'avaient plus d'excuse pour se proclamer ignorants des assauts qui consécutifs qui avaient ravagé les repères de leur peuple.


« Sympan et ses serviteurs nous ont prouvé qu’ils pouvaient retourner le monde. Il est plus vindicatif et plus inexorable que je ne voulais bien l’admettre. En refusant d’entendre la vérité, nous avons perdu beaucoup de soldats et de biens matériels. Aujourd’hui, j’ai décidé de rectifier le tir en appelant tout le monde ici présent à revoir nos convictions et ainsi nous battre au nom du Dieu-Roi. » Ah, d'accord. Xantha avait désactivé tous les muscles de sa mâchoire en entendant cette bombe venir de leur Roi, restant bouche bée. Les autres ne sifflaient mot, eux non plus. Ils respectaient profondément leur Roi, sachant très bien que s'ils lui déplaisaient, il pouvait anéantir leur existence d'une pichenette. Xantha n'intégrait pas très bien la notion de respect, mais en tous cas elle avait peur de lui et n'osait pas avoir de quelconque pensée contre lui, comme s'il pouvait entrer dans sa tête et lui faire regretter tout de suite. Elle avait ces frissons désagréables qui parcouraient son corps, la même sensation qu'elle avait eue en étant enlevée par le groupe de vampires au Phare abandonné, et aussi à chaque fois qu'elle croisait le regard glaçant de Maelstrom. Elle buvait donc ses paroles comme des règles inébranlables à suivre à l'avenir. « À partir de maintenant, nous débusquerons et nous supprimerons ceux qui soutiendront les Ætheri. Ce n’est ni une offre ni un avertissement, c’est un ordre ! Aussi, je vous demanderais de localiser et de ramener les blessés en lieu sûr dans le but de garantir leurs rétablissements. La reconstruction de l’Enfer commence dès à présent. Que notre résurrection fasse trembler les mortels ! »

Cette annonce allait faire des émules dans toute la communauté démoniaque, c'était sûr et certain. Il y aurait toujours des idiots pour le critiquer ou même pour défier son autorité, mais dans ce groupe-ci, aucune once de désobéissance ne perçait dans les réactions de chacun. Ils étaient tous sur les fesses. Hier encore, ils avaient décapité toute une famille qui possédait des icônes de Sympan et avaient placé leur tête sur des piques en brûlant leur corps quelques mètres derrière C'était profondément classique, mais ils ne s'en lassaient jamais et cela faisait toujours les effets escomptés. Et aujourd'hui, on leur disait qu'il fallait faire tout l'inverse. Autrement dit, dans tous les villages où ils étaient passés, ils auraient dû blesser toutes les personnes qu'ils avaient laissé indemnes et à l'inverse, ils auraient dû s'allier à ceux qu'ils avaient ruinés. « On fait quoi alors ? On continue, on fait demi-tour ? Ou bien on se taille en Enfer pour voir ce qu'il s'y passe ? » Xantha était la première à avoir parlé, mais elle savait qu'Olaf, Jia et Malzah, les grandes têtes du groupe, se concertaient par télépathie. Elle ne savait pas comment ils les avaient eus, mais depuis qu'elle les connaissait, ils avaient toujours porté ce collier avec ce pendentif en forme de goutte de sang qui leur permettaient de communiquer sans prononcer un mot. C'était aussi intriguant qu'apeurant, car ils pouvaient comploter sur le sort d'un membre du groupe sans que personne d'autre ne soit au courant. C'était comme ça qu'Amillina, une démone en furie qui provoquait tout le temps Jia, avait fini dans un tunnel de lave. Mais pas d'un coup, non, sa vie s'était terminée bien trop lentement pour être décente. Depuis ce jour, il n'y avait plus eu de problèmes entre eux puisque personne n'osait plus tester les limites. « On va continuer notre chemin. On changera juste de cibles. Quelqu'un est contre ? »

Jia avait ponctué leur décision d'une question rhétorique car elle savait très bien que tout le monde n'était pas d'accord. Et contre toute attente, l'un d'eux, Joris, se leva et prit son courage à deux griffes. « Je vais aller en Enfer. Je veux régler leur compte, à ces sales fanatiques qui vénèrent des Dieux périmés et condamnés, détrompez-vous ! Mais je pense que l'heure est encore plus grave pour notre repère. » Tout le monde était, une fois de plus, béat. Xantha pensa que sa tête allait se détacher de son corps à la seconde, mais les chefs ne réagirent pas, et la démone se rendit compte qu'ils se fichaient bien de qui les suivaient, tant qu'ils restaient assez nombreux pour semer le trouble un peu partout. Et plus surprenant encore, Malzah se leva à son tour et vola jusqu'à Joris. Il caressa sa joue avec son index en affichant un sourire machiavélique. Xantha pensait que finalement, il ne partirait pas sans garder une trace de ses chefs… il traça une ligne de sang sur sa joue mais il ne fit rien de plus. « J'y vais aussi. » Jia n'était pas d'accord, ça se voyait, mais pour ne rien laisser paraître, elle commença à reprendre la route vers leur prochain village. La plupart des autres moutons à ailes noires les suivirent mais Xantha avait d'autres projets ; elle rêvait de découvrir les Enfers, Malzah était celui qu'elle préférait et en plus, elle pourrait peut être voir ce Zane en vrai. Et enfin, ça la dérangeait d'aller s'acharner contre des partisans des Aetheri alors qu'elle était de leur camp… dix minutes avant. Finalement, elle aussi avait ses limites. Anshû aurait été fier de comprendre cela. « Je viens avec vous aussi. » Joris sourit de toutes ses dents, heureux de ne pas être laissé seul avec l'effrayant colosse.

« Alors dépêche-toi et déploie tes ailes ! » Xantha les déploya et ils s'envolèrent ensemble vers les Enfers. Elle ne savait pas où c'était ni comment c'était, mais elle était curieuse de découvrir de nouvelles terres, d'autant plus si elles étaient remplies de démons comme elle qui ne la regarderaient pas comme un monstre, avec son apparence hideuse. Elle serait sûrement, pour la première fois, comme chez elle ! Mais elle ne se doutait pas de tous les dangers que leur terre raciale abritait.
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Mar 04 Oct 2016, 10:06



Le Trépas ou la Capitulation
Emy

La démone fit un pas en avant, soulevant une gerbe de cendres. Un crâne indépendant du squelette qui l’avait un jour porté gisait sur la droite. Battant des paupières quelques secondes, elle s’interrogea à propos du propriétaire. L’avait-elle seulement connue ? Haussant les épaules, elle décréta que cela n’avait pas la moindre importance. En revanche, se rendre seule dans les parages avait été une excellente idée. Le coeur fragile de Meredith n’aurait pas supporté cette vision de cauchemar. Des colonnes de fumée s’élevaient par endroits, signe que l’incendie n’était que partiellement éteint et que les braises rougeoyaient toujours sous les décombres. La chaleur écrasante qui régnait dans les parages semblait atteindre son paroxysme, et l’air brûlant qui entrait dans les poumons d’Emy agressait les tissus, lui offrant une curieuse sensation de démangeaison. C’était tout à fait désagréable. Progressant entre les bâtiments effondrés, elle ne jeta qu’un regard désintéressé vers les blessés, ne pouvait s’empêcher d’éprouver un certain mépris envers eux. La faiblesse lui faisait souvent cet effet-là, et pourtant, elle-même ne possédait pas une grande puissance. Insensible aux appels de détresse de certains, elle surveilla qu’une autre âme charitable vienne les secourir avant de reprendre sa route. Récupérer la marchandise allait lui être impossible. S’engouffrant dans les rues aux pavés éclatés, elle contempla de longues minutes les édifices en ruines, tailladés à vif comme si un monstre géant s’était abattu depuis le ciel pour déchiqueter la ville. Un tel carnage la laissait sans voix. Était-ce cela que l’on nommait la Colère du Volcan ?

Incapable de trouver une explication sensée à ce somptueux spectacle, elle se mit en quête d’un promontoire qui lui permettrait de prendre conscience des dégâts en toute tranquillité. Entendre les gémissements et les vociférations des blessés ou de ceux qui lui portaient secours l’agaçait. Se frayant un chemin entre les blocs de pierre et les planches jonchant le sol, elle finit par trébucher. Son pied s’engouffra dans un renfoncement invisible, et lorsqu’elle leva l’autre, la catastrophe se produisit. D’une manière assez ridicule, elle gesticula des bras pour tenter de se rattraper à quelque chose. Son corps bascula en avant sans qu’elle ne puisse l’en empêcher. Heurtant le côté d’un pavé à moitié détruit, elle s’ouvrit le front. Une zébrure ensanglantée s’y forma. La démone pesta en se relevant, époussetant sa tenue désormais maculée de traces grises. L’un de ses congénères ricana. S’efforçant de l’ignorer, elle reprit sa marche, ignorant la douleur qui pulsait au niveau de sa mâchoire. Faire une chute n’était jamais une expérience plaisante, et elle ne comptait plus le nombre de fois où cela lui était arrivé. Serrant les dents, elle parvint finalement à son objectif. Le paysage avait de quoi décontenancer. Là où s’étendait habituellement la merveilleuse cité infernale se trouvait à présent un champ de ruines fumantes où s’agitaient les démons, tentant de ne pas céder à leurs instincts et de venir à l’aide des blessés. Où que se pose son œil doré, la jeune femme ne contemplait qu’une désolation sans fin parsemée de cadavres. Le responsable de cette audacieuse destruction méritait un respect éternel. C’était de toute beauté.

Et puis, à mesure qu’elle regardait les restes de l’Enfer, quelque chose changea en elle, d’abord imperceptiblement. Cela éclata ensuite à la manière d’un bouquet de fleurs éclosant à la nuit tombée, sans le moindre signe précurseur. Une rage flamboyante fit vibrer son œil visible. Qu’on ose s’en prendre à son peuple était une pure folie, une hérésie sans nom qu’elle se chargerait elle-même de faire payer aux coupables, quitte à les traquer des semaines pour leur arracher les ongles un par un. Il fallait les retrouver, coûte que coûte. Sans prendre le temps de réfléchir davantage, elle sauta du bloc de granit sur lequel elle avait établi son point de vue et se dirigea vers un groupe de démons qui menait une discussion animée. S’assurant qu’ils la voient arriver, elle posa une main sur le bras de l’un d’eux, celui qui ressemblait le plus au chef. « Qui est responsable ? » L’autre se dégagea de son étreinte d’un mouvement brusque, comme s’il chassait un moucheron avant de lui éclater de rire au nez. Elle ne voyait pas très bien ce que la situation avait de drôle. « Si je le savais, je serais déjà parti lui éclater les genoux ! » Au moins avait-il un minimum d’affection envers ses semblables. Sans attendre qu’elle lui réponde, il retourna à sa conversation. Croisant les bras sur sa poitrine d’un air boudeur, l’évidence la heurta sans prévenir. Ses poings se crispèrent. La conclusion parfaite du comportement agressif des dernières semaines. Quant à savoir où ils avaient trouvé suffisamment de puissance pour balayer l’Enfer sans que personne ne puisse les arrêter, c’était une autre histoire dont elle se moquait bien. Ce ne pouvait être que leur faute. Les Magiciens.

Soudain, un visage apparut dans le ciel. Emy leva les yeux, reconnaissant tout de suite son propriétaire. Suivre les affaires de son peuple ne faisait pas partie de ses habitudes, mais elle savait au moins quelle tête avait son souverain. Son discours la laissa bouche bée. Quelle nouvelle extravagance s’était-il mise en tête ? Peinant à s’imaginer qu’il puisse demander à ses sujets de changer leurs convictions, elle haussa les sourcils. La religion n’était pas une question de mode. Il ne suffisait pas d’une annonce vindicative pour qu’un élément d’une telle importance se renverse. Certes, il fallait reconnaître à ce prétendu Dieu-Roi un talent remarquable pour la destruction. Seulement, renier ses croyances pour si peu lui semblait insensé. Se moquait-il autant des dieux que des mortels, et ne craignait-il pas les véritables représailles ? La jeune femme ne savait plus que penser, incertaine face à une telle déclaration. Ce n'était pas simplement une affaire d'intimidation, et elle devait avouer qu'il fallait montrer un courage à toute épreuve pour changer d'avis au beau milieu d'une guerre sans disposer du moindre moyen de connaître par avance le vainqueur. L’homme de tout à l’heure la bouscula avec brusquerie. « Qu’est-ce que tu attends ? T’as pas entendu le patron ? Au travail ! » La démone ne parvenait à croire qu’il puisse obéir aussi aveuglément. Toute colère s’était évanouie, laissant place à une insondable incompréhension. Le trouble rongeait son esprit, rendant toute décision absurde. Que fallait-il qu’elle fasse ? Ses pensées se tournèrent d’elles-mêmes vers Amuth pour une prière involontaire. Quelque chose s'écorcha en elle. Cela n'avait pas le moindre sens. Sympan savait détruire. Il n'en fallait pas plus pour lui plaire et remporter sa sincère allégeance, pour autant qu'un démon puisse faire preuve de sincérité.

Son camarade de route, dont elle n'appréciait pas la présence mais qu'elle supportait par soutien envers ses pairs paraissait béat d’admiration. Sa loyauté était assurée, au moins pour un temps. « T’as vu ça ? On peut dire que le chef en a une sacrée paire. » Un sifflement de reconnaissance lui échappa. La démone ne répondit qu'un murmure inaudible, hochant la tête doucement. Tout ce qu'elle désirait en cet instant était de s'enfuir pour s'assurer de la sécurité de Meredith et ne revenir en Enfer que lorsque les choses auraient repris leur cours. Cependant, elle devait aider. La lâcheté ne faisait pas partie de ses nombreux défauts, il fallait l'admettre. S’en remettant au hasard, elle suivit l’imbécile jusqu’à un amoncellement de pierres tombées. L’un de leurs semblables se trouvait coincé en dessous, incapable de soulever les odieux blocs qui pesaient sur son corps. Après une salutation purement formelle, elle vit son camarade hésiter à le délivrer. Qu’attendait-il, au juste ? Elle ne comprit que lorsqu’il posa la question. « Je me fiche de la volonté d’un mortel. Les Aetheri seront toujours nos dieux. » La réponse sonnait presque comme une insulte. Le démon eut un rictus indéchiffrable et s’approcha pour dégager les rochers. Emy s’empressa de le suivre dans son œuvre, ne comprenant pas qu'il ne se charge pas aussitôt de lui régler son cas de manière définitive pour avoir proféré une pareille ignominie. Plusieurs cailloux s’amoncelèrent sur le côté. Soudain, celui qu’elle accompagnait se saisit d’une pierre tranchante pour l’abattre froidement sur le crâne du croyant qui émit un craquement sec. Le sang macula la pierre. Incapable de croire ce qu’elle venait de voir, elle s’immobilisa. L’autre haussa les épaules avec indifférence. « Les traîtres sont les traîtres. » Un sourire empreint de plaisir se dessina sur les lèvres de la démone. Peut-être était-il moins idiot qu'il n'en avait l'air. De longues minutes d'un sauvetage éreintant passèrent avant qu'elle ne tombe sur l'un de ceux qui ne remettait pas en question ses croyances. Incapable de comprendre, elle avait tenté de lui parler pour saisir le fin mot de l'histoire. L'Enfer anéanti, cela au moins méritait l'admiration. Un tel potentiel de destruction ne pouvait être ignoré. Avant d'abattre une pierre sur la tête de l'infidèle, Emy se rappela les paroles de son père. Il avait raison. La trahison laissait un goût de viande brûlée sur les lèvres.

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Sam 08 Oct 2016, 11:46


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] La partie commençait enfin, dans les coulisses d'une guerre divine. Le Théâtre était la consolation d'âmes en peine, la salvation de celles qui réfutent l'histoire et le passé, ainsi que l'échappatoire des plus lâches qui se réfugiaient dans l'illusion. Il devenait aussi la réponse à ceux qui cherchent, enfouis, des secrets inavouables. L'homme ne le dirait jamais assez. Il avait exploité une faille dans l'espèce mortelle. Celle la plus vulnérable, celle qu'on peut facilement mettre à mal. La plèbe qui pleure ses maux, et à qui il donne, tel le messie, une façon d'y mettre fin. Ils en assument les dangers et les séquelles, le démon en tire d'avantageux profits. À bon entendeur. Il avait trouvé une vocation de choix, et s'épanouissait à la tête de l'Aarzhelez. Celui-ci, devenu plus sombre, plus perfide, n'avait de cesse de surprendre une assistance nouvelle, un public pas des plus avertis. Ses membres n'avaient pas oublié l'humiliation qu'ils avaient subie, et toutes les peines endurées. Ils étaient d'humeur cruelle, vindicatifs pour cet affront. Il était morbide, ténébreux, délicatement épouvantable. Un voile sombre demeurait, couvrant de discrétion la masse de noirceur siégeant au coeur de la Forêt de Cendres. Il apparaissait devant les plus affaiblis, les appâtait avec les horreurs qui s'y trouvaient, et la beauté de l'inoubliable aventure. Que les Hommes étaient des proies faibles. Quels êtres faciles à berner, à dissuader, à contrôler… À tenter.

« Les drogues sont-elles arrivées dans les délais ? » , « Ce matin, à l'aube. Ils étaient même en avance. Et apparemment, un petit bonus s'en est accompagné », « Je m'assurerai de notre bonne réception. Tu te chargeras de les contacter pour le petit 'cadeau' de dédommagement » , « C'est comme si c'était fait » , « Sont-elles entreposées dans les sous-sols, à huit clos ? » , « Hayden s'est chargé lui-même de vérifier » , « Le travail ne peut qu'être bien fait dans ce cas. Toute la troupe de Nuit a-t-elle pris congé ? » , « Continuerons-nous à en faire la distinction ? » , « Qu'en ce qui concerne leurs rôles au sein du Théâtre. Toutes deux sont devenus un véritable cauchemar » , « Je comprends. Ils ont tous regagnés leurs quartiers, évidemment » , « Je vois. Quant aux chambres, ont-elles été vidées depuis l'incident ? » , « Oui. Nous ignorons toujours comment cette femme y est entrée, mais ce qui est sûr c'est qu'elle en est sortie » , « Peu importe qui elle est, ou ce qu'elle est venue chercher. Tant qu'elle ne nous a rien dérobé » , « Non, du tout » , « La Taverne a-t-elle été bien approvisionnée ? Les travaux d'agrandissement sont terminés ? » , « Oui, on y trouve maintenant les liqueurs les plus fortes comme les vins les plus fins. Les deux taverniers y veillent actuellement ensemble » , « La scène est-elle mise à neuf ? » , « Comme vous le vouliez, c'est la seule chose que nous nous sommes contentés de restaurer » , « Avez-vous contacté des hommes de main comme je vous avais demandé ? » , « Certains arriveront au plus tard demain matin pour les entretiens » , « Je m'en chargerai, mais je vous demanderai peut-être de me seconder », « Je serai là dès que j'aurai fini de donner les consignes à la troupe de Nuit », « Est-ce que les cachots ont bien… ? » , « Oui, monsieur » , « Bien. Où est le trousseau de clefs qu'elle détenait ? » , « Ici-même. J'ai fini de m'en servir. Je vous le remets donc » , « Parfait. Il était temps de palier à ses lacunes, défauts et mauvaises conduites » , « Que son influence se perde et s'efface dans les flots du temps. Qu'elle soit maudite, comme tous ceux qu'elle a maudits », « Et bien qu'une nouvelle aventure commence » Il s'agissait du petit briefing du matin, le jour de la réouverture. Un semblable s'en tiendrait à partir de ce jour afin de s'assurer du bon maintient des lieux, ainsi que d'une sécurité à toute épreuve.


La trahison qu'il avait essuyée lui avait rappelé la méfiance et de vieux souvenirs. Le démon devait revoir ses principes, revenir sur ses immuables convictions. N'étant que peu attaché à son engeance, il l'avait désertée plus d'une fois sans ne jamais revoir son comportement à la baisse. Sûrement un traître aux yeux de celle-ci, il n'y avait attribué qu'une moindre partie de son temps et énergie. La nouvelle, une passation du trône étant chose commune chez les Monarques Démoniaques, ne parvint à ses oreilles qu'à travers de lointaines rumeurs narrant déjà ses exploits et l'inculpant pour moitié de la misère qui régnait sur ces terres. Celle sur la destruction de la capitale infernale, arriva bien plus drastiquement. Il reconnut bien là le gouverneur de toute un peuple d'êtres perfides, nés de nature pervertie, guide de toute une nation vers ce qu'elle a de plus terrible à offrir. Toutefois, la déchéance des siens ne le laissa pas indifférent. L'Enfer avait été le berceau de toute une vie, une enfance lavée de misère et meurtre par leur exécution, par leur propagation, y trouvant son repentir. Mais elle n'en était pas moins marquante.
Il s'était peu soucié de prendre part à cette guerre, se contentant de livrer les réfugiés qui sonnaient à ses portes aux plus investis, chargés des exterminations. Il n'en avait que faire de celui qui finirait bien par vaincre. Il n'avait pas la puissance d'impacter, d'influencer ce choix. La balance était bien trop lourde de malheurs pour que quiconque puisse réellement changer l'avenir de ces terres. Au lieu d'unifier l'Homme contre ses adversaires, ils les avaient déchaînés les uns contre les autres, risquant l'éradication de peuples, d'espèces. Quand bien même le démon était-il maléfique, il ne cautionnait guère la destruction de son terrain de jeu au profit de ceux qui exerçaient leur pouvoir sans crier gare. Mais il était bien plus prêt à se battre pour les dieux restés, ayant piétiné ces terres des années durant et assisté quelques uns dans leurs quêtes, plutôt qu'un Dieu unique irascible qui disparut pour ensuite réclamer impunément son dû. Toutefois, une pièce a toujours deux versants, et le démon changeait vite d'avis, car devant Sympan, sa réincarnation, son retour, il voyait le malheur se propager, ses clients affluer, la destruction prendre place. Le Dieu n'avait de peine à faire exécuter sa volonté par les moyens les plus sordides, les plus dévastateurs. Il n'avait pas peur de détruire son royaume. Il devait sûrement se dire pouvoir le rebâtir. Il n'avait pas de crainte à assouvir ceux qui lui avaient tourner le dos. Leurs idéologies étaient plus que semblables avec celles du peuple démoniaque. Pourquoi ce dernier ne prendrait-il pas l'alignement de son peuple pour une fois ? Non pas qu'il ne manifestât un jour pour le proclamer, mais il envisagea bien vite de ne pas défier l'autorité suprême. Quand bien même se mentait-il, quand bien même ce ne serait qu'une façade, cela ne changeait en rien la domination de l'Unique. Et c'était bien tout ce qui importait aux yeux de ce dernier.  
Il n'imaginait pas le mépris qui avait dû régner hier quand l'empire fut ravagé, détruit par des opposants auxquels ils devaient jurer allégeance, obligeance aujourd'hui. L'obéissance du Monarque avait un prix, plus simple à obtenir qu'il ne voulut l'accepter. Un roi, du moment qu'il est roi et qu'il incarne ses fonctions, a forcément son peuple pour faiblesse. L'on ne peut peut-être pas le détruire en y portant atteinte, mais on peut lui faire perdre toute crédibilité. Mais c'était là un risque que chaque suzerain assumait en incarnant ce rôle. Il se fait porte parole des siens, bouclier de leurs croyances, lame de leurs envies. Il vit pour ses semblables et œuvre pour leur grandeur.

Kai commença à songer à son retour. Il commença à envisager ces rencontres vieilles d'un siècle, et ces règlements de comptes qui attendirent tout aussi longtemps avant de prendre fin. Il réfléchit à ce qu'il avait délaissé, ce qu'il pouvait encore y retrouver. Il espérait sortir grandir de ce retour aux sources, accompagner le renouveau de son Théâtre. Il avait grandi, porteur d'espoirs et responsabilités de plus en plus conséquents. Il avait l'avenir de ses employés, leurs espérances, ses idées et idéaux qui pesaient sur ses épaules, sans qu'il ne les trouve excessivement lourds. Ils étaient des fardeaux dont il se munissait bien. Ils étaient les conséquences de ses choix, celui de devenir le gérant du cauchemar, celui de s'en rapprocher un maximum. Il était le gérant d'un monde tapi dans les ténèbres, et dont il aimerait voir grandir l'ampleur. Il voyait ses objectifs se concrétiser, et ses expériences le précéder. Il voyait arriver le moment où il retournerait vers lui la tête haute. Il se trouvait puéril, inondé en sentimentalisme, mais il ne niait plus ce à quoi l'exposait son coeur. La malice pouvait même se teindre de ces couleurs, s'était répété plusieurs fois. Mais il envisageait tout autant une autre perspective, indigne de lui. Elle n'était que son dernier recours, et il en aurait surpris plus d'un à réfléchir comme un Homme…

† 1 619 mots †

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[LDR Démon] L'Hybride - Le trépas ou la capitulation

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