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 [Quête] Mon ombre mon autre [Diahemm/Djinshee]

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Jeu 11 Fév 2016, 11:15

Djinshee surveillait Neferet du coin de l’œil. Ils marchaient en silence, côte à côte, mais veillaient à garder une certaine distance. C’était la première fois qu’ils se retrouvaient tous les deux et qu’ils allaient vers le même but : rien. Ils marchaient, et c’était tout. Ils n’étaient pas très loin de la forteresse ensorcelée. L’Elémentale évitait de s’en approcher de trop près : sa mésaventure dans ce véritable labyrinthe lui était resté en travers de la gorge. De plus, avec le Sorcier sur les bras, c’était la dernière chose qu’elle voulait. Qu’il meurt, bien qu’il fut parfois insupportable, n’était pas son but.

   Elle lui jeta un coup d’œil. Les mains dans les poches, le col de son long manteau noir relevé, elle fut quelque peu rassurée de savoir qu’il ne pouvait pas contrôler le feu : le moindre brin d’herbe aurait brûlé sous son regard.

   Renfrogné, il pensait à Hana. Elle n’était pas venue. Et il regrettait profondément d’avoir cédé à sa demande : faire un tour avec Djinshee. La Bélua avait veillé sur lui toute la nuit. Il n’avait pas arrêté de se réveiller en hurlant à la mort. L’Elémentale avait longuement songé à se lever pour aller lui envoyer son oreiller à la face mais s’était abstenue, plus ou moins consciente de son traumatisme. Elle se rendit compte qu’il ne la suivait plus. Elle se retourna et se protégea les yeux du soleil qui apportait doucement des débuts de printemps. Neferet s’était arrêté à une dizaine de mètres et fixait ses pieds sans trop de conviction.

   -Qu’est-ce que tu fais ?

   Elle soupira et s’approcha de lui. Il n’allait jamais répondre, elle le savait très bien. Il ne répondait plus.

   -C’est ridicule, tu ne vas pas vivre comme ça le restant de tes jours sous prétexte que tu t’es fait tabasser.

   Silence. Il semblait toujours aussi intéressé par ses pieds. Elle croisa les bras. Il allait finir par lui faire perdre patience.

   -Ecoute, je n’ai pas la moindre idée de ce qu’il s’est passé. Si ça peut te rassurer, je m’en fous. Mais Hana a veillé sur toi toute la nuit, et même les nuits précédentes et elle a peur pour toi…

   -Elle en m’aime pas. La coupa-t-il.

   Elle roula des yeux.

   -Alors dis-moi pourquoi elle t’a sauvé la vie ?

   C’était tout ce qu’elle avait trouvé. Elle avait envie de lui gueuler dessus. Il était plus vieux qu’elle et il avait presque l’air d’un gamin.

   -Magnes-toi.

   Il sortit ses mains de ses poches et les passa sur son visage. Il pâlit légèrement. Djinshee fonça les sourcils.

   -La ferme. La ferme ! Tais-toi !

   Haletant, les yeux écarquillés, il enfonçait ses ongles dans la peau de son visage. Elle faillit le frapper, mais se contenta de serrer les poings.

   -Mon ombre, elle…

   Sa gorge se serra. Ce n’était pas possible, il devenait complètement fou. Définitivement fou. Hana ne voudrait plus de lui. Elle ne viendrait même pas le rassurer quand il se réveillerait en sursaut après un autre de ses horribles cauchemars.

   Djinshee baissa les yeux et fit un pas en arrière lorsqu’elle comprit.

   -C’est quoi ce… ?

   Le soleil était derrière eux. Leurs ombres... Ils n’en avaient pas.

   -Ok, on rentre.

   Elle attrapa Neferet par le col et l’entraîna avec elle. Ce n’était pas normal. Mais ils n’avaient pourtant pas rêvé ? Le Sorcier faisait son possible pour garder son calme. Il était sur le point le commettre un meurtre. Mais il n’avait pas le droit de toucher à la jeune femme.

   Elle plissa les yeux quand elle aperçut une silhouette au loin. Elle accéléra le pas. Leurs ombres n’étaient toujours pas revenues. La magie qui opérait recouvrait-elle un champ aussi large, ou était-ce une sorte de malédiction ?

   -Hé, vous !

   Plus elle avançait, plus elle constatait la jeunesse de son interlocuteur. Il avait autour des douze ans et ne semblait pas du coin. Quelque chose lui disait de s’en méfier. Un gosse ici… seul. Elle examina le sol. Il n’avait pas d’ombre non-plus.

   -Bien, je vois qu’on n’est pas les seuls à avoir ce problème. Si tu sais d’où ça vient, ça m’arrangerait, je n’ai pas que ça à faire.


   Neferet regardait le gamin avec ses grands airs de psychopathe, la mâchoire serrée. Elle pariait qu’il avait cruellement envie de le buter. Elle espérait que dans ses paroles, ce garçon n’était pas à la hauteur de son étrangeté, ou il risquerait le pire.

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Ven 12 Fév 2016, 18:56

Diahemm errait dans le berceau cristallin depuis quelques heures à présent. On lui avait parlé quelques jours plus tôt de la forteresse, de ses résidents et de la magie qui imprégnait les lieux, et il avait immédiatement décidé d'aller découvrir l'endroit. Il n'était pas déçu: alors qu'il approchait la forteresse, il avait vu son ombre disparaître progressivement, malgré le soleil printanier qui baignait les lieux. Sa curiosité piquée, il avait commencé à s'approcher de la bâtisse, bien décidé à y entrer malgré les avertissements, lorsqu'il vit deux silhouettes grandir au loin. L'une semblait dégager une aura malfaisante. Il accéléra le pas, un sourire grandissant sur son visage: des inconnus! Peut-être pourraient-ils le guider – il venait de saisir qu'il était complètement perdu, et qu'il ne savait absolument pas comment entrer dans la forteresse. Arrivé à quelques mètres d'eux, il les dévisagea avec un intérêt peu dissimulé. La première, une jeune femme, dans la vingtaine à vue de nez, était passablement irritée. L'homme qui se tenait derrière elle semblait de mauvaise augure; son regard assassin le fit chanceler un instant. Il se reprit vite et se tourna vers la première.

-Bien, je vois qu’on n’est pas les seuls à avoir ce problème. Si tu sais d’où ça vient, ça m’arrangerait, je n’ai pas que ça à faire.

Diahemm sourit. Il n'espérait pas rencontrer des personnes si étranges, si intéressantes... les choses devenaient déjà amusantes! Il ne répondit rien, s'approcha de l'homme à l'aura malfaisante et le dévisagea avec un air ravi.

-T'as un truc, là, dit-il en posant impudemment un doigt sur une cicatrice de son visage. Vous non plus vous n'avez pas d'ombre, observa-t-il, n'ayant pas prêté attention à la première remarque de l'Élémentale. Vous savez pourquoi? Il y a du soleil, pourtant. C'est bizarre. Qu'est-ce que vous faites là, d'ailleurs? C'est dangereux par ici, on m'a dit.

Il sentait qu'ils n'étaient pas ravis de l'avoir rencontré, mais ils décidèrent tout de même d'aller ensemble à Aeden pour trouver une explication à ce phénomène. Tout en marchant, Diahemm leur raconta en détail ses péripéties palpitantes dans le berceau cristallin, où il vagabondait déjà depuis l'aube. Tout d'abord, il leur expliqua comment il avait comprit avec excitation que la glace, c'était froid ; puis que la glace, ça glissait ; puis que la glace, une fois fondue, ça faisait de l'eau. Puis il leur partagea sa tristesse de ne pas avoir vu âme qui vive dans les parages depuis son arrivée et sa joie d'avoir enfin trouvé des compagnons de route. Il se tut lorsqu'à l'horizon se découpa, grandiose, l'île des Élémentals, Aeden. Elle était immense, mais semblait impossible d'accès. Il se souvint alors qu'on lui avait parlé d'un portail téléportant directement au cœur de l'île, sur la Grande Place de la ville. Devant eux se dressait une forêt. Ils allaient bientôt traverser une vaste clairière pour atteindre le bois les séparant de l'île. La végétation autour de l'île était subitement devenue luxuriante; la forêt qui se dressait au-delà de la clairière était dense et majestueuse, les arbres aux cimes vertigineuses semblaient alimentés d'une force divine plus forte encore que le froid. Un silence pesant régnait pourtant sur les lieux. L'intérieur de la forêt était sombre et opaque, Diahemm ne parvint pas à distinguer quoi que ce soit derrière les premiers arbres. Alors qu'ils atteignaient l'orée des bois, ils aperçurent le portail, une grande ouverture d'où jaillissait une lumière douce, devant lequel se tenait un grand dragon assoupi. Ils s'approchèrent à pas feutrés, n'osant pas le réveiller.

- Vous pensez qu'il est mort? demanda-t-il naïvement. Il fit prudemment quelques pas de plus. Le grand dragon ouvrit un œil immense et se redressa, les surplombant de toute sa hauteur. Sa carrure était imposante: ses ailes seules devaient mesurer une vingtaine de mètres déployées. Ses épaisses écailles étaient d'un noir profond, ses yeux dorés luisaient avec éclat et se détachaient dans la pénombre de la lisière de la forêt. D'une voix grondante, le gardien du portail leur demanda leur dessein. Voyant qu'ils n'avaient pas d'intentions belliqueuses, le dragon noir recula lentement, libérant le passage, leur laissant la voie libre jusqu'au portail qui luisait doucement d'une clarté irisée. Diahemm ne dit rien, ébahi et muet devant la docilité du dragon qui semblait pourtant redoutable, et leur emboîta le pas pour passer à travers le portail lumineux.

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Sam 13 Fév 2016, 12:45

Djinshee resta figée face à l’attitude du gamin. En fait si, il était aussi bizarre à l’intérieur qu’à l’extérieur. Tout ça allait compliquer la tâche… Elle aurait bien fait demi-tour pour l’abandonner à son triste sort, mais cela ne faisait pas parti de ses principes, et surtout, il n’avait pas l’intention de les lâcher.

   Neferet le regarda s’approcher de lui. Il serrait la mâchoire à se la déboîter. Il n’était pas conscient. Ce gamin n’était tout de même pas conscient de ce qu’il faisait ! Il lui souriait. Le Mage noir faillit le prendre par le cou lorsqu’il montra ses cicatrices, accompagnant son geste de paroles volontairement innocentes. Il fit un pas en arrière et fit craquer ses doigts. Il allait le tuer. Djinshee eut au même moment la bonne idée de repousser l’enfant avec sa télékinésie. Il avait décidé d’engager les grands débats, apparemment. L’Elémentale fit un effort suprême pour ne pas l’assommer. Il semblait être ce type de personnes dont l’aura était, pour une raison inexpliquée, insupportable. A moins que le simple fait de son âge l’énervait.

   -Non, on n’a pas d’ombre, et oui, cet endroit est dangereux, en particulier pour toi, t’es qu’un gamin. Où sont tes parents ? – S’il en avait, ils devaient être détestables. L’enfant était borgne et il était clair que ce n’était pas de naissance – On va te ramener à Aeden.

   Faire le trajet l’horrifiait quelque peu. Elle n’osait pas imaginer ce que pensait Neferet. Il n’allait pas résister, il allait finir par tenter de le tuer. Ils se mirent sur le champ en route, et le gamin en profita pour leur raconter toutes sortes de choses basiques, mais qu’il trouvait palpitantes.

   Djinshee et Neferet étaient actuellement sur la même longueur d’onde. C’était pour le moins incroyable. Ils en étaient arrivés à échanger des regards assassins qui signifiaient tout : faites-le taire. La respiration du Sorcier devenait de plus en plus irrégulière au fur et à mesure qu’ils marchaient. Il reprenait son assurance d’antan : meurtrière, emplie d’une haine folle et incontrôlée qu’il ne pouvait s’empêcher d’extérioriser d’une manière ou d’une autre. Malheureusement pour lui, son calvaire ne venait que de commencer. Il devrait attendre de ressortir d’Aeden avant de commettre quel qu’acte que ce soit. Ils passèrent le portail sans problème. Une fois sur la Grande Place, l’Elémentale regarda par terre. Le soleil brillait, et toujours rien ! Elle poussa un soupir d’agacement. Au pire, ce n’était qu’une ombre, mais c’était un détail qui l’énervait. Ce n’était pas normal. Et si ce n’était pas normal, c’était potentiellement dangereux. Avec les temps qui couraient, rien n’était sûr.

   Elle sentit quelqu’un lui tapoter l’épaule. Elle fit volte-face. L’homme lui sourit.

   -Un problème avec vos ombres ?

   -Vous savez d’où ça vient ?

   -Oui, on m’a justement envoyé ici pour prévenir les « victimes » telles que vous. Je suis de la cour de Madame la Gouvernante…

   -Donc, les ombres, le coupa Djinshee.

   Si ce Vampire était venu ici c’est qu’il se tramait quelque chose à la forteresse ensorcelée. Elle criait déjà de joie… Derrière, Neferet dévisageait le gosse, retenant tant bien que mal ses pulsions. S’il n’avait pas eu ses mains dans ses poches, on les aurait vues trembler convulsivement. C’était pour lui une véritable torture, d’autant plus qu’il ne parvenait pas à détacher son regard de ce morveux. Il était insupportable. Il n’avait qu’une hâte : partir d’ici pour l’égorger tranquillement, lui sectionner la jugulaire et le laisser crever à petits feux – et éventuellement récupérer son sang pour tenter quelques potions.


   -Je suis navré pour le dérangement, mais nous avons en quelques sortes des interférences magiques à la forteresse. Cela a pour conséquence…

   -Oui, j’ai compris. Alors comment on les récupère ? Vous avez la vôtre.

   -Le mieux serait de vous y rendre.

   Elle le regarda l’air de dire : « vous vous foutez de moi, n’est-ce pas ? ». Evidemment, un Vampire comme lui ne pouvait pas être bénéfique. Il fallait absolument qu’ils aillent à la forteresse. Pourquoi faire ? Divertir la Gouvernante avec un autre de ses jeux vicieux ?

   -Disons que vous n’avez pas vraiment le choix, sinon votre tour viendra de disparaître…

   Il désigna ses pieds. Elle écarquilla les yeux. Les extrémités de ses bottes étaient noircies, immatérielles.

   -L’évolution est lente, et il n’y a pas d’autre moyen pour l’arrêter.


   Elle attrapa Neferet et le poussa vers le portail. Elle se permit d’ignorer le gamin. Sa vie l’importait peu, il était libre de ses choix. Et puis, elle n’allait pas s’occuper de cet atroce fardeau. Le Sorcier lui était suffisant. Et encore, il était moins pire.

~767 mots~ 
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Sam 13 Fév 2016, 20:57

Pendant toute la conversation que tenait Djinshee avec le Vampire, Diahemm n'écouta pas un traître de mot de ce qu'ils se disaient. Il était absorbé par la contemplation des maisons, de l'admirable et splendide architecture de la Place. De temps en temps, il laissait échapper un «oh!» plein d'admiration à la vue d'un étalage, d'un beau balcon ou de... de tout le reste. Il ne remarqua pas Neferet qui le fixait avec des envies de meurtre à peine dissimulées. Mais il eu la chance de saisir les mots fatidiques de l'homme les mettant en garde: "… sinon votre tour viendra de disparaître". Puis il baissa les yeux, il regarda les pieds de Djinshee, puis les siens, et pour vérifier que tout était en ordre, ceux de Neferet. Qui disparaissaient aussi: tout était en ordre. La voyant se précipiter vers le portail, il leur emboîta le pas en parlant pour lui, comprenant enfin la situation: «Quoi, on disparaît? Non... sérieusement? MAIS C'EST TROP GÉNIAL! Et à la fin on disparaît tout en entier? Et comment on fait après? On est mort?»

Ils réapparurent devant le gardien du portail qui s'était à nouveau assoupi. Diahemm se demanda si il faisait semblant de dormir. Il n'eut pas le temps de le vérifier en lui donnant un coup de pied (ce qu'il comptait pourtant faire); ils se mirent immédiatement en route pour la forteresse ensorcelée. Lorsqu'ils quittèrent la clairière, il se retourna pour admirer une dernière fois l'île dans un silence contemplatif. Puis il reprit son bavardage incessant, racontant comme les arbres étaient grands et la Place belle – un peu comme si ils étaient aveugles. Il prit un soin tout particulier à disserter au sujet de l'herbe, bien verte et propre, sans doute entretenue par un jardinier méticuleux; or il n'avait pas vu de jardinier, ce qui était un peu étrange. Puis il comprit, encore à haute voix, que les Élémentals n'avaient pas besoin de jardinier pour avoir une belle pelouse puisqu'ils contrôlaient les éléments – logique, c'est dans leur nom. Il n'avait toujours pas fini de raconter comme il s'était senti minuscule face au grand dragon lorsqu'ils arrivèrent devant le pont menant à la forteresse.

- Vous êtes sûrs qu'on peut traverser par là? s'inquiéta-t-il face à l'aspect peu engageant du pont.

Le pont suspendu était long; de l'autre côté, on pouvait voir la façade de la forteresse. Puis il vit une sorte d'entrée dans l'enceinte, et de la lumière derrière. N'écoutant que sa curiosité, il se mit à courir à toute vitesse pour voir ce qu'il y avait de l'autre côté, oubliant magnifiquement ses compagnons de voyage, ignorant le vide sous lui. Une fois le pont traversé et l'entrée de roche franchie, il put voir la splendeur des lieux. La falaise était haute, et les enceintes étaient finement sculptées. Bouche bée devant ce spectacle, il reporta son attention sur la grande porte de bois. Il n'osait plus bouger. Il se tourna vers le pont. Il était d'un calme effrayant, subitement.  

- Cet endroit de m'inspire pas confiance, murmura-t-il.

Il leva ses mains devant ses yeux. Ses doigts étaient déjà devenus noirs et immatériels. Ses paumes semblaient parcourues d'un brouillard sombre mouvant.

- Il faut vraiment qu'on entre? Cet endroit ne m'inspire pas du tout confiance, répéta-t-il. Il saisit la faux qu'il portait à son dos d'une main, comme pour se rassurer.

Ils entrèrent. La porte de pierre et de bois massif s'ouvrit lentement et sans bruit, découvrant un somptueux jardin. Il ne fit pas un pas. Sur son visage, on pouvait voir le conflit interne qui l'animait: la crainte et la curiosité le dévoraient à qui mieux mieux, le faisant grimacer douloureusement. Il finit par faire quelques pas prudents et retenus sur la grande allée qui traversait le jardin. Puis il s'engagea en courant dans un couloir de haie sans attendre l'Élémentale ni le Sorcier, retrouvant son émerveillement devant la magie du jardin. «Ici c'est sûr, il doit y avoir un bon jardinier!» leur cria-t-il sans vérifier qu'il était entendu. Il slaloma dans le labyrinthe jusqu'à déboucher devant une vieille fontaine sculptée. Il aperçut un mouvement sur sa gauche, se tourna vivement, fronça les sourcils, se retourna à nouveau, puis encore, ne voyant plus rien de suspect. «C'était quoi, ça?». Il sentit une ombre furtive passer dans son dos. «Eh, attends-moi!», cria-t-il en faisant volte face. Il se lança à sa poursuite à travers le dédale de végétation...

-740 mots-
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Lun 15 Fév 2016, 00:04

Le gamin était complètement excité. En fait, l’idée de mourir le faisait entrer dans une euphorie très – trop – éloignée de l’ordinaire. Qu’est-ce qu’il pouvait être con… Non, définitivement, il n’était pas conscient de ce qu’il faisait.

   -J’en sais rien, si on va mourir, mais en attendant, tais-toi ! Siffla Djinshee.

   Parce qu’il les avait également suivis. De retour au Berceau Cristallin, ils ne se firent pas attendre. Alors que l’autre gland semblait vouloir prendre son temps, les deux aînés avaient pris les devants, impassibles mais bouillonnant intérieurement. Cela ne l’empêcha pas de continuer son interminable monologue sur le néant – soit des choses inutiles, telles que l’herbe. Heureusement pour Neferet, il était devant. Il ne vit donc pas que ses plaies s’étaient rouvertes à cause de l’expression déchirante qu’il avait prise. Djinshee le surveillait toujours de près.

   Le chemin, qui était déjà assez long de base, parut durer des siècles. Ce gosse était un véritable moulin à paroles. Et il ne se rendait même pas compte qu’il jacassait dans le vide. Les deux autres n’avaient dit mot de peur d’exploser. Il ne se tut que lorsqu’ils arrivèrent au pont. L’Elémentale s’en rappelait. Ce pont, étroit et menaçant qui menait à la forteresse. Il n’inspirait pas plus confiance que la dernière fois, mais elle l’avait déjà traversé, et savait par conséquent qu’ils ne risquaient rien. Elle eut un sourire sadique devant l’inquiétude de l’enfant, mais cela ne fut que de courte durée. Poussé par une pulsion de débilité, il se mit à foncer, ignorant totalement le vide. Elle leva les yeux au ciel et traversa à son tour le passage.

   Neferet ne pensait plus à rien. Dès lors où le silence avait repris ses droits, il avait arrêté. Il ne devait plus penser… Il ne devait pas s’énerver, ou il tuerait…

   Djinshee ouvrit les grandes portes, comme si elle était habituée et sans tenir compte de la remarque de leur compagnon d’infortune. Plus vite le problème serait résolu, plus vite elle pourrait se débarrasser de lui. Le visage de ce dernier s’illumina à la vue du magnifique jardin du domaine. Elle en profita pour aller tout droit vers le hall. Le garçon papillonnait ; s’ils pouvaient s’en débarrasser plus tôt, ce n’était que mieux.

   Les grandes portes s’ouvrirent d’elles-mêmes. Neferet regarda la végétation luxuriante. C’était moche. Trop superficiel. Trop « gentil joli » pour le peuple maléfique qu’était les Vampires. Hypocrite. Et les Aetheri savaient qu’il détestait les hypocrites, au même titre que les bourgeois – une raison de plus pour détester les habitants de ce palais.

   Ce fut la Gouvernante en personne qui les accueillit. Elle leur sourit de son air charmeur. Elle reconnut Djinshee.

   -Tient donc…

   Pour toute réponse, elle lui lança un regard noir.

   -Je vois que vous avez eu quelques soucis avec votre ombre. Elle leur tendit des gants. Vous n’êtes pas les premiers. Elles sont toutes ici, la forteresse en est remplie. Ces gants vous permettront de les attraper. Ensuite il vous faudra les embrasser. Bonne chance.

   Elle regarda la jeune femme.

   -J’aurais aimé être plus gentille cette fois-ci, mais votre transformation vous impartit du temps, et ce malgré moi…

   -Ce n’est pas parce qu’il s’agit d’interférences magiques que je ne me doute pas que c’est un autre de vos prétextes pourris pour participer à l’un de vos divertissements.

   Elle prit les gants, méprisante et suivit le geste d’invitation à entrer de la Gouvernante, qu’elle avait laissé complètement indifférente. A croire que Djinshee avait raison. Elle passa les portes du hall et examina l’endroit dans lequel ils étaient tombés. Un bureau. Mais elle n’était jamais allée dans celui-ci. Elle lança une paire de gants à Neferet et enfila les siens. Le Sorcier les attrapa en vol. Son regard sévère ne présageait rien de bon. Il allait devoir faire équipe avec cette jeune femme dans un château qui allait rapidement le pousser à bouts. Si seulement Hana avait été là…

   L’Elémentale fit le tour de la pièce. Ça empestait autant la magie, ici. Rien n’avait changé. Une chose noire passa dans son champ de vision, et disparut aussi vite qu’elle était venue. Elle tourna la tête, ses pupilles allant de droite à gauche à la recherche de la moindre anomalie. Elle vit Neferet se diriger brusquement vers l’une des trois portes et l’ouvrir avec autant de violence. Elle le suivit. Ils n’avaient pas intérêt à se séparer, ou tout ceci deviendrait un véritable cauchemar. Comme si ce n’était pas déjà le cas…

~743 mots~
Tu peux t'arranger pour nous retrouver ^^ et inventer la pièce dans laquelle je - on - viens de rentrer ^^
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Dim 03 Avr 2016, 23:52

Alors que Diahemm traversait avec enthousiasme les jardins magnifiques de la forteresse, passant de fontaines à haies immenses, se baissant devant chaque fleur étonnante et poursuivant chaque bestiole qui passait par là, il vint à croiser un homme. Le jardinier de la forteresse, Eden, se trouvait près d'un imposant arbuste aux grandes fleurs blanches. Il leur parlait avec douceur, avec tant d'affection que Diahemm hésita un instant à le déranger dans sa conversation. Il s'approcha cependant :
- Excusez-moi... j'ai perdu mes amis... par où on entre ?
Eden le scruta. Un jeune garçon. Voyant qu'il n'avait pas d'ombre, il comprit vite la situation.
- C'est rare qu'on passe par le jardin et non l'entrée principale, observa-t-il. Vous intéresseriez-vous à tout hasard à mes spécimens ? demanda-t-il avec autant d'espoir que de méfiance.
- Non, je m'en fiche un peu, je voudrais juste retrouver l'elfe noire qui tire tout le temps la gueule et l'homme qui a essayé de me tuer.
Eden leva un sourcil interrogateur. Quel étrange discours...
- Je vois qu'il vous manque votre ombre. J'imagine que vous et vos (il toussa discrètement) vos amis êtes venus pour cette raison. Prenez ces gants - il sorti une paire de gants de sa sacoche ; vous devez retrouver votre ombre et l'embrasser.
- Par où j'entre ? redemanda Diahemm.
- Il y a une porte juste là, désigna Eden avec courtoisie, sous le peuplier.
- Là-bas ? D'accord !
Diahemm partit en courant dans la direction indiquée. Pas question de perdre l'elfe noire et son compagnon ! Il ne connaissait même pas leur nom, et il fallait absolument qu'il leur parle de ce fabuleux ragondin qu'il avait découvert sous des feuilles de rhubarbe.
Arrivé devant la porte, une petite porte de bois, vieille et pourtant bien conservée, Diahemm hésita un instant. Il se retourna, haussa les épaules et entra.
Devant lui, dans la pénombre, un escalier. Il monta sans hésiter malgré l'obscurité de plus en plus épaisse. Il se cogna à une porte, l'ouvrit, soudainement inondé de lumière. Il se tenait au seuil d'une pièce bien étrange. Une sorte d'atelier ; chaque outil était minutieusement rangé sur une étagère, luisant, sans doute soigneusement astiqué chaque jour par le jardinier. Alors qu'il s'avançait sans crainte vers les sécateurs, tenté d'en chaparder un (le rouge était plutôt joli), il perçu un mouvement furtif. Sans réfléchir, il sauta sur l'ombre qui passait ; après un chaotique roulé-boulé avec la sombre silhouette, il sentit une pression sur son visage et ses lèvres, puis plus rien. Il se releva péniblement et rangea les outils qui étaient tombés (rangea, c'est-à-dire entassa dans un coin sombre). Il se dépoussiéra rapidement et partit fissa de l'atelier, au cas où le jardinier déciderait de venir. Il sortit par la deuxième porte de la pièce, débouchant sur un large corridor de marbre noir. Des portraits à l'huile, à intervalles réguliers, semblaient le suivre du regard avec un amusement de chasseur. Un frisson lui parcourut l'échine. Il s'arrêta. Il avait cru entendre quelqu'un derrière lui. Il se retourna. Rien. Brusquement, il se mit à rire aux éclats. Ses rires emplissaient les lieux, et même son rire le rendait plus hilare encore : on aurait dit une maison hantée ! C'était vraiment parfait, il avait toujours rêvé de visiter des châteaux pullulant de magie. Avec excitation, il se précipita sur la première porte, l'ouvrit, la referma. Il attendit quelques instants, un immense sourire d'enfant fendant son visage en deux, et la rouvrit. Le petit salon qu'il venait de voir s'était substitué à une sorte de bureau.
- Ça marche ! cria-t-il. Il entra en trombe en ignorant la porte qui s'était fermée derrière lui et courut jusqu'à la seconde entrée du bureau. Il traversa ainsi bibliothèques, halles, bureau et salon sans s'arrêter un instant, parcourant sans réfléchir l'immense labyrinthe de la forteresse, sautant dans les escaliers et chantant dans les couloirs à tu-tête. D'un coup, il vit Djinshee et Neferet dans la pièce où il venait d'entrer en courant. Arrêtant sa course effrénée, il se précipita sur eux :
- Ah, je vous cherchais ! Faites attention, c'est plein de magie ici ! commenta-t-il avec bonheur.
Il se précipita vers le gigantesque lustre qui surplombait la salle en poussant de grands « oh ! » admiratifs. « Vous croyez qu'il risque de tomber ? ». Il se baissa en voyant qu'il avait, sans s'en apercevoir, récupéré son ombre. Son ombre ? Pourquoi sa faux n'avait-elle pas d'ombre ? Non, il n'y avait pas que sa faux qui clochait... Diahemm n'était pas si grand... et il ne portait pas ce long manteau, c'était plutôt Neferet qui devait avoir un haut comme celui-ci...

~780 mots~
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Sam 23 Avr 2016, 19:55

C’était une chambre. Une chambre étouffante. Les étoffes du lit étaient rouges et épaisses, les murs étaient recouverts par des tapisseries et des rideaux de la même couleur, parfois ornés de dorures. Une ombre passa dans un coin. Djinshee se jeta dessus. Du bout des doigts, elle parvînt à la retenir. Elle s’empara de son bras, l’examina d’un œil sévère. L’ombre aussi la « regardait ».

   -Non…

   Elle la relâcha, et elle disparut, glissant dans l’interstice entre l’unique porte et le mur. Neferet était profondément agacé. Il devait garder son calme. Il était déchiré entre deux humeurs contraires : son côté colérique – restons modestes – et une sorte de peur qu’il s’efforçait de chasser. Le nœud dans sa gorge trahissait cette dernière. C’était notamment pour cette raison qu’il ne parlait plus beaucoup. Il laissa l’Elémentale à son activité, qui se résumait à passer la pièce au peigne fin. Ce n’était pas chose facile, avec tous ces drapés. Elle faisait parfois volte-face avec l’impression d’avoir vu quelque chose, mais ce n’était au final que l’un d’entre eux qui avait bougé. Elle finit par lâcher un soupir. Cette chambre était vide. Neferet rouvrit la porte. Sa main tremblait. Il était très nerveux. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Djinshee ne l’avait encore jamais vu dans cet état.

   Ils entrèrent dans un somptueux salon sûrement le plus prestigieux de la demeure, celui où l’hôte devait recevoir ses invités des plus hautes sphères. Un immense lustre était suspendu au plafond. Les différentes facettes des cristaux qu’il portait réfractaient la lumière un peu partout, rendant l’endroit très lumineux. La voix du gamin retentit. Ils tressaillirent en même temps. Il les avait retrouvés… La jeune femme soupira. Sa réflexion sur le lustre la désespérait. Il en avait autant rien à foutre, de mourir ?!

   -Aucune idée, mais ça serait vraiment bien…

   Juste pour voir une partie de cette forteresse se dégrader, et même si la gouvernante le réparerait en moins de temps qu’il ne le fallait pour le dire, oui, elle voulait bien voir ce lustre tomber. Mais bon… Ce n’était sûrement pas possible, et ce n’était pas le sujet. Du coup de l’œil, elle vit Neferet marcher en direction du gamin. Elle le suivit. Parler n’aurait servi à rien, il ne l’aurait jamais écoutée. Elle l’arrêta et il se tourna vers elle. La mâchoire serrée, il se mordait l’intérieur de la joue. Respiration forte. Poings fermés.

   -Cet enfoiré se trimbale avec mon ombre. Siffla-t-il. Sa voix tremblait bel et bien, comme il l’avait craint.

   Elle baissa les yeux. C’était vraiment perturbant. Ce gosse, avec l’ombre de ce Sorcier dérangé… Elle prit une grande inspiration et poussa son « camarade » un peu plus loin.

   -Ok, petit. Elle essayait de parler calmement. Est-ce que tu sais où et comment tu as obtenu cette ombre ?

   Elle se doutait de la réponse. Elle imaginait bien qu’il n’y avait pas prêté la moindre attention jusqu’à présent.

   Mais comment Neferet allait-il faire pour la récupérer, maintenant ? Grande question.

   -Viens essayer de la prendre, au lieu de préparer ton prochain meurtre.

   Le Sorcier resta immobile quelques secondes, soupira dans l’espoir que cela le détendrait – ce ne fut pas du tout le cas – et s’avança. Il se baissa prudemment, son regard noir ancré dans celui du gamin borgne, prêt à le frapper si nécessaire – oui. L’Elémentale le pressa. Elle n’avait pas que ça à faire. Elle avait sa propre ombre à trouver, ils n’avaient pas toute leur vie. Enfin si, et justement, et c’était un peu court. De plus, s’attarder dans cet endroit infâme lui donnait la nausée.

   Il s’empara de son bien, et, rapidement, l’embrassa, comme on le leur avait indiqué. Il était ridicule. Agenouillé à faire un bisou au sol… On aurait tout vu… Si le morveux riait… Il mourrait. Pour de bon. Il se le promettait. Il se releva d’un coup et regarda le sol. Il poussa un cri de rage. Son ombre n’avait pas bougé, et c’était toujours cet attardé qui l’avait !

   Djinshee fit un tour sur elle-même. Elle cherchait la gouvernante. Elle était certaine que celle-ci était cachée quelque part, et qu’elle les observait. Elle devait bien s’amuser. Comme elle s’y attendait, un rire retentit dans la pièce. La Vampiresse apparut juste devant eux.

   -Navré de vous décevoir, mais vous ne pourrez l’obtenir simplement en l’embrassant. L’adorable jeune homme qui la possède… C’est lui qu’il va falloir embrasser.

   Une sourire moqueur étira ses lèvres, puis, comme elle était venue, elle se volatilisa. Djinshee fixa encore quelques instants l’endroit où elle s’était trouvée quelques secondes plus tôt, puis se tourna vers les deux garçons, regardant consécutivement l’un et l’autre.

   -Elle se joue de nous ? Demanda Neferet, comme si cela pourrait le rassurer d’une quelconque façon, alors que dans tous les cas, ce serait pareil.

   Sa phrase sonna plus comme une affirmation. Car une chose était certaine : il était absolument hors de question qu’il embrasse qui que ce soit dans cette pièce. Premièrement parce que faire cela à son pire ennemi du jour était moralement impossible, deuxièmement parce que la seule personne qu’il embrassait et qu’il embrasserait jusqu’à sa mort était Hana.

   -Toujours. Répondit la jeune femme.

   Elle savait qu’il ne le ferait jamais. Pourtant, il allait devoir, s’il voulait rester en vie. Mise à part en sortant l’argument « Hana », elle ne voyait qu’une seule autre solution pour le raisonner. Faire appel au gamin. Elle se pencha un peu vers lui.

   -J’ai un jeu pour toi. Si tu arrives à l’embrasser, tu auras le droit à… un voyage en bateau gratuit.


   Tout avait l’air de le fasciner, elle pouvait dire n’importe quoi. Elle paierait la place de sa poche, mais au moins, elle ne prenait pas de risque inutile et en serait débarrassée…

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Dim 24 Avr 2016, 13:25

- Ah... mais c'est toi ! s'écria Diahemm après un instant de perplexité face à son ombre – ou plutôt, face à l'ombre de Neferet.

La situation était grave, une tension palpable couvrait la pièce, il le sentait bien ; mais, non pas qu'il n'en eût rien à cirer, il décida d'expérimenter avec sa nouvelle ombre. D'abord, il décida d'improviser une petite danse que l'ombre de Neferet se fit une joie d'imiter ; puis, il songea à poser le bout des doigts sur le sol, contre ceux du Sorcier ; puis il se mit à tourner sur lui-même pour voir le grand manteau voler. L'Élémentale l'interrompit alors qu'il s'apprêtait à faire un aigle en ombre chinoise (ce qui l'indigna profondément, mais il n'en dit rien, jugeant l'information inutile). Il fut assez étonné de sa question ; l'essentiel n'était pas où il avait trouvé l'ombre, mais qu'il l'ait trouvée, non ? Et puis ça ne la regardait pas, après tout, ce n'était pas son ombre à elle.

- L'ombre ? Elle m'a agressée près du sécateur rouge. Je n'ai rien pu faire, témoigna-t-il innocemment tout en se remémorant la scène (lui se jetant à plat ventre sur l'ombre furtive).
Il reprit alors ses expérimentations, appréciant la lumière vive que conférait le grand lustre central. Neferet s'approcha de lui. Il l'observa en silence en le voyant s'accroupir et embrasser le sol à ses pieds. Alors qu'il se relevait aussitôt, il lui murmura d'un air désolé avec beaucoup de sollicitude :
- Je pense qu'il ne t'aimera jamais, tu sais... mais même si cet amour est impossible, tu peux lui dire que tu l'aimes, personne ne peut savoir si il t'entend après tout... (puis, après une seconde d'hésitation) et puis il est beau ce parquet, je te comprends, au fond...

C'est à cet instant que la Gouvernante décida d'apparaître. Un sourire amusé couvrait son visage.
-Navrée de vous décevoir, mais vous ne pourrez l’obtenir simplement en l’embrassant. L’adorable jeune homme qui la possède… C’est lui qu’il va falloir embrasser.
Elle ne semblait absolument pas navrée.

- Qui ça, moi ? s'écria-t-il, stupéfait. Il se mit à chuchoter avec agitation « je suis adorable... je suis adorable... », son immense sourire, qu'il n'arrivait pas à réprimander, trahissant son bonheur.
Mais elle disparut aussitôt.

Une grande perplexité l'envahit quand il prit conscience de ce qu'elle venait de dire. Il n'aimait pas être perplexe. Il se tourna vers le Sorcier, puis vers l’Élémentale. Neferet devait l'embrasser ? Il ne savait pas trop quoi penser. Non pas que Neferet fut moche, mais... il faisait peur... L'excitation l'envahit quand il vit que ses bras étaient déjà à moitié transformés en ce brouillard noir et immatériel. Il essaya alors de plonger ses bras dans le mur, tentative honorable qui échoua, ponctuée d'un « aïe ! » tout aussi honorable. Il fit la moue en comprenant qu'il ne deviendrait jamais un fantôme.

Djinshee le prit à part. Sa proposition -un voyage gratuit en bateau- le laissa circonspect, une fois de plus. Déjà, que signifiait le mot « gratuit » ?
- Ah, parce qu'il faut payer normalement ?
Il devait peser le pour et le contre, tâche ardue.
Il réfléchit profondément, restant muet une bonne minute. La concentration fronçait ses sourcils. Il finit par interroger :
- Avec des dauphins ?
Il se tourna vers le Sorcier, puis à nouveau vers l'Élémentale.
- Mais... c'est lui, que je dois embrasser ?... demanda-t-il d'un air inquiet. Il risque de ne pas trop vouloir, si ? Ce serait plus facile si je le neutralisais, non ? Ah, je sais ! Je peux lui couper les jambes ?

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Sam 30 Avr 2016, 23:24

Neferet posa sa main sur son front, le pouce et l’index sur chacune de ses tempes. Ce geste lui cachait les yeux, mais cela n’empêchait personne – sauf, peut-être, ceux dotés d’une intelligence inférieure ou égale à zéro – de ressentir sa colère, qu’il s’efforçait de contenir. Ses doigts étaient si crispés qu’ils tremblaient un peu, et émergeait un nouveau bruit : celui de sa respiration nerveuse. Il se retourna vivement et s’en alla de l’autre côté du salon. Il s’arrêta un peu avant le mur, puis alla s’assoir dans le fauteuil le plus proche. Ne pas s’énerver… Mais comment pouvait-il, avec cet horrible morveux ?! Il enchaînait c*nn*ries sur c*nn*ries, parlait pour ne rien dire, s’émerveillait pour tout et n’importe quoi, et surtout, surtout, se foutait de lui ! Comment était-il censé rester de marbre face à ses provocations débiles ? Comment pouvait-il ne pas hurler, ni frapper ? Comment allait-il faire pour ne pas le tuer ? En était-il vraiment capable ? Combien de temps allait-il pouvoir tenir ? Pas assez, très probablement.

   Elle, était restée près du garçon. Elle avait du mal… non, en fait, elle ne le calculait pas du tout. Il était visiblement dérangé. Elle n’avait jamais connu quelqu’un avec une attitude pareille. Se rendait-il compte de ce qu’était la mort ? Probablement pas. Si sa jubilation à se voir disparaître avant de foncer dans un mur n’était pas une preuve suffisante pour affirmer de tel propos, elle voulait bien qu’on la jette dans l’eau – tout bien réfléchi, non, finalement... Elle leva les yeux au ciel.

   -Evidemment, qu’il faut payer.

   Elle ne fit pas plus d’explications, de peur qu’il lui pose une autre question, et ainsi de suite jusqu’à leur disparition prochaine.

   -Oui, il y aura des dauphins, plein de dauphins.

   A défaut d’avoir une haute estime pour lui, elle avait le mérite de dire la vérité. Ces créatures aimaient suivre les bateaux, sauter et tourner autour. Peut-être l’un des seuls points positifs de ce que proposait la mer. Mais était-ce suffisant pour rendre le voyage agréable ? Pas du tout.

   Le gamin réfléchissait – incroyable. Il n’était pas sûr de pouvoir embrasser Neferet. Et pour le coup, elle le comprenait. Elle savait déjà plus ou moins quel sort le Sorcier lui réservait, s’il ne parvenait pas à s’enfuir dans le temps imparti – qui serait très, très, TRES court, mais vraiment très court. Le regard de Djinshee devînt perçant et… effrayé, d’une certaine façon, lorsqu’il lui demanda ce qu’elle pensait de son plan de neutralisation. Lui… couper les jambes ?! Mais d’où sortait ce gosse, exactement ?! Qu’il n’eût pas de parents, cela ne l’aurait pas étonnée, cependant, même avec une éducation inexistante, en arriver à ce stade d’inconscience était grave. A moins que justement, ses parents l’aient abandonné parce qu’il était… étrange ? Même elle, qui pouvait parfois faire preuve d’une antipathie et d’un machiavélisme à toute épreuve n’aurait jamais pensé à cette forme de neutralisation, encore moins dans ce contexte.

   -Surtout pas !

   Et ce serait une raison de plus pour Neferet de le tuer. En tous les cas, ce garçon était barge, c’était certain. Pire que l’autre taré qui l’accompagnait. C’était fort.

   -Tu vas le pendre par surprise. Je te protège. Dit-elle, plus bas. Pas de blessure. Tu ne lui coupes pas les jambes. Sinon, adieu le voyage en bateau.

   -Vos gueules ! S’époumona le Sorcier, derrière eux.

   Il en avait plus qu’assez. Que foutait-il là ? Il voulait juste partir. Il prit son visage dans ses mains.

   -Tais-toi et suis-nous, si tu ne veux pas disparaître là sans l’avoir revue.

   Ils savaient tous les deux de qui elle parlait. Il inspira, se leva. Sans plus de discours, parce qu’ils avaient perdu assez de temps comme ça, avec toutes leurs gamineries, et que ses tibias avaient commencé à disparaître, Djinshee se dirigea vers l’une des portes qui entouraient la pièce. Elle l’ouvrit à la volée, invita les deux garçons à passer devant elle. Neferet hésita. Son visage était crispé en une expression étrange, mélange de haine profonde, de colère et d’une sorte de… peur, peut-être ? Mais surtout de la haine et de la colère. Sa lèvre supérieure sauta. C’était son tic. Il n’était vraiment pas d’humeur.


   La nouvelle salle n’était autre qu’une cuisine. Djinshee aperçut une forme sombre disparaître de la surface du plan de travail. Elle alla aussitôt à sa poursuite, mais la perdit trop vite de vue. Une main sur la table, elle se pencha pour regarder en-dessous, s’éclaira avec une flamme qu’elle fit naître de ses doigts. Le forme s’enfuit. Elle sauta par-dessus le meuble, atterrit en catastrophe sur le sol, et manqua l’ombre de quelques centimètres lorsque celle-ci glissa sur le mur. Elle lâcha un juron. Pourquoi ces spectres à la noix s’obstinaient-ils à fuir ?

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Lun 05 Déc 2016, 22:30

Djinshee n’avait jamais été mère, mais avait l’impression d’en être une, complètement débordée et dépassée par les évènements. Voilà une nouvelle raison de rester dans sa situation sentimentale actuelle. Les deux mecs qui l’accompagnaient étaient tout simplement des gamins. Bon, pour le petit taré, ça n’était pas une révélation, mais elle réalisait que Neferet était pire que ce qu’elle avait encore imaginé. Ce dernier ne faisait aucun effort pour rien. Elle lui en aurait volontiers foutu une, s’il n’avait pas eu ce talent pour démarrer au quart de tour. En attendant, elle cherchait son ombre. Puisque les autres étaient des boulets, elle allait d’abord s’occuper d’elle. Elle était autrement sûre de disparaître – qui plus était, de façon tout à fait ridicule.


   Elle avait fait le tour de la pièce au moins trois fois, mais les ombres semblaient avoir déserté l’endroit. Elle prit les deux gosses – elle allait les appeler comme ça maintenant – par le bras, sans se soucier de leur faire mal ou non, ouvrit une porte à la volée et changea de pièce. De nouveau, le salon dans lequel ils étaient précédemment. Trois ombres parcourant les murs, le sol et même le plafond. Djinshee plaqua vivement sa main gantée contre la tapisserie au passage de l’une d’elle. Elle la coinça en son plein milieu et l’examina. Sans couleurs ni contrastes, l’exercice était plus difficile qu’attendu. La forme était celle d’une femme aux cheveux, et à la morphologie similaire, mais quelques détails sur sa tenue la faisaient douter. Elle la lâcha après de longues minutes, de peur de laisser sa propre ombre s’échapper. Ca serait tout de même bête, mais surtout extrêmement désespérant. Et ça, elle l’était suffisamment à cet instant.


   Neferet avait décidé de devenir muet. Les bras croisés, il restait immobile à fixer son ombre, tout en évitant le regard de l’idiot qui la possédait. Ca n’était pas plus mal. Au moins c’était calme. Djinshee pouvait chasser plus ou moins tranquillement. Elle devait juste garder un œil sur le petit pour ne pas qu’il s’enfuie. Ce serait une catastrophe. Pas qu’elle se souciait de l’existence du Sorcier. Mais Hana la tuerait. Et pas qu’Hana aimait Neferet, mais… Elle était comme ça ; une fois qu’elle connaissait quelqu’un, il lui était strictement interdit de mourir. L’Elémentale utilisa sa télékinésie pour se faire monter au plafond, où une ombre particulièrement rapide s’adonnait à la narguer. Elle y allait à bouts de bras. La partie n’était pas des plus faciles. Ce fut pire lorsque le spectre s’arrêta un moment, et qu’elle réalisa que ce n’était pas le sien. La troisième ombre avait déserté elle ne savait où.


   -T’as trouvé ? Demanda dédaigneusement Neferet, sortant de ses songes tortueux.


   -T’as vu l’autre ombre ? Répliqua-t-elle sur le même ton.


   Il désigna le passage d’un coup de menton.


   -Et t’aurais pas pu me le dire avant ?


   -Ton ombre, c’est pas mon problème.


   Elle serra les poings. Par tous les Dieux, s’ils avaient eu le temps… Elle lui aurait fait manger la tapisserie insupportable de cet endroit insupportable, et elle aurait fait exprès de le perdre.


   -Non, t’as raison, mais ton caprice à la con de pas vouloir l’embrasser, c’est le tien.



   Elle croisa le regard naïf de l’enfant. Et son ombre était juste à côté de lui ! Elle l’aurait sûrement déjà embrassé, elle, même si ça nécessitait de mettre son orgueil de côté. Elle se retourna et suivit les instructions de Neferet. Elle fut au moins contente de voir qu’il ne lui avait pas menti. Ca la calma un peu et elle se reconcentra sur sa tâche. Remettant correctement ses gants, elle suivit la forme noire des yeux. Cheveux longs, tunique et armes. Elle ressemblait bien à la sienne. Elle commença d’abord par s’approcher calmement. Sa propre ombre n’allait tout de même pas la fuir… Elle était sceptique sur cette théorie, ce qui était tout de même assez vexant. Elle avait envie de tenter d’être optimiste, pour une fois. Comme envisagé, sa silhouette s’écarta sur le côté. Elle usa alors de sa vitesse accrue pour bondir, et l’intercepta en un claquement de doigts. Elle l’empoigna fermement, souffla, s’approcha de son visage et l’embrassa furtivement. Elle regarda aussitôt ses pieds. Elle était presque heureuse de voir qu’ils étaient de retour. Son ombre était collée à eux. Un poids énorme disparut. Elle avait l’impression de respirer un peu mieux. Elle pourrait plus facilement aider les deux débiles qui l’accompagnaient, maintenant. Elle se tourna vers eux et les regarda chacun leur tour. L’ombre de son sourire disparut. Bon sang… Ouais, non en fait. Voir leurs tronches lui avait suffi à le comprendre.


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Lun 05 Déc 2016, 22:36

Djinshee considéra le gamin de la tête aux pieds, tandis que lui peinait à tenir en place. Il ne restait plus que son ombre à trouver. Ce ne devrait pas être bien difficile pour la repérer : ce n’était pas tout le monde qui s’armait d’une faux. Surtout pas un petit comme ça. Elle lui prit fermement la main pour ne pas qu’il s’enfuie – il semblait en avoir marre de « ne rien faire », et quant à sa mission d’embrasser Neferet, le Sorcier ne lui laissait aucune ouverture. C’était parti pour une nouvelle promenade à l’intérieur de ce château que Djinshee considérait comme pourri depuis toujours ou presque. Elle le détestait d’autant plus que lors de sa dernière visite, elle avait été loin de visiter toute les pièces : elle se retrouvait alors maintenant à devoir revivre ce cauchemar labyrinthique qu’il était. Si ça n’était pas génial… Le gamin s’obstinait à jeter des coups d’œil à Neferet en cherchant le bon moment pour passer à l’offensive du bisou.


   -Arrêtes de vouloir l’embrasser, je te ferai signe quand.


   Il ne devait pas comprendre grand-chose, puisque c’était elle-même qui lui avait demandé de le prendre par surprise. Neferet se tenait à distance. Il maintenait un écart de deux à trois mètres entre eux. Il avait disparu jusqu’aux genoux. Il était temps d’accélérer un peu le rythme. Le petit groupe parcourait les salles désertes. Le gamin tirait sur le bras de Djinshee – ce à quoi elle répondait en le ramenant plus brusquement à elle, lui posait mille et une questions – à propos du voyage qu’elle lui avait promis, surtout – toutes aussi inutiles les unes que les autres. Elle ne savait pas quel âge il avait, mais elle était désespérée par son ignorance. A croire qu’il avait grandi dans une grotte, et encore… Il avait une douzaine d’années, il devait déjà savoir un minimum de chose, non ? Elle n’était peut-être pas à même de juger, mais ça lui paraissait évident. Elle tentait de répondre du mieux qu’elle pouvait, sans s’énerver. Il lui racontait aussi des anecdotes nulles – l’eau ça mouille, youpi c’est génial… , et ça, par contre, elle n’écoutait pas. Elle ne savait pas où étaient ses parents, mais s’ils l’avaient abandonné, elle voulait bien comprendre pourquoi…


   Djinshee ouvrit une énième porte au hasard. De la vapeur s’échappa de l’ouverture et elle la referma aussitôt. Elle était déjà entrée dans cette salle : les bains. Mais il était hors de question qu’elle y remette une nouvelle fois les pieds. De toutes les salles, aussi nombreuses furent-elles, celle-ci était la pire. Elle attendit une dizaine de secondes avant de retenter sa chance. Le gosse poussa une exclamation ébahie, suivi d’un « mais c’est génial ! » lorsqu’il réalisa qu’il ne s’agissait pas de la même pièce. La jeune femme le fit passer devant lui mais ne le lâcha sûrement pas. Elle commençait à comprendre son mode de fonctionnement. Il allait vouloir essayer, lui aussi de faire apparaître différentes salles, puis il allait s’enfuir, l’ombre de Neferet avec lui. Il protestait, il voulait voir les portes magiques, il… il était horrible. Djinshee se pencha vers lui et ancra très sérieusement ses pupilles dans les siennes.


   -Je te lâche, mais on va faire un truc : si tu changes de salle sans nous, tu n’auras pas ton voyage. Tu ne changes, que si je change. C’est clair ? Ca fait beaucoup de restrictions, mais c’est comme ça. En revanche, si tu retrouves ton ombre, tu auras le droit à un gâteau.


   Qu’est-ce qu’il ne fallait pas dire…


   -Quand tu auras attrapé ton ombre avec tes gants magiques, tu me la passeras, et je t’aiderai à la remettre. Et pas de bisous pour l’instant.


   … Sinon, il allait soit se retrouver avec deux ombres et ça allait être un bordel pas possible pour détacher la bonne, soit celle du Sorcier allait s’enfuir – elle soupira intérieurement – et ça serait reparti pour un tour… Sur ce, elle se décida enfin à lâcher sa main. Elle ne le perdait pas d’une semelle ; à vrai dire, sa confiance en lui était très proche du zéro, voire même négative. Elle obligea presque Neferet à aller s’asseoir plus loin – décidément, il y en avait des salons par ici… Celui-ci trouva encore quelque chose à grommeler. Toutes les excuses étaient bonnes pour se défouler un peu. Ce gosse le rendait fou. Il ne se priverait pas à la sortie de cette foutue forteresse. Djinshee jeta un rapide coup d’œil en sa direction, pour voir s’il obéissait.



   -Trouvé ! S’écria soudain de gamin, victorieux.


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Lun 05 Déc 2016, 22:44

 -C’est vrai ? Où ça ? Passe-la-moi !


   Elle ne le voyait même plus. En à peine une seconde, il avait réussi à s’échapper de son champ de vision. Il leva la main. Il tenait effectivement son ombre par le bras, et le secouait comme un pantin. Il semblait émerveillé par le fait de pouvoir tenir son ombre. Comme il disait, « c’est génial ! ». Il n’avait que ce mot à la bouche. Si bien que c’en devenait banal. Djinshee se précipita vers lui. Le garçon recula, tenant jalousement « son bien » à distance, persuadé qu’elle allait le lui voler.


   -Non, passe-la-moi, je te jure que je te la rends. Je tiens toujours mes promesses, tu vas voir. NON ne l’embrasse pas, surtout pas ! Allez… Tu te souviens du voyage ? Oui, je te promets que tu l’auras ton voyage mais sois sage. Je t’accompagnerai même jusqu’au bateau.


   Elle n’arrivait même pas à croire que c’était elle qui disait tout ça. Etait-elle tombée bien bas, ou c’était comment… ? Elle attrapa l’ombre malmenée, termina sa phrase par quelques « je t’en prie », ou « je te promets… ». Elle n’était pas forte en négociations. Avec les enfants. En même temps, leurs exigences étaient si… étranges. Capricieuses. Comment faisaient-ils pour ne pas s’en rendre compte, pour ne pas réaliser à quel point leurs projets étaient stupides ? Après de longues minutes, il finit par céder et Djinshee traîna l’ombre jusqu’à Neferet. Ca allait marcher…


   Le Sorcier voyait le spectre aller dangereusement vers lui. Il comprit assez vite que ça n’était pas bon. Il se redressa sur son fauteuil et serra ses accoudoirs.


   -Je n’embrasserai personne de plus.


   -Il faudra un jour que tu te décides. Je me casse les pieds à sauver ta misérable vie, tu n’as qu’une chose à faire. Mise à part moi, il n’y a pas de témoin et à ce que je sache, j’ai aussi dû embrassé une ombre. Crois-tu vraiment que j’aurai que ça à foutre que de t’humilier devant qui que ce soit avec des gamineries ? Je te le dis honnêtement, tu le fais déjà très bien toi-même. Et outre mesure, tu es au moins aussi talentueux que ce gamin, si tu vois ce que je veux dire. Elle plaça l’ombre juste sous son nez. Alors maintenant, tu prends sur toi, ou tu restes débile et tu crèves. Ca ne sera pas faute d’avoir essayé.


   Neferet avait un regard noir chargé d’une haine sans nom. S’il avait été plus fort qu’elle… il l’aurait empoisonnée, éventrée, massacrée. Il resta de glace une éternité, tandis qu’il continuait de se consumer jusqu’au haut des cuisses. Puis, vite, il se pencha et embrassa le spectre de l’enfant. Djinshee lui fit en bref signe de tête et demanda au gamin de venir. Il se mit à crier lorsqu’il découvrit que le Sorcier avait volé son ombre. L’Elémentale le maintint en place et le posta devant Neferet, toujours assis, mais un peu plus profondément dans le fauteuil, comme pour fuir ce qui l’attendait.


   -Là, tu peux l’embrasser !


   -Tu t’approches et je te tue…


   -Mais non il plaisante, vous serez les meilleurs amis du monde, et…


   -… Et je le tue.


   -Tais-toi. Puis au gamin. Tu te souviens du gâteau ? Il sera à ce que tu veux. Pomme, chocolat, noix de coco… Tout ce que tu veux. Puis au Sorcier. Tu veux revoir Hana ?


   -C’est qui Hana ?


   -C’est… une amie qui serait contente que tu embrasses Neferet.


   -Je peux la rencontrer ? Elle est comment ? Et…


   -Non, elle est occupée. Mais elle serait contente. Allez, bisou !


   Elle le poussa vers Neferet. Leurs lèvres se joignirent presque par hasard. Les ombres s’échangèrent.
 



   Il leur fallut encore du temps pour trouver la sortie. Djinshee lança mal poliment ses gants aux pieds de la gouvernante et partit sans plus de discours. Le gamin la suivait en trottinant. Neferet était plus loin, comme parti dans un autre monde, cherchant à oublier cette journée pourrie. Ils s’éloignèrent en presque silence de la forteresse. Celui-ci n’était brisé que par les remarques intempestives et toujours aussi infructueuses de l’enfant. L’Elémentale se forçait à acquiescer de temps en temps, une tâche assez dure à tenir lorsqu’il s’agissait de faire abstraction de sa raison qui ne tenait plus de lui gueuler de se taire une fois dans sa vie pour l’amour du ciel. Djinshee quitta bientôt le Sorcier, et non sans soulagement. L’atmosphère allait être bien moins tendue à présent. Il allait rejoindre Hana, tandis qu’elle devait s’acquitter de sa promesse : le bateau et le gâteau. Elle n’allait pas se fouler et allait se contenter du port le plus rapide d’accès – c’était déjà pas donné, elle n’allait pas chercher le plus luxueux. Alors qu’ils reprenaient la route, elle soupira. Généralement, elle préférait voyager sur le dos d’Enderah. Elle ignorait combien de temps tout ça allait lui prendre. Trouver un intérêt à la discussion lui permettrait peut-être de tuer le temps…


~831 mots~
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[Quête] Mon ombre mon autre [Diahemm/Djinshee]

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