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 La Tour des Profondeurs [Niveau IV-II] - [NC-16]

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11262
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Sam 13 Aoû 2016, 13:20

Allongée sur son lit en observant le plafond, ignorant la vie s'écoulant à l'extérieur, Mancinia était totalement aphasique. Kamiya était assis sur son ventre et se soulevait au rythme de sa respiration. Il ne la quittait pas du regard, attendant un signe que sa part, avant de s'endormir sous l'effet de la chaleur. L'Humaine leva sa main vers le plafond, essayant de saisir le vent quasiment inexistant dans sa chambre. En fermant son poing, elle vit apparaître le sigle, ce Soleil froid qui dégageait une force nouvelle. Elle rabattit sa main contre son visage avec un sourire à moitié moqueur : sa blessure au visage, acquise devant le Baron Noir, la guerrière ne l'avait gardée que quelques heures. Le temps de s'essayer à son nouveau talent et de la faire disparaître comme si de rien n'était. Elle l'avait vu à Caelum, ce n'était pas un coup de chance. Où se situait la limite de ce don ? Était-elle aussi vaste que Zandalor le disait dans ses textes ? Elle se devait d'essayer lorsque l'occasion se présenterait. Sa main descendit vers le plumage de son corbeau, qui s'éveilla et vint lui demander des caresses d'un coup de bec amical. Sa maîtresse était souvent plongée dans ses pensées ces derniers temps et Kamiya ignorait si ce fusse une bonne chose ou si elle ressassait de mauvais souvenirs, mais un compagnon comme lui ne savait pas quoi faire. Pourtant, un fait nouveau ne tarderait pas à les remettre sur les routes.

Mancinia ouvrit les yeux après s'être assoupie un instant dès qu'elle entendit l'appel de sa mère. Un visiteur ayant besoin de la voir tout de suite se trouvait au pas de leur porte. Un messager du Palais, un peu anxieux de l'endroit et craignant s'être trompé, gesticulait sur le pas de la porte avant de voir la Matasif apparaître. Après les salutations d'usage, il lui délivra le message : Messire Ehsan voulait la voir concernant un fait important. Elle remit ses cheveux en place et suivit le soldat, accompagnée de Kamiya qui virevoltait dans les airs chauds de la ville. C'était étrange qu'elle soit escortée par un garde, une missive n'aurait-elle pas suffit ? Traversant les rues dégagées en ce début d'après-midi, certains regards captèrent son attention, tout autant que les chuchotements. Mais que pouvaient-ils bien raconter sur son compte ? Ceci la rendait anxieuse. Au bas des marches, Kamiya revint sur son épaule et le Soldat la conduisit directement vers son supérieur. Les Gardes du Palais ou même quelques fonctionnaires la regardait en biais, son corbeau leur rendit leurs regards, ce qui fit sourire sa maîtresse. Une fois la porte ouverte, Mancinia pénétra dans le riche bureau qu'elle n'avait quitté qu'une semaine auparavant. Contrairement à leur première entrevue, Messire Eshan semblait plonger dans la paperasse. Il n'aurait pas eu le temps de lui rédiger une note vu le travail conséquent.

Vous m'avez fait mander, messire ?

D'un geste, Ehsan l'invita à prendre place devant lui sans relever son regard dans sa direction. Lorsqu'il le fit, Mancinia vit que ses traits étaient tirés. Une lourde fatigue semblait s'abattre sur ses épaules. Bien qu'elle tentait de ne pas le montrer, la jeune femme semblait soudainement inquiète de ce qu'il allait lui annoncer. L'homme posa sa plume et prit son inspiration ;

En effet. Je suis désolé que ce soit aussi promptement après la précédente, mais nous avons une nouvelle mission à vous remettre.

Ehsan lui tendit une feuille de papier qui se trouvait à sa droite, l'Humaine prit délicatement le parchemin entre ses doigts et y découvrit le visage, dessiné au fusain, d'une ravissante demoiselle.

Cette personne aurait vraisemblablement disparue. Elle n'est pas rentrer à la date convenue et sa famille est, comme vous le deviner, assez inquiète.

Qui ne serait pas inquiet de savoir un membre de sa famille en dehors des murs, sans doute dans une position désagréable ? Mancinia dévisageait l'oeuvre, songeant à ses compatriotes qui disparaissaient et dont les enquêtes stagnaient. Quand on était conscient de ces disparitions. Son regard la trahi et le bureaucrate poursuivit sur un ton un peu plus strict.

Je vous confie cette enquête en raison d'un manque de bras et de nouvelles recrues ayant besoin d'être guider. Vous avez de l'expérience et vous êtes plus libre qu'un soldat commun, c'est pour cette raison que nous avons songé à vous, Matasif. Vous avez toujours été volontaire pour aider les vôtres, n'est-ce pas ?

Mancinia acquiesça dans l'instant qui suivit. Elle comprenait les sous-entendus qu'on lui faisait. Ce n'était pas elle qui était en position de force et, à vrai dire, mieux valait faire ce qu'on lui dictait. Cette demoiselle devait être importante. Sa réaction surprit son corbeau, mais qui se contenta de reporter son attention sur la richesse de ce lieu. Eshan consentit à reprendre un ton plus neutre.

Elle est issue d'une noble famille commerçante de la ville, les Vosgien. Vous devez certainement les connaître de réputation.
Oui, admit-elle. Ils sont dans le commerce des épices.
Il s'agit de leur cadette, Bahareh Vosgien. Elle était en affaire avec les Magiciens et à mystérieusement disparue sur leurs territoires, près du Lac de la Transparence. Vous avez de bonnes relations avec eux, ils seront certainement plus enclin à vous écouter.

Était-ce là sa seule utilité ? Traquer les grands méchants et sauver des personnes perdues ? Tout ceci la rendait lasse.

Je ne suis pas certaine qu'elle soit encore en vie. Une Humaine sans compétences ne survit pas longtemps à l'extérieur.
Évitez de dire ce genre de choses, répliqua son interlocuteur d'un ton glacial.
Je ne fais que dire une vérité que n'importe qui penserait tout bas. J'aurais l'impression de perdre mon temps s'il en était autrement.

Ehsan lâcha un long soupir.

Écoutez-moi, Mancinia. Vous avez accomplis de nombreuses choses pour notre peuple. Combattre les Démons, partir soutenir les Anges et mettre un terme aux restes des sous-branches du Marché Noir. Ce sont des actions qui pèsent leurs poids. On vous observe, vous avez sûrement compris que c'est un test de nos dirigeants pour vous admettre pleinement parmi nous. Et vous ne pouvez pas nier ce genre de missions qu'ils vous confient avec autant de désinvolture.
Être admise parmi vous ? articula-t-elle. Mon but est d'aider mon peuple et non d'être admise dans un quelconque cercle de la Noblesse.
...Et avant de faire quoi que ce soit de plus conséquent, vous devez être à la cour du Roi.
C'est exact, mais ce n'est pas un endroit où j'aurais des amis.
Non, mais vous aurez le bras plus long pour faire toutes vos belles actions. Et vous ne vivrez plus soumise dans votre trou à rat.

Avait-elle été trop loin dans ses propos ? Sans doute, mais Mancinia essaya de ne pas se laisser aller à la colère. Les frasques aristocratiques ne l'intéressaient guère, mais elle savait aussi que c'était inévitable. Elle essayait surtout de ne pas paraître comme une menace pour une quelconque personnalité qui sentirait sa position menacée.

Soit. Je vais la faire, mais rien ne garantit mon succès.
Débrouillez-vous comme vous le sentez.
Je pars avec Sarah ?
Non, vous irez seule.

Te voici punie, mademoiselle la vantarde, songea Mancinia en même temps qu'Ehsan. Au moins, elle pourrait agir comme bon lui semble. Il la congédia d'un geste de la main. Kamiya n'avait osé dire mot, mais il aurait bien eu envie de lui arracher les yeux à coup de griffes pour avoir osé demander à sa maîtresse de débarrasser le plancher comme une malpropre. En sortant du Palais, Mancinia regarda le visage de la nobliau, dessiné avec une certaine tristesse dans le regard. Elle avait de longs cheveux noirs et un visage fin où se trouvait un regard en amende. Elle retourna la feuille où étaient inscrites quelques informations : Bahareh Vosgien. Vingt ans. C'est l'une des filles d'un directeur de compagnie marchande Vosgien qui faisait affaire avec plusieurs peuples du Continent Naturel. Elle avait disparue entre les territoires Magiciens et Orishas. Entre le Lac de la Transparance et l'Edelweiss Enneigée. Point. Lâchant à son tour un soupir, l'Humaine prit  prit la direction de la demeure des Vosgien. Elle connaissait Utopia pour savoir où chercher et, au besoin, elle demanderait son chemin. Ce ne fût pas nécessaire et un domestique vint à sa rencontre. Elle lui expliqua trois fois la raison de sa présence avant qu'il ne daigne prévenir sa maîtresse. C'est alors que survint le Majordome, visiblement plus au courant de la situation que son subordonné.

Vous devez être mademoiselle Leenhardt. Je vais vous conduire chez Madame, veillez me suivre.

En parcourant les couloirs de cette demeure, elle s'interrogeait en regardant un peu partout. Comment pouvait-il exister un tel contraste entre les riches et les modestes ? A quoi servaient toutes ces pièces ? Ces tableaux, ces faïences et ces dizaines de domestiques ? Les Vosgien avaient beau travailler, ce n'était pas une raison pour vivre de manière dépravée. Ou bien était-ce elle qui avait l'esprit étroit ? On l'introduisit à Parvaneh Vosgien, une illustre marchande qui avait hérité de son père d'une fortune colossale et qui s'était unie aux Vosgien par le mariage. On murmurait dans la ville que, sans cette fortune acquise, les affaires auraient coulée en raison des dépenses excessives de certains autres membres de la famille. Parvaneh aurait même convaincu son époux, un homme fier et droit, de se détacher de ces personnes dérangeantes. Des ragots, il y en avait plein. Autant de pistes à exploiter. De son regard émeraude d'un glacial terrible, Parvaneh Vosgien la dévisageait comme une poussière sur sa tenue. Mancinia la salua avec politesse et respect, avant de lui donner la raison de sa venue en prenant place.

Je suis venu vous voir concernant la disparition de votre fille.
Vous voulez dire que vous ne l'avez pas encore retrouvé ?
Toutes mes excuses.

Personne ne la recherche, après tout. Autant reconnaître que son impulsivité n'était pas un succès et qu'il fallait souvent ravaler ses paroles. Si elle voulait prendre de l'ampleur, c'était le moment où jamais.

J'espère que vous avez trouvé des indices !
Non.
Pas un seul ?
Aucun.
Êtes-vous à ce point incompétente ?
Ça ne me dérange pas que vous pensiez ça.

Le regard de son interlocutrice changea à cet instant. Il semblait être plus doux et le son de sa voix était lui-même d'un tout autre ordre.

Non, c'est faux. Tu es en train de me mentir. Tu ne le penses pas le moins du monde. Je le sais car je sais sentir quand les gens me mentent.

Ce n'était plus la même personne qui lui faisait face. C'était d'un tout autre ordre. Mancinia comprit que son regard l'avait trahi quand on la gratifia d'un sourire amusé.

Je suis dans le milieu des affaires, après tout. Tu me dis que tu n'as pas enquêté ces derniers jours, mais ce n'est pas le fait que tu sois incompétente, c'est parce que vous êtes fainéants.
Vous avez raison...
Non. Tu as encore menti. Si tu étais fainéante tu ne serais jamais venue ici.

C'est une bonne commerçante. Autant reconnaître ce qu'elle avait devant les yeux et les rumeurs avaient une certaine part de vérité.

Vous avez une excellente intuition, Madame. Votre demande de recherche a été ignorée durant tout ce temps. Elle ne m'est arrivée qu'en raison de l'occupation des troupes armées envers les dernières menaces.

Un domestique entra dans la pièce avec du thé et des sucreries, le ton de sa maîtresse changea. Elle tenait un rôle et veillait à y paraître parfaite, mais pourquoi pas devant elle ?

Et vous voulez dire que vous êtes la seule personne qui va rechercher mon enfant ?
C'est exact.
Mademoiselle Leenhardt, depuis combien de temps faite-vous ce métier ?
Ce n'est pas mon travail habituel.

L'Humaine était convaincue que son interlocutrice le savait et qu'il s'agissait là d'un essai.

Alors c'est comme ça qu'ils nous traitent malgré toutes ces taxes qu'ils nous prennent ? Ils ont abandonné avant même d'avoir ouvert ma demande, laisse l'enquête s'enliser et m'envoie une incapable dont ce n'est pas le travail ?
Avec l'argent que vous remporter, vous pouvez tout aussi bien faire appel à des mercenaires.

On ne guérissait pas de ses lacunes en une heure.

Non. J'ai confiance en mes yeux, ils savent bien juger mes semblables. Ces mercenaires ne feraient que réfléchir à comment m'extorquer plus d'argent. Ce sont des escrocs.
Sachez que ce n'est pas mon cas. Vous devez me faire confiance.

D'un soupir las, son interlocutrice acquiesça.

Vous êtes l'une des directrices de la compagnie marchande. Vous devez bien avoir des ennemis. Et vous êtes aisé. Est-il possible qu'elle ait été impliquée dans quelque chose lié à ça ?
Pour ce qui est de mon argent, il n'y a aucun problème. Je n'ai pas reçu la moindre demande de rançon. Je pense que quelqu'un s'en est pris à elle en ignorant qui elle était. Ou peut-être en était-il conscient, mais il s'en moquait. Les Humains ne valent pas mieux que les animaux pour certaines personnes.
C'est un tort.

Parvaneh Vosgien ouvrit son éventail d'un geste sec. Mancinia se demandait si elle ne l'indisposait pas, avant de se dire qu'elle ne cherchait pas vraiment à lui plaire, mais à accomplir sa mission, sans savoir qu'un sourire déformait les traits de l'austère femme et qu'elle lui dissimulait. Sa réaction désintéressée lui plaisait. Elle qui était habituée aux courbettes et aux paroles sucrées à longueur de journée.

Je ne sais que peu de choses sur son voyage. Elle m'a seulement dit avoir des affaires à régler dans le sud-est.

Il est donc fort possible qu'elle est disparue volontairement. Peut-être que la réponse à cette affaire était plus simple qu'il n'y paraît. Mais pourquoi avait-elle fui ? Avait-elle vu, entendu ou subi quelque chose ? Et pour résoudre ces questions, une seule solution possible.

Retrouvez ma fille, je vous prie. C'est votre travail, après tout.

Mancinia s'en alla de la demeure avec un goût amer dans la bouche. Elle ne savait pas si c'était dû au mépris de son interlocutrice ou si c'était parce qu'elle avait perdu du temps. Cette femme ne lui avait rien apprit, même pas la destination initiale de son enfant ! A moins qu'elle cache son inquiétude derrière l'amertume qu'elle avait servi à son invitée ? Quoiqu'il en soit, elle n'avait pas le choix. Autant se préparer et partir sur le champ.


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Mancinia Leenhardt
Sam 13 Aoû 2016, 15:00

La guerrière partit dans la soirée avec un chameau qui avait été apprêté pour elle. Kamiya serait du voyage et la fraîcheur nocturne ne serait pas pour leur déplaire. Il lui avait fallu marcher des jours entiers au travers des étendues sablonneuses et des dunes montantes et descendantes. Elle s'était avancée à une vitesse moyenne, les vents chauds la poussant vers sa destination tant ça lui soufflait dans le dos. Drejtësi la Bienfaisante lui envoyait de l'air, ainsi qu'un peu de courage. Mancinia était pourtant songeuse devant cette affaire bien étrange. Une femme de la noblesse disparaissait, on laissait l'affaire stagner et subitement, on l'envoyait à sa recherche. Elle n'avait rien à se reprocher, mais ce n'était pas tous les jours qu'il se passait quelque chose aux abords de leur territoire qui nécessitait l'envoi d'un représentant. Bien que ce titre ne lui était qu'octroyé qu'à titre provisoire. Incontestablement, il y avait matière à lancer une enquête, mais l'affaire n'était pas assez importante pour envoyer quelqu'un. De toute manière, cette histoire serait rapidement réglée. Les Magiciens avaient leurs propres agents pour ce genre de chose, c'est pourquoi cette requête la laissait quelque peu perplexe. Certes, elle avait de bons liens avec eux pour services rendus à la Couronne, mais le contexte actuel et leurs divergences de croyances n'étaient pas vraiment propices à de telles recherches.

Surtout qu'elle n'avait pas oubliée l'entourloupe de la Nuit Pourpre qui avait bien failli lui coûter la vie. Elle serait morte sans l'intervention de sa magie providentielle, mais à quel prix ? Que Neah soit conscient de cette maîtrise improbable pour un Humain ne la dérangeait guère. Mais il y avait également un Démon. Un Démon qui avait pris la tête de toute sa race et avait des hordes entières à sa disposition pour essayer de la dénicher où qu'elle soit. Il ne l'avait pas fait. Pas encore. Elle était en sursis et il vaudrait mieux pour elle de résoudre ce problème au plus vite. Secouant la tête en chassant ses auvaises pensées, l'Humaine s'en occuperait en rentrant. Quand sa mission serait accomplie. On avait été bien clair sur ce qu'on attendait d'elle. Après tout, cette situation mettait à mal les relations entre les Humains et les Magiciens s'étant établis dans la région et se partageant un territoire délimité. Comme ce fût le cas dans son enfance. Des tensions existaient depuis de longs mois, mais il ne faudrait pas que tout s'embrasse à cause d'une disparition qui aurait très bien pu être l'oeuvre d'un troisième partit. Ayant troqué son chameau pour un coursier noir, le voyage vers la ville territoriale s'était déroulé sans encombre et dans une certaine monotonie. Les routes étaient particulièrement calmes à cet endroit et les Magiciens n'étaient pas réputés pour être des assaillants, en comparaison de leurs homologues maléfiques baignant dans le noir. Ou les Vampires.

Mancinia et Kamiya arrivèrent en vue du village alors que le Soleil de l'après-midi était à son zénith. La température était moins élevée que dans le Désert, mais ils ne rêvaient qu'à se désaltérer un peu. Il faisait beau dans la région et l'Humaine était frappé par l'incroyable mélange de couleurs que formait le paysage, c'était la première fois qu'elle venait en ce lieu et cela se voyait à ses grands yeux, sensibles à la beauté de ce paysage. Ce Continent recelait encore des merveilles malgré ses longues années d'errance, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Les habitations étaient réparties sur les collines qui composaient le coeur de la bourgade et tous semblaient aussi chaleureux les uns que les autres. Cet endroit s'était beaucoup développé durant les dernières années et faisaient désormais partit des plus grands villages de la région. A vrai dire, il méritait son titre de ville frontalière sur plusieurs territoires. Au loin, elle pouvait distinguer la demeure des riches marchands, plus surélevé que les autres et qui essayaient de dissimuler, en vain, l'immense montagne grise qui se dressait face à eux. Au centre de cette dernière se trouvait des bâtiments d'utilité publique. En face, se trouvait l'hôtellerie des voyageurs, où les personnes de passage dans le village séjournaient. Il s'agissait d'un lieu de repos uniquement. Pour la restauration, le coin incontournable devait être la Taverne.

Un endroit bondé d'informateurs zélés lors de soirées bien arrosées. Tout autour de ce village s'étendaient quelques hectares de cultures qui, pour l'heure, étaient remplis de gens y travaillant avec ardeur en esquivant les rayons solaires sous d'étranges tenues. Mancinia nota avec déception que tous les résidents les observaient dès qu'ils approchaient. Si rien ne laissait entrevoir sa mission, tous ressentaient qu'elle était une Humaine. Après avoir mis pied à terre et conduit son cheval par la bride pour monter une petite colline et l'y mettre en sûreté, tout en payant un écuyer pour veiller sur lui, elle choisit d'inspecter un peu cet endroit. Les rues étaient larges, boueuses suite aux récentes averses. Les deux compagnons se mirent en route vers le centre-ville, profitant de l'air empli de diverses odeurs de fleurs et de fruits frais, ainsi qu'une autre, plus subtile, qui devait être celle de l'herbe. Où qu'elle regarde, ce n'était que verdure qui entourait les demeures ainsi que le long des sentiers. Tout dans ce lieu était manifestement une terre tout ce qu'il y avait de fertile et d'accueillante. Peut-être que la demoiselle qu'elle recherchait était simplement en train de profiter de la tranquillité de cet endroit ? Ils accordaient visiblement beaucoup d'importance dans la décoration de leur maison, là où les Humains ne s’intéressaient qu'à l'aspect fonctionnel. Elle remarqua également les tenues criardes des habitants, sans doute étaient-ils tous un peu excentriques dans le coin ?

Mais il lui fallait se concentrer sur d'autres sujets plus importants ; le nom des rues, la configuration du terrain, tout ce qui pourrait lui permettre de se rendre simplement d'un lieu à un autre. Les passants qu'ils croisèrent sur leur chemin leur jetèrent des regards en coin. S'il n'était pas rare pour ces derniers de voir des Humains dans leur ville, ils ne manquaient jamais d'attirer la curiosité. Mancinia pénétra dans la Taverne et aussitôt, un sourire naquit sur son visage, tandis que les odeurs présentes dans la salle l'assaillirent. Elle sentait l'odeur du bois neuf, celui du bois se consumant dans la cheminée, l'odeur du ragout dans les chaudrons de la cuisine et celui de l'alcool. La pièce était lumineuse en raison des immenses fenêtres qui donnaient sur la rue. Plusieurs clients étaient présents, en les observant avec suspicion, l'Humaine ne vit aucune arme et conclut qu'elle était en sécurité, mais elle fit attention au baudrier qui retenait sa lance dans son dos et sentit mal à l'aise à l'idée qu'on puisse mal prendre qu'elle porte les siennes. L'aubergiste vint à sa rencontre, alors qu'elle se demandait comment quelqu'un pouvait disparaître dans un décor aussi enchanteur, mais comme la vie le lui avait enseigné ; rien ne devait se fier aux apparences.

Allons-nous suivre ce qu'il est marqué dans ce rapport ? l'interrogea Kamiya.
Ce ne sont que des hypothèses. Des informations de première main seront de meilleurs indicateurs.

Mancinia commanda une boisson alcoolisée, elle était dans une Taverne après tout. Elle demanda aussi une assiette d'eau pour son corbeau, ainsi qu'un repas qui semblait fort appétissant à l'odeur. Un pas lourd se fit entendre à sa droite et un regard lui suffit à voir l'homme qui se dressait devant elle, espérant intérieurement qu'il ne vienne pas lui chercher querelle.

Vous êtes Humaine, mademoiselle ?
Mon aura ne saurait mentir.
En fait, votre visage nous dit quelque chose...
J'te dis que c'est une décorée !

La guerrière fût surprise avant de se rendre compte de sa bêtise. Il est vrai que sa réputation la suivait désormais sur les terres de la Magie Bleue. La Reine Blanche lui ayant octroyé un rang nobiliaire pour avoir remporté le Duel qu'elle se livrait contre l'Empereur Noir et, malgré les tensions, elle y avait même des terres. Délaissées actuellement à quelqu'un en raison des affaires qu'elle menait.

Je suis Mancinia Leenhardt.

Elle était une Humaine reconnue et son nom suffisait désormais à lui ouvrir de nombreuses portes. C'était agréable, en un sens, d'être aussi bien traitée.

Oh, c'est un honneur ! bafouilla l'homme. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, nous...
Si vous sauriez m'aider, je vous en serais reconnaissante, mes amis. Voyez-vous, je suis à la recherche d'une de mes partenaires. Elle voyage beaucoup, mais moi et sa famille somme sans nouvelles d'elle depuis quelques semaines.
C'est vrai que des rumeurs disent qu'une marchande ne serait pas rentrée chez elle.

Cette phrase l'intrigua. Le détail concernant la marchande qu'elle n'avait pas mentionné.

On veut bien vous aider, mademoiselle. Elle venait régulièrement dans la région ?
De plus en plus fréquemment depuis quelques mois.
Ça me dit pas grand-chose, concéda le gaillard. Des marchandes, il y en a plein de nos jours...
Ce n'est pas grave. Je vais prendre rendez-vous avec quelques marchands. Étant dans le métier, j'aurais plus de chance !
On vous le souhaite ! Je vous laisse manger et, surtout, bon séjour parmi nous !

De nombreuses marchandes. Ce n'était pas une mauvaise remarque puisque de nombreuses femmes avaient la fibre aventureuse avant de se marier et d'avoir des enfants. Elle-même en était le parfait exemple. Au fond, ce n'était sans doute pas un détail aussi important. On lui servit son repas et le ragoût était d'une succulence absolue. Avait-elle goûté un plat pareil sur ces territoires ? Elle n'en avait pas souvenir. Une fois la nourriture engloutie, on lui offrit le repas et quelques indications sur les marchands de la ville qui pourrait l'aider à retrouver son amie. Une femme qu'elle n'avait jamais vue de sa vie devenait son amie pour les besoins de l'enquête. Cela évitait également de trop en dire et que ses ravisseurs, s'ils existaient, apprennent que les autorités Humaines avaient décidés de bouger. En sortant, le Soleil ne l'ébloui pas, sa pâleur contrastait avec sa rudesse dans le Désert. Mancinia marchait d'un pas sûr dans le petit village, Kamiya la suivait de quelques coups d'ailes en observant les alentours d'un air méfiant. Certains regards se posaient sur eux avec un certain intérêt, mêlant interrogation, méfiance ou même admiration. C'est alors qu'on cria son nom, un homme l'avait interpellé et elle se retourna en prenant soin de ne pas le dévisager.

Oui, que me voulez-vous ?
Je vous ai vue à la Taverne.
Savez-vous quelque chose ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
Moi ? Non, rien de particulier. Seulement, vous avez dû voir un groupe au fond. Ce sont eux qui disent qu'un culte secret sévit sur les terres agricoles. A ce qu'il paraît, ils jettent un sac sur les têtes des jeunes femmes qui sont dehors et les kidnappent pour les offrir en sacrifice à un quelconque Seigneur. C'est pour cela que beaucoup de jeunes filles disparaissent de ces régions, ces derniers temps...

Malgré la surprise d'une telle révélation soudaine, Mancinia remercia l'homme et le renvoya à ses tâches. Pourquoi est-ce qu'on ne le lui avait pas dit ? Par honte ou bien autre chose ? C'était un indice assez intéressant qui méritait qu'elle l'exploite. Un sourire se dessina sur son visage que Kamiya approuva d'un coassement. C'était décidé. Elle irait faire un tour en extérieur cette nuit pour essayer de voir si les rumeurs étaient vraies. Une Humaine, c'était vulnérable, n'est-ce pas ? Surtout qu'elle était reconnue, de quoi donner l'envie de la mettre à terre. Du moins, c'était ce qu'elle aurait aimé faire, car une mauvaise surprise l'attendit de retour dans le haras, où une vingtaine de personnes couraient dans tous les sens. L'un des travailleurs la reconnu et vient à sa rencontre lui expliquer la situation.

Je suis désolé ! Nous avons subi des vols de chevaux et votre animal en faisait partie !
Quoi ?! s'indigna-t-elle. Comment avez-vous pu laisser ça se faire ?
Je vous prie de m'excuser, Dame Leenhardt. Nous vous rembourserons au plus vite la perte, mais nous devons attendre demain matin au plus tard.

Que faire à présent ? Le Soleil commençait à décliner rapidement. Son regard furibond quant à l'heure ne manquait pas d'alerter son interlocuteur.

Je vous prie d'accepter que nous vous payions une chambre dans notre hôtellerie en dédommagement complémentaire.
Je n'ai pas le choix de toute façon ! lâcha-t-elle.

On lui offrit même la meilleure chambre. A croire que la déception d'une pointure comme elle aurait tôt fait de mettre la clé de la ville frontalière sous la porte. Comme si ses paroles auraient eu le moindre impact. Ils la surestimaient un peu trop, mais elle pourrait noyer sa frustration dans un immense oreiller. Ce n'était pas pour lui déplaire. Après autant de temps sur les routes, une certaine fatigue assaillait son corps et son esprit en devenait embrumé. Partir à la recherche de bandits de nuit dans cet état n'était pas une bonne idée. Une fois dans sa chambre, Kamiya virevolta près de la fenêtre pour épié ce que faisaient les habitants avant de ressentir quelque chose émanant du corps de sa maîtresse. Un mal soudain lui saisit la main et le poignet. Ça lui faisait mal et elle dû masser l'endroit pour l'apaiser.

Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle à voix haute. Tu veux me soigner de quelque chose ?

A cet instant précis, un flash lumineux émana du Soleil d'argent et se répandit dans tout son corps. Son souffle était coupé et son esprit redevint bien plus clair. A temps. Tout s'était déroulé si vite. Mancinia n'avait rien compris et n'avait pas senti venir ce mauvais coup. Elle ne devait son salut qu'aux réflexes de son corps, habitué d'être sur ses gardes, qui la poussa en avant sur le lit pour éviter la massue qu'on voulait lui écraser sur le crâne et par les cris stridents de Kamiya qui vint fondre sur l'un des assaillants toutes serres dehors. En s'attardant sur le partenaire de l'Humaine et le faire taire, cette dernière eut le temps de saisir ses dagues et d'en empaler une dans la gorge de l'un tandis que l'autre perdait la vue en hurlant avant qu'elle ne l'achève. Ils ne devaient pas avoir l'habitude des résistantes. Est-ce que tout ceci était une mascarade ? L'Humaine fronça les sourcils et regarda ses deux ravisseurs. L'homme de la Taverne et l'homme dans la rue. Par Drejtësi, tout était si clair ! Ils étaient tous dans la combine ! Tout ceci était un piège depuis le départ. Bahareh Vosgien avait dû subir la même entourloupe. On l'accueille à bras ouvert, elle mange un délicieux repas où se trouvait sans doute une drogue pour l'affaiblir, on lui fait croire que sa monture a été volée, en mettant le tout bien en scène pour lui offrir une chambre éloignée des autres et l'enlever en toute discrétion sans que personne ne se doute de rien. Personne ? Si. Elle.


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Mancinia Leenhardt
Sam 13 Aoû 2016, 17:00

Une colère sourde dominait son être, autant que Kamiya bondissait sur le cadavre de l'homme à qui son compagnon avait perforé les yeux. Elle les avait tués sans chercher à savoir qui ils étaient, ce qu'ils lui voulaient. Une massue à la main, sans doute désiraient-ils l'enlever ? Avaient-ils fait la même chose pour Bahareh ? Cette histoire était louche et elle n'avait pas été prudente. Confiante, alors qu'elle savait où un certain fanatisme pouvait conduire. Tout était silencieux. S'ils avaient des complices, elle n'allait pas s'échapper sans quelques combats. Abandonnant certaines de ses affaires au profit des armes, l'Humaine adressa ses remerciements aux Aetheri. Incluant Sympan. C'était sa magie à lui qui venait de la sortir de ce mauvais pas, même si elle méprisait ses fidèles et n'espérait pas son retour, car elle n'était pas certaine de pouvoir changer. C'est avec prudence que la guerrière se déplace dans les couloirs, essayant de ne pas faire geindre une planche. Quelqu'un semble attendre à la porte. Le retour de ses comparses ? La ralentir, au cas où elle s'enfuirait ? Ils allaient attendre. Une attende un peu longue, mais lorsque l'inconnu encapuchonné ne vit pas ses partenaires revenir, il s'enfuit sans demander son reste. Peut-être pour quérir de l'aide et voir si leur cible ne s'était pas échappée. Sans réfléchir, elle s'élance à sa poursuite.

Il semblait si petit vu de loin qu'elle s'interrogea un peu. Vu le silence des rues et le peu de lumières dans les maisons, soit les villageois étaient en train de dormir, soit ils attendaient quelque chose. Prenant soin de ne pas se faire voir en favorisant les coins obscurs, elle parvint aisément à suivre la cadence un peu chancelante de celui qu'elle poursuivait. S'arrêtant devant un des puits, avant de mettre un pieds et de s'y engouffrer sans chuter. De la magie ? Mancinia s'approcha de ce qui semblait être un banal puit, mais qui se révélait avoir des marches en colimaçons. Lieu obscur. Sol crasseux. Puanteur immonde. Gémissements dans l'obscurité. Et ce vent, permanent, froid, glacial, humide, qui semblait revenir des bas-fonds. Un vrai petit endroit de paradis en somme. Mancinia prit son courage à deux mains et descendit dans les catacombes, derrière celui qui semblait fuir son ombre. Avec délicatesse pour éviter de réveiller sa présence, ce qui se produisit en contrebas, lorsqu'il s'arrêta pour s'assurer ne pas être suivit. Elle assomma l'adolescent avant qu'il ne se retourne et le glissa dans un coin avant de lui voler sa cape violacée. La guerrière se retrouva immédiatement plongée dans une atmosphère confinée, avec la curieuse impression que la température était montée subitement de plusieurs degrés. C'était peut-être le cas, après tout.

Elle était dans un long couloir qui continuait tout droit, même s'il y avait des corridors qui s'ouvraient régulièrement à gauche et à droite. Quand elle les étudiait plus précisément, elle n'en voyait pas le bout et aucun indice ne permettait de deviner où ils menaient. Elle hésita un instant à les emprunter, mais se dit qu'elle risquait davantage de se perdre qu'autre chose et elle choisit simplement de continuer tout droit sans prendre de risque. Elle n'était pas là pour explorer les fondations des lieux, simplement pour en apprendre le plus possible et revenir avec du renfort si besoin est. Si elle ne parvenait pas à sortir de là, alors tous ses efforts seraient vains. C'était cette pensée qui la poussait à faire preuve de vigilance et à déployer tous ses sens pour essayer de percevoir l'écho de conversations étouffées, ou le bruit de bottes sur le sol qui lui auraient indiqué que des gardes approchaient de sa position. Pour l'heure, tout était calme et elle n'entendait que ses propres pas qui paraissaient résonner lourdement à ses oreilles. Elle sentait l'inquiétude la gagner progressivement, à mesure qu'elle s'éloignait de l'extérieur et qu'elle plongeait dans les ténèbres. Elle n'était pas seule, heureusement, Kamiya demeurait sur ses gardes. Ses sens de corbeau aux aguets pour défendre sa maîtresse en cas de besoin et qui lui servait aussi de guide.

Malgré la fatigue, elle se refusait pourtant de s'arrêter, consciente au fond d'elle-même que si elle marquait la moindre pause, elle se laisserait gagner par la terreur la plus primaire et qu'elle se contenterait de faire demi-tour en courant. Comment expliquer le sentiment d'horreur que l'on ne pouvait qu'éprouver viscéralement quand on évoluait entre ces murs ? Ce n'était pas quelque chose de terrifiant que l'on aurait pu expliquer avec des mots. Il n'y avait pas de cadavres pendus aux murs, il n'y avait pas de sang qui se déversait sur le sol et formait de larges flaques. Non. Tout était même plutôt propre et bien entretenu. En fait, c'était un tout, une impression diffuse et presque fantasmée. Le couloir enténébré était éclairé par des torches placées à égale distance l'une de l'autre, donnant l'impression de marcher infiniment vers de petites lumières sinistres qui n'éclairaient rien du tout. Les couloirs perpendiculaires paraissaient encore plus effrayants, et quand on tendait bien l'oreille, on avait l'impression d'entendre des bruits cauchemardesques. Mancinia savait que c'était faux, que son imagination lui jouait des tours, mais elle aurait juré avoir entendu des hurlements et des bruits de chair arrachée d'un corps humain. C'était horrible, mais c'était précisément ce à quoi elle pensait. Incapable d'en déterminer la source, elle avait préféré s'éloigner rapidement.

Au bout d'une marche qui lui parut durer une éternité, elle arriva à une série de marches, qu'elle gravit prudemment en tendant l'oreille. Il était effrayant de remarquer qu'elle n'avait encore croisé personne, et elle se demanda un instant si elle n'était pas, à nouveau, tomber dans un piège. Si quelqu'un avait voulu se débarrasser d'elle discrètement, quel meilleur moyen aurait-il eu que de la laisser entrer dans cet endroit souterrain, pour mieux la piéger à l'abri des regards ? Elle observa les alentours, s'attendant presque à voir surgir des soldats en armes, un sourire cruel sur le visage. Elle était presque prête à recevoir un coup vicieux sur l'arrière du crâne qui ne la mettrait pas immédiatement inconsciente, mais qui l'enverrait à terre avec la sensation d'avoir perdu toute capacité motrice. En grimpant, le chemin se fit plus étroit, mais elle poursuivit avant de parvenir à une sorte d'alcôve. L'endroit était de taille modeste, mais était doté de sièges où devaient prendre place certains hauts dignitaires d'un culte obscur, capables de vouloir assister à des cérémonies macabres sans se mêler à la foule. Parce que c'était bien ce à quoi servait cet endroit. Elle avait gravi de nombreuses marches et se trouvait désormais en surplomb de la salle principale. Les statues des Aetheri qui parsemaient la pièce étaient impressionnantes, on pourrait presque ressentir son souffle dans son cou.

C'en était dérangeant. Une sorte d'énergie sombre s'échappait de ses figurations et elle ne doutait pas qu'un esprit malveillant pût se cacher en elles. L'autel sacrificiel était particulièrement visible, légèrement surélevé et c'était sans doute là que devait se tenir les sacrifices. L'architecture particulière des lieux donnait une acoustique formidable et on devait entendre aisément les paroles prononcées par le maître des lieux quand il s'apprêtait à plonger un poignard dans la chair de ses pauvres victimes. L'attention de Mancinia, toutefois, fut attirée par des hommes qui circulaient, allant par deux la plupart du temps. Ils paraissaient porter des armes au côté, même s'il ne s'agissait apparemment que de gourdins. Était-ce des gardes ? Des mercenaires ? Peut-être même était-ce des fidèles assurant la sécurité de leur temple. Prenant soin de ne pas se montrer, Mancinia commença de les compter. Ce n'était pas une mince affaire, car ils patrouillaient efficacement, mais elle en repéra facilement une douzaine rien que dans son champ de vision et d'autres devaient se trouver dans les parages, sous des arches ou dans des salles adjacentes. Mais quel était donc cette puanteur dérangeante à ses narines ? Elle mit d'instinct sa main devant son nez et sa bouche. Des drogues ! La grotte est remplie de drogues !

Les sacrifices sont-ils prêts ?
Oui, Seigneur.
Et la dernière ?
Nos soldats doivent la ramener, mais elle semble doter de talents surprenants.

Laissez-lui devinez qui était la dernière. En poursuivant son observation silencieuse, son regard croisa celui de quelques autres. Hagards, vides, résignés. Des captifs ! Ils étaient là. Dans cette salle. Devait-elle attendre ? Devait-elle aller les chercher tout de suite ? Non, seule face à une vingtaine de personnes, ce serait du suicide. Devait-elle rebrousser chemin, sortir et quérir de l'aide ? A pied, elle n'irait guère loin. Pire, même si elle parvenait à s'échapper, ce serait trop tard. Elle se devait d'être patiente, d'attendre. Elle était douée à avoir de la patience avec son métier, c'était sans doute ce qui faisait d'elle quelqu'un d'adorable quand elle n'avait pas envie d'éclater la tête de ses ennemis.

Maître ! Maître ! Elle s'est échappée !
Incapables ! gronda la voix. Une femme à la botte de ces inutiles souverains est un sacrifice important ! Retrouvez-là ! Maintenant !

Dès l'instant où la salle, affolée dans un silence pesant, se vida de ses occupants, Mancinia y vit sa chance. Demandant à son corbeau de voler près des prisonniers, de les avertir de sa présence et qu'elle arrivait dès qu'elle parviendrait à entrer dans la salle. Elle prit soin de ne pas chuter en redescendant, vit quelques ombres s'éloigner d'un pas pressé et se faufila dans l'immense salle en essayant de ne pas trop respirer les vapeurs. L'atmosphère était pesante. La fumée des lampes, l'odeur âcre de la sueur et la puanteur des prisonniers étaient une chose presque insoutenable. En s'approchant de cages rouillées, elle vit une vingtaine de paires d'yeux l'observer avec espoir. Que Bahareh Vosgien soit présente ne l'intéressait guère pour l'instant, il fallait libérer ces gens qui qu'ils soient. Elle leur fit signe de se taire pour ne pas faire de bruit inutile, quelqu'un attira son attention avec sa main avant de lui désigner un endroit de la salle. C'est là qu'elle les vit, interloquée. Les clés, pendues à quelques pas. Sérieusement ? Ce n'était pas des bandits professionnels pour faire ce genre de choses. A moins qu'ils ne soient trop confiants. Il fallait faire vite, le temps était chose précieuse dans les évasions. Mancinia ne s'était pas trompée sur son pressentiment. A peine furent-ils sortis de la chambre de des sacrifices qu'ils entendirent le martèlement caractéristique d'hommes avançant au pas de course.

Si l'alerte n'avait pas encore été donnée, cela ne tarderait plus désormais. Il leur fallait à tout prix quitter ce temple maudit au plus tôt mais ils ne pouvaient pas juste faire marche arrière puisque le bruit menaçant des pas se rapprochant semblait venir de là. Trois gardes surgirent devant elle et l'Humaine réussit à se débarrasser de ses adversaires sans encombre. Ils ne semblaient pas être des combattants aguerris pour chuter avec une simple petite accolade, mais malheureusement, elle ne pouvait pas les épargner. Certains prirent les armes pour la soutenir en cas de besoin et elle se saisit d'une des torches pour mieux distinguer les choses malgré l'éclairement de cet endroit. Ils ne traînèrent pas en chemin et s’élancèrent vers la sortie. Mancinia reconnut le couloir qui menait à la grande salle et savait désormais où ils se trouvaient. La sortie n'était plus loin, mais trois gardes apparurent devant eux, bloquant la seule issue possible. Ils allaient faire demi-tour lorsque d’autres soldats firent irruption derrière eux. Ils étaient encerclés. Par des femmes, des hommes et même des enfants. Elle n'était pas seule, mais tout le village était là. Ce serait complexe.

Vous pensiez réellement sortir d'ici ? Notre Dieu pose son regard partout et nous dévoile ses secrets. Il veille sur les siens.

Mancinia tandis sa lance devant elle, droite.

La Justice est avec moi. Ôtez-vous de mon chemin ou subissez sa colère !

Mancinia envisageait toutes les possibilités que son cerveau voulait bien lui transmettre. Rien n'était couru d'avance et si son regard ne trahissait nulle crainte, ce n'était pas le cas de celui de ses compagnons, complètement terrifiés.

Nous ne craignons en rien des menteurs soit disant divins. Tuez-les tous !

Le crissement des lames rugit à ses côtés. Vite. Une idée. Un miracle. Une illumination. Elle vint lorsque la guerrière releva son regard vers les murs. Des torches et des lampes à huile. Qu'on lui pardonne. Elle prit la torche qu'elle tenait en main et la catapulta sur une des lampes qui se décrocha sous l'impact, se renversa sur quelqu'un qui prit feu instantanément. Dans ce couloir confiné et tous aussi proches, tous. Ils partirent tous en fumée. C'est là qu'elle comprit que ce n'était pas des êtres humains. C'était des choses indéterminées. Ça ne sentait pas la chaire brûlée et les ombres projetées faisaient état de monstre aux griffes acérées, peut-être cornues. Mancinia ne souhaitait pas en savoir plus. Elle se débarrassa des trois gardes entiers devant elle avec l'aide des captifs fous de rage. Eux étaient médusés face à ce que cette étrangère venait de faire. Comme éteint, anéantis. Une fois morts, ils prirent la fuite pour éviter l'incendie qui s'acheva de lui-même. Une fois la sortie en vue, elle s'arrêta d'un coup pour reprendre son souffle.

Remonter. Je dois savoir.

Et avec Kamiya sur les talons, elle choisit de faire demi-tour vers le lieu d'où ils venaient tous. À l'arrière du Temple impie, dans une seconde cour des plus lugubre et inquiétante, se trouvait deux grandes statues, représentant chacune d'elles l'un des Aetheri païens. Mancinia cracha à leurs pieds en signe de défiance et mit le feu à la paille, qui embrassa les poutres et enseveli ce temps sanglant dans les abîmes. Une fois remonté à la surface, elle avait l'impression que tout ceci n'était qu'un cauchemar et s'assit à même le sol. Une terre boueuse ne la dérangeait pas vu la suie et la transpiration qui salissait ses vêtements.

Vous êtes Dame Leenhardt, n'est-ce pas ? J'ai entendu vos exploits en me promenant à Utopia. Je vous remercie de votre dévouement envers des étrangers, Matasif.

Un rire las. Malgré la crasse qui recouvrait son visage, ses cheveux en batailles et les vêtements désagréables en toile de jute, Bahareh Vosgien était reconnaissable. Elle ne tremblait pas, seulement partagée entre la déception et le soulagement.

Votre mère m'envoie. Elle croyait que vous aviez disparue.
Elle avait en partie raison. L'instinct maternelle, hein ?
C'était volontaire de votre part. Pourquoi avoir fui ?
Vous ne me croiriez pas.
Allons, dites-le moi.
Ce doit être ridicule à vos yeux vu la richesse de ma famille. C'est seulement que...Je n'avais pas envie de me marier à quelqu'un que je n'aurais pas choisi.

C'était bien des affaires nobles. Mancinia n'avait pas envie de tourner autour du pot.

Vous aimez quelqu'un ?
Oui. Et hors de ma portée. Ne riez pas !

Elle n'avait su ce retenir tant sa réponse était prévisible. Le Roi.

Vous ne pouvez me comprendre.
Non. Je suis attirée par les personnes de petites tailles...
...Et rousses.
...Ce n'est pas franchement mon type, dit-elle en ignorant son corbeau. Je ne saurais que vous conseiller de ne pas espérer en vain. Il a quelqu'un et nous devrions nous en réjouir. Et pour l'avoir vu quelques instants, elle a l'air d'être une femme aussi bien que vous.
Vous me conseiller d'enterrer mon amour, c'est ça ? dit-elle en soupirant.
Non, enterrer le Roi. A coup de pelle.
Ma...Matasif ?!
Je plaisantais, voyons ! Ce n'est pas le moment de nous retrouver sans régent.

Un rire sincère des deux femmes résonna en même temps que le soleil perçait le manteau nuageux du ciel, en cette fraîche matinée et il fallut quelques minutes aux prisonniers pour s'habituer à telle lueur, un temps considérable après avoir été prisonniers des ténèbres. Couverte de boue autant que d'hématomes et d'égratignures, Mancinia était ravie de son succès. Bien au-delà de la douleur, elle venait de rendre à cette région une partie de sa sérénité disparue. Sans retenue, elle interrogea Bahareh sur l'heureux élu.

Ce n'est bien entendu pas le souci pour moi, quiconque me mariera rentrera dans la famille Vosgien. Je suis un ornement pour eux. Mais lui, il est le fils d'une famille modeste qui travaille dans la gastronomie. Ils tiennent quelques restaurants et...
Oh, c'est Rostam ? Je le connais bien. C'est donc pour ça qu'il dit sans détour qu'il va épouser Kennocha en personne à qui veut bien l'entendre ? Je croyais qu'il voulait entrer dans les ordres...
Vous voyez ? soupira-t-elle avec résignation.

Mancinia avait un large sourire. Elle connaissait Rostam et sa famille avait été comme la sienne. C'est ainsi que les deux femmes se mirent à discuter de lui, malgré les évitements de Bahareh qui la comparait à sa mère. Selon elle, l'argent intéressait tous ses prétendants, ainsi que le prestige de son nom. Peut-être. Mais si la noble ne l'avait jamais vu ou eu une conversation avec lui, jamais elle ne saurait. Sur ces paroles, les survivants ne se firent pas prier pour investir les lieux et prendre ce dont il avait besoin. D'abord un long bain, ensuite un repas immense et un repos amplement mérité. Tous remercièrent la guerrière et promirent de conter ses exploits, avant de reprendre la route avec les chevaux caché à une lieue de là. Elle reprit le sien et en fourni un autre à sa camarade ayant choisi de rentrer chez elle. Avant de libérer ceux qui ne pouvaient pas rester ici pour ne pas qu'ils souffrent sans présence humaine. Ce n'est que de longs jours plus tard que Parvaneh Vosgien serra dans ses bras son enfant en se moquant éperdument de la présence de ses domestiques ou de la jeune femme.

Votre fille était partie se ressourcer et elle a fait une mauvaise rencontre.
Je...Je voulais essayer de savoir comment bien gérer mon ménage plus tard !

Un petit mensonge sans conséquence. Parvaneh s'approcha et prit ses mains dans les siennes.

Je ne saurais comment vous remerciez, Dame Leenhardt. Donnez-moi votre prix, ce sera le mien.
C'est généreux de votre part, mais votre argent ne saurait me donner ce que je souhaite vraiment. Je préfère que vous l'utilisiez dans un investissement avantageux pour nous.
Nous ?
Oui, nous, les Humains.

Le regard de la marchande s'agrandit. Mancinia prit congé dans l'instant pour éviter toute protestation.

Je vais faire mon rapport à Messire Ehsan. Il m'avait l'air assez inquiet lors de mon départ.
Sachez que nous nous reverrons prochainement. J'y tiens.
Si c'est ce que vous souhaitez, au revoir, Madame. Au revoir, Bahareh !

La demoiselle lui sourit avec un signe de la main. A vrai dire, ce n'était pas une promesse sincère. Mancinia avait l'impression de seulement entrer dans un endroit où elle n'avait pas sa place. Ses idées de grandeurs en prenaient un coup. Autant laisser cela à des mains compétentes, elle n'était douée que pour les basses besognes. Malgré son épuisement et l'effet décousu qui devait en ressortir, Messire Ehsan écoutait son récit avec intérêt. A vrai dire, Mancinia doutait qu'il la prenne au sérieux.

Vraiment stupéfiant ! dit-il. On ne saurait comment vous remerciez d'avoir résolu cette affaire. Malgré nos appréhensions communes au départ.
Arrêtez de me donner des missions aussi douteuses, dit-elle sur le ton de la plaisanterie. Je préfère encore m'occuper du Roi à un Bal ! Ha ha !
Et si la possibilité vous étiez offert de le voir un jour, que feriez-vous ?

Mancinia haussa un sourcil et regarda l'homme dans les yeux. Jamais elle n'avait pensé à cette possibilité et puis...Pourquoi lui posait-il cette question ? Était-ce un piège ?

Je crois qu'il a mieux à faire, répondit-elle sincèrement.
Vous avez dans doute raison, admit le Secrétaire. Profitez de quelques jours de repos, Matasif. Amplement mérité.

Mancinia en retirait une certaine fierté et elle se demandait ce que son Ange Gardien en penserait. Sans doute rien. Puisque Neah n'était plus là...


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