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 Le passé est une abîme sans fond ; l'avenir nous est impénétrable [ Solo libre ]

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Mer 06 Juil 2016, 09:47





Obsession tordue...


Je retrouvai au fond d'un tiroir une lettre. Un morceau de papier imbibé de nostalgie. Un manuscrit qui jamais n'aurait dû voir le jour. Un tissu d'excuses et de paroles dont je ne pus jamais déchiffrer le sens. Ma sœur n'est autre que la rédactrice de ce que j'aurais pu dire, un véritablement testament. Je ne pouvais me résoudre à le jeter, symbole de son désarroi et appréhensions. Celles d'une vie condamnée. Celles de vivre seule, sans jamais n'être épaulée. Celle de perdre son mari, et peu après de voir ses enfants la quitter, tragiquement. Celles de ne jamais voir un rayon de lumière depuis les abîmes dans lesquelles elle s'était jetée. Bien que le suicide n'ait plus été une option, ces années noires restaient vivaces dans mon esprit. La disparition d'Ashiyah avait fait beaucoup plus que simplement marquer les esprits. Les tortures que mon neveu, survivant, ne pouvait énoncer, avouer, sans n'y laisser une part de son âme ou son coeur. Celui qui n'avait pas quitté ni les fins fonds de cette grotte, ni les petites mains de sa sœur qui l'avaient consolé, comme si elles n'enduraient pas déjà toute la peine que pouvait contenir un si petit corps. Les paroles ne sont guère suffisantes pour décrire comment notre famille s'était vue déchirée par les deux bouts au moment de cet incident. Sans ne jamais connaître les réels coupables, sans ne jamais savoir à qui reprocher, qui en vouloir pour notre malheur, et les cicatrices de ceux qui jamais plus ne se remettraient de ce calvaire. Irisviel, à la perte de ses deux petits, fut prise de crises d'hystérie, qui bientôt la rendirent démente. Mes parents cessèrent leurs prières, et se laissèrent mourir intérieurement, avant de se retirer dans des contrées qui nous sont, à ce jour, pratiquement inaccessibles. Et le frère que je crus le seul à pouvoir nous soutenir dans cette épreuve, s'avéra être aussi faible qu'un autre. J'étais jeune, et je ne comprenais pas. Je n'avais pas idée de ce qu'il avait dû traverser, quelle peine aurait pu l'amener à partir, à nous quitter de la sorte. Les relations semblaient, déjà à l'époque, tendues entre le jeune homme rêveur et passionné, et les deux autoritaires qui nous faisaient office de parents. Ses actes, après mûre réflexion de ma part, semblaient traduire à cet instant sa liberté finalement acquise, même si les circonstances n'auraient pu être plus désagréables, même si le mal nous guettait. Je ne pus me dire heureuse de sa fuite avant de longues années. À ce jour, je ne lui porte aucune rancoeur, aucun ressentiment, mais jamais je ne compris de quoi il en retournait du côté d'Irisviel. Ils étaient proches, peut-être trop. Ils n'existaient pas l'un sans l'autre, et bien trop souvent j'aurais parié voir dans l'éclat de leurs yeux, une flamme que je ne connus, moi-même, que des années plus tard. Elle s'était vue obsédée par son départ, exaspérée devant sa disparition. Des jours s'étaient écoulés qu'elle cherchait encore sa trace entre les murs d'une Citadelle qu'il était plus facile de quitter, que de s'y intégrer. Je ne fus pas surprise de voir qu'il ajouta davantage de profondeur à sa démence, et je doute qu'elle l'ait oublié à ce jour… Mais bon. Tout cela ne sont que des souvenirs d'un autre temps, d'une époque qui n'était pas marquée par les déchirements actuels des peuples, ni par notre paisible existence isolées de tout. Nous avions vécu coupées du monde, mais il était temps d'y retrouver notre place. Peut-être bien malgré nous. Et hélas, l'on n'est jamais assez protégés de ce que nous prépare la Providence.


'' Euh.. Luli ! Faudrait que tu viennes voir ! Descends !
- Qu'est-ce qu'il y a ? Je suis encore en train d'éponger le sol.. Tu as vu toute l'eau que tu as laissée rentrer en laissant la fenêtre ouverte ?! m'écriai-je depuis le premier étage, légèrement excédée par les tendances quelque peu déviantes de la blondinette.
- Je te dis de venir ! '' insista cette dernière.

Ce que je fis devant tant d'insistance. C'est avec une once de surprise, mais avant tout d'horreur que je trouvai à ma porte ce qui, peu importe sous quel angle on le regard, ne pouvaient être que des réfugiés. Tous vêtus de pardessus aux couleurs sombres, ils suppliaient du regard une âme charitable, qu'une main aimante leur soit tendue. D'un geste hâtif, je leur fis signe d'entrer, me dirigeant à l'arrière et emportant avec moi quelques serviettes pour les sécher. La pluie battante, martelant avec insistance les carreaux en verre, les avait imbibé jusqu'aux os, et leurs expressions, me firent comprendre la misère qu'ils traversaient. Ils enlevèrent les habits d'où perlaient incessamment des gouttes de pluie, allant se réchauffer devant la cheminée. Je les sentis délogés, sans nulle part où aller. Je vis l'impuissance qu'ils maudissaient, et le soulagement qui était le leur d'avoir trouvé un toit pour la nuit. Ce qui aurait pu sembler à d'autres dérisoire, était pour ces gens plus qu'on ne peut l'imaginer. Je m'attelai à leur préparer un souper des plus légers, un pot au feu, maigre collation qui leur aurait au moins permis de reprendre des forces. J'intimai Irisviel d'accompagner les enfants au premier étage, et à s'en occuper le temps que le repas soit prêt. Assis autour dune table, je profitai pour discuter d'affaires urgentes, la rumeur nous étant que les continents tremblaient, que tout allait de mal en pis.. Qu'en somme, de nouveau le monde courrait à sa perdition.

'' Je suis désolée infliger cela… La femme en face désapprouva ses propos.
- On vous doit la vie ! C'est le moins qu'on puisse faire…
- C'est donc bien vrai… ?
- On court de nouveau à la catastrophe ! On habitait près des côtes nous.. On vivait de la pêche, et de notre petite auberge. Tout n'était pas rose, mais on était en paix. Jusqu'à… Son mari vint l'épauler, l'enlaçant tendrement.
- Nous avons senti la terre trembler. Si au début ce n'était pas grand-chose, et nous avons pu nous protéger des dégâts trop importants, ce ne fut bientôt plus le cas. Les tremblements étaient incessants, et de plus en plus d'individus partaient vers d'autres continents où apparemment ce n'était pas le cas. Nous avons pris quelques dispositions, et sommes partis dès le lendemain matin… Je les écoutais très attentivement, dans un calme religieux. Nous n'étions pas au bout de nos surprises. Des monstres marins ont attaqué notre navire. Contrairement à tous les autres qui partaient pour se faire fortune dans la possible découverte de quoique ce soit qui puisse être à l'origine de tout ce chaos.. Nous ne voulions que quitter cette île. Mais ils ne font guère la différence… Ils ont détruit notre bateau, et nous avons eu beaucoup de mal à survivre jusqu'aux côtes… Depuis, nous marchons, inlassablement, jusqu'à être arrivés jusqu'ici… ''

Son épouse avait repris ses sanglots répétés, mais l'homme était tout aussi en proie à ces démons, à cette ombre qui pesait sur eux depuis leur départ. Ils n'avaient nulle part où aller, sachant que les flots ne tarderaient pas à envahir les plages, et les maisons les plus proches des quais seraient les premières à se voir soit inondées, soit à s'effondrer contre les torrents dévastateurs des mers. Cette dernière apporte richesse, mais une fois en colère, elle balaye tout sur son passage, et sans distinction une fois de plus. Le bien et le mal n'ont plus raison d'exister, et on passe de purs innocents à criminels dont l'espérance de vie s'écourte de jour en jour.

'' Voilà, vous savez tout.
- Et je vous en prie de rester dormir ici cette nuit. Dès demain je vous emmènerai aux abris, où l'on saura s'occuper de vous et vous ressourcer comme il faut. J'y veillerai personnellement.
- Vous êtes trop gentille… Vraiment…. '' ajouta la femme en pleurs, la main dans celle à ses côtés. Je voulais les soutenir. Je désirais les garder d'une si grande peine, mais je savais que mes efforts seraient inutiles. Ils étaient loin d'êtres les seuls frappés par la catastrophe, et comment ne pas pleurer tous ceux qui avaient dû périr à bord de ce dit navire coulé sans raison… Si rien n'était fait, le nombre de victimes ne ferait, à coup sûr, qu'augmenter… Tristement.

◊ 1 501 mots
( Partie I ; Post I )





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Mer 06 Juil 2016, 09:47


... qu'est-celle de vivre dans le passé


'' Savez-vous combien encore auraient pu survivre ? La question resta en suspens l'espace de quelques instants sans que nul ne se daigne à y répondre.
- À notre connaissance, nous étions les seuls de cette embarcation.. Mais il faut dire que nous n'avons pas attendu longtemps sur les plages.. D'autres navires s'étaient échoués dans les environs par contre ! Nous avons aperçu plusieurs drapeaux qui n'étaient pas les nôtres.. Donc peut-être qu'il y a plus de naufragés qu'on ne le pense
- Je pense m'enquérir plus longuement à ce sujet demain. Quand nous irons en ville, je vous laisserai dans l'abri le plus proche, et essaierai de me renseigner. Si j'y peux quelque chose, je ne resterai pas simplement les bras croisés
- Vous êtes folle ! Qui voudrait retourner là bas ? C'est l'hécatombe vous savez..
- On voit bien que vous n'y étiez pas pour le voir..
- Justement, mesdames. Et je n'ai pas l'intention de trembler et me cacher dans mon havre de paix pour me protéger. Je ne laisserai pas mourir des innocents si je suis capable de les sauver L'homme fit taire les deux épouses qui, par terreur, par une anxiété maladive, me dévisageaient. Malgré l'innocence et l'impersonnalité de mes propos, elles semblaient les prendre excessivement à coeur…
- Nous n'avons pas cette force, ni cette présence d'esprit. Nous ne l'avons plus. Nous l'aurions eu dans d'autres circonstances, mais actuellement nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes
- Je n'ai absolument rien exigé de vous. Vous avez le droit de faire vos choix, tout comme j'ai la juridiction de faire les miens. Je ne compte sur personne pour les faire, et de ce fait la responsabilité m'appartient. Quoiqu'il en advienne, personne ne pourra vous en tenir rigueur
- On ne leur tiendra pas rancoeur, peut-être. Mais moi je t'en voudrai à toi La jeune femme surgit dans les escaliers, l'air renfrognée. Pourquoi ce serait à toi d'y aller ? Si ces gens là ne veulent pas risquer leur vie, et préfèrent même laisser les leurs mourir là bas, c'est leur problème. Il nous suffit de rapporter ce qu'on nous a dit, et point final. Ce n'est pas de notre convenance, grande soeur
- Nous n'avons pas la force de faire une chose pareille ! Nous pouvons… Peut-être que cet homme pourra vous aider ''

Il désigna l'homme se tenant le plus à l'écart. Iris' qui se trouvait assez éloignée, ne fut certainement pas capable de le voir, mais pour ma part, je réussis à jeter un coup d'oeil à son visage. L'homme ne dit rien, ayant pourtant croisé mon regard. Je le regardai, avec insistance, jusqu'à ce qu'il le détourne. Le silence se fit, et nul n'osa l'interrompre. Quelques minutes s'écoulèrent pendant lesquelles je ne faisais que fixer le feu. Immobile, incrédule, limite en pleurs, face à mes propres déductions qui me semblaient, plus je les examinai, de plus en plus folles, et cependant de plus en plus percutantes. Je repeignais ses traits, ses yeux, la forme de son nez, jusqu'à la pâleur de son teint dans ma tête, et je réalisai combien ces derniers s'étaient creusés sans pour autant perdre la douceur évertuée qui avait toujours été la leur. Je peinai à le croire, et encore plus à réagir. Je ne savais quoi faire, sachant que ma sœur était présente. Des faux espoirs étaient la dernière chose dont elle avait besoin, maintenant qu'elle commençait à se reprendre en main. Sa santé s'était légèrement améliorée, et les crises d'angoisses, ainsi que de nerfs, ne semblaient plus qu'un lointain souvenir. Cela avait pris des années, mais elle oubliait enfin. Elle acceptait enfin, et je me voyais mal tout lui arracher pour une possible méprise de ma part.

'' Nous verrons. Il nous faut d'abord nous reposer fis-je pour me ressaisir. Par contre, il me faudrait plus de bois pour le feu… Vous pourriez m'accompagner jusqu'à l'arrière pour aller en chercher ? ''

Si l'homme fut d'abord surpris qu'on lui adressa la parole, il laissa échapper, de suite, une seule parole d'accord, avant de me suivre avec obligeance. Je n'avais pas esquissé une seule tentative de l'approcher, ni ne serais-ce que de poser mon regard sur lui de nouveau. Une remise, dans le jardin qui longeait la propriété qui était la notre, gardait le bois de la pluie incessante qui tombait au dehors. Des nuages lourds d'orage se pavanaient depuis quelques jours par dessus tout le continent, et il ne fut pas étonnant de les voir déverser tout leur contenu sur la basse terre. L'herbe haute et imbibée de liquide, accueillait ma marche hésitante et pourtant hâtive, traduisant avec empathie mon coeur lourd et bouleversé. J'ignorais si je devais apprendre la vérité, ou si cette dernière ne s'avèrerait pas trop accablante…  J'ignorais s'il m'était donné de soigner ses blessures, de les panser, et de pallier au passé où je m'étais déclarée absente, où je lui avais failli par ma lâcheté… Je n'avais pas idée si le pardon me serait encore une fois accordé, car j'avais, au fond de moi, une fois qui murmurait que dans un sens comme dans l'autre, j'y étais pour quelque chose…

Dès que nous fumes rentrés dans la pièce, que j'eusse fermé la porte derrière nous, je lui enlevai la capuche qui jusque là occultait toute la vérité, toutes les révélations et aigres aveux que le temps avait à me faire. Ce qui me rendait confuse était l'attitude de mon père suite au départ de ce frère que j'avais tant admiré. Des semaines s'écoulèrent sans qu'aucune mesure ne soit prise, et soudainement, un mois plus tard, ils décidèrent de lancer la chasse à l'homme qui n'était autre que leur fils. Deux ou trois semaines s'écoulèrent ainsi, dans une attente perpétuelle et constante, avec tous nos nerfs à fleur de peau, et Irisviel qui sanglotait à longueur de journée, à la fenêtre. Le sort s'était acharné sur elle, et quoi de plus surprenant qu'elle ne devienne folle… Ils lui avaient arraché ses deux enfants, en plus du frère pour qui elle ressentait tant d'affection. Le mari qu'elle en était venue à aimer plus que tout partit, l'abandonnant à l'heure où elle en avait le plus besoin, et ce sans prévenir. Quoi de plus normal qu'elle ne sombre dans le désespoir que tout ce chahut vint à provoquer… D'autant plus, quand la nouvelle nous parvint qu'un corps avait été trouvé. L'on craint pour la sécurité des enfants, l'on craint pour tout, car la malchance nous poursuivait. Et nous n'étions visiblement pas au bout de nos malheurs. À cette heure, l'on nous déclara que le corps appartenait à ce grand frère que nous idéalisions, et qui était plus âgé de quelques années seulement. La perte ne fut que plus dure encore à encaisser, et je dois dire que nous n'avions, même pas, pu nous réjouir convenablement du retour de Nahestël, mon neveu. Sa mère, trop instable psychologiquement et ayant toujours porté beaucoup plus de tendresse à sa fille, pour une raison que j'ignore encore, ne reconnut même pas le jeune garçon.. J'essayai d'être là pour lui, mais encore une fois j'avais échoué.. Persécuté en permanence suite à cette terrible expérience par les anges de la pire espèce, ceux incapables de comprendre la géhenne d'un coeur et les malencontreuses circonstances qu'il avait traversé et auxquelles il avait réussi à survivre.. À cause d'eux, le chair petit avait fini par fuir, nous fuir tous, fuir notre monde, et qui sait de quoi il était capable dans une humeur si noire.. Et notre famille finit, bel et bien, par tomber en lambeaux.

'' Enlève moi ça ! frappée par l'évidence même, je restai de marbre quelques instants, une larme perlant sur le côté de ma joue. Il l'essuya, me prenant dans ses bras.
- Tu as tellement grandi, Luli
- Pendant que tu étais porté aux abonnés absents oui… Combien d'années crois-tu qui se sont passées ? J'étais toute émue, et ça s'entendait dans ma voix.
- Une bonne vingtaine peut-être. J'ai perdu le compte
- Qu'as-tu bien pu faire tout ce temps ? Pourquoi n'es-tu pas rentrée à la maison alors que tu étais vivant ? Qu'est-ce que ça t'aurais coûté sincèrement ? Mon ton montait, se haussait au fur et à mesure que j'abordais des sujets douloureux. Si j'avais pu accepter sa mort au bout de maints efforts, ils venaient de se faire démolir, et à la place, je trouvais un creux dans ma poitrine… Je n'imaginais pas la réaction d'Iris' si elle venait à l'apprendre…
- J'aurais perdu ma liberté, Luli. Rien que ça. Et j'aurais mis toutes vos vies en danger… J'ai jugé qu'il valait mieux me faire passer pour mort, voire ne plus jamais vous revoir, que de causer votre perte à toutes les deux. J'étais recherché. J'étais parti sauver Ashiyah, je savais que j'en étais capable. J'ai voulu l'aider à fuir, et une fois que ce fut fait, c'est la solution qui m'a paru la meilleure. Je ne pouvais assimiler aussi vite toutes les paroles qu'il lâchait, et que je buvais abondamment. Aussi, je restai quelques minutes silencieuse, dans une réflexion intérieure des plus profondes. Voyant qu'elle avait du mal à suivre, l'homme ajouta : J'avais mes sources, et j'ai pu savoir où ils l'avaient emmené. Je tenais énormément à les sauver.
- Ashiyah est donc… en vie ??
- Ne t'en fais pour elle, va. Par contre, il faudrait qu'on pense à rentrer. Ils vous se douter de quelque chose.. Ne dit pas un mot de tout ça à Iris' je t'en prie ! '' Il voulait régler les choses de la meilleure manière, et malgré l'empathie que je portais à ma sœur, je ne pouvais me résoudre à lui faire toutes ces confidences. Ce n'était pas mon rôle, ni mon devoir. Cet homme était la clé de tout ce mystère, et je n'avais gratté que le sommet de la montagne qu'il constituait. '' Mon nom est Aaron aujourd'hui '' Les réfugiés nous accueillirent un sourire gêné aux lèvres, et l'ange d'une moue légèrement boudeuse. Du moins jusqu'à ce qu'elle voit.. le visage du bel inconnu.

◊ 1 837 mots
( Partie I ; Post II )





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Mer 06 Juil 2016, 09:48





Tristesse absurde...


J'empruntai de nouveau le sentier boueux que quelques dalles de pierre jonchaient et rendaient viable. Je craignais sa réaction plus que tout. Je ne pouvais m'imaginer qu'elle resterait de marbre en le voyant surgir des ténèbres qu'on croyait l'avoir engloutis. Elle n'avait plus toute sa tête, et ce détail, j'avais préféré l'omettre. Du moins, jusqu'où s'était creusée son obsession, jusqu'où avaient été ses maux lorsqu'elle se trouva esseulée dans un monde qui décida de la priver de tout. La justice n'existait pas, car cette femme ne méritait pas le mal qu'on lui infligea à cet instant. Elle était mère de deux enfants.. Elle avait aimé comme quiconque.. Elle avait souri et pleuré comme nous tous.. Et de quel droit a-t-on jugé bon de tout lui prendre ? La conduire à une folie de plus en plus destructrice ? Peut-être est-ce l'affection que je lui porte qui m'empêche d'être rationnelle.. Peut-être, je ne puis différencier ma raison de ce genre d'attachement… Mais je garde l'intime conviction qu'on l'avait acculé. Que l'on ne lui laissait aucune autre échappatoire, et que par lâcheté elle voulut tout fuir, incapable de se résonner. Les retrouvailles seraient mouvementées.

Lorsqu'on revint dans la pièce, les échanges avaient repris et une seule tête se tourna pour me voir transporter le bois jusqu'au feu crépitant. Elle me demanda si j'avais besoin d'aide. Je répondis négativement, l'intimant plutôt de ranger les quelques étagères où étaient gardées des assiettes à manger. L'homme me suivait de près, et une fois que son visage fut illuminé par les bougies, allumées et dispersées dans la pièce, j'entendis un bruit strident nous parvenir. Celui de la porcelaine qui se brise sur le sol, dur, immuable. Celui d'un esprit incrédule qui essaie de se faire à l'apparition fantasmagorique qu'il croit déceler. Je la vis revenir à notre enfance et la parcourir des yeux, dans une course effrénée. Je la sentis perdre en consistance, ses jambes presque lâcher sous son poids. Je fus surprise que ses yeux ne s'imbibèrent pas de larmes, que ses lèvres n'hurlèrent pas son nom. Comme si l'on retrouvait la petite fille émotive qui était la sœur que nous chérissions dans le temps. Elle commença sûrement par démentir son existence, mais elle ne put se contenter d'une telle explication. Rien ne saurait être satisfaisant pour pallier aux années d'absence qu'il avait laissées derrière lui. La latence avait été énorme, même pour moi. Elle parut dévastée et vint s'accrocher à ses robes dès qu'il eut lâché les rondeaux qu'il avait en main. Il laissa ses deux bras l'entourer, s'imprégnant d'elle, de son essence, de tout son soûl. Il dut l'éloigner très vite cependant, inondant son regard, jusque là des plus tendres, d'un air confus et réprobateur. La jeune femme ne se plongea que dans ce dernier, y décelant un clair rejet qu'elle eut du mal à avaler. Resserrant ses poings, on vit sa colère monter. Pivotant sur son pied d'appui, l'ange saisit l'une des assiettes à sa portée, la lançant dans la direction de l'homme. Il en évita les morceaux de justesse, tandis qu'il s'immergeait dans les orbes légèrement dorées qui le fixaient avec haine tout à coup. Des cris retentirent, des corps se réfugièrent à terre, sous les meubles en bois. J'intervins pour essayer d'éviter aux spectateurs des blessures inutiles.

'' Calme toi, Iris - Les premiers mots résonnèrent creux à ses oreilles, et elle se débattait clairement contre mes bras, et la cage dorée qu'ils représentaient. Calme toi, Iris - Je me répétai autant de fois que nécessaire, jusqu'à ce qu'elle me regarde. Ce n'est pas lui, soeurette Elle me regarda ahurie.
- Tu me prends pour qui ? Regarde-le ! Tu vois ce visage, Luli ? Comment pourrais-je me tromper ?
- Je comprends, mais il faut me croire quand je te dis que ce n'est pas notre frère. Ce n'est pas lui, Iris
- C'est impossible ! Vous me racontez des sornettes !! Tous autant que vous êtes ! Dual ne peut pas être mort ! Vous le voyez bien ! 
- Ce n'est pas Dual ! Je la pris encore plus intensément dans mes bras, voyant que le désarroi reprenait de nouveau son trône véritable. - Ce.. n'est pas lui, ma belle
- Je.. me nomme Aaron. Votre sœur m'a laissé comprendre que je ressemblais effectivement à quelqu'un de votre famille… Je suis navré. Si vous vous sentez plus à l'aise je partirai
- Inutile. Nous irons bien '' Et sur ces mots je quittai la pièce, rancunière d'avoir eu à jouer une telle comédie aux sens des plus douteux. C'était pour le mieux, prétendait-il, mais moi j'avais mes doutes quand à cette théorie…


La dévastation se lisait sur ses traits, et elle faisait extrêmement peine à voir. Elle se perdit dans les bras de Morphée très rapidement, comme si elle voulait échapper à la réalité. Celle-ci semblait lui déplaire fortement. L'homme de ses rêves venait de faire son apparition, et il était intangible. Une fois de plus, il n'était pas à sa portée. La figure fraternelle, qui avait outrepassé des barrières taboues, avait ébranlé son coeur fragile qui ne pouvait plus retrouver ses défenses d'autrefois. Je brossai sa belle chevelure, tandis que son corps se tordait comme affecté par un affreux cauchemar. Peut-être s'agissait-il de cela. Pour Iris', les ténèbres du passé resurgissaient, et elle n'avait pas la force de continuer sa course. Ou alors, se laissait-elle prendre volontiers dans ses filets. Les deux étaient contradictoires, cependant que dans mon esprit ils allaient de pair en ce qui concernait ma sœur. Je quittai sa chambre, veillant à ne pas faire claquer la porte. De même dans le couloir aux planches de bois usées trop bruyantes à mon goût. En arrivant dans la salle à manger ( plongée dans une sombre lueur de flammes, léchant le bois et les poteries comme un démon endiablé ) je le vis assis, les bras croisés appuyés sur ses genoux. Il semblait harassé, et poursuivi par des ombres de regret. Il devait maudire les années qu'il avait passées loin d'elle, toutes celles auxquelles il l'avait condamnée en croyant bien faire. Je ne pouvais réellement être compatissante pour le rôle qu'il avait à jouer. Ces mêmes années, je les avais passées en compagnie de ma sœur, et dieu sait les malheurs que nous avons dû affronter.. Et je me vois malheureuse d'avouer que tout était.. par sa faute.

'' Tu devrais dormir. Il se fait tard..
- Elle est si.. fatiguée.
- Les années l'ont… épuisée. Elle n'est plus ce qu'elle était. Tu l'as remarqué par toi-même.
- Comment… ? Mais est-ce que.. ?
- La disparition des trois a laissé place au néant dans son coeur. Elle n'était pas forte, contrairement à ce que tu voulais croire. Elle s'est effondrée petit à petit.
- J'aurais aimé être là…
- Et bien. Tu viens trop tard Et ses mots valaient leur pesant en or. Va-dormir. Demain est un autre jour. '' L'homme ne put que se rendre.


L'aube se fit, comme la pauvreté s'abat sur le monde. Les cadavres étaient sortis de leur sommeil, mais avec peu d'espoir d'un avenir meilleur. Les fruits de leur dur labeur perdus, ils n'avaient d'espoir auquel s'accrocher. Leur terre d'accueil n'était qu'un sol stérile sur lequel leurs graines ne pourraient jamais pousser. Elle ne saurait être aussi fleurissante que l'aubaine qui les avait vus grandir, à condition qu'ils y trouvent seulement de quoi survivre. Ils marchaient tout droit vers leur exécution, pieds et mains liés. Je les saluai d'une main distraite, le coeur plus lourd que mes paupières et les pensées aussi sombres que la nuit d'orage que nous venions de passer. Mélancolique, je m'adossai contre les poutres en bois. Je pondérai quelques instants, pesant le pour et le contre avant de me décider. J'ignorais quand viendrait notre prochaine rencontre, et je me voyais de ce fait obligée de poser les bonnes questions pour obtenir les renseignants qui m'étaient nécessaires. Dans un élan de courage, j'interpellai finalement l'ange qui s'éloignait, quittant le seuil d'entrée et mordue par la curiosité. Iris, qui observait le départ des étrangers depuis la fenêtre, ne rata pas ce geste et encore moins à qui il était adressé. Elle était obsédée par cette ressemblance, et on n'avait pas réussit malgré tous nos efforts à la duper. Ma sœur à ma charge, je voyais des lourds nuages approcher, et m'imaginais l'étendue des dégâts. En privé, je lui en touchai un mot.

'' Mon frère… Au vu des circonstances, je te prie de ne plus avoir de secret pour moi. J'estime que tu portes en ton coeur la confiance qu'il te faut pour m'en parler Je sentis son corps se crisper, sans qu'il essaie de fuir mon regard pour autant. La culpabilité y était sûrement pour quelque chose.
- Parles moi, Luli. Je saurais être digne de ta confiance
- Est-ce que Ashiyah… est vraiment la fille de Qaphsiel ? Et je savais qu'avec ces paroles, je touchais une corde sensible. Je m'aperçus de la pâleur de son visage alors qu'il s'apprêtait à avouer un crime de longue date, mais un crime toutefois. Un qu'il avait commis par amour, mais qu'il ne s'était vraisemblablement toujours pas pardonné.
- Je… Tu… Depuis quand ? Il se résigna dans un souffle, une plainte. - Peu importe. Elle… est bien ma fille, Luli. Même si je n'ai jamais voulu l'assumer

C'est un poids, un vrai fardeau qui venait de quitter son esprit, et pourtant cet aveux lui avait coûté bien plus. La honte d'avoir succombé à ce péché persécutait ses plumes blanches et sa claire conscience. La déchéance est une conséquence, une punition, la damnation que tout ange condamne, et qui persécute ceux à s'en être trop approchés. L'aboutissement est effroyable, et le processus plus terrible encore que la mort elle-même, surtout aux yeux prudes d'un homme qui toute sa vie s'était juré de racheter son intégrité, sans parler de sa dignité. Il s'armait d'une armure en ferraille, en espérant que rien ne la traverse. Je le vis descendre la main ( jusque là sur mon épaule ) pour aller quérir un petit bout de papier au fond de sa poche de pantalon, où il avait écrit le nom d'un homme avec qui il était en contact et qui savait, par des moyens sûrs, communiquer avec lui si besoin est. Une ombre surgit dans le paysage jusque là paisible.


[ Dans la chambre d'Irisviel… ]

'' Lylia ! s'exclama la jeune femme, les bras croisés devant la surface vitrée de sa chambre qui offrait une vue imprenable sur la scène se déroulant en contre-bas.
- Que désirez-vous, ma dame ? Elle se prosterna devant elle, lui étant de toute évidence aveuglement loyale.
- Il faut la surveiller…
- Qui ? Votre sœur ? J'avais cru comprendre que vous étiez en très bon termes
- Et bien assumons que ce n'est plus le cas !
- Que voulez-vous comme informations ?
- Je veux connaître tout de ses déplacements, de ses rencontres, de ses conversations. Absolument tout
- À quel sujet exactement, si je puis me permettre?
- Concernant l'homme qui s'est éclipsé avec elle hier soir et que je n'ai pas vu depuis si longtemps… Je suis sûre qu'elle essaierai de l'éloigner de moi, et de se l'approprier…
- Il ne s'agissait pas de… Un simple regard la dissuada de prononcer le reste.
- Au cas où ils deviendraient trop proches, tu as l'autorisation de l'effrayer, voire essayer de la tuer. Ça devrait lui servir de leçon
- Très bien. Je reviendrai '' La jeune femme, voilée, disparut dans la nature, laissant Iris' avec sa profonde amertume et solitude. Une porte se fit entendre en bas, c'était Eulalie qui rentrait.

◊ 2 115 mots
( Partie I ; Post III )





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Jeu 11 Aoû 2016, 17:50





...d'être en proie à la nostalgie du révolu


Je m'approchai de la porte de sa chambre sans oser l'ouvrir. De telle sorte qu'elle remarque tout de même ma présence. Je toquai sur le bois, creux par endroits, et attendait qu'elle réponde à mon appel, essoufflé sous une respiration accentuée. Je voyais mon frère s'éloigner, et ne pouvais que difficilement le supporter. Les liens du sang ne sont peut-être pas absolus en ces terres de perpétuels conflits, mais dans notre famille, c'était un tout. Depuis des temps illustres, nous gardions à l'esprit l'importance des mêmes, bien que contrairement à mes idéaux, ils aient été utilisés à toutes les fins, même les plus malhonnêtes. La trahison était le plus condamné des vices. Les mariages étaient imposés à partir d'un certain âge, et surtout prônés pour leurs connus avantages. Des familles unissaient leurs richesses, des enfants naissaient de ces mille croisements du destin. Nous n'étions qu'une branche de plus dans ce qui avait le mérite d'être un arbre des plus hardiment bâtis, mais une bien plus pacifique et unie, descendante directe de nos ancêtres. En à peine quelques années dans ce qui avère de très longues existences, une toile d'une extrême complexité s'était tissée. Il était dur de s'en défaire.

Je lui annonçai mon départ, un court trajet jusqu'à la ville la plus proche. Je lui fit part que je comptais déposer ces braves gens dans une sorte d'accueil, afin qu'ils puissent être nourris et hébergés avant de chercher un refuge durable ailleurs. Nous avions l'obligeance de parvenir aux besoins des plus nécessiteux en ces temps de dépouillement et désarroi. Je n'eus pas de réponse, comme je m'y attendais. Elle était plus lunatique que je ne le pensais, et ses crises se faisaient de plus en plus sentir au fil des jours. Je dois avouer avoir détourné d'elle toute mon attention, à la recherche d'un confort que je ne m'étais plus permise depuis trop longtemps. Je l'avais quittée des yeux, qui sait au moment peut-être le plus désespéré pour cette âme faible de conviction. Je l'abandonnais à son propre sort, et quelque part je le savais. Cela faisait des semaines que je ne prenais plus le temps, et que j'avais même perdu l'envie, de me rendre dans des espaces trop bruyants, trop habités par la cacophonie des marchés et des voix portantes. Je m'étais isolée, car la peur avait plus d'emprise sur moi que je ne pouvais le reconnaître. J'avais fait d'effroyables rencontres, mais d'autant plus de terribles trouvailles. Je commençai à connaître bien plus au sujet de l'existence de Qaphsiel, et cette dernière me rendait malade au plus haut point. Lui qui n'était pour moi qu'un vil personnage lorsqu'il quitta ma sœur, était devenu une âme des plus perverses dont la déchéance et les crimes successifs ne sauraient être pardonnés un jour. Il traînait derrière lui le malheur de tous ceux qu'il avait abandonnés, et dont il était capable de ne plus se rappeler les visages. Il était dans le coeur de certains l'être abominable qui les avait fait sombrer dans le désespoir complet de l'impuissance et de l'ignorance. Ayant découvert son nouvel emplacement, je comptais entrer sous peu en contact avec le sorcier. Il était temps de mettre certaines choses au clair, et le moment était le bien choisi pour ce genre de prises de conscience.  

Je les rattrapai sans réel effort, essayant de profiter du peu de temps qui m'était donné. Une très grande agitation semblait faire trembler l'âme des passants et leurs visages se tordaient sous une inquiétude évidente. Je mis cela sur le compte des événements récents, des guerres déclarées, des morts qu'on déplorait déjà un peu partout dans les côtes inondées. J'entrai dans une auberge qui était à ma connaissance particulièrement investie dans l'accueil des réfugiés, et m'entretenais quelques instants avec le gérant. Des plus compréhensifs, l'homme approchant la quarantaine, m'avait expliqué les conditions qui lui permettaient de mettre en place un tel projet et les moyens qu'il fallait déployer pour que cette aide soit constante. L'argent ne faisait bien entendu pas partie du marché, juste quelques petits services à la clé. J'acceptais en leur nom, certaine qu'ils seraient ravis de ne pas croupir simplement dans une chambre d'auberge en attendant que les inondations cessent, que l'orage s'en aille, et que le silence se fasse en ce bas monde. Je rejoignis le petit groupe dehors, me permettant de leur expliquer les détails, avant de m'enquérir sur l'identité de quelques magiciens qui se trouvaient en leur compagnie.

'' Êtes-vous également des victimes venues des côtes ?
- Pas du tout. Nous avons seulement été envoyés pour secourir ceux dans le besoin, et avons décidé de les ramener jusqu'ici. Cet endroit reçoit une attention assez positive pour ses services.
- Je ne remercierai jamais assez cet homme pour l'aide qu'il nous apporte…
- Le chaos invite à la cruauté, mais il y a bien certains personnages qui sont des exceptions. Cet homme en est la preuve. On le connaissait pour ses grands muscles, et on le croyait aussi désintéressé que les autres. Les apparences sont trompeuses
- Avez-vous d'autres nouvelles ? D'autres incidents ayant eu lieu sur nos continents ?
- J'ai entendu… tout à l'heure dans la rue, un homme parler d'un... énorme monstre marin… !! Étais-ce vrai ? fit l'épouse restée jusque là muette et coupée de son entourage. Ils comprirent tous que c'était d'effroi qu'elle se renfermait, malgré l'étreinte de son mari qui se voulait rassurante. Les autres lui sourirent, dépités toutefois, essayant de lui donner le maigre espoir d'une survie possible.
- Ils l'auraient appelé le 'Kraken'. Un groupe d'individus volontaires se battent sur les rives de la Plage de Sable fin pour l'abattre. Il n'est pas dit qu'ils y arrivent, mais leur courage est des plus louables.
- Selon certains, la bête serait notamment à l'origine de beaucoup des naufrages qui ont été rapportés.
- Ça expliquerait effectivement beaucoup de choses !
- Savez-vous ce qu'il arrive à ces bateaux au juste ? m'enquis-je, inquiète de leur sort, sachant qu'il était quasi impensable de s'approcher des côtes, sachant que des ondins, des monstres comme on aimait les appeler dorénavant, les sillonnaient.
- Ils finissent au fond de la mer. Ses occupants par contre devraient survivre jusqu'à atteindre les sables, mais, hélas, ce n'est pas le cas… Nous n'avons pas trouvé le moindre corps dans nos préalables fouilles. Donc il est évidnet qu'il leur arrive quelque chose…  Ma question n'en étais pas une, étant donné que je détenais déjà l'information. Néanmoins, l'homme avait révélé la vérité avec plus de cru que je n'aurais été capable. Je voulais en faire une évidence. Je voulais qu'ils réalisent toute l'étendue de leur force, et qu'ils s'aperçoivent qu'il était inhumain de notre part de quitter les côtes pour notre sécurité sans penser à ceux que nous abandonnions derrière nous, morts ou vivants. Dans le cas échéant, condamnés à une mort plus que certaine.
- Comment a-t-on pu leur permettre de nous envahir de la sorte ? Nous sommes victimes de leur volonté, et sommes entourés par leur domaine !! Les mers !
- Nous saurons bien comment les vaincre, en temps et en heure.
- Mais pouvons-nous rester les bras croisés d'ici là ? Il me regarda, comme s'il avait déchiffré jusqu'au fond de ma pensée. Pouvons-nous réellement les laisser faire et juste trembler de peur dans nos chaumières ?
- Allons-nous les laisser mourir, eux qui sont les martyrs qui vous ont permis de quitter à temps vos villages et qui font que vous êtes toujours en vie ? Il était évident que j'entendais parler des réfugiés, dans leur généralité, mais je touchais assez bien mon public pour qu'ils se sentent concernés de près.
- J'aimerais m'y rendre, mais comment pourrions-nous les battre ?
- Là ne serait pas notre but. Il s'agirait simplement de récupérer les naufragés s'il y en a. Pas d'annihiler quelque créature qui soit. Fouiller les grottes et les restes d'épaves qui auraient pu arriver avec les flots. Voilà tout.
- Il faut sauver le plus de gens possibles. Et les Dieux auront pitié de nous intervint la femme, porteuse d'une parole plus pieuse, plus tournée vers les divinités contrairement aux soldats présents.
- Nous nous y rendons tous, d'après ce que je peux voir ''

Des flammes dans les regards s'étaient allumées, et il était bon de voir une once de vie dans les cadavres ambulants que nous étions devenus. L'urgence appelait à une extrême prudence, mais aussi à une hâte naturelle. Le temps de ces marins était compté, et plus nous tardions à partir, plus nous serions dans l'impossibilité d'aller au fond du problème. Des jours de marche nous séparaient des côtes, et nous savions qu'il fallait écourter au possible cette cavalcade. La téléportation était de ce fait le meilleur moyen de s'y prendre, un grand nombre de magiciens étant en possession de cette capacité miraculeuse à mes yeux. Quelques heures suffirent à la traversée, et bientôt nous nous trouvions à observer les sables en contre-plongée. Nous voyions les vagues s'écraser, parfois violentes parfois des plus sages, porteuses d'une écume blanchâtre, d'autres d'embruns puissants qui surplombaient la mer sous forme d'une fumée cristalline. Des queues de poisson se détachaient parfois au loin, mais aucune autre trace de nos ennemis jurés. Nous déplaçant à l'horizontale de sorte à couvrir le plus de terrain possible, nous nous engouffrâmes dans un complexe de grottes, toute une galerie que les courants très forts avaient érodée. Des restes d'une large épave s'y trouvaient, emportés par les eaux qui les avait engloutis en premier lieu. La proue semblait être restée dans un état respectable, mais le reste avait été déchiré par la puissance tranchante de la mer. Quelques corps reposaient autour de l'embarcation, et sûrement à l'intérieur également. Les reconnaissant, nous poussâmes un cri de joie, certainement trop enthousiaste. Il nous permis de nous faire repérer, et c'est avec une certaine médisance, que nous engageâmes le combat contre deux de ces créatures.

Elles étaient rapides et intrépides. Impossible de vraiment les dompter, malgré l'avantage du nombre. Nous croyions leur être supérieurs, mais nous étions très loin de la vérité. Formant deux groupes pour une plus grand efficacité, je m'empressai de secourir les marins échoués. Je les tirai du bout de leurs bras étendus, avant de voir une sirène sortir des eaux et encaisser de justesse un coup de ses griffes acérées, laissant tomber l'homme que je transportais. Mon frère qui m'avait suivie, se dépêcha, sous mes ordres, d'amener celui dont il s'occupait jusqu'à la petite végétation qui entourait la plage, tandis que j'essayais de combattre la bête. Mais c'est avec horreur que je la vis plus intéressée à saisir l'homme, lui planter ses doigts pour mieux l'emporter dans les étendues profondes de son royaume. Elles sillonnaient les plages, cela nous le savions, mais leur but n'était pas comme nous le pensions le meurtre de sang froid et la conquête de ces milieux proches des mers. Elles étaient à la recherche des corps des survivants ou des dépouilles des défunts, et attrapés par ces ondines meurtrières ils sombraient. Pour ne plus jamais s'éveiller. Je hurlais de douleur en le voyant se noyer, d'autres sirènes emportant à leur tour les autres naufragés. J'essayais de les empêcher, mais ma magie n'avait pas le moindre effet… Trop faible indéniablement pour ne serais-ce que les égratigner. Je commençai à courir en direction des vagues, mais Dual m'en empêcha. Il m'enlaça par derrière, restreignant mes mouvements, hurlant la retraite immédiate. Les magiciens téléportèrent tous ceux présents au loin, et je surplombai avec horreur le corps inerte du marin. Ils l'examinèrent, s'apercevant qu'il n'était d'ores et déjà plus qu'une charogne, plus de ce monde. Des larmes coulèrent sur mes joues pâles, frustrée et profondément attristée par ce qui leur arrivait.

'' C'est elles !! Elles les emmènent au fond des mers. Elles les emportent ! C'est pour ça qu'on ne trouve pas leurs corps ! C'est sûrement ce qui est arrivé à eux tous… Elles les ont tués !! '' Je sanglotais, dans les bras de l'homme qui m'avait abandonnée, mais que j'avais l'impression de vouloir expier ses péchés. Il me consola, comme il put, jusqu'à être de retour à l'auberge et reprendre l'existence de peur. Nous avions vu le début des enfers, et savions que nous tarderions pas à y replonger…

◊ 2 219 mots
( Partie I ; Post IV )




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Le passé est une abîme sans fond ; l'avenir nous est impénétrable [ Solo libre ]

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