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 La Légende de la Femme qui décima les siens [Solo]

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Dim 31 Juil 2016, 13:18

Mitsuko regardait la sphère que son époux lui avait remise. Elle n'avait pu résister à ses assauts et, finalement, il l'avait prise sur le balcon, l'asseyant sur la balustrade tout en se servant de ses bras pour la retenir. Il avait rempli sa part du marché, il avait obtenu son pardon et elle n'avait plus aucune raison de lui en vouloir outre mesure. Elle se méfiait de lui, surtout après ce qu'il lui avait déclarée. Cet homme était un dangereux prédateur qui avait posé son dévolu sur elle et il occultait complètement tous ceux dont elle avait pu croiser la route un jour. Son orgueil n'en était pas car il avait de quoi illustrer ses prétentions. Jamais elle n'avait autant aimé se perdre dans les bras d'un homme. Il savait nourrir son ego et se prêter à ses jeux préférés avec une fougue rare. Elle soupira de plaisir rien qu'en repensant aux endroits qu'il avait parcouru de ses mains. Dire qu'elle devait à présent en finir avec l'une de ses descendantes... Le sexe et la mort, deux thèmes qui allaient si bien ensembles... Elle rit brièvement. À présent qu'elle avait en sa possession cette sphère qui n'était autre que l'habitacle de Mitsuko Ludovika Taiji, il ne lui restait plus qu'à la détruite. Néanmoins, certaine de sa victoire sur celle qui n'était aujourd'hui plus que l'ombre de celle qu'elle avait été jadis, elle avait également envie de discuter avec elle. « Sortez de votre habitacle et prosternez vous devant votre maîtresse. » dit-elle d'un ton impérieux. La Génie obtempéra, reconnaissant la Démone dès les premières secondes. Elle sourit d'un air amusé. « Hé bien, si je m'attendais à avoir devant moi une Rêveuse aussi célèbre que vous, je me serai un peu mieux apprêtée. ». Bien entendu, la chose était ironique, bien que Ludovika n'en menait pas large intérieurement. Vêtue d'une sorte de tutu dans le tissu duquel se mélangeaient des dizaine de couleurs toutes plus hideuses les unes que les autres, elle faisait clairement tâche à côté de la Dame Rouge, dans sa robe de la même couleur que ses cheveux. La Démone la regarda un instant. Elle ne lui manquerait pas. Celle qu'elle avait devant elle n'était que le piètre reflet de la glorieuse Djinn qu'elle avait été autrefois. « À croire que le Destin de toutes les Taiji soit de retomber au moins une fois plus bas que terre... » souffla-t-elle d'un ton qui se voulait seulement réaliste. « À croire. » répéta l'autre. « Cela dit, vous avez l'air de plutôt bien vous en sortir, à croire également que vous avez su conserver votre puissance dans la mort. ». Elle était si loin du compte. La Démone fit quelques pas dans la pièce. Ludovika était faible, cela se sentait à la magie négligeable qui flottait autour de son habitacle. Elle ne pourrait pas rester longtemps hors de ce dernier d'ailleurs. « Vous savez, Ludovika, j'ai toujours attaché une très grande importance à ma famille. Esprit, je n'ai eu de cesse d'observer minutieusement chacune de vous. Je voulais que votre Destin soit grand afin que vous fassiez briller à jamais notre nom. Aucune de vous ne m'a jamais déçue et, même si Illithya eut la fâcheuse manie de venir rejoindre les camps bénéfiques, elle a néanmoins accompli plusieurs actes notables. Son mari finit Æther de la Justice avant de disparaître dans les limbes quand sa fille vint prendre le relais qu'il avait gardé jusque là. Je me suis toujours battue pour cette famille. Une fois la vie de nouveau en moi, j'ai continué à la chérir. J'ai tué tellement d'individus mais jamais il ne m'est venue à l'esprit que je pourrai en finir avec l'un de vous, même pas avec tous ces êtres que créa Edelwyn. J'avais réellement à l'idée qu'en étant des centaines et des centaines, notre gloire serait certaine, écrasante et complète. ». Elle marqua une pause, venant chercher doucement le pendentif qui pendait à son cou. Elle joua avec quelques secondes avant de parler de nouveau, se rapprochant du feu qui ne cessait jamais de brûler et de réchauffer la demeure. Mitsuko aimait le feu, éperdument. Nourri, il pouvait faire des ravages. « Je n'ai pas été appréciée de tous mes descendants. Certains sans doute me considèrent encore aujourd'hui comme une femme qui vit dans le passé et qui est condamnée à y être enfermée. Puisque je restais à l'intérieur des murs du Manoir Taiji jusqu'à il y a peu, il m'est aisée de comprendre leur point de vue. Seulement... ». Le silence s'installa de nouveau. Ses yeux se mirent à fixer le feu. « Seulement, je pouvais le supporter puisque je chérissais cette famille. Je pouvais tolérer l'orgueil mal placé de ceux qui partageaient mon sang. Être un Taiji leur donnait un statut particulier à mes yeux... ». Ludovika plissa les siens, se rendant soudainement compte que la Démone parlait au passé. Elle resta pourtant silencieuse. « Même le plus médiocre des enfants de la Déesse méritait que je m'y intéresse. Pourtant, dire qu'elle en a raté des dizaine ne serait pas mentir. J'attendais pourtant de voir leur évolution, me disant que mélanger notre sang à celui des Grands de ce Monde ne serait jamais une mauvaise équation. ». Elle rit. « Et j'étais très loin de me douter de l'erreur qui était mienne. Aussi flagrante que de considérer ne serait-ce qu'un individu en ce Monde comme ayant les capacités de me distraire. Certes, certains sont encore bien plus puissants que je ne le suis actuellement mais je les ferai plier devant moi, pour la simple et bonne raison que c'est pour cela que je suis née. ». C'était si pathétique finalement de s'être laissée berner ainsi. Son époux avait raison. Certains ne valaient nullement la peine qu'elle s'y intéresse. « Cette erreur que j'ai fait vous concernant... me remplit d'une profonde tristesse à l'heure où je vous parle, ma chère. ». Ludovika, bien que Génie, commença à craindre pour sa vie. Elle ne quittait plus des yeux la sphère que la Dame Rouge tenait dans sa main. « Car, après tout, qui se soucie de la gloire de sa famille lorsqu'il peut à lui seul ramasser toute celle-ci ? Je n'ai guère besoin de cent individus pour faire briller mon nom pour encore des siècles et des siècles. Et, finalement, en quoi aurai-je besoin de ce nom ? Je me suffis à moi-même et quand le mal frappe, tous se fichent de savoir comment l'appeler. ». Elle rit. Ludovika serait la seule à connaître ses raisons. Les autres périront sans en avoir la moindre idée. Mais, après tout, elle n'allait pas se répéter inlassablement. La prochaine qu'elle tuerait serait Lapsa et elle devrait forcément lui réserver une mort de choix. Après tout, elle était sa fille et l'avait dévorée vivante, elle méritait de souffrir infiniment. La Dame Rouge commença à jouer lentement mais sûrement avec la sphère, la faisant passer de sa main droite à sa main gauche dans un jeu dangereux. « Ce que j'ai appris récemment risque de vous amuser énormément. J'ai trouvé la chose très... intéressante. Vous me direz ce que vous en pensez. ». C'était comme sentir les Ombres se rapprocher petit à petit de la scène. Le Destin voulait que Ludovika meure et il faudrait sans doute un véritable miracle pour que la Vie ne puisse lui être ôtée. Ce miracle ne viendrait pas. « Il se trouve que ma sœur jumelle me maudit, condamnant ma puissance à passer à travers tous les Taiji, distillant mon énergie magique au fil du temps. N'est ce pas merveilleux ? » demanda-t-elle d'un ton trop enjoué pour que cela puisse signifier quoi que ce soit de positif. « Et pour que celle-ci m'appartienne de nouveau... ». Elle fit une nouvelle pause, se tournant vers la Génie. « Cela serait trop facile de vous donner toutes les clefs. Alors essayez de trouver de vous même ce qu'il va me falloir faire pour que ma puissance revienne. À votre avis... » fit-elle en ricanant devant la mine décomposée de la femme qui lui faisait face. La Djinn n'était pas idiote, elle savait que son habitacle était la seule chose qui la maintenait en vie et qu'il était actuellement dans les mains d'une des femmes les plus cruelles de ce Monde. « Vous n'êtes pas obligée de me tuer. Je suis une Génie, je pourrai vous aider. Vos vœux nourriront ma magie... je deviendrais puissante et je pourrai vous exaucer d'autant plus... ». « Vous deviendrez puissante, certes, mais votre habitacle deviendra résistant également. Pour qui me prenez-vous ? J'ai côtoyé bon nombre de Génies dans mon existence, assez pour savoir qu'il vaut mieux se débarrasser d'eux bien avant que leur magie ne se réveille. Et c'est justement ce que je compte faire avec vous, ma chère. ». Elle sourit. « Ravie de vous avoir connu. » dit-elle simplement avant de jeter la sphère dans la cheminée. Ludovika n'avait point encore su se servir de ce qui nourrissait son être. La magie de Mitsuko qui habitait en elle lui était inaccessible. La Démone resta devant les flammes pour s'assurer que sa descendante n'aurait pas l'audace d'essayer de sauver sa vie. Chaque être devait faire face à la mort à un moment ou à un autre. Son heure était venue. Son corps disparut et dans l'antre de la cheminée une aura de magie apparut, s'abattant avec force sur la silhouette de la Démone et disparaissant à l'intérieur d'elle comme si jamais elle n'avait existé. La Dame Rouge inspira profondément, l'expiration qui suivit l'inspiration étant tout aussi grande. Elle sentait cette magie, ce fragment pourtant grand de ce qu'elle avait perdu jadis. C'était une sensation étrange... une sensation semblable à l'effet d'une drogue trônant parmi les plus puissantes. Si elle avait su cela dès le début... si elle l'avait su alors l'Histoire aurait été légèrement différente. Depuis le temps, elle serait déjà venue à bout de tous les Taiji existant et elle n'aurait pas songé un seul instant à jouer à se rebeller contre un Souverain dont elle n'avait au final cure. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. S'il continuait à ne point se soucier d'elle, il disparaîtrait de ses préoccupations. Oh maintenant qu'elle était engagée dans cette voie, elle finirait ce qu'elle avait commencé mais, à vrai dire, elle ne le ferait que pour se distraire, lors des longs soirs d'hiver durant lesquels son mari ne se perdrait pas entre ses cuisses. À présent qu'elle avait la certitude infinie de pouvoir retrouver ce qui lui avait un jour appartenu, bien des possibles s'offraient à elle. Elle rit, s'avançant vers l'un des meubles de la salle alors que se consumaient les derniers morceaux de l'habitacle de Ludovika. L'odeur était on ne peut plus désagréable mais, peu importe, elle avait un goût de victoire trop grand pour que la Dame Rouge ne se permette d'esquisser la moindre grimace. Tout ce qu'il lui fallait à présent, c'était un verre de vin rouge pour fêter l'événement.

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Dim 31 Juil 2016, 13:18

D'après ce qu'elle savait, Lapsa avait trouvé refuge auprès de la Reine Blanche. Les Esprits étaient certains de la chose et, à vrai dire, elle n'étonnait pas énormément la Démone. Edwina avait cela de particulièrement agaçant de toujours vouloir tendre la main à ceux qui le la lui demandaient. Devait-on attendre autre chose de la Souveraine ? Elle sourit néanmoins, cette dernière étant de loin l'une des femmes qu'elle appréciait le plus en ce Monde. Elle avait bien des défauts mais sa puissance était grande. La Dame Rouge rêvait secrètement de la voir sombrer, un jour prochain, dans les bras du mal. Elle ferait une alliée de taille, de celles dont elle ne pourrait plus se passer. Mitsuko désirait la pervertir et faire de son corps un objet de convoitise qu'elle pourrait explorer encore et encore, à sa guise. Seulement, l'Ultimage n'était pas de ces femmes qui se donnaient. Elle était... différente. Pourtant, les ténèbres habitaient en elle et la Démone pouvait le sentir. Elle luttait contre cet aspect maléfique de son identité, provenant de ses ancêtres. Pour combien de temps encore pourrait-elle le faire ? Cette question avait une importance capitale car si la Souveraine venait effleurer le statut de Sorcière du doigt, le sort du Monde pourrait bien connaître quelques... déconvenues. Quoi qu'il en soit, concernant Edwina, Mitsuko se devait de faire les choses dans les formes. Après tout, quand bien même l'accord qui les liait avait trouvé ses fondements du temps où Gaïa était Reine, cela ne changeait pas grand chose aux conditions. Elle était celle qui devrait la protéger contre le courroux éventuel de son prétendu Souverain. Bien entendu, la Démone n'avait pas l'intention de se servir de leur arrangement, jamais. Bientôt, le Monarque Démoniaque ne serait plus une menace. L'était-il seulement ? À vrai dire, il ne semblait pas faire attention à elle plus que cela. S'il ne jouait plus, elle non plus. Il n'était intéressant qu'à la condition qu'il sache émoustiller son intérêt. Le problème c'est que le proverbe « loin des yeux, loin du cœur » était particulièrement vrai en ce qui concernait la Dame. Elle sourit, faisant signe à l'un de ses domestiques d'avancer afin de le charger de prendre pour elle un rendez-vous avec la Reine des Magiciens. Elle savait que cette dernière avait subi des pertes il y avait peu. La Nuit Pourpre n'était pas si lointaine et la guerre entre les Divins n'était pas prête de se terminer. Cette entrevue lui ferait du bien. Sortir de cette demeure devenait vital pour elle.

Les jours qui suivirent, elle attendit ce fameux entretien avec impatience. Pour s'occuper, elle commença à élaborer quelques plans pour rendre l'Antre de la Dame un peu plus vivante. Après tout, le territoire était vaste et il y avait matière à s'amuser. Elle commença à façonner elle-même des cartons d'invitation afin de convier à sa petite « réception » quelques individus. Son écriture avait toujours été magnifique. Cela était entièrement dû aux nombreuses leçons de calligraphie qu'elle avait pris dans sa jeunesse. Son éducation stricte l'avait rendue irréprochable sur bien des points. Les valeurs se perdaient de nos jours, malheureusement. La voix de son époux résonna. Il avait toujours le chic pour apparaître au moment où elle s'y attendait le moins. « Moi qui pensais que vous voudriez retrouver votre puissance le plus rapidement possible, voilà que vous passez des heures à écrire sur ces petits bouts de carton pour convier de sinistres individus chez nous. ». « Chez moi. » corrigea-t-elle immédiatement avec un petit sourire narquois. « Certes, chez vous. » concéda-t-il en faisant les quelques pas qui la séparaient d'elle. Sans la toucher, il s'assit en face d'elle pour contempler ce qu'elle était en train de faire. Il prit l'un des parchemins et lut ce qu'il y avait écrit dessus. « Hé bien... Une chasse à l'homme hein ? ». Il rit, imaginant déjà la chose. Le territoire était grand et il y avait de quoi se cacher sans aucune difficulté. Il était certain qu'il resterait bien des proies vivantes après la soirée qu'elle voulait organiser. « J'avais pensé à organiser cela en l'honneur de Sympan. Après tout il faut bien glorifier le Créateur, non ? ». Elle sourit. « À vrai dire, je trouve la configuration raciale actuelle triste à mourir. À croire que la quasi-totalité des maléfiques ont préféré se lier aux Ætheri. Même les Vampires semblent avoir changé de camp. Ce n'est pas encore officiel mais les Esprits murmurent certaines choses à ce propos qui me laissent pantoise. ». « Peut-être parce que personne n'a de certitude concernant l'existence de Sympan et que les maléfiques préfèrent se baser sur du concret plutôt que sur de vains espoirs. Cela dit, ne faites pas votre convertie, je sais très bien que les Dieux ne vous ont jamais inspirée grand chose ; sans doute le fruit de l'époque à laquelle vous grandîtes jadis... ». « Sans toute. » répondit-elle, un brin amusée. « De vous à moi, très cher, j'hésite à organiser cette petite soirée. J'aimerai réellement en théorie mais je crains qu'en pratique, la compagnie de ces êtres répugnants, finalement, m’écœure plus qu'autre chose. Je ne sais si je devrais. ». « Faites comme bon vous plaira. Je ne serai pas là. ». « Je ne vous ai même pas encore dit quand est-ce que je comptais l'organiser. ». Il sourit simplement avant de préciser. « J'aime garder mon anonymat. De plus, comme je vous l'ai dit avant que nous ne scellions notre lien marital, je suis un homme très occupé et opportuniste. Je n'agis que lorsque je peux y trouver mon compte. ». « Trouvez-vous votre compte dans nos ébats ? ». « Plus que vous ne pouvez l'imaginer. ». « J'en suis ravie. ». Généralement, lorsqu'il venait la trouver, ce n'était jamais par hasard. Elle avait beau aimé croire qu'elle lui manquait d'une certaine manière, elle ne se laissait berner bien longtemps par ses beaux rêves. « Comment comptez-vous les tuer ? » demanda-t-il comme s'il s'intéressait soudainement à ses projets. « Les proies ou mes proies ? » rétorqua-t-elle comme si elle n'avait pas compris le sens de la question. Ils jouaient parfois. Ils faisaient semblant, se défiaient pour de faux afin de pimenter leur vie conjugale qui, en réalité, n'avait aucunement besoin de l'être. « Vos proies... Cela me donnera sûrement des idées de comment serrer la mienne. ». [/color]« Hum... Je vois... ». Mitsuko avait continué d'écrire jusqu'ici, répondant à son mari entre deux cartons d'invitation. Elle avait trempé sa plume calmement dans l'encre plusieurs fois et ne semblait pas vouloir cesser son activité pour lui. Néanmoins, après avoir soufflé ces quelques mots, elle finit par poser la plume sur un buvard. « Je pensais élaborer mes plans de telle façon à ce qu'aucune d'elles ne puisse m'échapper. Bien entendu, j'ai décidé d'annihiler mes descendantes les plus proches en premier, une par une, les écrasant avec tact et discrétion, comme des fourmis insignifiantes qu'un enfant s'amuserait à torturer. La prochaine sur la liste est Lapsa et j'envisage d'utiliser sur son corps tous les moyens de torture ayant trouvé un jour une existence sur ces Terres. Faire payer le prix de ma mort à ma fille sera pour moi l'acte le plus jouissif que je n'aurai jamais accompli. ». Elle sourit, mauvaise. « Moi qui pensais que... » commença-t-il avant qu'elle ne place l'un de ses index sur sa bouche. Elle avait cet air affamé mais ce n'était pas la luxure qui brillait au fond de ses yeux. C'était une douce, cruelle et exquise colère qu'elle avait su contenir toutes ces années durant parce que sa fille restait une Taiji. Maintenant qu'elle se fichait que son nom disparaisse dans le néant, maintenant qu'elle savait que ces descendants avaient volé ce qui lui appartenait, elle pouvait enfin faire ressortir de ses entrailles tous les ressentiments qu'elle avait nourri à leur égard. « Une fois que j'en aurai terminé avec ces femmes qui un jour durent porter la gloire de ma famille, je m'attaquerai aux descendants les plus médiocres de Mitsuko Edelwyn Taiji Stark. ». Elle aimait prononcer son nom complet, maudissant celui qui s'était ajouté au sien par mariage. « J'ai, bien sûr, entendu ses menaces mais je pense sincèrement que la débarrasser de quelques déchets ne la dérangera pas réellement. Certains de ses enfants sont condamnés à un Destin peu enviable et si elle avait voulu les relever de leur déchéance, elle l'aurait fait depuis bien longtemps. ». « Vous jouez avec le feu... » dit-il après avoir attrapé son doigt. Il l'enferma au creux de sa main et posa celle-ci sur la table. « Et n'est ce pas plaisant de savoir que l'on pourrait se brûler à chaque instant ? ». Elle semblait comme possédée par son envie de vaincre et, quelque part, il la trouvait belle à cet instant. Il finit par sourire. « Je pense que l'une de vos descendantes les plus proches vous échappera. ». « Vous pensez ? » demanda-t-elle soudain. En vérité, il en était certain, ce qu'elle comprit assez aisément. Elle n'avait pas l'intention de tuer Illithya, pas tout de suite. Elle se demandait donc de qui il parlait. Elle ne le saurait pas pour le moment mais le découvrirait bientôt, sans aucun doute. Même si elle prenait son temps, pour l'instant, les choses allaient bientôt s'accélérer inéluctablement. Une fois qu'elle aurait eu son entretien avec l'Ultimage et que cette dernière lui aurait livré Lapsa, elle se ferait un plaisir d'en finir rapidement avec les autres. L'homme changea de sujet, ne répondant pas à sa question, comme elle l'avait prévu. « Je crains que nous ne pourrions nous revoir avant la fin de votre quête. Une fois que vous aurez tué celles qui précédèrent Edelwyn alors nous nous reverrons. ». « Ce qui signifie, d'après les promesses que vous m'avez faite, que nous nous réunirons ici à la prochaine pleine lune. ». Il rit. « Vous êtes perspicace. Je vais d'ailleurs commencer à me méfier de vous. J'ai l'impression que vos capacités à lire en moi s'améliorent de jour en jour... ». Elle soupira, faussement navrée. « Moi qui pensais que vous vous méfiiez déjà de moi. ». « Si c'était déjà le cas, je me méfierai d'autant plus à l'avenir. ». Il resta silencieux un moment pendant lequel la Dame reprit sa plume. « Et pour Talima ? » questionna-t-il. « Un petit tour au sein d'Utopia devrait mettre fin à ses jours sans trop de difficultés. Il faut simplement que je trouve, d'ici là, le lieu que son corps ombragé hante et un moyen d'atterrir dans la cité des Humains sans risquer ma vie. ». « Vous pourriez simplement convoquer un Humain... » dit-il comme s'il voulait appuyer sur le fait que se rendre à Utopia était dangereux. « Non. Vous savez, très cher, je n'aime pas les Humains. Enfin, disons que... je les crains, tout simplement. Ma haine à leur égard est semblable à celle que Ludwig entretenait pour eux par le passé. Elle se nourrit de ma crainte car je les considère comme des créatures qui, si ce Roi exceptionnel n'avait pas œuvré pour les exterminer, régneraient sur ce Monde à l'heure actuelle. ». « Vous êtes sage. ».

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Dim 31 Juil 2016, 13:19

Mitsuko avait soigneusement choisi sa tenue. Elle avait opté pour une robe simple de couleur verte qui cachait absolument tous ses atouts et qui l'avait métamorphosée en une femme élégante et raffinée. La Démone sulfureuse semblait bien loin et, à dire vrai, elle aimait ce petit changement. Elle n'avait pas à séduire la Reine Blanche, elle n'avait pas non plus à s'exhiber en Caelum. Cette tenue, en réalité, ressemblait bien plus à son état d'esprit général qu'aux jeux auxquels elle adorait succomber pour perdre ses opposants. Cependant, les temps changeaient et, bientôt, elle n'aurait plus besoin de manipuler autrui et de les faire sombrer dans les plaisirs de la chair en sa compagnie pour obtenir d'eux tout ce qui lui ferait plaisir. Elle n'aurait qu'à le demander, d'une voix ferme et autoritaire. Lorsqu'elle entra dans la salle où devait se dérouler l'entretien, Edwina était assise dans un fauteuil des plus confortables et imposants, son jumeau se trouvant de l'autre côté de la petite table sur laquelle du thé avait été servi. Quelques biscuits remplissaient une sorte de bonbonnière ronde et gourmande, en porcelaine. « Hum... » fit simplement la Démone en observant un peu la scène. « Je pensais que vous n'aimiez pas le thé très chère ? ». Le fait que la Souveraine ait également laissé ses seins libres de toute attache l'étonnait grandement. « Elle m'a autorisée à vous mettre dans la confidence en réalité. » dit simplement la Reine en se penchant doucement pour faire couler le thé brûlant dans les deux tasses qui se trouvaient là. « Je lui ai bien entendu rétorqué que cela n'était pas une bonne idée mais... elle m'a répondue que vous le sauriez tôt ou tard. ». Elle marqua une pause. « Le fait que vous me demandiez audience n'a fait qu'arranger mes affaires. J'avais l'intention de vous convoquer, vous qui vous targuez d'être la confidente de sa Majesté. ». La Dame Rouge commençait à comprendre que quelque chose n'allait pas. Bien sûr, elle s'en doutait légèrement avant mais la dernière phrase de son interlocutrice ne faisaient que confirmer ses craintes. « Vous n'êtes pas Edwina. » dit-elle, implacable. « En effet. Vous n'avez cependant pas besoin de savoir qui je suis réellement. Nous pouvons discuter sans cela. Sachez que je ne vous veux aucun mal, quand bien même j'ai quelques difficultés avec l'étrange relation qui semble vous lier, vous et la Souveraine. Je sais que vous n'essaierez jamais d'attenter à sa vie mais je sens aussi que vous aimeriez la voir rejoindre les rangs d'un monde qui n'est pas fait pour elle. ». Elle marqua une pause, attrapant un biscuit. Elle croqua dedans calmement. « Cependant, j'ai à vous parler. Vous devez savoir certaines choses et j'ai besoin de votre aide. ». « Cela tombe bien puisque moi aussi. Ensembles, nous pourrons sans aucun doute trouver un arrangement qui nous contentera l'une comme l'autre. ». Mitsuko aimait discuter avec les femmes et hommes de pouvoir. Ceux qui savaient ce qu'ils voulaient, qui ne tournaient pas autour du pot pendant des siècles, avaient sa préférence. Cette femme, bien qu'elle ignore qui elle était, avait l'air de correspondre en tout et pour tout à ce qu'elle chérissait. « Je vous écoute me conter votre histoire et vos problématiques si cela vous convient. Je vous raconterai ce que je suis venue réclamer ensuite. ». « Parfait. » dit la fausse Souveraine en prenant la hanse de sa tasse de thé. Elle huma le parfum, se demandant par où elle allait commencer. « Je suis au pouvoir depuis déjà quelques lunes. L'Ultimage, troublée par les propos que le Monarque Démoniaque tint à son égard, décida de rester en Enfer, espérant qu'il pense que c'était moi qui était revenue le trouver, comme un piège grossier qu'elle lui aurait tendu. Elle a souhaité que je le tente, moi que le Monde verrait comme la Reine Blanche. D'une manière ou d'une autre. » rajouta-t-elle. « Ce qu'elle m'a dit souhaiter est pourtant... Je ne saurai le dire. Elle a la ferme intention de le faire changer d'avis. Elle m'a confiée vouloir lui faire avouer qu'il ne la désirait pas réellement ou, si c'était le cas, éteindre ce désir à tout prix. Pourtant... ». Elle marqua une pause, visiblement ennuyée. « Pourtant, bien des hommes la désirent et elle n'a jamais soulevé une telle envie subite. » compléta la Dame Rouge sèchement. « En effet, je comprends votre désarroi. ». Elle réfléchissait légèrement. « Mais ne l'a-t-il pas enlevé ? ». Non, bien sûr que non. Cette gourgandine avait dû le suivre bien sagement après qu'il lui ait fait son numéro de mâle puissant et déterminé. Edwina était on ne peut plus idiote. Elle soupira. Les fantasmes de la Reine étaient nombreux et elle en connaissait certains. Il n'était pas à écarter qu'elle ait pu tomber sous le charme d'un Démon mégalomane. « Il lui a dit vouloir la posséder, l'a plaqué au sol et l'a embrassé avec fougue sans même brûler. Sans doute y voit-elle une sorte de signe. Surtout que, comme vous devez le savoir, elle est très attachée à ses dragons et trouve que l'homme en question leur ressemble. ». « Balivernes... » souffla Mitsuko en levant les yeux au ciel. « J'espère sincèrement qu'elle n'est pas assez stupide pour tomber amoureuse de ce... ». Elle ne finit pas sa phrase, ayant bien du mal à envisager pareille chose. « Ce n'est pas tout... » répliqua la fausse Reine comme si ceci n'était déjà pas assez. La Dame Rouge attrapa sa propre tasse de thé, se demandant ce qui pouvait venir noircir encore plus ce tableau déjà bien orageux. Elle le promettait, s'il s'avérait qu'Edwina était réellement sous le charme de cet homme, elle le tuerait s'il le fallait pour le sortir de ses pensées. C'était inconcevable. Il y avait bien des hommes sur ces Terres, il ne pouvait pas ravir son cœur, pas lui et certainement pas de cette manière. « Il se trouve que la Souveraine est enceinte. ». La Démone dut faire un effort surhumain pour ne pas cracher le thé qui avait trouvé place sur sa langue. Écarquillant les yeux, elle resta un moment silencieuse et immobile, comme si la nouvelle ne voulait pas entrer dans son esprit. C'était impossible. La Reine Blanche ne supportait pas d'être effleurée du doigt. Tous ceux qui l'avaient un jour approché avaient dû violer ses lèvres. Elle n'avait jamais fait le premier pas. « Excusez-moi ? » dit-elle sur le ton de l'indignation. Il n'y avait qu'une possibilité : cette femme assise en face d'elle se moquait de sa personne d'une manière qu'elle n'appréciait pas du tout. Pourtant, le sérieux avec lequel elle la fixa alors prouva qu'il n'y avait nulle anguille sous roche. Ce qu'elle lui avançait était une vérité on ne peut plus sérieuse. « Edwina se trouve actuellement en plein déni mais il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer que son ventre commence à devenir de plus en plus rond. Tant qu'elle porte des robes amples et qu'elle se tient debout, rien ne se voit mais dès qu'elle s'assoie... ». « Et à quand remonterait la grossesse ? ». « Difficile à dire. Elle ne veut pas se confier, est convaincue qu'elle a simplement grossi à cause des plats que l'adolescent que je lui ai envoyé pour lui tenir compagnie lui prépare. Pourtant, lui aussi, a essayé de lui parler du problème, sans succès. Elle préfère se convaincre qu'elle a pris du poids et se contente de répéter qu'il est totalement impossible qu'elle soit enceinte. ». « Peut-être a-t-elle raison... ». La fausse Souveraine se mit à rire. « Non. Elle a tous les symptômes d'une grossesse. Vomissements, sautes d'humeur, vertiges... et pour couronner le tout, ses seins sont bien plus lourds qu'auparavant. ». « Ce qui va sans doute encore plus éveiller l'appétit de certains Démons qui doivent avoir envie de la... ». « Exactement. Elle est convaincue qu'elle ne risque rien tant que le Monarque interdit à ces abrutis de la toucher mais tout être un minimum intelligent comprend bien vite que les Démons se bouffent entre eux comme des menthes religieuses. Il suffit que l'un baisse sa garde pour se faire décapiter. Si Zane arrive à les tenir, c'est parce qu'il sait se montrer autoritaire je suppose mais il suffit d'un seul écart et... ». Elle soupira. « Néanmoins, j'imagine que la magie d'Edwina la défendra. Dans quel état ressortira l'Enfer, ça, par contre, je ne peux rien certifier. ». La Démone but de nouveau une gorgée de thé. « Vous avez des suppositions quant au père ? ». Après tout, il était bien beau de déclarer une femme enceinte, encore fallait-il savoir de qui. Dans le cas d'une Reine, c'était tout de même primordial. Si le bébé naissait démoniaque, ce serait un tout autre problème que s'il naissant Magicien. « J'ai bien quelques pistes mais rien de concret. Mes espions n'ont rien trouvé. Pourtant, ils se montrent efficaces généralement. Je ne sais pas quand a eu lieu la conception ni qui en est à l'origine. ». « Quels sont vos pistes ? ». « Hum... Je veux bien vous donner quelques noms mais, bien entendu, ce ne sont que des suppositions plus ou moins tirées par les cheveux... ». Elle marqua une pause puis soupira de nouveau. « Il y a bien sûr le Monarque Démoniaque. Même si elle m'a confié qu'il n'avait fait que l'embrasser, j'ai quelques doutes. Il aurait très bien pu abuser d'elle en l'hypnotisant... ou elle aurait pu être consentante. Il est suffisamment séduisant, je pense, pour arriver à convaincre l'esprit de la Reine. ». « Cette hypothèse me semble peu probable. En réalité, je dois avouer que toute hypothèse n'incluant pas une magie capable de concevoir me paraît non pertinente. Edwina possède un traumatisme ancré en elle depuis des années et aucun homme n'a pu l'approcher réellement. Aucun n'a pu effleurer des parties sensibles de son anatomie sans en payer les conséquences directes de la part de sa magie. Quand bien même elle serait... amoureuse de cet homme, elle n'aurait pas acquiescé si facilement. J'ai moi-même essayé et n'ai pas pu faire ce que je souhaitais. ». « Ça ne m'étonne même pas de vous à vrai dire. » répondit la fausse Reine sur un ton neutre. « J'ai pensé à ce Génie également... Mais pourquoi aurait-il fait cela ? Elle aurait souhaité et l'enfant aurait été un malus ? Pourquoi le cacher dans ce cas ? ». Il y avait également la possibilité des Ombres mais Mitsuko ne préférait pas l'évoquer. Le problème restait entier. « Si je comprends bien, je pourrai vous servir à deux égards : effacer tous les sentiments, s'ils existent, qu'Edwina ressent pour le Monarque et trouver le père de son enfant après lui avoir mis la vérité dans la tête. ». « Exactement. En sachant que je ne suis pas sûre que vous puissiez arriver à quoi que ce soit. ».

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Dim 31 Juil 2016, 13:20

« J'aimerai réellement vous aider mais, en réalité, il me semble des plus risqués de me rendre en Enfer maintenant. À dire vrai, je n'ai pas réellement déclaré une guerre officielle au Monarque Démoniaque actuel mais, même si ça ne saurait tarder, beaucoup se souviennent de ma trahison envers Gaïa. ». La Dame Rouge reposa sa tasse de thé. « Bien entendu, il y a quelque chose qui pourrait me faire changer d'avis. Je recherche ma fille : Mitsuko Lapsa Taiji. Mes espions m'ont avertie qu'elle se trouvait sous la protection de l'Ultimage et je pense que ce serait vous enlever une épine du pied que de me la remettre. ». La fausse Reine resta interdite, attendant des explications qui ne tardèrent guère à arriver. « Cette enfant, puisqu'elle se plaît à prendre l'apparence d'une enfant, est en réalité une Démone. À sa naissance, sa puissance était telle qu'elle me dévora vivante. Bien entendu, vous vous dites sans doute qu'il s'agit là d'une vengeance personnelle que vous n'aimeriez pour rien au monde cautionner. Néanmoins, il faut savoir qu'elle est le monstre qui est restée enfermée dans les abysses des millénaires avant que la Dame de ces mêmes abysses ne la délivre. Avec le retour de Sympan, sa puissance a volé en éclat pour une raison inconnue mais je vous garantis que ce n'est qu'une question de lunes avant qu'elle ne retrouve celle-ci. Une fois que sa force sera revenue, peu pourront encore l'arrêter et je vous promets que vous n'aimeriez pas l'avoir sur vos Terres à ce moment précis. ». La Démone commença à jouer avec l'une de ses mèches de cheveux, attendant un commentaire de son interlocutrice. « Pourquoi maintenant ? » demanda Eorane. « Parce que j'ai appris une nouvelle qui me pousse au meurtre des miens. Je veux regagner ma puissance originelle. Cependant, contrairement à elle, j'ai l'intelligence de savoir qui sont mes ennemis et qui sont mes alliés. Vous savez comme moi, même si vous n'aimez pas mes manières vis à vis d'Edwina, que jamais je ne ferai quoi que ce soit à son encontre. Je suis même toute disposée, comme je vous l'ai laissé entendre, à vous aider concernant le semblant de sentiments qu'elle semble avoir pour Zane et pour découvrir qui est le père. ». Elle sourit. « Seulement, pour ça, j'ai besoin d'être un peu plus puissante. Si je me rends en Enfer, ce sera sous les traits de cet homme. Je dois être convaincante pour ne pas risquer ma vie inutilement. Amenez moi Lapsa et je vous assure que je m'occuperai de soigner Edwina rapidement de ses fantasmes exaspérants, d'une manière forte et efficace. ». « Bien. Je consens à vous livrer votre descendante dès que je l'aurai trouvée. Je vais vous faire la grâce de vous croire sur paroles quant à votre remède à l'efficacité redoutable. Seulement, je ne veux pas qu'elle fasse une fausse couche. Je ne sais pas quels sont vos plans mais j'imagine que vous allez devoir la violenter légèrement. ». « Je ne pourrai rien faire de plus que l'effrayer et ne lui ferai pas l'affront de la pénétrer si c'est ce à quoi vous pensez. Le Malus que lui concéda le Génie à qui elle souhaita jadis est on ne peut plus redoutable, du moins, contre quelqu'un qui ne contrôle pas le feu. Ce n'est pas mon cas malheureusement et je me vois contrainte d'en ressentir les effets néfastes. Comme je ne l'aime pas au sens où le pacte l'entend, je ne pourrai forcer ses lèvres qu'un laps de temps réduit. Pour le reste, si elle se laisse faire, disons que nous serons fixées sur les sentiments qu'elle cultive à l'égard de cet homme. ». « J'espère me tromper à ce sujet. ». « Et j'espère que vous vous trompez tout autant. » conclut-elle.

De nouveau à l'Antre de la Dame, Mitsuko réfléchissait à cette idée de chasse à l'homme qu'elle avait eu quelques jours plus tôt. En réalité, si elle ne l'avait envisagée que comme une distraction peu de temps avant, elle la voyait à présent comme une réelle opportunité. Si elle s'y prenait bien, elle pourrait « inviter » quelques uns des enfants d'Edelwyn. Comme elle l'avait dit à son époux, elle avait l'intention de commencer par éliminer les plus faibles. Cette chasse serait un moyen des plus efficaces de les tuer sans qu'ils ne se doutent de rien et de vérifier si la Déesse l'avait menacée à raison ou non. Elle verrait bien si le courroux de cette dernière s'abattrait sur elle ou non. Néanmoins, si elle avait bien l'intention d'en tuer deux ou trois, elle avait également pour objectif de confier les autres à Pendrake. Elle avait des projets pour cet homme et souhaitait le voir évoluer. Il lui semblait qu'il avait les capacités de devenir un homme particulièrement redoutable et c'était pour ce pressentiment qu'elle avait tenu à le récompenser d'une manière des plus agréables. S'assurer sa fidélité dès leur première rencontre était un calcul stratégique pour l'avenir.

« Cher Pendrake,

J'espère sincèrement que ma langue vous manque affreusement au moment où j'écris ces quelques lignes. J'ai toujours su la placer d'une façon habile sur les parties sensibles de l'anatomie de ceux s'en montrant dignes. J'aimerai recommencer dès que j'en aurai l'occasion. Sachez que, parfois, lorsque je suis seule et que je m'adonne à divers jeux dont je ne saurai vous décrire les vertus, je repense à cette scène qui se déroula entre vous et moi. Mes lèvres s'entrouvrent sous le plaisir que je ressens à m'imaginer vous saisir de nouveau entre ces dernières et je dois bien avouer que le souvenir du combat que vous menâtes alors m'excite un peu plus. Si je vous contacte aujourd'hui c'est pour vous demander une faveur. J'aurai une mission toute particulière pour vous. Bientôt, j'organiserai au cœur même de ma propriété de l'Antre de la Dame une chasse à l'homme. Bien entendu, je ne suis pas sans savoir qu'eut égard au peuple auquel vous appartenez, votre préférence dans la guerre divine va tout naturellement aux Ætheri. Même si ce n'est pas mon cas, j'avoue respecter votre choix et vos valeurs. J'aimerai donc que vous tuiez quelques individus pour moi dont voici la liste. Tous soutiennent Sympan mais, contrairement à d'autres, je vois en cette guerre également le moyen de me venger de ceux qui me causèrent un jour du tort. Je souhaiterai que vous répariez ce tort en enfonçant votre lame dans le cœur de ces derniers. Bien entendu, dès que mes invités auront quitté les lieux, je saurai vous récompenser comme il se doit, une fois encore et pour mon plus grand plaisir. Bien à vous. Mitsuko Aria Taiji. »


La Dame joignit la liste. Bien entendu, elle n'était pas certaine que ces derniers viendraient tous. Elle ferait cependant en sorte de rendre possible ce qu'elle avait prévu. Contrairement à Edelwyn, elle n'était pas femme qui se laissait saisir parfois par l'attrait du hasard. Non, la Dame Rouge provoquait sa chance, elle la pensait, encore et encore, pour l'amener à devenir ce qu'elle souhaitait. Avec un petit sourire aux lèvres, elle confia la missive à l'un de ses domestiques afin qu'elle arrive le plus rapidement possible. Le navire ramenant Lapsa vers elle ne devrait pas tarder. La Dame Rouge avait bien entendu fait venir les Humains qui la servaient d'une manière plus ou moins, bien que plus moins que plus, libre. Elle savait que la Démone avait quelques dons réellement énervants. La fausse Reine Blanche avait dû lui mentir afin de la faire venir sur l'île mais une fois que Lapsa la reconnaîtrait, elle chercherait inévitablement à s'échapper. Elle savait ce qu'elle risquait.

Il fallut attendre plusieurs jours avant que le bateau n'arrive. Un domestique prévint la Dame de l'événement et celle-ci sourit, ayant aménagé une salle entière selon ses goûts pour accueillir comme il se devait celle qu'elle n'avait pas revu depuis trop longtemps. Des instruments de torture avaient été fixés sur les murs, allant du fouet à la barre de fer rouillée. Des machines se trouvaient là également, pour écarteler l'imprudente et lui faire prendre conscience que dévorer sa mère avait été la première et la pire mauvaise idée de sa vie. Elle regretterait tellement... Mitsuko n'avait pas l'intention d'aller vite, bien au contraire. Elle ferait s'étaler sa douleur sur des jours et des jours. S'il y avait bien une Taiji qu'elle avait désiré tuer des centaines de fois, c'était bien Lapsa. Elle s'était retenue, tout ce temps, par valeur familiale mais, à présent... « Hum... Lapsa, quel plaisir de vous voir enfin ! » murmura la Démone en vérifiant la chaleur qu'avait atteint le fer qu'elle avait posé dans les braises de la cheminée. Visiblement ravie de la couleur rougeoyante qui scintillait au bout de celui-ci, elle finit par se retourner pour faire face à celle qui n'avait plus rien d'une enfant maintenant que l'anti-magie avait englouti son déguisement. Elle était hideuse, monstrueuse. Rien en elle n'était élégant, beau ou même mignon. Sa véritable apparence était celle d'une créature faite de ténèbres, ayant eu des parents trop cruels pour que la grâce puisse ne serait-ce que songer à habiter en elle. « Comme vous pouvez le constater, j'ai soigneusement préparé votre arrivée et j'entends passer de longues heures en votre compagnie. Il me semble qu'une mère aussi indigne que moi, qui n'a guère eu l'occasion d'élever sa seule enfant, se doit bien de rattraper le temps perdu un jour. Ce jour est arrivé et je puis vous assurer que vous apprécierez de vous tenir à mes côtés. ». Elle regarda un instant les Humains. « J'espère qu'ils ne vous dérangent pas trop. Ce sont de vieux amis à moi et je trouve qu'il serait dommage de ne pas leur faire profiter de ce moment d'intimité. ». Les domestiques attachèrent la Démone à la première machine qu'elle allait tester pour le plus grand bonheur des pulsions sadiques de la Dame. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas passé du temps à torturer physiquement autrui. Elle abrégeait souvent ses jeux, par manque de temps. Néanmoins, comme il s'agissait de son enfant, sans doute pouvait-elle faire un effort et s'occuper d'elle comme il se devait. De toute façon, tant que les Humains demeureraient présents, les Ombres ne pourraient pas se frayer un chemin jusqu'à l'Âme de Lapsa, chose qui était fort dommage pour elle. Mitsuko allait enfin pouvoir oublier le pire instant de son existence. Jamais plus elle n'aurait cette étrange et désagréable sensation qui lui courrait sur la peau parce qu'elle allait prendre un pied sans nom en faisant découvrir toutes les gammes de l'horreur à la Démone qui était attachée là. Lorsqu'elle en aurait fini avec elle, elle se le promettait, même les Ombres ressentiraient de la peine en découvrant sa dépouille ensanglantée et méconnaissable.

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Dim 31 Juil 2016, 13:20

Mitsuko avait attendu que le Monarque ne soit pas en Enfer pour s'introduire dans l'Antre du Diable. À vrai dire, la puissance que la mort de Lapsa lui avait conférée était suffisante pour qu'elle puisse tenir ce changement d'apparence aussi longtemps qu'elle le voudrait. La Démone avait eu à faire quelques fois à Zane mais elle ne le connaissait pas si bien que cela en définitive. Elle avait beaucoup à apprendre de lui et, en contrepartie, il avait beaucoup à apprendre d'elle. Elle n'avait pas l'intention de faire parler d'elle dans cette opération qu'elle souhaitait discrète. La Dame Rouge était tout à fait crédible dans la peau de l'Empereur de l'Enfer puisqu'elle possédait, à son instar, une prestance digne de ce nom. S'il était vrai qu'il avait su toucher le cœur de l'Ultimage, il redorerait le blason qui commençait à s'effriter à ses yeux du fait de la distance. Néanmoins, il était, dans tous les cas, inadmissibles qu'elle laisse le poison d'un amour voué à s'écraser contre un mur froid et aride, s'écouler dans le cœur de la Magicienne. Elle avait l'intention de la soigner d'une manière ou d'une autre, par la violence de préférence. Le Monarque était un homme physiquement redoutable, sa réputation le précédait et la Reine blanche avait autant de force qu'une brindille. Il ne serait pas difficile de la dominer. La véritable puissance de la Magicienne résidait dans sa magie et c'était surtout cette dernière que la Démone craignait. Une fois en Enfer, elle s'adressa au premier Démon qu'elle trouva pour lui ordonner de débusquer Mitsuko Caeli Taiji. Puisqu'elle était ici, autant tuer cette descendante d'un même temps. Elle n'avait pas réellement de temps à perdre. Le Démon ne lui opposa aucune résistance. Il n'était pas majeur, un sous-fifre parmi tant d'autres. Pourtant, elle le savait, il se donnerait les moyens de trouver celle qu'elle cherchait, simplement parce que désobéir au Roi était une très mauvaise idée, tout comme le fait de le décevoir. Forte d'une mort qui lui avait permis de visiter de nombreux recoins des Terres du Yin et du Yang, elle devait avouer avoir une connaissance de l'Enfer particulièrement complète, ce qui lui serait utile pour cette mission très délicate. Elle s'était rendue dans le lieu à plusieurs reprises pour discuter avec Ludwig sous sa forme d'Esprit. Quoi qu'il en soit, elle n'était pas folle au point de se croire en sécurité. Si son petit tour de passe-passe était découvert, il ne faisait aucun doute que sa vie pourrait se terminer ici. Zane n'était pas là mais il y avait des Démons puissants. Elle pourrait toujours essayer de les corrompre mais ce serait délicat. Néanmoins, depuis qu'elle avait tué Lapsa, elle était également entrée en possession d'une faculté particulièrement recommandée dans les missions périlleuses : la téléportation. C'était pas son biais qu'elle était arrivée ici et c'était également par son biais qu'elle repartirait. En pensant à la mort de sa fille, elle ressentit des frissons de plaisir inexpliqués. Elle avait apprécié la torturer et l'entendre hurler encore et encore, même si un mal de crâne particulièrement agaçant avait fini par avoir raison de sa passion. Elle n'avait plus l'habitude de se montrer aussi cruelle envers le corps d'un individu. Manipuler l'esprit était beaucoup plus silencieux et délicieux en réalité. Chassant ces idées de ses pensées, elle inspira calmement puis se mit à avancer d'un pas impérieux. Il était évident que quelques Démons la verrait mais elle était méconnaissable et se montrer sûre d'elle lui éviterait tout ennui. La vérité importait peu. Elle n'était que subjective et il suffisait d'être convaincant pour dissiper tous les doutes. Dans son rôle, elle se dirigea vers la maison qu'habitait la Souveraine. La fausse Reine lui avait dit qu'Edwina lui avait rapporté que Zane n'était pas revenu la voir depuis qu'elle vivait là. Le problème c'était qu'il y avait sans doute cet autre homme qui lui servait de cuisinier et de compagnon pour tuer l'ennui. « Hum... » grogna-t-elle plus qu'autre chose. Elle attendit un peu, essayant de deviner s'il était présent ou non. D'après les dires de l'Archimage Eorane, il s'absentait de temps en temps car il avait quelques obligations extérieures. La maison semblait on ne peut plus calme. Elle espérait que l'Ingénue soit là.

L'Ultimage était en train de coudre lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir. Depuis qu'elle était ici, elle pouvait de nouveau s'adonner à sa passion sans subir la moindre pression de la part de ses conseillers. Certes, le quartier était on ne peut plus dangereux mais laisser Eorane régner à sa place était on ne peut plus reposant également. Bien entendu, l'Archimage ne cessait de lui rapporter tout ce qu'il se passait en son Royaume et elle lui disait ce qu'elle souhaitait qu'elle fasse. Néanmoins, les regards de son conseil restreint en moins, elle se sentait revivre. L'ironie du sort voulait que cette libération se passe en Enfer où elle était comme enfermée. Elle ne pouvait pas aller partout sous peine de rencontrer quelques soucis. Les Démons étaient des êtres particulièrement énigmatiques pour elle et les deux seuls qu'elle connaissait un tant soit peu avaient le pouvoir de lui faire ressentir des frissons non négligeables. Pourtant... elle devait avouer qu'elle aimait ça. Laissant son ouvrage en plantant l'aiguille qu'elle tenait dans ce dernier, elle se leva avec la ferme intention d'aller voir qui était là mais la silhouette de Zane dans l'embrasure de la porte ne lui laissa pas le temps d'exécuter le moindre pas. Elle s'immobilisa, posant ses yeux sur lui comme s'il s'agissait d'un mirage. Il n'était jamais venu depuis qu'elle était là. Elle s'était convaincue qu'il s'était fait à l'idée qu'elle n'était autre qu'Eorane. « Que... que voulez-vous ? » questionna-t-elle alors, ne sachant pas comment elle devait réagir à cette intrusion. « Je m'ennuyais alors j'ai décidé de venir vous voir. ». Mitsuko n'avait pas l'intention de s'étendre en des phrases et des phrases. Zane pouvait se montrer éloquent et elle imaginait qu'il était très loin d'être un rustre sans cervelle mais elle venait ici pour aller droit au but. Il lui faudrait du sang froid, beaucoup de sang froid. « Je... Je ne comprends pas. Je suis ici depuis longtemps et vous n'avez jamais fait le déplacement alors... Je pensais que vous m'aviez... ». « Oubliée ? ». Un rictus apparut sur le visage de l'homme et il promena son regard sur ses formes, cachées derrière une robe trop ample pour que ces dernières soient magnifiées. Il sourit, d'un air doucereux qui ne présageait rien de bon. Il s'approcha, près, très près, l'une de ses mains venant faire basculer une chaise qui avait eu la mauvaise idée de se trouver sur son passage. « Je pensais que vous vous acclimateriez un peu plus... » . Il parlait de ses vêtements. « Je euh... » fit-elle, ayant viré au rouge pivoine depuis que la distance entre eux avait été réduite. Eorane avait expliqué plusieurs détails à la Démone, détails qui l'aideraient considérablement à rendre son jeu crédible. « Peu importe. » fit-il d'une voix ferme. « Vous me manquiez, d'une certaine manière. » . « Que... ». « Vous m'avez entendu. ». Il fit un autre pas, la forçant à reculer contre le premier mur venu. Sa silhouette était bien plus imposante que celle d'Edwina. Il était plus grand et plus large. Pourtant, la Reine possédait ce charme manifeste qui n'avait jamais laissé l'actrice indifférente. Son innocence était amusante, tout comme la couleur de ses joues. L'homme finit par se pencher pour cueillir ses lèvres quelques secondes. Elle savait qu'elle ne pouvait rester longtemps ainsi. Le tout était de savoir doser, de s'écarter plusieurs fois avant que le charme n'agisse. Prise de panique, la Reine voulut lui échapper mais il ne la laissa pas faire, lui attrapant les poignets d'un geste ferme. « Tu tu tu. » fit-il d'un air amusé avant de lui murmurer à l'oreille. « Je sais que vous en mourrez d'envie. ». Elle lâcha cependant son emprise, ayant soudain une idée pour savoir si ce qu'elle pensait était véridique. « Je ne veux pas vous forcer. Je vais aller m'allonger sur votre lit. Je resterai immobile et vous viendrez si vous voulez. ». L'homme disparut dans l'embrasure de la porte, montant à l'étage. Là, la Démone se débarrassa de la chemise qu'elle avait trouvé pour habiller le Monarque et ôta ses chaussures et son pantalon. Comme elle le lui avait murmuré, elle s'allongea sur son lit, attendant que la Magicienne vienne. Si elle ne venait pas, elle serait rassurée et s'en irait sans faire d'histoires. Si elle venait, elle devrait calmer ses ardeurs.

Après plusieurs longues minutes, l'une des mains de la Magicienne apparut sur le bois de la porte. Les lèvres pincés, la Démone vit tout de suite à sa tête qu'elle avait pesé le pour et le contre des milliards de fois avant de la rejoindre. Cependant, quand les yeux de la Reine se posèrent sur le corps de l'homme, allongé là, presque nu, elle disparut de nouveau derrière le battant. Mitsuko ne pouvait s'empêcher de penser que c'était bien, qu'elle ne devait pas revenir mais elle fut bien forcée de constater qu'Edwina ne répondit nullement à ses attentes. Revenant, elle hésita de nouveau avant de faire quelques pas, aussi rouge qu'une tomate bien mûre. « Je euh... Je ne sais pas quoi faire... ». « Commencez par vous asseoir. » fit-il en tapotant le matelas avec l'une de ses mains. Elle s'exécuta, tremblant légèrement. Elle devait penser qu'elle avait totalement perdu la tête. La Démone devait prendre sur elle pour paraître agréable. À ce moment précis, elle était en train de se demander comment cette femme pouvait-elle être aussi sotte au point de croire qu'un Démon pourrait lui vouloir du bien et se montrer patient pour lui apprendre les choses de la vie. « Touchez-moi. » fit-il en fixant le plafond pour éviter de la déstabiliser. Plus ça irait vite, mieux ce serait. « Je euh... ». Elle ne semblait pas décidée, bégayant plus qu'elle ne l'aurait cru, les yeux légèrement brillants. « J'ai dit que je ne bougerai pas. Faites ce que vous voulez, comme vous voulez. ». Elle avait encore du temps avant que le Démon n'arrive. Elle espérait qu'il trouverait Caeli avant la fin du délai qu'elle lui avait donné pour se pointer à la porte de la maison avec la femme dont il était question, sinon elle n'aurait aucune raison de s'arrêter dans la torture qu'elle allait lui infliger. L'objectif était de la dégoûter jusqu'à la fin de la vie de cet homme qu'elle verrait comme répugnant et horrible, pas de la faire physiquement souffrir. Elle le pouvait mais elle ne le désirait pas. « Si vous voulez reculer, vous pouvez toujours partir. ». « Je euh... Je suis troublée depuis que... enfin, vous savez, vous n'avez pas brûlé et normalement cela signifie que... ». « Je sais ce que ça signifie et je n'ai pas démenti que je sache. » fit-il d'une voix un peu rude, comme s'il détestait avouer ce genre de choses.

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Dim 31 Juil 2016, 13:21

« Je... ». Mitsuko était agacée. Le vocabulaire de la Reine Blanche lorsqu'elle était en face d'un homme un tantinet entreprenant – où en face d'elle lorsqu'elle décidait de l'embêter – était très limité. Elle aurait sans doute trouvé la chose adorable en réalité, et elle était la première à désirer la faire bégayer en temps normal, si ce n'était pas Zane qu'elle incarnait à cet instant. « Nous n'avons pas besoin d'en discuter. Certaines choses ne sont pas faites pour être dites. ». Pourtant, elle voulait en être certaine. Elle voulait qu'elle le dise. « Oui je... Vous avez raison. » concéda-t-elle. Le Monarque Démoniaque bougea légèrement pour s'étirer, ce qui eut pour effet de raidir le corps de la Souveraine. Il arrêta le mouvement et expira avant de sourire. « Vous ne me faites pas confiance. ». « C'est vous qui avez dit que... ». « Chut. ». Il marqua une pause puis amena une nouvelle règle au petit jeu auquel ils jouaient. « Je vais fermer les yeux, d'accord ? ». « Non mais je ne veux pas que... ». « Touchez-moi si vous le voulez. Sinon, vous êtes libre de faire ce que bon vous semble : de vous allonger à côté de moi, de redescendre... ». Ses paupières s'abaissèrent et la jeune femme se retrouva la seule à voir dans la pièce. Elle mordit sa lèvre inférieure, attrapant l'une de ses mèches de cheveux, hésitante. Sa main libre s'avança et elle fit un petit mouvement au dessus du visage de Zane en pinçant ses lèvres comme pour vérifier qu'il ne voyait rien. Quand elle s'aperçut qu'il ne faisait aucun mouvement, elle se sentit soulagée. Inspirant doucement, elle expira sur le même rythme avant que ses yeux ne le regardent un peu plus. Elle bougea l'une de ses épaules dans une sorte de réflexe montrant qu'elle était mal à l'aise. C'était étrange. Couché là, les yeux fermés, il ne semblait plus si maléfique que ça. Il était juste... « Je... ». Sa voix se perdit dans le silence et elle fit glisser son regard sur son corps. Ses muscles étaient dessinés avec une perfection quasi divine. Elle n'était pas tellement femme à être attirée par un physique attrayant. C'était autre chose normalement. Elle préférait éviter de se poser des questions sur ses goûts mais, là, elle ne pouvait faire autrement que de l'admirer, lui qui ne pouvait pas voir ce qu'elle faisait. Elle avait l'impression d'être en train de faire une bêtise mais que personne ne serait là pour venir la punir. Elle pouvait observer ce qu'elle voulait ; tout ce qu'elle voulait. Les hommes avaient toujours été un grand mystère pour elle. Elle en avait une peur bleue et elle ne savait pas d'où cette dernière venait. Elle n'était pas à l'aise avec la proximité non plus mais, il le lui avait dit, non ? Il ne ferait rien. Elle pouvait faire, elle, en revanche, ce qu'elle désirait... non ? Hésitante, elle avança sa main, tremblant légèrement. Edwina posa l'un de ses doigts sur son pectoral gauche, l'enlevant tout de suite après comme si une guêpe venait de la piquer. « Oh je... ». Venant placer ses doigts sur ses lèvres, sa détresse se lisait sur son visage. Il ne bougeait toujours pas. Elle entrouvrit les lèvres, sentant son cœur battre la chamade dans sa poitrine.

Après un temps qui parut une éternité pour la Démone, qui se demandait ce qu'il pouvait bien y avoir de si horrible dans le fait de toucher quelqu'un, cette dernière sentit la paume entière de la Magicienne se poser sur le corps musclé de Zane. Elle se balada, comme souhaitant sculpter de nouveau sa masse musculaire. « Je... J'ignorai que vous aviez un tatouage... Je... ». Comme il ne bougeait toujours pas, elle se pencha un peu sur lui pour admirer le travail de l'artiste. C'était étrange, plus elle se rapprochait et plus elle avait envie de le toucher. Ses doigts effleurèrent délicatement l'encre prisonnière de sa peau jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive qu'il descendait bien trop pour elle. Ses yeux remontèrent lentement, passant sur le creux de sa gorge, parcourant son cou puis s'arrêtant sur ses lèvres. Mitsuko attendait calmement, se prêtant au jeu avec un certain délice malgré son agacement persistant. Lorsque les lèvres de la Reine vinrent se poser sur les siennes, elle ne put s'empêcher d'ouvrir les yeux, rencontrant ceux, bleus, de la Magicienne qui s'était légèrement écartée. Lentement, la main de Zane vint se perdre dans les cheveux de la Souveraine, sans la brusquer le moins du monde. « Montez sur moi. » dit-il simplement. « ... ». « Est-ce que je vous ai fait mal jusqu'ici ? Est-ce que quelque chose de néfaste s'est produit ? Non. Alors faites moi confiance. Grimpez sur moi. ». Elle s'exécuta après quelques longues secondes, manquant tomber plusieurs fois sur lui à cause de sa robe. Les cuisses autour de son ventre elle fut à de nombreuses reprises sur le point de fuir mais n'en fit rien. Elle se contentait simplement de ne pas le regarder, chose qui ne fut plus possible lorsqu'il força un peu sur l'emprise qu'il avait derrière sa tête. La collant à lui, il vint chercher ses lèvres de nouveau, doux comme un agneau. Il se décolla d'elle. « Faites moi confiance... » répéta-t-il avant de continuer son entreprise, venant caresser sa langue avec la sienne. La Dame Rouge ne pouvait pas le croire. Elle se laissait faire. Le principal inconvénient était qu'elle ne pouvait pas jouer avec ses lèvres comme elle le souhaitait. À chaque fois qu'elle s'attardait un peu, elle sentait cette chaleur désagréable au sein de son être. Elle se fit donc un peu plus rude, attaquant dangereusement le cou de la Magicienne qui avait étrangement trouvé le moyen d'utiliser ses mains, les plaçant dans les cheveux de l'homme. Celles du Monarque se frayèrent un chemin jusqu'aux cuisses d'Edwina, passant sous sa robe pour venir les caresser puis les saisir. Elle sembla soudain plus réticente. « Non je... ». Le regard de Zane se fit perçant. « Comment ça non ? » dit-il sans une once de bonté dans la voix. D'un mouvement, il pivota, l'emprisonnant sous son corps imposant, l'écrasant. « Vous pensez pouvoir me dire non maintenant ? ». « Mais vous avez... ». « Oubliez ce que j'ai dit. Je veux que vous avouiez... Murmurez le moi et j'arrêterai de vous torturer. Je veux savoir ce que je peux attendre de votre part ou non. ». Il se montra de nouveau plus doux, ses lèvres frôlant les siennes. « Vous me causez tellement de maux... Quand je ne suis pas avec vous, je sens le mal m'envahir un peu plus. Je vous veux, je souhaite vous tuer, vous entendre crier de douleur. Vous me manquez et je déteste ça. Mais quand je suis avec vous... j'ai envie de goûter vos lèvres et de vous rendre heureuse en sachant très bien que jamais je ne pourrai y arriver. ». Il descendit sa bouche dans son cou, le baisant lentement, usant de sa langue d'une main de maître pour provoquer chez elle de longs frissons de plaisir. N'y avait-il rien de plus grisant qu'un mélange subtil de désir, de plaisir, de peur et de douleur ? Il remonta. « Je pensais pouvoir accepter un silence de votre part mais je ne peux pas. Murmurez moi ce que vous ressentez... ». Il plaça son oreille juste à côté de ses lèvres. Au début, rien ne vint mais elle commença à parler, les yeux grands ouverts, fixant le plafond. Ce fut long et, au fur et à mesure de ses explications hasardeuses et hésitantes, la rage de la Démone gronda en elle.

Une fois qu'elle eut fini, le rire de Zane retentit, malsain, mesquin, hautain. « Vous êtes plus idiote que tout ce que j'aurai pu imaginer. ». Sa voix avait claqué dans l'air tel un coup de fouet brûlant. Ses yeux à présent dans les siens, il se redressa un peu pour se laisser l'espace adéquat pour lui arracher le haut de sa robe d'un geste brusque. Le tissu n'était pas très résistant, extrêmement léger malgré les nombreuses couches. Edwina hurla. « Oh non, taisez-vous, vous avez dit assez de c*nn*ries pour aujourd'hui. ». D'un mouvement ample et expert, il détacha les bandages qui lui servait à serrer ses seins. Elle essayait de se débattre mais n'arrivait à rien, éconduite et surprise. Quand il vit enfin ce qu'il voulait admirer, il vint mordre le bout d'un de ses seins, la faisant gémir de douleur. « Laiss... ». Il sourit, lui enfonçant deux doigts dans la bouche pour qu'elle se taise. Remontant ses lèvres, il se mit à mordiller son cou, suçant parfois sa peau pour lui laisser les marques d'une honte qu'elle porterait pendant plusieurs jours. Il se faisait de plus en plus violent, son bassin creusant un peu plus l'écart qui les séparait. Oh bien sûr, Mitsuko avait pris soin de garder ce seul sous-vêtement qui faisait barrage à une ignominie qu'elle n'était pas prête à réaliser. Pourtant, elle voulait lui faire peur, elle voulait la blesser pour lui sortir ces idées folles de la tête. Sa main s'abaissa sur son cou, l'étranglant pendant que ses lèvres violaient à nouveau les siennes. Elle essaya de le mordre mais il fut plus efficace. Elle se débattait mais elle n'avait pas de force, pauvre petite chose fragile entre les griffes d'une vilaine Démone qui voulait lui donner la leçon de sa vie. Les doigts mouillés, elle vint soulever le tissu de la robe de la Magicienne, arrivant sans peine à son sous-vêtement duquel elle fit vite de l'histoire ancienne, écartant ce dernier avec un doigté irréprochable. « Vous allez aimer ça, je vous le garantis. » murmura-t-elle avec une haine palpable avant d'enfoncer ses doigts entre ses cuisses brutalement. « Ah ! » Edwina avait l'impression de suffoquer. La douleur était atroce. Le Monarque retira ce qui lui appartenait avant de refaire le même geste plusieurs fois d'affilé, sa mine sombre fixant la Magicienne en train de pleurer, le visage tordu d'une souffrance aussi bien physique que psychologique. Bien entendu, elle n'entendit pas la porte s'ouvrir au rez-de-chaussé mais Mitsuko oui. Elle se redressa et baissa vivement son caleçon avant d'attraper la Reine par les cheveux pour amener son visage juste à côté de ce qui était dressé vers elle, impitoyable et imposant. Elle s'étonnait qu'elle n'ait rien tenté, que sa magie n'ait pas agit, mais vu les circonstances et ses aveux, sans doute était-ce normal. Quand le Démon frappa à la porte, Zane relâcha son emprise sur Edwina, l'envoyant paître vers la tête de lit sur laquelle elle s'écrasa violemment. Il se redressa, replaçant son sous-vêtement sans un regard pour la Magicienne. En réalité, ça brisait le cœur de Mitsuko de faire ce genre de choses mais c'était un mal nécessaire. La Reine Blanche était la seule femme en ce Monde qu'elle désirait protéger et elle le ferait, qu'importe le prix. Enfilant son pantalon, il finit par ouvrir, satisfait de voir Caeli en compagnie du sous-fifre. « Vous pouvez partir. » dit-il d'un ton sec. Le Démon jeta un coup d’œil à l'intérieur de la chambre juste avant son départ, croisant le regard de la Reine recroquevillée sur elle-même. Caeli s'avança dans la pièce, ne sachant que penser de tout ceci. À dire vrai, elle n'eut pas à le faire, une barre de lit venant se loger en plein dans son cœur, une autre dans sa gorge que cette dernière traversa. Le sang giclait pas vagues et, bientôt, s'étalerait sur le sol. « Vous nettoierez. » fit-il en sortant.

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Dim 31 Juil 2016, 13:22

Mitsuko se trouvait sur la balcon de sa propriété de l'Antre de la Dame. Le voile léger et blanc qui servait de rideau ondulait avec la brise fraîche du soir. Elle tapotait la balustrade de ses doigts, visiblement de mauvaise humeur. Elle se sentait on ne peut plus triste, du moins, autant qu'elle pouvait l'être, d'avoir dû en arriver à de telles extrémités avec l'Ultimage. Les yeux perdus dans le lointain, elle espérait qu'elle quitterait l'Enfer bientôt. Peut-être même était-elle déjà partie ou songeait-elle à fuir avec véhémence. La Démone n'avait aucun problème de manière générale à violer le corps des femmes qui se mettaient en travers de son chemin mais Edwina ne l'était pas. Elle ne l'avait jamais été. Cependant, ce qu'elle lui avait avoué dépassait l'entendement et elle ne pouvait pas la laisser se faire éconduire de la sorte. Elle-même appartenait au peuple maléfique, elle savait. L'Archimage Eorane, dans sa théorie, avait eu raison à bien des égards mais l'un était le plus véridique, le plus inébranlable : les Démons n'aimaient pas, ou d'un amour malsain qui faisait forcément souffrir atrocement celui qui croirait en l'illusion d'un attachement sincère. Il existait des alternatives, bien entendu, des éléments qui faisaient que l'être maléfique pourrait, peut-être, effleuré du doigt ce sentiment si naturel pour les bénéfiques mais elle ne voulait pas l'envisager, pour la bonne et simple raison qu'elle avait la certitude que rien dans le cœur du Monarque n'était attaché à sa « captive ». S'il ne venait pas la voir, c'est qu'il n'avait cure de son existence. Elle avait remarqué à plusieurs reprises l'entrain qu'il avait pour éconduire les femmes, de la même manière qu'elle le faisait avec les hommes. Néanmoins, ce qu'elle faisait, elle le faisait dans un objectif bien précis, pas pour s'amuser. Elle soupira, ô combien frustrée par ses actes. C'est lui qu'elle aurait dû torturer, pas elle. Seulement, elle n'avait en aucune manière l'intention de l'ériger en martyr dans l'esprit de la Belle. Ce qu'elle souhaitait, c'était l'ériger en véritable Bête, en un monstre dont elle ne pourrait plus supporter la simple présence. Aussi, elle finit par rentrer à l'intérieur, laissant l'air frais de la nuit pour celui plus chaud de la salle dans laquelle Enya était attachée. Elle n'aimait pas non plus avoir à tuer une Déchue, le Dædalus étant particulièrement tatillon à ce sujet. Cependant, celle-ci était comme toutes les Taiji. Elle avait échappé à la Mort sans aucune raison apparente. Si Mitsuko avait connu la moindre résistance pour tuer les précédentes, peut-être se serait-elle dit que les Ætheri les protégeaient mais ce n'était pas le cas. Elle avait surtout l'impression que si ces dernières étaient revenues dans le Monde des Vivants, c'était uniquement pour lui rendre ce qui lui appartenait. À vrai dire, la Démone n'avait pas l'intention de prendre son temps avec Enya. Même si cette dernière avait placé quelques mots au dessus des autres d'une manière bien insupportable lorsqu'elle l'avait bannie du Manoir Taiji, elle avait toujours su se montrer particulièrement raisonnable avec elle pour une orgueilleuse. La Dame s'assit, jouant doucement avec le verre qui se trouvait là. « J'espère que mes calculs s'avéreront exacts. » commença-t-elle. En réalité, elle était restée sur ses pensées précédentes. La mort d'Enya, quand bien même cette dernière était-elle de sa famille, ne lui importait pas autant que les violences perpétrées sur la Reine Blanche. « Il est certain que le Monarque Démoniaque finira par le savoir. Il sera cependant délicat pour lui de deviner que l'action vient de moi. J'ai été prudente et laisser une Taiji morte au beau milieu de la chambre ne devrait que lui faire envisager l'hypothèse que je suis à l'origine de ceci. Néanmoins, pourquoi tuer mes descendantes se demandera-t-il, en homme logique et pragmatique ? Il n'y aura aucune raison valable et le passé sera de mon côté. Je n'ai jamais tué aucun des membres de ma famille, jamais. ». Enya ne pouvait pas parler. En réalité, la Dame Rouge trouvait que deux orgueilleux dans une même pièce était un véritable supplice et elle ne souhaitait pas se faire subir la chose puisque, elle, contrairement à la Déchue, pouvait répondre de ses prétentions. Le soucis, avec ceux qui étaient plongés dans ce péché, c'est qu'ils ne se rendaient pas compte des énormités qu'ils proféraient parfois et ne reculaient devant rien quand il s'agissait de prouver leur supériorité. Mitsuko n'avait, de ce fait, pas envie de se battre inutilement contre cette descendante qui ne manquerait pas, au mieux, de l'amuser, au pire, de l'agacer profondément. Vu son état général, elle penchait plutôt pour le dernier cas. « Et puis, pour quelle raison aurai-je fait cela, se demandera-t-il ? Même si mes rapports avec l'Ultimage ne sont pas connus de tous, il découvrira bien vite en grattant la face cachée qu'elle et moi avons toujours été proches. Pourquoi prendre son apparence pour violer à moitié une femme que j'apprécierai un tant soit peu ? Déclencher une guerre ? Je suis certaine qu'elle n'y pense même pas à l'heure qu'il est. Peut-être cherchera-t-il quelqu'un de légèrement idiot, ne pouvant comprendre les tenants et les aboutissants de quelque chose qui le dépasse totalement... de quelque chose qui n'aurait jamais dû être. Peut-être même n'en aura-t-il cure, pensant qu'un Démon mégalomane aurait voulu profiter de la situation. Il y a tellement de possibilités et la seule chose qui relie cette scène à ma personne est le cadavre. Sans doute ne le verra-t-il jamais, trop occupé à jouer son rôle de Monarque. ». Sa mine était songeuse. Elle se fichait bien de ce que Zane pensait en réalité. Il ne lui importait pas autant que l'Ultimage. Les deux êtres démoniaques n'avaient eu de cesse, depuis leur première rencontre, de se défier. Elle ne se battait pas pour son amitié, elle se battait pour le voir plus bas que terre. Le fait est que cette configuration était des plus fragiles car, à l'instant même où il admettrait la supériorité de la Dame, il n'y aurait plus aucun intérêt au jeu auquel elle s'adonnait. Quoi qu'il en soit, elle savait qu'elle n'était en aucun cas destinée à rester son opposante. Ce n'était qu'une étape comme une autre. Cependant, l'amitié d'Edwina lui tenait à cœur. Elle était convaincue que la Magicienne, jamais, voudrait croire qu'elle était à l'origine de ceci, quand bien même des preuves irréfutables lui étaient données. Et si les choses tournaient mal, elle lui expliquerait. La Dame Rouge pouvait manipuler l'esprit des individus d'une main de maître, souffler à ces derniers des paroles réconfortantes qui les entouraient d'une douce illusion. Néanmoins, que Zane trouve qui était derrière tout ceci ou qu'Edwina le découvre de son côté, elle n'avait pas l'intention de mentir, ni à l'un, ni à l'autre. Elle se contenterait d'avancer la vérité. La vérité était qu'elle préférait elle-même faire souffrir la Reine afin qu'elle ne souffre pas plus à l'avenir. Elle n'aurait pu laisser l'occasion au Monarque Démoniaque de piétiner celle qui lui tenait le plus à cœur. « Quoi qu'il en soit, je suis prête à payer les conséquences de mes actes. » conclut-elle, sortant de sa longue léthargie. Enya ne comprenait rien mais, dans tous les cas, elle savait qu'elle ne ressortirait pas de cette pièce vivante. Vu tous les instruments de torture qui trônaient dans cette dernière, l'effroi lui glaçait le sang. Captant enfin les regards horrifiés que la Déchue lançait un peu partout, la Dame Rouge la rassura. « Tout ceci était pour Lapsa. Je n'ai pas de temps à perdre avec vous en réalité. Soyez heureuse. ». Elle fit un mouvement sec de la main, envoyant la lame d'une épée trancher le cou de l'Ange Noire. La puissance vint de nouveau un peu plus hanter son être. Si ses théories étaient véridiques, elle récupérerait plus de magie à tuer ses descendants naturels que ceux qui avaient été façonnés par Edelwyn. Elle avait cette impression étrange que chaque génération possédait la même quantité de magie et, bien qu'elle n'en sache rien, elle supposait qu'en cas de frères et sœurs alors l'énergie serait divisée. Peut-être. Il serait toujours temps de s'en préoccuper le moment venu.

Mitsuko commençait à comprendre ce que son mari avait voulu lui signaler lorsqu'il lui avait avancée que l'une de ses descendante lui échapperait sans doute. La Dame Rouge avait fait de nombreuses recherches, avait envoyé plus d'un domestiques sur cette mission, il n'empêchait qu'aucune trace de Mituko Elyzabeth Taiji n'avait été trouvée à ce jour. Les Esprits ne savaient rien d'elle et cela n'étonnait pas la Démone. Elle devait se trouver dans les contes, un Monde qui, à l'instar des rêves, n'était habité d'aucun Mort. Cette fâcheuse manie de cette descendante qui n'avait strictement rien fait de concret dans le Monde réel agaçait profondément la Dame qui savait déjà qu'elle n'irait pas la chercher mais attendrait bien sagement qu'elle sorte du livre où elle avait décidé d'élire domicile. La débusquer dans un conte était aussi probable que de trouver l'Au Delà en étant en vie.

Irae était en train de contempler son reflet dans le miroir lorsque la Dame Rouge arriva chez elle. « Quel glorieux Destin voyez-vous en vous contemplant ma chère ? » demanda la sulfureuse d'une voix amusée. L'autre sourit à son tour. « Le Destin me concernant me semble troublé. C'est comme si une entité bien supérieure à moi avait l'intention de profiter de ma faiblesse pour m'éliminer. Je ne saurai pourtant dire qui... » avança-t-elle avec un certain sarcasme dans la voix. « Vous avez toujours été douée de clairvoyance à ce sujet. Et... que voyez-vous en me regardant ? ». Irae se tourna vers la Démone, son petit sourire amusé ayant totalement disparu. « Je ne vous ferai pas le plaisir de vous le dire. L'avenir répondra seul à votre question. ». « Je n'attendais aucune réponse. Je préfère avoir la surprise. ». Elle rit brièvement. Cette conversation était étrange car si l'une semblait emplie de ressentiments, l'autre semblait, au contraire, tenir une conversation tout à fait banale sur la pluie et le beau temps avec quelques notes de courtoisie dans la voix. « Ne vous inquiétez pas, les autres n'ont pas souffert, à l'exception de Lapsa. Vous ne souffrirez pas non plus. Vous avez déjà affronté la mort une fois, celle-ci sera plus douce. Vous ne sentirez rien... ». Ses yeux dans les siens, elle usa d'un talent qui appartenait jadis à Enya, hypnotisant sa victime avant de lui enfoncer sa canne-épée dans le cœur. De nouveau, elle sentit cette sensation si douce l'envahir alors que les Ombres venaient chercher la Taiji pour la seconde fois de son existence. Le Royaume des Abîmes devait ne rien comprendre à ce qui touchait de près ou de loin l'existence de ces femmes. Pourtant, elles n'étaient pas les seules à avoir échappé à la mort, d'autres étaient dans ce cas. Sur toute une lignée, c'était néanmoins beaucoup plus rare. Les Syrkell avaient connu ce privilège également.

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Dim 31 Juil 2016, 13:39

La Dame Rouge, en y réfléchissant, avait décidé qu'il serait nettement plus sage de ne pas se rendre à Utopia pour en finir avec Talima. L'Ombre était bloquée près des Cascades Cristallines et, de toute façon, était si faible que quelques Humains seraient largement suffisants pour la faire disparaître à jamais. L'opposante de Ludwig connaîtrait une fin médiocre mais peu importait à la Démone. Jouant avec l'une des pièces d'un jeu d'échec de bonne taille et confectionné par les plus grands maîtres de l'ébénisterie, elle menait une partie contre elle-même, obligeant son esprit à changer de point de vue, comme si elle avait été deux stratèges totalement différents. L'exercice l'aidait à envisager toutes les possibilités en se mettant dans la peau d'autrui. Les peuples de ces Terres étaient tous différents, les us et coutumes variaient et un Démon ne réagissait certainement pas à un événement de la même façon qu'un Réprouvé. « L'opération sera des plus simples. Il vous suffira de l'entourer progressivement. Elle ne vous résistera pas. Quand bien même elle ne semblera pas présente, cela ne voudra pas dire qu'elle est absente. Vous devrez donc aller jusqu'au bout du processus, quoi qu'il arrive, même si l'endroit vous semble trop calme pour abriter une âme. ». En réalité, Mitsuko n'avait nullement l'intention de révéler le secret du Cycle de la Vie et de la Mort à des êtres qui n'étaient en aucun cas au courant de ce dernier. Elle respectait les mystères, d'autant plus lorsqu'elle avait, elle-même, mis un temps non négligeable à les trouver. Quoi qu'il en soit, il y avait des choses qu'elle respectait en ce Monde et celle-ci en faisait partie. « Une fois que vous aurez fait ce que j'ai demandé, vous serez libres de partir. Cependant, même si je ne serai pas présente, je le saurai s'il vous prenait l'envie soudaine de me trahir... ». Elle les fixa d'un regard sévère. « Je ne vous ai jamais maltraité jusqu'ici, même si j'avoue avoir décidé de votre servitude pour vous. Les Démons haïssent profondément les Humains mais j'ai tendance à être prudente. Je ne peux guère me permettre de remettre en doute ce qui fait votre force. Cela dit, que je possède une grande magie ou non, que vous réussissiez à me l'ôter ou non, sachez que je trouverai toujours le moyen de me venger si vous ne m'obéissez pas une dernière fois. Utopia est une grande cité mais les Démons sont bien plus nombreux que les Hommes. Il suffirait que ces derniers fassent le déplacement, ensembles, pour que l'anti-magie présente au sein de la ville ne suffise plus protéger cette dernière. Aucun Monarque n'y a songé depuis qu'elle a été érigée mais il me suffirait de quelques mots pour partager mon idée avec quelqu'un qui saura faire disparaître celle que vous chérissez tant. ». Elle marqua une pause. « Je dois avouer être  une Démone quelque peu particulière. Sans doute est-ce dû au fait que je ne suis pas née ainsi. Les Humains ne sont pas un problème pour moi tant que leur nombre reste raisonnable et la magie n'est pas le seul atout que je possède pour obtenir ce que je souhaite. Une fois votre force rendue au rang de faiblesse, laissez-moi vous rappeler que vous n'avez plus grand chose pour vous. Je vous admire dans un certain sens, vous que le Monde haït à cause de l'anti-magie. Je n'ai aucune animosité envers vous. Je me fiche de votre existence. Parfois, certes, je pense que Ludwig aurait dû terminer le travail mais je ne peux écarter la pensée qui consiste à dire que si les Dieux l'en ont empêché, c'est qu'il devait y  avoir une bonne raison. ». Ils ne disaient rien, l'écoutant, simplement. Ils vivaient avec elle depuis des années. Lorsqu'elle les avait capturé, ils n'étaient que des adolescents et elle avait su forger en leur esprit une sorte d'assouvissement naturel. Bien entendu, ils ne l'avaient jamais appréciée, elle était bien trop cruelle et imprévisible. Ils avaient assisté à des scènes que nul être jamais ne voudrait apercevoir. Pourtant, une inquiétude germait petit à petit dans leur tête : une fois qu'ils seraient libres, que devraient-ils faire ? La Dame Rouge avait toujours exigé des taches de leur part. Ils n'avaient jamais appris à réfléchir d'eux-mêmes, à trouver des occupations de leur propre chef. Certains d'entre eux n'avaient pas l'intention de la quitter et, sans doute, demanderaient-ils à rester auprès d'elle contre quelques avantages supplémentaires comme une habitation et le droit de disposer d'une vie correcte dans la propriété. D'autres partiraient et se perdraient ou mourraient. Les animaux domestiques ne survivaient jamais bien longtemps dans la nature sauvage. « Quoi qu'il en soit, si certains d'entre vous regagnez Utopia, évitez de répandre partout de fausses rumeurs sur mon compte. Je vous ai toujours traité aussi dignement que je le pouvais, j'entends comme cadeau d'adieu que vous me fassiez l'honneur de rester dignes. Je pense sincèrement que ce que vous avez vu ici pourra vous aider dans le futur. Vous avez aperçu le mal. Ne doutez jamais de lui. Ne supposez pas qu'il puisse un jour changer et, surtout, apprenez à vos enfants et à votre entourage à le craindre. ». Comme elle l'avait appris, à ses dépends, à l'Ultimage. « Partez à présent, et ne revenez que si vous souhaitez me servir de nouveau. Je serai disposée à exaucer certains souhaits à ceux qui se tiendront de nouveau devant moi, n'en doutez pas. ». Quand bien même les Humains étaient-ils dangereux, si elle pouvait les avoir de son côté, elle ne se gênerait pas. Il fallait être fou pour ne pas profiter de l'avantage dont ils disposaient. En contre partie, il fallait également être fou pour ne pas les surveiller de très près. Une fois qu'ils furent partis, la Dame s'apprêta. Elle avait rendez-vous avec la fausse Reine Blanche afin de lui expliquer en détails la situation et, également, afin de la remercier pour lui avoir livré Lapsa.

Vêtue d'une robe aussi noire que l'ébène, la Dame Rouge entra dans les appartements de la Dame Blanche fictive. « Je ne suis point encore allée la voir, je n'en avais pas le courage à dire vrai. » dit celle-ci en soupirant, consciente que celle qu'elle imitait depuis si longtemps devait être dans un état pitoyable. « Kaahl est à ses côtés cependant si mes informations sont exactes. ». Attrapant le dossier de la chaise qui se trouvait devant elle, elle semblait plongée dans un vaste dilemme. « Vous savez, parfois, je me perds dans ce rôle qui est mien. Edwina est tellement complexe qu'il m'a fallu un temps considérable pour avoir raison des nombreux secrets qui rongent son esprit. Je ne suis pas sûre d'être arrivée à franchir toutes les serrures. Elle est si... instable. L'apparence qu'elle donne n'est que la pointe d'un iceberg particulièrement caché. C'est comme si, en elle, vivaient mille entités, mille personnalités. Son histoire est sinueuse. Elle est si vieille et, pourtant, à la regarder comme ça, elle paraît n'avoir qu'une vingtaine d'années, trente tout au plus. Je ne sais que penser de ce rôle que j'incarne mais sachez qu'il est de loin le plus dur de mon existence. Me plonger dans sa douleur est une véritable torture, surtout maintenant que vous avez un peu plus remué le couteau dans la plaie. J'ai l'impression que les lunes à venir seront particulièrement délicates. Un pressentiment obscur me possède un peu plus chaque jour et si je ne vous en ai pas parlé lors de notre première rencontre c'est que je ne voulais pas vous inquiéter. ». La Démone s'assit, la Reine Blanche ne bougeant pas. Le thé avait été servi, accompagné des biscuits habituels. « Vous devez très certainement être au courant pour les Syrkell. La Souveraine possède une part de mal en elle. Sa magie est maléfique. Ses secrets sont grands et, vous avez sans doute raison, il se peut que plusieurs personnalités aient pu se succéder en elle. Elles auraient été nécessaires pour supporter son existence, oublier certaines choses bien trop dures à accepter. Néanmoins, vous m'avez demandée de chasser Zane de ses pensées, chose que j'espère avoir réussi à accomplir, du moins, pour un temps certain. Elle m'a avouée ce que vous craigniez, ou à peu de choses près, et je pense sincèrement que l'enfant n'a pas de père, du moins, aucun qui ait pu s'insérer entre ses cuisses. Elle était bien trop paniquée au simple fait de me toucher. Elle ne faisait pas semblant. Sa peur était réelle. ». Elle marqua une pause. « Dans l'hypothèse où nous aurions toutes les deux raisons sur ces personnalités qui se succédèrent en elle au fil du temps à chaque traumatisme, il est aisé de comprendre, qu'un jour, elle pourrait devenir un véritable fléau pour notre Monde. Pourtant, en étudiant son passé, je suis certaine que ce visage qu'elle montre aujourd'hui est le sien véritable. Je la pense également assez résistante à présent pour ne pas tomber dans ce piège mortel. Il faut simplement qu'elle soit entourée le plus possible pour remonter l'affront que je lui ai fait. Ce n'est pas la première fois qu'un homme abuse d'elle. Certes, les précédents se contentèrent de violer ses lèvres et ne la touchèrent pas autant que je le fis, mais elle s'en remettra, j'en suis certaine. ». « J'espère que vous avez raison. ». « Moi aussi. ». Si l'esprit d'Edwina se noircissait, elle apprendrait forcément la vérité et la Dame Rouge n'avait aucunement l'intention de se retrouver confronter à un monstre de cette envergure. Orgueilleuse ou non, elle savait d'avance que cette partie était d'un niveau bien supérieur au sien.

Sur le balcon de sa propriété de l'Antre de la Dame, Mitsuko attendait que les Humains arrivent aux Cascades Cristallines. Le chemin avait sans doute été des plus longs pour eux et c'était pour cette raison qu'elle avait pris ses dispositions afin de ne point s'ennuyer dans l'attente. Elyzabeth restait toujours introuvable mais ce ne serait qu'une question de temps. Qu'importe, ce soir, elle allait fêter dignement le retour d'une puissance qui était sienne et qui ne finirait plus de croître à partir de maintenant. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'elle sentit l'aura magique réintégrer son être. Ils avaient réussi. Elle s'approcha d'une petite table extérieure sur laquelle trônait du champagne. Deux coupes furent servies par ses soins. Elle prit la sienne mais attendit pour tremper ses lèvres à l'intérieur. La lune était à son zénith cette nuit, ronde et pleine. Elle rit en le sentant arriver. Il prit le verre qui lui était destiné et s'approcha, caressant ses reins avec sa main. Ses yeux dans les siens, il attendit un instant avant d'avancer la coupe de champagne qu'il fit teinter dans celle de la Dame Rouge. « Et c'est ainsi que débuta le Conte de la Femme qui décima les siens. » murmura-t-il.

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La Légende de la Femme qui décima les siens [Solo]

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