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 La bête [Quête - PV Ashes]

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
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Latone
Dim 03 Mai 2015, 23:40

L'étouffante chaleur s'estompa subitement, tandis que la mord'th s'immisça entre les grandes portes. A l'intérieur, Thémis dut lever un peu plus les yeux pour admirer la magnificence du palais de Dasha. Les racontars semblaient avérés : cet endroit était un véritable havre de paix, parmi l'étendu désertique du continent naturel. La richesse de ce lieu lui évoqua le luxe dont étaient éprises ses consœurs d'autrefois. Nul doute, qu'à l'époque, elles se seraient emparées de ces parcelles… L'opulence des mord'th n'était plus à refaire, maintenant c'étaient des nobles de divers horizons qui se pavanaient librement dans les dédales. Et dire qu'elle allait devoir leur faire des courbettes, tout ça pour Léto… La dette devra être à la hauteur de sa reconnaissance. Elle sourit, elle ne doutait pas que son amie appréciera le geste, et lui accordera bien plus que ce qu'elle pourrait lui demander.

C'est en effet en tant qu'émissaire que Thémis fut invitée au palais. Depuis que la chamane lui a annoncé qu'elle souhaite lier la Marche aux Voyageurs par le biais d'Alix, la blanche s'est renseignée davantage sur le désert, afin de l'aider à parfaire ses voyages. Et le palais de Dasha, c'était une chance à se mettre dans la poche. Les résidents du palais accueillent les Voyageurs avec plaisir, c'était un refuge après tout. C'est à partir de là que Thémis eut la puce à l'oreille : est-ce que cet endroit pourrait servir à réfugier Léto, le jour où elle se mettra en tête d'embrasser la voie de la liberté totale ? Elle était très rattachée au groupuscule de son maître, certes, mais ce vieux borgne mentionnait tout le temps un lieu à la fois mystérieux et reculé, pour au final n'en jamais parlé sérieusement avec son élève. Thémis était méfiante à son sujet, elle préférait s'assurer de la sécurité de la chamane, en guise de roue de secours. Reste à savoir si cela était possible…

" Je vous souhaite la bienvenue, dame Thémis. " Le noble en question, qui devait sûrement servir d'émissaire pour l'accueillir, lui baisa la main tout en s'inclinant légèrement.

Courtoisement, la mord'th lui sourit. Cela faisait vraiment longtemps qu'on ne l'avait pas considéré comme une princesse, sûrement sa tiare lui attirera quelques faveurs d'ignorants. Mais cet homme-là n'était pas dupe, cela se remarquait dans son regard d'outremer. Thémis en conclut que c'était un ondin, ce qui n'était pas si rare pour un édifice érigé par l'Abyssum en personne. La perspective de se faire bisouter par un poisson ne lui plaisait guère, mais c'était un noble poisson, ça dissipait alors son dégoût. L'ondin n'était pas très grand, de longs cheveux bruns cascadaient sur son dos, une peau relativement blanche ; pour le reste, quelques légers apparats recouvraient succinctement quelque peu son corps. Ce qui retenait tout particulièrement l'attention chez lui, c'était l'innombrable collection de bijoux qui se trimballait. A lui seul, cet individu est un clocher ambulant. Thémis espérait bien qu'il était l'unique, car elle tenait à ses délicates oreilles.

" Je vous remercie de m'accueillir aussi agréablement, le voyage fut rude.
- Vous me voyez navré que l'inconfort ait été votre compagnon jusqu'ici. Mais je vous en prie, prenez vos aises au sein du palais. Je suis maître Halbior, considérez-moi comme votre gentil hôte. Le fameux "gentil" lui tendit un arc de bras, dans lequel la mord'th y engouffra le sien pour le suivre à son rythme. Nous sommes actuellement dans le hall, vous pouvez admirer, entre autres, les diverses représentations de l'Æther Dasha, protectrice des Voyageurs. Thémis mima son intéressement, elle se fichait bien des hommages aux divins, même si elle dut avouer qu'ils n'y allaient pas de main morte. Nous allons passer par les jardins suspendus pour nous diriger vers le quartier Nord, qui, d'ordinaire, est réservée aux nobles, mais vous êtes une femme distinguée.
- Point de fausses éloges avec moi, mon cher. Toute petite, je me rapprochais de votre "noblesse", mais je ne l'ai jamais été.
- Ma dame est modeste. Si fait, ce quartier est également réservé aux invités ; tant que vous invoquez mon nom, vous n'aurez aucun mal à vous y balader. Mais je vous y emmène en premier lieu car j'y tiens une réunion, vous pourrez méditer dans la salle de réception en attendant. C'est une promesse : cela ne durera point longtemps. La mord'th fit balader son regard verdoyant sur les plantes, ces jardins n'avaient rien à envier à ceux de l'Eorishaze, pour le peu qu'elle y avait vu. Elle tourna la tête vers l'ondin, maigre sourire aux lèvres.
- J'entends bien vos obligations. Puis-je néanmoins vous parler brièvement des motifs de ma venue ? Elle lui sembla l'entendre souffler, mais elle espérait bien que c'était son imagination, sinon…
- Profitez-en tant que nous marchons, ma chère. Je suis tout ouïe.
- Je viens au nom d'une connaissance de longue date, peut-être avez-vous déjà entendu conter le nom de Léto Sùlfr ?
- Léto… Il leva les yeux au ciel pour réfléchir. Ah oui, cet homme que nos braves servants orishas vantaient durant quelques temps. J'ai effectivement entendu ce nom pour sa participation à la Coupe des Nations. Comment se porte-t-il actuellement ? C'est vrai qu'elle se travestissait encore à l'époque… ce n'est peut-être pas plus mal, finalement.
- Comme un charme. Pour être franche, il est dans ses projets d'arpenter longuement les dunes, dans un avenir très proche. Il me semblait donc juste, en tant que bonne amie, de lui trouver un refuge en guise d'halte temporaire ; s'il plairait à Dasha d'être l'hôte d'un affilié des Voyageurs ? L'ondin sourit, avec franchise cette fois.
- Ma foi, cela ne devrait pas être très difficile. J'ai néanmoins le sentiment qu'il y a plus grand en jeu. Il la défia du regard. Perspicace. Nous en reparlerons sous peu, nous sommes arrivés. "

Thémis détacha son regard pour constater, qu'effectivement, le quartier luxueux les accueillait à présent. Elle a été trompé par le continuel flot des cascades, qui s'entendait partout à l'évidence, et non pas seulement dans les jardins. Tant pis, elle patientera, elle n'était pas pressée non plus : elle comptait bien profiter grandement du séjour. Maître Halbior l'invita donc à prendre place sur l'un des nombreux tapis faisant face à la pièce de théâtre, actuellement vide bien sûr. Le noble lui promit, encore une fois, de faire vite, mais elle se doutait bien qu'il ne volera pas par monts et par vaux pour elle.

La mord'th soupira, ce noble jeu la fatiguait déjà, elle était trop habituée à fréquenter des gens plus "normaux"… Surtout avec les récentes fréquentations de Léto, cela ne risquait pas d'arranger l'affaire. Exténuée par le voyage et la petite joute verbale, elle s'installa sur le côté entre des coussins écarlates, étirant quelque peu ses jambes. Son regard draconique fixa la scène, s'imaginant des pièces connues représentées. Thémis devrait penser à demander si une était prévue ce soir, elle pourra au moins avoir son propre plaisir de cette façon. La blanche ne fit que peu attention aux nobles passants, ceux-ci ne prêtant guère eux-mêmes à sa personne. Elle se surprit à souhaiter qu'une âme moins sang bleu vienne l'aborder, ou du moins attire suffisamment son attention pour laisser le sablier du temps s'écouler plus vite en parallèle.


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Lun 18 Mai 2015, 17:30


Il avait survécu. Il était revenu de parmi les morts.
Les réminiscences n'étaient guère nombreuses, voire inexistantes dans un pourparler des plus sincères qu'avaient lié son corps et les lubies de l'Aether tout puissant.
Que lui restait-il de son ancienne vie ? Que l'ombre d'un passé ombragé, un qu'il ne voulait peut-être pas voir se reconstruire dans son esprit.. Peut-être cette amnésie temporaire était-elle voulue ?
Une vie nouvelle, l'homme sortit de la misère.
Il cherchait sûrement à fuir sa nouvelle condition.. ce corps révolu, usé par la magie et dompté par cette dernière. Il n'était rien sans elle, lui qui était d'origine humaine, pour qui l'anéantir était plus vraisemblable qu'autre chose.. Son corps était le sien, ou voulait-il seulement y croire.
Les changements se firent sentir, accablants comme pas permis pour l'anatomie tout aussi frêle et l'esprit lassé.. Du fait que de se retrouver, du fait de faire face à une existence dont il voulait se délivrer.. Ô grand pourquoi de s'y voir condamné.. Une fois de plus. Pris dans ses chaînes.. Une fois de trop.
Pourtant, il vivait. Il dut s'en réjouir les premiers instants. Mais il le regretta de suite amèrement. L'on pouvait le sentir à travers les soupçons des pores, la teinte des pigments, l'irrégularité de la tenue. Il était une ombre du passé, une qui aurait du hanter, mais qui peut-être, errant, souhaitait une chance. Une où le destin ne ferait pas de lui un sombre ennemi, mais peut-être un fin allié...

Des pas lourds craquelaient une surface sablée, précédemment imbibée – qui sait – par des liquides versés que le soleil avait forcé à la sécheresse. Très peu de voyageurs s'aventuraient si loin dans les marées granulées, à l'inverse des courants de nomades qui semblaient déjà plus récurrents. Toutefois, nul était à l'abri de la déchéance habituelle que n'avait plus côtoyé le nouveau génie ces quelques dernières années. Le peu de 'villages' croisés sévissaient sous les décombres de leurs maisons, les cadavres de leurs enfants, les cris des fils de la terre, membres de nombreuses tribus maintenant annihilées. Ses pieds étaient presque dénudés, ainsi que la surface de sa peau que les rayons lumineux atteignaient sans pour autant y asséner le funeste impact. Il déambulait, digne mais sans but, dénué de toute conscience, des sens qui faisaient de lui un homme à part intégrale et non plus cette ombre éthérée dont – en tant qu'esprit – personne n'avait que faire. * Qui.. suis..? Qui ai-je.. été ? Qu'est-ce que je fais? En plein désert…où rien pour moi ne demeure, où rien ne repose, mais tout s'en va * Le soleil de plomb, à son zénith, aveuglait ses yeux gris, ternes, mornes, aussi dépourvus que son coeur de tous les vices qui touchent un homme, de toutes les émotions qui le damnent, le conduisent à la déchéance. Il était loin de tous ces tracas, parfaitement déconnecté de ce que le commun des mortels pouvait appeler 'émotions' ainsi que ses bienfaits. La vitalité et mortalité du corps mourut, la peine sembla s'évaporer à leurs côtés. Désormais, le désespoir n'avait plus lieu d'être, et ce brin d'allégresse dont il ne gardait que de vagues souvenirs, ne pouvait passer pour autre chose qu'un beau rêve. Ses souvenirs s'entremêlaient avec une réalité à laquelle il ne semblait pas s'identifier, bien que les disparités soient moindres. Des cheveux de couleur cendre qu'accompagnait l'argent de ses iris, une peau d'albâtre, un corps frêle qu'on soupçonnait d'avoir été mal nourrit, ce qui avait freiné sa croissance. Seul à son cou pendait son habitacle, le seul élément à pouvoir témoigner de sa nature innovante dont il ne connaissait que les modalités basiques. Il avait toute une culture à refaire, à retrouver, à explorer, ayant par ailleurs été privé de cette dernière par une pauvreté miséreuse dans laquelle il plongeait depuis la naissance. La mort amenait le malheur, la détresse, l'abandon et la solitude. Il était le premier à le savoir, et sa mémoire ne parlait peut-être pas, mais son corps tout entier en témoignait. Il avait gardé les séquelles de ces années de servitude, de travail forcé comme bien récompensé. Ces années passées à nourrir les morts, à se garder en vie, à proliférer de vains efforts dans une cause perdue.. Il ne sentait pas les avoir gaspillées, mais le résultat n'était pas aboutissant. Loin de là.


Le palais de Dasha, levé, érigé par l'empereur des Abysses ( nom qui tremble sur toutes les lèvres tout en étant chuchoté tout bas ), restait aux yeux de voyageurs amateurs comme aguerris, ce même refuge qui en ces lieux reposait. Celui qui chauffait les coeurs, et apaisait les esprits soucieux.. Celui auquel les oasis ne pouvaient se mesurer.. Celui qu'on avait rendu un havre de paix pour les âmes en perdition dans les flots interminables d'un avenir sombre.. Il étouffait, mais l'air dont les semences avaient pénétré son corps, dans lequel reposaient les grains de sable dorés, semblait se purifier peu à peu. Sa vision se troublait légèrement, et sans l'apparition de cet étrange phénomène, il n'eusse été point étonnant qu'il s'écroule sur place, jusqu'à voir l'élément de cristal se détruire à son tour, amenant sa perte, son trépas. Le palais représentait le salut. Purement. On s'y sentait bien, accommodés. L'atmosphère y était sacrée, l'air plus et l'eau limpides, sans parler d'une fraîcheur humide qui par ses murmures s'échappait, l'herbe plus verte. Des représentations religieuses d'une Aether dont le nom lui restait caché, ornaient de part et d'autre quelques galeries, tandis que baignés d'or les éléments décoratifs laissaient à penser à une richesse innommable, une prospérité en prime sur les coutumes vestimentaires du peuple de l'eau. Il pénétra la bâtisse, l'air d'un espoir naissant sur le visage dont il ne contrôlait plus tout à fait les expressions, mais de rien il n'était question, de rien d'autre que néant il ne semblait habité..

« Jeune homme, amène nous une carafe d'eau ! » L'individu avait parlé, hautain. Il s'attendait à ce que l'enfant s'exécute, s'empresse d'obéir aux commandements de ce qui était, en ce bas monde, la triste réalité : celle des différentes castes, tranches sociales, des penchants créés par les inégalités de richesse qui semblait tout y faire, faire loi.. Créés en somme par ceux à qui ça arrangeait le plus. N'y agréant en rien ( aucunement surprenant étant donné son vécu ), il se laissa néanmoins mener, vers une fontaine, dans laquelle il préleva le liquide cristallin. Sur son visage, on lisait l'ennui, le délaissement total. Ne recherchait-il pas la mort ? Auparavant du moins.. Ne ressentait-il plus rien ? Peut-être étaient-ce des habitudes prises auxquelles il lui fallait faire face, mais ça ne tarderait guère à ne plus être d'actualité.. « Voi.. » On lui arracha l'urne des mains. Petite, chétive, elle se briserait à peine à la rencontre du sol froid, d'un luxe semblable. « Surtout n'hésitez pas à hausser la voix et me faire part de votre reconnaissance » Le ton, tout aussi monotone surtout, c'était la base de la plainte, de cet essai de leur faire comprendre que les esclaves avaient aussi des droits humains, et qu'en rien ils ne différaient de ces êtres aux riches parures, aux possessions trop nombreuses pour les contenir en une seule demeure.. L'homme le dévisagea, ou fit plutôt preuve d'une surprise confuse, presque embarrassée. « J'ai plus à faire, petit ! Ma fille est malade, je dois lui apporter cette eau » , « Ce n'est pas une raison. Et puis d'abord.. », « PAPA ! » Une petite voix se fit entendre, rauque, brisée par la maladie qui la hantait. Ses mouvements se voyaient difficiles, sa respiration obstruée par un mal qui la rongeait et dont elle ne pouvait se défaire. Son regard était vitreux, absent. Son souffle était lourd, et sa respiration alternait entre la fluidité et la toux irrépressible. Impossible à discerner la géhenne qui la tiraillait, ni comment en venir à bout. Tout ce que le pauvre homme pouvait faire, c'était de veiller sur ce petit corps fragile, sur cette petite entité qui son nom vociférait de toutes ses forces.

« Lyndä !! Que fais-tu hors du lit ?? Tu es folle ? » Dans ses yeux, on pouvait lire le désarroi d'une perte, ainsi qu'une angoisse au vu de cette dernière. Il était bouffé par cette peur, vivant, de nuit comme de jour, et il lui était impossible d'y échapper. Loin de le comprendre, Ashes crut faire l'observation d'espèces qui ne lui furent semblables. Même le sentiment de découverte sembla vite amoindri par une lassitude plus grande, plus persistante. « Je.. » Larmoyante. La petite aussi s'en voulait, de toute évidence. « Mais.. Maman n'est pas là.. et je me sentais seule sans toi.. » L'être réduit en chair tremblait de sa maigre existence que la mort ne tarderait pas à s'approprier, à piétiner sans merci.. bien qu'elle soit d'une innocence aveuglante pour ceux à avoir goûté au péché. « Je vais aller demander à un ami de.. » , « Non !… Je.. » Elle tourna un regard hésitant vers le jeune garçon, l'air de dire, de lui supplier d'être celui à lui tenir compagnie. Pour une petite noble, elle ne connaissait qu'une méfiance très réduite, et une pudeur qu'on ne lui soupçonnait pas d'après un tel comportement. L'homme hocha la tête, la soutenant de son corps tout de même plus robuste, du haut de sa dizaine d'années. Le noble voulut s'y opposer, sachant que la plupart ne faisaient que profiter de leur vulnérabilité pour s'attirer une gentillesse redevable dont ils paieraient le prix fort par la suite. L'impassibilité du jeune homme semblait contredire cette pensée. « Arrêtez de vous faire un sang d'encre. Ça n'arrange pas vos affaires. Je la ramène dans sa chambre, et je veille à ce qu'elle s'endorme. Mais surtout, chargez-vous de retrouver votre femme, si vous en avez une. Si non, simplement des médicaments ou de quoi l'apaiser » L'air agacé, il avait juste succombé à la solution de facilité. Et la seconde d'après, il lui tournait le dos, ses petites mains enveloppant le torse de la petite princesse.


« Pardonnez-moi, jeune étrangère, mais ne sauriez-vous pas où je puis trouver M. Halbior ? J'ai affaire à ce dernier et.. » Le regard porté vers la foule de serviteurs accourant dans les couloirs, dans les larges allées comme dans les plus étroites par soucis de rapidité, d'une efficacité qu'on exigeait d'eux, impliquait leur inaptitude à répondre à ses questions. La jeune femme était encore la plus susceptible de lui fournir tel renseignement, la recherche de sa femme étant – comme le petit garçon l'avait suggéré – assez capitale. « Si tel n'est pas le cas, auriez-vous une quelconque aptitude de guérison ? La chose est urgente, ma dame » Et son visage attestait de ce sentiment…

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Dim 14 Juin 2015, 18:41

Confortablement installée, la mord'th fut tentée à chaque passage d'un serviteur, non loin de sa position, de l'aborder et de lui demander quelques insignes faveurs, comme une coupe de vin ou un petit bol de fruits exotiques. Mais d'une part, Thémis n'arriverait jamais à stopper le flux continuel de servants qui vont et partent dans tous les sens ; et d'autre part, son statut n'était pas légitime en ces lieux, elle se rappelait très bien ce qu'elle avait été et ne souhaitait pas davantage s'enfoncer dans ces stupides échelles de pouvoirs. Sans doute l'ex-orisha lui avait inspiré ce sentiment, à force de la côtoyer. Tout cela était ridicule, l'ambiance de ces relations l'aurait étouffé à force, et pourtant cet endroit semblait supprimer les tensions et apaiser les esprits. C'est ainsi qu'elle le percevait, en tout cas.

L'inégalité évidente entre les servants et les nobles la mettait dans une position délicate. Certes, elle était une noble déchue, quoique le terme "noblesse" ne lui colle pas vraiment, mais Thémis a également vécu la misère, la rue, la faim, la soif. Elle aurait tendance à se ranger du côté des roturiers, surtout après qu'Halbior qui l'avait écœuré avec son faux jeu des mondanités. Difficile de trancher entre la réalité du monde et sa propre perception de celui-ci influencé par ses sentiments. La justice était une notion qui à la fois lui tenait à cœur et la bouleversait. La vie d'une mord'th était escarpée, c'est dans ces moments-là qu'elle était assurée de ne jamais pouvoir retrouver la gloire d'antan, car se raccrocher au passé ne ferait que la ronger davantage.

Alors qu'il existait des priorités plus importantes, des poisons qui rongent effectivement la santé d'autres êtres, pas des personnes plus dignes qu'elle, mais des personnes qui en ont réellement besoin. La détresse dans la voix du noble la frappa, d'abord surprise de se faire soudainement aborder par un sang bleu. Je ne suis plus toute jeune. Voulut-elle répliquer d'emblée, sur la défensive, certaine qu'on ne ferait que la déranger pour des broutilles. Mais la mention de Maître Halbior l'interpella. En effet, Thémis savait où le trouver, mais elle risquait bien de décevoir le quémandeur. Son regard verdoyant suivit celui du noble, s'attardant sur la horde de la basse classe. C'est ainsi qu'on regarde les mord'th d'aujourd'hui. Elle ne lui en voulut pas, elle n'avait pas la légitimé de se plaindre, ni de lui reprocher les erreurs d'antan. L'urgence était telle qu'il ne la laissa pas s'exprimer dans l'immédiat, ses perceptions innées lui confirmaient qu'il ne mentait pas. Un simple visage ravagé par le chagrin ne suffisait pas à satisfaire la mord'th.

" Maître Halbior tient une réunion en ce moment-même. Il la débute tout juste, je le crains. Elle se releva, ce n'était pas dans ses codes de politesse d'être ainsi avachie à discuter. Décrivez-moi l'urgence, je vous prie. Elle était sincèrement concernée par la situation, l'évocation d'une potentielle "guérison" lui donnait déjà quelques malheureuses pistes.
- Ma fille est très malade, elle a besoin des soins de sa mère. C'est elle qui s'en occupe d'ordinaire, mais elle a beaucoup de travail avec Monsieur Halbior et…
- Je vois. Coupa-t-elle court, c'était suffisant pour comprendre la situation et ne pas tarder dans l'urgence. J'ignore où se tient la réunion et je n'ai moi-même aucune compétence médicale assez poussée. Elle balaya son regard sur la foule environnante, ses pupilles draconiques s'arrêtèrent sur l'un des sujets, qu'elle pointa du doigt. Vous ! Oui, vous mon cher. Prévenez un guérisseur ou apportez-nous des remèdes. Faite vite, c'est Maître Halbior qui vous l'ordonne. A la mention de ce nom, le sujet – qui se rapprochait plus de la noblesse que de la caste inférieure à vue d'œil – se précipita on ne sait où, pour satisfaire les caprices du maître. La mord'th pouvait bien utiliser son nom, vu qu'il lui avait donné son accord, c'était finement joué. Elle se tourna ensuite vers la figure paternelle. Conduisez-moi auprès de votre fille s'il vous plaît. " Il la remercia en bafouant et l'escorta.

Ils ne quittèrent pas le quartier Nord, ce qui réduisit la longueur de leur course. Le sang bleu la fit éloigner des coussins du théâtre pour se perdre dans une suite d'appartements. Thémis y vit de tout, du noble détendu avec ses privilèges, au noble dépassé par les évènements. Ces hommes n'avaient que le luxe et le pouvoir comme réconfort, tout le reste s'alourdissait sur leurs épaules. Au moins, parmi cette cohue, y'en avait-il un qui se salissait un peu les mains pour la chair de sa chair. Elle déchanta néanmoins un peu lorsqu'ils entrèrent dans la chambre de la petite en question, et que la mord'th remarqua une autre personne, beaucoup moins lotie que les serviteurs de tantôt. Au début, elle le fixa, se demandant ce qu'un garçon aussi différent du paysage fichait ici, avec cette carafe d'eau dans les mains. Puis les quintes de toux la firent revenir à de plus grandes préoccupations. La petite noble n'était pas en bonne santé, effectivement. Le mal des enfants lui serrait l'estomac, sa carrière de professeur lui avait infusé cette affection particulière qu'on a pour les plus jeunes générations.

" Vous feriez mieux d'aller vous renseigner pour retrouver votre femme. Suggéra-t-elle au père, qui hésita un petit moment à laisser sa petite ainsi auprès d'étrangers, avant de se faire rappeler par une autre quinte. Il se précipita en dehors de la pièce, Thémis s'approcha un peu du lit et esquissa un léger sourire. Quel est ton nom, ma petite ? Cette simple question apaisa un peu le tourment de solitude qui l'envahissait.
- Lyndä...
- Très bien Lyndä. Quelqu'un arrive pour te soigner, nous sommes là pour t'aider. " La petite ne répondit pas, jetant des regards au petit être qui se tenait là.

En parallèle, Thémis fit de même, dardant le garçon à ses côtés, sans trahir une quelconque once de jugement. L'ensemble de son allure la déconcertait de prime abord, mais en s'attardant davantage sur des petits détails, elle sembla être hypnotisée. La crinière grisâtre et décoiffée lui fit comprendre qu'il avait des penchants d'insouciance, une certaine impassibilité se lisait sur son visage, sa manière de se tenir. Et pourtant, il se tenait bien là, près d'une jeune fille en souffrance. Cachait-il trop bien son jeu ou était-il accablé par les évènements ? La mord'th ne saurait dire, seuls les mensonges démasqués la guideraient vers la vérité. Dans son flot d'incertitudes, on servit à l'enfant une coupe d'eau fraîche, histoire de la faire patienter et de la soulager un peu. Un médecin arriva, bien qu'il n'ait pas le matériel adéquat pour soigner le mal, il insista pour au moins atténuer la douleur provoquée par sa fuite hors de son havre de paix.

" Je vous remercie. Dit-elle quand même, il ne manquait plus que la mère afin que l'apaisement soit totale. Pour la petite seulement, pour le garçon c'était une autre histoire. La mord'th l'observa encore un petit peu et finit par l'aborder, interloquée par sa mystérieuse présence. Souhaites-tu de l'eau, toi aussi ? Tu fais peine à voir. " Thémis était vraiment sincère, elle n'était pas dupe pour ne pas voir qu'il n'avait pas sa place en ces lieux, tout comme elle malgré sa robe immaculée masquant sa condition de simple roturière. L'illusion était forte pour tous, mais pas pour eux deux.


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Ven 14 Aoû 2015, 17:45


L'homme s'était trouvé perplexe, s'apercevant d'une amabilité inattendue de la part d'une étrangère, ainsi que de ses actes spontanés, mais guère inconscients. Sans s'apercevoir de sa nature, il l'avait abordé, sans le moindre préjugé, préjudice. Il était un homme de bonne foi, un dont les bonnes mœurs s'étaient très peu taries au contact de pommes pourries jusqu'à la moelle, contrairement à celle d'or qui habitait sa poitrine. Il avait gardé ses pauvres instincts, ne jurant que par ce que ses yeux peuvent percevoir, que ce par quoi le coeur et l'esprit passent. Les bien matériaux étaient pour lui secondaires, superflus, et il avait tant à protéger, aussi bien que tout à perdre dans ce pari des plus risqués et qui s'éternisait sur plusieurs années.. Il avait connu la souffrance, et dans cette dernière, une main aimante est toujours la bienvenue. On la lui avait tendu.. pourquoi ne ferait-il pas de même ? Que lui coûtait-il d'agir ainsi ? De ne pas se perdre dans cette faible arrogance qui nourrit l'égo des plus prétentieux, en dépit des efforts des moins prémunis ? Il était peut-être humble, mais il n'en était pas moins avisé. Il l'avait suivie, dans ses faits et gestes, sans l'interrompre dans son zèle, cette empathie qu'il appréciait n'empêche. Une fois dans la chambre, il reprit toutefois un air plus sévère, prompt à celui qui fait face à la réalité, celui qui se perd dans ses eaux, ténébreuses, celui qui s'y enfonce pour n'en plus revenir. Il croisa le regard du génie, et n'y décela qu'une profonde solitude. Il était comme le miroir de ce que les âmes craignent, ce qu'ils appréhendent d'atteindre un jour, l'état qu'ils essayent de réfréner. « Je n'ai pas trouvé l'occasion de vous le dire plus tôt, mais chose est qu'elle se trouve probablement en réunion avec Maître Halbior. En marchands que nous sommes, il n'y a que dans de tels rassemblements qu'il nous est possible de mener correctement nos comptes. Ma femme s'en occupe.. malgré sa santé tout aussi fragile » Il ravalait comme ses paroles, de faiblesse, d'impuissance, d'une traîtrise quant à ces vœux qu'ils avaient prononcé, sur un autel sacré, sur cette scène des dieux où il avait promis, juré sur cette tête, ces épaules, ce coeur qui étaient siens, de tout partager avec elle, à ses côtés, fidèle, de l'aider dans la maladie, comme dans la santé. Or, incapable, il ne pouvait que fermer les yeux à sa souffrance, et il répugnait telle lâcheté. Une voix le somma néanmoins, et il s'empressa de lui dicter certaines consignes, tandis qu'il se chargeait d'acheter des provisions pour veiller au bon rétablissement de la petite. Ils ne seraient pas longs, partiraient dans les quarante huit heures pour trouver le confort de leur logis. Elle s'y trouverait certainement plus à son aise, espérait le noble du fond du coeur.

Des petits regards échangés, il tourna le haut de son bassin, cherchant ses iris pour y planter les siens. « J'ai peur que vous ne vous importuniez pour rien. La petite est atteinte d'une maladie, sans cure à ce jour, et nul  ne sait comment la sauver. Si l'on cherche du traitement, ce n'est que pour apaiser sa peine » Peut-être le regardait-on de travers, peut-être maudissait-on ces mots si crus qu'on prononçait en présence de la concernée.. Peut-être la prenait-on en pitié, pauvre fillette qu'elle était aux portes de la mort, mais ces efforts étaient dérisoires, et une insulte pour l'être adorable et pleine de gaieté qu'elle était, croquant cette vie débauchée et prescrite à pleines dents. Tel un fruit défendu, en extrayant le jus, le purifiant de ses lèvres rougies par le sang qu'elle recrachait, elle se purgeait de ce sentiment. Comme pour répondre à ses suspicions, un autre fit une apparition. Inopinée. Un des laquais qui veillait sur elle les surprit, et articula haineux. « Qu'est-ce que vous en savez de sa souffrance, de son malheur ! » La malade baissa les yeux, l'enfant les avait toujours dirigés à son attention, affalé sur la chaise de fortune qu'on lui servit. « Que crois-tu y connaître par le simple fait d'avoir été à ses côtés ? Par votre seule présence, qu'avez-vous fait ? » , « J'ai.. j'ai toujours veillé sur elle et.. » L'attention qu'on ne lui dirigeât le fit rougir d'impatience, taire ses ardeurs, dévisageant le génie du regard avant de s'empresser, à son tour, au chevet de la demoiselle. « C'est.. rien Jakhr. Je.. lui ai dit.. moi-même. Il y a pas de quoi se mentir à soi-même, ou aux autres. Tu sais bien le destin qui m'attend »  articula-t-elle rythmant ces phrases par des intervalles, des toussotements. Le médecin le suivit dans ses pas, et s'engouffra dans la pièce baigné par regards hagards et expectatives étrangères de la part de ceux qui de lui attendaient un miracle, et pas la sombre vérité. « Vous vous épanouirez pour devenir une femme aussi accomplie que votre mère » Et prenant en cage sa petite main fragile, il n'avait d'yeux que pour elle.


« Je viens de traverser le désert » Il croisa son regard et saisit un verre pour se servir l'élément aqueux. Au moyen de ce dernier, il essayait de déceler la petite lumière qu'il vit briller en cet être. Plus gaie que toute autre qu'il ait croisé dans cette structure, elle semblait toutefois amenuisée par le pauvre usage qu'on en fit, ainsi que le catastrophe qui s'abattit sur son engeance jadis, et qui lui avait fait connaître la dérision, les railleries, une déchéance morale. Il engloutit le liquide d'une gorgée, ne laissant transparaître sur son visage le vide qui le traversa, et ce maigre pincement d'avaler un néant. De voir s'éteindre sous ses yeux un petit plaisir qui ne lui fut plus permis. « Votre intervention était.. la bienvenue » Ce n'était pas d'elle qu'il voulait se cacher, se prémunir. Ce n'était pas à ses yeux qu'il voulait dresser un voile d'innocence, car en soit elle n'était rien, elle ne représentait personne. Il vivait en un monde de clairs obscurs, de contours et contrariétés, d'ombres chinoises dont il était non seulement la plus sombre, mais aussi l'esquisse imparfaite et impartiale que si d'autres ne le décelaient, mieux il se portait. C'est à cette attention déviante, et à un quelconque soupçon qu'il voulut se soustraire. Peut-être n'avait-il aucunement conscience de la valeur des génies en ce bas monde, de l'usage qu'on put en faire, qu'on pourrait faire de lui si jamais d'autres s'en apercevaient, et poussés par l'aigre avidité cherchaient à le soutirer, se rendre maîtres du puits des rêves éveillés.

L'homme prit son pouls, s'assurant que ce dernier stagnait convenablement, et que la fièvre, montante, ne faisait pas de folies. Il examina ses globes oculaires, et les larmes qui perlaient sur les rivages pâles de ses joues. Touchant doucereusement les muscles sous ses mâchoires, et l'inflammation globale, il comprit que le plus gênant ne serait guère si difficile de guérir, et par des dizaines de petits éclats de lumière, il l'apaisa dans l'âme, priant pour un repos réparateur qui saurait la remettre sur pied. L'important était de vivre sans peine, ni amertume, ne jamais éprouver le moindre regret, à part celui d'avoir été jugé coupable d'un crime qui ne fut pas le nôtre. La jeune fille avait longuement dépassé ce stade, et, empathique, elle songeait d'abord aux pleurs de ses frères, pairs, que réellement ceux intérieurs qu'elle parvenait tant bien que mal à cacher. Le médecin avisa, lui conseillant le plus onctueux sommeil, purgé de toute tâche cauchemardesque, que d'un infini espoir. Tous s'apprêtaient à quitter la chambre, le soleil presque couché, quand elle saisit la main du petit être. « Tu peux.. rester ? » , « Que voulez-vous de plus, ma dame ? » , « Juste.. de t'avoir là.. jusqu'à ce que je.. » , « Préservez votre voix » Il s'assit, sans pourtant lui rendre un quelconque contact rassurant. « Vous êtes attendu dehors, alors ne tardez pas » Il sortit, claquant la porte.

Peut-être étais-ce pour cela qu'elle savourait sa présence, qu'elle avait soif de lui parler et le comprendre. Car il était différent de tous les autres, et elle sut le discerner. Elle sut voir à travers des yeux de malice et ennui, l'âme en peine, mais une qui jamais ne la verrait comme l'être faible que tous considéraient avec mille manières. « Vous êtes assez grande pour dormir seule. Remontez la blanquette » , « Je ne suis pas.. une enfant. Je puis dormir seule.. mais j'ai toujours.. il n'y a que ici que je ne peux pas.. » , « À quoi est-ce dû ? » Il avait parcourut la chambre, et saisi un ouvrage inconsidérément, que ce soit des belles parures qui en ornaient la couverture, ou des belles lettres et contes rédigés à l'intérieur. « Vous.. aimez lire ? » , « Je ne sais pas lire » , « Mais alors.. » Elle parut profondément outrée, mais il était loin de souffrir par des interventions pareilles, d'une jeune fille si cageolée qu'elle en a perdu – si seulement l'eusse-t-elle eu un jour – de sens commun. « Oui, ça existe. La preuve » , « Mais.. que regardes-tu dans ce cas ? » , « Des pages blanches.. Des pages marquées par le temps, l'usure ou la poussière.. Des lettres, mal ou bien formées. Il y a autre chose au-delà du contenu, ma dame » Et elle comprit que la leçon s'appliquait également à son pauvre jugement, et à sa perception réduite du monde qui l'entourait. Sans le visiter elle-même, elle crut ne jamais le connaître, en avoir vent, mais il lui fit comprendre qu'elle en oubliât l'existence de ces fontaines de savoir, d'où ce dernier jaillissait, et qu'on pouvait l'acquérir tant qu'on en avait les moyens. « Mais pour en revenir à notre sujet principal.. » , « J'entends des grognements la nuit.. À travers mes fenêtres, je vois le plumage.. d'un monstre.. et ses pas résonnent dans les couloirs.. Je sens.. comme quelqu'un, une présence, pendant.. mon.. sommeil » Elle tremblait à ces mots. « Le plumage ne doit être rien d'autre que la silhouette des feuillages qui dehors se pavanent sous votre fenêtre, tandis que les pas sont ceux des nombreux serviteurs qui préparent la cuisine du lendemain. Ils travaillent jusque tard. Pour ce qui en est de cette présence incommode à vos côtés, je pense que votre.. intendant, saura mieux répondre de cet acte que moi. Tout n'est que dans votre tête » , « Mais.. tu n'as peur toi ? » , « De quoi donc ? » , « De.. cette ombre.. qu'elle te fasse du mal » , « Non » , « Pourtant, elle est.. » , « Ce n'est que la fièvre qui parle, et vous fait délirer. Dormez maintenant. Princesse » Il fut dur, aussi bien pour l'un que pour l'autre, de jauger de toute l'ironie de cette phrase.


Cependant qu'il subvenait aux besoins justifiées de la martyr, la belle fut contrainte de patienter, aux côtés de l'intendant. Pressant le génie hors de la chambre, il leur tendit, tous deux, des enveloppes aux armoiries inconnues des deux. L'homme affichait un semblant d'agacement aigu, et l'on eut cru qu'il soit adressé au petit homme. Ouvrant le parchemin pour en découvrir le contenu, il poussa un soupir de lassitude. « Et vous auriez l'amabilité de traduire ? N'étant pas lettré, je crains que le courrier ne doive, chemin faisant, déjà retourner à son propriétaire sans même avoir été ouverte » , « Un souper. Pour vous remercier », « Super » , « Madame est fort concernée par la santé de son enfant », « Elle n'avait qu'à la seconder elle-même dans ce cas » , « Comment osez-vous !! Alors que Madame fait de son mieux pour défendre et consolider les liens de famille, malgré sa propre maladie.. » , « Et c'est supposé l'excuser ? Si elle a le temps de nous remercier, qu'elle accoure plutôt pour se mettre au chevet de sa gosse » Il grogna entre ses dents, mais Ashes le prit de court. « Et j'ai du mal à imaginer ce que votre 'Madame' ressentirait en sachant les passions que vous éprouvez à l'égard de sa fille. Peut-être n'est-ce rien de grave, mais il n'est pas sain pour un homme de visiter une femme en pleine nuit. Sur ce » Il lui tourna dos, n'ayant que faire de ses penchants, et encore moins du lien qui pouvait unir ces deux-là. S'approchant de la demoiselle, il essaya une approche, douce. « Comptez-vous accepter l'invitation ? » Son regard était perdu au loin, comme s'il fut détaché de ce bas monde, et qu'autour de lui, rien ne pouvait l'atteindre. Pas physiquement, ni même sentimentalement. « Par où la salle à dîner ? » Il commençait à s'y faire, encore ignorant de toutes les conditions qui alourdiraient davantage son statut. Il n'était pas au bout de ses surprises quant à tous les changements que les hautes sphères lui avaient réservés...

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Latone
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Latone
Sam 05 Sep 2015, 19:02

L'émeraude de ses pupilles se ternit aux précisions du noble paternel. Thémis s'était déjà bien doutée que Maître Halbior et la fameuse mère étaient forcément liés d'une manière ou d'une autre à cette réunion, s'il avait voulu retrouver le premier pour localiser la seconde. Mais le détail qu'elle devait retenir n'était pas anodin : ainsi donc, les deux femmes étaient malades. Héréditaire ? Contagieux ? Ses connaissances médicales étaient trop faibles pour soutenir une hypothèse juste. Ce n'était de toute manière point son rôle dans l'affaire, elle n'était qu'une intermédiaire, qu'une volontaire qu'on a désigné par un heureux hasard. Ce n'était pas plus mal cela dit, sa langue était sa défense et son arme la plus dévastatrice en ces lieux. Elle ferma légèrement les paupières à l'attention de la petite. Cet homme avait une femme malade, une fille encore plus atteinte. Vous êtes un homme bon. Supposa-t-elle silencieusement sans l'exprimer de vive voix, peut-être se trompait-elle quant à ses engagements, mais ses actes, eux, ne semaient aucun doute.

Les dires du jeune homme la laissèrent perplexe. Il n'était définitivement pas un gamin ordinaire, pas plus qu'elle n'était une dame qui s'acclimatait à la foule. Il ne faisait que confirmer ce qu'elle avait appris de la petite et ce qu'elle craignait : incurable, un destin certainement tout tracé. Pourtant, si sa mère était atteinte des mêmes symptômes, c'est qu'il devait bien y avoir un moyen de la sauver de cette tragique descente aux abysses. Beaucoup de zones d'ombre entouraient cette affaire, Thémis faisait juste en sorte de ne pas trop l'accompagner dans l'obscurité. Elle avait déjà vu trop de morts pour s'être convaincue, très tôt, que celle des enfants était la plus insupportable. Les côtoyer l'avait rendu si fragile, les mord'th de jadis se gausseraient de sa déchéance, puis la maudiraient d'être encore en vie, elle, plutôt que les plus puissantes, les plus sages, les plus justes. A cela, il semblerait qu'on était plus nombreux à balancer silencieusement des malédictions dans cette pièce. L'arrivée inopinée d'un inconnu, à ses yeux, la tut totalement. Elle était confuse, davantage par l'enfant gris que par la scène en elle-même. C'était comme s'il était à la fois familier et étranger, sa présence la déroutait quelque peu. Qui était-il pour cette fille ? Ses propres cordes vocales lui titillaient la gorge, elles voulaient vibrer pour enfin éclaircir le mystère. Mais la blanche n'était qu'une étrangère aussi, encore plus que ce jeune homme apparemment. Elle se contenta de laisser son champ de vision balayer la pièce, comprendre et agir en conséquence.

" Nous sommes deux, dans ce cas. " Répliqua-t-elle à sa justification de sa triste allure.

Elle aussi venait tout juste de traverser le désert, Thémis s'était juste mieux lotie de ce côté-là. Mais l'envie de s'hydrater ne lui manquait pas. Elle entraperçut son reflet dans l'eau de la carafe, telle une tentation interdite, un appel à subvenir ses propres besoins. Pour toute réponse, elle déposa la carafe sur le chevet : ce n'était pas son eau, c'était une ressource beaucoup plus importante pour la malade. Sans vraiment le souhaiter, le jeune homme la remercia. Thémis ne répondit pas, son attention suffisait et elle s'en satisfaisait. La santé de la petite la préoccupa davantage, ce n'est pas parce qu'elle était condamnée qu'il fallait être aussi défaitiste. L'engouement de l'intendant pour cette jeune fille n'était sûrement pas approprié mais au moins apportait-il une – vaine – brise d'espoir. Le médecin l'ausculta, offrit ce qu'il était capable pour apaiser les maux. La mord'th le remarquait dans les yeux de la fille : elle était résignée, lasse. La blanche masqua sa propre peine, elle n'était pas venue pour cela et s'en passerait bien. C'est alors que les soins cessèrent et que le repos était nécessaire. Elle approuva d'un hochement de tête et fit partie des premiers à sortir, elle assista tout de même à la petite dispute qui se déroula avant le claquement de porte. Ce geste brusque avait des relents de coups de poignard. Thémis ne cacha aucunement son agacement face à ce comportement.

" Quelle que puisse être la situation, claquer la porte au nez d'une malade est tout sauf habile. Jakhr se retourna vers l'étrangère, aussi visiblement aimable avec elle que l'enfant de tantôt. Ne laissez pas vos pulsions prendre le pas, elle n'en a nulle besoin.
- Je vois, la Juge d'autrefois a entrevu l'occasion de renouer avec ses racines. Ses fins sourcils se froncèrent à cette pique. J'ose imaginer que cela doit être confortable pour vous, de se rasseoir au tribunal. Elle se tint droite, les mains jointes en avant sur son abdomen.
- Vous êtes ridicule. Je ne suis point venu en ces lieux reculés pour juger qui que ce soit, encore moins pour me faire juger. Peu importe comment vous le voyez, que ce soit une mord'th ou un autre qui vous regarde faire, vous vous couvrirez de réprobations, parce que votre comportement est aussi exécrable que vos sarcasmes. Elle se tourna, de sorte à se mettre de profil par rapport à son champ de vision. Maintenant que votre comédie est stoppée dans l'œuf, fichez-moi la paix et allez vous plaindre à vos maîtres. " Les reproches à son égard étaient devenus si fréquents depuis que Léto l'avait relevée des fosses, c'en était navrant…

Le fou ne s'enfonça pas davantage, Thémis demeurait une adversaire trop adroite, trop fière pour se laisser piétiner aussi aisément. Elle était vieille, elle avait eu son lot de racisme depuis. Il n'était qu'une tête parmi tant d'autres et certainement pas l'une des plus grosses qu'elle avait retenues. La mord'th resta plantée là, à attendre la venue du jeune homme ou du père, voire de la mère. N'importe qui qui pourra la délier de cet irritant individu.

Au final, ce fut le gris qui s'approcha. Elle ignorait toujours qui il était, qu'est-ce qu'il était pour cette famille ou encore pour le palais de Dasha. Il était si différent de… tout, absolument tout ce qu'elle avait pu croiser, rencontrer. Au moins était-il plus plaisant à la discussion, contrairement à d'autres. L'énervant bonhomme – justement – revint à la charge avec des lettres à leur intention. La noblesse. Maugréa-t-elle silencieusement, cela lui manquait presque tiens, qu'on lui envoie un bout de parchemin au lieu de faire quelques dizaines de mètres en sa direction. Enfin, elle ne s'en émeut pas plus que cela, le jeune homme accumula la surprise en exposant son côté illettré. Là, Thémis ne put empêcher son sourire de se dessiner ; il avait beau être mystérieux, il restait un enfant qui avait ses failles. L'invitation au souper ne l'étonna point, c'était très courant parmi les nobles de remercier le bas-peuple par une succulente dégustation de leurs mets inaccessibles. Malgré tout, la mord'th se rangea du côté du gris quant à la position de la mère : elle comprenait le point de vue de la famille, mais ses propres excès d'aristocratie s'étaient atténués pour s'offrir aux détails les plus importants de la vie. Néanmoins, Thémis ne fit pas part ouvertement de son approbation, ce n'étaient pas ses affaires. Ses pupilles draconiennes s'abaissèrent sur le jeune homme qui lui posa les questions évidentes.

" Il serait absurde de refuser l'invitation : la nuit tombe bientôt et je doute que les couloirs du Palais se prêtent à l'aumône. Avec tout ce qu'elle avait pu observer, elle était persuadée qu'il n'était pas foncièrement lié à cette famille ; ils étaient tous les deux des intrus, des intrus bienvenus. Allons-y, jeune homme. Encouragea-t-elle en ouvrant la voie avec lui, elle avait eu le temps de se familiariser avec son environnement à force. Thémis n'abandonna pas une seule occasion de tenter un contact visuel avec le gris, convaincue qu'il avait encore beaucoup de choses dans sa poche pour l'impressionner. Tu peux m'appeler Thémis. Une manière comme une autre de lui soutirer son nom, au pire elle se contentera de dénominations appropriées. J'ose espérer que nous aurons l'occasion de faire plus ample connaissance à cette table, tous les deux. Ta présence en ce lieu bouffi de luxe, alors qu'on ne t'a point éduqué à la lecture… m'interpelle. " Ce n'était qu'un jeu entre eux, une danse qu'autrui ne pouvait comprendre. Elle voyait la vérité dans le mensonge et les anomalies dans le décor, c'était dans sa nature de discerner le faux du vrai et de comprendre ce qui poussait ce monde à défier les lois de la normalité.

Le soir venu, ils s'étaient tous les deux retrouvés à ce fameux dîner, en compagnie du couple de marchands, de l'intendant Jakhr et de Maître Halbior. Forcément, ce dernier était autant venu alarmer par la santé vacillante de la jeune fille que par la présence bien heureuse de la mord'th. Il m'aurait laissé crever de faim sur ces tas de coussins. La blanche ne pouvait que remercier silencieusement ces honnêtes gens de lui avoir ouvert une voie vers la "bénédiction" du fameux maître. Avant qu'elle ne s'installe avec le jeune homme, ils avaient entendu dire qu'une pièce de théâtre était prévue après dîner, de quoi divertir leurs invités et sûrement remonter le moral de leur progéniture lorsqu'elle se sentira mieux. Thémis remarqua qu'elle n'était toujours pas présente d'ailleurs et aurait bien aimé faire part de son inquiétude pour en savoir plus, mais tant qu'elle avait Halbior sous le coude, ses mondanités pouvaient attendre.

" Pardonnez-moi d'être aussi entreprenante avec vous, Maître Halbior, mais j'imagine que vous avez quelques minutes à m'accorder en ce qui concerne notre discussion de tantôt ? Le noble masqua très mal son agacement de demi-seconde au début, il se plia toutefois aux règles de politesse et se lança malgré lui dans les filets.
- Ce serait un plaisir que de revenir sur les raisons de votre venue, en effet. Puisqu'il ne se permit pas de continuer, elle choppa son verre et fit danser la robe du vin tout en dardant le nobliau.
- Êtes-vous donc suffisamment proche des Voyageurs pour m'assurer que l'un d'entre eux puisse trouver refuge auprès de Dasha ? La question sous-jacente était suffisamment visible, pour qui savait lire entre les lignes et le renfrognement du maître ne l'aida pas dans ses convictions.
- Si le Voyageur en question répond à la majestueuse doctrine du groupe, il est évidemment de bon ton d'affirmer qu'il sera le bienvenu au sein du Palais. La mord'th masqua sa semi-déception par le sourire, il avait donc compris et elle ne savait pas si cette proposition ratée risquait d'avoir des répercussions.
- Je vois. Elle but une gorgée, le liquide était fruité. Vous m'en voyez ravie, ainsi que mon amie. " Elle préféra couper court à la discussion, se lancer dans une joute verbale auprès de ses hôtes serait impolie et contraire à ses principes.

Léto n'avait qu'à se trouver des alliés ailleurs, le Palais de Dasha appartenait à l'Abyssum de toute façon, et ce n'étaient certainement pas les ondins qui allaient accueillir une chamane en exil, au risque de se frotter aux tribus hostiles. Les Voyageurs en eux-mêmes non plus, la Marche Terne n'apprécierait pas qu'elle s'accoquine davantage avec ces marchands-là plutôt que les leurs. La mord'th noya cette échec dans le vin, sans trop forcer non plus, ce n'est pas comme si elle avait perdu sa journée non plus. Son regard verdoyant balaya l'ensemble de la table, davantage curieuse à l'égard du mystérieux être à ses côtés et de la famille qui le fréquentait à présent. Qui sait, au détour d'une conversation, elle pourra bien se familiariser avec lui, peut-être même avec ces nobles moins pompeux que la moyenne.


1923 mots ~



By Jil ♪
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Jeu 14 Jan 2016, 14:03


Le jeune homme n'avait de semblable à son impassibilité que l'arrogance et mauvaise langue qu'hantaient ce servant de pacotille. Son statut était dérisoire, et il était évident que la famille se ruinait en médicaments malgré leurs talents marchands qui leur servaient peut-être. S'il avait rendu sien l'honneur de la famille, Ashes le jugerait plus idiot encore, cette dernière en totale perdition, l'homme n'ayant pas sa place en son sein. Il n'en avait plus fait cas, et s'était au contraire plut dans les paroles venimeuses que la jeune femme lui avait rendues. Il les avait seulement entendu à travers l'ouverture légère, mais cela avait été suffisant à déchirer sa bouche d'un rictus que, fort heureusement, la petite fille était trop innocente pour faire cas. Il n'avait pas le sarcasme si facile, ni la poigne si ferme, et il remarqua que d'autres, par l'expérience sûrement, savaient faire taire les plus puissants. Cet air de désespoir brûlant ; ces yeux plissés et contrariés ; cette bouche médisante qui ne cessait de cracher et profaner le mal autour de lui… le tout malgré l'orgueil qui forçait l'olivier à affronter la tempête. Il était pitoyable à regarder, et pourtant il lui remerciait quelques révélations surprenantes. Les termes 'juge' et 'mord'th' ne rimaient à rien pour le petit être, ignorant au possible. Pourtant, il les assimilait, comme un véritable enfant qui s'attribue toutes les connaissances que les adultes sont capables de lui apporter, lui fournir au besoin. Sa présence était une satisfaction à son égo, la matérialisation de cette nouvelle existence qu'il voulait mener pour se satisfaire. Il voyait le monde sous d'autres apparats et visiblement, sa nouvelle essence commençait à parler plus fort que tout ce qui put subsister de l'ancienne. Il n'avait pas idée de quoi il s'agissait au juste, ni même les contraintes qu'invoquait un tel changement. À ses yeux, elles ne purent jamais être aussi terribles et carnassières que le furent la mort et la misère pour un enfant, et sur ces termes, peut-être avait-il raison…

Il avait favorisé l'échange, et la jeune femme répondit exactement à ses attentes. Il répondait présent à ce repas de bienséance, mais reconnut, en son plus profond intérieur, que malgré les heures, voire déjà jours qu'il ne s'était pas nourri, il n'avait même pas un petit creux. Lui qui avait subi la famine, n'aurait pu s'y méprendre, et savait que le corps humain survivait entre quatre et cinq jours sans nourriture, pour un enfant, pourvu que ce dernier se désaltéra suffisamment. Toutefois, il n'avait fait ni l'un ni l'autre, quand bien même en aurait-il besoin finalement. Une telle chose était-elle seulement possible ? Pas le moindre doute ne se dessinait sur son visage, et rien ne parut capable de l'ébranler. Ce détachement de la vie, ce vide intersidéral qu'il ressentait à l'intérieur, était étrange même pour ce petit garçon qu'il avait cru mort psychologiquement et qui pourtant continuait toujours à ressentir des petites choses. Comme l'espoir au moment de son trépas, ou la joie dans les pleurs que versa son agresseur. S'il n'y avait plus rien.. cela voulait-il dire qu'il pourrait exister sans plus jamais souffrir ?

« Vous d'abord » Il ne souriait pas, mais s'efforçait à rester aimable. Ce n'étaient que des apparences, mais il retournait pour le moins les petites attentions qui lui étaient dirigées. C'était un raccourci qui permettait plus aisément l'échange, et qui prônait la confiance entre semblables. Grâce à la jeune femme, une autre appellation vint se référer à ce visage aux traits fins, et aux cheveux clairs, blancs. « Et bien. Nous sommes deux, là aussi » Il ne voulut pas déjà la confondre, essayant de ne pas s'étaler sur des affaires personnelles, et plutôt lui soutirer ce qu'il put. « Je ne sais pas ce que je fais ici. Je me suis réveillé dans le désert, voilà tout » Et dans cette phrase, pas le moindre mensonge. Elle ne pouvait s'apercevoir qu'il cachait une part de vérité. Sa mémoire n'était pas entière, et il était vrai que rien de son présent n'emboîtait avec le reste de son passé… Il devait avoir oublié, perdu dans le cour du temps, des fragments qui l'aideraient sûrement à constituer le miroir de la vérité, mais il ignorait où était la clé qui lui permettrait l'accès. Il supposa que l'amnésie n'était pas si étrange phénomène étant donné les conditions extrêmes dans lesquelles ils se voyaient forcés à voyager, à traverser les flots de sable pour espérer un jour atteindre la cité humaine. Non pas qu'il voulut s'y rendre, bien qu'elle soit la plus proche, mais il voulait surtout connaître le pourquoi de son déplacement. Quelques mémoires vagues de son passé lui étaient revenues, certes, mais comment espérer croire qu'il était mort.. pour simplement revenir parmi les morts comme si rien ?

« J'ai aussi cru comprendre que tu n'étais pas ici parce que tu voulais 'juger' ou être jugée. Pourquoi alors ? » Il ne voulait pas lui demander d'explique les détriments de sa propre condition, car il savait à quel point c'était délicat, et que beaucoup de gens n'osaient pas en parler, même s'ils leur étaient connus. Il découvrirait peu à peu ce qu'il en retournait, et ce qui provenait de son engeance. Toutefois, l'intérieur était tout aussi intriguant, et ça il n'avait d'autre moyen pour le percer à jour. Très vite, ils se retrouvèrent en présence de la famille. Tous agrégés à la même table, et profitant des mêmes mondanités que les marchands, on leur servit des plats succulents, ainsi qu'un bon vin que tous dégustèrent sans tarder. La conversation semblait aller bon train entre les convives, et les parents ne semblaient pas particulièrement dérangés par la présence des deux intrus.

Ils prirent quelques instants à les aborder, mais ce n'était, au moins, pas par malveillance. « Je vous remercie mes très chers d'avoir veillé sur ma petite fille. Dans nos pires jours, les crises peuvent s'avérer si fortes et.. poignantes, que nous ne pouvons pas quitter le lit pour toute une journée.. Elle dort à présent, après une petite collation » , « Vous êtes-vous rendue à son chevet vous-même ? » Elle ravala sa salive, baissant le regard. « Non, et j'ai eu vent de votre indignation à ce sujet. Vous avez tout à fait raison sur ce point.. » , « Mais allons !! C'est absolument faux ! Azuhäa tu n'es pas du tout responsable. Tu fais de ton mieux, malgré le 'monstre' qui te ronge toi aussi » , « Ce n'est pas important. Vivement que nous rentrions, et que je puisse être à ses côtés » Elle afficha un sourire triste et désolé qu'elle tourna vers le jeune en particulier. « Comment vont les préparatifs, maître Halbior ? » L'homme finit de boire sa dernière gorgée, demandant à son propre intendante de le resservir. « Tout sera en ordre demain dans la soirée. Ce sera également le meilleur moment pour partir, monsieur » , « Dans ce cas, c'est décidé. Vous ne devriez plus avoir besoin de nous » , « Sur ce.. je n'en suis pas si sûr, mais nous pourrons en parler plus longuement à la fin de la représentation. Elle ne va plus tarder à commencer » Il fit tourner le liquide à l'intérieur de son verre, décidément plus intéressé par le spectacle lui-même, que par tout ce qu'avaient à lui dire les invités présents à sa table. La pièce se résumait à une créature mythique qui envahit un village et qui est finalement vaincue par le héros dont parlent toutes les légendes. Toutefois, une sorte d'impatience se lisait dans les traits du maître à chacun des rugissements de la bête, bien réels pour effrayer la moitié de la salle à chaque fois qu'ils retentissaient.. Imagination ou représentation bien trop réelle pour leur propre bien ? C'était aux spectateurs de faire les liens nécessaires…


« J'aimerais aussi m'entretenir plus longuement avec vous, mes amis » Elle toussota deux fois dans son poing. « Accompagnez-moi une fois le souper terminé. Nous pourrons parler en privé. Surtout toi mon bonhomme. Tu as été très courageux de faire ce que tu as fait, et surtout très sage, mais.. comment ça se fait que tu sois ici seul dis moi ? » Elle lui parlait comme à un enfant, impolitesse que n'avait pas commise la mord'th pour le moins bien mieux élevée avec de parfaits inconnus. Il ne lui reprochait toutefois rien, n'en éprouvant pas le désir, et encore moins la proximité nécessaire à cela. Aucun d'entre eux n'était prêt de le toucher, de l'ébranler. Rien ne suscitait la moindre émotion, et il se demandait même s'il en était encore capable. Un petit quelque chose lui intimait de ne pas partir sitôt, de ne pas s'éclipser cette nuit, car quelque chose allait se produire… Et il le sentait jusqu'au plus profond de son petit corps depuis que la petite avait mentionné ces cris assourdissants qui lui parvenaient. Peut-être était-elle la seule à les entendre, peut-être comme il l'avait supposé qu'il s'agissait juste des fantômes de son imaginaire qui lui jouaient des tours.. Mais il était d'humeur assez joueuse et malicieuse, pour vouloir apporter une pointe de chaos dans cet havre de paix dans lequel se noyaient les plus puissants au coeur du désert. Ils étaient dans une bouche prête à les avaler, et peut-être que ce n'était pas si mal de prendre à la lettre ces dires. « Thémis. Écoutons ce que maître Halbior a à leur dire après le repas. De la manière la plus discrète possible bien entendu. Quelque chose sent le roussi » Et il avait des raisons de croire que son intuition n'était pas la mauvaise.

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Latone
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Latone
Dim 03 Juil 2016, 23:38

Ses yeux se plissèrent par réflexe lorsqu'elle entendit le monstrueux hurlement. Thémis se remémorait la pièce qui venait d'être joué il n'y a tout juste que quelques heures, tout lui semblait réel dans ses souvenirs ; ce qui était d'autant plus étrange, mais aussi plus compréhensif maintenant qu'elle liait le tout. Si le repas en lui-même s'était bien passé, tout commença à partir à vau-l'eau juste après, lorsque la mère absente leur avait proposé une entrevue, et que Thémis, sous l'impulsion du jeune génie, s'était laissé aller à l'idée de tendre l'oreille entre Maître Halbior et cette femme malade. Suivre l'instinct de l'enfant lui avait sûrement sauvé la vie, ainsi que beaucoup d'autres.

Lorsque je serai rentrée, je vais tellement gronder Léto qu'elle aura intérêt à préparer mon thé tous les matins sur les six mois à venir. Maugréa-t-elle intérieurement en crachant un souffle du Dragon. La brume chimérique alla se percuter sur le monstre aux griffes du dresseur, c'était d'ailleurs une manière de signifier sa présence au dite homme. La paralysie frappa la créature, permettant au guerrier de pouvoir frapper les points vitaux. Il en toucha quelques uns mais le monstre continua de lutter, lorsqu'il finit par chasser le souffle ensorcelé de ses poumons. Thémis resta à l'écart, ce n'était pas dans ses intentions de se présenter aux premières lignes, d'autant plus qu'elle n'était pas armée. Le monstre redoubla d'effort, enhardi par ses blessures qui le menaient peu à peu aux portes de la mort. Ses plumes semblèrent s'hérisser tels les poils d'une fourrure. La mord'th hésita à réutiliser son souffle, cela lui brûlait beaucoup d'énergie d'utiliser un tel sortilège… Fort heureusement, le dresseur parvint à remporter la victoire, comme quoi la précédente intervention de la blanche ne fut pas de refus. La chimère s'écrasa par terre dans un râle quasi-semblable à celui de la fausse créature du spectacle, puis son corps sembla se dissiper dans les ténèbres, pour ne plus jamais y revenir. Le dresseur brisa le silence en rengainant son arme, c'était terminé et il avait bien hâte de remonter à la surface. Mais avant, il se tourna vers son "assistante" aussi impromptue que bienvenue. Il était grand, musclé, il supportait sur ses épaules un arsenal conséquent et bien entretenu, à vue d'œil.

" Je vous remercie pour votre aide, madame… Il esquissa une révérence, assez maladroite à ses yeux, il ne devait pas avoir l'habitude des politesses. Donc, pas un noble d'ici. Votre humble serviteur s'appelle Kafka. Si ce n'est pas trop indiscret, puis-je savoir ce que vous faisiez dans ces caves ?
- Tout comme vous, je chasse des bêtes. En l'occurrence, vous avez fait le plus gros du travail et je vous en félicite. Elle plia les jambes dans une révérence plus gracieuse. Appelez-moi Thémis. J'ai quelques questions à vous poser, daignerez-vous m'accompagner jusqu'à la sortie ? Le temps de remonter là-haut, vous aurez largement le temps de répondre à mes interrogations. "

Et tandis qu'il offrait son bras auquel elle s'agrippait et qu'ils marchaient, à tâtons, dans l'obscurité des sous-sols du palais, la mord'th recollait peu à peu les morceaux de toute cette affaire. Depuis le début, depuis un bon bout de temps, le palais de Dasha était entre les griffes de monstres plus humains que jamais. A croire que la famille de la petite était liée à tout ceci, du moins indirectement. C'était comme une malédiction chez eux, comme s'ils étaient poursuivis par des démons, partout où ils allaient. Dans le lot, Maître Halbior était le commanditaire de ce dresseur, mais il semblerait qu'il glanerait tout autant de privilèges avec cette action, alors qu'il aurait été beaucoup plus judicieux de prévenir ses collègues, et de ne pas avoir à chasser aussi rapidement la famille marchande… Tout ceci n'était que de l'injustice, et là où il y a Thémis, il n'y aura que de la justice. Quant à Ashes, eh bien, il semblerait qu'il n'ait été qu'un électron libre, avec un bon flair de surcroît ; sûrement que, sans lui, elle n'en serait pas arrivé là. Ainsi donc, juste avant qu'ils ne retrouvent l'air frais, la mord'th souffla quelques instructions au dresseur, enrobés de quelques explications, elle lui devait bien ça après tout. Dans tous les cas, il aura sa récompense promise, mais il était généreux et plein de bonté : il céda à l'éloquence de la dame et promit de témoigner pour elle, afin que sa justice soit appliquée.

Le lendemain…

" Une nouvelle fois, au nom de notre bien-aimée Dasha, je vous présente nos plus sincères excuses pour tout le dérangement accumulé au cours de votre séjour… J'ose espérer que vous nous reviendrez malgré le désagrément. Thémis força un sourire, il fallait avouer que tout ceci n'avait été qu'une perte de temps, bien qu'elle ait pu au moins régler cette affaire de bête.
- J'imagine que ce n'est pas Dasha qui m'a envoyée entre les griffes d'une chimère, ne vous en faites donc pas : je reviendrai sûrement, un jour. Ses pupilles verdoyantes s'égarèrent sur la fontaine présente à leur côté, elle contempla la chute de l'eau. C'était une bien belle œuvre, elle lui rappelait des temps anciens…
- Vous nous en voyez ravis ! Prenez soin de vous, et bon voyage. Elle s'inclina.
- Je vous remercie. Au revoir. " Et elle s'éclipsa, l'air songeuse, vers des contrées plus glaciales.


889 mots ~



By Jil ♪
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