Dastan marchait d’un pas rapide et décidé, suivant la route qui le mènerait directement à Avalon, sur la côte nord ouest du Continent Naturel. Il avait encore pas mal de chemin à parcourir et devait traverser les Terres d’émeraude. Il venait seulement finir de passer par les montagnes de l’Edelweiss enneigé. Il n’était pas vraiment arrivé à destination. Le soleil était haut dans le ciel et peu de nuages empêchaient les rayons de passer. La brise rendait la chaleur agréable et son périple plus facile. Apres plusieurs jours passés dans le froid à traverser la montagne, cela faisait du bien de récupérer et de ne plus sans arrêt avoir les doigts engourdis par les bourrasques d’air gelée. Le jeune homme n’aimait pas particulièrement la neige et la montagne. Ce devait surement être lié à son Totem : le Lion. Avait on déjà vu cet animal, le roi de la savane, perdu en pleine montagne ? Retrouver de grandes étendues verdoyante lui faisait plaisir et le faisait avancer avec le sourire.

Il marchait depuis une bonne heure quand un chariot passa à côté de lui. Il était tiré par deux chevaux musclés dirigés par un homme d’une cinquantaine d’année. Il semblait grand et musclé. Sa peau était marquée par l’âge mais aussi par les rayon du soleil. Il devait travaillé en extérieur. Quand il arriva au niveau de Dastan, il fit ralentir ses montures.

- Bonjour jeune homme. Je vous vois marcher depuis un bon moment. Vous allez où ?

L’homme ne semblait pas représenter une menace. Son ton était amical. Il n’y avait aucun risque à lui donner sa destination.

- Je me dirige vers Avalon.

- Et bien… Ce n’est pas la porte à côté. Je ne vais pas à Avalon mais je peux vous déposer à mis chemin. Je vais vendre mes produits dans un petit village des Terres d’émeraude. Allez, montez.

Dastan eut un moment d’hésitation. Le but de son voyage le rendait nerveux et il avait peur de ne plus pouvoir faire confiance.

- Allez, je ne vais pas vous manger.

Apres tout, qu’avait il à craindre de ce vielle homme ? Le Bélua embarqua donc dans le chariot de marchandise. Le trajet serait plus rapide et agréable ainsi. Le trajet avec le vielle homme commença alors.

Dastan était assis à l’arrière du chariot depuis plusieurs heures maintenant. Le marchant transportait toutes sortes de choses à l’arrière de sa carriole. Il y avait des outils, des meubles et autres fabrications en bois, du métal et d’autres minerais, ainsi que des la nourritures dans différents contenant. Sur certain était écrit les produits contenu à l’intérieur : des céréales divers et variés, des légumes et de la viande, séchées et salées à n’en pas douter. Les odeurs émanant du chariot piquaient le nez de Dastan. Son odorat de félin pouvait être utile en bien des occasions mais pouvait aussi s’avérer dérangeant dans d’autres cas. Pour passer le temps, le jeune homme discutait avec le vielle homme ou perfectionner sa maitrise de la magie. Il s’entraînait à créer ses cristaux magiques de couleur ocre qui lui permettait de se téléporter d’un lieu à un autre. C’était une magie plutôt belle. D’abord, il laissait échapper un nuance orangé de la paume de sa main. Petit à petit le nuage se condenser et devenait de plus en plus opaque. Au final, la fumée semblait se cristalliser pour donner une petite pierre sombre tenant dans la paume de sa main. Une fois que Dastan possédait deux pierres, il pouvait les lier pour créer un passage entre les deux. Alors il pouvait ouvrir un portail fait de la même fumée en brisant la pierre. Cel apprenait du temps et de la patience pour bien bien le maitriser. A tel point que quand il eut finit de s’exercer, il était enfin arrivé.

Il sauta de la caravane et se dégourdi rapidement les jambes. Il retrouvait enfin la terre ferme. Il avait les jambes en guimauve et sentait encore les effets des tremblements du chariot à la fois dans son dos et dans son estomac. Il était bien content d’être arriver à destination. S’étirant un bon coup et rajustant sa cape sous ses vêtements, il passa son carquois et son arc à son épaule, dans son dos. Il s’assura que son épée était bien accrochée à sa ceinture et observa la petite bourgade tandis qu’il pénétrait dans l’allée principale, marchant à côté de son compagnon de route sur sa carriole. A présent qu’il était arrivé, qu’allait-il bien pouvoir faire ? La lune pointait le bout de son nez et la nuit arrivait à grand pas.

- Je dois aller voir certaines de mes connaissances pour la marchandise. Dis l’homme en faisant ralentir son chariot. Je vous conseil d’aller à l’auberge pour vous trouver une chambre. Peut être nous retrouverons nous dans la soirée. Sans plus attendre, il s’éloigna et laissa le Bélua seul.

L’auberge de la ville était calme. Un musicien jouait un air mélodieux convenant parfaitement à l’ambiance de l’établissement. La nourriture était bonne et le changeait de sa viande séchée qu’il devait manger en attendant de trouver un endroit où camper convenablement ou une auberge comme celle ci. Après son repas, Dastan sortit prendre l’air. La lune était tel qu’elle éclairait plus la rue que les lanterne alentour. L’air de la vallée était agréable. Ce serait une belle nuit.

Helly suivait une piste. De bouche à oreille, les on-dit l’avaient amenée sur le territoire des origines, les Terres d’Émeraudes. Elle ignorait ce qu’étaient ces contrées jusqu’à les fouler d’un pas hésitant. Se pouvait-il qu’elle se soit à ce point perdu pour croire qu’un repère d’assassin existait dans ce décor verdoyant? Un cirque qui plus est, c’était sans doute une mauvaise blague, une fable d’ivrognes, rien de plus. La quiétude bucolique l’empêchait de croire que tout cela était vrai. Encore une fausse piste qui lui laissait un gout amer en bouche. La bélua commençait à perdre espoir dans sa folle quête. Retrouver un homme sans nom, une initiale perdue dans le néant, voilà donc où menait sa folie.
Elle se laissa tomber en tailleur dans l’herbe et empoigna le tapis vert pour y arracher quelques brindilles. Ce geste désespéré n’avait eu que pour effet de déverser le trop-plein de frustration qu’elle accumulait ces derniers temps. Elle se laissa tomber sur le dos et soupira tout en fixant les cieux azuréens. La course hypnotique des nuages apaisa son coeur, rendant lentement au corps de la bélua la légèreté qui l'a caractérisé si bien en temps normal. La dépression ne lui sied guère et puis il ne servait à rien de se lamenter sur son sort. Chaque problème en son temps, un à la fois, sans se laisser déborder dans des états d’âme alambiqués.
Elle entendit du bruit et se retourna sur le ventre à l’affût des troubles qui venaient de faire valser la quiétude des lieux. Trois individus couraient le diable au corps, tombant sur le sol et se relevant à la hate ne laissant qu’envisager une fuite possible. La bélua plissa ses yeux en se redressant lentement. Quelle que soit la chose qu’il semblait fuir, ils accouraient à présent dans sa direction.
Helly ne comprit pas tout de suite les paroles des hommes. Bien trop perturbés et même épuisés par leur course, ils n’articulaient pas assez pour rendre audible leur mise en garde. Sans s’arrêter, le deuxième homme l’attrapa par le bras l’arrachant à sa position, en ne lui laissant qu’un bref instant pour apercevoir la fine silhouette ensanglantée sortir du bois. « Un enfant ? » Helly tenta de freiner la course de l’homme qui l’entraînait, totalement chamboulée par cette vision cauchemardesque qui l’aurait poussée à porter secours à cette victime…

- Par Marcus fils de Lily-Lune, tu veux mourir? Pesta l’homme à bout de souffle.
Helly arqua un sourcil en dévisageant le pauvre homme apeuré. Elle ignorait qui il implorait de la sorte mais nul doute qui la mettait en garde sur ce mystérieux vison.

- Ce n’est qu’un enfant!? Souffla-t-elle avec hésitation.
- Madame… Je peux vous assurer que cette créature sortie des enfers n’a rien d’un enfant…
Le regard de la bélua chercha la vision fantomatique à l’orée du sous-bois sans parvenir à y déceler sa trace. « L’enfant » avait disparu laissant Helly et les trois pauvres hères filer vers les abords d’un village. L’homme la relâcha enfin tombant non loin d’elle totalement anéanti par cette folle fuite. Les mains sur les genoux, la bélua reprenait son souffle. elle avait suivi le mouvement sans trop se poser de questions. mais maintenant que tout danger semblait écarté, elle s’Attendait à des explications plus concises.
Le regard noir qu’elle leur adressa, incita un des hommes à répondre.
- Pardonnez-nous madame… Mais nous sommes tombés sur cette créature…
- Un enfant, précise-t-elle.
Il allait sans dire que même s'il n’appartenait pas à une race qu’ils avaient pour habitude de côtoyer, cela ne faisait pas de lui une « créature ». Helly ressentait un certain malaise avec ce délit de faciès.

- Avec tout le respect que nous vous devons… Je puis vous assurer que cette « chose » n’est pas un enfant.
- Il a blessé bon nombre de personnes…
- Il a tué le vieil Owell. Justifia le troisième. Il n’est animé que par le gout du sang et du carnage…
Ce que voyait Helly, c’était surtout un enfant perdu bien loin des siens. Peut-être un vampire?
Elle observa les hommes et se retourna vers un attroupement de villageois.

- Cette comédie a assez duré. Il est temps de traquer la bête et d’en finir.
L’homme qui avait prononçait ses paroles s’apparenter à un chef de village. Bien bâti, richement paré, il débordait de cette arrogance tributaire de ce statut. Les cris galvanisant de ses partisans s’élevèrent dans la nuit tombante faisant sourciller Helly. Ils comptaient réellement s’attaquer à l’enfant. Elle serra sa mâchoire en fronçant ses sourcils. L’homme toujours à ses pieds soupira en lui attrapant la jambe.

- Madame… Je peux comprendre votre malaise… Ne nous jugez pas. Cette créature terrorise notre visage depuis des lunes… Les Grands Protecteurs ne veulent rien faire… Nous sommes obligés.
La grimace qui se dépeint sur le visage d’Helly parla à sa place. Elle ne pouvait lutter contre la volonté d’hommes animés par l’esprit de la vengeance. Ils avaient des raisons, discutables, cette mais aller contre un mouvement commun serait suicidaire.

- On n'est jamais obligé de rien, pesta-t-elle en se dégageant de la main de l’homme.
Elle se recula de quelques pas et se dirigea vers le porche de l’auberge. Maintenant qu’elle était là, mieux valait passer la nuit dans le coin et surveiller les idées macabres de ces pauvres fous.
Elle grimpa quelques marches et tomba nez à nez avec un jeune homme. Son regard doré accaparait son attention, lui faisant pencher la tête de côté dans un stupide reflexe.
Avait-il entendu ce qui se tramait?

Dastan décida de rester devant l’entrée de la taverne. Il s’épaula contre l’un des poteaux de bois participant au maintient du balcon qui devait se trouver au dessus de lui et couvrait l’entrée de l’auberge. Il se saisit d’un paquet accroché à sa ceinture et entreprit de le défaire. Il en sortit une vielle pipe, celle que son parrain lui avait offert, et la fourra avec du tabac. D’un coup sec avec son silex, il l’alluma et commença à fumer. C’était un de ses plaisirs de la vie, il adorait particulièrement l’odeur des herbes à fumer, d’autant plus que celle ci provenait de la réserve d’un magicien. Ces type là avec du gout en matière de tabac. Ainsi, il fumer la pipe en regardant les étoiles et en pensant au voyage qui lui restait encore à parcourir. Avalon n’était plus si loin que ça, il avait fait plus de la moitié du chemin. Mais sur son périple, il lui resterait encore la moitié à accomplir. C’était en pensant à son voyage que des cris vinrent briser la quiétude du petit village.

A quelques mètres à peine de l’auberge, sur la place centrale, arrivèrent quatre personnes en courant comme s’ils avait le diable à leur poursuite. Il y avait trois hommes et une femme. Ils stoppèrent leur course, enfin parvenu à destination. Ils semblaient épuisés et tentaient tous de reprendre leur souffle. Le groupe échangea quelques paroles que Dastan ne parvint pas à entendre. La conversation paraissait agité. Les trois hommes étaient terrorisés. Quand à la femme, elle ne laissait rien transparaitre de véritablement important. Elle semblait détaché de cette affaire, comme si elle était extérieur à ce qu’il venait de se passer. Néanmoins, à certaine répliques de hommes, le jeune homme put lire la colère dans son regard.

La conversation ne dura pas plus que cela, un attroupement de villageois se faisait déjà autour du groupe. Ils avaient du entendre les cris et étaient sortis de chez eux pour savoir ce qui pouvait bien briser le silence et la tranquillité de leur bourgade. Mais ils semblaient en fait tous savoir de quoi il en retournait. La tension était presque palpable sur la place du village. Un homme prit alors la parole, essayant de se montrer fort quand tous semblaient avoir peur. Les gens l’écoutèrent, ils avaient confiance en lui. Il avait l’autorité nécessaire du diriger ses hommes et devait être le chef de ce village. Sa position était autant du à son charisme qu’à son physique, grand, costaud et vêtu d’apparat.

- Cette comédie a assez duré. Dit il a tous d’une voix forte et portante. Il est temps de traquer la bête et d’en finir.

Il n’en fallut pas plus pour que le peuple se soulève. On ne ressentait plus de peur dans l’assemblé, mais de la colère et une soudaine confiance en eux, qui leur avait fait défaut jusqu’à présent. Les cris se firent de plus en plus nombreux. Dans la nuit résonnait des menaces contre le monstre qui les avait attaqué.

- A mort la créature !

- Tuons ces monstres !

- Ils vont nous le payer !

- Vengeance !

Malheureusement, ce genre de comportement n’amenait jamais rien de bon. Dans le meilleur des cas, ils se débarrasserait de la bête, si il y en avait véritablement une. Autrement, il pourrait tout aussi bien souffrir d’une cuisante défaite, étant bien trop sur d’eux même, non préparé à affronter un démon. Dans le pire des cas, ce genre de soulèvement apportait des massacres horribles et incroyant violant. Pensant tuer des démons, ils seraient capables de détruire un autre village, sûr de leur bonne action. Ce genre de comportement ne pouvait rien présager de bon.

Sortant du bloc de villageois qui acclamait à présent leur chef, la jeune femme qui était arrivée avec les trois hommes, se dirigeait vers l’entrée de l’auberge. Elle non plus ne paraissait pas rassurer par le comportement des habitants du village. Il serait certainement plus facile d’en apprendre plus sur cette histoire avec elle, qu’avec n’importe quel autre personne habitant ici. Surtout si elle partageait le même avis que lui. En arrivant devant lui, elle s’arrêta un instant. Ils étaient les deux seuls personnes qui semblaient étranglèrent à tout cela, peut être l’avait elle remarqué aussi. Le jeune homme en profita donc pour s’adresser à elle.

- De quelle créature parlent ils ?

A peine avait elle eut le temps de lui donner sa réponse que le chef du village clamait ses partisans et reprenait la parole.

- Mes chers amis, nous ne pouvons plus vivre dans la peur. Nous devons nous montrer fort. Ce soir, reposez vous. Mais demain, quand la nuit tombera, soyez prêt ! Nous trouverons la bête et nous la tuerons !

Les cris des villageois retentirent une dernière fois avant que la foule ne se disperse. Au moins, cela laissait du temps à Dastan pour en apprendre plus et discuter avec la jeune femme.

- Peut être pourrions nous rentrer à l’intérieur ? Nous serons plus à l’aise pour en parler. Proposa t il en s’écartant légèrement pour la laisser passer.

Il la suivit à l’intérieur de l’auberge, espérant qu’elle pourrait répondre à ses questions et qu’elle partageait réellement son avis. Si les choses venaient à mal tourner, il serait utile d’avoir une alliée dans les conflits à venir.

L’inconnu lui renvoyait les questions qu’elles se posaient intérieurement. Helly arqua un sourcil en l’entendant formuler ses pensées et tout en se retournant vers l’attroupement, s’empressa de répondre avec dédain.

- Une créature qu’ils ne comprennent pas… Ce n’est pas parce qu’une créature est différente qu’elle est forcément mauvaise…
En disant cela elle faisait surtout référence à sa propre expérience. Les conflits entre les races lui laissaient un gout amer qu’elle s’empressa de révoquer dans un petit claquement de langue. Peut-être que son approche personnelle était hors contexte et qu’elle se montrait un tantinet ironique en parlant ainsi. Après tout, elle ne connaissait rien de l’inconnu posté à ses côtés.
Son regard retrouva la silhouette cachée dans l’ombre du bâtiment qu’elle détailla d’un rapide coup d’oeil avant qu’il ne se sente mal à l’aise sous le poids de cette non moins insistante observation. Rien n’indiquait qu’il était vexé ou offusqué de ses paroles. Ce simple constat lui fit pincer ses lèvres dans un sourire énigmatique.

- Un vampire… Un démon… Qui sait, souffla-t-elle en grimpant les dernières marches.
A vrai dire ce n’était que pure hypothèse mais les traces de sang qui recouvraient ses vêtements tendaient largement vers une théorie du genre. Elle leva ses yeux au ciel dans une profonde réflexion avant de reporter son attention sur l’inconnu. Son regard presque inquisiteur jugea de l’effet de ses paroles sur son interlocuteur.
Les gens avaient tôt fait de se faire une idée des créatures qu’ils ne connaissaient pas, était-il de ceux-là? Avait-il même une hypothèse concernant tout ceci?
Les paroles du chef du village l’terrompirent dans son cheminement de pensée, recentrant soudainement l’attention sur l’attroupement visiblement toujours partant pour une chasse à l’homme improvisée. Les cris approbateurs concernant leurs intentions d’en finir au petit matin agacèrent passablement Helly qui se renfrogna un peu plus dans l’ombre de l’auberge. Cela laisserait largement le temps à la créature de faire d’autres victimes ou de se perdre un peu plus…
La bélua soupira en croisèrent ses bras. Elle ne pouvait s’empêcher de penser ce qui se passerait si jamais un meurtre d’un innocent était commis? Cela pouvait-il engendrer plus de représailles? De nouveaux conflits? Plus de sang? Rien n’était moins sûr. Peut-être même valait-il mieux quitter les lieux avant que tout ne dégénère et qu’elle se retrouve à impliquer dans une histoire sordide.
Ses mèches lactescentes glissèrent sur ses épaules cachant une partie de son visage aux yeux de l’inconnu.
Elle inspira longuement avant de secouer la tête.

- J’espère que l’enfant sera bien loin au petit matin… marmonna-t-elle.
Son interlocuteur reprit à son tour la parole dans une inopinée invitation qui ne manqua pas d’interpeller Helly. Elle lorgna curieusement l’homme comme si elle tentait de lire en lui ses intentions et s’avança vers la porte dans un hochement de tête. Il ne paraissait pas hostile et semblait préoccupé du sort de l’enfant traqué, de quoi titiller la curiosité de la bélua et l’inciter à poursuivre l’échange. Elle jeta un dernier coup d’oeil vers les villageois par-dessus son épaule et poussa la porte d’entrée de l’établissement. L’endroit était vaste et peu peuplé. Son regard détailla chaque client avant d’en faire le rapide inventaire des lieux et des possibles dangers potentiels. Modeste et tranquille, c’est ce qui s’imposait comme première impression. Pourtant, Helly savait qu’il valait mieux se méfier des apparences, surtout aux abords de ce « chapiteau » aux moeurs encore mal définis.
Elle se dirigea au centre de la salle et se posa sur une chaise en suivant des yeux la silhouette de l’homme qui avait pris place à côté d’elle. Son apparence ne permettait pas vraiment à la bélua de se faire une idée de la race de inconnus. Ce n’était pas comme si cela avait une importance à ses yeux mais c’était toutefois important pour ne rien révéler à une personne qui aurait pu se servir de ses informations à des fins néfastes.
Elle se mit à jouer avec un verre vide, laissant paraître son hésitation à poursuivre avant qu’elle ne baisse la tête pour demander d’une voix fluette.

- En quoi les tribulations d’un village perdu au milieu de nulle part intéresseraient un inconnu?
Elle releva son regard le faisant pétiller d’une curiosité enfantine. Ses doigts firent rouler le verre qui claqua brusquement sur la table.
La bélua laissa échapper un soupiré d’embarras avant de reprendre.

- Loin de moi l’idée d’être désagréable mais je suis curieuse de savoir… À qui je parle…
Elle s’accouda à la table et le dévisagea longuement attendant qu’il dissipe le mystère qui l’enveloppait.