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 Le mystère des cercles [Younes]

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Mar 24 Mar 2015, 21:26


« Tu devrais déjà être prête, Tomoe. Je n'ai jamais vu une enfant aussi paresseuse. Tu me déçois de jour en jour. Comment mon fils a-t-il pu penser un seul instant que tu étais l'épouse idéale pour le sien ? » Antigone était entrée dans la chambre sans même prendre la peine de frapper, comme elle en avait la détestable habitude. En tant que matriarche de la famille Borgia, il y avait peu de choses qu'elle ne pouvait pas se permettre. Entre deux soupirs, elle tira les rideaux, laissant entrer la languissante lumière du jour. C'était l'aube. « Une Magicienne … » continua la  Sorcière, le mot presque craché dans une insulte. D'un geste sec, elle retira les draps qui couvrait le corps nu de Tomoe qui se redressa lentement, flegmatique et résignée. Doucement, elle prit sa robe de chambre du bout des doigts, qui gisait au pied du lit. « Quelle erreur. Ils t'ont eu trop vieille. Hector aurait du t'exiger dès ton dixième anniversaire. Tu lui revenais de droit après tout. »Elle jeta un bref coup d'œil à l'objet de tous ses tourments. « Encore endormie. » pesta-t-elle en secouant la tête. « Habille-toi. Dépêche-toi. Elias t'attend et il sera en retard à cause de toi. Lui est prêt depuis près d'une heure. » La porte claqua. Elle était partie. En quelques pas, la jeune femme alla s'asseoir sur la petite chaise qui longeait la coiffeuse, le dossier encombré par les vêtements qu'elle était priée de revêtir en cette journée. Les jours s'enchaînaient, las, mais ne se ressemblaient pas. La famille Borgia possédait un talent inné en torture de toute sorte et ils rivalisaient d'imagination entre eux pour tourmenter la jolie et discrète demoiselle. Lentement, elle se frottait les bras. Sa peau blanche était tâchée par les traces des hématomes passés. Quelques ecchymoses s'étaient ajoutés au tableau. La veille, Elias avait fait preuve d'une violence inédite pour son bon plaisir. Il aimait avoir tout pouvoir sur sa femme. Tomoe ne protestait plus depuis bien longtemps. Elle réagissait à peine quand pleuvaient les coups et s'était faite à l'idée qu'elle devait satisfaire son mari quand il lui plaisait. Sa vie n'avait rien d'idéale. Elle se consolait dans l'idée qu'elle pourrait être pire. Tomoe ferma les yeux un bref instant, comme pour se donner du courage, avant de se lever pour aller dans la salle d'eau.  Mieux valait ne pas traîner davantage, au risque de s'attirer les foudres de la cruelle Antigone. Si cette dernière répugnait son rôle auprès de Tomoe, elle prenait très à cœur de réussir sa tâche.

« Bonjour, Lord Borgia. » murmura la jeune femme en voyant son beau père dans le salon. Il buvait un café tout en lisant distraitement son courrier. Le Chancelier des Ténèbres ne lui accorda pas un regard, évidemment. La douce Tomoe fila s'asseoir à sa table, à côté d'Elias qui la gratifia d'un regard mauvais. « En retard.» articula simplement Hector, sans même relever les yeux. « Veuillez m'excuser. » répondit-elle tout bas. Quelques secondes passèrent. « Nous verrons cela plus tard. » Il se leva. « La Prison exige ma présence. Je dois m'en retourner chez les nôtres. Puisque je ne pourrai pas accomplir mes obligations en ces … charmants lieux, ces charges te sont dévolus mon fils. » - « Bien père. Faites bon voyage. » Il finit sa tasse en quelques gorgées avant de la poser sur un meuble et s'en aller, sans se retourner. « Tu n'es pas présentable.» maugréa Elias en dévisageant sa femme. Tomoe baissa les yeux. Elle portait une robe sophistiquée, d'un bleu sombre aux délicats motifs argentées. Une toilette qu'on imaginait aisément sur une sévère Sorcière, une tenue parfaite pour elle en somme. Tout le monde pensait qu'elle était une Mage Noire. Quelques marques dépassaient du col, sur la gorge. Cela déplaisait au jeune homme. « Pardon. » C'était un comble de devoir s'excuser. « Mets ça. » ordonna Antigone qui passait par là. Elle laissa lourdement tomber un collier massif sur l'assiette qu'il y avait devant la Magicienne. Elle ne broncha pas et obtempéra. « C'est un peu mieux. » - « Combien de temps resterons-nous, Elias ? » s'enquit Antigone. « J'ai cette région en horreur. » - « Je l'ignore . Je dois aller négocier avec quelques marchands non loin. » - « Cette maison est pouilleuse. Bouton d'Or manque cruellement de raffinement.» Ils n'étaient arrivés que quelques jours plus tôt. La patience n'était pas le fort des Borgia.

« Qu'est-ce qui se passe encore ? » Elias grinçait presque des dents. Il connaissait bien la contrée, pour avoir été plusieurs fois contraint d'accompagner son père. A cette heure, certes matinale, beaucoup devrait être aux champs, dehors, à nourrir les bêtes, même à batifoler bêtement ou confirmer les pensées du Sorcier. Il n'y que quelques rares âmes qui erraient. Rêveuse, Tomoe se tenait à quelques pas de son époux, les mains jointes. Elle contemplait les alentours, presque émerveillée. Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas respiré un air aussi pur. Elle se souvenait qu'autrefois, elle courrait dans les prés sans avoir peur de déchirer ses vêtements, les cheveux libres. Aujourd'hui, elle devait être la femme modèle et sa longue chevelure blonde était réunie en un chignon haut et serré dont les tresses ne laissaient pas dépasser une seule mèche. « Attends moi ici.» Elias et ses compères s'éloignèrent. Il se passait quelque chose de louche, à n'en pas douter. Tomoe n'avait pas l'habitude qu'on la laisse seule. Mal à l'aise, elle scruta les environs, avant de décider de s'asseoir sur un vieux tronc d'arbre couché.                                                                                                                                                                                                                                                          
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Jeu 26 Mar 2015, 16:33

- « Vous êtes assise sur mon haut. ».

Younes avait un peu hésité à le lui dire en réalité. Cela faisait quelques minutes qu'il scrutait la jeune femme qui venait de s'asseoir sur son vêtement. En même temps, ce n'était pas forcément la meilleure idée qu'il ait eu de laisser traîner son haut sans manches là. Il passait un peu inaperçu à cause de sa couleur marron qui se fondait parfaitement à l'arbre. Au début, il s'était dit que la jeune demoiselle finirait par partir car elle n'avait pas l'air à l'aise. Mais, finalement, vu qu'elle restait là et qu'il devait aller voir ce qu'il se passait plus loin, il n'avait pas eu le choix de la rejoindre pour lui faire remarquer la chose. L'Orine finit par lui sourire en amenant sa chaussure droite sur le tronc. Là, il agrippa ses lacets qui s'étaient défaits à force de marcher. Généralement, il ne les faisait pas mais pour travailler ou pour marcher vite à travers les champs, c'était une obligation, sinon la chaussure pouvait rester coincée dans la terre.

- « Enfin, ce n'est pas si grave. »

Il avait chaud en réalité. A force de piocher pour déterrer les plants, la sueur avait finis par perler sur son front. Peu de Réprouvés sortaient ces jours ci à cause d'une rumeur qui courrait sur une sorte de maléfice. Younes n'était pas plus courageux qu'un autre mais il ne pensait pas spécialement qu'un peuple ait intérêt à leur causer du tord. Il n'aimait, en plus de cela, pas réellement rester dans le flou. Au contraire, il avait envie d'en savoir plus sur ces mystérieux cercles qui détruisaient les récoltes une fois la nuit venue. Était-ce seulement vrai ? Son champ avait, en tout cas, était épargné. C'était la raison pour laquelle il y travaillait depuis le petit matin. On annonçait de la pluie d'ici peu et il ne pouvait pas prendre le risque de voir sa récolte gâchée en partie à cause de la pourriture que l'eau engendrait parfois.

Une fois qu'il eut finis de refaire son lacet, il prit un seau d'eau qui se trouvait juste à côté du tronc avant de s'en servir pour se laver les mains. Il finit l'eau en se la renversant sur la tête. Fermant les yeux, la fraîcheur lui fit un bien fou. Ce fut à ce moment là que son attention se fixa de nouveau sur l'étrangère. Car oui, elle en était une. Il connaissait tout le monde ici et ceux qui venaient séjourner à Bouton d'Or étaient rares. Il sourit de nouveau.

- « Excusez-moi, je ne me suis pas encore présenté. Je m'appelle Younes. Je travaille ici. ».

Il alla pour lui serrer la main mais un mélange d'eau et de boue mal partie trônait encore sur cette dernière. Il prit un air désolé et finit par essuyer sa main sur son pantalon. La campagne était ainsi faite. Les Réprouvés de Bouton d'Or n'étaient pas raffinés, par parce qu'il n'avait pas les capacités intellectuelles de l'être mais parce que la vie ici ne le permettait pas. Et puis, il était l'un des seuls étrangers à vivre de façon permanente ici. Maintenant, il faisait même un peu partie du décor. Sa peau avait bronzé à cause du soleil et des journées entières passées dans les champs. Il avait appris à se faire apprécier des autres.

- « Et vous, qu'est ce qui vous amène dans les parages ? »

A dire vrai, l'accoutrement de la jeune femme lui paraissait vraiment dénoter avec le paysage.

- « Ce n'est qu'un conseil mais vous devriez peut-être vous changer. Je ne sais pas de quel peuple vous êtes mais cette robe ressemble un peu trop à celles portées par les sorcières de haut lignage. Les gens ici ne sont pas méchants mais s'ils en venaient à vous confondre avec une sorcière, je ne donne pas cher de votre peau. ».

Et puis, c'était dommage selon lui. Elle était séduisante et le col trop près du cou lui donnait un air sévère que ses traits, eux, ne reflétaient pas.

- « Vous serez plus à l'aise avec une robe de la région et des chaussures plus... adaptées. Ici il y a trop de champs, vous allez vous embourber. ».

Il rit, l'imaginant déjà se battre contre la terre pour récupérer sa chaussure.

- « Ça m'est arrivé plus d'une fois, c'est pour ça. ».

Le ciel se faisait menaçant. Younes leva les yeux vers lui. Il ne laissait que quelques minutes à la pluie pour s'abattre sur les champs. Le temps changeait si vite ici, ce qui était parfait pour les récoltes cependant.
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Dim 27 Sep 2015, 01:37


La solitude ne déplaisait pas à la douce Tomoe qui, bien que persuadée d’offrir un spectacle lamentable aux passants, profitait de chaque instant de liberté volés. Les Sorciers ne lui accordaient que si peu de moment, seule. Cette chance ne pouvait pas être gâchée et même si elle ne la passait qu’à s’évader par les pensées, ces secondes paisibles avaient une saveur de don du ciel. Sagement assise sur le tronc couché, les mains jointes et la tête basse, elle rêvassait, sans entendre qu’on s’adressait à elle. Tirée de ses songes par la voix d’un homme, elle ne comprit d’abord pas ce qu’il lui disait, faute d’avoir écouté la première phrase, avant de suivre son regard. Le teint rouge de honte et la mine désolée, elle se releva pressement, les sourcils tordus en une expression soucieuse. Ses joues se firent d’autant plus colorées. Sa réaction était démesurée et elle en était consciente. Elle avait tellement l’habitude d’être punie pour un rien, que le moindre prétexte serve à sa correction que le moindre de ses faux-pas l’inquiétaient. Surtout, elle ne savait plus se comporter avec les autres. « Je … » murmura-t-elle d’un timbre doux et clair, embarrassée et déconcertée. Gênée, elle osait à peine tenir le regard de cet étranger, torse nu. Pourtant, il n’avait pas l’air malveillant. Hébétée, la Magicienne écarquilla les yeux lorsqu’il se renversa un saut d’eau sur la tête. Ces attitudes sans gêne et légères ne lui étaient pas familières et la décontraction de cet inconnu avenant la troublait, sans compter qu’il était assez dévêtu. Il lui parla, longuement. Plutôt, c’était la première fois depuis longtemps que quelqu’un qu’elle ne connaissait pas s’intéressait autant à elle. Alors, elle ne dit rien, tout simplement. Elle préférait l’écouter. Lorsqu’il eut finit, elle dût bien se résoudre à répondre. « Je … » répéta-t-elle toujours aussi bas, se faisant l’effet d’être une petite idiote, une parfaite aristocrate perdue dans un monde de rustre. C’était faux. Elle avait passé toute son enfance, pieds nus, à courir dans les champs Les doigts tremblants, elle prit le vêtement marron du jeune homme, sur lequel elle s’était installée sans le voir, pour lui tendre. « Désolée. » Se maudissant intérieurement de sa propre stupidité, elle essaya de sourire. « Tomoe. » C’était un début. « Je m’appelle Tomoe. » Elle tourna la tête. « Je … J’attends … » Elle ne tenait pas particulièrement à qualifier Elias d’époux, ou les Sorciers de famille, de proches. « On m’a dit d’attendre pendant les négociations. »

Doucement, la Magicienne glissa l’une de ses mains le long de son autre bras. Un petit et triste sourire aux lèvres, elle chuchota un : « Réellement ? » à peine audible lorsqu’il lui confia qu’elle ressemblait à une Sorcière, pourquoi pas issue de la haute noblesse. Antigone aurait été enchantée de la remarque. Enfin, elle aurait pu prendre conscience de l’ampleur de son ouvrage, de sa réussite. Cette réflexion, banale et innocente, blessa davantage Tomoe que la plupart des sévices qu’elle avait endurés ces dernières années. « Je ne crois pas que … » Elle serait sévèrement réprimée si elle choisissait de se changer. « Je n’ai pas de vêtements de rechange. » C’était la seule excuse qu’elle avait trouvé. Elle souleva pourtant le lourd tissu sombre de sa robe, avisant brièvement ses jolies petites chaussures noires. Elle soupira. « Je suppose que vous avez raison mais à vrai dire, je ne suis pas censée m’éloigner. Il m’a dit de l’attendre. Ici. » Pourtant, elle en venait presque à souhaiter qu’on lui propose une robe et des sabots, un pantalon de toile, n’importe quoi, pour qu’elle puisse se débarrasser de sa tenue et courir à travers les épis de blé, croquer dans une pomme qu’elle aurait cueillit sur une branche ou ramasser par terre. Son agitation trahissait son envie : elle ne tenait pas sur place. « Que se passe-t-il, ici ? Mon … Les autres sont partis très vite. J’ai cru comprendre qu’il y avait un problème mais je n’ai pas saisi de quoi il pouvait bien s’agir. » Elle était vraiment curieuse. « Est-ce que … » commença-t-elle, les joues roses. « Est-ce qu’il y a des Cerfeuils ? J’ai toujours voulu en voir. Il n’y en avait pas dans mon village natal. » La sévérité de sa toilette tranchait de façon surprenante avec le côté implorant de sa requête, les airs de fillette suppliante qu’elle prenait. Younes n’était qu’un étranger, un individu dont elle ne savait que le prénom. Pourtant, elle voulait lui accorder une bride de confiance. Il paraissait gentil. Définitivement gentil. C’était tout ce dont elle avait besoin.
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Mar 17 Nov 2015, 18:29

Younes observait la jeune femme. Il l'écoutait parler, regardait les mouvements de son corps. Elle lui paraissait bien contrainte. Il ne savait pas si cela n'était que le reflet de son caractère ou de quelque chose de plus important, mais une chose était certaine : ici, à Bouton d'Or, les femmes étaient libres d'aller où elles voulaient avec qui elles voulaient et de faire ce qu'elles souhaitaient. Il était hors de question que celle qu'il avait en face de lui reste assise sur un tronc d'arbre pendant des heures à attendre. Les Réprouvés étaient parfois durs en affaire et cela pouvait prendre des jours, surtout avec ceux qu'ils ne portaient pas dans leur cœur, c'est à dire à peu près toutes les races qui les avaient maltraité jadis et continuaient encore de le faire. L'homme eut un sourire en coin, ayant tout à coup une idée qui, il en était certain, arrangerait sans doute la douce Tomoe.

- « Écoutez, je n'ai vraiment pas le cœur à vous laisser là, toute seule. Les Réprouvés peuvent être un peu lourds de temps en temps avec les femmes parce qu'ils ont l'habitude qu'elles leur répondent. Mais, très sincèrement, je vous vois mal résister aux avances appuyés de l'un d'eux. Ne le prenez pas mal surtout... ».

Elle était trop hésitante, trop menue pour pouvoir tenir tête à un homme presque aussi grand que large. Car ils l'étaient tous ici. Les hommes de Bouton d'Or étaient à la fois des guerriers et des paysans, leurs muscles étaient saillants et leur façon de vivre assez grivoise et rustre. Younes aimait cet endroit plus que tout, même si certains aspects des coutumes réprouvées avaient eu tendance à le choquer au début. Il s'y était accoutumé mais ce n'était pas évident pour tout le monde. C'était d'ailleurs pour cela que peu d'étrangers s'installaient ici définitivement, ça et la barrière placée par le peuple au début. Il avait connu le rejet avant de se faire accepter. Les Réprouvés avaient voulu le tester et il était plutôt fier d'avoir réussi.

- « Il va bientôt pleuvoir. Ce ne sera qu'une averse mais si vous restez là, vous serez trempée en quelques secondes. Quand la pluie survient, elle ne fait rarement semblant. Donc, ce que je vous propose, c'est que vous m'accompagnez chez moi. J'ai de quoi vous changer. Vous mettrez une tenue plus adéquate pour la campagne, des chaussures adaptées et puis, une fois que le soleil sera revenu, nous partirons voir les Cerfeuils. ».

Il sourit, sachant très bien qu'il devrait sans doute porter la responsabilité de l'égarement momentané de la jeune femme aux yeux de ceux qui lui avaient dit de rester là. Seulement, bien qu'Orine, Younes prônait la liberté, la liberté de choisir que faire, avec qui, et où, la liberté de choisir son maître aussi.

- « Il faut que je me change aussi et que je me passe les mains sous l'eau mais ça ne prendra pas longtemps. Je vous laisserai vous habiller dans un coin, je ne regarderai pas. Promis. ».

Elle comprendrait quand elle serait chez lui. Sa maison n'en était pas vraiment une. En réalité, il vivait dans la grange située à côté de la maison d'un couple de Réprouvés. Il avait un peu aménagée l'endroit mais c'était une grande pièce avec un étage. Cela dit, puisque l'étage était sa chambre, la pièce à vivre se situait en bas et il n'y avait pas d'endroit d'intimité véritable. Ça ne dérangeait pas l'homme mais pour un cas comme celui-ci, il se doutait que la jeune femme ne serait peut-être pas à son aise.

- « Pour votre problème, le fait qu'on vous ait dit de rester là, vous pourrez dire que je vous ai forcé à me suivre. Ça ne me dérange pas. Je ne pense pas que vos proches me blâmeront et si ça peut vous éviter un mauvais moment, ça me va. De toute façon, ce serait dommage de venir à Bouton d'Or sans découvrir un peu le village, les cultures, les Cerfeuils ou même goûter la bière. Faîtes comme vous voulez en tout cas. ».

Il leva les deux mains vers son torse pour appuyer ses dires puis se mit à marcher en direction de sa grange, laissant à la jeune femme le loisir de le suivre si elle en avait envie. Il se mit à sourire, se disant qu'il y avait de grande chance qu'elle vienne. Si on lui avait fait un coup pareil, sa curiosité n'aurait su résister à la tentation.
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Jeu 10 Déc 2015, 18:32


Cette bonté, aussi spontanée que naturelle, résonnait comme une étrangeté aux oreilles de la Magicienne, habituée aux discours acerbes, aux insultes, à la haine et à l’indifférence. Il ne la connaissait pas. Pourtant, il se comportait de manière aussi bienveillante que possible, prenant soin d’elle à sa façon. Captivée par cet homme et par ses mots, Tomoe le contemplait, perdant ses grands yeux clairs dans les traits de son visage. Il était plutôt joli garçon, avec sa gueule d’ange et son torse musclé … Elle se reprit, chassant ses idées de son esprit. Ce n’était pas le moment de reluquer qui que ce soit. Elle eut un petit sourire, timide. Si elle était convaincue qu’il avait raison et qu’elle ne saurait pas comment s’y prendre pour repousser un Réprouvé insistant, elle n’osait lui avouer qu’elle préférait dix d’entre eux à un seul Sorcier de sa belle-famille. En tout cas, la proposition était tentante. Cependant, la jeune femme hésitait, un sentiment palpable à son expression indécise. Pouvait-elle se permettre de désobéir aussi délibérément à un ordre de son époux ? Il lui ferait durement payer son arrogance. Malgré tout, Younes avait mis le doigt sur un point intéressant : les négociations risquaient de s’éterniser. Elle pouvait très bien prendre la poudre d’escampette quelques heures et revenir comme si de rien n’était avant la fin des pourparlers. Elle n’avait pas vraiment envie d’attendre, seule sur un tronc d’arbre, à compter les nuages, surtout si une averse se profilait. D’un petit mouvement de tête, elle acquiesça. « D’accord. » souffla-t-elle en se relevant. Se changer n’était pas une mauvaise idée. La Magicienne avait envie de courir dans les champs, de quitter cet accoutrement qui la faisait passer pour une personne sévère, hautaine, et définitivement sorcière. Elle faisait tâche dans le décor, et elle ne tenait pas à être traitée en paria, encore. Elle suivit Younes, jusqu’à chez lui. C’était une grange, près d’une petite chaumière. L’intérieur était plus coquet qu’elle ne l’aurait pensé. « Vous avez toujours vécu à Bouton d’Or ? » demanda-t-elle en laissant ses doigts glisser sur un meuble. Elle comprenait mieux pourquoi il lui avait promis de ne pas regarder quand elle se changerait. Il n’y avait qu’une seule grande pièce. Cela ne dérangeait pas la jeune femme outre mesure. Elle était moins pudique que ce qu’il paraissait.

Sans broncher, murmurant un petit « merci » au jeune homme, elle prit les vêtements de rechange, avant de se tourner vers un coin de la grange où elle commença à délasser le corsage de sa robe. Le tissu glissa lentement le long de son dos. Finalement, elle espérait que Younes tiendrait sa promesse et qu’il ne regarderait pas. Ce n’était pas la nudité, le plus dérangeant. C’était la honte. Elle avait le corps couverts d’hématomes, des bleus plus ou moins récents qui parsemaient sa peau de porcelaine, que sa toilette sophistiquée et d’épais bijoux dissimulaient mais qui ne seraient pas aussi bien recouverts par la nouvelle tenue. Elle ne pourrait rien faire pour les ecchymoses de ses bras et de sa gorge, et n’avait plus qu’à prier que son hôte prenne ses marques pour des lubies d’aristocrates ou ne soulève pas le sujet, quand bien même le nombre de traces était déroutant. Dans un soupir embarrassé, elle détacha ses longs cheveux blonds, qui tombèrent mèche par mèche au creux de ses reins. Ils ondulaient, à cause des tresses. « Ça y est, Je suis présentable. » dit-elle en se retournant, effaçant au passage du revers de la main le pourpre qui colorait ses lèvres. Ce n’était pas forcément une idée très judicieuse. Elle n’avait pas de quoi se maquiller et Elias verrait forcément la différence. Elle invoquerait la faute de la pluie pour se dédouaner. Elle aurait l’air ridicule, avec quelques habits de campagne mais la mine apprêtée comme pour un bal. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas été aussi simple, dans son apparence. Cela lui avait manqué. La famille Borgia, dans un souci d’excellence, faisait toujours en sorte qu’elle soit parfaite, avec une coiffure sans défaut et des robes de grands couturiers. Cela ne relevait ni de ses goûts ni de sa volonté.

« Je compte sur vous pour me faire goûter quelques bières locales. » murmura-t-elle, l’humeur de plus en plus joviale. Chez les Borgia, elle n’avait droit qu’à une coupe de vin de temps à autre. Ils ne voulaient pas compromettre la moindre chance qu’elle avait de tomber enceinte et les verres qu’elle était autorisée à boire était lors de grandes occasions où il était de bon ton de boire un grand cru. Un peu de légèreté et d’insouciance. C’était tout ce qu’elle demandait.

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Ven 29 Jan 2016, 21:20

Younes attendait la réponse et quand il eut l'accord de la demoiselle, son visage s'illumina légèrement, un sourire doux étirant ses traits. C'était plutôt rare qu'il y ait des étrangers à Bouton d'Or. Les Réprouvés n'étaient pas réputés pour leur grand sens de l'hospitalité et, pour tout avouer, il était réellement curieux vis à vis de Tomoe. Sa question eut le don de lui rappeler d'où il venait. Il n'oubliait jamais véritablement sa condition d'Orine en réalité mais le temps s'écoulait et, parfois, il s'étonnait lui-même de sa réalité. Parfois, il avait l'impression qu'il était arrivé dans le village hier. Cela faisait bien plus longtemps. Il avait dû s'intégrer et, à présent, les habitants du lieu le prenaient pour l'un des leurs. Néanmoins, il y avait bien une partie de sa vie qui ne le rendait pas particulièrement fier : il n'avait pas réussi à trouver un maître. Il bougea légèrement ses lèvres comme pour s'empêcher de penser à ça puis répondit à la question.

- « Non, je viens de Maëlith. Je fais partie des rares Orines de sexe masculin en réalité. J'ai grandi entouré de femmes et puis, une fois l'âge opportun atteint, j'ai quitté mon village pour venir ici. C'est l'amour de la terre qui m'a attiré dans un premier temps mais les Réprouvés sont attachants quand on les connaît bien. Ils sont un peu comme une famille pour moi. ».

Il savait ô combien ces hommes et ces femmes pouvaient paraître rustres et sans manières mais, en dehors du chaos de leur existence, la vie à Bouton d'Or était parfaite aux yeux de l'Orine. Il n'avait jamais autant ri qu'avec ceux qui labouraient les champs avec lui. Il n'avait jamais vu une si grande sensibilité, même si elle pouvait s'avérer destructrice, que dans les yeux d'un Réprouvé. Les Orines étaient sensibles également, mais ce n'était pas la même chose. L'art de vivre des habitants de Bouton d'Or était brut, sans détours, simple quelque part. Leurs actes étaient clairs, il n'y avait rien à chercher derrière les mots qu'ils prononçaient car ils étaient francs.

Une fois dans la grange, Younes attendit que Tomoe aille se changer avant d'attraper lui-même de quoi mieux se vêtir. Un pantalon propre et un haut feraient l'affaire. Il n'avait jamais réellement fait attention à la façon dont il s'habillait. Il finit par prendre une vieille chemise à carreaux qu'il enfila sans la boutonner. Il la prenait plus pour elle que pour lui, si jamais elle venait à avoir froid. Il remonta les manches avant de faire glisser un seau d'eau de sous une table en bois qu'il avait construit lui-même. Elle n'était pas parfaite mais son travail dessus n'était pas terminé, il devait encore polir le bois et la vernir. Il trempa ses mains dedans pour les rincer un peu mieux et quand Tomoe lui indiqua qu'elle était prête, il tourna la tête vers elle pour lui sourire avant de replonger ses yeux dans le seau. Après quelques secondes, il retourna la tête, un peu troublé. Il s'était replongé dans ses activités avec naturel, sans réellement faire attention mais, en fait, elle avait bien plus de charme ainsi. Il sourit puis finit par se redresser, s'approchant un peu après avoir attrapé un torchon pour s'essuyer les mains. Il lui aurait volontiers dit qu'elle avait de la chance de l'avoir à ses côtés, parce que les Réprouvés ne manqueraient pas de la remarquer, mais il trouvait ça trop présomptueux.

- « Vous passeriez presque pour une fille d'ici. Il vous manque juste les muscles mais avec de l'entraînement... »

Il rit, roulant le torchon dans une de ses mains avant de le lancer un peu plus loin, dans le panier de linge sale. Ses yeux la regardèrent un peu plus en détails et son sourire disparut quand il vit les marques qu'elle avait un peu partout. Serrant doucement la mâchoire, il passa d'abord par une phase de déni, se disant qu'il devait se tromper et que ce n'était pas ce qu'il pensait, qu'il n'y avait rien de grave, puis finit par sentir un brin de colère monter en lui. Il ne savait pas qui lui avait fait ça mais, en tout cas, il serait ravi de lui montrer que ce n'était pas agréable. Pourtant, dans le fond, peut-être que ça ne le regardait pas tant que ça, peut-être que ça la gênerait s'il en parlait et qu'elle préférait le fuir plutôt que d'affronter le soucis. Il ne valait d'ailleurs mieux pas qu'un Réprouvé voit ça. Battre une femme trop faible pour répliquer était mal vu. Ils se battaient entre eux, oui, mais il y avait des limites.

- « Vous verrez, les bières ici sont excellentes. Je connais un tavernier qui nous laissera partir avec les chopes si vous voulez vous promener tout en buvant. D'ailleurs, vous venez de quelle cité ? ».

Il se demanda si elle tenait l'alcool. Elle semblait assez fragile, il faudrait qu'il la surveille un petit peu sans doute... Quoi que, ce n'était pas vraiment son rôle. Younes lui tendit le bras, prenant le parti de la laisser faire ce qu'elle voudrait tout en la protégeant si jamais quelque chose arrivait.
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Jeu 17 Mar 2016, 21:01


« Maëlith ? » murmura tout bas la douce Tomoe, déconcertée par les révélations qu’il venait de lui faire. Tout en secouant ses longs cheveux blonds, elle médita un instant sur ses confidences, les yeux écarquillés de surprise au point d’avoir des airs de chouette. « Pardon. » bredouilla-t-elle, confuse, en se rendant compte de son impolitesse. Les habitudes reprenaient vite le pas et malgré la gentillesse de son interlocuteur, elle se confondait en excuses. « A vrai dire, je m’attendais à ce que vous voyez originaire de la région. Enfin, d’une région plus proche. » D’après les bruits et les ragots, la Cité des Orines n’était pas si loin. « Moins … » Elle ne parvenait pas à trouver de justification valable. « Pas de là-bas, en tout cas. » Elle rougit. Elle se trouvait lamentable. Dans un pauvre sourire désolé, elle se gratta doucement la gorge. Elle n’avait pas rencontré beaucoup d’Orines, au cours de sa vie. Elles étaient des créatures rares et il était d’autant plus exceptionnel de croiser la route de quelqu’un comme Younes. Son sourire se fana lorsqu’elle vit l’expression crispée du jeune homme, qui scrutait les hématomes qui coloraient sa peau. A son plus grand soulagement, il ne fit aucune remarque à son sujet. Pour autant, la Magicienne se sentait embarrassée et mal à l’aise. Il avait vu. D’une façon un peu trop empressée pour être naturel, elle répondit à sa question : « Je suis née au Lac de la Transparence. Mes parents possédaient une grande ferme dans laquelle j’ai vu le jour et passé les premières années de ma vie. A leurs morts, je suis allée vivre chez mon Oncle. Il est politicien. J’ai oscillé entre son domaine au Repère et sa ville de Sceptelinost. » Cette époque lui paraissait heureuse, en comparaison des temps qu’elle devait supporter, à présent. « A présent, je … » Elle s’interrompit. Elle ne pouvait se résoudre à lui avouer qu’elle vivait à la Prison. « Je … » Les lèvres pincées, elle finit par articuler, non sans peine : « Je vis en compagnie de … » Les termes « mon époux » ne parvenait toujours pas à franchir le seuil de sa bouche. « C’est différent, aujourd’hui. » Désireuse de changer de sujet, elle leva les bras et contracta le peu de muscles qu’elle possédait. « Un peu d’entraînement. » pouffa-t-elle, dans cette pose ridicule tant elle était maigre et frêle. « Je suis une cause perdue, je crois. Je ne suis pas très athlétique. » Younes l’était, c’était évident. Il était si musclé … La vision de son torse était toujours aussi troublante. Dans un petit sourire charmante, elle croisa les mains, en haussant les épaules. « J’aimerai beaucoup que nous allions chez ce tavernier. »

Tomoe esquissa un pas vers la sortie. De façon aussi surprenante qu’imprévisible, elle recula brutalement et manqua de tomber dans les bras de Younes. Le regard désemparée, navré et rieur pour la forme, elle tourna la tête vers lui. « C’est juste que … » Elle préférait ne pas mentir. Du moins, ne pas cacher toute la vérité. Il risquait de voir passer au loin les raisons de son anxiété. « J’ai vu quelqu’un. » C’était un homme d’Elias. « Je suppose qu’il est à ma recherche. Il aimerait sûrement savoir où je suis. » Elle était continuellement surveillée. « Je … N’ai pas très envie qu’il me voit sortir de la maison d’un homme. » D’un autre homme que son époux, surtout. D’autant plus qu’elle était vêtue différemment et les cheveux défaits. Elle ne voulait pas penser aux conclusions sur lesquelles ils allaient tous sauter si jamais ils la retrouvaient. Un peu gênée, autant par le rapprochement involontaire que par la situation, elle s’écarta. « Vous devez me trouver étrange. » Elle se perdit un instant dans la contemplation de l’Orine. Qu’était-elle en train de faire ? C’était une erreur qu’on pourrait lui faire regretter. Elle mettait inutilement quelqu’un de bien en danger. Au-delà des représailles qu’elle risquait de subir, elle acceptait aussi de faire courir un péril à Younes. Ce n’était pas bien. Dans sa recherche d’un peu de liberté, elle ne devait pas faire chuter qui que ce soit. « Younes … » commença-t-elle à souffler, d’une toute petite voix. Comment présenter une chose aussi injuste et cruelle ? Elle hésita à partir sans rien dire. Au lieu de ça, elle se contenta de rester planter devant lui, sans rien dire ou faire.

« Où … est ce tavernier alors ? » finit-elle par murmurer. Elle n’arrêtait pas de changer d’avis, faute à un esprit tourmenté entre ses envies, ses devoirs, et ce qu’on exigeait d’elle.
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Lun 11 Avr 2016, 18:08

Younes n'était pas le plus fin psychologue au monde mais il avait l'habitude d'observer les individus. Il n'était pas grand chose, ni politicien ni artiste de renom, mais le fait de travailler la terre le poussait à admirer chaque petit détail, à faire attention. Bien sûr, il ne prenait pas Tomoe pour une jeune pousse sur laquelle il devait veiller afin que sa croissance se fasse correctement, mais elle lui semblait fragile et trop hésitante pour que la chose soit due uniquement aux rouages de son esprit. Il y avait autre chose, une force extérieure qui la contraignait, la tordait, la torturait et qui, finalement, obstruait sa liberté. Mettre une plante dans le noir total l'étouffait et elle finissait par mourir. Les Hommes et les plantes n'étaient pas si différents, finalement. L'Orine voyait bien en regardant cette femme qu'il y avait quelque chose, et les marques qu'il avait vu sur son corps ne faisaient que le conforter dans cette idée. Il rit néanmoins devant sa tentative de contracter ses muscles, inexistants en réalité. Elle semblait avoir de l'humour et peut-être qu'elle n'était pas perdue à jamais. Il la trouvait naturelle et enjouée la moitié du temps mais il y avait des zones plus sombres, comme si des nuages, parfois, venaient cacher le soleil. Il la suivit donc vers la sortie, heureux qu'elle accepte sa proposition. Personne ne pouvait quitter décemment Bouton d'Or sans avoir goûté la bière qui y était fabriquée.

Plongé dans ses pensées la concernant, Younes ne fut pas assez rapide pour s'arrêter quand Tomoe recula. Il mit un peu plus de temps que s'il avait été pleinement dans le moment présent pour se rendre compte de la situation. Baissant les yeux vers elle, il lui rendit son sourire, bien que la situation ait pris une tournure assez différente à l'intérieur de sa poitrine. Son cœur avait sans doute raté un battement à cause de la surprise et, étrangement, la proximité à laquelle ils étaient confrontés à présent ne le laissait pas de marbre. Pendant que la jeune femme, qui était sans doute une Magicienne, lui expliquait la raison de son anxiété soudaine, il passa l'une de ses mains à l'arrière de sa tête pour faire passer son propre trouble. Ses yeux se portèrent également vers l'extérieur où il aperçut un homme qui ne lui semblait pas des plus... sympathiques. Il allait la rassurer en lui disant qu'il n'était, de toute façon, pas un violeur de femmes et qu'il s'expliquerait avec cet homme si elle en avait besoin, le tout sur un fond d'humour, mais il s'abstint. La situation lui paraissait bien complexe. Baissant de nouveau les yeux vers elle, il l'observa agir avec un petit sourire qui ne voulait plus vraiment le quitter. Elle l'amusait dans un sens. Sa gêne était attendrissante et, bien qu'il commence à éprouver quelques doutes sur sa capacité à rester proche d'elle sans que nulle idée ne s'impose à son esprit, il avait envie de la garder un peu plus à ses côtés. Elle lui semblait perturbée, sur le point de partir ou de lui dire quelque chose d'important. Le moment lui semblait étrange, comme figé dans le temps. Elle le regardait, il la regardait aussi et quand elle murmura son nom, il aurait juré être sur le point de tenter un rapprochement qu'elle n'aurait sans doute pas apprécié. Finalement, il était simplement resté là, sans rien dire, sans rien faire, à la fixer en attendant qu'elle décide si, oui ou non, elle allait rester avec lui. Le verdict en main, il repassa une nouvelle fois sa main dans ses cheveux, se demandant si un homme, dehors, la sermonnerait réellement s'il la voyait avec lui.

- « Un peu plus dans le centre. Ce n'est pas très loin et si vous voulez, l'on peut passer par les champs. Le seul soucis c'est qu'il y a des insectes et des rongeurs qui surgissent parfois. Pour les insectes, je marcherai devant vous. Pour les rongeurs, il suffira de taper un peu du pied... ».

Il lui fit un geste de la tête en direction de l'autre côté de la grange qui donnait, effectivement, sur un champ de maïs, pratiquement à maturation. Il fit quelques pas dans cette direction avant de se retourner vers elle. Il hésita un peu, n'ayant pas envie qu'elle le prenne pour un pervers ou autres.

- « Écoutez, on ne se connaît pas depuis longtemps mais... je vous aime bien. Je n'ai pas envie de vous imposer ma vision des choses sur ce que semble être votre vie... cet homme dehors, ces marques sur votre corps... ».

C'était compliqué de lui parler en toute franchise parce qu'il avait peur de la blesser. Il n'était qu'un inconnu, rencontré quelques minutes plus tôt près d'un tronc d'arbre. Il ne la reverrait peut-être plus jamais après aujourd'hui et il n'y avait rien que la liait à lui. Pourtant il se sentait concerné par ce qu'elle vivait. Ça le gênait, ça l'agaçait.

- « Mais... si vous avez envie d'en parler, je vous écouterai et garderai ce que vous me direz pour moi. Après je ne veux pas vous forcer. ».

Il ne savait pas trop ce qu'il ressentait à son égard, c'était étrange. Il voulait la protéger sans doute. Il sourit, passant sa main sur sa mâchoire.

- « Réfléchissez-y et puis, si jamais vous ne voulez pas, nous nous contenterons de boire un coup, en espérant que votre chien de garde ne nous trouvera pas. ».

Il lui fit signe de la tête avant de tourner les talons, sa silhouette disparaissant entre deux tiges de maïs. Il n'alla pas très loin, attendant de voir si elle le suivait ou pas. Cette femme le chamboulait, ce qui était très loin de lui déplaire mais, étrangement, il avait l'impression qu'elle était enchaînée et qu'essayer de la délivrer serait bien compliqué. Avait-elle seulement besoin de lui, de ça ?
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Lun 08 Aoû 2016, 20:21


Plantée au beau milieu d’une grange à sangloter en silence, la douce Tomoe se faisait l’effet d’être une parfaite idiote. Du revers de la main, elle essuyait les larmes froides qui roulaient le long de ses joues, devenues pâles. Younes se doutait de quelque chose. Il fallait être aveugle pour ne pas voir tant il était évident que tout ne tournait pas rond chez la Magicienne. Elle aurait préféré croire qu’il ne savait pas. Dans un long soupir aux notes inquiètes, elle se mit à faire quelques pas, tout en passant ses doigts tremblants dans ses longs cheveux blonds. Elle était agitée et perdue dans ses pensées. La gorge serrée, elle cherchait une solution à ses problèmes, sans trouver la moindre réponse satisfaisante. Il n’y avait rien à faire, rien de raisonnable en tout cas. Guidée par ses envies, elle détala vers la porte et fila dans le champ de maïs. « Younes ! » Elle arriva en trombe et manqua de chuter. Bien qu’emmêlée dans ses pieds, elle agrippa le bras de l’Orine. « Younes … » répéta-t-elle plus bas, le souffle court malgré la courte distance parcourue. « Je … Je ne veux pas vous en parler. Non, je ne le peux pas. » Elle parlait très vite, de manière presque incompréhensible. « Je ne peux pas. Ils sont mauvais. Ce sont vraiment des gens mauvais. Ils sauront. Ils vont tout savoir. Ils savent toujours tout. » Son discours risquait de la faire passer pour une démente mais c’était sa vérité. Dès qu’elle faisait le moindre faux-pas, la famille Borgia était au courant et lui faisait payer. C’était une réalité qu’elle acceptait mais elle ne supporterait pas l’idée de causer le moindre mal à un autre. « Je ne veux pas qu’ils s’en prennent à vous. Ils sont mauvais. Ils sont puissants. Ils n’ont aucun scrupule. Je suis à eux. » Elle resta plantée devant lui de longues secondes, son regard plongé dans le sien. Elle finit par baisser la tête dans un souffle. « Je suis vraiment désolée. » murmura-t-elle. « C’est … » Elle laissa sa phrase en suspend, hésitant sur le mot approprié. « Compliqué. » Elle laissa tomber sa tête sur le torse du jeune homme. « Je passe une bonne journée, avec vous. » marmonna-t-elle doucement. « J’aimerai simplement en profiter. Moi aussi, je vous aime bien et je ne compte pas vous assommer avec mes soucis. Est-ce qu’on ne pourrait pas … juste essayer de continuer à vivre un agréable moment ? » Elle n’avait pas bougé d’un cil. Elle avait l’impression d’être une personne lamentable, à supplier ainsi un inconnu pour qu’ils se contentent de vivre quelques heures ensemble, comme s’ils étaient amis, comme si tout allait bien. C’était néanmoins tout ce qu’elle voulait, en cet instant. « Vous êtes quelqu’un de tellement gentil. » enchaîna-t-elle, la voix de plus en plus basse. « Vous êtes tout son contraire. » L’esprit embrumé par des sentiments contraires, elle releva la tête et fixa Younes, toujours aussi indécise sur ce qu’il convenait ou pas de faire. Après une maigre réflexion, elle sauta à la conclusion que les politesses n’étaient plus de mise. Pourquoi ne vivrait-elle pas comme elle l’entendait, rien qu’une seconde ? Pourquoi ne pourrait-elle pas agir avec impertinence et inconscience, rien qu’une fois ? Son Chancelier des Ténèbres de beau-père allait-il réellement être mis au courant du moindre de ses faits et gestes ? Se préoccupait-il vraiment des agissements de sa belle-fille, une après-midi pluvieuse dans les champs de Bouton d’Or ? Elle eut un doute, juste le temps d’une respiration. Ce fut assez pour qu’elle prenne le visage de Younes entre ses petites mains et que, sur la pointe des pieds, elle approche ses lèvres des siennes. Elle se ravisa avant qu’elles ne s’effleurent pour reculer, rouge de honte.

« Je … Nous … La taverne, donc. C’est par là, non ? » bredouilla-t-elle en choisissant une direction au hasard. La mauvaise, par ailleurs. Le regard fuyant, elle faisait mine de rien. Elle se trouvait profondément stupide. C’était de pire en pire. Elle ne s’était jamais montrée aussi sotte que ce jour à la saveur de liberté. Pour couronner le tout, elle avait réussi l’exploit de se présenter comme une jeune femme instable qui n’inspirait guère confiance à la seule personne qui avait été bienveillante envers elle depuis longtemps. Le cœur battant, elle commença à s’éloigner.
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Ven 25 Nov 2016, 12:37

Younes resta un instant immobile, les yeux fixés sur la silhouette qui s'éloignait dans la mauvaise direction. Tout ce qu'il s'était passé précédemment était allé bien trop vite pour lui. Tomoe était une femme qui lui semblait légèrement instable mais, surtout et avant tout, torturée par des démons qui la contraignaient. S'agissait-il de démons extérieurs ou intérieurs ? Il n'en avait aucune idée. Les marques sur son corps étaient bien réelles. Les vêtements qu'elle portait précédemment aussi. Il refusait de croire qu'une femme comme elle aurait souhaité aller vers ce genre de toilette de son plein gré. L'Orine soupira doucement tout en jetant un petit coup d’œil aux alentours. Il n'y avait personne d'autres qu'elle et lui, la silhouette de l'étrangère disparaissant progressivement parmi les épis de maïs. Curieusement, il oscillait entre plusieurs comportements, troublé par le geste qu'elle avait eu à son égard avant de rougir et de tourner les talons. Cette femme l'intriguait. Les Réprouvées étaient très différentes d'elle, ayant cœur à prendre ce qui leur faisait plaisir sans se faire prier. Peut-être ressemblait-elle bien plus à une Orine, l'adresse en moins ? Il sourit à cette pensée, se trouvant particulièrement idiot, tout à coup. Il se mit à passer sa main frénétiquement dans ses cheveux, cherchant une solution aux maux qui le tiraillaient. Plus tôt, il vivait sa petite vie tranquillement, comme les jours d'avant. Il l'avait vu et tout se retrouvait totalement chamboulé.

Il finit par se mettre de nouveau en mouvement, marchant plus vite qu'à l'ordinaire pour creuser la distance qui les séparait l'un de l'autre. Il n'avait toujours pas pris de décision quant à son comportement. Il ressentait une certaine colère vis à vis de ceux qu'elle avait cité comme étant mauvais. Il avait bel et bien envie de les trouver et de leur mettre les points sur les i. Le souci c'est qu'il n'était pas puissant. Il donnait le meilleur de lui-même dans les champs, avait pris quelques muscles depuis qu'il était ici, mais n'avait rien de particulier, rien de plus que les autres. Il n'avait jamais souhaité être au dessus du lot. Une vie simple lui avait toujours convenu, sauf à présent. Younes aurait aimé pouvoir regarder Tomoe et lui dire qu'il allait régler tous ses problèmes. Il ne comprenait pas comment une femme comme elle faisait pour vivre sous le joug d'individus. Elle l'avait comparé, plus tôt, à quelqu'un. Qui était-il ? Fixant son dos et ses boucles qui ondulaient à chacun de ses pas, il se fit la réflexion qu'un être n'était jamais aussi resplendissant que lorsqu'il était libre. Il n'avait pas très envie de la voir de nouveau revêtir ces affreux vêtements qui faisaient d'elle une dame à l'apparence froide et sans cœur. Elle n'était pas ça. Pourtant, que pouvait-il faire, lui qui n'avait rien à lui promettre ? Il n'allait pas la ravir et l'enfermer dans sa grange.

- « Tomoe. » l'appela-t-il alors, fatigué de chercher des solutions qui n'existaient pas.

Sans doute avait-elle raison, peut-être valait-il mieux passer cette journée à s'amuser, en oubliant ce qu'il serait susceptible de se produire dans un futur proche. Non. Il ne le pouvait pas. Il l'attrapa par le bras, la forçant à se retourner pour lui faire face. Il resta un moment sans rien dire, se rapprochant un peu comme s'il était magnétisé. Il y avait quelque chose entre eux, il ne pouvait l'ignorer. Il ressentait quelque chose pour cette femme qu'il venait de rencontrer. C'était indescriptible. Il finit par sourire.

- « La taverne n'est pas par là. » dit-il calmement avec une voix plus douce qu'à l'accoutumé.

- « Pour tout avouer, je n'ai pas très envie de vous laisser repartir. » fit-il d'un ton toujours aussi posé.

Il avait décidé de, simplement, dire la vérité. Où était le mal, après tout ? Seulement, le ciel, lui, n'était pas spécialement de cet avis. Les nuages cachèrent de nouveau le soleil et la pluie commença à tomber, d'abord doucement puis de plus en plus fortement. Il sourit. Il aimait quand le ciel pleurait, à condition d'avoir de quoi se changer plus tard. Cela dit, il n'était pas tout seul.

- « Venez ! ».

Il ne lui laissa pas le temps de comprendre, l'attrapant sous les genoux pour la porter. L'un de ses avant bras derrière son dos, il la regarda un instant, serrée contre lui. Ils iraient plus vite ainsi. À coups de grandes enjambées, il finit par atteindre un abri en bois qui servait aux agriculteurs à se protéger des caprices de la météo lorsqu'ils étaient au beau milieu de nulle part. Perdre du temps à rentrer n'était souvent pas envisageable. La magie pouvait aider, certes, mais les Réprouvés de Bouton d'Or étaient plutôt pour ne pas l'employer. Une fois à l'abri, dans un lieu non clos de quelques mètres carrés, il déposa la jeune femme au sol, bien décidé à reprendre la conversation qu'il avait laissé en plan plus tôt.

- « Je n'aime pas l'idée de vous laisser repartir avec des individus que vous jugez mauvais. Vous n'avez pas à subir ça. Vous dites que vous leur appartenez... Vous a-t-on vendu à ces gens ? Je ne possède pas grand chose mais peut-être que les Réprouvés d'ici pourraient vous protéger... Ou, je ne sais pas, peut-être que je pourrai venir vous voir chez vous ? ».

Tout ceci était étrange. Il avait beau essayer de trouver une solution, il n'en trouvait pas. Comment pourrait-il l'aider, réellement, sans que...

- « Hum, peut-être que nous pourrions... ».

- « Je suis sûr que c'est encore un coup des Sorciers. » fit une voix qui se rapprochait, en Zul'Dov.

- « Si je les trouve, ils finiront en engrais pour mon champ. ».

- « Ça pourrait faire crever tes plants surtout ! ».

Deux Réprouvés venaient d'arriver dans l'abri. Grands et musclés, aucun d'eux ne portaient de haut. Torses nus, leurs yeux se posèrent réciproquement sur Younes et Tomoe.

- « Alors, on amène sa petite copine ici pour faire des cochonneries ? » fit l'un en langage commun avec un fort accent. Il n'avait jamais vu la fille, il savait qu'elle n'était pas d'ici. La traumatiser un peu ne lui ferait pas de mal.

- « Que se passe-t-il ? » demanda Younes sans répondre au reste. C'était courant ici, les boutades déplacées. Le pire c'est que ça ne l'était pas pour eux.

- « Des cercles dans les champs. On pense que c'est une malédiction des Sorciers. Certains ont arrêté de bosser. On a pris du retard. ».

L'homme regarda le ciel un moment puis tapota l'épaule de l'autre pour lui faire signe de venir. Les averses ne duraient pas longtemps et ils avaient du travail. De nouveau seuls, Younes passa sa main dans ses cheveux, comme si le geste lui permettait de récupérer le fil de ses idées.

- « Ce que je voulais dire c'est que je pourrai être à vous, pour vous aider... En tant qu'Orine je veux dire. ».
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Le mystère des cercles [Younes]

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