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 Ce n'est qu'un début [Younes]

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Mer 04 Oct 2017, 14:19


« Il faut continuer d’avancer, Tomoe. Ils sont sur nos traces. » murmura-t-il tout bas, rompant le silence paisible des plaines d’Emeraude. « Je ne peux plus. » répondit-elle du bout des lèvres, le souffle court. « Je … » Elle manqua de s’effondrer, rattrapée à la dernière seconde par Dorian. « Je suis navré. Nous ne pouvons pas nous arrêter. Le Lac est encore loin et … » Elle l’interrompit : « Je n’irai pas au Lac. » Il écarquilla légèrement les yeux, surpris. « Je croyais que vous vouliez vous enfuir. » - « C’est le cas et c’est pour cela que je préfère éviter les terres magiciennes, jusqu’à nouvelle ordre. Je ne tiens pas à être réexpédier auprès des Borgia par mon oncle ou ses sbires. » Le Marquis garda le silence quelques instants, avant d’articuler un « Soit » légèrement pincé. « Qu’avez-vous en tête ? » La jeune femme n’osa pas répondre. Elle n’avait pas avoué ses craintes et ses doutes à son sauveur, et il y avait beaucoup de choses qu’il ignorait. « Vous n’êtes pas obligé de continuer à me suivre. Vous avez tant fait pour moi. » - « Justement, j’apprécierai de continuer à vous protéger. » - « Ce n’est pas votre rôle. » Il médita un instant sur cette réponse. « Quelqu’un remplit déjà cette tâche à vos yeux, n’est-ce pas ? » Il faisait trop sombre pour qu’il voit ses joues s’empourprer mais il devinait aisément son expression. « Je … Il y a un homme que … Je le connais à peine, mais … C’est-à-dire … Hum. » Elle soupira, mal à l’aise. « J’aimerai le voir. » finit-elle par chuchoter. Dorian réfléchit un instant à ses révélations. « Où est-il ? » - « A Bouton d’Or, je présume. » Il eut un léger rire. « C’était donc une petite manigance. » s’amusa-t-il, puisqu’ils étaient tout proche de la région. « Dorian, je … » D’un geste de la main, il la fit taire. « Vous avez été trop longtemps une marionnette, prisonnière de mains étrangères. Si tel est votre souhait, je vous aiderai. » Loin d’être habituée à tant de bienveillance, elle ne put dissimuler son étonnement. Puis elle sourit. « Merci. » Elle n’était pas certaine que son idée soit judicieuse. Toutefois, elle ne pouvait s’empêcher de désirer la présence de Younes, dont le souvenir hantait son esprit, son cœur et ses lèvres. Elle était aussi terrifiée, à la pensée d’être rejetée. Comment allait-il réagir à son retour ? Voudrait-il encore lui venir en aide, malgré les risques que cela impliquait ? Allait-elle réussir à lui confier qu’elle ignorait qui était le père de son enfant ? La tête noyée sous un flot de questions, elle avança, tremblante, en direction de Bouton d’Or.

Il était encore tôt. L’aurore pointait à peine à l’horizon, colorant les cieux de nuances chaudes et flamboyantes. Tomoe contemplait le spectacle, sans rien dire, assise sur un tronc couché, en face de la maison de Younes. Elle n’avait pas osé toquer à la porte. Elle hésitait encore. Dorian s’était éclipsé pour partir à la recherche d’une taverne ou d’une auberge, dans laquelle il passerait certainement la journée. Elle était seule. Toujours aussi terrifiée et frissonnante, elle réfléchissait, les mains posées sur son ventre. Sa grossesse ne se voyait pas vraiment, dans cette position, avec sa longue et ample robe blanche. Elle était affamée, pour n’avoir presque rien mangé depuis sa fuite. Cela ne la décidait pas pour autant à frapper à la porte, trop inquiète à l’idée d’embarrasser Younes. Elle se surprit même à nourrir des pensées vaniteuses : elle voulait être jolie, quand il la verrait. En quelques gestes, elle ajusta la cape qui couvrait ses épaules, avant de secouer sa longue chevelure, démêlant les mèches blondes avec nervosité. Tomoe se trouvait stupide. Stupide, imprudente et définitivement égoïste. Plus d’une fois, en l’espace de quelques minutes, elle avait songé à repartir. Pourtant, elle n’avait pas bougé de son vieil arbre mort et observait les champs de maïs, qui s’étendait à perte de vue. Ces paysages lui rappelaient tant de bons souvenirs. La grange aussi. Cette grange dont elle ne s’approchait pas. Elle se comportait comme une petite idiote, tiraillée entre quelques désirs contraires. Ses doigts glissèrent le long de ses cuisses pour se mettre à tapoter en rythme sur ses genoux, de plus en plus vite. Il fallait qu’elle agisse. Elle ne pouvait plus rester passive. Elle s’était promise de devenir meilleure, pour son enfant. D’être moins lâche. De prendre sa vie en main. Elle ne pouvait plus attendre qui ou quoi que ce soit. Prise d’un soudain élan de détermination, elle voulut se relever d’un bond, oubliant qu’elle était enceinte, qu’elle entamait son septième mois de grossesse et qu’elle était d’une fragilité ahurissante. « Ah … » Elle plaqua ses bras sous sa poitrine et retomba aussi vite sur son tronc d’arbre, recroquevillée sur elle-même, le temps que la douleur passe. Son dos aussi la faisait souffrir. Depuis le début de sa grossesse, personne n’avait plus l’autorisation de la malmener, physiquement du moins.  Son époux, lorsqu’il s’agaçait d’elle, n’avait pas hésité à contrer les ordres de ses aînés, quoi qu’en prenant quelques précautions pour que cela reste secret. Elle avait quelques marques près des omoplates, des coups de cravaches qui lui avaient entaillé la peau. Cela ne la préoccupait pas plus que cela. Quelques balafres, cela lui paraissait peu par rapport à sa condition passée.

Tomoe a toujours été une femme fragile et délicate. Sa grossesse n’a fait qu’empirer cette vérité constante, les sentiments exacerbées. Sans qu’elle en comprenne réellement la raison, elle se mit à pleurer.

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Mer 11 Oct 2017, 23:24

Younes fixait le plafond fait de poutres apparentes qui se trouvait au-dessus de sa tête depuis maintenant plusieurs heures. Il ne savait pas pourquoi mais il n’arrivait pas à dormir. D’un geste lent, il replaça son oreiller sous sa tête. Il y avait plusieurs choses qui le tracassaient et notamment le fait que le couple de Réprouvés qui l’hébergeaient n’allaient pas très bien. Ils étaient vieux et, de temps à autre, lorsqu’il discutait avec eux, ils lui parlaient de leur fin. Le mariage réprouvé était terrible puisque la mort de l’un entraînait inévitablement la mort de l’autre. Il comprenait pourtant puisque cela ressemblait à la culture de son propre peuple, à quelques différences près. Finalement, sans doute trouvait-il cette union emprunte d’une beauté et d’un don de soi que peu auraient été capables d’embrasser. Pourtant, il le savait, d’ici quelques temps, le couple s’éteindrait et il se retrouverait seul. Aussi, à cette pensée, l’homme soupira. Chacun devait partir un jour mais, de manière générale, ce jour survenait bien trop tôt. Pour ne plus y songer, il se tourna sur le côté, comme si changer de position aurait pu l’apaiser. Normalement, il ne travaillait pas aux champs aujourd’hui mais il était incapable de prendre du temps pour lui. Il avait bien trop l’habitude de se lever aux aurores pour traîner au lit plus que nécessaire. Lassé d’essayer de dormir sans y parvenir, il finit par se redresser, adoptant une posture assise le temps de passer ses mains sur son visage.

Quelques minutes plus tard, l’Orine était debout, en train d’enfiler un pantalon précédemment posé sur une chaise. Il fit une pause et s’étira, faisant retentir plusieurs craquements sonores dans la pièce. Ce matin, il irait à la Rivière Éternité afin de patauger dans l’eau froide mais avant, il devait puiser de l’eau dans le puits afin qu’elle soit à température ambiante pour ce soir. Quand la nuit tombait, il était toujours plus agréable de se laver à l’eau tiède. Il prit quelques minutes supplémentaires pour nettoyer un peu l’intérieur de la grange, ranger quelques affaires qui traînaient puis sortit avec un seau à la main. Sa chemise trônait sur l’une de ses épaules, attendant d’être enfilée, et le dernier bouton de son pantalon n’avait pas encore été fermé. D’un style décontracté, Younes ne vit pas tout de suite que quelque chose n’allait pas. Il commença à se pencher vers la corde à laquelle il devait accrocher son seau, sentant tout de même une légère différence. Peut-être que les Réprouvés avaient fait quelques aménagements après tout. Pourtant, quand sa vision périphérique le mit sur la piste, il releva les yeux vers la femme qui se trouvait là. Il resta un instant sans bouger, comme un parfait idiot, puis s’activa, voyant que quelque chose n’allait réellement pas. Se précipitant vers elle, il toucha sa chevelure pour qu’elle relève les yeux vers lui.

- « Vous allez bien ? » demanda-t-il sans se douter encore de celle qui se trouvait en face de lui.

Aussi, il descendit sa main vers sa joue pour mieux la voir. Elle était trop frêle pour être une Réprouvée et peut-être ces derniers lui avaient-ils causée du tort. Cela n’aurait pas été étonnant vu le racisme ambiant et la situation qui était la leur depuis la victoire du Dieu Roi et la malédiction qui s’était abattue sur eux.

Quand le regard de Younes rencontra les yeux de Tomoe et parcourut les traits de son visage, les souvenirs des instants qu’ils avaient passés ensemble lui revinrent en mémoire avec force et vigueur. Il ne l’avait pas oublié, il n’aurait jamais pu. Il se demandait même comment il avait fait pour ne pas la reconnaître plus tôt.

- « Tomoe… » articula-t-il d’une façon sans doute un peu étrange.

Il pensait ne jamais la revoir et avait fait en sorte de refouler les pensées qui l’avait tiraillé depuis cette rencontre impromptue. D’un geste plutôt vif, il attrapa le corps de la blonde, tel un ravisseur. Il se dirigea vers la grange et y entra avant de l’allonger sur son lit. Il avait remarqué son ventre. Sans doute l’enfant du mari de celle-ci. Il ne put refreiner une grimace. Il la battait et Younes le savait. Elle avait l’air de souffrir de sa condition et lui n’avait aucune idée de comment s’y prendre.

- « Dîtes moi de quoi vous avez besoin... Qu’est-ce que vous faites ici ? ». Il n’avait pu empêcher cette dernière question de franchir ses lèvres.

- « Vous êtes venue seule ? » continua-t-il.

La dernière fois, ce n’était pas le cas et les moments qu’il lui avait volés avaient peut-être été punis par la suite. Il n’en savait rien mais son quotidien monotone venait d’être chamboulé par l’arrivée de la Magicienne et le serait bien plus qu’il ne pouvait l’imaginer.

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Jeu 12 Oct 2017, 23:35


La Magicienne s’était pétrifiée et osait à peine respirer, assourdie par les battements tapageurs de son propre cœur. Un léger grincement de porte avait tiré la jeune femme de ses réflexions et elle s’était figée au premier bruissement de pas, sans avoir le courage de lever les yeux. Elle ne bougea pas durant quelques secondes qui lui parurent aussi longues que des heures, plongée dans une attente insoutenable. Elle vacilla lorsqu’on effleura sa chevelure. Le doute n’était plus permis. Elle avait reconnu la voix de l’Orine. Dans une grande inspiration, elle se résolut à glisser lentement son regard azuré sur la silhouette du jeune homme, jusqu’à accrocher ses prunelles. « Bonjour Younes. » murmura-t-elle tout bas, incapable d’articuler quelque chose d’autre qu’une simple banalité. Tomoe avait encore les joues noyées de larmes. Pourtant, elle eut un léger sourire, pour lui. Sa présence était si apaisante, tellement rassurante. Elle se sentait bien, à ses côtés. Il était tel que dans ses souvenirs : prévenant, attentionné et simplement bienveillant. Débraillé aussi. Malgré la situation, elle ne put s’empêcher de se remémorer quelques instants dans les champs, passés contre lui, à la vue de son torse nu. Elle se laissa faire, lorsqu’il la prit dans ses bras pour la mener dans son lit, la mine inquiète. « Tout va bien. » tâcha-t-elle de le rassurer, de manière presque innée. Elle s’exprimait bien trop lentement et avec bien trop de difficulté pour que cela joue en sa faveur. « Je suis simplement fatiguée. » C’était un mensonge. Seulement, elle ne voulait pas accabler son hôte avec ses tourments, pas plus que de raison. Allongée sur le dos, elle grimaça. Ses plaies n’étaient pas très graves mais elle n’avait pas eu le temps de les panser convenablement. C’était assez douloureux de s’appuyer dessus. Son ventre aussi la faisait souffrir. Trouver une position confortable, dans son état, relevait du miracle. Doucement, elle posa ses mains près de son nombril.

« Je suis désolée, tellement désolée, de venir vous importuner. » souffla-t-elle. « Je … » Sa gorge était serrée. « Je ne savais pas où aller. » Elle s’agaçait à sangloter. Elle avait l’impression de passer ses journées et ses nuits à pleurer, sans pouvoir se maitriser. « Cela fait quelques jours que je … suis partie et je … redoute tant qu’ils me retrouvent. » Le timbre était traînant et chancelait sous quelques trémolos incontrôlables. Elle faisait de son mieux pour atténuer la réalité. Elle avait toujours eu du mal à exprimer ses pensées, ses sentiments. Elle n’était pas habituée à cela. « Je ne veux pas retourner avec eux … » Elle ne supportait plus les lubies de son époux et ce qu’il lui infligeait. Elle ne pouvait plus endurer ses traitements ni permettre qu’il la touche. « Younes … » Elle se redressa lentement, jusqu’à s’asseoir dans le lit, une main toujours sur le ventre. « Vous … » Les mots n’arrivaient pas à franchir le seuil de ses lèvres. Sans rien dire, elle fit courir ses doigts sur le visage du jeune homme, avant de se laisser tomber contre lui. Elle ferma les yeux, incapable de dire ce qu’elle voulait. Quelle parfaite idiote. Elle était consciente de la sottise de ses désirs. Ils se connaissaient à peine. Pourtant … « Vous m’avez manqué, Younes. J’aimerai tant … » Elle parlait de plus en plus bas. « … Rester … » Chaque syllabe lui semblait être une torture. « … Ici … » Elle avait l’impression que son cœur allait sortir de sa poitrine. « … Avec vous … » Quelques mots qui mirent une éternité à être prononcer. Une seconde s’écoula, avant qu’elle ne s’écarte, les traits tordus par l’angoisse. Elle regrettait déjà, et se mit ensuite à parler à toute vitesse.

« Je ferai tout pour être discrète, pour que vous ne me voyiez pas, pour que vous ne me remarquez pas. Je travaillerai du matin au soir, je me rendrai utile, je peux faire des tas de choses, je peux apprendre et … Je ferai tout ce que vous voulez. S’il vous plait, ne me renvoyez pas, je n’ai nulle part où aller, je ne veux pas qu’ils me retrouvent, je ne peux pas retourner avec eux, ils vont me … Quelqu’un m’a aidé, il veut me conduire dans mon peuple mais je ne peux pas, je serai réexpédiée vers mon mari aussitôt, je ne peux pas, je ne peux pas … » Elle s’interrompit, la voix trop enrouée pour continuer. Elle dévisagea Younes de ses grands yeux, sans savoir quoi dire ou faire, avant de s’effondrer en larmes. Elle arrivait à peine à rester droite, la faim et la fatigue faisant leur oeuvre. Tomoe manquait certainement de cohérence. A ses yeux, tout était logique. Elle voulait vivre auprès de Younes, et, peu importe la vérité, qu’il soit le père de son enfant. Seulement, elle s’était rendue compte, en formulant le début de ses aspirations, qu’elle ne pouvait pas l’imposer à l’Orine.


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Mer 01 Nov 2017, 11:08

À vrai dire, l’étonnement de Younes n’eut guère le temps de survivre longtemps car à peine commençait-il à comprendre les tenants et les aboutissants de la demande de Tomoe que cette dernière accéléra la cadence du flot de ses paroles. De façon générale, l’Orine restait toujours calme. Il avait cette capacité à affronter les événements extérieurs sans jamais, ou presque, s’énerver, de façon méthodique, en traitant les problèmes les uns à la suite des autres ou un même problème en plusieurs étapes. Actuellement, si rien ne se voyait sur son faciès, il bouillait intérieurement. Il n’aurait jamais dû la laisser repartir la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Il la savait battue et ce simple fait aurait dû le rendre catégorique. Une lueur un peu étrange dans les yeux, il avait du mal à contenir sa colère. Il prit sur lui afin de lui répondre doucement.

- « Ils ne viendront pas vous chercher ici, je vais m’en assurer tout de suite. Je reviens. ».

L’homme se redressa et tourna les talons après un sourire qu’il souhaita rassurant. Il passa la porte et observa les alentours. Lorsqu’il perçut Ahzid, il siffla, faisant signe à son ami de venir. Il ferma le battant en bois derrière lui et s’avança plus en avant pour aller à sa rencontre. Il maîtrisait le Zul’Dov avec une bonne aisance même si les Réprouvés lui disaient souvent qu’il avait un petit accent « mignon » pour se f*utre de lui gentiment. Younes alla droit au but. Les mondanités et tout le tralala n’avaient jamais été la tasse de thé du peuple de Bouton d’Or.

- « Il faudrait surveiller les environs pendant quelques jours. Je crains que des Sorciers ne se pointent ici avec de mauvaises intentions. »
- « Tu parles. Si quelqu’un entre ici sans autorisation, sa tête finira sur un piquet dans les trente secondes qui suivront. ».

Younes se râcla la gorge, désolé d’avance de démolir la théorie d’Ahzid. Il se pencha sur l’oreille de l’homme, se mettant à parler à voix basse, désignant tour à tour le paysage et sa maison. Les Réprouvés de Bouton d’Or avaient une vision plutôt étriquée des choses et beaucoup pensaient que si une femme ou un homme se faisait battre, c’est qu’il le voulait bien. Il faut dire que la chose était assez courante dans les couples, eu égard à la bipolarité de l’espèce. Seulement, les coups étaient réciproques et non subis par l’un au profit de l’autre. Néanmoins, Ahzid sembla comprendre la fragilité physique de Tomoe, l’emprise de son mari et, en réalité, la race potentielle de ce dernier eut le don de le convaincre jusqu’au bout.

- « Elle compte rester ici ta poule ? ».

L’Orine préféra ne pas relever la dernière partie de la phrase. Si la Magicienne voulait rester ici, elle allait devoir s’habituer à un franc-parler peu conventionnel.

- « Je ferai la demande au Dovakhiin. Elle n’a nulle part où aller. Elle ne posera pas de problèmes et travaillera dès que… ».

L’homme se remit à chuchoter, expliquant la situation de la Magicienne. Le fait qu’elle soit enceinte sembla déclencher l’intérêt du Réprouvé. Depuis la fin de la guerre, plus aucun enfant de leur espèce ne naissait et la situation devenait compliquée. Ahzid était sans doute le moins extrêmes de tous et avait accepté plutôt bien la naissance d’Anges et de Démons de la couche Réprouvée. Ce n’était pas le cas de tous.

- « Je peux la voir ? »
- « Plus tard… Elle n’est pas en état. ».

Après quelques mots de plus, le Réprouvé tourna les talons, promettant de faire le nécessaire et de trouver une femme pas trop forte qui pourrait aider Tomoe à accoucher quand ce serait le moment.

Une fois de retour dans sa grange, Younes attrapa une chaise, la posant à côté de l’endroit où Tomoe était. Il s’assit dessus à l’envers, les avant-bras posés contre le dossier. Il savait qu’il devait la prévenir, quand bien même elle n’était déjà pas en état. Il préférait le faire tout de suite plutôt qu’elle commence à vivre avec lui un temps et qu’elle craque à cause du comportement de certains habitants du lieu. Pourtant, malgré sa fragilité, il savait qu’elle avait dû vivre des choses horribles, bien pire que tout ce qu’elle pourrait trouver ici. Les Réprouvés ne seraient vils qu’en paroles ou en exigences. Ils ne la frapperaient pas.

- « Tomoe. Avant que vous ne décidiez si vous voulez rester ou non, il faut que vous sachiez que les Réprouvés de Bouton d’Or sont peu enclins à accepter les personnes des autres races. Ils risquent d’être désagréables au début. Je me suis déjà fait pousser dans la bouse de Bicorne, c’est pour dire. ». Il essayait de rendre la chose moins difficile à entendre, tout en étant sérieux. « Ils ne me faisaient faire que les basses tâches. Ils médisaient sur mon dos, me traitaient de tous les noms et ne me facilitaient pas la vie. Ils sont ainsi et ils ne vous feront pas de cadeau jusqu’à ce qu’ils estiment que vous méritez leur confiance et leur estime. Ça passera par le travail et par ce que vous pourrez apporter à la communauté. Il faudra tenir et, un jour, ils vous accepteront comme une partie d’eux-mêmes. Ce jour-là, soyez assurée qu’ils ne laisseront rien ni personne vous faire du mal. Ils entreront en guerre contre ceux qui s’en prendront à vous. ».

Younes se redressa sur sa chaise.

- « Si cela vous va toujours alors vous pourrez rester ici avec moi. Je vous soutiendrais, vous et l’enfant. ».

Il n’avait pas encore abordé la question de ce dernier avec elle. Sans doute espérait-il en être le père mais il s’interdisait d’y penser. Il se disait, en plus, qu’elle était la seule à pouvoir lui apporter des réponses à ce sujet. Il préféra donc oublier pour le moment et se releva. Il devait simplement agir, pour son confort à elle, oublier ses sentiments un instant afin de lui donner ce qu’elle méritait amplement. Pourtant, au fond de lui, cette même colère demeurait.

- « Ma grange n’est pas ce qu’il y a de plus beau mais elle est plutôt confortable. Je vais faire à manger et puis… Vous faire chauffer de l’eau pour que vous puissiez prendre un bain… Et vous trouver des vêtements. ».

Il s’afféra à la tâche, sortant une grande bassine de métal assez haute. Il sortit d’un poêle quelques braises, les plaçant sur des petits bouts de bois afin que le tout s’allume. Puis, il tira la « baignoire » dessus avant de sortir chercher de l’eau pour la remplir. Il fallait à présent attendre que ça chauffe. Il se mit donc à couper des légumes, installant une marmite pleine d’eau sur un autre brasier après avoir ouvert, en tirant sur un bâton en bois, une fenêtre présente sur le toit, afin d’éviter de les enfumer. Avec tout ça, il n'avait toujours pas fini de s'habiller, son haut toujours sur ses épaules, à moitié débrayé.

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