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Lun 09 Mai 2016, 23:55

La vie infligeait de délicieuses digressions lorsqu’elle était vécue au paroxysme de son ardeur. Les plaisirs communs n’étaient pas les mêmes pour tout le monde, certaines races ayant des limitations un peu trop décousues par moments. Les anges devaient mortellement s’ennuyer quand il voyait ce qu’il était capable de vivre à l'inverse de ces derniers et de leurs idéaux trompeurs. Pouvait-on seulement prendre un peu de plaisir sans femmes, sans alcool, sans drogue et sans appétences ? Les péchés capitaux peignaient tellement ce qu’il était et comment sa philosophie tournait qu’il avait vraiment beaucoup de mal à interpréter comment les plumes blanches fonctionnaient dans leurs quotidiens. Les déchus étaient cependant assez nombreux, résidu venant d’entités qui montraient que succomber à l’un de ces bonheurs représentait une tâche plus que rude, et ce dans tous les sens du terme. En ces temps pénibles, se trouver en bonne compagnie était essentiel pour renouer avec la motivation. Non pas que le démon était démuni de cette perle rare, mais rien ne pouvait revigorer un homme aussi bien que l’entourage féminin. Les femmes qui ceignaient son corps dénudé le choyaient aussi bien qu’un nouveau-né qui attirait toute l’attention sur lui. Servi comme un prince, rarement le jeune démon s’était senti aussi proche de son point de mire final, et c’est en méditant secrètement à cette finalité pas si lointaine qu’il s’occupait de ses servantes avec énormément de ferveur. En dehors de celle qui se suggérait toujours autant dans ses pensées, mais pour d’autres raisons, il oubliait un peu le pourquoi du comment de l’implication de sa résidence sur le continent. D’après ses récents rappels, il était parti en mission de reconnaissance pour le compte d’un de ses camarades démoniaques, et suite au succès qui en avait résulté, il avait prétexté de profiter pleinement de sa réussite en louant une chambre dans l’un des gîtes. Aujourd’hui, il avait décidé de prôner le repos en ne faisant que le strict minimum et en allant rendre une petite visite à Sonia, la séduisante jeune femme qui s’occupait scrupuleusement du bar de Juckiton. Il connaissait très bien cette dernière pour lui avoir restitué de nombreux services, et réciproquement.

Elle avait toujours été plus ou moins présente pour lui arracher toutes les informations qu’il avait désiré, et lors de certaines situations, elle n’avait pas non plus hésité à lui céder un soutien plus concret. Dès la survenue de l’aube, le démon se hissa du lit, allant directement forer dans le tiroir adjacent à la fenêtre cette fameuse herbe de vie qu’il déboursait maintenant pour certaines occasions. Comme il s’agissait d’une sorte de drogue - bien moins forte - les effets qui en découlaient lui apportaient un certain bien-être intérieur. Cette simple consommation lui permettait de ne plus penser à grand-chose hormis l’essentiel, c’est pourquoi il s’en procurait ordinairement au sein des grands marchés spécialisés et où les stands chamaniques étaient légion. Expiant sa fumée à l’extérieur de la chambre, il considéra les trois femmes qui avaient passé la nuit avec lui. Celles-ci étaient immensément alanguies pour des raisons évidentes, et sans doute ne se réveilleront elles pas avant un moment. Profitant de cet à-propos pour faire ce qu’il avait à faire, il se pencha pour amasser ses vêtements éparpillés dans chaque coin de la pièce. Se débarrassant d’abord de sa cigarette en l’expulsant à l’extérieur à l’aide d’une chiquenaude, il enfila en second lieu son pantalon qu’il boucla nerveusement. S’en suivit son veston qui recouvra partiellement son torse. Enfin, il termina de retoucher son esthétique par ce qui le rendait le plus riche : ses bijoux. Se dressant alors face au miroir, il ajusta une pose élégante afin de parachever une nouvelle fois les petits détails. Harponnant la rose qui se trouvait dans un vase sur une commode, il stabilisa la tige entre ses dents, retroussant légèrement ses manches pour conclure une bonne fois pour toutes son assemblage. Enfin, il se tourna brusquement en direction du lit pour prendre et lancer la fleur sur le lit, synonyme de ses sincères louanges. N’omettant pas de se munir d’une arme pour sa fredaine, il envisagea uniquement de se promener avec un poignard, fortement essentielle pour sa discrétion et son gain de place considérable. De toute façon, si Zane devait se battre, ce serait avec ses propres poings. Décidant enfin de jaillir du gîte, le démon engagea de fournir le paiement pour la nuitée qu’il avait enregistré, empruntant ensuite la porte pour avancer fièrement le long de la rue qui se connectait plus ou moins directement à Juckiton, même si pour y parvenir, il fallait toutefois passer par plusieurs détours pour éviter de se perdre. N’étant pas particulièrement pressé, il n’arriva à sa destination qu’en fin de journée. La forteresse s’identifiant d’assez loin, il n’éprouva aucun malaise à se repérer durant la dernière ligne droite. En contrepartie, l’homme fut assez consterné de ne pas croiser Ragnar à son arrivée, lui qui avait toujours pour habitude d’accueillir n’importe qui avec humeur.

En revanche, quand il se livra à l’intérieur du palais, l’ambiance festive était systématiquement au rendez-vous, ne serait-ce que pour les nombreux rires qui fendaient la salle avec profusément de raffut. Les aventuriers se rassemblaient généralement tous dans cette cache, notamment pour la recherche d’éclaircissements capitaux, mais aussi et surtout pour l’ambiance qui s’en réchappait. Personne n’était mieux placé que Sonia pour contenir tout ce beau monde qui était parfois très délicat à entretenir. Heureusement qu’elle était très bien entourée et qu’elle commençait à gérer une majorité de cas, sans quoi le repère aurait déjà été décimé depuis des siècles. Zane était désormais assez connu dans de nombreuses contrées pour attiser la curiosité générale, d’autant plus qu’ils savaient tous qu’ils avaient à faire à un démon très original, capable du meilleur comme du pire, même s’il avantageait plus un côté que l’autre. Sans prendre la peine de saluer ceux qui s’avancent vers lui, les repoussant simplement par sa main, il alla directement prendre place sur la chaise qui se situait au plus près de la gérante. C’est dans un visage à moitié dissimulé par sa chevelure qu’il s’adressa à Sonia. « Je constate que c’est toujours la même chose ici. C’est bien l’un des seuls endroits que je connaisse qui ne soit pas apprêté par le temps. » Il ne fallut que quelques instants à la jeune femme pour lui déposer son breuvage favori sur le comptoir. « Tu sais bien que rien n’est banal par ici. Encore ce matin, j’ai surpris Erwan et Buzz en train de se fustiger. » « Et je parie que tu les as virés à coup de pompes dans le cul. » « Pas exactement. Un autre homme s’en est chargé, et je peux t’assurer qu’il les a tout de suite calmés. Il n’avait pourtant rien de très impressionnant. » « T’es en train de me faire croire qu’ils ont tous les deux perdus contre lui ? Il est toujours ici ? » Tandis qu’elle nettoyait tranquillement un godet, elle indiqua brièvement la position de l’homme avec un signe de la tête. Fidèle à sa description, il n’avait effectivement rien de très surprenant, du moins physiquement. Voguant grâce aux ombres, le ténébreux, il se retrouva en un clin d’œil derrière le joueur invétéré en pleine partie de cartes. Les organes rougeoyants du démon ressortaient de sa pénombre couverture.

Sa magie adressa une onde de choc qui propulsa les bouts de cartons en dehors de la table. « Affronte-moi. » Au moins, la demande ne pouvait pas être plus propre. Il voyait en lui un futur adversaire qu’il se promettait de mettre hors course avant qu’il ne puisse dire ouf, ceci afin de montrer qu’il était le véritable patron des lieux, ou du moins le second après Sonia. « Si tu insistes. » En revanche, pas question de faire ça à l’intérieur s’il ne voulait pas risquer de se prendre une correction par la dame concernée. Il tenait tout de même à recevoir sa collation quotidienne. C’est ainsi que se déroula la première sollicitation de défi, qui de toute façon se conclurait par sa victoire écrasante. Alors qu’ils venaient de rejoindre l’extérieur en compagnie de tous les supporters, Zane adopta automatiquement sa posture d’attaque, proche de celle des prédateurs et tout aussi terrible. De toute évidence, sa charge était aussi ravageuse que celle d’un pachyderme, et sa morsure aussi douloureuse que celle d’un tigre. C’est en tout cas ce que relatait son incroyable prestance. Le maintien de son opposant par contre, était des plus simplistes, à tel point que la seule image qui en ressortait était celle d’un oisillon sur le point de se faire dévorer. Son ivresse n’y était probablement pas pour rien, mais les premiers mouvements qu’il adopta étaient étranges. Pour une quelconque raison, il ne réussissait pas à lire efficacement l’angle d’attaque par lequel il allait passer. Ce n’est qu’après s’être tous deux lancés à l’assaut qu’il dû se faire une raison. Ses yeux pourtant généralement très vifs ne réussissaient pas du tout à suivre ses prochains mouvements. N’arrivant pas à prendre conscience de ce qui se tramait, il fut acculé et privé de moyens. Sa seule grimace suffisait à comprendre qu’il était décontenancé, et avant même de pouvoir trouver une parade, il se retrouva affalé au sol, la main de l’individu se retrouvant pointée sous sa gorge.

Comment avait-il pu se faire avoir sans pouvoir réagir, lui qui était plus que quiconque accoutumé à toute sorte de combats ? Il n’en avait aucune idée, mais ce dont il était sûr, c’est que le type qui venait de le battre disposait d’une technique bougrement insolite pouvant renverser n’importe qui du moment que la personne d’en face ne s’y attendait pas. En sa possession, le démon aurait une faculté supplémentaire pour mettre un terme à l’existence de n’importe quel spécimen, et ça, il était incapable de passer à côté d’un tel apprentissage. Saisissant la main que lui tendait son opposant, il se releva en purifiant ses vêtements. Contemplant celui-ci de toute part, il s’assura une nouvelle fois de l’avoir bien observé auparavant, mais quoi qu’il fasse, rien n’indiquait qu’il était pourvu d’une aptitude spéciale lui permettant des folies de ce type. « Apprends-moi à faire de même » « Et qu’est-ce que j’y gagne en échange ? » « La vie sauve, pour commencer. Et assez d’or pour te payer une nouvelle garde-robe. » « Très bien, ça marche. » Les deux hommes approuvèrent leurs décisions communes par un rire partagé tandis qu’ils se secouaient la main frénétiquement. Avoir un mentor ne convenait pas du tout à un esprit aussi libre que le sien, mais parfois l’implication dans un idéal envisageait de laisser tomber un peu de sa fierté pour partir sur du concret. S’il parvenait à refléter sa tactique, il se contenterait simplement de le tuer pour en être l’unique successeur.


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Mar 28 Juin 2016, 21:48


"Une perte de temps", dirons certains. Pactiser avec l’ennemi et à fortiori solliciter un entrainement avec le vainqueur, cela se manifestait à juste titre comme un aveu de faiblesse. L’apprentissage se voulait être une valeur sûre en période de guerre. De non-guerre aussi, en fin de compte. La fierté de Zane, non moins évasé que pouvait l’être son égo, aurait normalement eu raison de ce choix concédé par la sagesse. Le Démon n’était pas du genre à se soumettre à autrui. Qu’importe le niveau excellentissime qu’il avait en face de lui, l’homme tutoyait les cieux en tant que dominateur. Il méprisait la discipline. Non. Ce qu’il convenait le mieux de dire, c’est qu’il avait volontairement chassé cette formalité de son hygiène de vie. La race des égrillards vivait elle aussi dans un cadre relativement strict, dicté comme tout à chacun dans un environnement règlementaire où la moindre désobéissance était sévèrement punie. Il était passé par là, comme tous les esprits étriqués qui n’avaient pas le luxe de décider par eux-mêmes de la bifurcation à emprunter. Mais au stade de la grandeur, de l’élévation et de la toute confiance qui régnait en lui, les prescriptions n’étaient plus les mêmes. La possession de nouveaux pouvoirs enrichissait fortement son vocabulaire physique. Elle ouvrait d’autres voies, pas uniquement sur ses aptitudes martiales qui s’étaient révélées depuis bien longtemps, mais aussi par rapport à son acquis qui recueillait des informations sans que sa conscience le perçoive. Que de chemins parcourus depuis cette fameuse rencontre !

Sa fierté allait au-delà du pondéré tant il se savait beau, fort, drôle et compétent. Il ne tarissait pas d’éloges sur sa propre personne, car il avait de toute façon énormément de confiance en lui plus que quiconque. Les femmes n’arrangeaient pas son orgueil puisqu’elles étaient constamment à le suivre en quête d’attention. Elles aimaient être dans ses pattes en lui quémandant toutes sortes de choses, allant de la plus simple à la plus torride. Si au début, le mal s’était fait savoir en devant apprécier cette nouvelle notoriété, il avait finalement consenti à accepter toutes les grâces des demoiselles, mais aussi des hommes. Combien étaient venus jusqu’à lui pour lui réclamer conseil ? Les groupies masculines se faisaient plus rares, mais elles existaient bel et bien, comme le grain de sable qui s’immisçait parfois dans un engrenage. La popularité était une excellente chose pour ses affaires. Il ne pouvait qu’en être reconnaissant. Malgré tout, le voilà battu par un illustre inconnu, qui, en dépit de sa victoire indiscutable, aurait facilement péri en dehors de cette zone de confort. Si aucune loi ne s’y était appliquée, le conquérant n’aurait certainement jamais revu le lever du soleil. Un paysan maîtrisant sa technique l’aurait défait de la même manière, entre un panachage de surprise et de style. De cette leçon plus que nécessaire, il ne pouvait en tirer qu’une seule conclusion : une faute d’inattention, qu’il soit le plus reconnu des guerriers sur terre peut être vaincu s’il parvient à commettre une regrettable erreur. En ça, Zane ne pouvait que respecter son adversaire, qui avait probablement été plus enclin à faire sentinelle à ses faiblesses que l’inverse. Sous-estimer quiconque n’était pas une excellente idée. Il tâcherait de s’en souvenir.

En attendant, le prince de la débauche avait consciencieusement fait la demande la plus inopinée du siècle le concernant. Ils s’étaient donné rendez-vous au lendemain de sa déchéance pour tenter d’en apprendre plus de ses erreurs. Actuellement à la veille de ce mystérieux éclairage, le Démon avait loué une chambre pour la nuit. Il ne comptait pas s’éterniser des lustres dans ce palais, trop allègre et rayonnant à son goût. Toutefois, il devait admettre que la relaxation ne lui faisait pas de mal. Il se sentait à l’aise en dépit du contraste ahurissant entre ce monde et le sien d’origine. Que ce soit la lueur dans les astres ou dans la mer, l’ambiance festive apaisante qui débouchait des chants et des danses nocturnes, ou encore la sympathie de leurs peuplades, serviable jusqu’à l’extrême. Le paradis et l’enfer devaient plus ou moins tenir la même comparaison. Il se trouvait à l’extérieur, debout sur un pont, les bras croisés, à fixer chaque détail superflu qui passait sous son regard inquisiteur. Des pensées invraisemblables déboulaient dans sa tête comme l’encre d’un écrivain qui glissait sous sa plume. C’était… apaisant. Son esprit aurait pu se résoudre à rester ici des heures durant. Ce n’est que la voix cristalline d’une belle créature de la nuit qui le ramena sur terre, la douceur de son timbre s’aventurant équivalait une brise dans ses oreilles. « Vous avez sérieusement perdu ? J’en espérais plus d’un séduisant jeune homme tel que vous. » « Désolé de vous avoir déçu. Mais si ça peut vous rassurer, je m'attendais aussi à mieux venant de moi. » La jolie femme s’approcha jusqu’à contempler l’horizon à ses côtés. Elle était assez étrange. Non pas par son comportement spontané et crédule qui se démarquait en premier lieu, mais par sa manière d’interagir avec lui. Zane n’émettait pas une aura bienfaisante. Il était totalement incapable de voiler son désir de meurtre constant, ce qui lui valait plus d’un égarement lors de ses pénitences. « Ne vous en faites pas. Je sais ce que vous êtes. Les Démons ne me font pas peur, et je ne ressens aucune haine à leurs égards. Pour dire vrai, je les trouve même mignons. » Par plus d’un étonnement, il n’avait pas l’habitude d’entendre ce type de discours. Bien sûr, il arrivait régulièrement que certaines filles soient attirées par le crime, mais cela se justifiait souvent par d’autres variétés de réactions.

De plus, ce genre de femmes étaient naturellement tournées vers le mal également. Cette fille-là était passionnément différente, bien qu’il ne sache expliquer pourquoi. Elle semblait à la fois si bienveillante et bien trop plantureuse, ce qui élaborait un drôle de contraste avec ce que ses pupilles réfléchissaient. « Mon adorable minois et mon corps de rêve y sont sûrement pour beaucoup. Pensez bien que je fasse cet effet contre mon gré. » « Ne me la faites pas à moi. Je ne suis pas née de la dernière pluie. Je suis consciente que vous jouez de cet attrait comme un gageur de cartes utilise le bluff à bon escient. Vous êtes bien plus habile que ça. » « Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? » « La façon dont vous avez entourloupé ce pauvre homme montre à quel point vous êtes un franc manipulateur. Je dois dire que j’apprécie énormément cette qualité chez les mâles. » « Allez droit au but, ma belle. » La séduisante prédatrice présenta un faciès loin du premier. Son sourire, bien que sincère, exprimait la même scansion qu’un chasseur sur le point de décocher sa flèche. Certaines proies disposaient cependant d’une peau bien plus épaisse que la normale. Elle contourna son corps par une démarche féline, cela tout en posant sa main sur son torse qu’elle fit habilement glisser jusqu’à son entrejambe. Sa longue chevelure pourpre cachait la moitié de son visage. Toutefois, son œil visible exprimait entre autres de fortes qualités que le Démon appréciait tout particulièrement. Elle lui ressemblait selon les règles de la défiance qu’elle imposait, ou encore de son irrésistible volupté. Aussi, son imprudence allait de pair avec son audace. Mélange exquis d’une variété de plaisirs, assez rare pour le souligner dans cette sphère ennuyeuse où les femmes étaient trop fragiles et routinières. La sagesse étant un synonyme malsain de la somnolence, celle ou celui qui en était dépourvu pouvait dominer le monde s’il en avait les moyens. « Vous êtes loin de pouvoir vous faire terrasser aussi simplement, même avec une technique d’envergure. Pour vous vaincre, je suis sûre qu’il faut user de méthodes d’autrement plus sournoises et aussi compter sur beaucoup de chances. Vous avez besoin de cet homme. J’ignore pourquoi, mais cet entrainement n’est qu’un prétexte pour vous approcher de lui et obtenir une part de ses services. Je me trompe ? » Elle était consternante de vérité. Son sens de l’observation était visiblement plus aiguisé et corrosif que le sien.

Pour la féliciter, l’homme frappa joyeusement dans ses mains. « Percer à jour mon jeu d’acteur n’est pas une mince affaire. Je baigne dans le théâtre depuis ma plus tendre enfance, c’est pour dire à quel point ce que vous venez de faire mérite ovations. Néanmoins, je ne parviens toujours pas à comprendre ce que vous attendez de moi. » Pour préserver un mystère qui ne méritait au fond pas tant d’attention, elle était tout bonnement incroyable. Sous ses airs supérieurs, Zane était avare en compliments. Lorsqu’il reconnaissait quelqu’un de valeur, il pouvait contrebalancer ce fait par des louanges plus précieux que le diamant. « Dans un premier temps : la curiosité. Comme vous, j’ai tendance à voyager aux quatre coins des terres pour étancher ma soif. Ce que nous recherchons est un mystère. Néanmoins, il nous arrive de tomber sur de véritables merveilles. Aussi, je suis en quête d’un mâle qui voudra bien m’enfanter. Voyez-vous, si les hommes sont médisants à propos de ça, les femmes au contraire ressentent tôt ou tard le besoin de donner la vie. S’il s’avère que vous êtes l’élu de mon cœur, alors je ne vous lâcherais pas d’une semelle jusqu’à ce que vous me fassiez cet enfant. Je suis persévérante. C’est pourquoi je dois encore vous observer. » Zane avait été sujet à de nombreuses demandes toutes plus chimériques les unes que les autres. S’il est vrai qu’aucune n’avait osé lui disposer ses vœux d’une manière aussi claire, c’est sans doute parce que Zane ne portait aucune affection aux bambins. Évidemment, il avait semé sa laitance tellement de fois qu’il était conscient d'avoir égarés des progénitures un peu partout, mais dans les faits il n’avait aucune connaissance de ses actes, et puis en oubliant ses partenaires précédentes, il s’écartait de toute responsabilité. La situation actuelle était clairement différente. Elle pouvait aussi compromettre son statut… ou pas. S’il parvenait concrètement à poser ses fesses sur le trône, alors un héritier qu’il éduquerait de lui-même pouvait effectivement s’avérer intéressant. Élargir un empire par la fornication était de toute façon naturel dans le milieu. Accueillant la main de la séductrice dans le creux de sa paume, le Démon étudia son visage en passant son pouce sur les courbes de celui-ci. Ses atouts étaient on ne peut plus convaincants. Sa silhouette était l’une des plus belles qu’il avait eu l’occasion de voir. « J’aurais au moins besoin de connaitre votre nom. » « Camilla. » « Dans ce cas, je vous souhaite bonne nuit, Camilla. À demain pour le fameux conseil de notre ami. » Déposant un baiser langoureux sur les lèvres exquises de la prédatrice, l’homme s’effaça ensuite afin de retourner dans sa suite. Une bonne nuit de repos après cette étonnante rencontre lui ferait le plus grand bien. Il aurait surement besoin d'énergie, et pas seulement pour combattre.  


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Mar 28 Juin 2016, 23:12


Au terme de la rencontre qui avait eu lieu lors de la veille, le bon samaritain qu’il dépeignait tant avait passé une agréable nuitée dans le confort qu’on lui avait confié. Des draps aussi immaculés et propres que les ailes d’un ange l’avaient gracieusement couvé durant toute la soirée. Des souvenirs — ou des rêves — étaient remontés jusqu’à lui, lui agréant quelques folies oniriques qu’il pouvait presque qualifier comme étant prémonitoires. Quoi qu’il en soit, la saveur de ces derniers jours ne pouvait que signifier un avenir prometteur pour sa personne. Arboré sur son lit, le tissu lui recouvrant la moitié du corps, l’homme songeait à ce qu’il adviendrait de lui lorsqu’il parviendrait à planter la couronne sur le sommet de son crâne. Depuis quelques temps maintenant, certaines entités — qu’elles fassent partie des dieux ou d’un tout autre univers — s’efforçaient visiblement à lui faire entendre que son chemin était tout tracé. Simple étape d’une aventure folle en rebondissements ou véritable destin ? Tragique ou non, ce qu’il advenait de comprendre, c’est qu’il pourrait bientôt se matérialiser parmi les plus grands. En un sens, il appréciait beaucoup cette nouvelle excitabilité. Vivre au jour le jour avait toujours figuré en tête de liste de ses doctrines, certes, mais là c’était d’un tout autre niveau. Ce qu’il deviendrait par la suite n’avait jamais été aussi indécis. C’est exactement ce qui le rendait aussi passionné. La prévoyance concernait une tactique qu’il aimait mettre à profit, mais cela ne tenait pas la comparaison par rapport aux Aetheri qui savaient tout par avance sans se fouler le petit doigt.

Quel ennui. Ce dont il était certain, c’est qu’il ne souhaitait pas devenir comme eux, qu’importe le risque qu’il encourait avec ses futures machinations. Le bellâtre était bien trop attaché au danger de tout instant, celui qui pouvait surgir de n’importe où pour lui boiser sa lame salvatrice dans l’estomac. Se dévouer pernicieusement était en quelque sorte la clé qui maintenait son esprit dans le monde des vivants. Sans cet atout, une dépression serait inévitable, et alors il basculerait incontestablement dans le suicide pour se réincarner en une espèce forcément moins distrayante. Dans tous les cas, tergiverser sur sa situation actuelle ne rimait à rien, c’est pourquoi il se leva, non sans flegme, de son castel matinal. L’aurore s’éveillait à peine, et pour cause, ils avaient convenu de faire ça au plus tôt dans la journée afin d’éviter les auditeurs trop encombrants. Habituellement, Zane n’avait rien contre de potentiels supporters, sauf pour cette fois-ci où son rôle devait rester pour le moins secret jusqu’au lever du rideau. De plus, la scène qui prendrait vie ne convenait pas à tous les publics. C’est ainsi qu’il se dressa avec la même minutie que d’ordinaire, prenant du temps à se coiffer adéquatement ainsi qu’à adapter sa tenue aux circonstances de son sort. Pour l’occasion, le malin avait légèrement changé d’apparence pour dérober les traits d’un jeune homme plus conventionnel, rappelant les prometteuses recrues déterminées à dévoiler leurs prouesses. En ces temps difficiles où la confection des bijoux se faisait rare, l’individu avait malgré tout réussi à se dégoter un pendentif, destiné à troquer l’ancien par celui qu’il avait volontairement égaré pour de bonnes raisons. Lorsqu’il fut fin prêt pour passer à la subordination de ses préceptes, le soldat accéda au lieu du rendez-vous, à l’écart de l'édifice. La place concernée était parfaitement aménagée pour percevoir ce genre de pratiques.

En son centre gisait une sorte de socle circulaire, analogue à une arène miniature, servant coutumièrement aux militaires pour certains entrainements particuliers. Autour, la nature avait forgé sa réputation en enveloppant le court de végétations qui se succédaient à foison. Les fleurs étaient légion, ce qui se mariait admirablement bien avec la venue de Camilla qui somnolait sur un banc prévu à cet effet. Elle était la seule spectatrice tolérée par le diable. Kain était déjà présent. Comme auguré, il était mortellement ponctuel, ne discutant même pas d’un brin de difformité. Peu importe. Après tout, ce personnage n’était qu’un pion parmi tant d’autres sur l’échiquier de son parcours florissant. Filant fièrement en face de ce dernier, Zane s’autorisa une petite révérence ironique, soulignant le peu de respect qu’il était censé posséder vis-à-vis de son maitre. « Vous êtes en retard, mon bon seigneur. Ne dit-on pas que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ? » « On dit aussi qu’il n’est jamais trop tard pour appeler le vice. » L’échange visuel qu’ils se partageaient mutuellement n’envisageait qu’une infime chance de trouver une bonne entente. Malgré tout, l’homme était prêt à louer ses services comme prévu. « Préparez-vous. J’estime qu’il est préférable de se mettre dans le feu de l’action dès que possible. Pour ça nous allons reproduire le même développement qu’hier. Une démonstration est toujours plus loquace que les mots. » « Ça tombe bien, je méprise la théorie. » Quand il ne prenait pas le visage d’un orateur invétéré. Car s’il est vrai que la puissance brute suffisait la plupart du temps à convaincre n’importe qui, il est des fois où la bravade des discours apostrophait plus autrui que le tracé que les poings suivaient. Un souverain devait être informé d’employer les deux méthodes, et plus encore que les maitriser, il devait savoir élire le moment opportun pour les brandir avec adresse. Ce n’est que depuis peu qu’il avait appris à les manifester de manière équitable. N’omettant pas de saluer la demoiselle présente uniquement pour ses beaux yeux, le démon se laissa donc reconduire par la même attitude que lors de la veille. Avec une irritation équivalente, il abattit sa main fermée sur le corps de son professeur, mais avant même qu’il ne parvienne à l’atteindre, il entreprit de retarder légèrement la vitesse de son essor. Cela était suffisamment imperceptible pour être distingué sans un pouvoir préparé sur mesure. En agissant à la dernière seconde, il se fit donc contrer et plaquer au sol sans retour discutable, soulevant une importante couche de poussière au moment de sa chute.

Malgré la volonté de se laisser faire, dénier qu’il possédait une technique captivante s’apparentait au mensonge indigne. Si Zane admettait de faire semblant, c’est justement pour cette raison-ci. Il désirait s’emparer de lui pour lui restituer un service qu’il était le seul à pouvoir lui rendre, et accessoirement pour agrandir ses rangs de fidèles. Lorsque Zane se redressa en décrassant ses vêtements, il se mit en position de défense. « Qu’est-ce que… » « Attaque-moi. » Le démon était résolu, la lueur incandescente de ses pupilles ne le trompait pas. « Tu penses déjà pouvoir reproduire ma technique ? Soit tu es fou, soit tu es effectivement un prodige. » À cette remarque, la seule réponse qui lui convenait de s’accorder fut l’échappée d’un rire franc et diabolique à la fois. Nonobstant, Kain accepta le défi et fonça vers lui dans l’intention véritable de le punir pour son orgueil. Les coups qu’il plaçait étaient assez rigoureux pour toucher les défauts avec précision, mais également assez puissants pour décomposer la roche en frôlant simplement sa texture. Un état d’âme estimable, qui comportait néanmoins plus d’une faiblesse. Et c’est sans appel que le mâle dominant eut recours au même contre que son ami, non sans améliorer les lacunes qui la composaient. La partie centrale sur laquelle ils se trouvaient céda sous la virulence de l’attaque, si bien qu’elle fissura sa roche à certains endroits. Zane secoua ses menottes l’une contre l’autre. « Pour être franc avec toi, je pense être un prodige de la démence. » Il laissait son partenaire sans voix. C’était l’intention recherchée. La plantureuse demoiselle le félicita également en applaudissant à plusieurs reprises dans ses mains, le gratifiant d’un compliment de passage. Qui d’autre que lui pouvait encore prétendre apprendre à une telle vitesse ? Son intelligence était loin de pouvoir se mesurer aux plus grands de ces terres, il ne fait aucun doute. Seulement, il avait toujours su l’utiliser à son plein potentiel, bien qu’il préférât souvent jouer à l’idiot bourrin en société. Les mecs futés et puissants ne correspondaient pas bien à l’idée qu’il se faisait de la perfection guerrière, du moins pour le bien de ses affaires. Tandis qu’il venait de soumettre celui qui était censé lui enseigner une pratique ancestrale, ce dernier se releva difficilement. D’abord il se tint l’épaule en titubant, ensuite il retrouva le sens de son équilibre. Le reflet de son âme exprimait un profond désarroi, ce qui en principe était totalement naturel en vue des enjeux qu’il avait forcément devinés en partie. « Je me doutais bien que quelque chose clochait. Quand je te regarde, je vois tout sauf un individu banal. Que veux-tu de moi exactement ? » Bonne question, qui suscita par ailleurs l’intérêt de sa compagne.

Toujours dans l’espoir d’accomplir ses manigances par divers effets théâtraux, le corps de Zane se divisa en de nombreuses parcelles, tel un miroir sur lequel on venait de cogner brutalement. Si son reflet persistait bel et bien à paraitre sur la glace par des oscillations obscures, son véritable lui réapparut sur une solide branche, positionné en fonction de ses aises. « Évitons de tourner autour du pot. Selon moi, il n’est pas d’ami plus fidèle que des employés gracieusement récompensés. Contrairement à ce que certains érudits pensent, l’or peut tout acheter, ou presque. Disons que chaque chose à un prix. Il se trouve que découvrir quelles sont ces choses est ma spécialité. » « Tu tournes autour du pot. » « Tu marques un point. Quoi qu’il en soit, j’ai appris beaucoup de rudiments à ton sujet. Notamment que tu avais des enfants affreusement mal portants. Malheureusement, il s’agit là d’une maladie incurable. Tu vois certainement où je veux en venir. » Un lourd silence pesa sur les trois antagonistes avant qu’il ne chuchote le nom de cette race que le monde craignait autant qu’il méprisait. Marchander avec le mal suprême sonnait comme la pire des infamies, mais pour d’autres c’était le moyen d’aboutir à ses souhaits, à condition d’énoncer la bonne formulation. Contrairement aux génies, ils étaient contraints de respecter le marché. De plus, le pacte fonctionnait comme un contrat qu’aucune des deux parties ne pouvait rompre. « Qu’est-ce que tu veux en retour ? » Le soupir qui s’échappait de ses lèvres qualifiait l’acceptation d’un arrangement. « Je sais que tu es l’un des plus doués dans ton domaine : l’occultisme. J’ai toujours été fasciné par cet art que je suis malhabile de saisir, c’est pourquoi j’ai besoin de quelqu’un comme toi pour me servir. En outre, j’aimerais acquérir un don spécifique. Mes cheveux sont ma signature, mais il me manque l’essentiel pour en faire une arme. » « Une arme ? » « Je suppose que les capacités capillaires sont rares, c’est pourquoi je m’adresse à toi en ce nom. » « C’est assez particulier… » « C’est peu dire. En attendant, nous allons tirer parti de Juckiton pour mettre en place l’un de mes plans. J’aurais besoin de vous deux pour ça. » Les exigences de Zane dépassaient l’entendement et la logique. Personne ne surprenait ses pairs aussi bien que lui.


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Jeu 30 Juin 2016, 15:24

Les rumeurs insistaient parfois sur les mœurs d’un mi-homme, mi-dieu et mi-démon qui ne connaissait pas de frontières. Ce qu’on racontait sur lui dépassait les titres d’une légende, d’autant plus qu’elles n’avaient jamais été considérées. On disait de cet étranger qu’il était en mesure de posséder le cerveau d’autrui par un simple courtage visuel. L’on proférait aussi qu’il lui suffisait d’orienter un doigt vers le ciel pour recourir aux dons des tout-puissants et arracher tout ce qu’il désirait sans en faire de demandes officielles. On surnommait ce personnage Zulrag, le protégé de la chance ou encore le pourfendeur de l’éternel. Une histoire que l’on contait souvent aux enfants pour leur inculquer une sorte de morale qui ne coûtait aucun alanguissement à être stipulé. Ce qu’il y avait de bien avec les mythes tels que celui-ci, c’est que n’importe qui pouvait s’en approprier pour s’en servir à sa guise. D’un claquement de doigts, il était envisageable de rendre l’impossible possible par le biais de quelques manipulations bien concordé. Zane figurait comme étant le chef d’orchestre irréprochable pour mettre en piste un numéro sensationnel. Le peuple, peu importe de quelle contrée il venait, apposait cette ressemblance de crédulité qui leur sied à merveille. Peu importe pourquoi ou comment, ce qui est certain, c’est que la déficience était la même pour tous. Il suffisait souvent de leur exposer quelque chose, aussi insensé que cela puisse être, pour leur faire croire n’importe quoi. La vue était le sens le plus affuté, tout simplement car tout le monde s’y fiait avec aveuglement. Une ironie dont le pouvoir burlesque n’était plus à prouver. Le fait est qu’il existait bel et bien, sans quoi les souverains seraient détrônés au bout de deux jours, forcés de quitter leur piédestal à cause d’un peuple cruellement intelligent qui repérait toutes les failles envisageables, tels que les décisions incomplètes d’un monarque ou encore l’utilité de sa véritable fonction. La bêtise des uns servait toujours le bénéfice des autres, c’était là la dominante de la formule.

Ce qui est certain, c’est que le malin souhaitait illustrer la valeur de ce précepte au travers de ce qu’il savait faire le mieux ; la comédie. Kain et Camilla étaient indispensables au show pour faire fonctionner la grandeur du numéro. Tandis que les concernés attendaient les explications, le diable se brula une cigarette qu’il fixa ensuite entre le coin de ses lèvres. Il tira une bouffée, puis s’adressa aux siens avec le ton amical qu’il empruntait régulièrement, se servant de sa main droite pour accomplir des animations qui soulignaient l’importance de ses mots. « Voyez-vous, j’estime que cette cachette réservée aux despotes pourrait apporter de belles choses à notre collaboration future. Je connais Sonia, elle ne me refusera pas un petit coin tranquille. Kain, j’aimerais que tu exécutes ton travail ici, du moins partiellement. Les contrats concernant ta profession sont riches, sans compter la praticité que tu pourras m’apporter. Quant à toi Camilla, j’aurais besoin de toi au sein de mes associées martiaux. Si tu me rends un service, je te revaudrais la pareille. » Par ses mimiques languissantes, elle trémoussa sa silhouette apte à faire craquer les cœurs faits d’obsidienne. Ses compétences de séductions étaient très persuasives, peut-être même étaient-elles plus abouties que les siennes. « J’accepte, mon beau. Il me suffit de poser les yeux sur toi pour me convaincre que je vais m’amuser en t’accompagnant. » Le plus prodigieux, c’est qu’il ne savait toujours pas à quelle race elle appartenait. Il ne désirait pas le savoir. Pas tout de suite. Le mystère entretenait à la survie des flammes, c’est pourquoi il préférait taire certaines interrogations pour l’heure. Quant à Kain, l’hésitation avait beau se lire sur son visage, il acquiesça d’un signe, certes anxieux, mais avéré. « Bien. Pour commencer, nous avons besoin de te faire passer pour ce que tu n’es pas, à savoir un tacticien de renom qui a reçu la bénédiction des dieux. Pendant que tu m’apprendras la présumée technique, je dévoilerais ma vraie virilité afin de mettre un terme à ton existence aux côtés de Camilla. Bien entendu, tu parviendras à nous arrêter. À partir de là, tu seras reconnu comme le seul héros à pouvoir nous vaincre. Ton magnanime nous accordera toutefois du répit. Vous avez compris ou bien vous préférez que je répète ? »

Le professionnel des sciences occultes expira avant de se reprendre. « Ce n’est pas comme si j’avais le choix. Je dois penser à mes enfants, et puis ce n’est pas si mal que ça se déroule ainsi en fin de compte. » Bien, il y prenait gout. Une particularité qu’il partageait étrangement avec la plupart des victimes de Zane. Peu importe à quel point il représentait le mal, il attirait les plus dérangés à le poursuivre sur toutes les terres. « Bien. En place. Ils arrivent. » Les voyageurs se réveillèrent lentement de leurs bonnes nuitées, avec rien d’autre en tête que de passer par leurs occupations quotidiennes. Cependant, lorsqu’ils virent le démon et l’homme et l’extérieur, la plupart se rappelaient qu’ils avaient effectivement convenu d’un rendez-vous. Pour paraitre le plus crédibles possible, ils avaient d’ores et déjà inauguré quelques leçons militaires. Le malin avait beau essayer d’attaquer Kain par tous les fronts, il se faisait indiscutablement rabrouer par sa technique irréprochable. Assis conformément dans le rôle qui lui était destiné, ce dernier lui fit part de quelques exposés, notamment à propos de son jeu de jambes qui manquait de rigidité. Aussi, il accentua quelques faiblesses notoires dans sa façon de se ruer vers lui, lui reprochant d’être beaucoup trop direct. Les conseils qu’il lui inculqua étaient tous fondés, et pour cause, Kain n’était pas qu’un beau parleur doué dans les sciences. En dehors de son domaine de prédilection, il demeurait parfaitement redoutable. Pas pour lui, certes, mais pour une grande partie de la population. Son sens du devoir imposait une certaine forme de respects. C’est par ce fourmillement de capacités que le démon était attiré par lui. En fin de compte, qu’importe l’angle avec lequel il envisageait de le déconfire, Z le magnifique ne parvenait à rien. Ses offensives se soldaient par le même échec. Le dernier coup visa en outre à le faire sortir de la piste d’une manière inattendue. Glissant sur plusieurs mètres, il se réceptionna néanmoins avec l’agilité d’un primate. « Mesdames et messieurs, restez à l’écart. Les cieux viennent de me communiquer une information de plus haute importance. Cet homme est un démon envoyé pour tous nous détruire. » C’est en chœur qu’un son mêlé par la joue et la consternation s’évapora dans les airs.

Hommes et femmes reculèrent de quelques pas sous l’imminent danger qui venait de leur être adressé. Adoptant une succession de mouvements peu banale, Kain épousa la parfaite attitude du protecteur prêt à se sacrifier en cas de pépin. « Tu as découvert mon identité… bien jouée. » C’est parti. Libérant un flot d’énergie immense d’un seul coup, il comprima le sol sur lequel reposait ses pieds à chacun de ses pas, cela jusqu’à réintégrer l’arène initiale. À tout moment, il pouvait tuer tous ceux dont la tête ne lui convenait pas. D’ailleurs, pour s’amuser, il aurait pu se contenter d’un carnage et passer à autre chose, mais les services de Kain l’intéressaient de trop pour envisager l’option de passer à côté. Et puis, Camilla venait elle aussi de se lancer dans la gueule du loup en prenant le guerrier à revers, sa démarche féline rentrant en ligne de mire. « Tu n’es pas tout seul, mon chou. Je vais t’aider à lui arrache toute parcelle de chair qui lui sert d’enveloppe. J’ai affreusement faim. » Sa langue humecta ses lèvres pulpeuses, puis elle passa aussitôt à l’action en l’attaquant grossièrement dans son angle mort. Zane profita de la belle persuasion pour suivre la cadence symphonique, se jetant sur lui comme un tigre affamé. Pas plus effrayé que ça, la majorité du public encourageait les deux hommes sans trop se préoccuper des faits, mais contre toute attente, le serviteur des dieux se joignit à des gestes prieurs pour repousser les deux offensants par une vague manifestée sous un champ de force. Bien entendu, rien de tout cela n’était vrai. Les illusions de Zane permettaient l’élaboration d’un magnifique scénario où le faux se mêlait au juste avec beaucoup de candeur. Quoi qu’il en soit, cette expiation n’arrêta pas les deux compères, qui après avoir repris leurs esprits, se lancèrent une nouvelle fois sur lui avec une rage décuplée. Pour comprendre la suite, il fallait probablement être un guerrier émérite tant les mouvances qui se succédaient étaient rapides, sans négliger une seule once de puissance.

Cela ne dura que le temps qui lui était nécessaire, puisque lorsque Kain abattit son doigt rougeoyant sur la nuque de ses deux adversaires, ceux-ci tombèrent sans raison, les yeux révulsés et le battement de leur cœur ralentissant dangereusement. La victoire de l’énergumène ne passa pas inaperçue puisque tous les spectateurs se dirigèrent vers lui en scandant son nom. Ils étaient très surpris de le voir sans s’en sortir vivants, chose qu’il n’aurait pas pu accomplir sans la grâce du démon. Leur corps inerte se fut ensuite privé de leur chair, celle-ci s’envolant en poussière dans les airs alors que leurs squelettes nauséabonds se découvraient au grand jour. L’illusion cessa quelques minutes plus tard. En vérité, lui et Camilla attendaient déjà l’apparition de Kain dans ses quartiers, ou en d’autres termes, la pièce qui servirait à mettre en place ses expériences futures. « En plus d’être un bel homme, tu es aussi très bon comédien. Tu pourrais presque m’égaler à mon propre jeu, c’est inquiétant. » « Ce qu’il y a d’affolant, c’est que je pourrais craindre tes représailles à n’importe quel moment. Tiens, le voilà qui arrive. » L’enclenchement de la cliche le lui avait annoncé, et effectivement, c’est un homme totalement nouveau qui entra dans la chambre. Il semblait plus confiant que lors de leurs premières échauffourées. De plus, la lecture de son esprit envisageait une réelle motivation à présent. « hm. Ça n’a pas été facile de leur mentir, mais je crois bien que je me suis pris au jeu. Quelle est la suite du plan, chef ? » Il apprenait vite. Très vite. Comme prévu, il n’était pas qu’un stupide chien de course. Ces deux recrues cachaient un potentiel énorme avec qui il pourrait très certainement accomplir de belles choses. « Pour le moment, rien du tout. Aujourd’hui est à marquer d’une pierre blanche, puisque vous êtes les deux premiers membres de ma grande famille. Une incroyable aventure nous attend. Préparez-vous, car j’aurais bientôt besoin de vos précieux services. » Il n’avait nul impératif de les tester. Ils étaient opérationnels pour tout ce qu’il envisageait de faire par la suite. Cependant, il souhaitait être accompagné par eux pour une certaine quête qui n’attendait que lui, histoire de voir ce qu’ils valaient en sa compagnie, et surtout ce qu’ils étaient capables d’entreprendre en dehors de directives formelles. Le plaisir de Zane se distinguait aisément au travers de son sourire carnassier.


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