Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

Partagez
 

 ☙ Son pire cauchemar - [Coco]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Lun 22 Aoû 2016, 19:39




« Rosie ! » s’écria la Lumia. Petite chose qui courrait dans le songe de la Fae sans jamais réussir à l’atteindre complétement. « Rosie ! Par-là ! »

Un portail s’était créé. Conäme n’était pas encore en âge de contrôler correctement un rêve ; elle ne pouvait qu’insuffler une porte de sortie aux cauchemars que vivaient Rose-Alysse, sa Fae, son amie qu’elle ne rencontrait qu’en songe. Malheureusement, celle-ci ne la voyait pas, voire plus, tant ses cauchemars étaient d’une violence inouïe. Depuis que la Collectionneuse s’en était prise à la Fae, Coco se battait bec et ongles contre l’avenir nébuleux promis à sa protégée. Le sort s’était abattu sur les épaules de la Fae aux cheveux roses, une volonté du destin que la Lumia s’efforçait de contrecarrer avec ses maigres ressources. Si la Lumia ne pouvait pas encore interagir avec la réalité dans laquelle Rose-Alysse était piégée, elle tentait néanmoins de l’aider en combattant les rêves néfastes d’une vie à peine vécue qui n’apportaient rien à la Fae si ce n’est une peur bleue de la femme qui la retenait prisonnière elle et ses amies les fleurs. Le but d’un cauchemar selon les Lumias était que l’enfant en tire des leçons instruites, suffisantes en elles-mêmes pour qu’il se construise lui-même des limites à ne pas franchir, pour ainsi éviter la mort par exemple. Or dans ce contexte étouffant, la Fae s’asphyxiait et finirait par mourir car si même ses rêves se mettaient à lui rappeler une condition qu’elle voulait oublier, elle ne s’en sortirait pas. La Lumia devait agir et vite.

Un monstre de glaise noire rampait tout autour de la Fae qui était piégée dans la mélasse du cauchemar, s’empiétant toujours plus dans les restes d’un domestique achevé par la vague sombre des tourments. Coco se précipita aussi vite qu’elle le put en direction de sa protégée qui n’avait pas vu le portail. Il fallait qu’elle l’aide à se dépêtrer du bourbier pour qu’elle puisse s’échapper du serpent menaçant. La Lumia bondit sur la tête du Tourmenteur et lui arracha une écaille de brume. La chose hurla et sa langue affreuse vint frapper le dos de Coco qui s’effondra aussitôt sous la forte pression. Le coup suivant fut plus fort encore, l’immense serpent planta son croc dans la jambe de la Lumia et la fit s’élever dans les airs comme une feuille d’arbre. Il la balança à quelques mètres plus loin pour s’attaquer de nouveau à la Fae qui s’égosillait face à la monstruosité. Elle n’avait aucune emprise sur le cauchemar qui était hors de contrôle et qui pouvait à tout instant, engloutir la créature aux cheveux roses à jamais. Il avait réussi à la piéger dans son étreinte mortelle. Soudain, Coco apparut sur une licorne de nuages et chargea le monstre. La licorne hennit quand elle rencontra l’épiderme écaillé et visqueux du serpent, se retirant rapidement pour attaquer de nouveau la matière faite de cauchemars. Celui-ci relâcha l’emprise qu’il avait sur Rose-Alysse qui était désormais inconsciente. Il s’en prit férocement à la licorne qui fut d’abord contaminée par le cauchemar puis avaler. L’action avait effrayé la Lumia car le monstre était énorme et semblait être imprenable. Toutefois Coco avait plus d’un tour dans son sac. Une volée d’hirondelles vint étourdir le monstre alors que la Lumia se chargeait de mettre la Fae sur une carriole tirée par des canetons. Essayant de gober les nuages d’oiseaux, le serpent en oublia le principal et Coco réussit à ramener Rose-Alysse jusqu’au portail qui, une fois traversée, permit à Rose-Alysse d’être immédiatement réveillée.

La Fae avait le cœur qui tambourinait fort dans sa cage thoracique. Son front était en sueur. Coco se trouvait à ses pieds, elle l’observait. Rose-Alysse sentit une présence sans pouvoir exactement la situer. Son corps entier frapper par la peur du cauchemar s’était calmé suite à la perte de connaissance. Si la Lumia se souvenait de tout, la Fae en avait oublié la moitié. Le principal étant la peur qui en découlait et qu’elle gardait malgré elle dans les entrailles de son abdomen.

« Rosie ? Tu m’entends ? » La Fae se releva lentement, interpellée. « Je vais t’aider, crois-en moi s’il te plaît. » La petite Lumia était debout et faisait face à sa protégée qui ne pouvait pas encore la voir tant elle était apeurée. « Je reviendrais, ensemble, nous combattrons tes cauchemars, mais je te prie de croire en moi. Tu dois continuer. »

Si Rose-Alysse était effrayée, Coco l’était d’autant plus ; si la Collectionneuse venait à prendre entièrement le contrôle de l’esprit de la Fae, même de son inconscience, c’en serait fini d’elles. Conäme craignait la mort comme tout individu, elle ne souhaitait pas mourir de sitôt et pour éviter ce sort qu’elle ne désirait guère, il fallait que la Fae la voie. Pour y arriver, Conäme devait redoubler d’efforts ; Rose-Alysse était sa première protégée. On l’avait pourtant avertie de la difficulté à protéger les Faes de leurs cauchemars. Ce n’étaient pas des enfants comme les autres, puisqu’elles naissaient sous forme d’adulte sans jamais passer par le stade du bambin. Elles étaient toujours en phase d’émerveillement face à la Vie qu’il leur était offerte une seconde fois et à l’instar des enfants de bas âge, elles pouvaient se montrer cruelles et inconsolables si on venait à toucher à une feuille de leur jardin. En choisissant une Fae comme unique protégée, Conäme avait accepté le risque de disparaître le jour où quelqu’un s’adonnerait à faire ouvertement du mal à Rose-Alysse. La Fae pouvait à tout instant cesser de croire en autrui pour se protéger et dans un sens, se sauvegarder du mal qu’on pourrait lui occasionner une n nouvelle fois. Là où la Collectionneuse se montrait incroyablement agile d’esprit fut lorsqu’elle avait soigneusement évité de faire sombrer Rose-Alysse dans une peine absolue, en empotant ses amies les fleurs. Toutefois cet acte n’avait ni épargné la Fae ni la Lumia. Ce n’en était pas l’intention après tout. Rose-Alysse dépérissait comme les Fleurs si on la privait de son Soleil et de ses ailes, ce pourquoi elle se restreignait désormais dans ses croyances pour s’économiser une peine de plus. Ainsi, la Lumia n’apparaissait plus à la Fae car la Fae avait décidé à contrecœur de ne plus la voir pour ne pas souffrir, craignant les regrets d’un passé antérieur.

Conäme se pencha au-dessus de la Fae toujours allongée et déposa affectueusement un baiser sur le front moite et en chaleur de son amie. Aveuglée mais pas insensible, Rose-Alysse sembla apprécier le contact des petites lèvres douces et fraîches de la Lumia. Ce fut à cet instant que l’amie imaginaire choisit de partir, disparaissant dans un halo invisible aux yeux fatigués de la petite Fae.

« Maman Aunï, maman ! »

La Lumia était la plus jeune de sa famille, la dernière à être partie du foyer. Il était de bon ton de demander des conseils à ses parents qui avaient eu à leur charge beaucoup de nourrissons, aussi bien maléfiques que bénéfiques. Ils en avaient déjà vu de toutes les couleurs avec leurs bambins, ce pourquoi la Lumia revenait les voir. C’était la première fois depuis son départ qu’elle remettait les pieds chez elle, car une Lumia en plein apprentissage doit rester auprès du bébé jusqu’à ce qu’il soit assez épanoui physiquement pour marcher. Ses parents étaient au courant de la situation de leur dernière enfant, et alors que la mère préparait une mirabelle comme plat, elle dit sur un ton plus ou moins détaché :
« Je t’avais prévenu de ne pas prendre une Fae comme premier nouveau-né, elles sont dangereuses pour nous les Lumias. Ne te l’ai-je pas dit ?
Oui, maman Aunï, mais c’est un cas différent et elle a besoin de mon aide, ce pourquoi je suis venue te voir toi et Papa Aunï. D’ailleurs, où est Papa ?
Il observe les Ailes noires en sirotant sa tisane. L’un d’eux s’est changé en chêne pour surveiller on-ne-sait-qui, il se méfie d’eux.
Ils ne peuvent pas nous voir ?
Non, ils ne peuvent pas. Il n’y a pas d’enfants ici, ce pourquoi Papa se méfie. Un camp sans enfant est un camp de guerre. »
La petite Lumia alla s’asseoir à la table et sa mère vint servir le plat de compote de mirabelle. Ce n’était pas ce que Conäme préférait, elle était plutôt fruits rouges. Elle mangea toutefois avec un bon appétit et finit rapidement son bol, en demandant du rab. Le père de la Lumia arriva à la dernière louchée et vint la serrer dans ses bras en guise de bienvenue. Il s’installa et la petite Lumia lui avoua les motifs de sa visite, tout en mangeant à petites cuillérées.
« Hum. Au moins, tu as bon appétit, ça fait plaisir à voir. Dit la mère qui lui servait de la compote une troisième fois.
Tu t’es mise dans un pétrin compliqué ma fille. Ce n’est pas tant la Fae le réel souci, mais plutôt ce qui lui cause des angoisses infernales. Malheureusement, tu n’es pas assez forte pour l’aider.
Il n’y a donc aucune solution ?
La lumia avait laissé tomber sa cuillère de bois.
Si, que tu la quittes, sinon tu cours un grand danger. »
Ces mots étaient durs. De grosses perles de larmes bordèrent les yeux verts argentés de la Lumia qui se mit à pleurer aussitôt. Elle s’était attendue qu’on lui dise ce qu’elle pensait, mais la phrase était plus compliquée à entendre qu’à penser. Sachant ce qu’elle endurait, son père vint lui serrer l’épaule.
« Tu pourras réconforter d’autre enfant, qui mérite tout autant ton attention. Tu as été une bonne Lumia en l’accompagnant, mais si ta magie des rêves ne peut l’aider contre ses propres cauchemars, ils risquent de t’emporter et elle finira par t’oublier.
Mais… Snif… mais…
, elle reniflait et hoquetait en même temps, ce qui rendait la parole compliquée. Je ne veux pas… Je ne veux pas la laisser… Son père pressa doucement ses épaules. Je ne veux pas. Elle se ressaisit. Je ne la laisserais pas aux mains de cette femme, seule. Elle a besoin de moi et j’ai besoin d’elle. Aidez-moi, je vous en prie. Maman, Papa, je vous aime et même si je viens à mourir dans les oubliettes, sachez que je tiens énormément à vous. Vous comptez beaucoup, mais si je ne peux pas remplir mes devoirs en tant que Lumia, alors elle aura eu raison de m’oublier et si je m’en vais, je ne mérite pas de servir les enfants, je ne desservirai pas ce en quoi je suis née. La protéger est tout ce qui m’importe. »
Voyant que leur fille ne lâcherait pas de si bon compte, la mère Aunï alla chercher un bocal. Dans le contenant, Conäme vit plusieurs petites étoiles.
« Nous les cultivons et nous les donnons à tes frères et tes sœurs qui le méritent. Aujourd’hui, tu nous as prouvé que tu la voulais. Cette bonne étoile t’aidera dans un premier temps à rendre chanceuse ta protégée. Fais toutefois attention car toute bonne chose a une fin. Fais en bon usage, ma fille. Qu’Harabella te guide à travers les rêves. »
La mère de Conäme ouvrit le contenant et sortit une petite étoile précieuse qu’elle déposa dans les mains fragiles de sa fille. La chose brillante fit quatre petits bonds avant de sauter dans la fine bouche de la Lumia pour être ingurgitée.

Mots = 1 900
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 22 Aoû 2016, 19:56


La petite Lumia porta un dé à coudre aux lèvres, buvant une mixture dont elle seule en avait le secret. Cela avait un goût sucré, léger. Elle le finit rapidement, reprenant des forces au cas où il faudrait réattaquer pour mettre à mal un cauchemar de Rose-Alysse. Puis elle sortit de sa petite maisonnette qui était dans le creux d’un ancien nid de pic-vert, dans l’ancien jardin détruit de la Fae. Le vent soufflait fort, il était habituel sur cette île que les tempêtes viennent attaquer les côtes, déversant des sauts d’eau et des longs filets de vent à travers la terre où siégeait en Reine la demeure de la Collectionneuse. La Lumia observa de loin la bâtisse. Elle se méfiait aussi bien de la Collectionneuse que des domestiques car tous étaient désagréables avec la Fae, quand ils la croisaient dans sa cage. Certains pouvaient s’amuser à balancer la prison argentée de la jeune Rose-Alysse, tandis que d’autres plongeaient leurs plumeaux pour noyer la Fae dans un tas de déchets et de poussières. La Lumia se sentait incroyablement impuissante face au manoir qui la dominait de tout son long, lorsque le soleil s’abaissait sur le rivage, l’ombre inquiétante de l’Antre de la Dame plongeant ainsi dans le noir la plupart du jardin. Conäme était effrayée par la magie qui en découlait, autant la journée que la nuit, malgré sa peur, elle se devait d’agir pour le bien de Rose-Alysse. Ses parents venaient de lui offrir un présent inestimable, important, qui pourrait mettre en déroute plus d’une vilaine créature qui tenterait désormais de blesser la Fae aux cheveux roses.

Elle refusait toujours de la voir. La Lumia était posée sur l’un des barreaux de la cage, en hauteur et l’observait silencieusement. Rose-Alysse se dépérissait, c’était visible. Sa peau était d’une couleur diaphane, loin de la couleur olive qu’autrefois elle avait. Les couleurs du soleil ne rougissaient plus ses joues et son nez, ses bras nus étaient d’un blanc pâle et livide. Ses yeux gris d’une couleur anthracite ne débordaient plus de vie, comme avant. Elle se mourrait. Lentement, mais sûrement. Néanmoins la Fae gardait espoir et c’est cet espoir qui maintenant la Lumia vivante. Elle se nourrissait des plantes qui entouraient la cage et qui continuaient de lui faire la conversation, de l’instruire. Parfois, elle leur offrait un mot mais la peur qui la tétanisait habituellement l’empêchait de faire plus car elle avait constamment l’impression – comme la Lumia en cet instant – que la Collectionneuse l’observait, l’épiait, comme si chaque pièce de la demeure pouvait répondre à son appel. Bien sûr, cette sensation infondée reposait principalement sur la situation de faiblesse de la Fae ; n’étant pas en mesure de bouger de sa petite prison, la Fae tout comme la Lumia pouvait avoir de fortes impressions qui les trompaient toutes d’eux.

Conäme descendit de son perchoir pour rencontrer celle qu’elle protégeait. La petite Lumia pouvait deviner en l’observant ce qui attirait le plus la Fae en ce monde et ce qui l’émerveillait. Utilisant la bonne étoile, celle dans son ventre, la Lumia se métamorphosa en un papillon aux ailes jaunes et se mit à voleter comme l’insecte. Depuis qu’elle était enfermée, Rose-Alysse n’en avait plus vu. Alors que la Lumia doutait de sa propre magie, la Fae finit par la voir ; en papillon voletant avec légèreté dans la cage. Rose-Alysse se détourna de ses fleurs qu’elle ne pouvait pas atteindre et s’approcha de la petite créature. Le papillon pouvait couvrir tout le torse de la Fae sans problème, tant les deux êtres étaient petits. L’insecte voleta jusqu’à atterrir dans les cheveux de paille rose. Pour la première fois, Conäme put entendre le son du rire de Rose-Alysse qu’elle n’avait pas entendu depuis longtemps. La Fae rigolait ! Son cœur s’enhardit d’une chaleur peu commune, rassurée et à la fois réconfortée que la Fae veuille bien croire en elle et l’accepte. La Lumia pressa sa trompe de papillon contre le front pâlichon de la petite fille aux cheveux roses et secoua ses ailes. De la poussière du soleil se figea un temps dans l’espace, avant que le papillon ne reprenne son envol. Quand la Fae essaya à son tour de s’envoler comme l’insecte du soleil, elle éclata en sanglots. Il lui manquait des ailes pour agir de la sorte, son dos en étant dépourvues. Le papillon se rappliqua aussitôt et opta pour se changer en une petite licorne gambadant dans l’espace. L’animal hennit à l’approche de la Fae et chercha à se faire caresser par les mains doucereuses de sa protégée. Malgré les grosses gouttes de larmes qui coulaient encore sur les joues de Rose-Alysse, celle-ci se mit à caresser la miniature avec plaisir, en rigolant de nouveau. Elle renifla si fort que la Lumia opta pour être un mouchoir en dentelles, ce qui fit sourire d’autant plus la Fae, puis Conäme reprit sa forme initiale de licorne.

« Coco ! » s’esclaffa Rose-Alysse qui serra dans ses bras sa plus vieille amie.
«  Douce Rosie, tu m’avais aussi manqué.  » Répondit la Lumia sur un air de gaieté.

Les naseaux de l’animal se collèrent au nez retroussé de la Pyxie et elle se frotta. La Fae prit la miniature dans ses bras et le pressa si fort que la Lumia ressentit chaque cote de son abdomen. Si l’avenir de Rose-Alysse restait incertain, celui de Conäme était du moins tracé : involontairement, la Fae la rendrait plus forte et le fait de la voir de nouveau était un bon début.

« Tu n’es plus seule Rosie, plus jamais. » Ajouta la Lumia en s’écartant de la Fae pour voir sa réaction. Elle fut étonnante, ne souhaitant plus davantage parler, Rose-Alysse montra du doigt ses amies empotées. « Oui, c’est vrai. Tu ne l’as jamais été, elles sont toujours là. »

La minuscule licorne bondit dans l’espace et passa à travers les barreaux assez larges pour son corps étroit. La Lumia flotta au-dessus des marguerites, la plupart ayant perdues leurs pétales à cause de l’obscurité ambiante. La Pyxie était d’apparence calme et d’elle ne dégageait aucun souhait de vengeance. Conäme était au courant des mœurs féériques, elle connaissait et craignait les Nyxies, ce en quoi ses parents l’avaient en parti mise en garde. Après avoir fait un bref tour du jardin à la mauvaise mine, la Lumia revint vers la Fae bloquée derrière les barreaux. L’animal se dota d’ailes de papillon et gracieusement vint se déposer sur le dos douillet de Rose-Alysse. La Fae au contact de son amie, eut la drôle de sensation de posséder ses membres aujourd’hui disparus. A chaque fois que la Lumia vit ses omoplates bouger à l’intention de s’envoler, Conäme agita ses ailes. Bien sûr, elle ne pouvait pas la faire voler et de ce fait, ce n’était que superficiel. Toutefois, cela fit plaisir à la Fae qui remercia la Lumia en caressant du bout de sa main le membre agile.  

La Lumia se détacha de sa protégée et lui souffla à l’oreille sur un ton de secret partagé :

« Je veillerai toujours sur toi, n’en doute jamais… »

Avant de partir, la Lumia lui embrassa le front comme si elle y apposait un sceau de protection. Puis, à la suite, Conäme disparut en laissant dans les mémoires de Rose-Alysse un souvenir tendre.

Fatiguée, la petite Lumia s’assit sur la coquille de noix en face de la table faite sur le dos d’un verre fissurée. Elle ne se dépêcha pas de boire sa boisson favorite, accompagnée d’un peu de miel, recueilli plus tôt dans une ruche inhabitée dans l’arrière de l’île. Elle prit son temps, tout en réfléchissant à la manière qu’elle entreprendrait pour chasser les futurs mauvais rêves de Rose-Alysse. Le sommeil arrivant à point nommé, la Lumia alla se coucher. Etant une créature appartenant indéniablement au monde des rêves, même si la Lumia venait à s’endormir, elle continuerait de « travailler ». De cette manière, elle garderait toujours un œil ouvert sur les songes de sa protégée.

☼☼☼☼☼☼☼☼☼

L’entité était présente, tapie dans les recoins cachés d’un rêve trop beau pour encore apparaître. La chose attendait, là, quelque part et Rose-Alysse ne se doutait encore de rien. Quant à Conäme, elle observait le jardin avec suspicion, marchant prudemment dans l’espace que le rêve de la Fae avait façonné pour satisfaire celle qui souhaitait vivre un moment important de sa vie d’antan. Elle gambadait avec joyeuseté, découvrant à nouveau un univers qu’elle avait autrefois fréquenté. Son rêve était si réel qu’il trompait les sens de la Fae et de la Lumia. Si le Farfadet n’avait pas ancré dans sa tête le fait qu’elle s’était endormie, elle aussi, elle s’y serait crue comme en plein jour. Du haut de sa branche, elle contemplait ce qu’elle avait aussi connu et comme pour appuyer son désir de voir une Pyxie heureuse, des alysses roses naquirent sur une parcelle du terrain. La Fae avec entrain s’y dirigea et les huma comme si elle saluait de vieilles amies. Les fleurs lui répondirent dans un langage qui échappait à la Lumia. Les paroles devaient être agréables à entendre car la Fae déjà souriante se mit à rire et ses éclats de voix se répercutèrent dans l’enceinte du rêve. Les échos durèrent et finirent par se perdre quand le vent souffla. Conäme se sentait combler de l’observer dans cet état de bien-être et eut l’espace d’une seconde l’impression d’être une intruse. Comment pouvait-on faire du mal à une créature si gaie, si bienfaisante ? L’idée même pour la Lumia était inconcevable, bien qu’elle fût en réalité neutre sur la question des camps, elle ne pouvait s’imaginer une personne levé la main sur sa protégée. Pourtant, sous ce regard réjoui, résidait encore le souvenir entêtant du mal qu’on avait fait à la Fae. Les cils de la Lumia battirent de nombreuses fois pour chasser la tristesse qui ne correspondait pas du tout au thème du rêve actuel. Son humeur ne devait pas ternir le moment idyllique. Elle décida de s’envoler et atterrit comme une plume sur le buisson d’alysses qui l’accueillit volontairement. La Lumia se releva sur une feuille et s’aida de la tige pour se hisser jusqu’au bouquet où de nombreuses fleurs roses pâles résidaient. Rose-Alysse voletait désormais en direction des tournesols dont le visage était rivé en direction du soleil. Les ailes de cette dernière étaient fines et d’apparence fragiles à cause de la transparence de la couleur violine. La Lumia souhaita la rejoindre pour partager l’instant de bonheur. Elle descendit en se laissant tomber sur le sol meuble mais quand elle eut voulu sortir du buisson, les feuilles des alysses l’en empêchèrent, formant un mur défini. La lumière cessa de nourrir l’endroit dans lequel elle était bloquée et une voix provenant du coin le plus sombre retentit dans la cage feuillue.

« Tu ne pourras rien faire pour la sauver… »


Mots = 1 800
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 25 Aoû 2016, 16:39


Le cauchemar caché dans l’ombre se manifesta sous forme serpentine et longiligne, rampant tel le prédateur, cherchant scrupuleusement l’endroit à atteindre pour porter le coup fatal à sa proie. La Lumia recula et finit par se crisper contre les feuilles devenues blessantes. Elle s’irrita les bras et le haut du dos en longeant la paroi pour éviter le serpent.

«  A quoi penses-tu, petite chose ? s’indigna le serpent de cauchemar face à Conäme. Tu as peur de quoi, de moi ? Tant d’honneur pour si peu.... Moi qui pensais que ça allait durer plus longtemps… Je me trompais. »

La chose bondit et rata visiblement sa cible qui s’était déplacée. La Lumia décida de copier son adversaire, en reprenant une forme similaire, longue et fine. La carrure qu’elle prenait était beaucoup plus petite, du fait de sa taille déjà minuscule. Le serpent amusé par l’essai de bonne volonté de la Lumia rit. Son rire était mauvais, cynique à souhait. Il finit par s’enrouler autour de la Lumia qui tentait de le copier, sans succès. Le serpent blanc essaya de s’en défaire mais sa rapidité d’action était moindre face au cauchemar qui sévissait dans l’antre feuillu.

« Lâche-moi, sale bête !
Bien essayé. »

Il resserra l’étau de sa prise, Conäme étouffait. Le serpent blanc tortilla les extrémités libres, ce qui ne servit à rien face à l’immonde reptile qui grossissait. Sa taille doubla tellement que la cage dans laquelle ils étaient implosa en des milliers de petits bouts de rêve. Au loin, la Lumia put entr’apercevoir le Tourmenteur, l’être qui persécutait depuis des lunes déjà la Fae dans ses songes, annihilant les souvenirs bons pour les remplacer par d’affreux moments de sa vie. La Collectionneuse était là et tenait dans ses mains celle qu’elle avait capturée. Rose-Alysse se débattait vainement.

« Elle t’oubliera… Tôt ou tard… Glissa l’Affreux à l’oreille du Serpent blanc. Ce n’est qu’une question de minutes… Que dis-je, de secondes… Regarde-la bien, elle a besoin de ton aide mais… Oh que c’est dommage, tu ne peux pas l’aider… (Le rire de l’entité terrorisa la Lumia.) Tu ne peux pas l’aider et tu n’y arriveras jamais… La faiblesse n’est pas le mot qui te correspond le mieux tant tu es pitoyable et ridiculement minuscule… Une fourmi dans un monde de Géants, ta Fae se fera dévorer toute crue un jour, si elle arrive à se sortir de cette belle prison dorée bien évidemment… Oh mais, ce sont ses plantes ? Maligne la Collectionneuse, maligne… Mais cela ne l’empêchera pas de devenir mauvaise, d’être une Nyxie… Et toi, à jamais dans les oubliettes… Tes parents t’avaient pourtant mise en garde et tu t’es volontairement éprise d’une créature toute aussi insignifiante que toi… »

L’entité noire ouvrit grand la gueule et avala la Lumia sans plus d’effort. Le serpent blanc eut le temps de se changer en un papillon lorsqu’elle disparut dans le ventre de la bête ténébreuse, ce qui lui permit de ne pas s’écraser dans le monde sans lumière. Plusieurs images que Conäme redoutait le plus lui apparurent en face, éclairant seulement la zone où le papillon se situait. Elle vit la Fae furieuse. Dans son regard, la colère l’aveuglait tellement qu’elle ne faisait plus attention à ce qui l’entourait et soudainement, la Lumia sentit tout son être cesser d’exister. L’espoir dans les yeux de la Fae s’était mu en une sanglante vengeance, tâchant son innocence et l’inscrivant pour toujours sous l’insigne d’une meurtrière sans foi ni loi. Conäme sanglotait. Les images ne cessèrent pas, chacune décrivait à merveille ce qu’elle redoutait le plus. Le papillon se transforma en la jeune Lumia qu’elle était, dont les cheveux traînaient sur le sol. Elle tomba sur ses genoux désormais transparents. Tout son être devenait invisible. Quand enfin Rose-Alysse lui apparut en chair et en os, Conäme n’était plus qu’un souvenir enfoui et oublié tant sa présence indifférait totalement avec les actions de Rose-Alysse. Elle avait beau gémir ou crier, aucun son ne parvenait à sa protégée en furie. Le Farfadet se privait elle-même d’une existence peu commune, en acceptant les faits non-vécus qu’il lui était présenté.

« Tu vois, tu as beau vouloir essayer, tu échoues comme toujours… Indigne d’être une Lumia, indigne de protéger ta Fae et les enfants de ce monde… Tu dois avoir honte de toi. »


Les mots du cauchemar sonnaient le glas face à la vie de la Lumia qui n’arrivait plus à se mouvoir dans la pénombre sans heurter une forme dangereuse. La voix était omniprésente dans la cavité sans issu. Le cauchemar, non seulement s’était doublé mais piégeait aussi la Lumia qui en avait oublié sa principale mission ; celle de protéger Rose-Alysse. Amoindrie, le mal avait fini par sévir la Lumia qui était bloquée dans ses peurs les plus profondes et les plus sincères.
Le Tourmenteur enrobait la Lumia de tout le pouvoir qu’il avait accumulé sur elle, ce cauchemar ne ressemblait à aucun autre tant il semblait vivant, réel. Une lumière indicible vint percer la cavité ténébreuse et l’entité soumise à la magie vive des rêves se retrouva contrainte à desserrer l’emprise qu’il avait sur sa proie. Il ne se réfugia pas pour autant dans un des recoins du rêve, au contraire, il répliqua gauchement face à celui ou celle qui venait de le noyer sous la luminosité vive d’un sort jeté.

« Conäme ! cria une voix qui provenait d’une sortie du dessus. Conäme ! (Elle releva la tête, les yeux plissés.) Ecoute-moi. Je ne compte pas battre ce mauvais rêve à ta place, pour ta protégée. Tu ne dois pas te laisser faire car il n’est pas le souverain de ce monde. Tu as les moyens de le maîtriser et pour cela, tu dois te convaincre d’en être capable ; sinon il t’abusera jusqu’à te tuer. Tu peux mourir, Conäme, car ton corps est faite de la même matière que cette espace, il n’y aura pas de réveil si tu te laisses faire. Pour Rose-Alysse, celle que tu estimes tant malgré… malgré ses fausses croyances… Il faut que tu te battes, montre à ta mère et moi-même ce dont tu en es capable, ma fille. Ridiculise ce cauchemar, celui qui se nomme le Tourmenteur alors qu’il n’est qu’un vilain souvenir, né de tes plus profondes angoisses… Bats-le. »

La lumière qui venait de pénétrer l’atmosphère s’estompa quand le père de la Lumia partit. Elle était maintenant seule face à l’entité qui revenait au galop l’attaquer, avec des forces cette fois plus conséquente. Enervée, la créature née de l’union du rêve et des peurs, s’en prit à la Lumia, mais aussi à Rose-Alysse. Conäme entendit la Fae crier par de-là le mur qui les séparait toutes deux de l’une et de l’autre. Le Farfadet se releva, la mine vivante et contrariée. Elle n’était pourtant pas encore prête à recevoir un coup pareil. Le Tourmenteur enfonça sa main cauchemardesque dans le ventre de la Lumia et l’expulsa contre un mur aux piquants visibles. La Lumia ne s’empêcha pas de crier à son tour, son dos était immobilisé contre la paroi, les pics la retenant de tomber.

« Crois-en mon expérience, Lumia, tu ne peux rien faire contre un cauchemar tel que moi, je vais t’avaler et faire de toi un repas. »

Il prit une forme humanoïde pour la décoller du mur qu’il avait formé.

« Qu’attends-tu alors ? » dit distinctement la Lumia, en lui crachant dessus.

Il ouvrit la gueule et c’est à cet instant que la Lumia décida de prendre une forme de fourchette. Le couvert plongea droit dans la gencive de la créature noire et transperça la matière. La main lâcha l’objet subitement, souffrant d’une blessure qui disparut presque immédiatement. La fourchette redevint une fois tombée au sol une jeune fille, haute comme trois pommes. La Lumia était décidée à le vaincre et par la même occasion à aider Rose-Alysse contre le mal qui la rongeait de l’intérieur. Le trou qu’avait creusé son père était encore présent mais en plus petite forme ; la Lumia le vit et l’entité s’en rendit compte trop tard, car Conäme avait déjà atteint en quelques battements d’aile de papillon la sortie. De l’autre côté du rêve, Rose-Alysse se faisait arracher les ailes par un souvenir indésirable. La facilité d’ôter les membres de la Fae avec de simples pressions de doigts étaient étonnantes et à la fois effrayantes. La Pyxie tomba sur le ventre, une fois que la main l’eut lâchée et pleurait désormais silencieusement. La Lumia voleta dans sa direction, le plus rapidement qu’elle put et la protégea à l’aide de son corps face au cauchemar qui revenait au pas de course.

« Rosie, crois-en moi. »

Les blessures qui avaient été causées par les pics du mur végétal de l’ombre ne saignaient plus ; la force du rêve les avait pansées tandis que Conäme s’envolait en direction de sa protégée. La Fae s’agrippa à la Lumia. La Pyxie était plus grande que la Lumia mais dans ce monde qui était celui des rêves, Conäme avait une forme un peu plus importante, plus certaine que la Fae en cet instant qui avait tellement rapetissé qu’on aurait dit un mulot. Conäme qui possédait des ailes s’éleva du sol obscurci par les souvenirs d’un passé proche et se dirigea prestement vers la Porte des Songes qui était réapparue suite à l’intervention du père de la Lumia. Derrière elles, une montagne de déchets crépusculaires se regroupaient pour former la gueule d’un être abject qui s’élança aussitôt à leur poursuite. La Lumia, se retourna et se posa sur un mont opposé. Elle laissa la Fae se remettre de ses émotions une seconde puis l’obligea à lui tenir fortement la main. Impressionnée par la poigne de son amie, Rose-Alysse quitta l’air pâteux infligé par la tristesse qui avait attaqué ses yeux et scruta le regard de l’amie imaginaire qui était quant à lui, déterminé. Les pupilles encerclées d’un rose nacarat cernèrent rapidement ce que son amie observait si farouchement ; le cauchemar qui fonçait droit sur elles.

« Par les pouvoirs qui me sont conférés, je t’ordonne de te réveiller. »

Elle pinça Rose-Alysse qui émit un « Aie », une onomatopée particulière qui aida la Lumia à projeter la créature née des tourments contre un mur invisible. Rendue flasque par le coup, l’entité se rependit sur le sol cotonneux. La Lumia n’hésita pas à repincer la Fae, qui eut la même réaction puis, sans l’avertir, Conäme la bouscula du haut du mont sur lequel elles étaient installées. Rose-Alysse disparut à travers la Porte des Songes et se réveilla en sursaut dans le monde qui était le sien. Quant à Conäme, débarrassée de sa protégée, elle lança au cauchemar contre toute attente :

« Tourmenteur, mon objectif est atteint ; je ne compte pas te tuer, là n’est pas mon but. Au lieu d’importuner ma protégée pour des raisons qui te sont propres, tu travailleras à présent à mon service pour enseigner à la Fae ce dont elle aura le plus besoin. Toi seul en est capable et si nous nous combinons, ses rêves tout comme son être se renforceront. (Elle s'avança d'un pas.) Malheureusement, je ne peux plus te permettre d’introduire des rêves parasites car sa réalité est déjà assez affectée et si elle meurt, toi comme moi disparaîtront à jamais. »

Le Tourmenteur avait pris une forme indistincte de la Lumia ; quand il s’approcha, Conäme crut se voir dans un miroir terni. Il présenta sa main, une main faite dans les maux de la Fae. Les deux créatures des rêves se serrèrent la poigne et la copie de la Lumia disparut suite à l’entente que la Lumia avait trouvé.

FIN


Mots = 1 930
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

☙ Son pire cauchemar - [Coco]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Ton Pire Cauchemar [Loziel]
» Je suis ton pire ennemi, le cauchemar de ta vie
» Ton pire cauchemar | Quête solo
» ○ Ton pire cauchemar ○ Korra
» Des oiseaux en vue ? Des mouettes ? Non !! Pire ! [Pv-Zaphira]
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Mers :: Mers - Est :: Mer du Feu Bleu :: Somnium-