Ces temps-ci, Jaagd voyageait souvent sur le continent naturel. Cela faisait maintenant plusieurs jours qu'elle marchait, ses seules haltes étaient principalement pour se ravitailler en eau et en nourriture, si toutefois elle n'en trouvait pas en chemin. Le reste du temps, la jeune femme dormait à la belle étoile. Cette fois, elle se promenait non loin de La rivière Éternité et les cascades cristallines. Sur sa route elle croisa un groupe d'hommes qui l'interpellèrent. "Hey ! Excusez-moi, vous vous rendez aux cascades cristallines ? Pour notre part on en revient et il nous est arrivé quelque chose d'assez bizarre." La lancière ne comprenait pas vraiment où essayait-ils d'en venir. Ils auraient bien pu vouloir lui faire la conversation, mais il semblait y avoir autre chose. Elle se contenta d'hocher la tête à leur question. "Nous étions près des cascades et puis plus rien... Nous nous sommes réveillés là, comme ça. Sans se rappeler de ce qui avait bien pu se passer. Tout ce qu'on entendait c'était des rires... Dites, vous voudriez bien aller y jeter un œil ? Nous vous récompenserons une fois de retour avec une explication à ces phénomènes." La bélua acquiesça et reprit la marche en direction des cascades cristallines.


Pour le moment, tout se passait bien... Ou plutôt rien ne se passait. Jaagd arrivait à destination. Tout semblait normal, si ce n'est la beauté envoûtante des lieux qui n'échappait pas à la jeune femme. Alors qu'elle s'avançait d'un pas délicat en regardant le paysage qui l'entourait, la fille entendu de petites notes et une sensation de lourdeur envahissait tout son corps. Sa vue se troublait et ses paupières semblaient vouloir se fermer, douées de leur propre volonté. Peu à peu, la lancière perdait perdait toutes ses forces, ainsi que son équilibre. Elle s'écroula.


Lorsqu'elle reprit connaissance, elle ne savait pas depuis combien de temps elle était là. Était-elle restée longtemps dans cet état ? La jeune femme n'eût pas le temps de réfléchir aux réponses à ses questions que des rires se faisaient soudainement entendre. De ce fait, elle se souvenu la raison de sa venue. Des hommes avaient subi tout cela avant elle, et ils n'étaient pas parvenus à tirer au clair cette histoire. Peut-être avaient-ils eu peur ? Peu l'importait, à présent c'était son tour et elle ne devait pas laisser les choses se passer d'elles-mêmes. Avant tout, Jaagd devait trouver la provenance des ces rires. Pendant qu'elle marchait en tentant de repérer les sons, la bélua essayait de se souvenir exactement de ce qu'il s'était passé avant qu'elle perde connaissance. La lancière était donc venue pour découvrir ce qui se cachait derrière ce phénomène, et lorsqu'elle était arrivée sur les lieux, elle n'avait rien remarqué de suspect. Aucune présence, il n'y avait absolument rien. Cependant, plus la jeune femme y réfléchissait, plus elle se disait qu'elle était peut-être passée à côté de quelque chose, un détail qu'elle avait probablement oublié. La bélua continuait de poursuivre les sons. Elle commençait à se dire que peut-être, faisait-elle ça en vain... La logique voudrait qu'en se dirigeant dans la direction des sons, elle trouve ce qu'elle cherche. Mais elle ne pouvait pas trop s'appuyer sur cette même logique, étant donné que ce qu'elle vivait pouvait autant être réel qu'être une illusion crée de toutes pièces, et dans ce cas là elle perdrait considérablement son temps à poursuivre des chimères.


Jaagd avait besoin de réfléchir au calme pour y voir plus clair, seulement, tout ce bruit l'empêchait de se concentrer. Elle s'arrêta un moment et se laissa glisser contre un arbre. Une énorme pression s’exerçait sur la jeune femme. Elle en avait la migraine. La lancière essayait tant bien que mal de trouver le calme afin de pouvoir s'y retrouver. Quoi qu'il arrive... Tout ce que je peux faire c'est trouver la source de cette mascarade et y mettre fin par tous les moyens. Elle souffla tout en essayant de se détendre autant que possible. Réfléchis... Quand je arrivée, il n'y avait rien d'anormal. Qu'est-ce qui a causé ma perte de conscience ? Il faut que je me souvienne de ce qui est arrivé juste avant ma chute. Je me souviens m'être sentie lourde et fatiguée d'un seul coup mais... Que s'est-il passé avant ça ? Que s'est-il passé entre mon arrivée et mon évanouissement... ? Les souvenirs de la jeune femme restaient flous. Elle n’était pas assez patiente pour attendre de s'en souvenir, et par dessus tout, elle n'en avait pas le temps. Ignorant toujours s'il s'agissait d'une illusion ou autre, tout pouvait arriver pendant qu'elle restait là, à attendre que ses souvenirs reviennent.

Mots:

Au bout de quelques minutes de réflexion intense, la jeune femme perdu patience et reprit ses recherches. Elle avait déjà que trop perdu de temps, et puis elle pouvait toujours essayer de réfléchir pendant la marche. La lancière essayait à nouveau de suivre les sons, seulement à présent, ils provenaient de toutes les directions, ce qui ne facilitait pas vraiment la tâche à Jaagd. Mais comme chaque plan, il y avait une faille, que la bélua ne tarda pas à remarquer. L'un des nombreux sons ne sonnait pas totalement comme les autres, ou plutôt il résonnait plus ou moins bien que dans les autres directions. La jeune femme décida aussitôt d'exploiter cette fameuse faille, cette faiblesse. Le rire défaillant provenait du flan gauche de la lancière, il ne lui restait plus qu'à le suivre. Elle se mit à courir afin d'en finir plus rapidement avec cette histoire, sans oublier qu'elle avait perdu une bonne quinzaine de minutes à essayer de rappeler de ce qu'il s'était passé. Ce qu'elle n'était d'ailleurs toujours pas parvenue à réaliser. Tout cela chiffonnait Jaagd au plus au point, elle n'aimait guère que les choses lui échappent de cette façon. La jeune femme profitait de cet instant pour faire une autre tentative. Allez... Souviens-toi, bon sang ! Je sais qu'il y avait quelque chose... Mais quoi ? Il n'y avait rien à faire, elle ne parvenait pas à se souvenir. Pourtant, elle restait persuadée que ce détail qu'elle avait oublié était important, crucial pour la résolution du problème.


Cela faisait maintenant un petit moment qu'elle courait, mais elle n'avait toujours rien trouvé, le son restait le même. La bélua décida de ralentir le rythme, elle commençait cruellement à se fatiguer. La lancière poursuivais sa route en haletant comme un chien essoufflé. Elle saisissait sa gourde d'une main ferme mais tremblante et buvait quelques gorgées afin d'hydrater son corps épuisé. Jaagd avait bu tellement vite qu'elle s'étouffa frénétiquement. Quel gâchis... Puis elle rangea sa gourde et essaya de reprendre la course à un rythme plus confortable. Le bruit augmentait légèrement d'intensité à l'approche de la jeune femme. Cela devait sûrement vouloir dire qu'elle se dirigeait au bon endroit, mais le bruit n'était pas encore assez fort pour affirmer avec certitude qu'elle était proche de la source. La bélua avait un mal de tête considérable et tout ces rires n'y étaient pas étrangers. Elle était épuisée par son voyage pour se rendre aux cascades cristallines, sans oublier sa course qui avait débuté il y a un bon moment de cela. Même les plus endurants et téméraires auraient des difficultés à tenir un rythme aussi soutenu. D'autant plus avec la nuit qui fut très courte pour la lancière. Elle avait énormément de problèmes de sommeil ces temps-ci, tous ces événements qui se succédaient en étaient la cause. Toute mondanité pour une quelconque personne s’avérerait fort déstabilisant pour cette jeune femme.


Les rires grandissants tirèrent Jaagd hors de ses pensées. Elle ne devrait plus tarder à trouver la chose ou la personne responsable de tout cela. Alors que la bélua courait à toutes jambes à l'idée d'atteindre son objectif, un moment d'inattention s'emparait d'elle à son grand regret. Son pied droit se prit dans une racine, et la fille chuta la tête première et le pied en torsion. Tout de suite après cette belle chute, la jeune femme appuyait sur ses bras afin de se relever. Une douleur dans la jambe se réveilla, à l'endroit où son pied s'était prit. Pensant que cela été dû au coup, elle n'y prêta pas plus attention que ça et se remit en route. La lancière se mouvait d'une marche rapide plutôt que de trop se presser et risquer une autre erreur. Le ciel menaçait de ses nuages une pluie à venir. Jaagd pressa le pas, ne voulant pas se faire prendre au dépourvu par le temps qui s'annonçait fâcheux.


Soudain, le bruit et les rires s'amenuisaient à la grande surprise de la jeune femme. Ce silence était de mauvaise augure. La bélua se souvenait que lors de ses périples en forêt, le silence brusque des oiseaux était très mauvais signe. Elle ne pouvait alors s'empêcher de penser qu'il en valait de même dans cette situation. La lancière s'arrêta net et scrutait les alentours. Il n'y avait pourtant rien. Le silence était tel qu'elle venait à se demander si elle avait ne serait-ce qu'une seule fois entendu les oiseaux chanter durant sa route ou s'il ne s'agissait là que des rires.  Elle était à peine arrêtée que ses questions la taraudaient déjà. Il allait encore falloir faire appel à ses souvenirs, et peut-être qu'elle aurait aussi la chance de se souvenir  de ce maudit détail qu'elle avait oublié, par la même occasion.

Jaagd tentait de nouveau de faire appel à sa mémoire. Elle ne se souvenait pas avoir entendu autre chose que des rires. Quant à son souvenir défectueux, il ne semblait toujours pas vouloir revenir. Puis les rires reprenaient brusquement de concert. La jeune femme ne se laissa pas perturber, et reprit sa réflexion. Il s'est passé quelque chose avant que je perde connaissance... Ça pourrait être un son, comme maintenant. Mais je ne pense pas que ce soit des rires. Réfléchis... Il faut que j'analyse mon environnement... Je me situe non loin des cascades cristallines, donc je me trouve sur le territoire des Fées si ma mémoire est bonne.Elle se souvenait qu'une fois, elle avait lu un livre qui parlait des Fées et de leurs musiques. Ce livre disait qu'il fallait au moins avoir entendu la musique d'une fée avant de mourir. Elles jouent de la musique... C'est ça. De la musique... C'est ce que j'ai entendu avant de tomber. Elle n'était pas... Non, elle n'était pas complète. C'était seulement quelques notes, il me semble. La bélua essayait de se souvenir du contenu du livre sur les Fées. Le livre disait... Ah... Je m'en souviens plus. Mais au moins j'ai une piste. Tout ceci pourrait être l'oeuvre d'une Fée, sans aucun doute. Elle reprenait la route, bien décidée à dénicher cette fameuse fée et lui faire arrêter cette mascarade.


La lancière parcourait la forêt, toujours en se dirigeant à l'aide des rires. L'idée que quelqu'un puisse la mener en bateau, lui faire perdre son temps et en plus se moquer d'elle, mettait Jaagd hors d'elle. Elle sentait cette sensation vive que l'on pouvait ressentir lorsque l'on atteignait ses limites et que l'on risquait de se changer en animal. Il fallait que la jeune femme calme ses hardeurs, sans quoi, elle se changerait en panthère, forme bien moins adaptée pour cette situation. Une douleur se réveilla en bas de sa jambe ainsi que dans son dos et sur son épaule. C'était la blessure qui lui avait été infligée par un villageois prit de rage, aux abords d'un village elfique, récemment de cela. Elle ne s'était pas encore refermée car la bélua n'avait non seulement pas eu le temps de se soigner, sans compter qu'elle n'avait pas de quoi panser ses blessures. Quant à sa jambe, c'était une blessure qu'elle s'était faite par inattention il y a de cela quelques minutes seulement. Le plus gênant restait tout de même sa blessure qui partait du dos pour rejoindre son épaule, car les plaies s'infectaient toujours plus rapidement que le reste, d'autant plus que l'objet qui l'avait blessée était rouillé, ce qui augmentait le risque d'infection. Souvent ce genre de plaies donnait de la fièvre aux personnes en question. Mais Jaagd ne pouvait que supporter cette entrave pour le moment, tout du moins.


La jeune femme ne comptait plus les minutes et les heures depuis lesquelles elle avait commencé ses recherches. Elle était exténuée, autant physiquement que mentalement. Trouverait-elle un jour l'auteur de ce cirque, ou serait-elle condamnée à chercher éternellement ? La bélua commençait à avoir l'impression de tourner en rond, pourtant, elle suivait scrupuleusement ce son défaillant. De temps en temps, Jaagd s'arrêtait quelques instants pour souffler et s'hydrater. Mais même en faisait cela, ça ne faisait que retarder son état de fatigue imminent. Elle devait soit se dépêcher de trouver cette fée, soit elle devait se risquer de passer la nuit en ces lieux, sachant que cet acte pouvait lui coûter la vie. Le choix était vite fait. La lancière décida de prendre sur elle, et de continuer à chercher cette maudite fée. Tout ce bruit nuisait grandement à son ouïe, cela faisait maintenant plusieurs heures qu'elle traînait avec elle un mal de tête assommant. La jeune femme ne pensait qu'à une seule chose : en finir avec cette histoire et se trouver un endroit calme pour se reposer. A ce rythme, il ne lui restait qu'à espérer un miracle.


Elle fut soudainement tirée de ses pensée. Le son résonnait de moins en moins, et devenait de plus en plus audible. Elle approchait de la source et de la fée qui en était la cause. Il ne lui faudrait probablement que quelques minutes pour atteindre sa cible. Envahie par l'empressement elle se forçait à maintenir un rythme insoutenable, compte tenu de son état de fatigue et de ses blessures. Tout cette agitation ne lui réussissait pas. Désormais, elle se fatiguait bien plus vite qu'en temps norma ou en d'autres circonstance, qui d'ailleurs, se prêtaient parfaitement à la situation. Le ciel menaçait toujours de faire tomber la pluie et les rires accompagnaient toujours la jeune femme, où qu'elle allait. Mais tout ceci l'importait peu, elle allait enfin pouvoir remédier à tout cela.

Mots:

La jeune femme approchait de plus en plus du lieu de ses désirs. Quelques instants après, elle arrivait dans une clairière. Le bruit avait de nouveau cessé. Jaagd en profita pour se reposer un peu. Elle s'appuya contre un arbre contre lequel, elle déposait sa lance, et se tenait au niveau de l'épaule. Sa blessure la faisait souffrir. La plaie s'était probablement abîmée lors de sa chute, sans parler de sa course qui n'avait fait qu'aggraver les choses. La bélua haletait de fatigue et de douleur. Elle enleva son masque afin de sentir l'air sur son visage, peut-être que cela la soulagerait ne serait-ce qu'un peu. Ses paupières se refermaient sur ses deux pupilles rouges. La lancière pourrait à tout moment tomber dans les limbes du sommeil. Mais elle ne devait pas s'endormir, pour elle, cela était signe d'abandon. Pourtant, elle ne parvenait pas à y résister. Alors que le sommeil l'emportait, les rires se firent entendre de nouveau, ce qui ne manqua pas de ramener la jeune femme à elle. Elle rouvrit les yeux et remit son masque avec empressement. Jaagd se leva brusquement et se saisissait de sa lance posée à côté d'elle, puis reprit sa course avec moins d'hardeur afin de limiter sa douleur.


Le son semblait avoir changé de direction, comme s'il s'était déplacé. La bélua le remarqua rapidement et de ce fait, elle se demandait ce qui avait bien pu se passer. Après tout, un son ne se déplaçait pas, en temps normal. Mais la situation ne se prêtait pas vraiment à la normalité, qui d'ailleurs était assez vaste et différente d'une personne à une autre. Quoi qu'il en soit, la lancière décida de continuer à suivre ce fameux son. Poursuivre ainsi une sonorité paraissait futile mais elle n'avait pas le choix. La jeune femme avait l'impression d'avoir fait un retour en arrière, elle était si proche de l'atteindre il n'y pas si longtemps, et là, elle se retrouvait à devoir le pourchasser encore et encore. Jaagd faisait face à une baisse de motivation considérable. C'était la première fois qu'elle avait envie de baisser les bras et qu'elle perdait autant patience. Quoi de plus normal ? Elle était épuisée et blessée. N'importe qui d'autre aurait envie d'y mettre un terme. Elle regrettait de s'être lancée dans un tel bourbier, cependant, elle n'était pas le genre de personne à ne pas finir ce qu'elle avait commencé. Elle continuerait quoi qu'il advienne.


Il commençait à pleuvoir. La jeune femme marchait entre les arbres, sous la pluie. La fraîcheur de celle-ci soulageait Jaagd de la douleur que lui infligeaient ses blessures, hormis les gouttes qui la piquaient lorsqu'elles tombaient sur sa plaie. Néanmoins, l'eau la nettoierait. A présent le bruit de la pluie se mêlait à celui des rires. Cela faisait un petit moment que la pluie tombait. La bélua tremblait, tous ses vêtements étant mouillés, elle n'avait plus rien pour lui tenir chaud. L'eau coulait le long de son masque. Au moins, cette pluie lui avait mit un coup de fouet, elle ne risquait plus de s'endormir. Les recherches lui paraissaient sans fin. Depuis combien de temps est-ce que je cherche... ? Ses jambes étaient lourdes, le pas lent. Le long de son bras gauche coulait un mélange d'eau et de sang, probablement en provenance de la plaie. La rire s'intensifiait un peu plus, peut-être était-elle à mi-chemin ?


Jaagd semblait s'être affaiblie, elle était trempée de la tête aux pieds et marchait lentement. La jeune femme pourrait s'écrouler à tout moment. Mais il fallait qu'elle tienne le coup. La bélua leva son masque et le secoua afin d'enlever l'eau qui entrait dans les trous pour les yeux, car sa vue s'en retrouvait obstruée, et cela la gênait plus qu'autre chose. Puis elle le remit calmement sur son visage. Le bruit s'intensifiait grandement, la lancière approchait de cette satanée fée et cette fois, elle ne lui échapperait pas. Jaagd se forçait à marcher de manière dynamique, il ne fallait pas lui laisser le temps de fuir. La pluie battait la peau de la jeune femme qui était plus déterminée que jamais à atteindre son objectif. Elle arriva au pieds d'une roche sur laquelle un homme était assis. La bélua ne comprenait pas ce qu'il se passait. Pourquoi un homme se tenait là ? Son visage semblait satisfait, mais il perdu vite le sourire qu'il affichait à la vue de la lancière. Qu'allait-il se passer ? Était-il un ennemi ? Ou un futur allié ? Avait-il quelque chose à voir avec cette mascarade dont avaient été victimes ces hommes et dont l'était à présent Jaagd ?

La jeune femme se retrouvait face à un homme encapuchonné. Il affichait tout d'abord un air satisfait, puis un air contrarié, puis, il se remit à sourire soudainement. Il riait même. Jaagd ne comprenait pas ce qu'il se passait. Cet homme était là, assis sur un rocher, à rire aux éclats tandis qu'elle le dévisageait d'incompréhension. Au bout de quelques instants, l'homme se calma, soupira puis reprit ses esprits. « Alors vous aussi, vous avez été dupée par les fées ? » demandait-il en gardant un léger sourire narquois. « Aaah… Ces satanée fées… Toujours à nuire aux aimables gens de passage sur leur territoire. » La bélua pensa tout d'abord qu'il s'agissait aussi d'une victime des mœurs des fées. Alors qu'elle ne disait rien, l'homme reprit : « Ne vous en faites donc pas, elles le font très souvent. Mais… Elle finiront par se lasser de vous. » La lancière était envahie d'incompréhension. Que voulait-il dire par là ? Elle avait un mauvais pressentiment concernant cet homme encapuchonné. « J'ai moi-même été piégé par ces petites farceuses. Elle n'ont pas lésiné sur les moyens pour essayer de me rendre fou… Mais en vain devrais-je dire. » La jeune femme scrutait l'homme de la tête aux pieds tandis qu'il tenait son discours. Quelques chose clochait chez lui.


S'il avait aussi été victime des fées, alors que faisait-il là à attendre ? Pourquoi n'essayait-il pas de sortir de cette cacophonie ? Il semblait bien calme et détendu pour quelqu'un qui avait subi ainsi. « Et alors ? Que comptez-vous faire ? » demandait-elle calmement sur un ton suspicieux. « C'est une bonne question ça, mademoiselle. Je compte tout simplement les battre à leur propre jeu. » Cette réponse sonnait bizarre aux yeux de Jaagd. Les battre à leur propre jeu… Je vois pas comment. « Comment comptez-vous vous y prendre ? » L'homme fixait la bélua dans les yeux, et fit un grand sourire. « Quelle question posez-vous là, ma chère ? » Elle ne comprenait pas la réaction de cet homme à sa question. Evitait-il le sujet ? « La réponse est évidente, enfin ! Réfléchissez-donc un peu… Que font-elles en ce moment ? » La lancière fronça les sourcils. « Elles rient… ? » proposait-elle. « Et pour quelle raison ? », « Pour se jouer de nous... », « Tout à fait ! » s’exclama-t-il. « A présent, comprenez-vous comment puis-je m'y prendre pour me jouer d'elle à mon tour ? » la jeune femme resta silencieuse quelques instants, puis répondu : « Pour retourner leur jeu contre elles… Il faut leur montrer à quel point il est futile de s'attaquer aux gens ainsi. »


L'homme mit sa main sur son menton. « En quelques sortes oui… Et pour cela, je ne dois pas me montrer réceptif à leurs manies. » Jaagd réfléchissait sur ce qu'avait dit ce mystérieux homme. Puis, elle s'arrêta sur un détail… S'il était arrivé jusqu'ici, avait-il lui aussi suivi les rires ? Et puis même s'il arrivait à tenir le coup, rien ne prouvait que les fées s'arrêteraient là. La bélua avait trouvé une faille dans le plan de cet homme. « Êtes-vous au moins sûr qu'elle arrêteront ? » demanda-t-elle brusquement. Sa question assez soudaine semblait déstabiliser l'homme encapuchonné. Il semblait plongé en pleine réflexion, or, s'il avait tout prévu, cette question ne lui aurait pas posé problème. « Je verrai bien ! Il y a un moyen de défaire ce stratagème ! » L'homme s'énervait anormalement, des sueurs coulaient le long de son visage. « Ce stratagème dîtes-vous ? Je croyais que c'était les fée qui nous avaient ensorcelés ? » La bélua avait soulevé un point sensible, l'homme semblait chercher ses mots. « Oui, oui… ! C'est cela ! C'est un sortilège des fées ! Elles nous embrouillent l'esprit ! » L'homme était étrangement stressé. « Ne vous emmêlez-vous pas dans les mots ? » demandait-elle d'un ton rhétorique. « Oui, je… Écoutez, je dois aller revoir mes plans à l'abri de l'écoute de ces maudites créatures ! » annonça-t-il en se précipitant loin de la jeune femme.


Jaagd réfléchissait tandis qu'elle suivait cet homme à son insu. Je ne pense pas que ce soit juste ma question qui l'ai gêné… Il doit y avoir autre chose. L'homme encapuchonné ne semblait pas se diriger dans une direction particulière, il errait probablement sans but. Soudain, il s'arrêta et s’assit au sol. Il fermait les yeux tandis qu'il prononçait des paroles incompréhensibles. Les mots se répétaient. L'on pouvait distinguer des sortes de phrases et lorsque qu'il eut fini de prononcer la première, les rires assaillaient de nouveau la lancière. Elle se boucha les oreilles tant les sons étaient intenses. Il ne lui fallut pas plus longtemps pour comprendre ce qu'il se passait. C'était lui, depuis le début. Ce n'était pas les fées, mais cet homme qui s'était joué de ces hommes, ainsi que de Jaagd.

Mots:

La jeune femme souffla un bon coup, afin de faire le vide dans sa tête. Brusquement, elle se mit à courir en direction du sorcier, qui la remarqua à son approche. Il se mit à fuir. Une course poursuite venait de s'engager entre les deux individus. Seulement il ne restait que peu de force à la bélua. Elle ne tiendrait donc pas si cela venait à traîner en longueur. En son état de fatigue, elle pourrait utiliser sa téléportation qu'une seule et unique fois. La lancière devrait donc l'utiliser au bon moment, et d'ici là, trouver un moyen de réduire la distance qui les séparaient. L'homme courait vite mais paraissait assez maladroit dans sa démarche. Ce qui ne manqua pas de donner une idée à la jeune femme qu'elle pourrait exploiter avec aisance. Pendant qu'elle courait, elle ramassait quelques bouts de bois ainsi que des pierres. La jeune femme accelerait afin de réduire légèrement la distance, ainsi elle pourrait exécuter son plan san trop de difficultés. Lorsqu'elle était parvenue à réduire l'espace, elle se mit à lancer les morceaux de bois et les cailloux dans des jambes de l'homme, qui perdait l'équilibre. Elle profita de sa perte d'équilibre et donc, de son ralentissement imminent, pour bondir et se téléporter dans son dos. Elle le prenait à la gorge à l'aide de sa lance. « Je vous conseille de ne pas bouger. » annonça-t-elle d'une voix aussi essoufflée qu’agressive.


L'homme posait ses mains sur la hampes de la lance afin d'essayer d’empêcher l’étranglement. « Mais enfin ! Pourquoi me faites-vous subir cela ? Ce sont les fées ! Ce sont les fées qui vous ont manipulée ! » s’exclamait-il en bégayant. « Ce n'est pas la peine d'essayer de me duper, encore une fois. Malheureusement pour vous, je ne crois que ce que je vois. » La bélua resserrait son emprise sur l'homme encapuchonné. « Très bien, très bien ! Je vais vous le dire ! Mais ne me tuez pas ! » Elle s'interrompit. « Tout est de sa faute… A cette maudite fée ! Cette catin a prit plaisir à m'humilier ! Elle mérite cette vengeance ! Elle a injurié et tâché mon nom ! » Jaagd ne comprenait pas de quoi il parlait, mais elle se doutait bien qu'il y avait une histoire là-dessous. « C'était il y a une semaine de cela… Je me trouvais sur le continent du matin calme, à l'auberge. Il y avait cette femme, une fée, qui me faisait de l’œil. Et quand j'ai décidé de l'approcher, elle m'a traité de goujat et m'a giflé. Jamais une femme ne m'avait fait cela. Lorsque j'ai essayé de la rattraper pour avoir une explication, elle a utilisé ses pouvoirs contre moi. Et elle m'a battue à plate couture. Personne ne m'avait jamais fait un tel affront ! Cette femme… Je… Elle mérite la mort pour ce qu'elle a fait ! Le pire châtiment qui existe… Je deviendrais son pire cauchemar ! Et elle reviendra vers moi en rampant, en me suppliant de la pardonner ! ».


Décidément, la lancière ne comprenait pas l'enjeu de toute cette mascarade. « Je vois… Donc, vous avez décidé de vous venger, c'est ça ? » « Exactement ! Cette catin me le paiera très cher ! » Elle soupira. Jaagd ne savait pas comment elle devait réagir face à une telle situation, qui lui paraissait ,en toute honnêteté, ridicule. Pourquoi les gens se mettent dans de tels états pour une chose aussi insignifiante ? Qu'est-ce que j'en fais, maintenant ? Bon, peu importe… La jeune femme maintenant son joug sur l'homme, tandis qu'elle commençait à marcher. « Mais… Que faites-vous ? Où m'emmenez-vous ? » Elle ne répondit pas et continua d'avancer. Il ne lui restait plus qu'à retourner sur ses pas pour le ramener à ses hommes. Elle arriverait probablement aux cascades cristallines à la nuit tombée. Quoi qu'il en était, elle était pressée d'en finir avec cette histoire et de se reposer. Plusieurs heures plus tard, la bélua arrivait enfin au lieu de rendez-vous.


Les hommes qui avaient eux aussi été dupés étaient présents. « Qu'est-ce qu'on a là ? » demanda l'un des hommes. « Votre coupable. » répondit la jeune femme. « C'est lui ? Ah, c'est formidable ! Vraiment vous nous sauvez la mise ! Nous vous en devons une ! » s’exclamait l'homme tandis qu'il posait sa main sur l'épaule de Jaagd. Il lui tendu une bourse. « Tenez, c'est pour vous ! Vraiment, merci… Vous avez été d'une grande aide ! » La bélua se saisissait du petit sac, et commença à partir. « Au plaisir de vous recroiser, l'amie ! » criait-il entre ses mains tandis que les autres faisaient signe de la main en direction de la lancière qui s'éloignait de plus en plus. Elle en avait enfin fini avec cette cacophonie, la jeune femme n'avait jamais autant apprécié le silence qu'à ce moment.

Mots: