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 [LDL Pro-Sympan] - Lux In Caelum

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Sam 03 Sep 2016, 15:39



Lux In Caelum


[LDL Pro-Sympan] - Lux In Caelum 138489Caelum4

Malgré la guerre, Lux In Caelum répandait dans la capitale une certaine fraîcheur. Les rues étaient animés et mille déguisement se mêlaient dans une symphonie de couleur. Caelum descendait des cieux pour se poser de nouveau sur l'Océan, après six pleines lunes. Pour l'occasion, la Reine avait revêtu des couleurs particulières, l'orangé de sa tenue se mêlant au doré des broderies qui la parcouraient de toutes parts, formant le soleil et la lune, sans oublier la sœur jumelle de cette dernière. Alors que le peuple riait et que le concours de déguisements – qui ne concernait que les habitants de l'île – avait lieu, elle revoyait son discours du soir avec l'Archimage qui n'était autre que son bras droit. De terribles nouvelles étaient parvenues concernant les Terres du Lac de la Transparence. « Nous avons besoin de vous bien plus que dans n'importe quel autre moment, Majesté. » dit-il d'un ton grave. Elle en avait conscience, c'est pour quoi elle avait décidé de rester ici. Elle ferma les yeux un instant, pensant à tous ceux qui avaient disparu au Lac. Elle aurait dû être présente. Tout ceci ne serait sans doute pas arrivé si elle avait pu être là. Sa magie aurait fait quelque chose si sa vie avait été en danger, peu importe quoi. Elle inspira, le visage fermé. Elle s'en voulait tellement. À cause de sa légèreté, si cela se trouvait, des centaines d'hommes et de femmes avaient péri. Personne ne savait, pour le moment, ce qu'il s'était passé et les pistes se multipliaient. Tout était envisagé. « Je le sais bien. » fit-elle en se relevant. « Je suis désolée. ». Elle ne pouvait pas fuir éternellement. « Je pensais en parler justement, si cela vous semble une bonne chose. ». L'Archimage Nylmord regarda le visage de la jeune femme, légèrement inquiet. Le fait qu'elle capitule aussi vite l'étonnait particulièrement. Qu'avait-elle ? Lui qui pensait qu'elle allait lui objecter qu'elle était Reine et qu'elle avait bien le droit de se rendre où elle désirait, voilà qu'elle se confortait parfaitement à ce qu'il attendait d'elle. Il l'aimait comme sa fille et son silence sur le sujet depuis quelques jours ne signifiait rien de bon. Elle se pinça les lèvres. « Je suis enceinte, c'est ça ? » demanda-t-elle comme s'il en savait plus qu'elle à ce sujet. Il frotta sa barbe avec l'une de ses mains, comprenant que le sujet devenait plus délicat. Il lui attrapa la main. « Oui. Je pense qu'il n'y a pas de doutes à avoir sur la question. ». « Je vois... ».

Le soir venu, Caelum se mit en berne. Il n'y avait plus aucune lumière dans la cité si ce n'était celle de la lune. L'île était descendue sur l'Océan et plusieurs barques avaient été louées à ceux qui voudraient voir le spectacle de plus loin. Edwina ferma de nouveau les yeux, respirant profondément avant que les portes du balcon principal du château de Cael soient ouvertes devant elle. Elle s'avança, l'Archimage Nylmord à ses côtés. Quand la foule la vit, les Magiciens firent ce que chacun faisait à chaque Lux In Caelum. Une main sur le cœur, ils attendirent, simplement. Les musiciens commencèrent à jouer. C'était à la Reine de débuter le chant, accompagnée de deux enfants, une fille et un garçon, apparaissant respectivement à sa droite et à sa gauche. Sa voix, amplifiée par magie, résonna dans toute la cité, le peuple reprenant les paroles pour accompagner le trio pour le reste de la mélodie. L'harmonie qui se dégageait de la foule touchait le beau. Quand la musique fut finie, elle accouda ses mains sur la rambarde. Edwina n'avait jamais été douée pour ce qui touchait du domaine privé mais quand elle se trouvait devant toutes ces silhouettes qui la fixaient, attentive, elle était bien différente. Elle n'avait plus peur, elle n'avait plus honte. Elle était l'Ultimage et l'étendue de la puissance de son peuple n'était plus à prouver, tout comme la sienne. Elle avait fait de grandes choses et possédait des territoires riches sur toute la surface du Continent le plus fertile des Terres du Yin et du Yang. « Peuples magicien et étranger, ce soir Caelum brillera de ses plus belles lumières, grâce à vous. Malgré les heures sombres qui ternissent le ciel, nous, qui avons décidé que Sympan était le choix le plus à même de façonner un avenir grandiose, nous chanterons à sa gloire jusqu'à ce que notre voix s'amenuise et jusqu'à ce que notre souffle s'épuise. Malgré les heures sombres, sachez que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour maintenir la paix au sein de nos territoires. Bientôt, ceux qui marchèrent sur le Lac de la Transparence paieront amèrement leur audace. Bientôt, ceux qui marchèrent sur le Lac de la Transparence se trouveront face à moi et je vous assure une sentence à la hauteur de leurs menaces. Aussi, à présent que j'en suis certaine, j'ai une annonce à faire. ». Elle marqua une pause, posant l'une de ses mains sur son ventre. Elle allait mentir mais c'était ce qui devait être fait. Qu'importe ses sentiments, elle ne laisserait personne piétiner l'honneur qu'elle devait garder en tant que Souveraine de toute une nation. « Après la compétition qui visait à départager les candidats à ma main, le nom du vainqueur a été caché afin de préserver ce dernier. Néanmoins, de par sa naissance et sa position, cet homme ne saurait craindre que les Ætheri. Fils de la Magie bleu et Prince des Rêves, il est celui qui a su voler mon cœur et aussi le père de l'enfant que je porte. Cet homme à la naissance exceptionnelle n'est autre que Caliel Araé-Suellan. ». Elle expira. Personne ne pouvait savoir qu'elle mentait. Elle en avait fait le souhait. « Ce soir, c'est en son honneur, ainsi qu'en celui de nos Dieux, que j'allumerai le premier lampion. Puisse la vie toujours renaître des cendres de la guerre. ». Elle prit le lampion, Nylmord activant sa magie pour que le feu bleu l'illumine. Après qu'un nouveau chant ait été débuté, elle lâcha l'objet qui s'éleva peu à peu dans les airs, rejoint par des centaines de milliers d'autres. Ainsi fut Lux In Caelum.

1037 mots

Explications


Bonjour =D

Voici un Lieu de lieu (LDL). Il ne concerne que les pro-Sympan. Il s'agit de Lux In Caelum, dont voici la description (elle se trouve dans la description de l'île également ^^).

Citation :
Au bout de six cycle lunaires, correspondant à la troisième descente de Caelum sur l'océan, une fête est organisée dans la cité, semblable à celle se déroulant au Lac de la Transparence lors de la célébration de la magie bleue puisque, à la fin de cette dernière, des lampions sont lâchés, le peuple les regardant s'envoler dans le ciel. Cette fête s'appelle « Lux in Caelum », en référence à l'île, bien entendu, mais également au pouvoir des sorciers du nom de Lux in Tenebris ; Une façon de narguer, en quelque sorte, les homologues maléfiques des Magiciens. Lors de la cérémonie, les habitants de l'île ainsi que les invités doivent se déguiser afin de défiler dans les rues de la cité. Un grand concours est organisé afin de récompenser le meilleur déguisement, sur fond de musiques, de danses et de rires. Seuls les habitants de Caelum peuvent participer au concours et la maison du vainqueur se voit doter d'une récompense honorifique : un lampion doré. Lorsque la soirée touche à sa fin, des lampions sont distribués à chaque participant et allumés. Le feu bleu sur l'île devient naturellement rose. Chacun prend place sur une barque et lorsque le lampion de la reine est lâché, alors tous les autres le suivent dans une danse pour atteindre le ciel. L'on peut voir les lumières depuis le continent naturel.

Concernant le concours de déguisements, seuls ceux qui habitent en Caelum peuvent participer. Tout le monde peut se déguiser l'après-midi mais le concours est donc réservé aux Magiciens et à ceux qui ont une terre sur l'île. Le soir, il y a beaucoup de chants. Le premier (le lien est dans mon texte, il s'agit de "Long Song", une chanson de Doctor Who) est débuté par la Reine et deux enfants puis reprit par le peuple. Ensuite, elle fait un discours avant d'allumer le premier lampion. C'est ensuite aux individus de faire de même ^^ Vous pouvez vous trouver dans les rues de Cael ou n'importe où en Caelum, vous entendrez le discours et verrez les lampions qui sont vraiment nombreux. Les chants continuent ensuite en l'honneur de Suris principalement mais aussi de Sympan toute la nuit.

Seuls les personnages et compagnons pro-Sympan peuvent participer à ce LDL. Vous avez jusqu'au 03/10/2016, 23h59 pour poster.

Gain(s)


■ Pour 900 mots : Un point de spécialité au choix
Ou
■ Pour 1200 mots : Lampions éternels -> Vous pourrez créer des lampions déjà allumés qui pourront servir à différentes choses : indiquer votre position, vous éclairer dans la nuit, émerveiller l'élu(e) de votre cœur etc.

■ Pour 450 mots de plus : Un point de spécialité au choix (donc un total de 1350 mots ou 1650 mots en fonction de votre cas).

Les points de spécialité sont doublés pour les compagnons qui en ont moins de vingt. Les pouvoirs sont identiques.

ATTENTION : Ce rp est un rp d'event donc vous devez attribuer un point de pourcentage à la fin de votre message.
soit +1 pour Sympan, soit -1 pour les Aetheri.
Veuillez à bien le préciser avec vos gains.

Récapitulatif des Gains



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Ven 09 Sep 2016, 08:35

Les choses s'accéléraient. Il n'existait plus un endroit où on pouvait apprécier la quiétude et la paix. A moins peut-être l'endroit morne et déprimant où je me trouvais, perdu dans mes pensées. Umbrae la ville morte, la ville de l'Oubli, la Cité des Ombres.

La guerre divine montrait son visage sanglant, où les invectives s'étaient muées en querelles, les querelles en affrontements musclés, les affrontements musclés en massacres de masse.

Les gens communs allaient finir par se barricader chez eux, vaine protection face au déferlement de magie que les divins, ou les Souverains étaient capables de déployer pour assouvir leurs desseins funestes.

Je souhaitais intimement que le Dieu Unique triomphe, même si l'inconnu de sa victoire pouvait s'avérer pire que la situation actuelle dans laquelle notre race était. Si nous avions affaire à un Dieu capricieux et avide de vengeance, comment pourrions-nous imaginer la façon dont ils se serviraient de nous pour que la Mort plane sur ceux qui avaient osé se dresser contre Lui. Tout le monde jouait gros, mais la façon dont ce conflit s'éternisait faisait couler trop de sang, même pour mes yeux insensibles.

Quand je m'étais réveillé, noyé depuis je ne saurais dire combien de temps au beau milieu de l'Océan, ma mémoire ne me permettait de me rappeler que le massacre qui avait eu lieu lors de la soirée déguisée non loin du Rocher au Clair de Lune. Ce qui ne devait être qu'un divertissement, une occasion de me grimer en Grand de ce monde n'était que la face illusoire d'une magie bien plus perverse, visant à exterminer presqu'aveuglément quiconque était à portée de lame. J'avais réussi à téléporter Lhyaerae et une Orine tout en étant incapable de savoir où, et j'espérais qu'elles étaient saines et sauves, surtout mon Ondine à dire vrai ....

Ma décision était prise : Oui j'allais continuer à défendre mes convictions en aidant Sympan, mais à ma façon. Je disposais d'un pouvoir considérable, unique en son genre, et je serai fou de ne pas l'utiliser.

Je me dirigeais vers le Fleuve des Âmes, y collectant toutes ces âmes qui ne demandaient qu'à abriter un nouvel Esprit, une nouvelle Vie, au destin probablement moins funeste et qui connaîtrait une ère meilleure.

J'avais entendu lors de mon dernier passage à Caelum pour y retrouver Lhyaerae d'une cérémonie se déroulant essentiellement la nuit et qui méritait le coup d'œil. Il s'agissait d'un phénomène magique où la Cité suspendue regagnait les flots et les lumières brilleraient de mille feux de la terre vers le ciel. La fête commençait en deuxième partie d'après-midi et je décidais de m'y rendre à ce moment-là, pour repérer les lieux et sonder un peu l'ambiance pour ce que je voulais y faire.

Contrairement à la plupart des gens, je ne portais aucun déguisement. Il s'agissait visiblement d'une coutume propre aux Magiciens, et sans vouloir leur manquer de respect, je jugeais préférable de rester tel que j'étais, du moins sous mon apparence humanoïde. De toute façon, me déguiser rappelait trop ce que je voulais justement réparer ce soir. Pas de faux semblants, pas de masques inutiles, mais simplement me glisser dans une population en quête de symbolique d'espoir et de renouveau.

L'ambiance à mon arrivée, après que je me sois téléporté dans le port de Caelum était certes festif, mais empreint d'une solennité qu'on ne rencontrait pour ce genre d'événements. Je n'avais jamais assisté à la descente de Caelum sur l'Océan, et je n'osais imaginer la débauche magique pour réussir à mouvoir pareille masse sans le moindre heurt, et ce plusieurs fois dans la même année. Ce n'était de toute façon pas là le plus important, je voulais tout simplement apprécier les rires de ses habitants, espérant cette fois-ci que rien ne viendrait entacher cette fête.

Alors que je déambulais dans les rues, l'effervescence commençait à envahir ses habitants. Selon la classe sociale ou la créativité des personnes présentes, les déguisements simplistes se mêlaient aux broderies et tenues sophistiquées. Pourtant, cela ne faisait aucune différence, la discrimination n'avait pas sa place. Alors que le soir tombait, tous étaient là pour une chose avant tout : levant la tête, je vis les portes du balcon royal s'ouvrir, et apparaître dans toute sa splendeur l'Ultimage qui la gouvernait. Son apparente fragilité habituelle sublimait les paroles qu'elle se mit à chanter avec solennité, sa voix aiguë transcendée par celles des enfants qui l'entouraient. Le point d'orgue fut quand d'une seule voix, la population de la ville entière entonna la chanson, rendant l'instant poignant, fort. Un peuple uni, un peuple face à l'adversité, voilà que leur Souveraine voulait sûrement.

Une fois la chanson terminée, accompagnée de vivats allant crescendo avant de s'éteindre progressivement, l'Ultimage prit la parole et le discours qu'elle tint montrait à quel point sa détermination semblait inébranlable. Ses propos visaient autant à rassurer la population qu'à mettre en garde celles et ceux qui l'espionnaient au milieu de la foule. Le ton était net, tranché, droit au but : Les magiciens allaient entrer dans la danse, pour leur peuple, leurs terres, et le Dieu Unique.

L'annonce qui vint alors était bien plus surprenante, et alors que les phrases se succédaient, bien plus personnelle également. J'avais eu vent des rumeurs, des spéculations sur le fait que l'Ultimage soit enceinte ou pas. Il était facile pour moi de voir qu'elle l'était, mais la Souveraine dévoila surtout le nom du père, qu'à ma décharge - et honte un peu tant il semblait connu - j'ignorais tout de lui. Un nom à retenir, Caliel Araé-Suellan.

Quelques heures auparavant, il avait été distribué des lampions  au plus grand nombre, et sans trop comprendre comment, je m'étais retrouvé avec l'un d'eux dans les bras. J'étais tellement concentré par les chants, et le spectacle absolument époustouflant qui s'offrait à moi, que j'en oubliais d'allumer et de lancer le mien. Je restais immobile, m'imprégnant des chants qui faisaient vibrer l'air tout autour de moi, à l'unisson tantôt à la gloire du Dragon Suris, tantôt au Dieu Unique.

Alors que les chants accompagnaient l'envol des lampions, la lumière frêle mais tenace qu'ils abritaient chacun d'entre eux dispensait une aura douce dont la démultiplication faisait briller les yeux, à l'image d'un cocon protecteur et lumineux qui entourait la ville pour la rendre l'espace d'un instant intemporelle.

Au bout d'un certain, je repris ma route mais me mis à chanter les paroles d'un refrain populaire, probablement composé par un barde connu et qui faisait l'éloge du Dieu Unique.

Que votre coeur ne se trouble point,
Croyez en Sympan, croyez en Sa force.
Faites front contre l'ennemi, bombez fièrement le torse.
Le Dieu Unique veille sur vous, qu'Il accompagne votre poing.

Répandez Sa parole, louez Son nom,
Que la joie étreigne nos cœurs, puisse l'allégresse nous envahir.
Que le sang qui coule en ces heures sombres ne puisse retenir,
Nos vivats alors que nous vaincrons !


Mon oeuvre, humble et personnelle, se déroulerait des heures plus tard, quand la nuit aussi belle soit-elle finirait par  faire fermer les yeux des habitants exténués par la joie, les chants et la boisson mêlés. Ils finiront bien par rentrer et céder au sommeil qui leur tend ses bras réparateurs. Portés par cet élan de promesses et d'espoirs, ils se laisseront aller à un moment de tendresse, de complicité, d'amour.

Je me glissais alors dans les foyers, après m'être fondu dans les ombres plus sombres et froides que la nuit qui se s'écoulait tranquillement. Certains corps étaient encore chaud de l'acte qu'ils venaient d'accomplir, et l'heure était pour moi de leur confier un souffle de vie qui changerait la leur. D'ici plusieurs mois, plusieurs naissances à quelques jours d'intervalle auraient lieu, et pour peu qu'ils fassent un rapide calcul, ils pourraient faire le rapprochement entre le Don qui leur a été accordé à l'issue de cette fête en l'honneur du Dieu Unique et de Suris. Un témoignage de Vie, au milieu de cette guerre jonchée de cadavres.

Je pénétrais dans plusieurs maisons, presque une dizaine à dire vrai, autant que le nombre d'âmes que j'avais pu recueillir alors qu'elles sortaient du Fleuve des Âmes. Je ne pouvais deviner d'où ses âmes provenaient, mais je savais qui elles serviraient : faire perdurer une race alliée à la mienne, grossir les rangs pour une cause que nous estimions juste mais pas dépourvue de risques.

Les yeux se fermaient, et une nouvelle Vie s'éveillait minuscule en leur sein. Leur Souveraine avait clamé haut et fort qu'elle était enceinte, révélant le nom du père et faisant taire toutes les rumeurs qui couraient par la même occasion. Comme un symbole son peuple venait de "suivre le mouvement", ne cédant pas à la peur et voulant bâtir un avenir pour eux, que détruire celui des autres.
Mon geste était humble, une goutte d'eau tombée dans l'océan teinté de carmin qui je l'espérais finirait, dans un sens ou dans l'autre, rapidement.
Mais cette petite contribution n'en était pas moins une, une volonté d'agir et non de subir, qui combinée aux autres pouvait servir une cause plus grande.

Un peu à l'image de cette nuit : un lampion seul se serait évanoui dans les ténèbres nocturnes, aussi vite oublié que la durée de son envol éphémère; si par contre des milliers de lumières, aussi faibles soient-elles, s'élançaient à la conquête de l'inconnu et de la peur, alors elle ferait face, forte et solidaire, avançant sans faillir vers la victoire.
1 676 mots.
+1 Sympan
Gains : Lampions éternels et +1 en Force
Merci pour ce LDL !
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Ven 09 Sep 2016, 12:49

Elle avait beau faire, elle avait beau dire, elle ne parvenait pas à la trouver..... Autour d'elle, chacun nourrissait ses convictions, et bonnes ou mauvaises n'étaient pour l'instant plus le sujet principale. Le fait était là implacable et pourtant si embarrassant à son goût. Elle ne l'avait pas..... Cette curieuse et incompréhensible passion qui semblait déchainer les peuples et les foules. Elle connaissait le processus et les rouages. Elle savait comment tout cela fonctionnait et comment on l'entretenait. Mais cela devait être insuffisant ou incomplet. Car malgré toutes ses réflexions, elle ne parvenait pas à connaître le même enchantement que les autres. Cette bizarrerie vint occuper son esprit pendant des jours, jusqu'à l'annonce d'une fête. Pas de bal cette fois, donc les chance d'être attirée dans un énième traquenard était plus faible. Non, il s'agissait là d'une sorte de célébration à la fois locale et religieuse. C'était l'occasion d'aller sur place pour observer in situ le phénomène. Peut-être que l'ambiance et les activités lui inspireraient ou révèlerait quelque chose en elle. Elle ne perdait rien à aller sur place pour voir. Cela lui ferait toujours une sortie.

L'avantage était qu'il y avait un concours de déguisements, et cela l'arrangeait beaucoup. Elle n'avait pas du tout envie qu'on la reconnaisse, et la possibilité d'y aller incognito l'enchantait. Elle décida de revêtir un masque de loup, finement ciselé et ouvragé, bien que ce n'était qu'une précaution supplémentaire. Car en plus de son déguisement, elle décida de revêtir une ample cape sombre, munie qu'un capuchon tout aussi important qui dissimulait complètement son visage. Se fondre dans la masse, devenir invisible, en pas être vue pour mieux observer. C'était préférable, et ça éviterait aussi que ne se produise des mouvements de foule sur son passage. Elle n'avait pas envie qu'on l'importune le jour, où qu'on la fuit la nuit. Elle avait suffisamment de soucis ces derniers temps Pour s'en rajouter d'autres. Non, cette-fois-ci, elle prendrait bien soin à ce qu'on ne puisse voir son visage, et même si on tirait sur son capuchon, on aboutirait à une demoiselle masquée. Une jeune fille ordinaire parmi tant d'autres. Ses chausses enfilées, elle se rendit en direction Lux In Caelum.

Comme c'était à prévoir, l'endroit était bondé. Les gens s'agitaient et semblaient bien s'amuser, les différentes attractions s'opéraient ici et là, et chacun semblait heureux et bien s'amuser. Alors qu'elle fendait la foule, se faufilant entre les participants, et les autochtones, elle observait et écoutait. Des échanges qui pour n'importe qui étaient banals, mais c'était justement cette impression de normalité que son cerveau cherchait à analysait. Comment la population vivait-elle cela ? Qu'est-ce que tout ceci lui inspirait ? Pourquoi cela leur semblait si simple et si évident, alors que pour elle, elle semblait observer un état, un monde complètement inaccessible ? Pourquoi ne la partageait-elle pas ? Inlassablement, elle arpentait les rues et les avenues, écoutant, distillant, décryptant. Mais qu'importe les odeurs et les couleurs chatoyantes. Qu'importe les rires et les sourires. Elle avait toujours cette impression persistante d'évoluer dans un univers à part. De ne pas être comme eux, et de ne jamais pouvoir l'être. Elle en aurait bien soupiré, mais dans la confusion de cet état, de cette situation, elle ne savait pas ci c'était là quelque chose de regrettable ou non. Pour l'heure, c'était un constat récurrent sur lequel elle ne savait comment statuer.

Il lui fallait continuer, poursuivre ce qui en plus d'une étude était aussi une sorte d'analyse introspective. La normalité tendait à l'adoration, et elle en avait été dévié depuis bien longtemps à présent. Ce qui était d'autant plus inexplicable avec son ancienne nature d'ange. Elle avait eu les terrains, les habitudes à la dévotion. Tout cela lui avait été arraché lors de sa renaissance certes, mais pourquoi cela n'était pas revenu avec le temps ? Pourquoi cette scission, cette cassure qui lui semblait définitive ? Était-elle devenu trop orgueilleuse pour pouvoir accepter  d'être dépendante de quelqu'un ? Ou trop déçue de ces divinités sur lesquelles elle avait fondé tant d'espoirs qui se révélèrent vains ? Trop attachée à une liberté rassurante, et qui elle ne pouvait pas la décevoir, puisqu'en la suivant, elle ne comptait que sur elle-même. En cela, elle reposait sur quelqu'un de concret, quelqu'un qu'elle pouvait comprendre et non pas juste interpréter, quelqu'un à qui elle pouvait demander des comptes. Et non pas des chimères pourtant si réelles et malgré cela si inaccessibles.

Il manquait cruellement, ce dialogue qui lui aurait tant simplifié son éternité, cet échange avec ces divinités absolues pour enfin tenter de les comprendre, tenter d'expliquer des phénomènes qu'elle ne pouvait prendre que comme ils venaient, à défaut de pouvoir faire mieux. Et les autres ? N'avaient-ils jamais eu ces doutes, ces questionnements ? Se contentaient-ils de les ignorer ou de faire avec, suivant aveuglement des voies qu'ils pariaient être les bonnes ? Que certains avaient interprétés comme étant la vérité, mais qu'aucune des divinités concernées n'avait alors explicitement confirmé, ou infirmé d'ailleurs. En les observant, elle comprit que oui. Certains se satisfaisaient de croire, parce qu'ils avaient besoin de croire en quelque chose. Comme si cela leur permettait de tenir, ou de continuer à avancer malgré les aléas de la vie. Peut importe la vérité absolue ou pas, il fallait y croire. Dans un sens, ils se prenaient beaucoup moins la tête qu'elle, et il le vivaient très bien. Mais ce n'était plus possible pour elle de pouvoir se contenter de cela, de ce suffire de cette simple réflexion. Il lui sembla alors qu'elle était condamnée à vivre éternellement dans son monde, elle qui était en marge du monde commun.

Elle avait espéré trouver un début, ne serait-ce que des prémices de foi. Car c'était bien au nom d'Aetheri, et surtout de Sympan qu'elle allait devoir combattre. Mais comment pourrait-elle être motivée et se plonger corps et âmes dans la bataille, elle qui n'avait choisi ce camp que parce que l'autre la désespérait ? Au final, Sympan ne serait certainement pas mieux qu'eux. Quelque chose en elle lui disait qu'il n'y aurait jamais ce mieux espéré. Il y aurait simplement quelque chose de différent, et pas forcément en bien. Mais rester dans le cadre actuel n'était pas non plus la meilleur option. Elle verrait bien, de toute façon ses positions étaient prises. Elle ne se battrait pas avec la foi qui animerait les autres, elle devrait se contenter de se battre pour sa survie, ce qui serait déjà pas mal. Mais elle aurait préféré un véritable motivation, une implication sincère dans une lutte où elle jouerait sa vie. Elle poussa un soupire, observant ce monde qui semblait défiler sans elle. La fête poursuivait son cheminement et Edwina chantait. Yulenka l'observa de loin, se demandant comment elle vivait sa foi, elle qui en avait une..... Les lèvres de la vampiresse restèrent closes, ne se sentant pas capable de pouvoir accompagner ce peuple qui lui se retrouvait dans ce chant. Cela aurait été hypocrite.... Puis Edwina vint faire son discours, rappelant encore une fois le tumulte des temps présent, et promettant vengeance aux siens. Elle en profita pour officialiser son union avec ce qui serait son mari, et aussi annoncer sa grossesse. Mais lorsqu'elle annonça que son mari était le père, Yulenka fronça les sourcils sous sa capuche et derrière son masque. Un mensonge ? Voilà qui était singulier, elle ne pensait pas Edwina capable d'adultère. A moins que cela ce soit passé avant son mariage.... Toujours était-il que cela arracha un sourire à la vampiresse. Voilà un mariage qui commençait bien, mais qui au moins avait le mérite de rompre la banalité. Son discours prononcé, les chants reprirent, et les lampions commencèrent à être allumés et lâchés de toute part. Yulenka contempla un instant le sien, se perdant dans la douce lueur qui en émanait. Elle se décida finalement à le lâcher, et l'observant s'envoler, elle se surprit à penser.

~Toi pour qui mon sang sera versé, ne peux-tu m'accorder la faveur d'une réponse, ne peux-tu me guider ?~

Elle secoua la tête. Qu'espérait-elle au juste ? Une apparition divine de Sympan lui révélant ce qu'il en était ? C'était absurde..... Elle tourna les talons, et s'en alla, sans avoir pu trouver la foi. Elle se consola dans le spectacle des lampions qui éclairaient le ciel de leur faible lueur, en autant de douces petites étoiles...
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Lun 12 Sep 2016, 20:57


Bien que la guerre fût terminée, elle avait laissé un goût amer dans la bouche des peuples du monde entier et n'était pas encore reléguée au statut de souvenir. Tout le monde avait été affecté. Les combattants étaient revenus du champ de bataille avec des blessures parfois encore fraîches. Leur entourage pouvait voir les cicatrices en cours de guérison et ne pouvait qu'imaginer ce qu'il s'était passé. Même des inconnus ne pouvaient ignorer ce soldat dans la rue ayant perdu une jambe. Oui, hormis ces blessures physiques, d'affreuses balafres avaient défiguré le visage du peuple magicien. Doute, impuissance, peur, la guerre avec les démons avait touché à sa fin, une nouvelle bataille allait devoir être menée, celle pour reconquérir la confiance et la sérénité. Tel un guerrier dont la jambe fût arrachée, le peuple s'était vu dépossédé de sa joie de vivre et sa force. Une civilisation qui ne pouvait accepter le passé ne pouvait envisager son avenir. Andrzej en savait quelque chose pour avoir été victime d'un jeu sadique qui l'avait brisé mentalement. Sujet à de perverses illusions, il avait mis à mort, dans un accès de rage aveugle, cinq personnes. Cinq de ses alliés. Le choc de ce massacre l'avait complètement anéanti, l'envoyant dans un établissement visant le soin de l'esprit. Il aura fallu l'intervention de Phoebe et de sa promesse, Ashara, pour le tirer de cette torpeur et reprendre sa vie. Mais même le pouvoir d'un Aether ne pouvait faire oublier ce remords et ce ne fût qu'à la réception d'une missive provenant du corps médical angélique que la paix intérieure fût restaurée. Ses victimes involontaires avaient pu être ramenées à la vie. Mais même avec cela, il n'était pas complètement apaisé. Il comprenait dès lors pleinement les raisons qui avaient pousser sa Reine à organiser, malgré l'atmosphère morose planant sur la ville, ce Lux in Caelum.

C'était une première pour lui. Bien sûr on lui avait expliqué le déroulement général et l'organisation car il était Chevalier, et de ce fait garant de la protection d'Edwina lors de rassemblements officiels mais le vivre était une expérience inoubliable. La première chose fût le déguisement car oui, il fallait jouer le jeu et montrer au peuple que leurs dirigeants et protecteurs étaient confiants et envisageaient l'avenir sous un jour radieux. Andrzej portait bien sûr son armure et ses armes mais tout était habilement dissimulé par des plis, replis et pans de tissus. Il portait une longue cape verte, de style poncho, lui arrivant à la moitié du mollet. Elle était fait d'un textile fin, délicat, et plusieurs formes géométriques courraient le long d'une frange faite de fils d'or pour représenter son rang. Par contre, pour le masque, il était indécis. Il ne savait pas si on se moquait de lui ou non. En effet, le masque était blanc, banal en soi, avec de fines ouvertures pour la bouche et les yeux. Sur les joues avaient été dessinées des spirales dans un rouge sombre, lui donnant l'air de rougir. Le tout était surmonté d'une peau de mouton lui tombant sur les épaules et le dos, avec bien sûr une paire de cornes pour donner la touche finale à cette insulte dissimulée. Le Chevalier se jurait de trouver le responsable.

L'autre chose fût évidemment la descente de toute une île des cieux vers l'océan. Une sensation de haut-le-cœur s'était emparé de lui et il craignait de remettre son dernier repas sur la peau de l'ovidé car cela lui était déjà arrivé, sur son vrai pelage, et cela avait été une plaie à nettoyer. Essayant de garder un minimum de consistance, il restait auprès de la Reine qui avait elle aussi son programme bien chargé. Il commençait par le fameux chant d'inauguration. Andrzej n'était pas sur le balcon à ce moment-là, il avait pris place au niveau de la foule, face aux premières rangées de magiciens rassemblés là. Un petit groupe de ce qu'il pensait être des morveux en train de se moquer de lui le pointait du doigt, échangeaient des messes basses et riaient. Le voyageur ne réagissait pas, il ne pouvait se le permettre, et attendit la fin du chant en essayant d'ignorer les enfants qui blaguaient sur son déguisement. C'était désormais au tour du discours mais une pause, lourde d'émotions et de sens, s'était installée. La foule était juste assez silencieuse pour permettre à Andrzej d'entendre les morveux.

"Lui là, c'est Sir Andj... Ander... Andrzej ! Il est super balaize !" disait le petit blond en pointant du doigt le Chevalier

"Bah alors pourquoi il a pas l'air plus classe hein ? Il fait même pas peur." ajoutait un autre en faisant une grimace, déception.

"Moi je le trouve flippant... "venait de dire un troisième garçon, plus chétif que les autres, légèrement caché derrière ses camarades.

"Mon papa il dit que c'est un grand guerrier mais surtout qu'il a un truc, heu, l'éthique." enchérissait le garçon aux cheveux d'or.

"Mais c'est terrible des tiques. C'est à cause de sa peau nan ?"

"Nan, pas ça, l'éthique. Mon papa y dit que c'est c'que t'as quand tu peux faire le bon choix même si c'est dur."

"Waaaaah. Il est trop cool."

"J'te l'avais dit !"

Heureusement qu'il était protégé par le masque car il était en train de rougir sous ces compliments. Il se disait que celui qui avait conçu le déguisement ne voulait pas se moquer de lui mais voulait bien mettre en avant ses traits caractéristiques pour être reconnu par la foule, après tout, même s'il se considérait comme un simple voyageur désireux de se mettre au service d'une Reine, il était le premier et unique Chevalier que les magiciens eurent jamais. Sa minute de gloire en somme. Mais la véritable personnalité importante de la soirée, la magnifique Reine, entamait son discours. Tout le long de ce dernier, Andrzej restait impassible lorsqu'elle citait Caliel et son futur enfant. La jalousie n'avait pas prise sur lui. Enfin, si un peu sans doute mais il ne pouvait se permettre de le montrer, surtout face aux enfants qui continuaient de parler de tiques. Il se voulait être un exemple pour eux. Il se rendait compte en cet instant que ce qu'il pensait être un simple rôle de guerrier particulier était en fait tout autre. Avec le nom vinrent des pouvoirs, responsabilités et obligations, notamment celle d'être le digne représentant d'une Reine, d'une race, d'un idéal.

Suite à ce discours poignant et empreint d'une franchise si rare dans les annonces officielles, souvent impersonnelles, des puissants de ce monde, les festivités pouvaient continuer. Edwina relâchait un lampion qui allait s'envoler dans les cieux, bientôt suivi par des milliers d'autres. Cet envol formait une véritable galaxie composée d'innombrables étoiles et d'autant de constellations. Ce nuage flou de lumière s'éloignait peu à peu vers le large, survolant les quelques personnes ayant loué une embarcation pour admirer le spectacle d'un autre angle. Cette vision était à couper le soufflet et même Andrzej, pourtant peu facilement impressionnable, se surprenait à regarder en l'air tout comme le groupe d'enfants. Si l'espoir n'était pas redevenu maître en cette nuit, au moins la beauté de la vie avait été ravivée dans les esprits et le cœur du peuple magicien.

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Mer 14 Sep 2016, 16:02


« Ainsi, le Prince des Rêves est le promis de la Reine Blanche. Cette nouvelle m’évoque des pensées contraires sous une pointe d’amusement. » Le Maître du Temps eut un léger rire, penché auprès de son épouse dont il effleurait les hanches. « Caliel Araé-Suellan. » précisa-t-elle d’un ton léger, quelques notes moqueuses sous l’apparente douceur. « Je suppose que tu ne tarderas pas à visiter notre Magicienne favorite pour lui annoncer que tu es sa véritable belle-mère. » Elle sourit. « Cela la ravira tant. Je ne peux décemment la priver de cette joie, d’autant que je suis une personne tellement proche des membres de ma famille. J’en profiterai pour lui signifier l’identité de son beau-père. La vérité risque de complexifier l’arbre généalogique. » Il feignit un soupir, secouant la tête avec dédain avant de lâcher un « La famille. », le timbre désabusé. Sous les lueurs des lampions qui illuminaient le ciel de mille couleurs, ils flânaient dans les rues, peu touchés par la beauté du spectacle. Pourtant, la soirée était belle mais ils n’étaient pas vraiment venus pour profiter des célébrations. Par ailleurs, la Sirène avait été plutôt rebutée à l’idée de se rendre en Caelum mais elle avait fini par céder, agacée par l’insistance du Professeur. « Souris, ma princesse. » susurra-t-il à l’oreille de la belle tandis qu’elle réfléchissait, la tête perdue entre les étoiles et les lampions. « Aujourd’hui, nous célébrons la Magie Bleue. » Les indiscrets n’auraient pu se douter du sous-entendu, dissimulé sous l’innocence d’une phrase banale. Elle réagit à peine, se bornant à articuler : « Ne compte pas sur moi pour chanter à la gloire des idoles de ce peuple. » - « Ils partagent certaines convictions avec toi. » - « C’est la raison pour laquelle je me cantonne à une balade placée sous le signe de la tranquillité. » Les derniers villages qu’elle avait visités n’avaient pas bénéficié de la même chance. « Tu es devenue malgré toi une figure importante de la Guerre des Dieux. Tu te bats pour l’Unique avec un certain … acharnement. » - « Pas au point de chantonner au clair de lune mon amour pour lui. Ma ferveur a ses limites. » Ses grands yeux clairs vagabondèrent sur les Mages Blancs, parés de voiles bariolés et déguisés. Elle peinait à supporter les frasques des peuples alliés. Elle devait cependant faire preuve de mesure car il aurait été plutôt malvenu d’écumer les rangs de son propre camp. « Viens danser. » Il ne lui laissa pas le choix et lui prit la main, jusqu’à l’entraîner dans un lieu assez vaste pour qu’ils puissent esquisser quelques pas. Ils étaient déjà nombreux à valser au rythme des musiques qui résonnaient dans toutes la Cité. « Qu’est-ce que ton frère te voulait, hier ? » finit-elle par demander tout bas, impassible. Il sourit. « Je me doutais que tu nous avais entendu. » - « Vous êtes plutôt bruyants. » Ils ne s’étaient jamais entendu et les voix s’élevaient rapidement, lorsqu’ils étaient dans la même pièce. « On ne s’est presque pas querellés. » - « Presque. » Il souffla, contrarié de devoir évoquer Silas. En plus de ne pas le porter dans son cœur, il supportait difficilement l’idée que le Sorcier était occasionnellement l’amant de sa femme. « Il voulait savoir si je désirais planifier une action avec lui. » Elle haussa les sourcils et lui, les épaules. « Cette Guerre est celle des alliances contre nature et des ententes éphémères. Tout comme toi, il partage mes convictions, cette fois-ci. » - « Je vois. Que prévoit-il ? » - « Je ne suis pas encore certain de vouloir œuvrer avec lui. Moi aussi, j’ai mes limites. »

Ils s’attardèrent quelques longues minutes sur la piste de danse, avant de s’en éloigner et rejoindre l’étrange Dina, occupée à surveiller les Jumeaux. La petite Louchia paraissait à l’aise. Du haut de ses cinq ou six ans, elle était une jolie enfant aux orbes pâles et aux cheveux blonds, émerveillée par toutes ces lumières qui brillaient. Elle tournoyait sur elle-même dans une envolée de soie bleue, rêveuse. Tobias avait préféré rester à l’écart. Assis sur un banc, il observait sa sœur, sans rien dire. De nombreux parents auraient affirmé qu’on ne pouvait tirer aucune conclusion, face à des petits Mages aussi jeunes. Pourtant, Vanille et Cole étaient déjà certains de la couleur de chacun, tant cela était évident. « Elle semble avoir hérité de votre potentiel magique. » commenta la Mur dans un marmonnement à peine audible. « C’est une bonne chose. » dit la Sirène, sans se soucier du regard désapprobateur de son mari. « Non. A son âge, elle ne devrait pas être détentrice d’une telle force. » - « C’est qu’elle n’a pas eu les bons parents. » Il ne répliqua rien à cela. Il n’y avait rien à dire. Il était d’accord. C’était de leur faute à tous les deux. Tobias serra les poings. Il était encore petit et était loin de saisir tout ce qui se passait et se disait mais il avait très bien compris une chose : tous les adultes de sa famille s’intéressaient de près à la magie de sa jumelle. Cette attention le rendait jaloux et il en venait à la détester, cette petite idiote de fille. Elle n’arrivait même pas à lire correctement alors que lui le faisait parfaitement. Il était meilleur qu’elle et personne ne s’en rendait compte. Il en avait assez d’être mis de côté, de devoir supporter son grand frère Zaäshiel qui était méchant avec lui. « Tobias. » Vanille s’était approchée de son fils. Accroupi près de lui, elle lui souriait. Doucement, elle effleura sa joue. « Je sais, mon petit Prince. » Il tendit ses petites mains, elle le prit dans ses bras. Louchia se cachait derrière les jambes de son père. « Maman, regarde ! » Elle pointait du doigt un vieil homme dans un costume pour le moins singulier. « C’est quoi ? » - « Les gens appellent ça un Masque d’Or. » - « Qu’est-ce que c’est ? » Cole se mit à rire. « Tu n’es pas encore assez grande pour entendre parler des bêtises de maman. » - « Maman a fait une bêtise ? » Il avait répondu oui tandis qu’elle avait affirmé que non, dans le même temps. Ils se défièrent du regard. « Tu te feras ton propre avis, plus tard. » - « Mais pourquoi le monsieur se déguise en bêtise de maman ? » - « Oh … Tu sais, maman est vraiment très connue. » - « Oui, c’est une Reine ! » - « Pas seulement, ma puce. Pas seulement. »

La Khæleesi leva les yeux au ciel. Louchia ne comprenait pas vraiment ce que son père essayait de lui dire et elle finit par laisser tomber, préférant jouer avec les boucles blondes de son épaisse chevelure. Tobias n’avait pas pipé un mot. Curieux, il contemplait l’homme déguisé en Masque d’Or qui s’éloignait en buvant et en dansant. Il se posait un tas de questions, qui demeuraient sans réponse et qu’il gardait dans un coin de sa tête, jusqu’à ce que le mystère soit levé. Il ne savait pas que les parents aussi pouvaient faire des bêtises et il se demandait ce que sa maman avait bien pu faire. Il voulait entendre toutes les histoires, fasciné par l’essence de cette femme qui l’avait mis au monde. Il aspirait à devenir comme elle, suivre ses pas, donner le meilleur de ce qu’il avait de pire. Vanille était consciente du potentiel de son fils, de son âme d’enfant déjà noire. Elle avait de grands projets, pour lui. « Je veux rentrer à la maison. » finit-elle par baragouiner, la tête enfouie dans l’épaule de sa mère. « Moi aussi. » - « Pourquoi on ne rentre pas à la maison, alors ? » - « Ton père et ta sœur ont envie de rester encore un peu. » Il plissa les yeux. « On n’a qu’à partir, nous. Ils reviendront plus tard. Non ? » - « Ça ne marche pas comme ça. » - « Pourquoi ? » - « Je dois supporter ton père, ensuite. » Celui-ci, qui n’avait rien perdu à la discussion, la gratifia d’une expression de dédain. Louchia n’avait rien entendu, la tête encore dans les lampions, à rêver de licornes et de loups blancs.  

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Babelda
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Babelda
Sam 17 Sep 2016, 22:36

"Ta fille n'est pas venue finalement." Le ton de la magicienne semblait un peu accusateur. Il est vrai qu'ils étaient sensés tous se retrouver aujourd'hui. Munille avait fait venir toute sa famille, et même leur frère avait fait le déplacement pour fêter ce jour heureux... La fratrie de nouveau réunie... Ce n'était pas arrivée depuis longtemps, très longtemps, bien trop pour une famille... Mais mieux valait tard que jamais. Ils avaient profités de cette journée particulière pour se retrouver à la capitale et célébrer la décente de l'île sur les flots... Pour l'occasion, l'Ultimage organisait toujours une fête. "Oui, elle a eut un empêchement... Elle est retenue ailleurs..." Il avait reçu une lettre écrite de la main de Babelda, où celle-ci lui annonçait que des soucis l'empêchait de se rendre immédiatement en Caelum. Elle lui avait promis de passer le voir quelques temps avant de repartir voler de ses propres ailes, mais cela lui avait fait un peu de peine...Lui qui se faisait une joie de pouvoir passer un peu de temps en famille. Ça aurait été l'occasion pour elle de rencontrer ceux qu'elle n'avait jamais vue, à cause de leur éloignement dans le desert... La vie de nomade avait bien quelques inconveignants, et maintenant qu'il avait inculqué ce mode de vie à sa fille, elle semblait y avoir prit goût. Un peu trop à son goût : il ressentait pour la première fois ce que sa famille entière avait toujours vécue de son départ...

"C'est bien dommage ! Je lui avait préparé une superbe tenue ! Je suis certain qu'avec ça, elle aurait gagné le concours à coup sûr ! Aucune chance que quelqu'un d'autre lui pique la vedette, c'était la pièce maîtresse de ma collection !" Grégore avait en effet fait un travail très minutieux. Le magicien avait un talent tout particulier pour manier le tissus, il s'était d'ailleurs fait un nom bien particulier dans le domaine de la couture. Il associait à ses talents de couturiers ses dons de transmutation et d'illusion pour créer des tenues uniques en leur genre. Chaque vêtement qu'il confectionnant semblait être fait pour leur porteur, et embellissent quiconque les revêtait : il les ensorcelait pour que le tissus colle aux formes de ses clients. Et il n'avait pas chômé : il avait réalisé une série de costumes pour le concours, tous plus époustouflant les uns que les autres. Barnabé, Munille et Grégore n'avaient pas souhaité participer, ces enfantillages étaient après tout réservé à un public plus jeune. Mais le mage blanc avait tout de même préparer une tenue pour Babelda et ses cousins, bien qu'ils soient également trop vieux pour participer... Grégore avait toujours gardé cette part d'enfant en lui, le plaisir de pouvoir montrer ses performances sur scène... "Je sais bien, elle aurait sans doute pu gagner mais je ne suis pas certain que cela lui aurait fait plaisir... Elle n'aime pas attirer l'attention sur elle." - "Balivernes ! Qui ne souhaiterait pas ressembler à une princesse ?" Barnabé se contenta de sourire et ne répondit rien : il ne voulait pas froisser son jeune frère.

Le vieillard replaça ses lunette sur le haut de son nez, comme un tic. Lui même commençait à avoir chaud dans son costume de compte vampirique. Non, décidément, tout ça n'était vraiment pas pour lui. A côté de lui, ses jeunes frères et soeurs avaient entamés une discussion sur les problèmes causés par la guerre, tandis que les enfants s'amusaient sur la place. Barnabé devait plisser les yeux pour y voir quelque chose : seule la lune éclairait la ville, toutes les autres sources de lumière ayant été éteintes. Finalement, l'Ultimage fit son entrée sur le balcon du palais. Le silence tomba sur l'assemblée. Mes Tilluiels étaient venus spécialement sur la grande place pour voir leur souveraine. Comme tous le este des citoyens, ils posèrent leur main sur leur poitrine, attendirent que la Reine blanche entame son chant, puis le reprirent à l'unisson avec le reste des magiciens. C'était un moment solennel, dont le vieillard appréciait chaque instant. Il était fier d'appartenir à sa race, fier de ce qu'il ' représentait et de ses convictions... Aussi chaque rendez-vous racial réveillait en lui des sentiments patriotiques, il prenait toute cette cérémonie très au sérieux, et il était plus qu'honnorer de pouvoir chanter ses couleurs en rythme avec sa reine... Il n'était pas l'un de ces fanatiques, mais à sa propre facon, il vouait une sorte de culte à cette puissante mage...

Finalement,  la chanson s'arrêta. Alors que Barnabé sortait son lampion de ses affaires,  il fut surpris d'entendre la voix de Dame Nilsson, magiquement amplifiée, retentir dans les airs. Elle n'avait visiblement pas terminé. Il écouta, attentif, le discours de sa reine. Il en fut tout chamboulé. Alors c'était vrai, cette bonne enfant allait devenir mère... C'était une grande joie, me peuple Magicien ne pouvait que ce réjouir de cette nouvelle naissance à venir... Tout particulièrement maintenant qu'ils étaient rassurés : cette annonce faisait taire, une bonne fois pour toute, ces rumeurs sur le père de cet enfant. Pas de démons, pas de serviteur du mal... Mais un simple nom : Caliel Araé-Suellan. Un mystérieux inconnu qui était pourtant passé d'inexistant à Roi de la nation magicienne... Barnabé en avait les jambes toutes molles. Il en tremblait et s'il n'avait pas eut sa lame pour se soutenir, il serait sans doute tombé à cette nouvelle qui faisait tournoiller son coeur fragile.

Finalement, les lampions furent lancer dans les cieux. Tel une deuxième envolée d'étoiles,  les éliminations s'élevèrent jusqu'à rejoindre les vrais astres. Cette nuit là, Barnabé fit la fête, comme tous les autres magiciens, le coeur un peu plus léger que d'habitude.
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Merci pour ce LDL  nastae


Merci Kyra nastae

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Sam 24 Sep 2016, 18:46

「 Lux in Caelum 」
Ca serait sympa d’être pirate. Eärhyë regardait l’horizon, le menton enfoui dans la paume de sa main, son coude appuyé sur le bastingage, les yeux perdus dans le lointain. A peine s’était-elle rendue compte de sa pensée formulée tout haut. Le mouvement profondément agité sur son flanc droit ne la tira même pas de ses pensées rêveuses. C’est de l’inconscience ! Et puis... Pourquoi pirate, expressément ? Eh bien, je ne sais pas… Ce serait sympathique d’avoir son propre navire, voguer là où on le souhaite, sans dépendre de personne… Aller là où murmure le vent… Être libre… Serë partit dans un grand éclat de rire, ce qui fit soupirer la Bélua. Pas besoin d’être pirate pour posséder son propre navire, le sais-tu ? La jeune femme haussa les épaules. Ce compagnon de route n’était pas au courant de ses plans quant à son futur métier, et elle ne comptait pas le mettre tout de suite au courant. Après tout, il lui avait bien caché des secrets pendant des mois, lui. Cependant, assassin et pirate collaient bien ensemble, l’un par voie terrestre, l’autre par voie marine. Personne ne pourrait lui échapper, aucun sursis, aucune planque ne serait disponible pour une hypothétique survie, un brin d’espoir. Terre en vue ! Eärhyë soupira et se dégagea du panorama qui s’offrait à ses pupilles pâles pour aller terminer son sac. Il serait toujours temps de réfléchir à cette nouvelle lubie plus tard.

Sa sacoche réajustée sur son épaule, la jeune femme observait avec fascination les murs de cette entrée. Elle eut beau fouiner dans ses souvenirs, la Bélua ne se rappelait pas d’une seule ville proposant une entrée aussi originale que celle-ci, Pabamiel et son panorama mise à part. Si elle avait accepté avec une indifférence totale l’annonce qu’il faudrait prendre place sur un navire afin d’acquérir le droit d’entrer dans Caelum, elle ne s’était pas attendue à une telle majesté. Les murs rétrécissaient alors qu’ils se rapprochaient du cœur de la ville, alors que les palpitations de son propre cœur accéléraient au fur et à mesure de leur progression. La lumière d’un couché de soleil sans le moindre voile d’un nuage rendait l’instant plus unique encore. A ses côtés, Serë gardait le silence, preuve qu’il était aussi époustouflé que la meneuse.
Ils avaient dû accoster à mi-parcours, le navire étant incapable de poursuivre plus loin sa route. Remerciant le Cap’ pour ce spectacle si particulier. Il avait ri, l’avait fait taire d’un geste négligé de la main et invité à « dégager de son ponton ». Eärhyë avait regardé avec stupéfaction cet homme pas comme les autres puis l’avait affublé d’une œillade avant de s’éloigner, un Serë dépité sur les talons.


Caelum la Sacrée. En voilà une ville qui ne te correspond pas. Le ton taquin dans la voix de Serë ne fit qu’accroître l’agacement de la blonde. Garde tes pensées pour toi, l’ami. La jeune femme avait volontairement appuyé sur le qualificatif relationnel pour montrer toute l’ampleur de son ironie. Si la Bélua supportait la présence de cet enquiquineur, elle n’était pas encore prête à lui pardonner toute l’horreur de son omission pendant tant de temps. Je suis venue car je ne l’avais encore jamais vue. Il était temps de réparer cet oubli, tu ne crois pas ? Eärhyë tenta dans la mesure du possible d’adopter un ton amical mais rien n’y fit, le timbre resta neutre. Des enfants enjoués attirèrent toutefois son attention, l’empêchant une certaine amertume étreindre ses réflexions. Les mômes, bavards à souhait, laissaient entendre une grande fête le soir venu, une nouvelle qui enchanta la blonde. Cette dernière lança un coup d’œil vers son ami aux oreilles poilues et lui offrit un sourire un peu plus chaleureux. Il faut croire que nous arrivons au bon moment. Le sourire éblouissant de son compagnon de route valut toutes les réponses.
Ils mirent énormément de temps pour dénicher une chambre. Finalement un ménage frôlant la sénilité leur proposa une couche pour la nuit en voyant les deux êtres misérables reposant leurs jambes sur leur porche, à l’unique condition qu’ils soient dehors une bonne partie de celle-ci. Sîdh avait haussé les épaules lorsqu’elle s’était tournée vers lui pour lui demander son accord et ils avaient accepté, un sourire reconnaissant sur les lèvres.

C’est en percevant les chants solennels entonnés par les habitants qu’Eärhyë comprit qu’elle ne serait restée dans sa chambre pour rien au monde. La force du chant, l’osmose des Magiciens, ce chaos harmonieux, l’obscurité… Tout parlait à l’âme de la Bélua qui se laissait presque bercer par la beauté du moment. A ses côtés Serë restait figé, lui aussi pris dans la toile tissée par des milliers de voix. Puis ces dernières se turent et, sans perdre la magie de l’instant, Eärhyë recouvrit une conscience sur son environnement direct. A la lumière des étoiles elle découvrit les costumes soignés des habitants l’entourant, la rendant inquiète. Fallait-il que ces costumes soient obligatoires ? Une voix s’élevant dans les airs mirent fin à son inquiétude stérile. La teneur de l’annonce lui fit ni chaud ni froid. Elle n’était pas Magicienne, elle n’était pas concernée par cette histoire, elle se fichait éperdument de ce… bonheur ?... pour ce peuple. Connaissant les bambins, elle souhaitait plutôt bien de la souffrance lors de l’accouchement et beaucoup de fatigue pour s’en occuper.
Pourrait-on savoir ce qui te fait sourire ? la questionna Serë dans sa curiosité habituelle, semblable à celle de la blonde. Un excès de méchanceté. Charmant. C’est tellement toi… Encore une pointe de taquinerie qui lui fit lever les yeux vers la voûte céleste, pile au moment où un unique lampion s’élevait dans les airs, telle la lumière introduisant la fin du tunnel vers la mort – selon les légendes, à tout le moins. Tout amusement ou agacement disparurent des traits des deux compères, tout à leur surprise d’une simple beauté de ce type. Le lampion s’élevait, traçant sa route pour se joindre, bientôt, à la lumière des étoiles. Si leur surprise fut grande, l’adjectif fut bien terne pour qualifier l’émotion qui les traversa tandis que des milliers de lumière montaient au ciel, rejoignant la pionnière. On dirait… une image, balbutia Serë, attirant le regard interloqué de sa comparse. D’un sourire gêné d’attirer son attention, il opina du chef, cherchant ses mots. Sympan était le premier… comme cette première lueur, ce lampion bariolé. Puis il y eut les humains suivi des Aetheri, tous ces petits êtres découlant du Créateur, des milliers qui effleurèrent du doigt la foi envers… Que je sache, nous n’avons pas tout le temps idolâtré Sympan. Une période illustrée par le vide entre le premier lampion et tous les autres… La Blonde l’observa attentivement, dubitative, avant d’éclater de rire, une joie fraîche et trop rare pour être repoussée par une quelconque rancœur. Sîdh, accorda-t-elle à lui dire pour la première fois depuis la révélation de ses origines, tu es un artiste dans l’âme… Emu, le Bélua plaça une main au niveau du cœur et s’inclina légèrement avant de se redresser de toute sa hauteur, dominant la frêle jeune femme d’une bonne tête. Un artiste ambulant à ton service, milady. Amusé, la jeune femme consentit à étirer un sourire en coin des lèvres. Cette soirée avait été magique par bien des manières et Eärhyë sentait un poids plus léger au niveau du cœur. Il lui tardait d’ouvrir les bras à un futur plus joyeux. Pour l’heure, elle se contenta de leur fournir un lampion, qu’ils joignent leur foi si poétique aux milliers d’autres « âmes ».


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Miles Köerta
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Miles Köerta
Mar 27 Sep 2016, 05:22

Lux in Caelum
« Quand nous lançons les lampions »

« Je n’ai jamais eu la chance d’assister au Lux in Caelum auparavant…

- Avant, ma Maman m’y amenait toujours lorsque l’Île entre Ciel et Terre descendait et que le sixième cycle lunaire touchait à sa fin. C’était un peu comme notre tradition à nous aussi… »

Il eut un silence durant lequel les pupilles d’Hakiel se rétrécirent. Il ne semblait pas vouloir pleurer ni se morfondre dans de sombres pensées, mais se remémorer ces souvenirs avait quelque chose d’amer en bouche. Affectueusement, je posais l’une de mes mains sur sa tête, ébouriffant sa tignasse de plumes. Sans répliquer quoi que ce soit – pour une fois – il tourna son visage dans ma direction tout en m’adressant un sourire en coin. Ce gamin en voyait de toutes les couleurs ces derniers jours, c’était presque irréel. D’abord, il apprenait l’identité de son père de la bouche de Kiri et puis, une fois sur le chemin du retour, il rencontrait son géniteur en chair et en os, dans des circonstances pour le moins troublantes. Lorsque j’avais été mis au courant de la nouvelle, je m’étais empressé de poser des questions à Hakiel sur ce fameux Nakian, sur ces fameux Gandr… Mais intentionnellement, le Corbeau n’avait pas voulu m’en dire davantage que le strict minimum et même si je respectais son silence, la curiosité et l’inquiétude me dévoraient. Que s’était-il passé aux Terres d’Émeraude pour qu’il ne soit pas ramené à la maison par Kiri, mais plutôt par son père que l’on croyait tous disparu? Que s’était-il passé pour que mon petit frère daigne à me dire la vérité? Que s’était-il passé, bon sang?! Hakiel ne voulait rien me dévoiler et les personnes avec qui j’avais communiqué pour connaître plus de détails m’avaient simplement dit de garder un œil avisé sur mon petit protégé. Pourquoi? De qui? De quoi? Alors là, ils s’étaient bien abstenus de me tenir au courant. Même Nakian, pour je ne savais quelle raison, était resté aussi muet qu’une tombe sur le sujet, quand bien même cela concernait son fils ET mon petit frère, p*tain! Tout ce remue-ménage avait le don de m’agacer. La vie d’Hakiel était en danger et personne n’était foutu de m’expliquer les origines de cette menace… Pas même le principal concerné, juste pour vous dire!

« Miles? Miiiles! » S’exclama le garçon en balançant ses mains devant mon visage pour attirer mon attention et, dans un sursaut, je bredouillais une excuse confuse pour mon inattention.

Le Bélua ne semblait pas m’en tenir rigueur et il me prit plutôt le poignet pour me guider jusqu’au cœur de la cité. Des gens costumés arpentaient les rues, rigolant et conversant avec leurs voisins des festivités locales. En les voyant déambuler dans des déguisements aussi haut en couleur qu’un arc-en-ciel qui s’élevait bien au-delà des nuages du firmament, je ne pus qu’hausser un sourcil, dubitatif, coulant un regard vers Hakiel pour que ce dernier m’explique. Est-ce que nous aurions dû, nous aussi, nous déguiser pour participer? Le Corbeau s’amusa de mon expression déconfite avant de s’arrêter quelques secondes dans l’intention d’éclairer mes lanternes – et c’était le cas de le dire!

« En fait, dans la journée, il y a un concours de costumes qui est tenu dans la cité, mais seuls les habitants de Caelum ont le droit d’y participer. Cela dit, ça n’empêche aucun étranger à se déguiser si l’envie lui prend! Il ne fera que rajouter un peu plus de couleurs dans ce si bel arc-en-ciel! »

En croisant les pépites dorées d’Hakiel, j’étirais un sourire. Cette fête, il semblait particulièrement l’affectionner. Je me demandais ce qu’il y avait de si spécial pour qu’il puisse ressentir un tel engouement pour la chose.

« Du coup, nous allons seulement lancer les lampions dans les airs?

- Pas seulement! Viens vite! C’est sur le point de commencer! Et je veux une barque super bien placée!

- Qu’est-ce qui est sur le point de commencer? » Demandais-je encore, ignorant des coutumes et traditions magiciennes pour la simple et bonne raison que je ne m’étais jamais vraiment intéressé à elles.

Si j’avais déjà tendu l’oreille à une ou quelques on-dit à leur propos, jamais je n’avais fait l’expérience par moi-même. Enfin, jusqu’à aujourd’hui. Et cette fois-ci, Hakiel s’abstins de tout commentaire, me tirant simplement par le bras pour que je le suive dans la foule. Sans lui opposer de résistance, je finis par calquer mes pas aux siens, mon regard se portant sur tout ce qui m’entourait. Je me galvanisais des odeurs, des couleurs, de la somptuosité des festivités, des bruits, du parler, du rose qui semblait gouverner la cité, de tout ce que mes sens pouvaient percevoir en résumé. De Caelum, je n’avais vu que l’extérieur, au loin, très loin, alors que ce dernier flottait entre ciel et terre, ne pouvant me douter, par ce simple aperçu, de la richesse que possédait les Mages bleus.

« Nous y voilà! » S’exclama joyeusement Hakiel en me pointant la grande et claire étendue de l’Océan.

Un sourire flotta sur mes lèvres et, sans poser le pied une seconde au sol pour prendre une pause, le Bélua me tira encore, impatiemment, pour nous diriger jusqu’aux barques. Une fois sur place, j’en louais une pour nous deux. Le gamin sur la proue de la petite embarcation, en train d’arranger nos lampions, j’étais condamné à pagayer pour nous amener au milieu de l’Océan, de manière à voir, dans toute sa splendeur, la cité des Magiciens. Pourtant, à ma grande stupéfaction, cette dernière s’était étrangement obscurcie depuis que nous nous étions éloignés de ses côtes. À ce constat, je voulus, de nouveau, interroger Hakiel sur le sujet, mais le petit garçon secoua négativement la tête pour m’en empêcher.

« Tais-toi, tends l’oreille et observe… Crois-moi, tu ne le regretteras pas. »

Et parce que j’avais confiance en mon petit protégé, je décidais de l’écouter et de me taire pour le reste de la soirée.

Nous attendîmes une minute, puis deux minutes, puis trois minutes… Rien encore ne se passait. Je restais calme les premiers instants, mais après une vingtaine de minutes d’attente, je commençais à me demander si tout s’était bien passé comme prévu. Avec cette guerre, mon Dieu, tout pouvait arriver. Et pourtant, alors que j’allais faire part de mes inquiétudes à Hakiel, un chant s’éleva doucement de l’île. Pour grandir. Pour s’amplifier. Pour résonner au plus profond de nos corps, paralysés par tant de beauté dans ces timbres. Le jeune et le vieux, le riche et le gueux joignaient leurs voix à celui de la Reine et des deux enfants pour ne former qu’une seule gorge, qu’une seule personne, qu’un seul hymne. Accompagné des musiciens qui étendaient tout leur génie pour ce spectacle des plus enchanteurs et émouvants, la scène, même si elle était peu visible à ma vue, caressait mon ouïe comme rarement, je l’avais senti. Nous étions silencieux dans notre barque, attentifs comme jamais aux chants qu’élevaient les Magiciens. Même lors du discours de l’Ultimage, que nous percevions malgré la distance, nous restions aussi muets que des carpes. Jusqu’à ce qu’au ciel, nous apercevions une faible lueur saumâtre monter dans les airs. Aussitôt, l’effervescence prit Hakiel, qui attrapa les lampions avant de m’en placer un, à toute vitesse, dans le creux de mes mains.

« Lance-la! » M’invita-t-il à faire, mais surpris, je ne bougeais pas tout de suite, relevant simplement la tête devant moi.

Et ce que je vis me laissa sans voix. Des centaines, des milliers de lampions roses s’élevaient dans les cieux, entraînés dans une valse des plus époustouflantes et merveilleuses que j’eus la chance d’apercevoir dans toute ma vie. C’était comme si la Voie lactée avait choisis de descendre au cœur de cette cité. À mes côtés, Hakiel tendit ses bras vers l’avant, laissant son lampion rejoindre ses frères dans ce bal étoilé. Poussé par le mouvement, j’imitais son gestuel, observant d’un œil brillant, bienveillant, ce ciel factice qui nous éclairait le visage de leurs reflets rosâtres.

« C’est beau, hein? » Souffla doucement Hakiel à mes côtés.

Je détournais difficilement mon regard de ce spectacle, me sentant pris d’une soudaine sérénité, d’une paisible et rassurante tranquillité. La beauté de ce décor m’avait plus ému que je ne l’avais pensé. J’avais encore un cœur pour ressentir l’effet d’une telle quiétude…

« C’est magnifique, Hakiel… On dirait que nous sommes…

- Au beau milieu des étoiles. Oui… J’ai la même impression que toi quand je regarde toutes ces lumières monter dans le ciel. Bon Lux in Caelum, Miles. »

Soudainement, le petit Bélua m’attrapa dans ses bras, collant sa tête sur mon torse. Je ne savais pas à quoi il songeait, ni à qui il pouvait penser lorsqu’il m’agrippait ainsi. Peut-être à sa famille éteinte? Ou à sa nouvelle famille qui venait d’émerger?

« Prions à la grâce et à la bonté de Suris pour nous faire vivre six cycles lunaires de plus pour revenir… »

À ces mots, j’esquissais un léger sourire, répondant à l’étreinte de mon petit protégé en lui entourant les épaules et en le serrant contre moi.


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Miles Köerta
Mar 27 Sep 2016, 05:25

Lux in Caelum
« J’ai vu une Voie lactée éclairer cette cité »

« Prions à la grâce et à la bonté de Suris pour nous faire vivre six cycles lunaires de plus pour revenir… »

Une impulsion. Un besoin irrationnel de me blottir dans ses bras. J’en avais besoin. À un point inimaginable que même Miles ne pourrait imaginer. Tout se passait si vite, si brusquement, que j’en gardais encore l’haleine courte, même si je n’avais pas couru. On avait l’haleine qui se hachait lorsqu’on courrait, lorsque l’on dépensait une grande quantité d’énergie pour une activité, mais moi, je n’avais ni couru, ni soulever des haltères, ni ne m’étais battu. J’avais seulement vécu. Mine de rien, on s’épuisait rapidement à vivre…

Je sentis les bras de Miles me serrer plus fortement contre lui et ce simple geste eut la suffisance de m’apaiser l’esprit. Mes pensées avaient tendance à s’envoler par moment et moi, j’étais soudainement devenu plus prompt à pleurer. Tout ce que j’avais appris ces derniers jours me perturbaient et entravaient tout ce que j’avais dans la tête. J’avais peur et j’étais content en même temps; j’étais intrigué, mais je ne voulais pas en connaître davantage en même temps. Est-ce que c’est ce qu’on appelait une contradiction? Sûrement. On m’en balançait tellement depuis mon retour des Terres d’Émeraude en plus: je commençais à m’habituer.

Enfin, pas complètement. Parce que ça me tuais de ne pas en connaître davantage sur cette ascendance à laquelle j’appartenais par le sang. Mon père, les Gandr, tout ça… C’était tout nouveau, c’était troublant, c’était excitant, mais si étrange en même temps. J’aimais bien cette expression, puisqu’elle englobait toujours plus qu’un état. « En même temps », ça voulait dire que nos songions à bien des trucs à la fois. C’était tout moi, ça. je ne pouvais pas penser simplement, succinctement: il fallait toujours que mes pensées s’en aillent vers le Nord – ou se perdent dans le Nord, je ne me souvenais plus de l’expression en fait. Bref, j’étais mitigé, mon esprit se faisant méchamment balayer par tout un vent de réflexions mêlant curiosité et confusion. Mais la présence de Miles à mes côtés ramenait mon esprit sur terre, comme une ligne de pêche à laquelle je ne pouvais pas me soustraire. En l’occurrence, je ne voulais pas m’en défaire. C’était tout ce qu’il y avait de plus familier pour moi: cette chaleur et ces bras protecteurs, c’était ceux de mon grand frère qui m’enveloppaient. Je n’avais plus honte de le dire ainsi, de tourner notre relation sous cet angle parce que les gens, autrement, ils croyaient que nous étions père et fils alors que c’était franchement bizarre! Miles paraissait-il si vieux que ça ou c’était moi qui semblait être trop jeune, suffisamment pour qu’on puisse se méprendre sur notre véritable lien? Bon, c’était vrai que ça nous faisait rigoler, mais de là à vraiment croire que nous étions parenté…

« Rest now… my warrior.
Rest now, your hardship is over.

Live. Wake up. Wake up.
And let the cloak of life cling to your bones.
Cling to your bones.
Wake up. Wake up.


[…] »


Surpris, je sursautais dans l’étreinte de l’Orisha, mais je ne me reculais pas pour autant, jetant un regard en l’air pour apercevoir la pomme d’Adam de Miles tressauter au fil de la chanson. Il reprenait le chant magicien d’une voix grave et pourtant mélodieuse, d’une voix que je ne lui connaissais pas jusqu’à aujourd’hui et pour cause, je ne l’avais jamais entendu chanter. C’était la première fois et peut-être même la dernière que je lui connaîtrais.

Il dût sentir mon regard pose sur lui parce que, sans arrêter de chanter, il me fit un clin d’œil, m’invitant, de ce fait, à joindre ma voix à la sienne.

« Je t’ai déjà entendu chanter et tu as une voix superbe. Ne la garde pas uniquement pour toi. Fais-la entendre aux Dieux qui nous préservent. »

Je ne me le fis pas dire une deuxième fois et, me détachant finalement de l’albinos, j’entrelaçais mon chant au sien. Plus aigu que celui de l’Orisha, nous formions par cette harmonie un duo que je n’oublierais jamais dans toute ma vie. Sans être directement en contact, j’avais l’impression d’être plus près de mon grand frère que jamais. Le son de nos voix s’élevaient et dansaient à la manière des lampions que nos voyions monter dans le firmament. C’était une valse douce et entraînante à la fois, qui m’emporta bien rapidement dans son énergie. Car ce n’était pas que nos voix qui reprenaient l’hymne: c’était aussi nos cœurs. Je souriais en chantant, mon visage tourné vers le ciel illuminé par toutes ces lumières lancées. Auparavant, je me trouvais dans une barque similaire avec mon Papa et ma Maman. Nous observions les lanternes monter haut, très haut dans le ciel, au point d’en éloigner les sournoises ténèbres de la nuit et d’éclairer, par leurs milliers de lueurs rosées, la terre de laquelle elles s’éloignaient. Malgré le renouvellement de l’expérience à chaque nouveau cycle, je ne pouvais que continuer à en être agréablement fasciné et ému. La beauté de ce spectacle grandiose n’avait de cesse de faire bondir mon cœur à toute volée et ce chant que nous venions de joindre ne faisait que renforcer ce sentiment d’union parfaite malgré tous les différends que nous avions pu essuyer par le passé. Autour d’une même cause, autour d’une même voix, personnifiée par la belle Ultimage sur son haut balcon, il me semblait que nous n’étions ni Bélua, ni Orisha, ni Magicien. Nous n’étions plus qu’une seule et même entité, notre voix me semblant résonner bien au-delà des frontières du continent. Nous étions unis sous ce firmament aux milles éclats, protégés et veillés par Sympan, le Dieu-Roi.


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Sam 01 Oct 2016, 18:29


Raphaël marchait dans les rues de Caelum. Ces dernières étaient très animées, des gens costumés discutant joyeusement, dansant, buvant. Une véritable ambiance festive. Le genre qu’il avait oublié depuis le commencement de la guerre. Entre celle des Anges et des Démons, puis celle des Dieux, il n’avait pas vraiment eu le temps de faire la fête et de s’amuser. Et avec les Aetheri qui essayaient désespérément de sauver leur peau en jouant avec le passé, n’aidait pas beaucoup. Il n’avait été envoyé que sur une mission, mais cela lui avait suffis pour comprendre quelques détails sur sa mission, et ce que cela impliquait. C’est peut-être pour ça qu’il était venu ici. Pour essayer de relâcher la pression, décompressée. Mais il n'y arrivait pas vraiment. Il avait beau voir toutes ses personnes danser, chanter, boire, s’amuser en somme, il n’arrivait pas à se mettre dans cette ambiance. Appuyer contre un mur, les bras croisés, il restait à l’écart, observant les gens. Toutes ses personnes qui s’amusaient alors que la guerre faisait rage à l’extérieur des murs. Il se demandait si c’était bien ou non. En un sens, cela permettait au peuple de se remettre et de penser à autre chose. Eh bien, au final ce n’était pas si mal.

Soupirant, le jeune homme secoua la tête, et s’avança, se mêlant à la foule. En tant qu’Elémental, il n’aurait sûrement pas dû être ici, et cela était sûrement déplacé, mais il s’en fichait. Et puis, après tout, n’était-il pas un fidèle de Sympan ? S’il ne pouvait pas profiter de quelques soirées organisé à sa gloire, à quoi cela pouvait-il bien lui servir de défier quasiment tout son peuple ? Souriant pour lui-même, il se mit à sourire, se laissant emporter par la joie aux alentours. Pour une fois, il laissa ses visions de côté, décidant de se couper un peu du monde, et de profiter de ce moment. Raphaël se mit alors à goûter à plusieurs gâteaux, et autre plats qui passaient par-là. Il parlait avec les autres, ayant quelques discussions avec des Magiciens. Certains lui expliquèrent même pourquoi cette fête se déroulait maintenant. Parce que oui, Raphaël était venu ici sans vraiment savoir ce qui se passait. Il savait simplement que cela commémorait en partie Sympan, et énormément Suris. Pour le reste… Son ignorance fit d’ailleurs rire le Magicien costumé. Un costume des plus coloré, et splendide, quoique, peut-être un peu trop criard. Mais au moins, c’était original. Il ne manquait plus qu’il finisse par croiser quelqu’un dans un costume de dragon, et cela le ferait bien rire. Suris était connu pour avoir souvent emprunté cette forme, bien que Raphaël était persuadé que les Dieux pouvaient prendre la forme qu’ils voulaient, belle ou monstrueuse, tant que cela leur convenait.

« Vous êtes vraiment venu sans savoir ? Eh bien, après six cycles lunaires, Caelum descend pour la troisième fois sur l’océan, et nous fêtons cela. D’ailleurs, dans la coutume, tout le monde doit être déguisé » Termina le Magicien en jetant un coup d’œil aux vêtements de Raphaël. « Mais je suis déguisé, c’est juste moins extravagant que vous. Et merci pour les informations, sur ce, j’y vais » Raphaël salua l’homme d’un geste de la main, et rejoignit la foule. Pour une fois, il avait fait un effort, ce qui était son costume. Il avait mis une chemise blanche, avec un veston marron, et un cravate de la même couleur. Il avait également mit un chapeau haut de forme, et des lunettes plutôt grosse entourait le chapeau, lui donnant l’air ridicule. Ces lunettes étaient de sa confection, des verres larges, soutenu par des cercles de métaux entourés de cuir. Bon, son « déguisement » ne volait pas bien haut, mais il s’en fichait, il n’était pas là pour ça. Il voulait seulement s’amuser. Alors il profitait comme il pouvait.

Lorsque fut venu le moment d’aller voir le discours, l’Elémental se téléporta sur la place devant le château. L’endroit était déjà bondé, les gens attendant avec impatience l’apparition de la Reine. Pendant quelques instants, il se demanda comment est-ce qu’elle allait se débrouiller devant toute cette foule. De ce qu’il avait pu voir d’elle, elle n’était pas très à l’aise à parler aux autres, et il n’y avait pas besoin de l’observer bien longtemps pour comprendre cela. Enfin, qui pouvait réellement être à l’aise à parler devant tout le monde ? Il suffisait de dire un mot de travers, et de bafouiller pour que tous descendent en flèche la réputation que le titre de roi ou reine procurait. Personnellement, il serait sûrement incapable de le faire. La seule fois où il avait parlé devant une foule, qui ne l’écoutait pas vraiment d’ailleurs, il avait détesté. Il passait plutôt son temps à faire l’idiot, et ridicule devant tout le monde, il se sentait plus à l’aise comme ça. Personne n’attendait rien de lui dans ce genre de moment. Alors parler devant toute une foule qui attendait tant de ce discours. Non merci, il préférait largement rester dans cette même foule, et attendre tranquillement. Il était donc très mal placé pour critiquer. En fait, il devrait plutôt aller se terrer au lieu d’avoir des pensées aussi stupides.

Raphaël attendit donc l’apparition de l’Ultimage dans sa robe orangé, avec des broderies doré. Comme beaucoup, il la voyait plutôt mal, la ville étant seulement éclairé par la lumière de la lune, mais malgré ça, il pouvait voir sa beauté. Personne ne pouvait lui retirer ce point, elle était une femme splendide. Hésitant, et sûrement un peu trop naïve pour son rang, mais magnifique. A son entrée, tout le monde mit la main sur le cœur, sauf les étrangers, comme lui, qui avait seulement le nez en l’air. Il se demandait ce qu’ils attendaient tous ainsi. Puis commença la musique, et le chant. Un chant harmonieux, et très touchant. Ne connaissant pas les paroles, et n’étant pas un très bon chanteur, il préféra simplement écouté. Après quelques minutes, le chant se termina, et la Reine s’avança, droite et fière. Eh bien, sa position était bien différente, tout comme sa manière de parler lorsqu’elle commença son discours. En écoutant ses mots, il n’arrivait pas à douter de ce qu’elle disait, et pourtant… Il avait vu la vérité. Il ne savait pas vraiment de qui était l’enfant, mais il savait qu’il n’était ni de Zane, ni de Caleb. Un cadeau des Dieux peut-être ? Non, quand même pas, pourquoi auraient-ils fait ça ? Enfin, qui était-il pour essayer de comprendre les pensées des Aetheri ? Et puis, cette histoire ne concernait pas ce qu’il protégeait, alors pourquoi essayer de démêler cette intrigue ? Pourtant, cela le rendait curieux de ne pas savoir, et il voulait en savoir plus, ne serait-ce que pour l’occuper, et s’entrainer à comprendre les complots qui semblaient se produire en permanence dans ce monde. Lutte de pouvoir, ambition bien trop grande, qui menaçait de détruire ce monde à chaque fois.

A la fin du discours, la Reine lâcha le lampion qui s’envola dans le ciel. D’autres lâchèrent des lampions, qui illuminèrent le ciel. « On devrait aller jusqu’au barque, le spectacle est magnifique vu de l’océan » Entendit l’Elémental de personne à côté de lui. Un sourire apparut sur ses lèvres, et il se téléporta directement dans l’eau. Avec son pouvoir, il se maintint au-dessus de la surface, seules ses chevilles étant plongé dans le liquide. Il observait les lumières monter dans le ciel, un peu comme des lucioles qui illuminait le ciel. Mais pas que. En baissant les yeux, il pouvait voir le reflet des lampions sur l’océan tranquille. Une chance que l’océan soit de leur côté cette nuit. Il aurait pu y avoir une tempête. Les yeux de Raphaël passaient de l’eau au ciel, profitant du spectacle. Lorsqu’il en eut assez, il se téléporta à nouveau dans la ville de Cael, continuant de se balader. Les chants continuaient de résonner un peu partout dans la cité, célébrant Suris le Dieu dragon. Raphaël en connaissait certains, mais préféra écouter, et continua ses discussions. Petit à petit, il se sentait un peu plus joyeux, et ne regrettait pas d’être venu. L’Elémental fut même prit dans une danse. D’abord maladroit, ses partenaires rirent, mais l’encouragèrent. Il prit le pas assez rapidement, son pouvoir lui permettant d’apprendre assez vite pour connaître les pas avant la fin de la musique. Il passa donc la nuit avec les Magiciens, riant et s’amusant, mangeant un peu tout, jusqu’à la fin de la fête. Tout le monde rentra chez lui, alors que lui restait dehors. Il restait assis sur le toit, observant les étoiles.


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Miles Köerta
Dim 02 Oct 2016, 15:28

Lux in Caelum
« La fête du sixième cycle lunaire »

Ëm était retourné auprès de nos montagnes, il y a quelques jours de cela, et j’aurais bien aimé le suivre si seulement mes blessures, suite à mon passage dans le nouveau bâtiment sorcier, ne s’étaient pas ré-ouvertes durant une nuit où je m’étais plus agité que recommandé. Nicolas m’avait aussitôt assisté, prenant soin de moi avec patience, un sourire toujours accroché sur la commissure de ses lèvres et ce, même si je la savais quelque peu remontée contre moi et mon compagnon. C’est pourquoi, à quelques reprises, je crus voir un sourire factice, jaune, danser sur son visage lorsque nous tentions de lui parler, comme si l’automatisme de sourire était inscrit dans ses gênes et qu’elle ne pouvait en faire autrement malgré les circonstances. Disons, aussi, que notre première discussion s’était étrangement déroulée et j’admets avoir pensé, pendant plusieurs jours d’affilée, qu’elle devait être folle, elle aussi, comme le trois quart de tous ces fanatiques religieux qui donnaient peine et misère aux autorités des différents gouvernements raciaux. Cependant, au fil des heures passées avec elle, à discuter de tout et de rien, du bon comme du mauvais temps, je commençais à trouver que Nicolas n’était pas folle à proprement parlé: elle possédait plutôt quelque chose de spécial, qui paraissait étrange et curieux à la fois, car même si elle entendait des voix qu’elle seule percevait, elle ne semblait pas dérangée d’une quelconque maladie mentale. Elle conversait vraiment avec quelqu’un, invisible aux yeux de tous, mais pas de ses yeux à elle. Cette vie m’aurait au moins appris une chose d’essentielle: c’était de ne jamais juger ce que je ne percevais pas moi-même, puisqu’il y avait des gens plus sensibles ou plus doués qui, eux, voyait ou entendait des choses que la majorité ne connaissait même pas l’existence. Mais, comme mis en lumière il y a peu, je n’avais pas les capacités qu’avait Nicolas et, par conséquent, je ne pouvais pas vous éclairer plus que ce que j’avais fait sur le sujet, mais, vous en conviendrez, la jeune femme qui se trouvait être ma guérisseuse attitrée était spéciale. En quoi? Pourquoi? Seulement parce qu’elle entendait et voyait des choses que l’œil du commun des Mortels ne voyait guère? Entre autre…

« Asche! Êtes-vous réveillé? »

Je tournais lentement mon visage dans sa direction, croisant ses grandes pupilles ambrées. Aujourd’hui, étonnamment, elles pétillaient d’un feu énergique, enivré, excité…

« Qu’y-a-t’il? » Lui posais-je, intrigué par ses yeux de gamine.

Je me redressais avec précaution sur le matelas de ma couche, gardant une certaine prise sur mon flanc gauche tant cette partie spécifique de mon anatomie me faisait souffrir. En me voyant grimacer de douleur, Nicolas se précipita à mon chevet, posant ses doigts glacés contre le bandage qui m’enserrait la taille.

« Ne forcez pas trop. Vous êtes encore convalescent même si la majorité de vos blessures ont cicatrisé.

- Je déteste ne rien faire. J’ai besoin de bouger, constamment, tentais-je de me justifier, mais Nicolas me lança un regard tranchant, qui contrastait au sourire délicat qu’elle m’adressait.

- Je comprends, mais ne vous forcez pas », répéta-t-elle d’un ton catégorique et délicat en même temps.

Je me tus, la fixant longuement, avant de fermer les yeux et de soupirer, signe de ma capitulation.

« Pourquoi m’avoir appelé? »

Étirant ses lèvres en un sourire victorieux, comprenant que je n’allais plus m’entêter, Nicolas recula de quelques pas pour se poser près de la table basse qui longeait le mur de ma chambre de convalescence, jetant un coup d’œil au contenu de ma tasse, vide à cette heure.

« Connaissez-vous le Lux in Caelum?

- La fête magicienne?

- Précisément.

- Oui, cette fête ne m’est pas étrangère », admis-je en me rappelant qu’à cette occasion, l’Île entre Ciel et Terre descendait de ses nuages pour rejoindre le sol des terres du Yin et du Yang.

Débarrassant mon plateau, Nicolas revint dans ma direction.

« Est-ce qu’y aller vous plairait? »

Je gardais le silence durant quelques secondes avant de répliquer, amusé:

« … Mais ce n’est pas vous qui me disiez que j’étais conva–

- Pour le moment, me coupa-t-elle en rigolant. Cependant, le jour des festivités, vous vous porterez cent fois mieux », me confia-t-elle en un doux sourire.

Je réfléchis à sa proposition avant de lui signifier mon consentement d’un hochement de la tête. Lorsque le moment serait venu, je m’engageais à partir pour découvrir en quoi constituait cette célébration étrangère. Puis, tant que je partais d’ici, dégourdissant mes jambes que je trouvais molles, j’étais prêt à la suivre n’importe où, ce qui, en toute vraisemblance, plut énormément à Nicolas qui, le jour tant attendu, me sortit de mon lit de convalescent tout en me tendant une canne pour mieux me soutenir durant le voyage. Si je me sentais plus en forme que je l’avais rarement été, il restait que ma blessure au flanc gauche, justement, persistait contre tous les traitements et les mixtures que m’avaient donnés Nicolas.

« Elle guérira, comme le reste de vos blessures », m’assurait-elle lorsque je m’inquiétais un peu trop de l’état ralenti de recouvrement de cette lésion.

Cela dit, cette blessure ne m’empêcherait pas de parti de cette cabane pour rejoindre la capitale magicienne. Sur place, je fus ébloui par la couleur des décorations et les costumes habillés par les habitants de Cael. Cependant, malgré toutes les couleurs chatoyantes que les Magiciens avaient étendus à même les briques de leur maison, il y avait beaucoup de monde sur la place centrale et dans les rues avoisinantes. Handicapé comme je l’étais aujourd’hui, me frayer un chemin, même avec l’aide de Nicolas, s’avérait être une tâche ardue. En me voyant claudiquer de peine et de misère à travers la foule, la jeune femme m’invita à prendre son bras, que j’agrippais sans discuter, et elle me dirigea, lentement, dans la direction qui s’opposait à celle empruntée par les locaux de la cité.

« Les festivités ne se déroulent pas devant le palais royal?

- Oui, mais je connais une place où la vue est bien meilleure. Faîtes-moi confiance. »

Lentement, mais sûrement, nous parvînmes à nous extirper de la masse pour rejoindre un petit plateau en hauteur, là où quelques maisons avaient été construites et où l’on pouvait apercevoir la ville dans toute sa grandeur. À cette hauteur, je me disais que nous avions certainement la même vue que l’Ultimage devait avoir lorsqu’elle se plaçait sur son balcon, ses yeux balayant l’ensemble des visages qui la contemplaient, fascinés. Nicolas s’assit dans l’herbe et j’en fis autant, bien heureux de donner une petite pause à ce pauvre côté gauche.

Nous attendîmes en silence que la Reine apparaisse sur le balcon de son palais et lorsqu’elle se montra enfin, nos yeux ne purent se détacher de sa silhouette. Si Nicolas ne voyait qu’une mince robe tout de orange, grâce à ma Vision d’Aigle, pour ma part, j’étais en mesure d’observer la Reine magicienne comme si elle se tenait en face de moi. Elle était belle et royale, sa chevelure d’un noir obsidienne reluisant de milles reflets bleus. Je la contemplais longuement, fondant littéralement à l’entente de son chant. Cette femme était magnifique et malgré toutes les horreurs qu’elle avait vécues, notamment avec cette ridicule histoire sur la paternité de l’enfant qu’elle portait ainsi que la disparition du Lac de la Transparence, elle restait debout face à l’adversité et face au danger. Elle restait forte ou essayait-elle de le montrer. Enfin, je n’étais pas le mieux placé pour savoir ce qui pouvait se passer dans la tête de ces Reines.

Puis, elle entama un discours, que j’écoutais attentivement, sursautant à la mention du père de l’enfant: Caliel Araé-Suellan. N’était-ce pas le grand gagnant des jeux orchestrés par les Mages bleus pour connaître celui qui obtiendrait la main de l’Ultimage? À apprenant cette nouvelle, mon esprit se détendit et un sourire s’esquissa sur le pan de mes lèvres. Alors toutes ces rumeurs comme quoi le Démon était le père de cet enfant n’étaient vraiment que des mensonges après tout. C’était rassurant.

« Asche, ton lampion! » S’exclama brusquement Nicolas en sortant son lampion de sa besace ainsi que la mienne.

La jeune femme tendit son lampion dans les airs et attendit. C’est alors que le premier lampion, tiré par la Reine blanche, s’envola dans les cieux et dans un même mouvement, tout le reste des lampions le rejoignit dans le firmament. J’en fus époustouflé, mon visage se laissant caresser par les lumières qui dansaient, comme un bal de lucioles, dans le ciel. Je souris, mon esprit se laissant bercer par les chants qui, dès lors, se mirent à s’élever. À mes côtés, Nicolas m’attrapa le bras et posa sa tête contre mon épaule. Si je sursautais à ce contact, je ne reculais pas pour autant, nos yeux tournés vers le ciel rosé.


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Merci pour ce LDL, Edoudou
Je me suis vraiment amusé à les écrire ^^



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Lun 03 Oct 2016, 13:33


Je finis d'ajuster les voiles qui m'entouraient les bras. Un collier doré ornant ma gorge et quelques perles sur ma longue crinière noire d'ébène, donnaient un aspect coquet à la tenue. Je pris un pinceau, l'imbibant d'un baume rouge dont je peins la commissure de mes lèvres, avant d'en vivifier la pulpe et les extrémités. Des voiles d'un beige transparent enveloppaient la longue robe auburn claire dont les motifs floraux travaillés achevaient la discrétion avec une touche d'élégance. Autrefois portée par la Matriarche, toute femme s'en dépossédait à son mariage pour laisser sa chance à toute autre n'ayant pas encore trouvé de parti. Je trouvais le conte romantique mais doté d'une pointe de tragédie, car cela faisait du mariage une réussite mais également l'objet d'une perte, de liberté, de possession et d'histoire. Attachant à mon avant-bras, un serpent doré, je chaussais la pointure en tissu qu'on m'avait apportée, m'approchant de la fenêtre. Je repensais au terrible incident survenu au Lac de Transparence pendant un de mes voyages, dépitée de pas m'y trouvée et en même temps rassurée d'avoir eu la vie sauve. Sombres souvenirs pour toute notre nation, la reine des soulevait avec amertume et des airs de vengeance. Les autres annonces étaient plus porteuses d'espoir, une naissance royale étant attendue, visiblement le fruit d'une liaison amoureuse et non d'un simple accord passé par de vieux séniles autour d'une table, par la romance d'une simple signature sur un parchemin.

Des chants résonnaient au coeur des artères illuminées, et les parois de la bâtisse ne coupaient que peu mon monde de celui extérieur. Des rires d'enfants éclataient de toutes parts, communément habitués à la paix et non aux atrocités des Hommes qui se déchirent entre eux. Les retrouvailles étaient vivifiantes, et les festivités un cadeau du Dieu Unique pour les plus persévérants. De larges défilés se produisaient sur les pavés légèrement humides depuis la nuit tombée, de nombreux marchands profitant de cette soirée divine pour exposer leurs plus belles œuvres et attendre une récompense à leur art. Des choeurs laissaient libre cours à l'imagination, chantonnant légendes et mythes. Le concours de déguisements n'étant ouvert qu'aux habitants de la cité, il m'était impossible d'y prendre part. Ma famille insista toutefois à ce que ma tenue n'en soit pas moins conventionnelle.

Des voix se faisaient entendre au rez-de-chaussée, pleines d'une rare joie de vivre. Le manoir surplombait une partie des quartiers modestes, offrant toutefois une vue imprenable sur le paysage idyllique. Les Di Raziel ne cessaient de chanter les louanges de cette construction, l'île étant à leurs yeux une des plus grandes merveilles qui n'ait jamais vu le jour. La marche hâtive des serviteurs véhiculait l'importance de l'événement. Les effluves d'un met succulent se propageaient peu à peu, affamant les plus gourmands, tandis que les autres décelaient plutôt les accords harmonieux des crèmes glacées prévues pour le dessert. Le dîner n'en réunissait que quelques uns, mais des liens se créaient entre les jeunes et les anciens. Mon neveu nous rejoignait le soir-même, ayant connu quelques difficultés en voyage.

On frappa à la porte.
'' Es-tu prête ma belle ? L'homme s'introduit dans la chambre dès que je lui en donnai l'autorisation.
- Oui, je vous remercie. J'accueillis l'homme d'un grand sourire, m'apercevant que son regard me parcourait de haut en bas. Il m'admirait, ce que je ne pouvais lui reprocher, non pas par arrogance, mais bien de par le lien qui nous unissait. Je regardai sa tenue, souriant devant l'armure scintillante qu'il portait, digne des plus grands chevaliers. Sa chevelure dorée s'échappait par les mailles mal serrées, mais l'allure générale était harmonieuse. - Vous êtes des plus charmants ! fis-je, en riant doucement.
- Ne te moque pas de moi, Eulalie. Il est difficile de trouver un déguisement adéquat à mon âge.
- Vous êtes bien trop sévère avec vous-même. Voilà tout. ''

Une pause silencieuse interrompit la conversation, lors de laquelle il m'aidait à nouer les dernières ficelles à l'arrière de ma robe. Ses mains se posèrent sur mes épaules quand il se trouva dans mon dos, tandis que je faisais face à un miroir. Il me regardait sincèrement, l'air attristé. Je me sentais toujours une enfant quand nous étions ensemble. Il avait le don de me rajeunir, de me faire revenir à mon innocente jeunesse, lorsque je séjournais encore chez eux, de longs cycles durant afin d'apprendre et perfectionner la magie.

'' Tu ne nous visite que trop rarement. Tu devrais rester de temps à autre… »
- Je n'arrive pas encore… à le côtoyer… Il comprit de suite à quoi je faisais référence, et ne put qu'afficher un regard bas, presque honteux. Lui qui ne courbait l'échine devant personne, lui qui était si attaché à sa famille et l'avait toujours faite passer en priorité, ne pouvait en rien corriger les erreurs de sa descendance. Evegni, son fils, avait mal tourné à ses yeux, mais il savait en être la cause.
- Je comprends. Mais il est souvent absent. Ça nous ferrait plaisir de savoir ce que tu deviens. fit-il aimablement, m'invitant à prendre les escaliers pour rejoindre les autres en bas. - Irinei t'accompagnera pour le voyage de retour. Elle doit se rendre au manoir familial pour les derniers préparatifs. J'ai cru comprendre que l'événement avait soulevé l'intérêt d'une famille qu'on ne s'attendait pas à recroiser.
- Je lui donnerai volontiers un coup de main, si jamais elle a besoin de quoique ce soit. Puis-je savoir de qui il s'agit ?
- N'est-il pas vrai que tu héberges actuellement une jeune femme sous ton toit ?
- Absolument. J'ai contacté Inokentia avant d'accepter la demande qu'on m'avait faite. J'espère qu'elle ne vous a pas causé de tord, ou le moindre inconvénient par Dieu sait quel moyen !
- Pas le moins du monde. Rassure-toi. Sa famille en a juste… profité dirons-nous pour renouer des liens usés et presque coupés. C'étaient des circonstances exceptionnelles, ce qui explique que la malédiction soit restée inactive. Je ne comprends pas pourquoi ils refont surface maintenant…
- Les Djadeskoven n'ont jamais été ni ennemis ni alliés. On peut au moins leur laisser le bénéfice du doute et voir comment leurs représentants lors de la Rencontre agiront. C'est sûrement l'option la plus diplomatique.
- Le conseil, l'Aimra'a, y songe justement. Toutefois, ils ont presque refusé d'y assister, préférant envoyer leurs cinq enfants.
- Je croyais qu'ils étaient six ?
- C'est encore plus compliqué. '' souffla-t-il.

Je me résignai à cette seule explication, ne m'intéressant que trop peu à cette branche fantôme que les relents de la guerre avaient faits surgir. Je saluai les déguisements de mes congénères, certains ayant investi plus d'efforts que d'autres. Aussitôt l'ange arrivé, nous sortîmes, déjà désolés d'avoir raté le discours de la reine, bien que nous ayons connaissance de ses paroles. Je mis un pied hors du seuil du manoir quand j'entendis la voix de l'Ultimage résonner. L'on m'avait parlé en détail de la cérémonie, mais j'en ignorais la beauté et la splendeur. Sa voix avait quelque chose de touchant et d'émouvant, avec des accords graves par moments, le tout enrobé d'une douceur coupable. Elle se portait sur toute la capitale, se logeait dans tous les coeurs l'admirant ou l'écoutant. La main de Nahestël qui tel un gentilhomme m'enserrait la ceinture pour me protéger de la foule grouillante, sembla trembler d'émoi l'espace d'un instant.

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Lun 03 Oct 2016, 19:26


Une pause… C’était tout ce qu’il fallait… L’équipage était harassé… les catastrophes pleuvaient partout sur le territoire Yinois. Chaque rencontre devenait synonyme d’épreuve. Chaque halte cachait une nouvelle horreur… Celle que la guerre des dieux ne viennent à conduire toutes les populations à se révolter les unes contre les autres… A tel point, que même les seuls moments considérés comme du repos n’était autre que ces instants bénis où le Libertad flottait librement sur les mers et océans. Ces instants où les abordages des navires marchands et innocents reprenaient le sens qu’il n’aurait jamais dû quitter, et permettre de donner un ultime chemin à suivre. La voie que la piraterie ne quittait pas d’ordinaire.

- Tu ne penses pas faire une escale quelque part ? Ce serait préférable.. la plupart d’entre eux ont un besoin de repos évident…

Les marins sur le pont illustraient les propos d’Azraël de la meilleure manière. Avec toutes les difficultés du monde, ils faisaient tourner le cabestan pour que l’ancre remonte une nouvelle fois. En haut des mâts, nombre de gabiers ne trouvaient plus l’énergie suffisante pour tendre davantage les cordes, et, au contraire, étaient actuellement en train de tenter de dormir, malgré le risque, dans les voiles qui n’étaient pas complètement dépliées. La capitaine observa la scène.. Son regard fut attiré par quelques séquelles de la mutinerie. Du bois brûlé à certains endroits sur le pont et la balustrade… Il aurait été possible de faire réparer ces menus dégâts… Mais pourtant, cela ne faisait pas partie de ses souhaits. En effet, tant que les coupables de ces crimes n’étaient pas éliminés, la trace de leur forfait se devait de perdurer. D’un mouvement las de la tête, Lilith opina alors.

- Je sais… J’ai remarqué. Beaucoup d’entre eux ont surtout besoin d’un peu d’alcool, nous sommes à sec.
- Et de divertissement…
[/color]- Tsakiel… Cette conversation ne te concernait pas…
- En tant que second, le bien-être de l’équipage m’importe énormément.

Lâchant un franc éclat de rire, la rouquine toisa l’Alfar.

- Ah oui ? Et c’est une vocation nouvelle ça, non ? Parce que je ne t’ai jamais entendu t’en inquiéter jusqu’à présent…
- Si ma capitaine voulait bien m’écouter quelques instants… Je suis certain que tu verrais où je veux en venir…
- Ta capitaine… maugréa Azraël, passablement de mauvaise humeur. Qu’est ce qu’il t’a prit de nommer ce guignol second du Libertad, Li ? Il est fourbe, ambitieux, et n’est qu’un flatteur qui cherche les embrouilles…

Lilith posa une main sur le bras d’Azraël pour que ce dernier se calme. N’ignorant pas l’inimitié entre les deux hommes, ne pas la prendre en compte s’avérait être une erreur que la jeune pirate ne commettait pas, et la poussait à s'ingérer un peu plus dans des relations auxquelles pourtant, elle ne souhaitait en aucun cas être mêlée.

- C’est sans doute précisément pour cela que je le veux… Qui d’autre pourrait me proposer ses idées tordues ?
- Ravi d’entendre que mes idées te plaisent, mais cette fois, je te propose un peu de relaxation… Et ce sera bon pour tout le monde. Nous sommes juste à quelques lieues de Caelum. Et il s’agit d’une fête… Lux in Caelum. Tu as dû en entendre parler, non ?
- Tu sais, les magiciens et moi, c’est pas mon truc. Je te rappelle que c’est toi qui a cherché les potins mondains pour savoir que l’ultimage avait organisé un tournoi pour sa main.

Un fin sourire apparut sur le visage de la rouquine, non pas en raison du fameux tournoi, mais bien pour l’assaut menée dernièrement contre le Prince Henry, prétendant à la reine.

- J’ai vu oui, mais cette fois, il s’agit de la descente de Caelum sur l’océan, compte-tenu de l’endroit où nous nous trouvons… Je suppose que c’est un événement à ne pas rater…
- Je t’arrête… Les dernières festivités auxquelles nous avons marqués une halte, c’était Pabamiel… tu te rappelles des conséquences ?

Le visage de la capitaine s’était durci, trop de ses hommes avaient péri ce soir là pour qu’elle ne s’enorgueillissent de la défaite massive des pro-aetheri lors de cette soirée. Le réprouvé poussa un soupir.

- Ecoute… C’est pas forcément une mauvaise chose. Les magiciens sont pacifiques… Enfin… Ils n’organiseront pas de tels évéments…
- En fait, vous êtes en accord tous les deux que lorsqu’il s’agit de me contredire… Très bien… Va pour Caelum… Nous nous reposerons quelques heures…

D’une voix forte, la rouquine s’adressa alors à son équipage, qui, de leur côté, ne masquèrent aucunement la joie qu’ils ressentaient de pouvoir être présent dans de telles circonstances. Les desseins de la plupart d’entre eux n’étaient pas ce qu’il y avait de plus honnêtes, dans la mesure où la fête rimait dans leur esprit avec l’ivresse et les débordements… Pourtant, c’est dans un esprit presque bon enfant que le Libertad mouilla à proximité de Caelum.
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, l’équipage se retrouva à terre, au milieu d’une foule visiblement apaisée. Etrange contraste avec la vie actuellement menée par ailleurs… Cette folie ambiante des religions dont la violence n’avait plus de limite rendait cette fête presque irréelle. Au point de mettre la rouquine légèrement mal à l’aise.

- Ca manque d’effusions de sang à ton goût, capitaine ?
- Ferme-la, Tsakiel… T’as voulu venir ici… Je t’en prie… Profite davantage de tout ça…

Le sourire de la pirate se fit mauvais, n’ayant pas du tout envie de partager des instants plutôt… délicats en compagnie de l’Alfar. Ce dernier afficha un sourire de façade puis adressa un dernier regard sombre à Azraël, définitivement satisfait de la tournure des événements.

- Eh bien… S’il faut attendre la fête de Lux in Caelum pour passer un peu de temps seul avec toi… C’est pas gagné…

La rouquine saisit le bras de son ami en lui adressant un sourire charmeur.

- Au moins, tu ne pourras pas te plaindre ! Je t’ai choisi ce jour pour partenaire, ce n’est pas ce que tu veux ?
- Entre autre, oui… souffla le réprouvé.
- Parfait… Tu vas être mon guide ? La dernière fois que j’ai mis les pieds ici, je n’en ai que de très vagues souvenirs pour être honnête…

Elle venait de perdre conscience, Wriir l’y avait amené avant de disparaître, et ses seules préoccupations à son réveil n’avait été que l’état du Libertad… Le réprouvé mit le doigt devant la bouche de la rouquine, et tira sur son bras.

- Viens, ça va commencer !

Sans attendre, il l’embarqua alors au milieu d’une place centrale où une femme dominait la foule. Très belle, sa longue robe la mettait parfaitement en valeur. Deux enfants se tenaient de chaque côté de la jeune femme. Sans même la connaître, son identité s’imposait. L’ultimage.. Aux premiers mots qu’elle prononça, cette idée s’affirma évidemment. Un nouveau sourire satisfait se dessina sur le visage de la pirate lorsque la foi envers Sympan fut évoquée. Enfin, une évidence qui ne pouvait être remise en cause… Le lac de la transparence… Lilith grimaça légèrement, elle en avait entendu que vaguement parler… Compte-tenu des mines consternées et du discours prononcé, l’événement était d’une gravité plus importante que ce qu’elle avait estimé… A nouveau, son faciès s’illumina légèrement à l’évocation de la compétition pour la main de la belle ultimage, ne pouvant s’empêcher de songer à son second, qui, quelque part au milieu de Cael, devait entendre les mots de la reine. Ce dernier ne tarda d’ailleurs pas à faire son apparition dans son dos.

- Tu vois qu’en plus j’avais raison aussi que le fait qu’elle soit enceinte…
- Tsakiel… Je finirais par croire que tu voues un culte à Edwina Nilson… souffla la capitaine.
- Tu en serais jalouse, j’en suis sûre..
- Je la plaindrais surtout..

Azraël attira alors la jeune pirate contre lui, crispé de constater qu’une nouvelle fois, le tête à tête prenait fin bien prématurément… Il soupira pour ne pas entendre les inepties échangées, et surtout, espéra pouvoir se concentrer sur autre chose. Il attira l’attention de la pirate une nouvelle fois, déterminé à ne pas prêter plus d’attention que cela à la présence de l’importun.

- Li, profite un peu des festivités… Regarde…

A cet instant, la gracieuse reine se saisit d’un lampion et le relâcha pour que ce dernier prenne son envol dans un mouvement plutôt apaisant. Ce dernier fut le premier d’une colonie de lumière qui ne s’arrêta plus comme s’il s’agissait d’un immense ballet aérien. De toutes parts, les magiciens créèrent de multiples lanternes, imitant leur reine comme un seul homme.. Au loin, ces derniers survolaient en partie les flots.. Des cris d’enfants émerveillés face à ce ciel illuminé par cette lueur délicate faisait écho au comportement des attitudes, peut-être plus silencieux, mais non moins satisfaits. Une forme de bonheur se lisait sur l’ensemble des visages, poussant la rouquine à un mutisme des plus complets.

- Tu sais que c’est pas tout à fait le comportement que j’espérais de ta part, li ?

Des chants cette fois furent entonnés un peu plus loin… Suris, Sympan… Des chants plein d’allégresse… Définitivement, la capitaine sentait ce malaise s’emparer d’elle et croître sans cesse.

- Je me doute… Faut croire que je me suis définitivement habituée aux tavernes enfumées aux chants graveleux..

Son sourire se fit plutôt maladroit. Incapable de partager le bonheur ambiant, qu’il s’agisse des rires, des chants ou des danses, Lilith ne se sentait pas à sa place. Peut-être que la sincérité qui émanait de son entourage n’était plus une sensation qui lui était trop commune.. Une déconnexion dont elle n’en avait pas vraiment conscience…  Dépitée face au visage décomposé de la rouquine, le réprouvé poussant un franc soupir. Il ne pouvait pas lui apporter la moindre aide cette fois..

- J’ai compris… Viens avec moi, on retourne sur le Libertad… a défaut d’être bien entourée, tu pourras toujours profiter d’une partie du spectacle…

D’un geste de la main, il désigna le ciel enflammé et emmena la rouquine loin des festivités sous le regard amusé di second du galion pirate.





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Lun 03 Oct 2016, 23:21

Dès lors que l’on s’intéressait aux coutumes magiciennes, il devenait difficile d’ignorer l’existence d’une cérémonie au symbolisme étrange qui se déroulait à plusieurs cycles lunaires d’intervalle. Il s’agissait d’une joyeuse célébration où l’amusement était de mise et où l’on pouvait assister à un concours de déguisement des plus raffinés. La fameuse fête était décrite avec une précision frappante dans les livres qui s’amassaient sur le bureau de Callidora, et cette dernière laissait libre cours à son imagination pour imaginer la force du rituel des lampions sur les coeurs des participants. C’était étrange de se dire que le simple lâcher d’une construction éphémère suffisait à ranimer la bonne humeur, et quelque chose d’infiniment plus sacré, un sentiment vigoureux qu’on nommait l’espoir. Confortablement installée dans son fauteuil à bascule, elle ne cessait de dévorer les précieuses pages et parcourait d’un doigt attentif les nombreuses illustrations, faisant naître des tableaux de toute beauté sous ses paupières. Une distraction plaisante qui agrémentait ses heures de repos. Et puis, la nouvelle lui était parvenue. La jeune femme s’était donc tout naturellement rendue à Caelum à la date prévue, ravie d’avoir l’occasion de se rendre à un tel événement. Un jour de fête pour égayer des êtres épuisés par une guerre monstrueuse lui semblait parfait. En réalité, elle profitait de cette incursion imprévue dans la cité des Magiciens pour une toute autre raison que personne d’autre qu’elle ne connaissait. Arborer un sourire enthousiaste était cependant de circonstance.

La fugace impression de se trouver prisonnière du rêve d’un enfant avait saisi la Rehla sitôt qu’elle avait franchi les portes de la ville. Se rendre à Caelum de bonne heure présentait l’immense avantage de lui laisser toute la journée pour accomplir ses desseins, et elle savait qu’il lui faudrait toute l’allégresse de la fête pour lui donner le courage de s’y atteler. Une certaine appréhension poignarda son ventre lorsqu’elle pénétra dans les rues somptueusement décorées. Une sourde inquiétude grandissait en elle, et quoi qu’elle fasse pour s’en détourner, celle-ci venait immanquablement harceler son esprit. Mener une telle lutte allait l’épuiser à une vitesse folle si elle ne se changeait pas les idées dans les prochaines minutes. Décidant de focaliser son attention sur les nouveaux venus, elle observa les visages s’émerveiller face à la naissance d’un spectacle haut en couleurs. Il fallait avouer que les habitants redoublaient d’ingéniosité afin de mettre toutes les chances de leur côté. Remporter le concours ne représentait pas seulement une victoire. C’était aussi une question de fierté, et elle crut comprendre en saisissant des bribes de conversation que certaines familles se livraient une compétition acharnée pour départager les meilleurs. Selon la légende, le fameux lampion doré accroché au-dessus de la porte assurait honneur et prospérité à la fratrie pour l’année à venir. Inutile de dire que tous s’arrachaient la récompense. La brune ne put s’empêcher de sourire. Quelquefois, la concurrence amenait à l’excellence, elle l’avait appris à ses dépens.

Elle-même avait choisi de revêtir un déguisement qu’elle appréciait particulièrement pour avoir passé plusieurs jours à le composer. Une activité pour le moins banale qui était parvenue à la détendre et à lui faire oublier la terrible vision qu’elle avait entrevue peu de temps auparavant. Ainsi, elle se déplaçait doucement, un air d’innocence sur le visage souligné par la blancheur de sa tenue. Il s’agissait d’une robe à la forme surprenante, faite de plumes immaculées au dos de laquelle elle avait maladroitement fixé une structure duveteuse qui s’apparentait à des ailes. Pour compléter le tout, un masque orné de noir et de blanc couvrait une partie de son crâne, dévoilant tout de même ses prunelles dorées. Faire appel à la magie aurait été d’une simplicité enfantine, et pourtant, ce costume très imparfait la satisfaisait à ravir. Après tout, elle ne venait pas en ces lieux apaisés pour empocher la victoire d’un concours quelconque. Visiter Caelum n’était pas une occasion souvent offerte à ceux qui ne vivaient pas aux alentours, et malgré ses récentes aventures dans les environs, elle n’avait jamais pris le temps de déambuler pour en admirer l’étonnante architecture. Sitôt que son regard se posait sur la porte d’une maison ou d’une boutique, ses pensées entamaient un curieux vagabondage. Emportée par un élan qu’elle ne savait refréner, elle se plaisait à imaginer la vie de ces fantômes qu’elle ne connaissait pas, déroulant le fil d’une vie inexistante. Sous ses clairvoyantes prunelles, les costumes se mêlaient à l’imaginaire pour donner naissance à un tourbillon coloré. Cela l’égarait, et rien n’était plus délicieux que de sentir les étranges rouages de son esprit céder la place au fantasme. Le Temps passa.

Le discours de la Reine la fit sourire. Poussée par une odieuse curiosité qui la faisait se jeter sur les obstacles avant qu’ils ne se dressent d’eux-mêmes sur sa route, Callidora s’était frayée un chemin à travers les passants, usant de temps à autre de sa magie pour convaincre les plus réticents. Que la vérité soit enfin rétablie au sujet de l’enfant qu’elle portait la réjouissait, ou plutôt sa confirmation. Cela lui suffisait. À dire vrai, elle se moquait éperdument de savoir de quelles entrailles venait l’enfant, du moment qu’il ne venait pas d’un individu en particulier. Le mensonge lui était confirmé. Ses doigts s’enroulèrent autour de la lanière son sac avec fermeté. La vengeance n’en serait que plus violente. Seule une légère crispation de sa mâchoire indiquait son agacement. Malgré ses efforts pour affecter un visage impassible, dissimuler totalement ses émotions lui restait impossible. Pour le moment, du moins. Sa colère s’évapora dès que les premiers accords de la musique s’élevèrent. La brune devait reconnaître que la Souveraine savait s’y prendre pour captiver les foules. Se laissant prendre au jeu, elle ferma les yeux, laissant les étoiles joindre leur voix astrale à celle de la mortelle. Suspendue aux lèvres d’une femme qu’elle n’aimait pas, elle se balançait en douceur. Elle n’entendait pas les voix fluettes et tremblantes des enfants. La mélodie résonnait en elle, rayonnant d’un délicieux écho à l’intérieur de sa chair même. Abandonnée à ce morceau offert par les cieux, elle en oubliait tout ce qui l’entourait, redoutant le fatal instant où la sublime note s’achèverait et laisserait place à sa petite sœur pour composer une trame céleste. Renversant de beauté.

Le lampion s’embrasa, nimbé d’une douce lumière par le feu bleu. Callidora ne put identifier celui qui l’alluma. Tout ce qu’elle vit, ce fut la silhouette de papier qui s’élevait vers le ciel, formant une tâche d’azur sur l’immensité obscure. Que portaient réellement ces morceaux lumineux qui cherchaient à concurrencer la splendeur des astres et ne pouvait que crier d’imperfection face à la magnificence céleste ? La brune pencha la tête sur le côté, essayant de deviner les aspirations secrètes des participants tout en déliant la ficelle soigneusement accrochée autour de ses doigts. S’intégrer à ce peuple aux coutumes joyeuses ne l’aurait ps dérangée. Peut-être pouvait-elle encore tout recommencer ? Elle surprit un regard entre une blonde et un Magicien du même âge. La complicité naissante aux allures de premier amour qu’elle lisait à travers cet échange muet et pourtant plein de sons la ramena à la réalité. Non. C’était impossible. « Ce qui sera, on ne peut le délier. » Une phrase que lui répétait souvent sa mère, autrefois. La chaleur du lampion qu’elle tenait toujours s’imprima sur sa joue. Se perdre dans la contemplation des petites flammes ne la mènerait à rien. Presque à contrecoeur, elle laissa le cadeau s’envoler pour rejoindre ses congénères. De nouveaux chants débutèrent, et cette fois-ci, elle put sans mal se délivrer de l’emprise des mélodies. Sans jeter d’autre regard vers la nuit percée d’éclats colorés, elle tourna les talons, s’enfonçant à travers les rues qui s’agitaient en tous sens pour annoncer une célébration des plus joyeuses. La véritable fête ne commençait sans doute qu’après le rituel, comme toujours. Plus tard, elle se mêlerait aux autres, elle le savait. Avant toute chose, il fallait s’enfoncer au coeur de la cité. Le trajet se révéla plus long que prévu, et pourtant, elle s’arrêta d’elle-même en reconnaissant le battant de bois décoré d’un cercle. Prenant une profonde inspiration, elle poussa la porte de la maison, son coeur battant si fort qu’il aurait pu rompre chacun de ses os. Quand bien même elle la refusait, la vérité ne pouvait attendre davantage.


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