Course contre la montre [Solo]

Jeu 07 Jan 2016, 22:42

J-1.

« Allez, quoi ! On va pas se formaliser ! Vous êtes tous invités à la forteresse demain soir ! On va bien s'amuser, il y aura de quoi manger... enfin, de quoi manger pour vous, évidemment, nous autres vampires, nous nous abreuverons d'une autre façon. C'est un lieu que vous regretteriez amèrement de ne pas avoir découvert. Je vous l'assure ! Tiens, Orion, d'autres elfes sont déjà conviés ! » Il était tard dans le restaurant chic de Megido. Une soirée à thème avait été organisée : celle de la paix. Le but avait été de mêler races maléfiques et bénéfiques. Il y avait eu quelques débordements et quelques extrémistes venus jouer les trouble-fêtes, mais désormais il était tard et seuls les meilleurs étaient restés. Orion était attablé avec Nuitée et Zachary, et ils y avaient accueilli une vampire qui se nommait Lizzie. Elle était gouvernante dans une forteresse d'une puissante vampire dont elle ne nous dévoila pas le nom, aimant cultiver un certain mystère. Cela n'inquiétait pas Orion outre-mesure car il savait que Hayina saurait lever le voile sur son identité. Elle connaissait les moindres recoins de la région : elle avait certainement déjà vendu des meubles anciens à la forteresse, si elle était si riche que Lizzie le prétendait. Elle était pleine de vie et à vrai dire, Orion était surpris par son amabilité. Il avait nourri une aversion sans pareille pour les vampires et désormais, il se sentait ridicule d'avoir ressenti une telle haine envers des gens qu'il n'avait, finalement, jamais rencontré.

« Nous y réfléchirons, Lizzie, sois-en certaine. Je te souhaite une bonne nuit... enfin... nous allons dormir, mais toi non, alors je te souhaite... si, une bonne nuit, ça se dit aussi, n'est-ce pas ? » Lizzie lâcha un rire qui dévoila ses canines proéminentes. Plutôt qu'effrayée, elle était amusée par leurs différences. C'était très rafraîchissant de faire connaissance avec une personne aussi ouverte d'esprit. Evidemment, Orion était très curieux de connaître cet endroit. Mais Lizzie restait une inconnue et... bon, d'accord, une vampire. C'était difficile d'en faire abstraction, même face à une personne aussi joviale. Le groupe se leva et chacun repartit d'où il était venu. Lizzie allait certainement se nourrir, elle n'avait rien avalé de la soirée. Orion avait pourtant entendu que les vampires pouvaient manger la nourriture des autres, même si elle n'avait aucune saveur pour eux... il n'avait pas osé poser la question. Il avait encore peur de se faire croquer par sa nouvelle connaissance. « Je suis tiraillée, les gars. » Nuitée, qui marchait à côté d'eux, s'exprima et soudain, Orion se rendit compte qu'il avait oublié sa présence. C'était ça, l'aura des rehlas : il avait constamment l'impression qu'elle disparaissait dès qu'il la quittait des yeux. « Clairement, cette réception qu'elle va donner me tente. Mais... c'est une inconnue qui nous invite dans un lieu inconnu, avec d'autres inconnus... et elle est, eh bien, maléfique. Ce dernier paramètre, j'essaie de l'oblitérer, mais j'ai peur pour vous deux. Qu'en pensez-vous ? »

Le trio réfléchit un moment. La question n'était pas simple, et Orion avait l'impression de ne pouvoir accéder à une réponse certaine. Le cœur du problème était là : c'était un risque à prendre. Ils en débattirent sur le chemin, mais finalement, tous avaient la même conclusion, bien qu'Orion soit le plus réfractaire et Zachary le plus excité. C'était d'ailleurs ce qui inquiétait le plus l'elfe. L'ange était un peu trop sanguin. Si les choses dérapaient à la forteresse, Zachary foncerait dans le tas comme il en avait l'habitude, malgré la modération à laquelle il s'obligeait. « Je ne peux décemment pas me décider. Dans le doute, je préfère ne pas y aller, mais... je propose ceci : nous en parlerons à Hayina, elle est plus expérimentée que nous. Elle saura quoi faire, et je suis certain qu'elle connaît la forteresse ensorcelée. » S'en remettre à son amie et employeur, voilà la solution qui lui apparaissait à chaque fois qu'un problème faisait surface dans sa vie. Zachary et Nuitée acquiescèrent à cette proposition et allèrent se coucher. La nuit portait conseil... qui sait ce que lui réservait le lendemain ?

Mots: ~800

Pense-bête:

Jeu 14 Jan 2016, 18:44

Jour J.

« La forteresse ensorcelée ?! » Visiblement, Hayina n'était pas du tout tentée par l'invitation que leur avait donné Lizzie. Une fois le choc passé, ils réfléchirent ensemble à la question. L'impression des trois aventureux se confirma avec l'orisha : c'était très risqué. Mais pour la question de la condition de cette dernière, qui était une vampire, elle l'avait contournée. Cela ne semblait pas être un problème pour elle. Nuitée la comprenait : en tant que créature neutre, elle fréquentait indifféremment les races bénéfiques et maléfiques. Mais Orion, lui, était le plus méfiant. Il ne fallait pas oublier que sa femme était morte à cause du peuple maléfique qu'était les sirènes. Au début, il proposa à Zachary et Nuitée d'aller à la forteresse sans lui ; au cours de la nuit, il disait y avoir réfléchi et avoir opté pour la sécurité. Mais Nuitée insistait : c'était eux trois ou personne. « Je vous propose ceci : si ce voyage est risqué pour vous, je peux vous offrir un minimum de sécurité. » Elle laissa cette dernière phrase en suspens pour se nourrir de leur attention. Zachary, dans son impulsivité qui lui était propre, brisa le silence en premier : « Oh, je sais ! Tu vas venir avec nous ? Dis oui ! » Hayina sourit gentiment à l'ange puis secoua la tête avant de lui répondre : « Je ne le peux pas. Cet après-midi, j'ai rendez-vous à... enfin, j'ai un rendez-vous important. Mais je vais tout de suite vous prodiguer un moyen de transport digne de ce nom. Oh, et je vous demanderai d'amener à Lizzie un certain objet de ma part. » Zachary était déçu. L'orisha n'y porta pas attention ; elle se leva de table et alla chercher un papier plié. Elle le tendit automatiquement à Nuitée. Curieusement, c'était à elle que l'orisha confiait les responsabilités à chaque fois qu'elle-même ne pouvait pas s'en charger. La rehla ne savait pas pourquoi exactement, mais elle prenait cela comme un gage de confiance et, de ce fait, comme un compliment. Elle prit le bout de papier, se demandant ce qu'il pouvait se trouver à l'intérieur, puis le fourra dans son sac. « Je reviens dans dix minutes ! » L'orisha prit son manteau et sortit à la hâte. Ses vêtements larges d'orisha volèrent alors qu'elle laissait le vent s'engouffrer par la porte d'entrée. Nuitée la regarda partir, la tête pleine d'attentes. Elle s'imaginait de mille et une façons comment cette réception pourrait se dérouler. La rehla s'attendait à une merveille, à une fête parfaite où l'harmonie apaiserait les esprits. Nuitée avait une imagination dorée : l'inconnu était pour elle comme un tableau onirique où seul le meilleur restait. « Cette journée va être inoubliable ! » Oh, elle ne savait pas à quel point.

*

Hayina avait sorti les grands moyens pour le confort de ses trois acolytes. Elle avait loué une belle calèche, quoiqu'un peu vieille, pour les transporter, ainsi qu'un cocher qui leur ferait également office de guide. En effet, il disait connaître de fond en comble la région où se trouvait la forteresse ensorcelée. Seul problème : c'était un trouillard. Nuitée se demandait comment il était venu à l'idée d'exercer un métier qui nécessitait d'échanger avec des inconnus et arpenter des chemins dangereux... selon l'orisha, il n'avait pas toujours été dans cet état psychologique. L'ensorcellement des créatures de l'océan et les statues de Drosera étaient, apparemment, le traumatisme qui avait tout changé chez lui. Mais il continuait à exercer le même métier en espérant passer outre cette mauvaise passe. La rehla n'en était pas si sûre. Le voyage fut long, car ils s'arrêtaient pour un rien, jusqu'à ce que cela énerve Zachary qui convint de passer sur le siège de l'extérieur, avec le cocher, pour le protéger. Juste au cas où.

Au bout d'un temps et d'un trajet interminable, ils arrivèrent à destination. La calèche s'engagea sur un pont en pavés, ses roues luttant pour avancer. Dans la calèche, Nuitée et Orion se penchaient pour admirer de tout leur saoul la beauté de l'édifice. Il était encore debout, après tout ce qu'il s'était passé, et semblait si solide que rien au monde ne pourrait ébrécher ses murs. Les chevaux avancèrent tant bien que mal, le claquement de leurs sabots accompagnant le choc des roues sur le sol irrégulier. Une fois le pont traversé, les chevaux s'arrêtèrent et tout le monde descendit. Le groupe venait de se retrouver face à une porte massive, aussi imposante que tout le reste. Nuitée s'attendait plus à voir une armurerie ou un autre type de pièce intimidante, plutôt qu'un joyeux jardin ou un salon de thé. Le groupe attendit tristement devant la porte pendant une bonne minute. Puis, elle finit par s'ouvrir lentement. Le groupe attendit, une fois de plus, leur regard se concentrant sur ce qu'elles laissaient entrevoir. Elles dévoilèrent une très belle cour fleurie, tout ce à quoi Nuitée ne s'attendait pas. Cette surprise lui arracha un sourire et le groupe passa le pas de la porte.

Le piège venait de se refermer sur eux.

Mots: 882

Lun 25 Jan 2016, 09:10

Première heure.

Personne ne vint les accueillir quand ils passèrent le pas de la porte. Malgré la confusion que cette absence apporta dans l'esprit des visiteurs, ils se décidèrent à emmener eux-mêmes les chevaux dans l'étable. Nuitée se révéla être d'une aide précieuse pour s'en occuper, faisant pratiquement tout le boulot avec leur cocher et guide. La tâche d'Orion et Zachary se résuma à sortir leurs valises et à les apporter sur le chemin qui menait au hall d'entrée. « Où as-tu appris à préparer les box ? C'est impressionnant ! » s'écria l'ange en ramenant les valises. Tout en fermant la porte, Nuitée lui répondit avec hésitation : « J'ai vécu près d'une ferme. J'ai beaucoup aidé aux tâches qui y étaient liées. Apparemment, certains savoirs ne peuvent être oubliés, même quand on essaie. » La dernière partie de sa phrase avait été lancée dans un murmure. Le regard de la rehla s'assombrit et elle contamina un peu le groupe avec son humeur déprimée. Son pouvoir de spleen était autant d'une grande aide pour elle qu'une malédiction pour les autres, car elle ne le contrôlait pas et cela avait parfois pour effet de déprimer tous ceux qui s'approchaient un peu trop d'elle. Désireux de quitter ce sentiment néfaste, Zachary se précipita loin d'elle, vers le chemin pavé pour aller poser les valises. Aussitôt qu'il s'éloigna d'elle, sa bonne humeur naturelle revint l'illuminer.

« C'est parti ! Allons recevoir l'accueil que nous méritons après ce long voyage. » Zachary arbora son plus beau sourire alors que le reste du groupe le rejoignait. Depuis qu’il était arrivé, la peur avait laissé place à l’excitation. Il avait hâte de découvrir la fête que Lizzie leur avait préparés. À l’abri dans son cocon, il ne se doutait pas qu’une femme aussi gentille puisse être aussi maléfique qu’il avait imaginé. À vrai dire, il n’avait encore jamais, dans sa vie d’ange, rencontré des personnes réellement maléfiques, si bien que c’était comme une légende pour lui. Du moment qu’il n’en verrait pas, il nierait leur existence. Mais aujourd’hui, il aurait tout le loisir de se rendre compte de quoi pouvaient être capables les personnes maléfiques à leur encontre…

Évidemment, Orion et Nuitée étaient moins optimistes que lui. Orion marchait un mètre derrière eux sur le chemin, comme s’il s’attendait à ce que des bêtes féroces sortent de la porte et qu’il était préparé à fuir. Quant à Nuitée… eh bien, elle était comme d’habitude ; morose. Mais plus que d’habitude, si l’on pouvait réellement le remarquer. Le guide, enfin, n’était pas plus courageux qu’eux, mais il relevait de sa tâche de passer devant eux et de révéler le chemin, à son plus grand dam. Ainsi, ce fut lui qui ouvrit la porte massive qui liait les jardins et le hall d’entrée de la forteresse. Il avait pris les poignées comme si elles allaient le mordre et les tira non sans difficultés. Quand elles s’ouvrirent, toutes les têtes se centrèrent sur la pièce qu’elles dévoilaient. Une fois que ce fut fait, le groupe s’avança et passa le pas de la porte, pour arriver une nouvelle fois dans une pièce vide. Ils étaient encore les seuls ici. Niveau décoration, il n’y avait encore rien à dire : tout était magnifique et transpirait l’argent. Hayina aurait beaucoup aimé. Le gros problème, c’était le fait qu’il n’y avait, une fois de plus, personne pour les accueillir… hormis une note qui flottait dans l’air. Là, c’était un plus mauvais signe. Zachary courut vers elle alors que les autres étaient restés près de la porte. Il la déplia et la lut tout haut, en se retournant vers ses compagnons.

« Mes chers invités, si je vous ai conviés aujourd’hui ce n’est pas pour une fête en l’honneur de l’hôte de cette forteresse. Mais pour une fête en votre honneur, car oui, vous serez les vedettes aujourd’hui. Le but est simple : vous avez vingt-quatre heures pour sortir de la forteresse… » Dès qu’il lut cette phrase, Orion courut pour sortir de la pièce, exactement comme il l’avait prévu. Mais quand il voulut retourner dans le jardin, il se prit un mur en pleine face : ce n’était plus le jardin qu’ils apercevaient derrière la porte du hall, mais une peinture de celui-ci. Le piège venait de se refermer sur eux et c’était trop tard. Un frisson désagréable parcourut le corps de l’ange de la tête aux pieds. Il s’éclaircit la gorge et continua sa lecture. « Hum… Si vous réussissez, la fête à laquelle vous pensiez assister vous attendra. Le cas échéant, vous repartirez sans rien. Faites attention à vous et surtout, amusez-nous ! Et c’est signé… la gouvernante. C’est Lizzie. » Quand ses yeux quittèrent le bout de papier, Zachary eut tout le loisir d’observer les étapes de la réaction d’Orion et Nuitée.

La rehla passa de l’incompréhension à l’indignation puis à la colère. Toutes les expressions se défilèrent sur sa face. Orion, en revanche, était en proie à des démons intérieurs : à peine remis du coup qu’il s’était pris, la suite du mot lui avait fait l’effet d’une autre série de blessures. Il avait ouvert la bouche pour dire des choses diverses sans qu’aucun son ne sorte jamais de sa bouche. Ses lèvres tremblaient et il s’était adossé à la peinture du jardin pour ne pas tomber à la renverse. Finalement, c’était le guide qui était le plus calme : un rire nerveux retentit et il regagna son masque de professionnel en un rien de temps. Zachary avait une mission importante en ce moment de crise : il devait mettre à profit sa bonne humeur et son insouciance. Il déchira lentement la note en plein de petits morceaux et les lança comme des confettis. Le groupe le regarda sans rien dire. Puis il brisa le silence lourd. « Les amis, nous venons d’entrer dans un labyrinthe enchanté ! N’est-ce pas excitant ? Nous finirons par en sortir dans tous les cas, mais allons explorer ce lieu magique. Qui est avec moi ? » Nuitée leva la main avec hésitation, suivie du guide. Mais Orion, lui, semblait désemparé.

L’ange prit les choses en main. Il s’approcha de lui et lui tapa l’épaule d’une façon amicale. « Toi qui voulais explorer de nouveaux horizons, tu es servi, pas vrai ? Nous sommes mis à l’épreuve et c’est le moment de montrer de quoi nous sommes capables ! Et puis… ça va resserrer des liens ! » En ponctuation de sa phrase, il tendit un poing à Orion. Ce dernier lâcha un soupir, à moitié un rire, et tapa le poing de l’ange sans grande conviction. Nuitée avait compris sa démarche et choisit de l’encourager. Elle s’approcha d’eux et demanda à l’attention d’Orion : « Orion, tu commences. Quelle porte devrions-nous emprunter ? » En effet, le hall offrait un nombre de possibilités inquiétant. Il y avait une cour qui débouchait sur une porte en face, des portes de chaque côté puis des grandes marches en forme de croissant de lune qui débouchaient sur une porte à l’étage. Cela faisait quatre choix en tout. Orion était sonné et mit un certain temps à comprendre ce que la rehla lui avait dit, mais il finit par reprendre ses esprits. « Je… euh… la porte de l’étage. » Sans poser plus de questions, le groupe entreprit de monter les marches. Le guide, quant à lui, était moins confiant : « Pourquoi cette porte ? La sortie n’est pas à l’étage, si ? » En l’entendant, Nuitée poussa un soupir assez fort pour que Zachary puisse l’entendre. « On a vingt-quatre heures pour trouver la sortie, nigaud. Ce n’est pas en empruntant le chemin qui semble le plus direct que nous allons y arriver ! » Entendre Nuitée insulter quelqu’un de nigaud, ça n’arrivait pas tous les jours… il fallait croire qu’elle était plus nerveuse qu’elle le laissait croire.

Mots: +1000

Aide:

Ven 01 Avr 2016, 21:38

Deuxième heure.

Les amis d’Orion suivirent son choix sans se poser de questions. Nuitée défendit même l’elfe quand le guide le questionna sur ce dernier. Il leur en était très reconnaissant : ce mot de Lizzie l’avait mis dans un état de panique, mais ils faisaient tout pour apaiser son esprit, et ça fonctionnait. Il les suivit alors qu’ils ouvraient la grande porte qui trônait en haut des escaliers. Elle mena à une grande salle avec des lustres et des fenêtres qui donnaient sur le jardin. C’était étrange : Orion s’était attendu à ce qu’elle mène à une pièce sans aucune logique avec la précédente, mais ils avaient bougé selon les lois normales de la physique. Si c’était le cas pour toutes les pièces, tout ce qu’ils auraient à faire serait de trouver une autre sortie de la forteresse, à son autre bout par exemple, où il y aurait certainement une porte qui mènerait à une cour. Tout en marchant, les autres échangeaient des hypothèses similaires aux siennes, mais il n'y portait pas une grande attention ; il était trop occupé à limiter sa peur par un flux de réflexions logiques et rassurantes. « Et toi Orion, qu'en pense-tu ? » Avait-elle demandé à un Orion dissipé. À côté d'eux, Zachary s'amusait à toucher tout ce qui était près d'eux, voletant dans la pièce, prêt à en découvrir les moindres recoins et à découvrir les indices qui pourraient y être dissimulés comme les miettes d'une miche de pain. Zachary était prêt à reconstituer la baguette, et ses compagnons se régaleraient de leur victoire. « Euh... c'est plutôt simple. Nous devons trouver de quoi écrire et nous pourrons dessiner un plan. »

Nuitée fit une moue qui signifiait que l'idée était unanime. Les deux se joignirent donc à Zachary qui fouillait les placards qui frôlaient le plafond. Il balançait le contenu, s'enfonçant de plus en plus dans une colère incontrôlée. C'était tout à l'opposé de Nuitée qui était toujours aussi posée et méthodique, un calme que rien au monde ne pouvait entamer, et à l'opposé d'Orion qui pleurait de rager à force de ne rien trouver dans les multiples meubles de la pièce. Elle était bien trop meublée d'ailleurs, avec des placards remplis d'objets sans rapport avec la nature de la pièce. À croire qu'elle avait été faite pour les perdre sous les stocks inutiles... pour Orion et Zachary, ça marchait bien, mais Nuitée continua ses recherches et finit par trouver du papier dans une boîte à chaussures. Logique, très logique. Comme tout le reste du manoir. Et puis soudain, au moment où elle prenait le stylo pour écrire, elle cria en se tournant vers Orion. Par réflexe, ce dernier se retourna pour voir ce qu'il l'avait autant apeurée : et il vit un gigantesque drap blanc qui se dressait devant lui en prenant une forme de... sourire. Ou de banane... c'était difficile à déterminer ! Mais dans tous les cas, il avait l'air très dangereux et Orion cria à son tour en lâchant tous les objets qu'il avait en main. Il courut dans les bras de Nuitée et le drap passa à l'attaque. Au lieu de se tourner vers eux, il piqua vers Zachary et un rire démoniaque raisonna dans toute la bâtisse. Orion avait touché le gros lot en trouvant l'objet qui avait été ensorcelé pour leur mettre des bâtons dans les roues.

Zachary, lui, n'eût pas aussi peur que ses congénères ; il avait un objet pointu en main et il alla trancher le drap qui semblait fin. Néanmoins, quand il voulut le trancher avec un couteau, le drap entoura l'objet tranchant et l'enveloppa tel un bébé dans son pyjama, et... il commença à envelopper l'ange de la même manière, au niveau de la tête. Il "voulait" l'étouffer, et ce même rire continuait à raisonner entre les murs. C'était la panique dans la pièce : Orion continuait à crier, Zachary se débattait en l'air et Nuitée tentait de l'atteindre tant bien que mal. Finalement, il réussit à se téléporter sans entraîner le drap avec lui. Il réapparut au sol, près d'une des portes de sortie. Il ne leur restait plus qu'une chose à faire : fuir. Zachary prit la main de Nuitée in extremis, alors que le drap pointait vers eux en tenant le couteau tout droit vers leur corps, cette fois. Le rire s'était évanoui mais laissait place à un râle fantomatique. Zachary ouvrit la porte, les trois s'engouffrèrent dedans... Orion sentit la douce matière du drap lui attraper la jambe, mais Zachary et Nuitée fermèrent la porte de toutes leurs forces et la porte alla se coincer dans la jambe d'Orion qui cria de douleur. Mais en même temps, le drap avait crié et lâché prise. Ils étaient sains et saufs... mais pour combien de temps ?

Mots: 826

Jeu 14 Avr 2016, 17:19

Troisième heure.

Les trois camarades coururent pendant un bon bout de temps, obsédés par le drap qui, peut-être, les suivait encore... et puis ils s'aperçurent que la menace avait disparue. Quand ils s'arrêtèrent pour reprendre leur souffle, ils se trouvaient sur une espèce de grande plateforme, qui était construite comme un balcon mais qui débouchait sur une autre partie du bâtiment. La plateforme de quelques mètres carrés était parsemée de plantes grimpantes qui avaient recouvert une petite fontaine. Ils se désaltérèrent de son eau, sauf Orion qui avait trop peur qu'elle soit ensorcelée ou autre, Mais en les voyant boire comme ça, il céda à la tentation et le trio put enfin prendre une pause. Ce fut d'ailleurs à ce moment qu'ils remarquèrent qu'ils n'étaient plus que trois. « Tiens, où est le guide ? » avait innocemment demandé Orion en s'asseyant sur le lit de plantes. Nuitée et Zachary avaient regardé autour d'eux sans voir personne. « Je crois me souvenir, maintenant que tu le dis... quand on marchait pour aller dans la pièce au drap d'horreur... il a disparu de ma vision. Je crois qu'il a pris un autre chemin. » Orion haussa les sourcils et Zachary éclata de rire. « Je n'imagine même pas l'enfer qu'il doit vivre en ce moment ! L'abruti ! » Orion sourit tristement et Nuitée lui jeta un regard noir. « Cela ne devrait pas t'amuser. De plus, il se pourrait qu'il ait déjà trouvé la sortie, qui sait ? Et si c'est le cas, nous pouvons dire au revoir aux chevaux et à quelqu'un pour nous guider sur notre chemin de retour... » Ah, Nuitée et son pessimisme... alors que son esprit s'embrumait, elle se rendit compte qu'elle laissait échapper son pouvoir de spleen, déprimant ses amis. Zachary ne rigolait plus et Orion frissonnait de peur. Ils étaient dans de beaux draps, c'était le cas de le dire, et Nuitée résistait chaque seconde à désespérer. Mais elle était la seule ici à garder un minimum ses esprits au milieu du coléreux et du dépressif.

« Ecoutez, on va s'en sortir. J'ai le papier, il nous manque un stylo... nous allons trouver la logique de tout ça et tout ira bien. » Zachary hocha la tête nerveusement et donna un coup de pied dans la masse végétale près de lui. Quant à Orion, sa panique s'était un peu réduite mais il restait toujours aussi pessimiste; il sécha ses larmes et alla se réfugier dans la poitrine de Nuitée tel un enfant apeuré. En grattant les cheveux de l'elfe, elle se tourna vers l'ange énervé : « Tu as le papier ? » Mais alors qu'il allait répondre, la rehla remarqua un mouvement menaçant derrière lui : une plante s'élevait lentement et... commençait à s'enrouler autour des bras de Zachary. Bien qu'aucun mal n'était fait, c'était assez inquiétant venant d'une plante prospérant dans la Forteresse ensorcelée où tout devenait dangereux. « Zac, attention à toi ! » Cria-t-elle en tendant son bras vers lui. Surpris, Zachary se débattit en sentant les tiges frotter contre sa peau et Orion releva la tête d'un coup. Nuitée, qui s'était retournée vers lui en réaction, se prit de plein fouet son relèvement de tête. « Mon menton ! » se plaignit-elle. Orion recommença à sangloter à la fois à cause de la culpabilité et de son empathie pour la plante que blessait l'ange avec ses coups acharnés.

Quant à ce dernier, il était rouge de colère et se débattait comme un diable. Orion ne les aida pas une seule fois à se défendre contre les plantes : Zachary avait porté le coup le premier, la réaction des êtres sensibles n'était que logiques... cette situation désespérante dura une bonne vingtaine de minutes. Nuitée était allée aider Zachary à se défendre mais quand une tige était coupée, deux autres poussaient à une vitesse incontestablement due à la magie. La rehla et l'ange s'empêtrèrent dans la végétation mouvante. Cette lutte n'aurait pas pris fin avant que l'un des deux tombent de fatigue si une quatrième personne n'avait pas fait irruption dans le jardin. Une personne qui ne serait pas de leur côté, hélas pour eux... et à cause de Zachary.

Mots: 722

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