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 [LDM ½ Event] - La fin d'une terre.

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Mer 06 Juil 2016, 16:43

Le matin calme dévasté


Après une matinée de travaux d'armes, la pause déjeuner arrivait à point nommé. Comme à mon habitude, c'est à l'auberge du lys blanc, non loin de l'université de médecine, que je me rendis pour calmer les grondements de mon estomac. Je n'étais pas très sociable, il fallait le dire, je passais la plupart de mon temps libre seule, sauf quand je me rendais dans cette auberge, où un Orisha surnommé Tym -un employé des aubergistes-, impressionné par mon uniforme de simple soldat, venait me demander des nouvelles du monde extérieur qu'il ne pouvait jamais parcourir, par peur d'être capturé, et asservi à nouveau. Et je n'étais pas la seule à qui il demandait des nouvelles du monde... C'est sur un sujet fâcheux que débutait ce midi notre conversation.

"Ils disent que le continent va sombrer... Au matin calme. Beaucoup ont rassemblé leurs affaires et les bateaux quittant cette île sont pleins à craquer", me confia Tym, avec un ton très inquiet. "J'ai eu vent de cette inquiétude à la caserne. Des troupes de bénévoles s'organisent, on doit aller là bas pour aider à vider les parchemins du temps, et les stocker à la grande bibliothèque d'Earudien, en attendant de leur retrouver une place." Non surpris que je sois au courant, la manière dont les elfes prenaient les choses le laissaient tout de même perplexe. "Mais... Ce ne sont que des parchemins ! Ce n'est pas si grave... Je te parles de vies, moi ! Lucinda, mon amie soigneuse, m'écrivait que les animaux du jardin animalier sont devenus fous, pris de panique, ils tentent de fuir, sans que personne ne sache pourquoi. Des Lamie auraient même été jusqu'à se noyer en essayant de fuir par la mer. " Il est vrai que les décisions politiques étaient pour moi un grand mystère, bien ignorante des enjeux qu'il pouvait y avoir derrière... Mais une inquiétude toute particulière me chiffonnait personnellement. "Et tous ses Orishas, qui fuient... Où vont ils aller ? Qui les accueillera sans avoir en tête l'idée de les asservir, encore ?" Bien que le repas soit délicieux -un gâteau de légumes au Sela-, je ne réussit pas à le finir, le tracas venant me couper l'appétit. "Je vais m'engager, comme volontaire... Mais j'ai peu d'espoir que notre peuple se bouge pour reloger les réfugiés".

Des volontaires, ce n'était pas ce qui avait manqué pour mener à bien cette mission de sauvetage. Les elfes, d'une nature généreuse et sage, avaient en nombre répondu à l'appel. L'ennui concernant notre embarcation pour le continent du matin calme, c'était le manque cruel de savoir faire de l'équipage. Au beau milieu de la nuit, malgré des nuages épars, le responsable d'expédition et son second s'entretenaient concernant la direction à prendre. "Je te dis, vers la nébuleuse de l'arc ! cap à tribord, une heure, et nous y sommes." "Et elle est où ta nébuleuse ? Il y voit rien avec ces nuages... Suivons plutôt Lutine, de la constellation du pinceau, elle au moins, brille assez pour ne pas être confondue".

Je préférais les laisser à leur discorde, ne connaissant moi même que très peu de choses en astronomie. Il y avait tant de constellations et nébuleuses, plus ou moins mobiles, que le courage me manquait pour espérer savoir ne serai ce que toute les nommer, sans les reconnaître.  M'éloignant d'eux, je préférais inspecter la voilure et l'attache des cordages. A l'approche du continent, les vagues se faisaient grandissantes. Pourvu qu'Aylidis n'ai pas pour projet de précipiter notre embarcation vers le fond de cet océan.

Levant la tête vers les cieux, j'espérais y apercevoir la lune, Notre très appréciée déesse, mais son absence baignait le ciel dans une incroyable obscurité. Loin de toute nature, sans lune... J'avais l'impression que notre Phoebe bien aimée ne pouvait ni nous voir, ni nous protéger. Il était temps de dormir... Et de cultiver l'espoir d'arriver à bon port.

[LDM ½ Event] - La fin d'une terre.  - Page 3 Incend11

Sur le pont ! Soldats sur le pont ! Glissant soudainement d'un sommeil sans rêves à une réalité cauchemardesque, je me hâtais d’exécuter les ordres pour découvrir en pleine nuit, un brasier si impressionnant qu'on aurait cru à un lever de soleil. Ce paysage d'apocalypse me fit froid dans le dos... Nous arrivions trop tard. Le continent dégageait une épaisse fumée qui s'élevait jusqu'aux nuages, une partie de la rue commerçante semblant alimenter un brasier vorace. Une horreur de plus... Je pensais que la guerre était la pire des choses en ce monde, à présent, la question se reconsidérais. Une fois le bateau accosté à ce qui restait du port, les unités s'organisaient, dans l'attente des autres navires affrétas à la mission de sauvetage. Aucun ordre clair n'émanait de la hiérarchie, encore en mer, mais il était évident que le sauvetage de parchemins allait devoir attendre, faute d'urgence plus importante à gérer. Disciplinée, j'attendis avec autant de patience que je le puis, les ordres... Mais mon cœur n'y tenait pas. Face à tant de misère et d'injustice, je n'avais pas la force de faire semblant plus longtemps... Et désertais. Je m'étais engagée pour aider ce continent, et mon volontariat n'était pas pour sauver des manuscrits mais apporter une aide plus substantielle. A grande foulées, je m'éloignais de mon unité, portée par une grande montée d'adrénaline, et une fois hors de vue, je repris une allure plus adaptée. J'aimais courir, mais mon endurance était trop faible pour les grandes distances.

Arrivée enfin près de l'incendie, la chaleur se fit étouffante, l'air me brûlant la peau du visage qui semblait se craqueler au moindre mouvement. Autour de moi, des blocs de roches fumants, et tout autour, des cris, des corps agonisants ou sans vie, meurtris, broyés par la pierre... Que s'était il passé ici ? Je fis de mon mieux pour apporter le secours tant réclamé par ces éclats de voix épars qui hurlaient de douleur, de peur... La boulangerie et la forge, frappées par la pluie de roches avaient du s'enflammer, et les toits en chôme avaient pris feu, propageant aux alentours ses flammes insatiables. Au milieu de tout ça, un enfant s'étranglait dans ses larmes, à l'intérieur d'un bâtiment enfumé. M'enroulant dans ma cape pour me protéger des flammes, et prenant une grande bouffée d'air,  je m’engouffrais entre les murs de la boutique ravagée pour retrouver l'enfant. Je finis par le trouver dans un recoin, provisoirement à l'abri, près du corps de sa mère don le corps était couvert de cloaques, de brûlures... Me penchant sur le duo avec hâte, je me mis à secouer la mère qui semblait évanouie, mais le bras que j'attrapai pour le faire se tordit en un angle anormal sous mes doigts. Elle saignait abondamment, je ne pouvais rien pour elle. A l'agonie, mais impossible à soigner, je tendis les bras vers l'enfant pour l'arracher à sa mère, l'enveloppant sous ma cape, et me mis à courir à l'extérieur pour retrouver un peu d'oxygène. Ma peau me brûlait, tiraillait, et la rage montait en moi. Pourquoi, devait il se produire sans cesse des catastrophes dans ce monde ?

Avec l'avènement de l'ère du dieu roi, Sympan, j'avais eu le maigre espoir que la paix puisse être un quotidien pérenne pour ce monde... Mais à présent, je savais que ce n'était qu'une douce illusion dont j'avais voulu me bercer, histoire de trouver une raison pour laquelle me lever le matin. Cette illusion me donnait espoir que combattre pouvait être un moyen d'amorcer la paix, Mais se battre ne faisait qu'alimenter cette machine vorace qu'on appelle la guerre. Je venais de déserter l'armée... Qu'allais-je donc devenir ? Et avais-je seulement envie d'y remettre les pieds ? J'aviserai. Apportant l'enfant qui hurlai et me tirait les cheveux de l'avoir séparé de sa mère que je n'avais pu sauver vers un quelques marchands orishas, je le leur confiais, avant de retourner dans le brasier à la recherche d'une autre vie à épargner.


mots et gain :
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Mer 06 Juil 2016, 17:41


« Non merci, ça ira. Je n’ai pas vraiment d’appétit, ces derniers temps. » Depuis plusieurs jours, je faisais mon possible pour faire bonne figure mais mon attitude ne dupait pas. J’avais piètre allure et elle semblait se dégrader davantage à chaque instant. Mon teint était plus blême que jamais, rendant le contraste saisissant avec le noir qui cernait mes yeux. Je ne dormais plus et mangeais à peine. Ils s’inquiétaient tous pour moi. Je ne pouvais rien leur dire et c’était certainement mieux ainsi. « Caleb … » soupira Alice. Mon état devait être plus préoccupant que je ne l’estimais pour que la Sirène retrouve douceur et compassion à mon égard. « Tu n’es pas très beau à voir. » murmura-t-elle, les sourcils froncés depuis le début de notre conversation. « Je sais. » Elle fit la moue. « Je n’en ai pas l’impression. Myosotis est en train de se rendre malade, à force de veiller sur toi. Mélodie ne comprend pas. Tes Orines sont venues me chercher tellement elles sont prises au dépourvu. » Je haussais vaguement les épaules. « Tout va bien se passer. C’est presque terminé. Je vais devoir m’absenter quelques jours. » Elle claqua la langue. « Est-ce réellement raisonnable ? Tu ressembles à un cadavre vaguement vivant. » - « Ce n’est guère une question de choix. Je dois partir, c’est tout. » Elle soupira. Dans deux ou trois longues et silencieuses secondes, elle scruta mon visage de ses grandes iris noires. « Je me demande quelle vision a pu te réduire dans une posture aussi misérable. » - « Tu le sauras bien assez tôt. Quand la rumeur se propagera, je sais que vous allez m’en vouloir, toi et les autres. » Je ne pouvais pas leur en tenir rigueur. Ils n’étaient pas des Rehlas. S’ils se montraient plutôt compréhensifs d’ordinaire, leur regard risquait de changer face à l’horreur d’un carnage qui se préparait. « Non, nous … » - « Tu verras. » J’étouffais. J’avais besoin d’air. Sans crier gare, je me relevais pour filer dans les allées claires et fleuries de Lua Eyael. J’errais plusieurs heures, avant de trainer le pas dans l’un des Temples qui longeaient les eaux de Dyel. Assis en tailleur au beau milieu d’une immense salle vide, je laissais mes orbes ocres se balader sur le décor. J’étais dans l’Antre dédiée à la Vie et à la Mort. Ce bon vieux Ezechyel devait être enchanté. Les derniers souffles s’arrachaient par millier ; autant de destin brisé par l’orgueil des Grands. Moi, je ne pouvais arriver qu’après la bataille, pour sauver ce qui ne le méritait pas.

Le Continent du Matin Calme n’était plus qu’un vague souvenir, l’ombre fugace et éphémère d’une existence passée dont il ne resterait bientôt plus rien. En tant que Sin Luxinreïs, un rôle que j’occupais depuis des années, j’avais appris à mettre mes bons sentiments et mes jugements de côté. On m’avait souvent reproché d’être devenu quelqu’un de froid, quelqu’un qui avait perdu en empathie. Je m’étais souvent surpris à être d’accord. Néanmoins, face à l’horreur d’un paysage qui autrement était beau, je ne pouvais qu’avoir le cœur au bord des lèvres. C’était la fin de la fin de cette région. Sous des décombres informes, des dépouilles méconnaissables gisaient dans une infinie marre de sang, sous la mélodie incessante des cris et des pleurs. La terre se craquelait et se gorgeait d’eau. Bientôt, elle reposait dans les abîmes. Je tâchais d’être sourd aux supplications. Je devais ignorer tous ces gens, qui allaient bientôt mourir. J’aurai pu en sauver certains. Seulement, je n’en avais pas le droit. Ils vivaient leurs derniers instants. C’était écrit. J’étais un Roi, esclave de ce qu’il voyait. Je ne marchais sur cette contrée ravagée que dans un unique but. D’un pas aussi droit que je le pouvais, j’arpentais ce qu’il restait des quartiers résidentiels. Je reconnaissais à peine les rues et les manoirs des grands bourgeois et des nobles exilés. Tout s’était effondré. Tous ceux qui n’étaient pas parti à temps n’étaient plus. Guidé par ce que mes yeux voyaient, j’avançais. Je devais retrouver un petit cristal, pas plus gros qu’un pendentif, égaré dans les méandres de ce massacre. Comme le lâche que j’étais à mes yeux, j’usais de mon don d’oubli, pour passer inaperçu. Il m’était plus facile de laisser à leur sort des hommes, des femmes, des enfants et des vieillards qui ne savaient pas que j’étais dans les parages, qui n’avaient pas cette lueur d’espoir dans le regard. Qu’aurais-je pu leur dire ? « Vous avez essuyé la colère des Dieux et je ne peux rien pour vous aider, car ces mêmes Dieux m’envoient à la recherche de l’une d’entre eux ? » Je doutais sincèrement du réconfort de ce genre de paroles. D’ailleurs, je peinais moi-même à croire de mes propres actions. Presque docilement, j’appliquais la volonté de Sympan – et de Delta – en allant à la recherche de ce Dieu, enfermé d’une façon similaire au Dieu-Roi jusqu’à l’ère de sa prétendue renaissance. J’étais un homme croyant mais face au spectacle de la chair meurtri, je ne pouvais que comprendre la réticence des certains. Je voulais profondément croire à son retour. Je n’aurais pas été contre un petit signe de sa part.

« Quel … comportement … L’Etranger … » J’imaginais sans peine la préparation d’une phrase acerbe et poignante. La fatigue et la douleur l’avaient emporté, et il ne restait plus que l’amertume dans les quelques mots qu’il avait pu prononcer. Dans un soupir, je me relevais du tas de débris que je déblayais pour me retourner, et faire face à un homme qui, s’il marchait encore, n’en avait plus pour longtemps. Il avait le ventre ouvert et était déjà pâle comme un mort. « Ce n’est pas ce que vous croyez. » Non pas que ça me dérange de passer pour un opportuniste de bas étage. « Ah … Oui ? » Ses orbes de mourant voyaient une personne qui n’avait pas dû vivre la débâcle, à la vue de sa tenue encore propre, en train de fouiller ceux qui n’avaient pas eu de chance, avant que tout soit englouti. Je comprenais aisément la méprise. « Je ne vous donnerais pas mes raisons. Elles sont aussi bonnes que mauvaises. » Il eut un pauvre sourire. Il n'avait plus la force de rétorquer. « Alors … étranger … Vous n’avez rien à boire ? Un dernier verre me … » Il tomba le long de quelques pierres. En bon alcoolique notoire, j’avais souvent sur moins une gourde de rhum, je lui tendis. « Mauvaise journée. » - « Mauvaise époque. » - « Bien vu. Qu’est-ce que vous cherchez, chez les Elsson ? » - « Ils ont dérobé quelque chose qu’il est primordial que je récupère. » Je pouvais bien lui dire. Il ne passerait pas les cinq minutes à venir. « Des voleurs. Je le savais ! Ils … cachaient tout dans les sous-sols. Filez, avant que l’eau s’infiltre partout. Je garde le rhum. » Je lui offris sans rechigner avant de m’enfoncer dans les restes d’un escalier. Je me fichais qu’il se détruise à mon passage. Je m’éclipserai dès que j’aurai retrouvé cet Ætheri en mauvaise posture. Sans même me sentir tenté, je jetais à terre les richesses et les parchemins qui contenaient des informations à marchander ou pour faire chanter. Cela ne m’intéressait pas et ce cristal m’agaçait. Il s’agissait d’un Dieu, je ne pouvais pas être aussi efficace que concernant un simple mortel. Il avait été bien caché. Je n’avais que très peu de temps pour agir. C’était maintenant ou jamais. Mes mains étaient écorchées et saignaient, à force que je m’acharne dans les gravats. Je n’allais pas me plaindre. Il me suffisait de tendre l’oreille pour trouver bien plus malchanceux que moi. Lorsque la puissance irradia d’une pierre, je sus que j’avais trouvé l’objet de toutes mes recherches. Je n’en ressentais toutefois aucune satisfaction. J’avais réussi. Je pouvais partir. Le Continent allait sombrer et les rares survivants allaient mourir. Il n’y avait pas de quoi être fier. Je n’avais plus qu’à rentrer avec mon caillou où j’attendrais Yeul, qui saurait quoi en faire.

La mine ravagé et exténué, je me trainais dans les couloirs du Palais. J’ignorais encore si j’allais tenter de manger ou de dormir, sachant qu’aucune des deux possibilités ne me tentaient réellement. Je me sentais trop misérable pour avaler quoi que ce soit et je craignais trop mes songes pour vouloir m’endormir. « Caleb … » - « Pas maintenant, Arame. » murmurais-je à mon Orine qui s’approchait de moi à petits pas pressés. « C’est plutôt urgent et préoccupant, à vrai dire. » - « Quoi ? » répondis-je de mauvaise grâce. Elle ne m’en tenu pas rigueur. J’étais encore couvert de sang, après tout. « C’est au sujet de ta fille. » avança-t-elle, prudemment. Une phrase qui me mit immédiatement en alerte. J’étais tellement absorbé par le Continent du Matin Calme que j’avais omis de surveiller Mélodie. Elle vit mon expression. « Non, pas … Mélodie va bien, ce n’est pas elle le souci. » - « Shéhérazade a un problème ? » Après tout, j’avais deux filles, même si la seconde ne m’appelait pas « papa ». « Non plus. » Je clignais trois fois des yeux. « Pardon ? » Je filais dans le salon. La plupart de mes proches entourait un berceau où dormait une fillette qui ne semblait pas avoir plus de quelques jours. « On a vu ses yeux. Tu ne peux pas la renier, mon grand. » se moqua Alice. « Alors, avec qui tu as récidivé ? » Je n’écoutais pas les sarcasmes, mais plutôt mes Oracles qui murmuraient dans un coin de ma tête. Eux-aussi. « Pardon ? » répétais-je entre les dents.

Le cristal allait se libérer. Il y aurait une place de libre. J’avais peut-être un candidat en tête pour le remplacer.

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Jeu 07 Juil 2016, 10:39

  Shams n’avait jamais rien vu de tel. La gorge serrée, un nœud s’y était formé. Il avait du mal à respirer, et encore plus à émettre un son. Que… s’était-il passé ? Tremblant, il marchait dans les décombres. Le vent était froid, encore plus qu’à l’ordinaire, il en était sûr. Et il était encore plus sûr d’une chose : il était seul. Il ne voyait pas âme qui vive. Toute trace de vie semblait avoir quitté les lieux. C’était effrayant. Il était effrayé.

   Comment en était-on arrivé là, à ce stade apocalyptique ? Encore une fois, dans ce conflit, il ne comprenait pas. En fait, il ne comprenait quasiment rien. Il avait globalement suivi ce qu’il s’était passé, mais il les intérêts de chacun lui échappaient. Il n’aimait pas la violence, et il s’efforçait de croire que tout le monde pensait ainsi. Mais alors, pourquoi certains tenaient-ils tant à instaurer le chaos ? A quoi cela rimait-il ? Pourquoi détruire ? Il lui semblait qu’en détruisant quelque chose, on détruisait une partie de soi.  Y en avait-il tant, qui désiraient se tuer en emportant le monde avec eux ? Toutes ces questions, toutes ces idées, peut-être étaient-elles idiotes, mais elles le faisaient frissonner. Il ferma les yeux, quelques secondes seulement, pour les chasser de son esprit. C’était évidemment impossible dans cette situation. Il voulait juste faire taire ces mots qui le torturaient. Il reprit sa marche. De nombreuses fois, il manqua de tomber. Les pierres qui jonchaient le sol roulaient, ou parfois de brisaient sous ses pieds. Il devait faire attention à où il allait, mais bientôt, cela devînt automatique. Il s’enfonça, sans s’en rendre compte, dans ses songes, pour le moins sombres, plus sombres que d’habitude.

   Il marcha ainsi durant de longues minutes, jusqu’à ce que quelque chose le fasse tressaillir. Il se figea, paralysé par l’horreur : à ses pieds, une main, et une manche gorgée de sang. Le bras disparaissait sous les décombres d’une maison. Son cœur palpita et sa respiration s’accéléra brusquement. Un gémissement retentit plus loin, et sa peur s’accentua. Il fit volte-face. Ses yeux cherchaient à une vitesse phénoménale. Mais il ne voyait rien d’autre que des amas qui avaient autrefois été des bâtiments.

   -Il y a… quelqu’un ? Dit-il d’une voix tremblante.

   Il fit de gros efforts pour qu’elle soit audible. Pour toute réponse, il obtint un nouveau gémissement. Il pivota vers sa droite et scruta le sol. Ca venait de là. Il avança doucement. Il avançait trop lentement, même. Cependant, aller plus vite lui faisait peur. Et s’il passait devant la personne blessée sans la voir ? Ses doutes furent levés lorsqu’il aperçut enfin ce qui ressemblait à un corps. Il se mit à paniquer et se précipita dessus. C’était une femme. Son visage était amoché. Il ne pouvait voir le bas de son corps, coincé sous les décombres. Shams attrapa un bloc et le traîna lourdement sur le côté. Malgré son acharnement, il fut incapable de bouger le second, bien plus gros.

   -Vous voyez bien que vous n’y arriverez pas…

   Le Réprouvé la regarda. Elle souriait un peu, les larmes aux yeux.

   -Ca ne sert à rien, je ne sens même plus mes jambes…

   Il s’agenouilla près d’elle. Il avait envie de pleurer, lui aussi. Il n’allait tout de même pas la laisser mourir… Il dégagea quelques petites roches pour découvrir le début de la partie broyée de son corps, cachée par sa robe imbibée de sang. Il passa sa main à quelques centimètres de celle-ci. Sa paume s’illumina un peu, puis s’éteignit. Il contrôlait à peine sa magie blanche, et sa précipitation ne l’améliorait en rien.

   -Ne vous fatiguez pas… Au moins, je serai morte dans un endroit admirable… Dit-elle, comme si cela pouvait le rassurer.

   Il leva les yeux pour identifier ce qu’il restait des fondations. Ce n’est qu’alors qu’il remarqua qu’il s’agissait des restes d’un temple, dédié aux Aetheri. Et cette femme portait l’habit des prêtresses.

   -Vous feriez mieux d’aller sauver les autres prêtres… Les Aetheri vous en seront reconnaissants…

   Cela voulait donc dire qu’il allait devoir la laisser mourir ? Shams se refusait de l’admettre. Elle avait l’air si gentille… Quelques larmes coulèrent sur ses joues. Il fit non de la tête, mais par son simple regard, elle insista. Et il finit par la quitter.

   C’était donc tout un temple, qu’il devait fouiller. L’épreuve le fatiguait déjà, mais c’était sa volonté qui lui disait d’avancer. Il passa la pièce principale au peigne fin. Il retrouva la main, qu’il avait vu la première fois. Il se demanda s’il devrait aussi déterrer les morts. Il en avait envie. Il était moins sûr d’avoir suffisamment de forces. Ici, le corps était écrasé par un énorme bloc de pierre. La survie de plusieurs personnes dépendait du temps qu’il mettrait à les trouver. Il était envahi par une forme de stress qu’il n’avait pas ressenti depuis longtemps, et les retrouvailles ne se passaient pas très bien, mentalement. L’idée qu’on meure par sa faute lui était insupportable. Il accéléra la cadence. Il ne trouvait personne, du moins personne de vivant. La découverte de chaque corps était un sursaut supplémentaire, une vision d’horreur et il peinait à respirer. Il s’activait toujours un peu plus. Enfin, il lui sembla voir un bras bouger. Du plus vite qu’il le put, il dégagea l’homme des décombres. Il avait quelques blessures, mais apparemment rien de bien grave. Malgré ses faibles forces, le prêtre insista pour l’aider. Ils entamèrent les fouilles dans les pièces adjacentes. Shams retrouva une femme, auquel il manquait une jambe. Le prêtre libéra deux de ses consœurs, qui s’en étaient sorties avec des dégâts plus minimes. Ils rassemblèrent tous les rescapés au même endroit, un coin au sein du temple qui avait relativement été épargné. Le Réprouvé, avec l’aide de cet homme, avait réussi à se calmer et à reprendre confiance en lui. Tandis qu’il s’actionnait à panser le moignon de la jeune femme, Shams partit à la recherche des dernières victimes. Le religieux lui avait dit qu’ils étaient de base quatorze à s’occuper du lieu. Il manquait donc deux personnes à l’appel ; des autres, ils n’avaient vu que leurs corps inanimés.

   -Ici… Souffla une voix brisée.

   Shams repéra le prêtre. Il était allongé sur le côté, un bras appuyé contre le lourd morceau qui s’était détaché du mur, le second… dessous.

   -Je vous en prie, aidez-moi… à l’arracher…

   Il avait beau savoir qu’il n’arriverait jamais à déplacer une telle charge, il était obstiné à le faire, ou tout du moins, à essayer. Il le poussa avec l’aide de tout son poids et de tout son corps. Celui-ci ne broncha pas d’un millimètre. L’homme lui dit à deux reprises de cesser. Shams n’avait pas envie de lui obéir. Lui arracher le bras… Son visage était tiraillé par la souffrance, et il se voyait mal lui en infliger davantage.

   -Aidez-moi à arracher ce bras ! S’époumona-t-il finalement.

   Shams devait être le plus terrifié d’entre tous, mais aussi le plus indemne. Il se sentait mal, à être ainsi. Tremblant, il le prit par les épaules, souffla, puis, les yeux fermés au maximum, tira. Dans un gémissement, on lui demanda d’y aller plus fort. Le jeune homme sanglotait en silence. Il recommença, comme demandé. Craquement. Hurlement. Il étouffa son cri d’horreur en mordant son poing. Il dût reproduire l’expérience au moins deux fois, pour que la résistance du bras cède enfin. Deux religieux surgirent à ce moment-là. Ils s’occupèrent aussitôt du sauvé et invitèrent Shams à se reposer avec les rescapés. Ce dernier était pâle comme un linge, bien plus que celui qu’il venait de mutiler. Il avait envie de pleurer pour de bon, de hurler, de se recroqueviller par terre et de cacher son visage dans ses bras pour fuir ce monde affreux. Une prêtresse posa une main sur son épaule et l’accompagna. Il voulut répliquer qu’il manquait une personne, mais elle la devança en lui annonçant que cette dernière personne n’était plus. Ils n’étaient donc que cinq à avoir survécu.

   -Il y a aussi…

   Mais il s’arrêta. Cela voulait donc dire que la femme… La première religieuse qu’il avait vue… Il se mordit la lèvre.

   -Vous devez vraiment vous reposer, vous aussi… Nous en avons tous besoin. Vous nous avez sauvés, nous nous devons de vous remercier, je vous promets que nous ferons de notre mieux. Les Aetheri vous reconnaitront.

   -Vous n’enterrez pas vos morts… ? Demanda-t-il faiblement après un silence.

   -Vous devez vous reposer.

   Il refusa catégoriquement. Il voulait qu’on rende hommage aux défunts, et il n’avait pas l’intention d’abandonner cette idée, malgré sa fatigue immense et son envie de craquer. On l’obligea tout de même à faire ne serait-ce qu’une pause. Il s’assit et s’endormit aussitôt. A son réveil, il crut tout d’abord être seul. Il se redressa vivement, mais constata que tout le monde dormait. Il se leva d’un coup. Il n’avait pas terminé sa mission, et il s’était permis de se reposer ! Il s’insultait intérieurement. Il se mit aussitôt au travail et alla retrouver chacun des cadavres. L’horreur en les voyant était toujours présente, mais un peu moins intense. Il découvrit d’abord les plus facile d’accès, les rassembla dans un même coin, non loin de celui où s’étaient rassemblés les survivants. Il ne put en déplacer que trois, alors qu’il y en avait neuf au total. Il passa bien deux heures à chercher des solutions qui lui permettraient de tous les sortir de leurs prisons de pierres. Les prêtres les plus aptes à l’aider de levèrent bientôt et l’aidèrent. Ils prirent plusieurs heures pour arriver à leurs fins. Shams n’avait aucune idée de l’avancée de la journée. Sur ce monde chaotique, le temps semblait avoir disparu. Il savait seulement qu’il faisait jour, et ce depuis qu’il était arrivé ici. Une nuit était-elle passée ? Impossible pour lui de le savoir.

   Lorsque tous furent réveillés, on s’assura que les blessés allaient bien. Un religieux partit à la recherche de nourriture. Il ne revint pas avec grand-chose, seulement un peu de pain, mais c’était suffisant. Shams participa à la recherche des objets de culte, notamment ceux qui leur permettraient de faire une cérémonie décente en l’honneur des morts. Mais il ne participa pas à celle-ci et se contenta d’observer dans un silence attentif. Il ne connaissait pas les gestes, et encore moins les mots qu’il fallait employer pour ce genre de rituel. Tout se passa dans le plus grand calme, ce qui contrastait avec… le reste. Cette destruction omniprésente.

~1747 mots~

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Ven 08 Juil 2016, 21:03



Dans une nouvelle téléportation – chose à laquelle tu peines toujours à t’habituer – vous arrivez sur ce qui semble être un champ de bataille, un no-mans-land déchiqueté de toutes parts, une scène irréelle. Pourtant, tu reconnais ce qui fût un temps la rue commerçante du continent, tu te rappelles même être allé acheter certains produits chez des vendeurs non loin d’ici. Que de nostalgie. Depuis combien de temps as-tu été transformé ? Depuis combien de mois, d’années peut-être, n’as-tu pas renoué avec la vie que tu avais avant ? Tu ne sais pas, tu ne sais plus. A dire vrai, tu as complètement perdu la notion du temps, des priorités aussi. Tu te demandes d’ailleurs ce que vous faites là. Isaac ne t’a pas expliqué et tu n’as même pas cherché à savoir. Finalement, alors que vous marchez, il prend parole « Il y a quelque chose que j’ai laissé en ces lieux. Si le continent est destiné à couler, nous devons le récupérer avant qu’il ne soit trop tard. » - « Nous ? » Tu ne comprends pas pourquoi il t’a emmené. Aux dernières nouvelles, tu n’es pas son chien … N’est-ce pas ? « Tu aurais préféré que je te laisse seul, à rien faire au Fjord ? Le temps que je vienne ici, que je fasse ce que j’ai à faire et que je revienne, dans quel état je t’aurais retrouvé … » Tu ne pipes mot, sachant pertinemment la suite. Pourtant, comme pour faire un exemple, il rajoute « Soit tu serais retourné au lac gelé, tu te serais de nouveau perdu dans tes souvenirs, dans les vapes. Et là, je serais arrivé trop tard, ou alors juste à temps pour te voir reprendre conscience en pleine combustion, sous les rayons du soleil à l’aube. Ou alors tu ne serais pas sorti, mais tu aurais encore déprimé, à t’en bouffer les poignets jusqu’au sang. Certes, ça ne t’aurait sûrement pas tué – quoique – mais retrouver une épave dépressive … Non merci. Et puis, n’es-tu pas simplement content qu’on voie un peu du pays ? » Il se calme, s’approche de toi et te caresse doucement les cheveux. Il n’y a pas de doutes, tu es bien sa chose, son jouet, qu’il contrôle et manipule à souhaits « J’aime t’avoir à mes côtés. En un sens, cela me rassure. Tu comprends ? » Sans un mot, tu acquiesces doucement, presque éhonté de l’avoir mis dans un tel état. Parfait, c’est ce qu’il voulait.

Il reprend son bonhomme de chemin et arrive jusqu’à une bâtisse qui fût, un jour, un endroit particulièrement agréable à vivre. Devenue une ruine squattée par les plus pauvres et quelques gens douteux, le bâtiment n’aura pas résisté à ce qui a mis le continent à feu et à sang. Isaac entre, semblant se repérer malgré tout dans les décombres et tu le suis, sans grandes convictions. Il s’approche du sol, retire la poussière de plusieurs carreaux de terre cuite à l’aide de ses mains, puis utilise passe carrément le bras à travers. Les yeux ronds, tu le regardes faire, surpris par ce don qu’il ne t’avait jamais révélé. Il reste à fouiller quelques dizaines de secondes, jusqu’à retrouver une petite boîte en métal, en sale état. Il la place dans une sacoche et fait le chemin arrière, sans un mot. Toi non plus tu ne dis rien, pas vraiment curieux de savoir ce que cela cache. Cela fait un moment que tu as perdu ta curiosité, l’envie de vivre qui te caractérisait, qui te définissaient, toi. A présent, tu n’as plus envie de rien. Pas de vivre, même pas de mourir, à peine d’exister, de te laisser porter, trainer comme un sous-fifre obéissant. Tu as pourtant tellement plus à offrir. Mais tant que tu n’auras pas fait ton deuil, qu’il s’agisse de la mort de ta fille ou de ton propre décès, tu ne pourras pas avancer, faire un trait sur ton passé.

C’est d’ailleurs au moment où tu t’y attends le moins que ton passé décide de refaire surface. Un « Ellis ?! » lâché promptement te fait t’arrêter net. Cela fait longtemps que l’on ne t’a pas appelé de la sorte. Tu en grinces d’ailleurs des dents. Pourtant, tu reconnais cette voix. Tu ne sais plus d’où elle vient mais elle résonne en toi, dans tes souvenirs. Tu te retournes et fais face à une femme, un peu âgée mais bienportante. Son physique est des plus normaux, à ceci près que tu bloques complètement sur ses yeux. Elle a les mêmes yeux que sa fille, feu ton épouse. Rencontrer belle-maman en un lieu pareil te surprend, mais pas autant que ce qu’elle a à t’annoncer. « Tu es en vie ! Charlotte nous a dit qu’il vous était arrivé quelque chose, mais elle n’a pas voulu tout révéler. C’est son nouvel ami qui m’a annoncé que tu étais décédé. Pauvre Charlotte, elle qui a déjà traversé tant d’épreuves … » - « Elle … Elle est en vie ? » - « Eh bien … Disons qu’elle a eu le droit à une seconde chance. Elle est radieuse ! Et toi, que t’est-il arrivé pour qu’elle te pense mort et enterré ? » - « C’est … Je … » Tu ne sais pas quoi dire, quoi penser. Tu ressens un tel mélange d’émotions en toi que tu en pleurerais sur place, de joie, mais aussi de honte, de regrets. Une présence presque assassine se fait sentir derrière toi et demande, froidement « Puis-je savoir avec qui tu discutes, Harper ? » Tu te retournes et fais face à un Isaac aussi intéressé que sur le qui-vive. Pour la première fois depuis un moment, tu tiques très vite et lui réponds, du tac-o-tac « Cette femme souhaitait savoir si j’allais bien. Elle a cru que j’avais été victime de ce qui est arrivé ici. N’est-ce pas ? » Tu te retournes et fais un clin d’œil aussi rassuré que possible à belle-maman. Si jamais ton géniteur apprend que tu as encore des attaches et pire, que ta fille est en vie … « Oui … Oui, c’est exact. Et vous mon brave, tout va bien ? Vous avez une mine affreuse tous les deux ! » Isaac la toise un instant et devant un tel élan de bonté, il s’en trouve seulement écœuré. « Viens Harper, nous n’avons pas que ça à faire ! »

Tu te retournes de nouveau, pour suivre ton géniteur, ton ravisseur et bourreau. « Ellis ! » La femme t’attrape la main et te souffle discrètement « Garde ceci avec toi, cela pourrait t’être utile. » Elle te confie une pièce, d’un métal loin d’être précieux mais qui te fais sentir quelque chose de bizarre à son contact. Tu esquisses un sourire et continue ton chemin, pour ne pas éveiller les doutes d’Isaac. « Qu’est-ce qu’elle te voulait ? » - « Elle m’a donné une pièce, elle a cru que j’en avais besoin. » - « Ah … C’est vrai que tu fais un peu pitié, habillé comme ça. Rappelle-moi de te fournir des vêtements qui t’iront mieux. Tu n’es plus un vulgaire sujet de tests à présent. » Non, tu es pire que ça. Mais dans ta poche, tu continues d’effleurer le métal de tes doigts. Une douce énergie s’en dégage, quelque chose de rassurant. Comme si la femme avait mis de sa magie dedans. En te concentrant dessus, tu sens d’ailleurs quelque chose. Tu n’avais pas compris avec la proximité, mais avec la distance tu ressens encore la présence de la magicienne. Comme si la pièce savait t’y guider.

Tu comprends alors pourquoi elle te l’a donnée. L’objet ne te servira pas à le retrouver elle, mais bien à retrouver quelqu’un de son sang, qui possède une énergie similaire. Quelqu’un que tu sais à présent en vie et bien que cela te fasse peur, que tu meurs d’envie de retrouver. Auprès qui tu devras faire face, parler, sûrement t’excuser, encore et encore, jusqu’à ce que tu acceptes toi-même de passer outre. Celle que tu as tuée de tes propres mains. Ta fille. Tandis que vous marchez encore, tu en viens à réfléchir sur ce que la femme a dit. Serait-il possible que l’ami de Charlotte soit … Adam ? Tu ne sais pas trop, mais pour qu’il en vienne à confirmer ta mort, c’est qu’il avait dû être présent au moins pendant quelques temps avec vous. Alors il est toujours en vie ? Et il l’a retrouvée … Tu souris à cette pensée, car même si tu restes effrayé à l’idée de tout ce que ces pensées font naître en toi, tu ressens de nouveau quelque chose qui ne t’avait traversé depuis un moment. De la joie.

« Je ne sais pas ce qu’elle t’a dit, mais ça a l’air de te faire plaisir. Cela fait longtemps que je ne t’ai pas vu sourire comme ça. » - « Ah ? » - « Tu devrais sourire plus souvent. Ca te va bien. » Avec ce que tu viens d’apprendre, il n’y a pas de doutes que tu auras de vraies raisons de sourire, en effet !

[ 1488 mots | +4 pts d'intel pour Harper | Merci pour ce LDM =D ]
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Sam 09 Juil 2016, 23:05

Les caquetages allaient bon train sur cette présumée guerre des Dieux. L’on racontait partout que deux d’entre eux s’étaient affrontés dans le continent du matin calme et que celui-ci avait péri en conséquence de leur joute. Ses agents de renseignements envoyés sur le terrain, ils lui avaient consigné un rapport clair de la situation. Morts et destructions semblaient désormais définir sa nouvelle identité. Quelque chose lui disait qu’il en aurait pour son argent s’il allait voir les conséquences de cette colère de ses propres yeux. En même temps, le démon hésitait fortement à se déplacer à cause de son apathie évidente du jour. Un peu de divertissement lui ferait le plus grand bien, mais encore fallait-il qu’il trouve le courage qui le pousserait à émerger de son aisance. Oh et puis zut, il puiserait bien de quoi servir ses intérêts dans un lieu ravagé. Entre les victimes collatérales et les trésors déchainés par le chaos, il aurait sûrement de quoi élargir ses horizons. Zane ne prit pas la peine de se préparer, ainsi il quitta son territoire pour aller voir de ses propres yeux ce qu’il en était. C’est en choisissant ses ailes pour le porter et en faisant un détour pour aller ravir un ami qu’il s’enfonça dans les nuages, son corps dorloté par les rayons du soleil. Le trajet se fit en toute aisance jusqu’à la vision désastreuse qu’il découvrit, alors il battit des ailes frénétiquement afin d’accélérer vivement la dernière ligne droite. Il posa ses pieds sur le sommet d’un débris, point essentiel lui permettant l’accès à une belle vue, avant de destituer le quadrupède à son tour. Effectivement, tout laissait à penser que la bataille concernait un ou plusieurs dieux tant le continent sombrait un peu plus dans l’oubli à chaque minutie qui s’écoulait. Les océans engloutissaient progressivement le royaume. Qui plus est, la terre croulait constamment sous le poids des constructions qui s’ébranlaient au fur et à mesure. Certaines zones étaient plus épargnées que d’autres, mais rien de très probant non plus. D’innombrables personnes se trouvaient sur place, essentiellement pour aider les plus démunis.

Les individus qui se situaient là au moment des faits n’avaient pas tous réussi à s’en échapper, pour preuve les différentes dépouilles sanguinolentes qui flottaient à la surface. Ou encore les parties de corps démembrés qui prenaient racine un peu partout sur le décor. Pour un Démon à l’esprit aussi insalubre, contempler un tel tableau ressemblait à une sculpture transigée avec affection. Il ne pouvait s’empêcher de penser à ce que les Dieux disposent d’une fibre artistique supérieure aux mortels. Personne ne pouvait rester insensible à ce qui se trouvait là, sous leurs yeux, que ce soit en bien ou en mal.« Regarde. Certains jouissent de la situation à leur avantage. » « C’est le propre des vicieux d’agir en toute circonstance. Généralement, les bandits de grand chemin et les autres interviennent quelque temps après un désastre. Ils tirent parti de la chute économique pour arranger leur affaire, mais pas ici. » « Tu espères me faire croire que ceux qui n’attendant pas ce délai sont des pourritures aussi excessives que toi ? » « Je n’irais pas jusque-là. Ce qui est certain, c’est qu’ils sont là pour une bonne cause ; la leur. Tant qu’ils ne me gênent pas, tout se passera pour le mieux. » « Rappelle-moi pourquoi nous sommes venus ici au juste. » « Pour le plaisir. Ça compte beaucoup pour un Démon, le plaisir. » Sur ces bonnes paroles, le diable fit un long saut en avant pour parachuter sur une portion du sol qui n’avait pas encore chaviré. Déambulant sereinement sur une partie de route non moins intacte, il observa sans trop d’attention les multiples secours apportés qui agissaient dans la nouvelle aire d’inconfort. Le soleil brillait de mille éclats sur cette partie de la terre, si bien que le démon suait aussi vite qu’abondamment. Krog marchait modérément à ses côtés, commentant chaque piste que son flair lui accordait.

Allant du corps d’un enfant aux lamentations d’une vieille dame, tout ceci l’indifférait tellement qu’il se serait senti d’en rajouter une couche si le mal n’avait pas été déjà fait. Au mieux, il pouvait simplement jeter un verre d’eau dans un océan de problèmes. Autant dire que sa présence — aussi malfaisante soit-elle — ne changerait strictement rien à la vie des anciens citoyens qui vivaient jadis dans cette partie du continent. Par curiosité, le vil personnage s’approcha d’un homme enseveli sous une épaisse couche de béton. Ce dernier priait à qui voulait bien l’entendre de le sortir de là. Ce qui attirait de jure l’attention du démon, ce fut le vif éclat qui apparaissait au niveau de sa main droite. Malgré l’imminence du danger, il s’était en partie sacrifié pour sauver ce qu’il considérait comme un objet des plus inestimables. En analysant davantage, il perçut quelque chose comme étant un globe agrémenté d’une pierre précieuse. Peu importe à quel point il le suppliait de bien vouloir l’extraire de là, Zane était comme sourd à ces supplications. Il aurait parfaitement pu l’ignorer et passer à autre chose, mais même lui n’était pas aussi impoli pour agir avec autant de condescendance. Sans l’once d’une incertitude, il écrasa brutalement la main du mourant avec son pied, remuant celui-ci pour contraindre la victime à cracher ce qui serait probablement ses derniers gémissements. Dans l’insensibilité la plus irrespectueuse, son valeureux compagnon de route sema ses immenses crocs dans la gorge de l’homme. Une intention qui visait essentiellement à le faire taire. « Je ne t’en demandais pas tant, mais merci. » « Au service. » Zane tira net sur la main du énième mort, ce qui lui arracha son membre à défaut de remorquer tout le corps en sa possession. L’objet en question semblait vivre d’une importante dose de magie. En revanche, ses connaissances en la matière d’artefact se limitaient à quelques ressources. Il le disposa soigneusement à l’intérieur de ses vêtements, s’assurant qu’il ferait examiner ça à l’un de ses contacts dont c’était le métier. Au mieux, il pourrait en tirer un bel atout, au pire il le revendrait contre une grosse somme d’argent après avoir judicieusement négocié.

Quoi qu’il en soit, il croupissait quelque part des endroits à visiter. Les lieux encore accessibles se faisaient rares certes, mais ils étaient bels et bien présents. Son trajet suivant prit fin auprès de ce qui était clairement les restes d’une grande bibliothèque. Zane n’était pas un rat de laboratoire au sens propre du terme, néanmoins il vaquait régulièrement à la lecture afin d’améliorer les projets les plus fous qu’il avait en tête. En outre, il parvenait à maintenir une certaine culture sur le monde qui l’entourait. Certains grimoires dont la pénurie lui échappait pouvaient alors sûrement lui être favorables. Mais avant même qu’il ne requière l’aide de Krog pour passer au travers d’un obstacle infranchissable, d’autres hurlements lui percèrent les tympans à l’opposé du rivage. Adressant un signe de la tête à son protégé pour lui signifier de s’y rendre, les deux compères abandonnèrent leur intention première pour constater des faits. Une fois sur les lieux, deux groupes se querellèrent. Le sujet était encore et toujours celui des Dieux, et notamment l’origine du ou des responsables. Comme toujours dans les guerres ethniques, personne ne cédait face aux argumentations aberrantes des deux camps, si bien que le ton montait entre des menaces proférées avec l’audace d’un jeune garnement et les coups en douce soulevés par des aspirants. Pourquoi ne pas prendre part à ce règlement de compte se disait-il ? Au plus vite, l’homme se lança. « Hop, hop, hop, les enfants ! Vous devriez vous taire avant que je décide de faire sévir une correction dont j’ai le secret. Les Aetheri, Sympan. Des idiots. Tous. Pas un pour rattraper l’autre. Il suffit de voir comment vous réagissez pour si peu. Le fait est que le continent est détruit. Pourquoi ? Comment ? Qui a commencé ? Qui a pissé dans le flacon ? On s’en contrefiche. Ça s’est passé. Point. » Bien sûr qu’une entité supérieure était le responsable ! Et bien sûr que d’autres catastrophes verraient le jour. Il ne s’agissait aucunement d’un cas isolé, simplement d’un avertissement. Mettre des noms sur ce qui s’était produit n’aurait ni soulagé quiconque ni réparé les dommages.

En définitive, tout n’était qu’une question de point de vue. Ceux qui croyaient de surcroit aux miracles pouvaient se raviser, le mieux étant encore de se jeter dans l’eau pour se noyer. Ils prenaient mal la déclaration du démon, mais en même temps ils ne pouvaient agir contre lui. L’immense loup les empêchait de faire le moindre pas, les terrorisant sur place par sa manifestation agressive. « Si vous mêlez les Dieux à tous vos malheurs, alors considérez-moi comme votre unique. Pourrissez avec vos confrères. » D’un sourire expressif, le mercenaire du mal les bouscula en offusquant violemment les brèches d’une route fragilisée qui expulsait de l’eau à petites doses. En pulvérisant cette dernière, il condamnait le groupe d’individus qui trouva soudainement de quoi se serrer les coudes pour tenter d’échapper à ce qui allait suivre. Ce continent avait été fouillé de fond en comble, il n’apporterait plus rien de concret. Les deux amis avaient vu tout ce qu’ils voulaient explorer, par conséquent ils retournèrent d’où ils venaient sans se donner un ultime aperçu de ce qu’il advenait de cette partie des terres. Le passé étant l’ennemi de l’avenir, la compassion n’avait pas lieu d’être.


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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Dim 10 Juil 2016, 19:23


La fin d'une terre
« J'aime beaucoup cet endroit... ». Constantine semblait ravie d'être sur le Continent du Matin Calme en ma compagnie. Nous n'étions pas seuls en vérité car il s'agissait là d'une sortie scolaire. Nous étions un groupe de dix adolescents, accompagnés par un professeur qui souhaitait nous montrer l'architecture de la grande cité qu'était le continent en question. J'avais toujours trouvé cet endroit étrange. La neutralité qu'il revendiquait me laissait perplexe à bien des égards. Comment pareil lieu pouvait-il exister sans que des combats incessants ne se déroulent sur son sol ? Je n'étais pas rassuré en étant ici. J'avais peur de me retrouver dans un traquenard. Les environs semblaient plutôt calmes pour le moment mais mon instinct de survie était on ne peut plus actif. « Oui, c'est très joli mais je préfère quand même Caelum. ». Je mentais souvent ainsi. C'était devenu une habitude chez moi, si bien que, parfois, je me perdais moi-même dans mes mensonges. Le problème majeur qui se posait entre Constantine et moi, c'est que nos deux races étaient dans des camps similaires en réalité, mais opposés dans la fiction. Puisque j'étais censé être un Magicien, ma voix allait pour Sympan aux yeux de l'Ange. Ce n'était pas le cas en vérité. Néanmoins, nous avions trouvé un terrain d'entente : nous ne parlerons pas de nos positions entre nous et nous adopterons la position de Basphel pour la neutralité. Finalement, nos discussions à ce sujet étaient comme le Continent du Matin Calme, soit dangereuses pour la suite. J'avais pensé à lui dire qu'en réalité, je me positionnais contre ma race mais je trouvais que le mensonge ne servirait pas mes intérêts. Je devais faire en sorte de paraître en tout point conforme à ce que l'on attendait d'un Mage Blanc. « En réalité, je trouve que ce continent ressemble à n'importe quelle ville raciale, sans ses particularités. Je n'aime pas vraiment cet endroit. ». Si je l'avais aimé, j'aurai été particulièrement déçu de la suite des événements. Dans tous les cas, les bruits ne couraient pas encore sur ce qu'il se passait. Nous devions rester ici quelques jours et dormions dans une auberge de la rue commerçante.

C'est au matin du troisième jour que des murmures inquiétants commencèrent à s'élever. Dans la salle à manger, je tendis l'oreille. Il n'y avait pas besoin de comprendre les dires pour savoir que quelque chose n'allait pas. Les visages étaient marqués par les doutes et l'urgence. J'avais l'impression que ceux que j'observais ne savaient pas sur quel pied danser. Deux hommes étaient en train de discuter le plus sérieusement du monde. « Je te dis que la cave de chez Juliette est totalement inondée. Ce n'est pas normal. ». « Je ne sais pas. Je ne suis pas forcément d'accord. ». Un troisième homme arriva après avoir entendu leur début de conversation. « N'avez-vous pas lu les nouvelles ? Il faut évacuer le continent. Il menace de sombrer... Ça se fera doucement d'après les experts mais rien ne pourrait le maintenir à flot d'après ce que j'ai entendu. ». Le deuxième homme, celui qui était sceptique, se mit à rire en tapotant l'épaule de son ami. « Allons, je suis sûr que c'est encore l'une de ces rumeurs... Depuis le début de la guerre, il y a plein de vieux fous qui se trimballent en prétextant que le ciel va nous tomber sur la tête. Le continent a survécu jusqu'ici et ce n'est pas un peu d'eau dans les caves qui va y changer quoi que ce soit. C'est une terre, pas un bateau. ». Il semblait sûr de lui et si le premier homme fut un peu rassuré par ce qu'il avançait, le troisième, en revanche, fit un mouvement de la tête qui voulait tout dire. « Faîtes comme vous voulez. Je vous ai dit ce que je savais, si vous ne voulez pas prendre la menace au sérieux, vous sombrerez avec cet endroit. A votre avis, pourquoi les Orishas de Megido ont fait le déplacement jusqu'ici et commencent à évacuer ? ». Le silence s'installa et je me désintéressai de la discussion. Je n'avais aucune idée de ce qu'il convenait de faire. Était-ce vrai ? Et, si oui, ne valait-il mieux pas partir ? Je devais réfléchir. Notre professeur aurait été mis au courant si une quelconque menace pesait sur nous. Peut-être que le continent était simplement en train de s'incliner ? Je n'avais que très peu de connaissances en géologie mais je devais tirer cette histoire au clair. Je finis par me lever, ayant rendez-vous au jardin du savoir avec mon groupe. Je m'étais levé plus tard que les autres et ils étaient partis sans moi.

Je me frayai donc un chemin jusqu'au jardin du savoir. Nous devions admirer l'architecture du musée et du bâtiment qui était nommé « les parchemins du temps ». « Constantine ! ». J'agitai ma main en criant son nom pour qu'elle me repère de là où j'étais. J'aimais bien voir la joie faire briller ses yeux. Quelle sotte. Notre professeur était là et, malgré ses explications architecturales, je sentis vite qu'il n'était pas non plus rassuré sur la situation qui se présentait à nous. Je devais crever l'abcès, il le fallait. « Excusez-moi ? ». Il s'interrompit à mon arrivée, arrivée précédent mon questionnement. Il me regarda avant de me répondre : « Oui, qu'y a-t-il Kaahl ? ». « Je crois que vous le savez très bien. ». Je n'étais pas en train de l'accuser, bien au contraire. J'avais la voix de quelqu'un qui avait peur et je ne pouvais cacher le fait d'être anxieux. Je l'étais vraiment, je ne jouais pas la comédie. « J'ai entendu des conversations et je ne sais pas s'il est très sûr de rester ici. Je me suis dit que vous auriez peut-être plus de renseignements que moi mais les habitants disent que l'eau s'infiltrent dans les caves et que... ». Je n'eus pas le temps de finir ma phrase. Quelque chose se produisit. Un cri retentit sur notre droite et quand je posai les yeux sur la femme qui était à l'origine de ce dernier, je vis qu'elle pointait avec horreur quelque chose qui provenait du ciel. Mon regard suivit son doigts et je pus constater qu'un point noir se rapprochait de nous à grande vitesse. Peu de temps après, d'autres apparurent. Notre professeur fut le premier à réagir. Personnellement, je perdis presque la notion du temps. Il se passait quelque chose qui dépassait l'entendement et je n'étais pas préparé à ça. Qui l'aurait été ? « Nous devons partir, vite ! ». La force de la phrase me sortit de ma torpeur et, sans réfléchir, je suivis l'homme qui se fraya un chemin un peu plus loin, afin de nous cacher de la foule. Là, il s'accroupit devant nous. Ce qu'il avait à nous expliquer n'était pas forcément facile. « Je peux me téléporter mais je ne pourrai pas tous nous ramener à Basphel en même temps. Je veux que vous restiez calmes et que vous soyez forts et courageux. ». Je poussai alors Constantine un peu plus en avant. J'étais lâche mais j'avais une idée derrière la tête en faisant ça, une idée que mon instinct de survie avait eu par nécessité. « D'accord, Constantine, viens avec moi... ». Il avait fait un geste de la main vers une autre fille du groupe pour l'inciter, elle aussi, à venir. « Non... Je ne veux pas partir sans Kaahl... ». Son trouble se lisait sur son visage et le professeur n'avait pas le temps de réfléchir plus amplement. « Kaahl et Constantine d'abord, dépêchez-vous. ». Je fixai le ciel une dernière fois avant que le décor ne disparaisse. Nous n'allions sans doute pas tous survivre.

Nous atterrîmes sur la plage, notre professeur repartant tout de suite après. Nous étions loin de Basphel. Les émotions qu'il ressentait avaient dû impacter sur sa magie. En baissant les yeux vers mon propre corps, je me rendis compte que je tremblais de la tête aux pieds. À côté de moi, Constantine était en train de sangloter. « Kaahl... ». Ses paroles n'étaient autres qu'un appel à l'aide. Je finis par l'entourer des mes bras pour la consoler. À cet instant, je ne trichais pas non plus. Les choses étaient trop graves pour que j'arrive à rester maître de moi-même. « Et s'ils ne revenaient pas... ». « Ils vont revenir, ne t'inquiètes pas. ». Ils ne revinrent pas.

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Lun 11 Juil 2016, 05:30


Le voyage avait été sans encombre, comme toujours, l'orisha ayant prit place à bord d'un navire transportant une cargaison toute fraiche d'épices et d'alcool. Marchandise qui avait déjà son lot d'acheteur prêt à prendre possession de leur requêtes, une bourse bien remplie à la taille pour régler les comptes. L'alcool pour les auberges et tavernes, les épices pour les plus raffinés du palais. L'orisha n'avait pas ce goût pour ce genre d'ajout aux plats, préférant l'accompagnement d'un bon alcool, que ce soit bière, cidre, vin ou qui sait encore. Devant eux s'ouvrait le Port, lieu d'attache pour de nombreux navires sur le continent du Matin Calme. Appuyé sur le bastingage à la proue du vaisseau, il était sceptique, quelque chose n'allait pas aussi bien que prévu. Il appela le capitaine, homme de son peuple également, lui pointant un endroit précis.
- C'est moi qui a la berlue ?
- J'aurais aimé vous dire oui.
- Au moins je suis pas encore cinglé. Fait ce que tu peux pour approcher et faire mener les barques avec l'équipage aux quais. Ne déchargez rien.
Ethan n'était pas le capitaine mais sa présence était respecté et sa présence un atout sans conteste.  

Une fois assez proche, l'orisha était impatient et descendit l'échelle de corde pour marcher sur l'eau jusqu'au quai. Du moins ce qui en restait de visible. Ethan était debout sur l'un d'eux et avait de l'eau jusqu'aux mollets, comment cela pouvait être possible ? Voyant un soldat passer au pas de course, il l'interpella aussitôt.
- Hey l'ami ! C'est quoi l'soucis ?
- On coule...
- Le Port ?
- Tout le continent !
- Arrête de te foutre de ma gueule orisha !
- Constate par toi-même.
Le grand marcheur regarda plus attentivement la situation. Partout les gens circulaient, non pas pour faire leurs emplettes mais pour déménager. Prenant le plus important, abandonnant ce qui peut être acheter ailleurs. Plus de commerçant, le marché public est vide. Un regard plus approfondit menant à la conclusion que la situation est vraiment mauvaise.
- File...
Ethan se rendit au bureau de la milice orisha pour en recevoir un maximum d'information sur les opérations en cours pour joindre ses capacités aux travaux déjà amorcés.
- Nous manquons d'effectif, depuis des jours que l'on évacue sans cesse. Manque de navire, ils sont tous en navette entre ici et le continent voisins. Tout le Matin calme est en train de couler. Nul endroit ne semble être épargné selon les missives reçues.
- Je peux faire quoi ?
Une carte fut posée sur la table mais à peine un doigt fut-il pointé sur un lieu qu'un bruit sourd et des tremblements renversèrent tout le monde dans la pièce. Ethan se relevant en maugréant dû à l'eau qui couvrait le sol, se retrouvant trempé de la tête au pied.

Dehors des cris de peur et de panique, l'orisha sortant la tête par l'embrasure de la porte pour voir ce qui ce passe. Levant les yeux aux ciels, une multitudes de points noirs, tâches dans le ciel qui grandissaient à vue d'oeil, devenant de plus en plus distinct : des projectiles ! Les premiers bruits avait été causé par un impact, meneur d'une longue série à venir sans aucun doute. Ethan n'y comprenait rien, tant la provenance que la raison alors que le ciel leur tombait littéralement sur la tête. Panique généralisé. Les biens n'importent plus, seul la vie devient précieuse et chacun cours pour sauver la sienne ou celle de ses enfants. Cohue sans nom alors que les tremblements se poursuivent, des morts écrasés par les projectiles ou les morceaux de bâtiments qui tombent comme un château de carte sous la puissance des impacts. Nul doute le genre de situation que personne ne veut vivre, fuir est la seule issue, l'orisha est craintif et chercher un moyen de retourner aux navires.  L'eau monte toujours, les déplacements plus difficiles alors que les débris s'agglutinent, il prend une grande respiration et regarde le soldat une dernière fois avant de se mettre à courir aussi vite qu'il le peut. Force, agilité et intelligence s'alliant pour un parcours aussi sans faute que possible. Ethan sent son coeur palpité à vive allure dans sa poitrine, largement plus qu'il en avait l'habitude, même dans les moments intense et brûlant il n'avait jamais ressenti sensation aussi désagréable. Déconcentré par ce tambour incessant, il perdit pied et dans son élan roula au sol sur plusieurs mètres avant de percuter un poteau qui n'avait pas eu la délicatesse de s'écarter du chemin. L'orisha le recevant en plein dos, lui arrachant un hurlement de douleur.

Personne pour l'aider, aucun  ne se souciant d'un orisha de plus gisant sur le sol, chacun optant pour le choix d'atteindre leur propre liberté. Quitter cette enfer où le ciel leur tombe sur la tête en espérant un lieu d'accueil pour toute la population d'un continent ou du moins ce qu'il en resterait. Il sentit une présence, un réconfort et une paix d'esprit. «Faely...» pensa t'il sous ce bienfait qui ne pouvait être que le sien. Il cherchait du regard mais ne voyait rien, obnubilé par la proximité de sa propre mort, de la douleur qui lui ravage les sens. Tout se dissipait dans son esprit, usant de ses forces restantes pour se lever, une vive chaleur au niveau des reins, lieu de l'impact, grimaçant mais avançant quand même. Une fois rendu aux quais, le navire dans lequel il était arrivé avait déjà mit toute voile dehors et fait tourner le navire pour être prêt à partir. Coup du destin ? Sympan veillait t'il sur lui, projetant d'autres desseins que la mort pour ce grand marcheur ? Ethan atteignit le bateau, s'y faisant hisser puis l'ancre fut levé pour un départ en catastrophe. Il était sauvé, pour l'instant mais il se doutait bien que c'était la dernière fois qu'il verrait ce continent. S'écroulant dans sa cabine, la présence était de nouveau à ses côtés, apaisant son être. Il ferma les yeux pour sombrer dans le sommeil.

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Sam 16 Juil 2016, 21:52


La vieille Papaya, voisine de palier et à l’occasion mon amie, vint frapper à ma porte avec toute l’énergie qu’une vieille dame pouvait encore fournir à son âge. D’un pas prudent, je me dirigeai vers l’entrée et craignant que ce soit Vernic, mon adorable mari, j’attendis qu’une voix s’élève et me prouve que c’était bien la vieille voisine. J’avais par précaution, suite à la dispute de la veille avec Vernic, qui s’était terminée dans le vacarme et les pleurs, fermée à double tours cette porte en prenant soin d’entreposer toute ma vaisselle devant, sur une chaise, pour me prévenir de son arrivée.

« J’arrive Papaya, deux secondes, il faut que j’enlève certaines choses. »

Je fis tomber une assiette au sol car mes pensées sombres provoquaient la maladresse, ce qui m’exaspéra. Je poussais les débris du bout de ma semelle et continuais la besogne jusqu’à ce que toute la vaisselle fusse ranger.
La vieille rentra en trombe, haletante dans l’appartement.
« Il n’était pas trop tôt ! » Elle posa un regard curieux sur mon visage et me tira le menton. « Quand comprendras-tu ! Si cet homme n’est pas fait pour toi, quitte-le. Sache que son métier n’est pas d’être sculpteur, il n’a pas à te refaire la face. Rha. » La vieille me disputait. Je n’osais rien lui dire sur le conflit de la veille, de toute façon, Papaya avait dû tout entendre. Malgré sa surdité évidente, les murs n’étaient pas épais. Toutefois, je n’étais pas d’humeur à être prise pour une enfant. Je croisais les bras et reculais d’un pas, pour m’écarter de son champ.

« Que souhaites-tu ? » demandai-je agacée. Mon œil droit me lança une vive douleur et je n’avais qu’une seule hâte : préparer une tisane et un baume curatif. J’avais commencé à écraser les plantes. Papaya alla s’asseoir à ma table et vérifia immédiatement ce qu’il y avait dans les bols.

« Le persil, il faut bien l’écraser, pas comme ça ! » Je me précipitai vers elle et l’arrêtai.

« Que veux-tu ? » insistai-je. Se souvenant subitement de la raison de sa venue précipitée, la vieille femme eut tôt demandé un grand verre d’eau. Habituellement, cette comédie m’aurait divertie, mais cette fois, je n’avais qu’une envie : être seule et en profiter. Je restais à ma place et je répétais la question.

Soupirant, la vieille femme avoua.
« Oh, ma pauvre Soma… N’as-tu pas mis ton nez dehors, par les temps qui courent ? Es-tu sortie de chez toi récemment ? »
« Je suis allée travailler, donc oui. Pourquoi ? » J’allais pour m’asseoir mais la vieille m’arrêta et me prit les mains.
« J’espère que tu as toujours ton baluchon à proximité, ma pauvre fille. » J’acquiesçai. « Car je crains pour ton couple, mais surtout pour toi, que vos économies, l’achat de cette maison, ait été en vain. Nous coulons. » Cette affirmation qui sonnait comme une vérité absolue, me parut parfaitement fantasque, venant d’une vieille comme Papaya. Je ne voyais pas où elle voulait en venir et à vrai dire, cela ne m’intéressait pas non plus. Voyant que son énigme ne m’aiderait pas à me soigner, je lui suggérai de quitter l’appartement.
« Je vais maintenant me reposer, Papaya. » Et d’un temps trois mouvements, la vieille fut mise à la porte aussi vite qu’elle était rentrée.
« Nous devons quitter les lieux Soma ! » insista Papaya. Je ne lui répondis pas et quelques secondes plus tard, je n’entendis plus rien. Elle était partie.
Je retournais à la préparation et pris mon temps pour écraser le persil au fond du bol en bois, que je mélangeais par la suite avec de l’eau de source récemment apportée. Vernic en avait pris un baril au Port, pour me faire plaisir, ce qui avait fonctionné. L’odeur persillée de la préparation vint chatouiller mes narines. Je m’en appliquais sur les zones bleutées de ma peau. Soudain, le sol trembla. J’eus à peine le temps de me cacher sous la table que tout le plancher se déroba sous mes pieds et l’instant d’après, ce fut le noir complet.

Un aboiement me tira du sommeil. Je me mis aussitôt à crier, paniquée d’être ainsi coincée. Quelques planches de bois entravaient mes jambes. La table en chêne avait visiblement protégé ma tête des poutres du plafond, néanmoins, les grincements que j’entendais ne me disaient rien qui vaille.

« Quelqu’un ? »
Je voulus hausser la voix mais mes côtes me faisaient affreusement souffrir. Des gémissements à la place sortirent de mes lèvres.
« S’il vous plaît… »
La voix m’entendit, le chien continua d’aboyer. Plusieurs minutes plus tard, on m’aida à sortir des décombres et on m’avoua être née chanceuse. Je vivais au dernier étage de l’immeuble de deux étages. Ma vision était trouble et on me força à avancer. Je passais à côté d’un corps que je reconnus grâce aux vêtements qu’elle portait de couleurs assez vives : Papaya avait littéralement la tête explosé. On m’entraîna ailleurs alors que le sol, encore, sous mes pieds continuaient de gronder. Plusieurs personnes criaient dans tous les sens ; j’eus voulu appeler Vernic mais tout était trouble et je doutais sincèrement qu’il ait pensé à venir me chercher. A l’heure qu’il était,  il devait avoir pris un bateau et s’être enfui. Je lui en voulais terriblement de m’avoir laissé ainsi. L’homme qui m’aida à avancer quelques mètres se tourna vers moi, parla mais je ne compris pas et partit à son tour. Ma vision était un peu plus claire, je le vis détaler avec son chien dans les rues commerçantes. Tout le monde fuyait. En-dessous de nous, la terre trembla encore et me donna de la difficulté pour avancer. Je suivis le mouvement sans même savoir où j’allais vraiment : sur mon chemin je découvris avec horreur les dégâts des nombreux tremblements de terre. A chaque coin de rue, plusieurs maisons s’étaient écroulées au sol et de nombreux pavés empêchaient les gens de courir. J’avançais terriblement lentement, mes côtes me coupaient le souffle et chaque pas était une épreuve. De nouveau, des secousses nous firent tous mettre un genou au sol. Et des gens de nouveau crièrent en pointant le ciel. Je n’avais encore jamais vu cela dans toute ma vie : le ciel pleurait des pierres de feu. Je me recroquevillais et gémissait ; je n’avais pas envie de mourir, pas maintenant priai-je.

« Tu es là ! » cria une voix derrière moi. Je reconnus le timbre, Vernic. Des larmes me montèrent aux yeux. Je ne savais pas comment il avait réussi pour me retrouver. Le hasard pensai-je. « Cesse de geindre et magne-toi ! »

Il m’agrippa le bras et m’entraîna jusqu’au Port où nous bousculions les passants car tous voulaient monter à bord des galions des Orishas.

« La terre s’écroule, l’île nous engloutira tous ! » criaient les gens autour de nous.

Je regardai Vernic qui, visiblement cherchait déjà un moyen de dépasser toutes les familles qui se bousculaient ; tous n’auraient pas cette chance de partir d’ici. Je songeais à la vieille Papaya que je laissais derrière moi, à mes collègues Mei et à tout ce que j’avais essayé d’entreprendre. Mon mari coupa toutes pensées en m’empoignant l’avant-bras fermement pour avancer à travers la foule qui se battait pour franchir l’un des ponts. Nous arrivâmes finalement au niveau des Orishas qui nous embarquèrent. Les vagues claquaient violemment les coques solides des bateaux, nous vîmes des hommes tomber à la mer. Certains cherchaient à s’enfuir à la nage et d’autres un moyen de grimper à bord des navires. Je connus à ce moment-là tout l’ampleur du mot chaos : les éléments étaient contre nous, tous les Aetheri semblaient nous abandonner. Je fermais les yeux et priais la Mort de nous épargner cette fois encore. Notre galion partit, il était plein à craquer. Les orishas se hâtaient : chacun avait son poste. Cette nuit-là, je priais mes Ancêtres, mes Aetheri pour nous garder en vie. Nous n’avions plus rien à présent ; nous devions tout recommencer dans un nouvel endroit.

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[LDM ½ Event] - La fin d'une terre.

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