Un matin calme au Sanctuaire, dans la chambre du Fae...

« Michel ? Tu peux me dire ce que j'suis ?» L'assistante pencha la tête à gauche, tout en remontant ses fines lunettes sur son nez en trompette. « Que voulez-vous dire par... ce que vous "êtes" ? » Olwë face au miroir de sa penderie s'observait sous toutes les coutures. Tantôt passait-il sa main dans ses cheveux bruns, tantôt laissait-il glisser le bout de ses doigts sur ses petites ailes pailletées de vert. Quelque chose était en train de se passer dans son petit esprit d'ordinaire si naïf de sa condition. « Ben... Tu vois bien non ? Je suis tout petit, j'ai des ailes, et y a pleins de fleurs qui me parlent tout le temps ! » Michelle sourit de l'innocence de son supérieur, bien qu'elle savait parfaitement que ce genre de révélation était annonciateur d'une crise identitaire chez le fae. Aussi décida-t-elle de garder son attitude positive et de détourner son attention vers un autre sujet. « Monsieur compte-t-il se rendre à la Forteresse pour la Grande Floraison ? » Il n'était pas difficile d'attirer les pensées de l'Ayasca sur autre chose que son sujet de préoccupation actuel. Après tout, réfléchir trop longtemps lui donnait souvent très mal à la tête. « La ?»  « Floraison. Dans le jardin. Le jardinier vous a envoyé une invitation » « Beuh... Pourquoi moi ? »  « Ça, je l'ignore, mais je suis certaine que cela te ferait du bien de t'y rendre ». En vérité, la secrétaire savait parfaitement de quoi il en retournait, mais comment annoncer à son patron que le message provenait d'une petite fae qu'il avait il y a longtemps de cela sauvé ? Elle avait appris rapidement à jongler avec le caractère si fantasque d'Olwë et en avait conclue que mon ce dernier en savait, mieux tout le monde se porterait. « Ah ! Une fête, ouais, ça me tente bien ! C'est par où ? » Michelle tendit le doigt vers la fenêtre ouverte, mais avant même qu'elle ait eu le temps d'articuler un mot, le fae avait filé dans la direction indiquée. « A tout à l'heure ! » Ou plutôt, "à dans quelques jours", aurait-il du dire...

Les jardins de la forteresse - Berceau Cristallin

Vous révéler que notre protagoniste avait bien faillit ne jamais arriver à bon port n'est surement pas surprenant, en revanche, que ce dernier soit parvenu à se faire accompagner par une jeune vampire qui semblait parfaitement supporter sa présence devrait l'être nettement plus. Inutile de préciser par quelles aventure rocambolesques le fae a du bien pouvoir passer avant de voleter dans l'atmosphère du Continent Dévasté, ni par quels miracles ce dernier a finit par se faire adopter par l'enfant. « ...et alors, j'ai chassé le dragon en lui soufflant dans le nez ! Il a prit feu et *pouf*, il est partit ! » « Wahoo ! Tu en as encore beaucoup des histoires comme ça ? » « Oui ! Pleins !  D'ailleurs, pas plus tard que tout à l'heure, alors que je voulais attraper une fraise dans le ventre d'un... » Mais la fillette ne lui laissa pas l'occasion de lui raconter une nouvelle histoire, car nos deux amis venaient de pénétrer dans l'immense jardin de la Forteresse des vampires. « Il faut que je te laisse ! Maman doit m'attendre. » Du bout des doigts, la rouquine attrapa les ailes du fae pour le déposer sur une large feuille de bégonia. « On se revoit un de ces jours ! » Olwë ne comprit pas tout, et il aurait bien voulu lui demander de quels jours elle pouvait bien parler, mais il était déjà assaillit de tout un tas de questions et de tout un tas de remarques !

Ses petits yeux émerveillés se baladèrent tout autour de lui. Peut importe sur quelle plante ces derniers venaient se poser, ils étaient toujours de plus en plus impressionnés ! Jamais il n'avait eu de jardin comparable à celui-ci. Chaque tige, chaque feuille, chaque pétale de chaque fleur semblait plus beau que son voisin ! La bouche grand ouverte, Olwë n'arrivait pas à réagir aux demandes de plus en plus incessantes des plantes autour de lui, qui voulaient bien entendu savoir laquelle d'entre elles était la plus belle. Sans prendre la peine de leur répondre, quasiment machinalement, le fae s'envola et se mit à parcourir chaque parterre de fleurs, chaque bosquet. Tant de délicieux parfums lui montait jusqu'à ses délicates petites narines ! Il avait l'impression d'être au paradis et rayonnait littéralement de bonheur. « Où que je suis... » Il n'attendait pas spécialement de réponse, mais c'était la seule question qu'il avait été capable de formuler. L'esprit d'Olwë était déjà bien loin, si loin qu'il ne remarqua même pas qu'il venait de se poser dans le cheveux d'un invité !

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