Étonnement je ne pensais pas que ce soit sur ce Continent que je retrouve un peu de calme dans ma vie. Certes son nom peut bien dire ce qu’il veut, pour moi chaque fois que j’y pense je me sens mal. Mais depuis cette visite aux Jardins ça va mieux. Je me sens plus… Apaisée. Parce qu’avant ça, avec tous les événements qui se sont passés et qui se passent encore, j’avais le moral au plus bas et l’esprit des plus embrumés. A présent tout est bien plus clair et je dois bien avouer que c’est tellement agréable. Aussi même si j’ai encore ce sentiment de n’être pas la bienvenue sur ma terre natale, je profitais d’être ici pour faire un tour dans la Rue Commerçante. J’ai toujours aimée voir les artistes de rue qui s’y trouvait et le brouhaha éternel qui s’étendait du petit matin à l’ouverture des magasins jusque tard dans la nuit quand les tavernes daignaient enfin fermer leur porte. Ça sentait la vie. Petite j’avais toujours voulue faire partie de ces saltimbanques qui divertissent la foule, jusqu’à ce que je me rende évidemment compte que c’était loin d’être la voie qui me convenait. Mais il est certain que cette rue m’a toujours charmée.

Il ne semblait pas y avoir de nouvelles boutiques depuis mon départ. En même temps, cela ne fait pas si longtemps que j’ai dû quitter la Citadelle. Aussi je me régalais à faire du lèche-vitrine devant mes boutiques favorites. La rue était toujours aussi bondée de monde, et y circuler sans bousculer quelqu’un relevait du miracle. Je me rangeais sur un côté et longeais les murs et magasins pour limiter les rencontres. Ce n’est pas tant les chocs qui me dérangent, mes ce qui peut en découler. Le monde présent dans cet endroit fait que les vols sont monnaies courante. Et j’ai passé une trop bonne journée pour subir ce genre de chose. Je m’arrêtais devant une boutique en particulier. Le vendeur y vendait des broches. Je les ai toujours trouvées magnifique. J’entrais pour voir les nouveautés. Je lui ai demandé une fois comment il faisait pour qu’elles soient si belles et unique. Apparemment il a un petit marché avec une Fae. Evidemment ça facilite les choses. « Kyra ! Ça fait plaisir de te voir ! Ça fait un baille dit moi. Tu deviens quoi ? » A ce moment j’eu un instant d’hésitation. Je lui dis quoi ? Que j’ai choisi la voie de l’aventure et quitter la Citadelle, ce qui est en partie vrai ? Ou toute la vérité, rien que la vérité, et je lui balance la sauce Déchue ? En m’attardant sur plusieurs d’entre elles, je lui dit calmement « Bah écoute tu veux savoir ? Finalement je ne suis pas devenue Ange Gardien. ». A ce moment je le regardais avec un air malicieux et déployais mais ailes de sous ma cape. « Nan, sérieusement… » - « Ça arrive sans prévenir ce genre de chose. Sinon tu me conseille laquelle ? Ca ne tiendrait qu’à moi je les prendrais toutes en fait…» - « Le blanc c’est ce qu’il te va le mieux. Tiens, un arum parsemé de fleur de gui. » me dit-il en me tendant la broche en question. Je lui souris gentiment en lui tendant la monnaie. Je sortis en lui faisant un petit signe de la main. Je suis contente qu’il n’ait pas mal pris ma déchéance.

Perdue dans mes pensées je ne faisais plus attention au monde présent dans la rue. Aussi je fini par bousculer une personne. « Ah ! Pardon ! ». Inutile, elle avait déjà disparue. Je tâtais alors mes poches. C’est bon, rien ne manquait à l’appel. Ma broche était également toujours présente. « Fffou… Coup de chance… ». J’allais continuer ma route quand j’entendis un petit bruit métallique sous mon pied. J’attrapais l’objet en question. C’était une gourmette. Elle devait appartenir à la personne que j’avais percutée quelques secondes plus tôt. Au dos il y avait un petit mot. Mais c’était écrit en une langue que je ne connaissais pas. Je ne savais lire que la langue commune. J’avais également commencé à apprendre la langue la langue Déchue… l’Anataema – comment j’ai pu oublier ça ! – mais même là je serai incapable de le déchiffrer… Voyons… Le nombre de races différentes et présentes sur cette île est assez incroyable. Mais tomber comme par hasard sur la bonne personne qui saura lire ça. Un éclair de lucidité me traversa alors l’esprit. Les prêtres ! Ils devaient bien réussir à déchiffrer ça eux ?

J’arrivais au monument religieux. Cet endroit m’avait toujours impressionné. Il était si imposant et si magnifique. Je poussais les portes et vit sur les marches de l’autel deux femmes. L’une d’elle était vêtue tout de blanc et semblait prête pour son mariage. Mais au vu de la tristesse qui se dégageait de son visage, le marié n’est probablement jamais venu. Je jetais un œil à la gourmette que je tenais encore. Elle attendra un peu. Je m’approchais des deux jeunes femmes. La seconde, qui s’était retourné à mon entrée, avait l’air de vouloir la réconforter comme elle le pouvait. Mais rien ne semblait vouloir faire sécher les larmes de la jeune mariée. « Bonjour mesdemoiselles. ». Pas pour être méchante, mais l’une le marie manque à l’appel et la seconde… Je ne sais pas. Je ne la voie pas mariée. « Quelque chose ne va pas ? ». Je me rendis alors comptes de l’absurdité de ma question. « Evidemment que ça ne va pas, bourrique ! Allez, rattrape-toi et dit quelque chose d’autre. » me fit-je à moi-même. Je m’agenouillai devant la femme à l’aspect fantomatique, entre sa robe blanche et sa peau de porcelaine. « Allons, on ne pleure pas ainsi le jour de son mariage. Surtout avec un aussi beau visage. ». Je lui dis ces mots avec un sourire pour la réconforter. Mais au fond, je dois bien avouer que son mariage je n’y croyais plus beaucoup. Lorsque même les témoins sont absents, il n’y a plus beaucoup d’espoir.

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