« Non ! N'approchez pas ! » cria l'homme, au comble du désespoir. En haut du Rocher au Clair de Lune, il était évident qu'il s'apprêtait à sauter. Lorsque Séléna était arrivée, il sanglotait. Elle l'avait tout de suite remarqué. Ses yeux s'écarquillant, elle avait essayé de le maintenir indemne le plus possible, grimpant pour le rejoindre comme elle pouvait. « Attendez... » lui avait-elle répété plusieurs fois. A maintes reprises, elle avait faillis glisser, manquant clairement d'habileté. Tremblante, elle s'avançait, n'ayant aucune idée de ce qu'elle ferait une fois en sa compagnie. Elle voulait simplement lui donner un espoir. « Je... Vous n'êtes pas seul... ». Elle marqua une pause, légèrement essoufflée. « Je suis là moi... même si on ne se connaît pas. Je m'appelle Séléna, et vous ? ». Pour une fois dans son existence, peut-être aurait-il mieux valu qu'elle écoute le sage conseil que lui avait inculqué son tuteur jadis, celui qui voulait qu'elle ne parle pas aux inconnus. « Ludwig... » murmura alors l'homme. Elle sourit, rassurée. Elle ne savait pourquoi mais elle pensait que s'il lui confiait son prénom, alors il ne sauterait probablement pas. « Je vais venir vous chercher, Ludwig. ». Il ne répondit rien. Le cœur de la jeune femme battait la chamade. Jamais elle n'avait été en présence d'un homme qui semblait aussi faible, aussi perdu. Il s'approcha du bord, murmurant d'une voix secouée par de nouveaux sanglots : « Je vais sauter... ». « Non ! Ne faites pas ça ! ». Affolée, elle avait couru jusqu'à lui, lui attrapant le bras pour essayer de le retenir. Elle n'avait qu'une faible force et, quand bien même, l'on ne pouvait lutter contre un Æther. Ses larmes disparurent en même temps que Mitsuko apparaissait, en bas du rocher. C'était comme un pressentiment, une certitude. Elle leva les yeux vers lui. Dans le vert de ces derniers passèrent en une fraction de seconde la colère et la peur. L'homme attrapa la main de Séléna qui lui maintenait jusqu'ici le bras, la déplaçant jusqu'à ce que ses pieds ne touchent plus le sol. L'incertitude se lut dans son regard. Elle ne comprenait pas. Lui, souriait. Il lui murmura doucement. « Je m'excuse très chère, je cherche simplement à vous prouver que vous ne pouvez guère gagner à tous les coups. Même s'il ne s'agit pas ici d'une réelle victoire en ce qui me concerne. ».

Il concentrait assez son pouvoir pour que Mitsuko ne puisse intervenir. De là où elle était, elle se battait contre une force qu'elle maîtrisait moins bien que lui : le temps. Il connaissait sa faiblesse. Certes, ses capacités pour manipuler autrui étaient grandes, mais elle restait si instable, comme si dans un simple battement de cils, elle pouvait voir s'écouler dix ans. Elle était comme figée, incapable de l'écarter de la Rehla. Pourtant, elle luttait, avec toute la puissance dont elle était capable. « Au revoir. » murmura-t-il à la jeune femme qui n'avait rien compris de l'ensemble de son discours. Et, dans un petit rire, il la lâcha simplement, son corps s'écrasant en bas du rocher.

La suite fut atroce pour la Déesse. Elle sentait son énergie s'annihiler. Tombant à genoux, elle souffrait. C'était au delà d'une torture physique, cela faisait longtemps qu'elle était au delà de ce genre de considération. C'était comme si, tout à coup, son essence divine la quittait, que la ligne de sa vie perdait de sa splendeur, que son âme s'éteignait à petit feu. Et c'était bel et bien ça. Si Séléna mourrait, elle aussi. A Somnium, le Pégase leva la tête, se sentant défaillir lui-aussi. L'animal se rappelait des mots qui avaient été prononcés le jour de sa création. « Je t'aime mais je te haïrai, à jamais. Et ça, tu ne pourras pas l'oublier, tout comme mon nom. Et je te mentirai. Je t'ai déjà tant menti. Mais je te mentirai, pour que jamais tu ne t'ennuies avec moi. ». Ce petit fragment d'âme qui était enfoui en lui, il n'était autre qu'un cadeau au prince des rêves, ce même prince qui avait osé abandonner l'île qu'il avait façonné de sa magie en compagnie de celle qui était à l'époque destinée à devenir une Déesse. « Je veux que mon royaume soit merveilleux, je veux qu'il te ressemble un peu, beau mais dangereux. Je le veux au-dessus des océans, caché par les nuages pour que les Hommes n'aient jamais l'idée de conquérir ce bout de rêve matérialisé, je le veux ainsi placé car tu seras les cieux, et moi l'océan. ». Quand Mitsuko chérissait un être, elle ne lui offrait guère des fleurs ou son cœur, elle lui offrait un fragment de son âme. Zéleph avait eu la moitié de ce qu'il lui restait car il était son mari, celui qui éveillait son corps, celui qu'elle aimait. Ismérie avait eu un ersatz également, car il était celui qui la faisait rêver, celui qui éveillait son esprit, celui qu'elle aurait pu aimer, celui qu'elle aurait dû aimer.

L'Ombre disparut dans le néant, emportant avec elle ce fragment d'âme. Le voyage jusqu'au Royaume des Abîmes sembla suspendre le temps pour la Déesse, entre la vie et la mort. Le fleuve était le seul juge. Du haut de son rocher, l'Æther assassin se doutait bien de ce qu'il allait se produire mais il prenait un plaisir certain à dominer de toute sa hauteur la jeune femme blonde. Elle si impériale, elle si orgueilleuse, voilà qu'elle ne pouvait même plus se tenir debout, son corps disparaissant petit à petit. Seulement, le processus s'inversa lorsque l'âme et l'esprit de Séléna furent déposés dans l'eau du fleuve. Emportés tous deux par le courant, Mitsuko sentit ses forces revenir, son corps se matérialisant de nouveau. La colère emplit alors totalement son esprit. L'Æther le vit. Il tressaillit quand le regard de la jeune femme se posa sur lui. Il s'agissait du regard de quelqu'un qui faisait une promesse : celle de le faire souffrir, de le faire disparaître et, ce, dès qu'elle en aurait l'occasion. Dans un monde dans lequel se préparait une guerre des Dieux, il n'y avait plus de règles qui tiennent. Il venait de briser les lois de courtoisie du défi qu'il lui avait lancé et, à présent, elle allait tout faire pour l'annihiler à jamais, peu importe les moyens qu'elle devrait employer. Il y eut une explosion qui fit voler en éclats le haut du rocher où se trouvait le Dieu. Ce fut rapide, trop pour être visible avec des yeux Mortels. L'affrontement de deux divinités était interdit dans ce monde. Mais qui viendrait faire régner l'équilibre à présent ? Il disparut, songeant qu'il serait probablement plus sage d'abandonner maintenant, comptant sur les faiblesses de Mitsuko pour qu'elle ne puisse le poursuivre. La Déesse lévita doucement, reconstituant le Rocher avant que ses pieds ne l'effleurent. En bas, le corps de Séléna était sans vie, mais un autre habitacle avait été donné à son âme et à son esprit. Cette nuit encore, la lune était à son zénith. Cette nuit encore, il manquait à l'appel. Et, cette nuit encore, elle était certaine d'avoir fait le bon choix, car les fantômes n'appartiennent qu'au passé et le sang coulait bel et bien dans les veines de celui qui avait su faire bien plus que la faire rêver, celui qui avait su lui façonner une réalité.

L’ignorance n’était pas quelque chose qui déplaisait à Zéleph. Se qu’on ignoré, ne pouvait nous faire souffrir. C’était une idée qu’il avait acquise. Enfaite, plus que ça, il c’était forcer à l’apprendre. Avec une vie remplit de mensonges et de non dit, il valait mieux assimiler cette réalité, où en serait-il devenue fou. Pourtant a cette instant, quand il s’éveilla en sursaut, des sueurs froide le transcendant il aurait souhaité savoir pourquoi. Dresser sur sa couche, son cœur s’emballait à une vitesse folle. L’angoisse le pris à la gorge, comme un étau. La sueur perla sur son front. Quelque chose était entrain de se produire, quelque chose qui s’attaquer, non pas a son corps mais a quelque chose d’impalpable. Avec la terrible sensation qu’il faisait une crise cardiaque, il se leva avec difficulté, tangua hors de sa tante. Séléna n’était pas ici, il ne la trouvé pas. Il fut réellement effrayé quand il ne la vit pas à l’extérieur. Trébuchant, il tomba lourdement sur le sol. La douleur venait de briser sa force. Comme un éclair, il venait d‘être foudroyé. Il ne retint pas ses gémissements. C’était impossible. Alors il se tordit sur le sol, en essayant vainement de résister.

Sa main. Sa main droite lui semblait être plonger dans de la lave en fusion. C’était une brulure insoutenable. Il cria sous cette torture sans nom. Réveillant ses compagnons qui coururent vers lui, mais aucun d’eux ne pu faire quoi que se soit, ne pouvant même approcher la bête agonisante. Devant l’impuissance et les yeux de chacun, ils virent la marque sur la main du réprouvé s’illuminer d’une magie sombre et inquiétante. Zéleph sentait son corps entier se soulever sous la sensation de ses os se briser, comme si on l’écartelé. Son esprit n’était plu capable de fonctionné. Il n’y avait que la souffrance qui résonner par tout autour de lui.

Combien de temps cela dura ? Quelques minutes, mais pour l’ancien roi se fut une épreuve qui se déroula sur plusieurs siècles. Soudain, tout fut fini. Alors que la lumière noire, s’éclaircissait, la torture cessa. Zéleph sombra dans un léger coma, exténuer. Inquiet, ses camarades s’occupèrent de lui, mais chacun compris de quoi il s’agissait quand sur sa main la marque fut d’un blanc éclatant. Quand il s’éveilla, se fut comme si rien n’était arrivé. Comme s’il avait rêvé cet instant, mais la douce chaleur qui envahit son corps et qui provenait de sa marque lui révéla qu’il n’était pas fou. Ses yeux se posèrent dessus, incrédule. Etait-elle a nouveau en marche ? Mitsuko l’avait-elle débloqué ? Qu’était-il arrivé ? Cette magie était si puissante que même l’Orishala ne pouvait briser se lien, si puissante que même un Dieu n’y pouvait rien que de l’endormir. Peut être que… Où était Séléna ? Zéleph s’inquiéta à nouveau.

Sortant de sa tente il chercha à nouveau après elle, personne dans ses amis ne l’avait aperçu et ils penser tous qu’elle était partie. Zéleph ressentit la colère et la tristesse.  Ses yeux se posant sur sa main, soudain malheureux. Pourquoi maintenant ? Pourquoi disparaître ? Il était à nouveau seul et désespéré. Qu’est ce que tout ça voulait dire ? Par réflexe il leva les yeux aux ciel, comme pour supplier quelqu’un de lui répondre, mais elle ne le ferait pas, jamais, il le savait. Si tu veux encore jouer avec moi, je ne plaisante plu, et cette fois il n’y aura aucun pardon. Zéleph échappa un soupire. Ses camarades partir sans lui pour cette journée de chasses, la laissant se reposé. Même si son corps n’était même plu fatiguer, son esprit lui était encore troublé par cette violence qui l’avait submergé.

Il se promena un peut pour se changer les idées, même si celle-ci ne quittait jamais la même personne. La marque fonctionnait à nouveau, elle était brillante comme aux premiers jours de leurs mariages. Cela l’intrigua mais le fit sourire. Les souvenirs qu’il avait était les plu précieux. Bien sur ça vie avec Mitsuko fut plus une longue agonie qu’un voyage d’amour, mais les moments de bonheur qu’ils avaient partagé furent plus intenses que toute les souffrances qu’il avait du endurés. Du moment où elle lui avait griffer la joue et embrasser au Mont Edelweiss elle l’avait séduite. La haine qu’il avait pour elle c’été muet si rapidement en amours qu’il douté qu’il ne l’ais jamais détesté un jour. En regardant en arrière, il comprenait la vérité. Ni l’un, ni l’autre n’avait su comment si prendre et malgré leurs efforts, malgré la ténacité de leurs liens, ils n’étaient resté que deux ridicules enfants capricieux. Par se qu’ils avaient chacun choisi de faire des choix de vie sans pensé à l’autre, s’imaginant qu’ils s’aimeraient toujours quoi qu’il pouvait arriver. C’était lui qui l’avait abandonné le première en désirant l’oublier, mais c’était elle qui avait brisé leurs liens. Elle c’était détacher de ses sentiments, elle avait choisi le pouvoir. Il avait crue arrivé a l’accepté, mais son esprit ravager, possédé par elle, n’avait pu le supporté. Il était devenu fou, et peut être que si ses parents ne l’avaient pas enfermé et privé de sa puissance il aurait tout détruit autour de lui. Dix ans enfermer l’avait peut-être calmé, mais son cœur lui était toujours blesser. Mitsuko l’avait déçu. Il avait souhaité qu’elle soufre autant que lui, mais dans l’ironie du sort toute l’injustice résidé ici. Si lui devait vivre chaque jour avec la douleur, elle ne ressentait rien que du vide.

Quand il arriva au pied du rocher dans as promenade, et qu’il vit le corps de Séléna, son cœur se stoppa, mais étrangement il ne bougea pas. Cette vision le révulsé, mais il ne se senti pas triste. Elle n’était pas morte. Il le savait, car sinon la marque n’aurait pas cessé de le faire souffrir, jusqu’à se qu’il devienne fou ou bien qu’il se coupe la main. Son amour pour elle était trop fort, certain arrivait à vivre avec la douleur, lui ne pouvait pas, maintenant qu’il en avait un avant gout il le savait. S’approchant finalement, il prit le corps froid dans ses bras. Il lui embrassa tendrement le front. C’était idiot, son âme n’était plu là, mais la sentir froide contre lui faisait naitre un émoi en lui qu’il ne pouvait repousser. Il la porta jusqu’à un endroit isolé. Il ne la laisserait pas se faire dévoré par les loups, son corps était trop précieux. Dans un silence mortel, il creusa, puis déposa son corps avant de refermer le troue. Tout au long de ses gestes, sa marque lui prodiguer une douce chaleur, comme pour le réconforté. Il était rassuré et n’hésité, ni n’était triste à aucun moment. Avant de partir, il déposa une fleur sur le tas de terre. Il resta accroupi un moment. Les choses seront toujours plus difficile pour moi que pour toi. Il s’adressait toujours à quelqu’un qu’il ne pourrait certainement plu jamais voir. Peut être ne l’entendait-elle pas d’ailleurs. Il y pensé aussi. Caressant distraitement la marque, il ferma les yeux un instant. Mitsuko lui manqué. Oui, il avait Séléna, mais malgré leurs ressemblances, même si elles faisaient partie de la même âme, rien n’était pareil. Peut être que seul lui pourrait continuer à le voir. Tout était différent, et même s’il aimerait Séléna avec tout se qu’il pouvait lui donner, il y aurait toujours quelque chose, un détaille, qui lui manquerai. Séléna ressemblait à un jouet, un un bout de viande que Mitsuko lui envoyé pour le calmer. Il ne trouvé sa juste ni pour lui, ni pour elle. C’était pourtant bien une façon de faire que seule sa femme pouvait revendiquer. Zéleph sourit en se levant. « C’est peut-être ici que je te dis adieu. » Effacer l’ombre d’une femme qui ne devait plu existé. « Alors Obra,  Kaazin. »

Zéleph s’éloigna pour rejoindre le camp. Il avait déjà mis un trait sur l’homme qu’il était autre fois, il était temps de faire la même chose avec la femme qui fut était la sienne. Seulement au fond de lui, il savait que la rancœur qu’il avait pour elle, jamais ne disparaitrait. Quoi qui devait arriver, maintenant il devait retrouvé Séléna et s’assuré qu’elle aller bien.


*Adieu, chaton.