La soirée fut arrosée. Les filles avaient trouvé des vivres. Les tortionnaires avaient prévu des réserves conséquentes de nourriture et d’excellente qualité. Djinshee fut la seule à ne pas boire. Elle regardait les autres qui retrouvaient petit-à-petit leur vie et leur joie. Il y avait une convivialité à toutes épreuves. Elles avaient toutes vécu la même chose mais personne n’osait en parler. Le temps était à l’oubli. Il sembla que Sephiel ne fut pas plus modeste que leurs congénères sur l’alcool. Elles étaient toutes pompettes lorsqu’elles se couchèrent. La jeune femme les regardait rire, presque impassible. Elle était fatiguée. Elle s’endormit en moins de deux.
Elle se réveilla tard le lendemain. Beaucoup étaient levées depuis longtemps et s’adonnaient déjà à leurs nouvelles occupations en attendant l’arrivée de leur client. Djinshee ne retrouva le sourire que quand on lui annonça qu’il n’allait pas tarder. Comme l’avait si bien dit Sephiel, elle alla retrouver son chien. Il était dans un piteux état. Avachi par terre comme un semi-cadavre, il peinait à respirer.
-Debout ! Elle le rejoignit et le souleva par le col. C’était qu’il était lourd ! Il émit un grognement.
-T’inquiète, c’est bientôt terminé. Comme si elle allait le rassurer… A l’aide de sa magie, elle le sortit de là et se dirigea vers la sortie.
Le soleil frappait déjà. Il n’y avait pas le moindre souffle de vent. L’Elémentale inspira profondément. C’était reposant. La journée s’annonçait parfaite. Elle était accompagnée de quelques femmes, celles qui arrivaient à supporter l’intense chaleur. Les autres étaient un peu en retrait, dans le couloir qui menait au rez-de-chaussée. Une masse sombre se discernait à une cinquantaine de mètres, déformée par la température. Le « Démon », qui n’était pas habillé en conséquence, souffrait. Il était au bord du gouffre. Elle attendit que le fameux Delroche arrive à leur niveau.
-Par les Aetheri, s’exclama-t-elle à l’attention du « Démon »,
tu voulais me vendre à une rouille pareille ? -Qu’est-ce que… Elle dévisagea le client. Il était vêtu de grands voiles qui lui minimisaient ses chances de cuire sur place.
-Il paraît que j’ai été votre potentielle femme – elle grimaça –
le temps d’une heure. Rien que d’y penser, ça me donne envie de vomir… Ca lui faisait réellement cette sensation. Delroche dégaina brusquement un sabre, caché dans les pans de sa toge. Pour toute réponse, Djinshee souleva le corps brûlé de sa victime et le transperça de son épée. Il lâcha un râle et expira sur le coup. Elle dégagea sa lame et laissa le corps retomber mollement sur le sable. Delroche hurla et fondit sur elle.
-S’ils ne sont même pas foutus de te dresser… Je le ferai moi-même ! Il était têtu, celui-là. Elle tendit la main et lança une boule de feu. Elle le toucha sans qu’il n’ait pu faire quoi que ce soit. Un cri retentit. Les flammes se dissipèrent, découvrant le corps brûlé, haletant, allongé. Elle alla jusqu’à lui.
-Je m’attendais à plus long, pour tout vous dire. Surtout pour un homme qui doit infliger un sort similaire à ses femmes. Elle n’était pas d’humeur à le torturer, lui. Il avait déjà eu une belle surprise. Elle allait le laisser encore un peu mourir par terre. Elle se tourna vers les femmes.
-Préparez vos affaires et prenez tout ce dont vous avez besoin, on se casse. Elle n’avait rien apporté. Elle n’en aurait pas besoin, si ce n’était qu’un peu de nourriture. Elle baissa les yeux vers Delroche. Pitoyable… C’était tout ce qu’elle pensait. Un sourire sarcastique aux lèvres, elle brandit son arme et la lui planta dans la poitrine. Au moins, il aurait terminé ses jours comme elle l’avait voulu. Avec pour dernière image son sourire.
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