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 D'un bout à l'autre de l'innocence... [ Mission ? - Solo ]

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Ven 08 Jan 2016, 15:08




D'un bout à l'autre de l'innocence


( Mission 1 - Niveau VI )

[ À Mégido... ]

« J'y vais, je te dirai qui aura gagné. T'façon les nouvelles générations je les connais pas. Donc peut-être qu'il y aura des talents prometteurs… Bon courage ma jolie » Wrath attrapa les mâchoires de sa femme embrassant avidement cette bouche dessinée et pulpeuse pour laquelle il donnerait tout. La petite avait fermé deux rideaux de longs cils pour se laisser noyer par les sensations. Encore dans une petite chemise de nuit, Sherry était douce comme à son habitude. Des petits poignets entourant son visage sculpté dans la pierre ; des paumes légèrement rêches par endroits se frottant amoureusement à son visage ; un petit corps se blottissant contre sa poitrine alors que la séparation allait être courte. Comme une prière. « Mon amour » Elle était femme de beaucoup d'affection, qui en donnait et qui en exigeait par la même occasion, sans en faire une aliénation puissante. L'homme satisfaisait toutes ses envies, et elle n'avait rien à lui demander de plus. Dans un équilibre parfait, leur relation était stable et leur bonheur constant. Elle l'embrassa une dernière fois, descendue uniquement pour le saluer, pour lui sourire, mais ayant l'intention de le suivre dans son départ. Elle le vit sortir, dans une promesse d'un imminent retour. Qu'il lui reviendrait vite, et qu'elle serait là pour l'accueillir. La réprouvée voulait l'accompagner, mais elle se voyait dans l'impossibilité de céder à ces envies. Pourtant, elle attachait une grande importance à l'étiquette et la représentation des races lors de la Coupe des Nations.. Mais plus encore à la vie paisible qu'ils avaient acquise et qu'elle comptait par dessus tout préserver. Y ayant participé, la rousse avait pu mesurer l'impact que cette dernière avait sur les préjugés portés et nourris à leur envers, ainsi que la symbolique derrière un titre attribué à son peuple à cette occasion. Elle n'y aurait pas envoyé son âme sœur autrement. L'événement coïncidait avec un appel d'urgence que Solitude avait émis. Ce n'était pas sa première convocation, mais pour chacune des précédentes, l'enjeu avait été grand, et les responsabilités pesant sur ses épaules d'autant plus conséquentes. Mais il n'y avait pas à dire qu'on lui attribuait le mérite qui lui était dû pour ses petits exploits et réussites. Celui-ci s'annonçait d'autant plus éprouvant au vu du récent chahut. Revêtant un ensemble simple muni d'un pantalon en toile qu'elle renforça par une légère armure forgée dans un métal noirci, elle attrapa la lettre qu'on lui avait remise et se dirigea vers Bouton d'Or qui accueillait visiblement la réunion des quelques représentants. La belle attacha ses fils roux par un ruban d'une couleur semblable à sa tenue, laissant juste quelques mèches envahir les côtés de son visage, et ses ailes percer le voile de chaleur pour s'épanouir sous les rayons lumineux. Nulle honte à avoir derrière l'hétérogénéité qui constituait son être, ni à la vue du péché qu'elle représentait. Le voyage fut bref, la téléportation écourtant de plus de moitié le trajet à parcourir.

À son arrivée, l'hybride eut à peine le temps de poser les pieds au sol qu'elle soupira de lassitude. Son plumage pleurait les heures passées au vent, les rafales qu'elle leur faisait traverser autrefois. Les dissimulant par soucis de practicité, elle s'engagea sur l'allée adjacente, avant de prendre celle qui la menait directement au lieu de rendez-vous. La Renonçante s'était aperçue dans son envol d'une autre présence, la scrutant quelques instants pour être sûre de ne pas faire d'erreur. Dans les quelques vagues qui emplissaient les axes, bien moins importantes que d'ordinaire, elle reconnut une voix grave qui la saluait avec entrain. « Sherry ! » L'homme accourut dans sa direction, saluant la femme qu'il abandonnait à son étalage. Elle l'évalua dès qu'il fut arrivé à sa hauteur : une barbe mal rasée, des muscles saillants qui soulignaient un clair effort physique, et pourtant un sourire au coin de ses lèvres dont la nature ne pouvait être cachée. « Al' ! Bonjour » , « Comment ça va, ma petite ? Ça fait une belle lurette que t'es pas passée nous voir » , « J'ai été très prise ces derniers temps, mais je comptais bien faire un saut par chez vous en rentrant ! » De son nom entier, Alfonso, l'homme dépassait de loin la stature réduite de la réprouvée, et pourtant il ne tarissait pas d'éloges et d'égards en sa présence. Il lui était reconnaissant, porteur d'une gratitude immense étant donné la vie que la jeune rousse lui avait permis de mener. À ce jour, il avait trouvé une femme avec qui il partageait sa chaumière, et qui avait mis au monde une petite fille il n'y a pas si longtemps. S'étant rencontrés à l'occasion d'une large vague d'immigration – suicidaire - dans le continent des Glaces alors existant, elle avait su mener ces troupes de dépressifs et réprouvés écorchés jusqu'à la moelle, et les motiver à un potentiel retour. Seule la mort les attendait, mais la rousse sut user des mots, d'expériences, de sentiments pour les dissuader d'achever une si belle existence par un acte si cruel, tueur d'espoirs. Ils souffraient, tous autant qu'ils étaient, et elle souffrait d'empathie avec eux. Ils l'avaient vu dans ses yeux, senti dans tout son petit corps qui criait, dans l'espoir de toucher leurs coeurs de pierre. Cet homme s'était émancipé, et avait crié avec elle. Cet homme s'était dénoté dans la foule, et avait brandit avec elle l'épée d'une révolution qui marqua tous les esprits présents ce jour-là. Ils gardaient contact depuis, et il était bien heureux de veiller sur l'adorable demoiselle.

« Ma femme te remercie pour le cadeau » , « C'était un plaisir ! Il s'agissait tout de même de son premier anniversaire. Et elle est si mignonne.. J'avais trouvé que le rose scierait bien à un petit bourgeon de fleur comme elle. C'est une amie qui l'a brodé » , « Ah bah elle a assuré ! Elles étaient radieuses toutes les deux haha » Il avait croisé les bras, et parlait d'une voix forte. Ce ne fut pas étonnant que toute la ville entendit ces cris. Interpellé, il se retourna pour voir Lisaa qui lui sommait de rentrer. Sherry le suivit à l'intérieur, décelant dans son visage un air soucieux, pour ne pas dire troublé. « Tu ne dois plus te rendre à la capitale, Sherry » , « Pourquoi ça ? » , « Je sais pas ce qu'en pensent les grosses têtes là haut, mais en tout cas, nous, on n'ose plus y aller. Ça grouille des pires malfrats qui ont profité du fait que les habitants ont déserté la ville pour y prendre siège. C'est un endroit infréquentable pour des gens.. honnêtes » , « J'avais effectivement eu vent de plusieurs conflits ayant éclaté en ville, et une très grosse somme d'émigrants, mais je n'avais pas idée que ça allait aussi loin.. » , « Dans les quartiers dévastés à l'Est leur présence est moins importante vu que très peu de bâtiments sont restés intacts.. mais même dans cette situation, c'était difficile pour les anciens habitants » , « J'imagine que du coup vous ne commercez plus avec la cité ? » , « Bien sûr que non.. et c'est un réel problème » , « Le chaos ne laisse personne indifférent... » , « C'est bien vrai.. Je verrai ce qu'on peut faire. Voire si des mesures ont déjà été prises. En tout cas, je vous remercie tous les deux » , « Tu es toujours la bienvenue » fit la jeune maman enlaçant Sherry tendrement.


[ Arrivée au lieu de rdv... ]

« Prenez place » Autour d'une table ronde, cinq chaises étaient disposées de sorte à tous les accueillir. Dans un bâtiment à l'imposante toiture seulement, la Sentinelle attendait leurs arrivées respectives. Sherry était visiblement la dernière, sans être en retard. Ils étaient un total de quatre visiblement. Dans un coin plus sombre, elle vit une silhouette adossée contre les murs épais, faits d'une pierre épaisse et très résistante. Elle s'en approcha lentement comme à son habitude, sachant que le moindre mouvement brusque pouvait la faire démarrer au quart de tour. Elle n'était guère surprise de trouver 'Ell' ( devenue la protégée de Zël'Tika ) parmi les intimés. Elle contemplait le néant d'un air grave, les sourcils froncés. Sa vie était affectée depuis quelques années par une cécité partielle que son entraînement rigoureux compensait. Tant qu'elle n'était pas totale, ses performances ne risquaient pas de se détériorer. Les cicatrices s'étaient accumulées, la prudence n'étant plus sa priorité, et son visage brûlé portant les cicatrices d'une tendre enfance dont elle ne retenait que les cris et les supplications. Elle s'aperçut enfin de la présence de la réprouvée. « Sherry » , « Comment tu vas ? » Elle demeura assez proche, sachant qu'elle percevrait mieux ses faits et gestes de cette manière. La rousse leva les yeux, observant son visage. « Je vois que tu en as une de plus.. » ,  « Hein ? » , « Des cicatrices.. Y'en a une de plus au niveau de ta joue.. » ,  « C'est rien ça » , « Si tu as pu survivre au chaos avec une blessure aussi légère.. on devrait se considérer chanceuses, c'est vrai.. »,  « Et une côte de fêlée, deux de cassées » Elle n'était pas bavarde, à la limite de l'extrême nonchalance, et les rides absentes au niveau de ses joues montraient qu'elle ne souriait pas non plus énormément. Elle était très terne, une toile noire de suie, noire de tous les ténèbres comme un entonnoir qu'on aurait en dépit de la cavité réussi à combler. « Tu es venue.. » , « Convoquée par Dame Solitude » , « Zel' est pas la seule » , « Plus d'un Sentinelle serait concerné alors ? Tu as vent d'autres nouvelles ? » , « La Révolte » Mais si elle ne disait pas mot, c'est que l'affaire était soit confidentielle, soit elle n'avait en sa possession que des soupçons infondés, ou des allégations écervelées qu'elle ne jugeait pas bonnes à être contées. Elle ne mentait pas. Jamais, et elle faisait tout pour ne pas. « Le voilà. Il est pas réputé pour sa ponctualité » L'autre Sentinelle fit irruption dans la tente, clamant avoir été pris par plusieurs incidents avec les soldats du camp. Il n'était pas 'seigneur de guerre' pour rien, sa carrure imposant respect et sa voix rauque, caverneuse, le faisant paraître plus digne encore. Et elles n'étaient pas non plus les seules invitées à ces retrouvailles exceptionnelles. Des êtres plus vicieux avaient aussi leur part, leur rôle à jouer dans cette histoire en vérité.

« Bien. Nous pouvons commencer visiblement » , « Pour que vous nous ayez tous convoqués, ce doit être d'une envergure assez importante » ajouta le premier, les bras croisés, un air sérieux et pourtant amusé. « Exactement. Stenfek est malade. Les rues sont vides, la cité dégradée et les populations ont jugé meilleur de déserter les quartiers, choisissant pour abris les villes voisines ou d'autres territoires réprouvés. La ville est en ruines, certains quartiers s'étant effondrés suite aux tremblements de terre qui ont dévasté les continents » , « Il y a que des squatteurs là-bas maintenant en gros. Ils profitent tous de l'abandon des lieux. J'en connais une qui s'y sentirait super à son aise.. » La petite pique fit la Sentinelle le regarder d'un air désapprobateur pendant que l'homme continuait son discours. « Comme vous devez d'ja le savoir, plusieurs conflits nous ont été rapportés, que ce soit meurtres ou vols. Vous pouvez tout citer, ils ont tout fait. Plusieurs sortes de marchés illicites ont vu le jour très rapidement, et se sont étalés sur toute la surface de la capitale. Il faudra leur reprendre le contrôle de la cité, sans quoi il nous est impossible de la redresser. Ça sera pas facile de nettoyer l'endroit cela dit, d'autant plus qu'ils ne comptent pas que des réprouvés sortis du droit chemin. D'autres races ont profité de notre faiblesse. Il faudra mener une politique plutôt extrême de dégagement des territoires, et nous voulions compter sur vous pour la mener. Je serai là pour superviser vos agissements, mais il est temps de vous prendre en main, les jeunes » Tous acquiescèrent aux conditions qu'on leur avait présentés, mais il est certain que nul dans cette salle ne réalisait la réelle étendue de la corruption qui avait envahi la cité… Il faut le voir pour le croire. Il n'y avait dans ce cas pas de vérité plus implacable. Les deux Sentinelles quittèrent la tente, laissant les trois Renonçants à leurs discussions. « Ne faites rien d'insensé » ajouta simplement la plus sage en partant.

[ Laissés seuls & aux orées de Stenfek... ]

« Commençons par des présentations rapides : Bjørn, guerrier plein d'ambitions, notamment celle de gouverner un jour notre peuple. Renonçant au service du Sentinelle de la Révolte » , « Je m'appelle Sherry. Enchantée » , « Ell' suffira » , « En tant que le plus expérimenté d'entre nous, vous vous doutez qu'il est naturel pour moi de prendre la tête et de mener la stratégie » Les deux jeunes femmes, quoiqu'amusées par son comportement hautain, le laissèrent à ses lubies. Elles n'envisageaient pas cette même rivalité maladive, cette obsession selon laquelle tous voudraient lui arracher le trône ( qui n'était pas encore sien ) de force. « J'ai fait un tour préalable du campement et.. J'ai été obligé de remarquer qu'un espion a intégré nos troupes. Asgeir était d'accord pour me soutenir sur ce point. Ils craignaient sûrement que nous n'intervenions, et ont préféré sacrifier l'un des leurs pour avoir des renseignements sur nos agissements » Aucune des deux n'injuria l'individu, et il fut outrageusement surpris de cette présence d'esprit. Elles ne criaient pas à l'exécution, ce qui facilita la tâche de l'homme. « Nous allons donc nous servir de lui » , « Pour leur faire parvenir des faux renseignements ? » , « Exactement » , « C'est impossible de les tromper sur notre position, mais nous pouvons les surprendre par l'heure de notre arrivée, et l'organisation de nos troupes » La femme se faisait de plus en plus bavarde. « C'est exactement ce que j'avais prévu. Nous l'appèlerons une fois notre réunion terminée avec deux ou trois autres soldats, et leur fournirons les instructions nécessaires. Toutefois, il sera le seul à qui nous ne communiquerons pas tous les détails sur notre organisation. Des idées pour la suite ? » , « Nous sommes trop exposés. Il vaudrait mieux discuter dans un espace insonorisé » , « Tu es rusée » Il comprit que la jeune femme avait remarqué la bague d'assassinat à son doigt, et n'hésita pas à créer une bulle dans laquelle ils pourraient discuter sans inquiétude.

« Je propose que nous attaquions sur plusieurs fronts » , « Nous pouvons mobiliser les porteurs d'armures lourdes et envoyer les archers au front pour soutenir ces soldats à pied. En d'autres termes, la Seconde Légion, l'Infanterie. Cela devrait nous constituer une force armée assez importante, et par dessus tout : intimidante » , « Et naturellement, on vous en donne la charge. Je serais d'avis qu'Ell' s'occupe des unités à cheval, et qu'elle les mène à l'opposé pour éradiquer la menace des deux bouts. Ils sont rapides, résistants, et forts si menés avec justesse. Ils seraient donc un mélange de la Seconde et Troisième Légions. Le point de rendez-vous serait au centre » , « Et vous ? » , « Quant à moi, je serais en charge des unités qu'on pourrait dire.. furtives. Un alliage d'assassins et êtres doués pour la magie, pour la plupart de la Première Légion donc. On attaquerait les points les plus stratégiques et qui pourtant ne s'avéreraient pas si dangereux étant donné que leurs forces seraient concentrées au front. Nous n'aurions alors plus rien à craindre. Un petit groupe d'élites en somme. Nous utiliserions nos ailes pour pénétrer les défenses de la cité à l'abris des regards, et voyager plus vite. Si le deuxième groupe les prend déjà par surprise, je pense qu'ils ne se douteront pas de l'existence d'un troisième. Nous pourrions passer absolument inaperçus » , « Avons-nous seulement un moyen de pénétrer leurs défenses sans y laisser tous nos hommes ? » , « À ce qu'il paraît, la défense serait moins rigide vers les quartiers détruits, à l'arrière. Peu de malfrats surveillent là bas » , « C'est entendu dans ce cas. Nous pouvons procéder comme ça. Vous les achèverez au plus vite, et rejoignez au plus vite les plus larges rassemblements de rebelles. Vous avez autre chose à ajouter ? » , « Non non. Nous pouvons procéder » , « Dans ce cas, nous pouvons dès à présent appeler les recrues pour leur annoncer le plan. Je m'en vais le communiquer à la Révolte. Je doute qu'il nous le refuse. Vous aurez, toutes les deux, le même objectif : des lieus où ces organisations ont l'habitude de se rassembler et qu'il faut anéantir avant d'espérer avoir la paix. Compris ? Concertez-vous si jamais vous devez décider de qui prendra lesquels » , « Ça marche » , « Dès que les préparatifs seront achevés, nous partirons. Nous leur aurons donné assez de temps pour mobiliser leurs hommes » L'heure du départ ne tarderait pas à sonner en somme…

Rangées, alignées à l'entrée principale, les troupes clamaient et sonnaient le gong de l'invasion. Ils marchèrent sur la ville, le coeur lourd, le pas léger par une union solidaire. Évertués à la délivrance de Stenfek, la capitale se vit être l'hôtesse d'un combat de mort dont on ne pouvait espérer la salvation. Des dizaines s'affrontaient, tandis qu'une pluie de flèches forçait ( à un combat simultané ) des soldats amateurs. Un que beaucoup ne pouvaient mener, et qui par l'épée ou la flèche périssaient. Bjørn partageait l'ardeur de ses compagnons d'armes, et tous se battaient comme s'il n'y eut jamais de lendemain. Des directives fusaient, et les cris de guerre échangés redonnaient l'hargne à ceux qui l'auraient perdue. Leurs clameurs se faisaient entendre jusqu'à l'autre côté de cette hantise, et la borgne reconnut sans délais le signal du départ. Comme prévu, les quelques hommes encore de garde, les avertirent de leur présence, et quelques unités isolées se dépêchèrent de riposter face à l'avalanche géante qu'inondait leur repère. L'on entendait alors de nouveau les fers se croiser, les écus ménager les corps. Les chevaux haletaient, huaient haut et fort leurs opposants, clairement en minorité. Essayant de faire des plus dociles des captifs, les décapitant dans le cas contraire, ils menaient un retour gagnant contre les rebelles, et montaient doucement mais sûrement les allées qui leur étaient si familières. Les sorciers furent les premier à souffrir de leurs lames, mais les autres n'étaient pas bien loin. Sherry perçut bien vite l'indication télépathique que les rouages étaient enclenchés et que le moment de jouer leur dernier pion approchait. « C'est parti » Sa voix avait tremblé, mais aucun des guerriers ne sembla s'en être aperçu. Peut-être était-ce leur choix. Peut-être partageaient-ils cette même solidarité dans l'adversité, sans pour autant désirer ôter, par le fil de leurs lames, le dernier souffle de leurs frères. Peut-être n'arrivaient-ils pas, comme elle, à voir la lumière dans cet acte de dissuasion et, par une pure franchise, de simples représailles. Il fallait montrer notre puissance, et retrouver l'havre de paix que tant avaient dû quitter. Abandonner ses propres valeurs pour un bien commun en somme. Peut-être avaient-ils compris ce qu'on exigeait d'eux, et peut-être étaient-ils prêts à faire ce pas, malgré la culpabilité qu'ils devaient accepter et porter en échange. Ils étaient tous tiraillés au fond, mais professionnels au possible.


Ils entrèrent dans le bâtiment, en une formation qui permettait la protection des plus faibles, tout en leur permettant d'usufruir de leurs capacités. Elle s'était avéré d'une efficacité non négligeable dans leurs espoirs de pallier aux forces des uns et aux lacunes des autres ; dans la crainte d'une erreur qui leur coûterait plus qu'une victoire certaine ; dans une volonté de défense et d'espérance de vie… Sous des consignes très strictes, ils avaient lancé un sort d'invisibilité, et s'étaient déplacés, comme convenu, au vol parmi les bâtiments les plus imposants cherchant des yeux leurs opposants par un simple sort de détection. La large structure de trois étages qu'ils infiltraient recelait presque une dizaine d'opposants, plus de deux fois la somme de tant d'autres, et éparpillés qui plus est. Pour un groupe réduit en nombre, c'était l'idéal. Pourquoi les mains de Sherry tremblaient-elles alors ? Dans un effort démesuré de se reprendre, de les faire cesser, elle se gifla les deux joues. Qui cherchait-elle à tromper ? Les soldas qui comptaient sur elle pour diriger leurs forces ? Les pauvres âmes au destin incertain maintenant que la ville ne pouvait plus les accueillir ? Ceux à avoir changé de camp dans un espoir de survie ? Elle-même qui sait ? Elle ne le pouvait pas. Juste pas. Elle n'était pas restée indifférente aux cris émis par les soldats lors de l'attaque première. Elle n'avait pas vu d'un très bon œil les attaques ( ou boucheries plutôt ) qu'avaient mené ses compagnons d'armes. Elle n'avait pas assisté, nonchalante, à l'exécution des innocents, ni ceux au naturel purement mauvais. Et encore moins aux injures de ceux qui, une fois au sol, ne se relèveraient jamais plus. Elle avait croisé leurs regards, et les avait vu s'éteindre. Elle y était, et elle était témoin. Elle avait témoigné de leur vie, et même dans la mort, elle n'avait pas détourner les yeux de leur chute, de leur déchéance. C'était peut-être pour elle sa manière de se racheter, elle qui ne pouvait se résoudre à fuir, elle qui ne pouvait pas faire demi-tour. La politique n'est pas plaisante, et pour le bien commun, parfois, certains sacrifices sont exigés. Mieux vaut ne pas en faire, et jamais la réprouvée n'y aurait acquiescé sans être absolument sûre que tout le reste était à exclure.

Pas à pas, ils se rapprochaient du milieu de la structure. Les regards braqués sur les alentours, nul ne s'attendait à voir surgir l'attaque de leur seul angle mort. Le sol céda sous les pas lourds des premiers guerriers, s'échouant avec quelques amas de pierres dans ce qui semblait un trou sans fin. Les étages inférieures semblaient être prévus avec les mêmes cavités, et qui sait si un piège n'attendait pas, en bas, ceux tombés. « Faites un cercle ! On ignore d'où ils vont attaquer ! » S'exécutant, ils examinèrent les environs, voyant qu'à part quelques hommes entrés par les fenêtres, les autres n'étaient pas décidés à sortir de leur cachette. Ils étaient mieux organisés que les autres instances, sûrement car ils avaient prévu de se faire attaquer, s'assurant par la réunion de leurs meilleurs assassins l'exécution de leurs assaillants. Une première attaque ( sous forme de ronces aux bouts tranchants ) surgit de la toiture en direction du groupe de gauche, Sherry aidant à leur protection en les téléportant. « Feu ! » Rétorquant par un cri et des boules de feu successives, ils détruisirent les parois rocheuses pour y voir surgir leurs adversaires. D'autres rafales leur succédèrent, blessant deux soldats et la rousse elle-même par des éclats de fumée condensée qu'ils y avaient mêlé. Des positions non révélées, un nombre d'opposants incertain, des attaques de longue portée, des guerriers armés jusqu'aux dents en face et à l'arrière. Allant de Charybde en Scylla. « Ils sont bien plus nombreux qu'il n'y paraît ! Il y en a six derrière nous, et encore trois autres au dessus » , « Il faut s'organiser autrement ! Nous ne ferons pas long feu comme ça ! » , « Quelle est notre priorité ? » s'exclama Sherry, évaluant la situation d'un coup d'oeil. « La défense » , « Regroupez-vous alors ! Je m'occuperai de soigner vos blessures. Exterminez tous ceux qui se trouvent dans le bâtiment, à moins qu'il ne s'agisse de prisonniers ou victimes » Ils virent surgir autour d'eux une sorte de bulle qui parvint à les englober dans leur totalité. La jeune femme s'assit, les genoux contre terre, sommant tous les blessés à la rejoindre. « Je vous laisse une marge de dix minutes pour vous occuper du plus grand nombre. Après cela, le groupe, resté avec moi à l'intérieur se déploiera dans une attaque de plus grande portée. Prenez soin de vous » Et pour son plus grand soulagement, ils n'eurent pas à intervenir. Ce n'est pas pour autant qu'elle ne se salit pas les mains, le nombre d'individus prêts à baisser les armes étant considérablement pauvre. Les marchés ne pouvaient fonctionner sans les plus forts. Nombreux furent ceux à fuir la cité, peut-être dans une retraite stratégique, peut-être par simple lâcheté. Les quelques heures qui suivirent furent juste pleines d'anxiété, d'empathie et de remords.


Une légère pluie acheva le massacre, et en essuya les vestiges. Les rues qu'ils avaient rendues spectatrices du macabre, s'épuraient du liquide vermeil, et furent renommées en hommage. Hommage aux morts, aux sacrifiés, aux supplices qui avaient amené de pauvres innocents à suivre la voie du crime, et à se voir transpercés par les lames effilées de ceux qu'on considérait 'la justice'. Les étrangers furent chassés, et après quelques jours de reconstructions intensives ( auxquelles participa activement Sherry, plus que n'importe quel autre Renonçant ), la ville fut de nouveau habitable. Les esprits, bien que marqués par les activités désolantes qui s'y étaient produites, reprirent confiance après quelques discours rondement menés, et intégrèrent de nouveau leurs postes. Petit à petit. La reconversion était difficile, et comment soigner les coeurs qui jamais plus ne seraient comblés….

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