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 Les pirates, venus armés de mauvaises intentions [ Quête feat. Callidora]

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Jeu 22 Oct 2015, 13:32


La journée prenait doucement fin et pour Mirari et Siran, avec elle finissait un véritable calvaire pour ceux qui avaient eut la joie de retrouver Arunh... Mais il s'était passé tellement plus que cette simple retrouvaille. La piste qu'ils avaient suivie avec Zélus, pensant être sur les traces de Shax n'avait été qu'un vulgaire piège pour appâter la fille de celui ci et dans ce piège, le démon qui les avait accompagné depuis le pied des montagnes avait perdu la vie en se faisant passer pour lui... Et Mirari avait tué, par deux fois...

Certes, sa conscience des choses avait évoluée avec le temps et les rencontres qui avaient rythmées son voyage mais ce jour avait été l'un des plus tourmenté de sa vie avec celui de l'assassinat de sa mère... Elle avait salué Arunh, lui souhaitant tout le meilleur pour sa nouvelle vie mais surtout, lui faisant comprendre qu'elle avait besoin de mettre de la distance entre ce qui s'était passé, presque irréel, afin d'éviter de sombrer. Ce serait bientôt son lot quotidien lorsqu'elle aurait rejoint l'antre des damnés et Zane parmi les démons... Un vrai nid de serpents dans lequel elle se rendait en pleine connaissance de cause...

Cette journée lui avait prouvé qu'elle en était capable, autant de survivre que de s'y faire une place, peut être même de parvenir à mettre en déroute ceux qui leur avait fait du mal... Peut être, en tous cas, elle s'en donnerait les moyens, comme elle l'avait fait depuis plusieurs mois, quitte à se faire du mal pour atteindre le niveau d'excellence qui lui serait nécessaire pour parvenir à ses fins.

Ses pas, quelque peu automatiques alors que son esprit divaguait sur les crimes commis plus tôt, l'avaient conduite sur la plage, suivie de Siran qui la laissait encaisser les chocs émotionnels auxquels elle avait du faire face, gardant le silence et la surveillant attentivement. Si dans l'instant, l'aveugle ne se laissait jamais démonter, autant, une fois le danger et l'émotion passée, elle se mettait à ressasser... Parfois pour le meilleur mais à quelques exceptions, pour le pire. Il espérait simplement que les enseignements qu'elle avait reçu de l'enfant de la prison lui permettraient de surmonter tout ceci pour continuer à aller de l'avant, peu importe le but qu'elle souhaitait atteindre.

La rehla s'immobilisait face à l'océan, privée de la vue magnifique qui s'étendait devant elle, le banjee sombre poussait doucement la main pâle de son museau, lui faisant un gentil rappel pour lui dire qu'il était là, à ses côtés et qu'il la soutiendrait quoiqu'il arrive. La blanche se tournait un peu vers lui, souriant très légèrement mais sans tromper son compagnon, n'essayant même pas à vrai dire, son esprit était torturé et triste... La nuit qui approchait lentement n'avait jamais été si ardemment attendue par la jeune femme...

Mais le calme agréable de la plage fut allègrement perturbé par ce cri, qui se répercuta dans plusieurs bouches, provoquant quelques cris et cavalcades vers les quartiers résidentiels... Les pirates. Malgré les quelques fuyards, force était de constater qu'une grande majorité des hommes qui étaient présents restaient sur place, fixant l'horizon dans un mélange de colère et d'appréhension. Ils n'étaient pas du genre à prendre les armes... Mais si ce que lui avait dit la vieille qui l'avait soignée au centre ville était vrai, ils devaient tous posséder des dons assez semblables aux siens... Non ? Alors ils pourraient très bien se défendre à condition d'unir leur force car, il était certain qu'au vue du nombres de pavillons sombres qui se dressaient face à eux, ils étaient très clairement en infériorité numérique.

- " Nous partons ? "

- " Tu ne crois pas que cette ville mérite d'être défendue ? Je fais partie de leur peuple... "

Malgré toute la différence d'éducation, de caractère et de vie, leur essence profonde était la même et la jeune femme se sentait un peu responsable du chahut qui s'était produit depuis plusieurs semaines en ville pour l'attirer... Elle regrettait que leurs poursuivants aient choisi ce lieu qui aurait pu être un havre de paix et de connaissance pour elle...

Siran secouait la tête, quelque peu agaçé. Ils avaient passé la journée à se battre, elle était à peine capable d'admettre qu'elle avait privé Amal de son esprit et tué Erbia de ses propres mains ! Que voulait-elle faire dans cet état second ? Subitement, il se mit à craindre que la soudaine "conscience " de Mirari n'ait été mal interprétée de sa part, il redoutait qu'il ne s'agisse en réalité que d'un moyen d'expulser toute sa haine sur quelqu'un pour qui il n'y aurait ni veuve ni orphelin, ni remord ni conséquences... Il s'agissait peut être même de pousser ses capacités jusqu'au bout, si c'était le cas, il craignait qu'elle ne s'applique à elle même une épreuve de passage risquée pour se savoir capable d'entrer dans le royaume des démons...

- " Alors il faut que tu réunisse tout le monde pour que vous montiez un plan. Les courants les ralentissent, vous avez encore quelques minutes devant vous. "

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Jeu 22 Oct 2015, 15:20




Après tant de jours passés à voyager loin de chez elle, la brune avait finalement décidé de retourner à ses origines. Les derniers événements la forcaient cependant à éviter la maison où elle avait vécu ses plus belles années. Aussi s'était-elle naturellement dirigée vers la demeure de son ancien maître sans vraiment savoir pour quelle étrange raison elle s'y rendait. Cependant, avant que d'arriver à ce lieu qu'elle abhorrait et qui l'attirait en même temps, elle suivit son intuition et emprunta un tout autre chemin. Syveth la suivait en silence, arborant son éternel air taciturne. Depuis combien de temps ne l'avait-elle pas vu rire aux éclats comme autrefois ? Dès qu'elle cherchait à arranger les choses entre eux, il surgissait toujours une aventure quelconque ou une nouvelle rencontre qui creusait davantage l'abîme qui les séparait. Jamais les mots ne lui venaient quand elle souhaitait lui exprimer toute la gratitude et l'affection qu'elle ressentait pour lui. Le coeur de la Rehla était chargé de regrets à son égard, regrets dont elle ne pouvait se débarrasser.

Perdue dans ses pensées, elle revint à la réalité lorsqu'elle sentit le sable chaud glisser entre ses orteils. Levant les yeux vers l'horizon, elle réalisa qu'elle se trouvait sur la plage sans avoir aucune idée de la manière dont elle y avait atterri. Cela se produisait de plus en plus souvent. Le monde réel lui échappait, et, quoi qu'elle fasse, elle ne parvenait pas à l'empêcher. Rêveries énigmatiques et visions fantasmées, voilà ce qui la dévorait avec tendresse. Quelque part aux confins des sphères étoilées se trouvait la véritable raison de ces pertes de conscience qui, paradoxalement, ne l'effrayaient absolument pas. La certitude que tout avait un sens, même lorsqu'elle était incapable de le comprendre, grandissait dans l'esprit de Callidora. Elle se fiait entièrement au Destin, prenant garde toutefois à ne pas commettre les mêmes erreurs qu'auparavant. La naïveté la quittait peu à peu, et elle sentait que la vérité se rapprochait d'elle à une vitesse fulgurante. Que n'aurait-elle donné pour quelques heures d'insouciance ?

Sans s'en rendre compte, elle avait une fois de plus basculé dans un autre monde. Battant des cils pour se concentrer sur ce qui se passait autour, elle constata avec surprise que d'immenses navires voguaient sur l'océan. Elle pencha la tête sur le côté, soucieuse. « Reste ici, je vais chercher de l'aide. » La voix teintée d'inquiétude atteignit à peine ses oreilles. Des dizaines de pensées défilaient sous son crâne, hypothèses et objections mêlées en un étrange ballet. La nuit ne tarderait pas à tomber, et les bateaux qui approchaient n'avaient rien d'amical. Un sentiment d'urgence broya le coeur de la Rehla. Il fallait qu'elle réagisse, mais aucun stratagème digne de ce nom ne voyait le jour dans le tumulte de son esprit. À dire vrai, elle n'avait qu'une seule chose en tête, un visage aux traits diablement élégants dont le propriétaire la rendait folle. Remarquant une feuille sous ses doigts, elle abaissa son regard jusqu'à l'oeuvre qu'elle venait de dessiner. Nul doute qu'elle avait représenté celui qui hantait chacune de ses journées, et ce dans une tenue plus que légère, recouvert seulement par sa chevelure indomptable. « Callie, tu te damnerais pour ce démon aux yeux d'or. Idiote. » À peine avait-elle prononcé ces mots qu'une irrépressible envie de le retrouver la saisit. Elle voulait encore faire glisser ses doigts sur son visage harmonieux et goûter au plaisir de ses lèvres défendues. « Zane... » Le prénom qu'elle prononça ne fut qu'un murmure qui s'évanouit dans les airs. Un sourire triste étira ses lèvres.

La brise espiègle qui berçait la plage s'empara du fameux dessin. Callidora se releva précipitamment pour le rattraper et heurta quelque chose. Lorsque ses yeux se posèrent sur la femme qu'elle venait de bousculer sans le vouloir, elle retint un hoquet de stupeur. L'inconnue possédait de magnifiques cheveux d'une blancheur pure et une bouche ensanglantée. Mais ce qui frappait le plus, c'était son regard qui ne pouvait voir. Décidément, l'ironie faisait parfois preuve de cruauté. La voyante qui se cognait contre l'aveugle… D'une voix tremblante, la Rehla lui présenta ses excuses. « Je suis désolée, je suis terriblement maladroite. Vous allez bien ? » Une inquiétude sincère perçait ses mots. Le dessin se trouvait aux pieds de la nouvelle venue. Depuis combien de temps se trouvait-elle à côté de la brune sans que celle-ci ne la remarque ? Ses joues se couvrirent de rose alors qu'elle pensait que la jeune femme avait probablement entendu ses paroles. En attendant une réponse, elle préféra tourner son attention vers l'élaboration d'un plan. Il fallait à tout prix qu'elle trouve un moyen d'éliminer les pirates.
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Lun 26 Oct 2015, 21:06


L'aveugle réfléchissait au meilleur angle de défense sur cette plage, Siran en faisant tout autant car le temps les pressait et même si le nombre faisait leur force, réunir tous les occupants de la plage pour unir leurs forces et faire face aux pirates qui approchaient prendrait un petit moment... Et il faudrait sûrement parlementer et convaincre avant d'organiser les "troupes"... La nuit arrivait n'est ce pas ? Et la majorité des gens présents étaient des rehlas? Alors ils avaient une chance.

Un prénom connu titillait ses oreilles mais... lointain. Comme s'il venait d'une autre vie. Pourtant il n'était pas très lointain le temps où elle avait partagé la chaleur du manoir avec ce démon... Elle réalisait, dans une demi rêverie, que ce voyage était bien plus éprouvant et à la fois instructif que tout le temps qu'elle avait passé à fuir sur les routes avec Siran pendant des années. En l'espace de quelques semaines, c'était comme si une vie entière s'était écoulée, les combats constants tant physiques que psychologiques lui avaient bien plus apprit que des mois à fuir les confrontations avec ceux qui leur avait fait du mal.

Et soudain, elle tiquait. Ce n'était pas elle qui avait prononcé ce prénom. Ce n'était pas elle qui avait pensé à lui si fort que ce nominatif ait fusé de ses lèvres sans avoir pu être contenu. Siran fixait déjà la brune alors que Mirari saisissait seulement sa présence et se tournait vers elle... pour mieux l'accueillir de plein fouet. Le banjee n'avait pas eu le temps de réagir et d'avertir la blanche, pensant que l'autre femme ne serait pas si distraite... Tout ça pour un... dessin? Du coin de l'oeil, il apercevait le portrait et il se permit de rire intérieurement. Étrange coïncidence. Mais contrairement au démon, la jolie brune, très jolie d'ailleurs confirmant encore le goût du brun pour les superbes créatures, se montrait très polie bien que la surprise et la gêne qui teintaient ses paroles ne lui rappellent que le comportement habituel des gens qui réalisaient la cécité de Mirari lorsqu'ils la rencontraient pour la première fois, il était curieux d'en savoir plus sur elle...

Peut être que derrière ces mots anodins se dissimulaient un caractère à la hauteur de celui du démon et de ses fréquentations...

- " Il n'y a pas de mal... Pour le moment. Seriez vous d'avis à défendre cette plage ? "

La délicatesse et Mirari, une grande histoire d'amour mais l'aveugle avait eut le don de ramener son compagnon à la réalité de la situation. Les pirates fouleraient bientôt le sable de leurs bottes et encore, s'ils ne se décidaient pas à canonner la plage depuis la baie avant d'accoster. Il fallait dire qu'autour d'eux et sur toute la longueur de la langue de sable, une bonne centaine de personnes, nez levé vers le ciel formait un tableau étrange à la lueur pâle des astres qui se dessinaient à l'orée de la nuit. Siran réalisait mieux ce qu'avait dit sa protégée, se considérant comme appartenant à ce peuple maintenant qu'il voyait dans leurs yeux la même fascination que celle qu'il apercevait chaque soir dans les prunelles opaques de la blanche. Le lien qu'elle avait ignoré si longtemps entre les membres de sa race et elle même prenait tout son sens désormais et il aurait été malvenu de le remettre en question maintenant. Pas dans cette cité et pas maintenant qu'elle connaissait ses origines, ses dons et ses responsabilités. Il aurait préféré l'éloigner et la protéger de ce qui s'annonçait par les flots mais Mirari était plus têtue qu'une mule, son compagnon était fort bien placé pour le savoir et il l'avait toujours soutenu, peu importe la situation...

C'était elle qu'il craignait plus que les pirates, sa réaction et la motivation à les mettre en déroute, ses pouvoirs qui se manifestaient de plus en plus fréquemment et avec une force qu'il redoutait qu'elle ne puisse maîtriser.

- " Il faut se décider, il y a du mouvement sur le pont... "

- " Le chant des étoiles devrait interpeller les plus puissants de ceux qui se trouvent là, j'ose espérer qu'ils avertiront les autres. "

La situation et les récents événements la poussaient à enfreindre ses propres règles de discrétion et de sécurité mais au vue du ton employé par son ami, nerveux et fébrile comme un soldat s'apprêtant à se lancer dans la bataille, elle ne doutait pas du caractère urgent de la situation.

Avec le spleen, à si grande échelle et en comptant sans doute quelques rares et grands esprits parmi eux, ils pourraient les mettre en déroute... Du moins, elle n'envisager pas mieux à l'heure actuelle, Zane et sa rencontre avec l'autre rehla passant au second plan pour le moment mais aucun doute qu'elle poserait le sujet sur la table sitôt que l'occasion se présenterait.
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Jeu 12 Nov 2015, 16:45




Son comportement face à sa congénère lui parut tout à coup ridicule. Des excuses étaient bienvenues, évidemment, mais le commentaire qu'elle lui avait adressé était légèrement déplacé quand elle y repensait. L'aveugle ne ressentait probablement nulle envie que quiconque lui rappelle sa cécité. Quoi qu'il en soit, il y avait plus urgent. Les bateaux se rapprochaient dangereusement du rivage, et si personne ne réagissait, ils débarqueraient sur la plage d'ici quelques instants. La brune doutait qu'une ville de Rehlas pacifistes soit en mesure de se défendre comme la situation l'exigeait, d'autant que les membres de la Garde ne pouvaient à eux seuls venir à bout des attaquants et que bon nombre des habitants avaient succombé au Spleen. La détresse résonnait dans chacune des cellules de Callidora, un sentiment qu'elle connaissait trop bien pour ne pas y résister. Se laisser abattre aurait été signer leur arrêt de mort à tour, au mieux. Jetant un regard du côté de Lua Eyael, elle constata que Syveth ne revenait pas encore. En attendant son retour, il fallait trouver une solution. La remarque de sa camarade attestait de la nécessité d'agir le plus rapidement possible, sans quoi ils étaient perdus. Le temps n'était pas aux hypothèses hasardeuses sur ce qu'il convenait de faire. Sans réfléchir davantage, elle se tourna vers la blanche. « Avez-vous une idée pour les arrêter ? » Ces paroles prononcées, elle décida de passer à l'action.

Des sphères de feu de la taille d'une main adulte apparurent un peu partout au niveau des navires pirates. Si cet étrange sortilège sema le trouble dans leurs rangs, la paniqua monta d'un cran lorsque certains se rendirent compte qu'un mât avait été touché et risquait à tout instant de s'effondrer, emportant d'autres vaisseaux dans sa chute. La brune détournait l'attention des assaillants pour quelques minutes, tout au plus. Consciente qu'il fallait à tout prix gagner du temps, elle avait laissé son instinct la guider, une fois de plus. Hors de question qu'elle laisse son futur foyer aux mains de pareils bandits.
« Tiens-toi prête. » Sans s'en apercevoir, elle était passée d'un vouvoiement respectueux à un tutoiement presque familial. Après tout, l'aveugle faisait en quelque sorte partie de sa famille. Sachant que les Rehlas pratiquaient peu l'art du combat, elle se creusait les méninges pour trouver un moyen efficace d'éviter le corps-à-corps. Afin de recouvrer sa concentration, elle ferma les yeux une seconde, s'effaçant du monde par la fine barrière de ses paupières pâles. Perdre son sang-froid dans un tel moment pouvait perdre la ville.

Ce fut cependant la dernière réplique de sa camarade qui déclencha une réaction chez Callidora. Isolant son esprit de tout ce qui l'entourait, elle fit abstraction du fracas du ressac qui apportait une promesse sanglante, et de la respiration un tantinet affolée de la jeune femme à ses côtés. Sans le savoir, elle cherchait sa propre voix, celle qui ne s'exprimait vraiment que lorsqu'elle se trouvait en compagnie des étoiles ou de ceux qu'elle aimait de tout son coeur. Et l'amour qu'elle ressentait envers son peuple ne connaissait aucune limite. Pour une raison mystérieuse, le visage de Mirari envahit son champ de vision.
« Souviens-toi. » Elle ignorait qui avait parlé, se demandant même si quelqu'un avait réellement prononcé ces mots. Les traits fins de la blanche s'évanouirent sous l'ombre de ses paupières. Contrairement aux ténèbres auxquelles elle s'attendait, sa disparition n'enfanta pas l'obscurité mais une multitude d'autres individus dont pas un seul ne lui était connu. Pourtant, elle reconnaissait chacun d'entre eux comme étant ses congénères, et peut-être même quelque chose de plus, quelque chose d'insaisissable qu'elle ne comprenait pas encore. Les visages défilaient devant ses yeux avec une précision frappante.

Sans même s'en apercevoir, elle avait entrouvert les lèvres. Un murmure mélodieux s'élevait des profondeurs de son être, murmure qui enflait comme l'écho d'un vieux chant guerrier. Le roulement d'un tambour semblait gronder à l'horizon, annonçant un combat des plus violents. Peut-être la voix des étoiles avait-elle décidé de se joindre à celle de Callidora, car les inflexions tendres de la mélodie inconnue se teintaient à la fois d'amertume et de désir. Pas une seule fausse note ne contredisait l'ensemble, et pourtant la brune sentait quelque chose de terriblement dérangeant dans la musique. Un élément manquant, ou la certitude qu'un individu comme elle n'aurait pas dû la connaître aussi instinctivement. Néanmoins, elle ne s'arrêterait pas avant d'avoir achevé son œuvre. Lorsqu'elle considéra qu'elle avait assez chanté, elle rouvrit les yeux et le son s'évanouit dans les airs. Stupéfaite, elle constata que quelques Rehlas avaient répondu à l'inquiétant appel, et sa surprise augmenta encore lorsqu'elle se rendit compte qu'ils étaient ceux qui avaient envahi son esprit quelques instants auparavant. Prêts à prendre les armes pour défendre la cité qu'ils chérissaient tant.
« Mademoiselle, le moment est venu. » Son ton n'avait rien de cérémonieux, mais elle tenait à ce que sa camarade aux cheveux blancs sache qu'elle lui portait autant de respect qu'à n'importe qui et de toute manière, elle ne connaissait pas son prénom. Sa cécité ne représentait rien, en fin de compte. La brune posa une main sur l'épaule de Mirari pour lui insuffler un élan de courage. Elles risquaient autant leurs vies l'une que l'autre, mais Callidora se surprenait à ressentir une sorte d'instinct maternel envers sa nouvelle rencontre, un sentiment qu'elle ne s'expliquait pas. Aussi se contenta-t-elle d'esquisser un sourire d'encouragement alors que les premiers assaillants posaient le pied sur la plage.



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