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 La Fée des Voleurs [Concours - Peter Pan - Aina Rahlë]

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11262
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Lun 31 Aoû 2015, 20:44

Mancinia avait choisit la planche, ce morceau de bois suspendu dans le vide qui lui permettrait de faire un charmant plongeon dans les abysses. Il était bien reconnu qu'aucun Pirate n'aurait le coeur à laisser une de leur victime couler sans lui laisser une chance de survie, aussi, le Capitaine lui avait aimablement enlever les attaches qui la retenait prisonnière depuis plus de trois heures. Se massant les poignets en s'avançant sous leurs rires gras, elle observait le paysage rocailleux. Ils avaient fait halte dans une sorte de lagune ceinturée de longues parois rocheuses, mais où la demoiselle distinguait le début d'une plage. Elle qui ne savait pas vraiment nager, cela risquait d'être complexe de l'atteindre. Mancinia sentit la pointe d'une lame sur son dos et compris l'ordre muet. Inspirant une bouffée d'air pour se donner courage, elle songea au fait d'avoir choisit la planche par principe, mais aussi car elle n'aurait su supporter leur maudite chanson une minute de plus ! Et puis, comment en était-elle arrivée là ? Dans ses souvenirs, Mancinia avait choisit de faire une pause dans une forêt et s'était endormie au son des chants d'oiseaux, après avoir avalé un frugal repas. A son réveil, elle se trouvait dans un lit fort moelleux et avait été accueillie avec des rires et des cris d'enfants. Quand ils se sont aperçus de son éveil, certains s'étaient précipités sur elle, sautant sur le lit en criant son nom, ravis et enchantés de sa présence.

Wendy ! avait gaiment déclaré l'aîné. Raconte-nous une histoire !

Wendy ? Non, elle eut beau tenter de les convaincre qu'ils la confondaient avec quelqu'un d'autre, les enfants refusaient, protestaient et criaient qu'elle se devait de leur raconter une histoire, comme elle seule savait le faire. Mancinia était seulement Mancinia, mais cette personne-là aimait raconter des histoires. Et elle ne pouvait refuser une demande aussi rayonnante ! S'essayant sur le lit, entourer d'une quinzaine d'enfants de tous âges, elle avait entamé les récits dont seule elle connaissait l'existence ; celle de terres où se mélangeait le noir et le blanc, de la Divinité Justicière et de son Trancheur Masqué, luttant contre la Sirène aux Cheveux Rouges et son Colosse d'Argent. D'où elle venait cette histoire, d'ailleurs ? Bah ! Elle avait bien dû la lire quelque part, sans doute à Utopia. Puis, une fois son récit terminé, elle se risquait à demander où elle était. Un certain Jean lui répondit qu'elle était à la maison. Et c'était tout. Mancinia était ensuite parvenue à se lever, dans l'unique but de faire à manger et de boire un grand verre d'eau. La jeune femme vit au travers de la fenêtre qu'elle se trouvait dans une charmante ville portuaire, des mouettes voletaient entre les mats, le vent sentait le sel marin et la mer venait heurter le rivage avec malice. Les enfants s'étaient installés pour manger, en chantant, riant, sautant, appelant de tous leurs voeux les féroces Peaux Rouges. Ahooooo.

La table dressée indiquait que tout était prêt. Quel était cet endroit ? Où étaient leurs parents ? Au travail, tu le sais bien ! fût sa seule réponse. Ils étaient un peu déraisonnables, ces enfants. Et qu'est-ce qui était fou, d'ailleurs ? La présence d'une inconnue dans une maison pareille ou le fait qu'ils la connaissaient ? Non. Ils ne la connaissaient pas, elle n'était pas cette Wendy. D'ailleurs, Mancinia n'avait jamais entendue parler d'une ville où les Humains étaient les bienvenus. Tout était si dangereux ailleurs que chez eux ! D'ailleurs, c'était par où, chez elle ? Bah, elle demanderait une carte le moment venu. Donnant un coup de talon sur le sol, chacun des enfants s'envola dans les airs, s'amusant avec un ballon dans la maison, mais sans casser la moindre chose. La demoiselle les observait, pas que cela la rendait jalouse, mais elle avait envie de s'amuser et sollicita le ballon en restant près de la porte. Certains s'arrêtèrent dans leurs mouvements, l'observant curieusement, d'autres lui demandaient de venir les rejoindre dans les airs.

Je suis Humaine ! avait-elle dit. Je ne peux pas voler !

Ils s'étaient tous regarder avant de rire aux éclats. Qu'est-ce que c'était, un Humain ? C'est vrai, ça, c'était quoi un Humain ? Mancinia réfléchit. Non, ce n'était pas sérieux ce qu'elle faisait. Elle exigea de comprendre ce qui se tramait dans cet endroit, alors les enfants essayèrent de comprendre ce qui tourmentait leur Wendy et répondirent à ses questions. Cette ville portuaire se nommait Utopie et se trouvait à l'Est du Pays Imaginaire, régie par un certain Peter Hysterie, mais peu de personne le voyait se promener dans les rues animées, puisqu'il se déplaçait en volant. Quoi de plus normal pour des êtres magiques que de voler ? Mais voler, c'était un talent naturel chez chaque résident de ce pays. Un don des Fées. Comment aurait-elle put voler ? Elle était Humaine ! Les enfants ne savaient que dire et sortirent sur le perron en sa compagnie, disant qu'il fallait qu'elle aille à la rencontre des adultes pour qu'il l'aide. Adulte ? Elle était adulte, non ? Ah, elle ne savait plus. Soupirant, elle les laissa à leurs amusements et partit sur la route principale qui devait la conduire en ville. Sur le chemin, Mancinia rencontra deux charmantes Faes. Chacune était vêtue de violet, scrutant de leurs grands yeux bleus la demoiselle qui s'avançait à leur rencontre. Poliment, elle présentait ses respects pour obtenir une information. L'une se nommait Fée Érina et l'autre Fée Lonie, mais elle préférait le doux nom de Fée Line. Elles aimaient se vanter de sa politesse légendaire et de ses talents d'oratrice, cette Wendy semblait connue à travers la ville.

Mancinia ne trouvait pas que cela lui portait chance, mais si cette personne qui lui ressemblait était aussi estimée, elle n'aurait pas de mal à trouver ce qu'elle cherchait. Ne souhaitant pas mécontenter ses interlocutrices, la jeune femme tint sa langue, mais expliquait son problème ; celui de ne savoir voler. Les Faes parurent troublées et lui conseillèrent d'aller voir un certain Darren, se trouvant dans le port, affirmant que l'on ne passait pas à côté de ce dernier sans le voir. Après les avoir remerciés, Mancinia se sépara d'elles, tandis qu'elles continuaient leurs routes en chantant et virevoltant. Visiblement, les Faes étaient très appréciées en ce lieu ; tous s'inclinaient à leur passage. Elle croisait aussi peu de personnes qui marchaient dans les rues, ils volaient tous vers leur lieu de destination. Ceux qui se posaient étaient des acheteurs pour un magasin qui avait pignon sur rue. Certains semblaient désolés en la voyant, car la rumeur s'était répandue que Wendy ne savait plus voler ! Un sort terrible ! Tous, sans exception, la connaissait. Wendy la Conteuse, qu'ils l'appelaient. Quand ils lui demandaient pour quel raison elle ne pouvait pas voler, c'est parce qu'elle criait son humanité au monde, mais tous refusaient de l'écouter. Cette prétention à refuser le cadeau des Fées les avait fâchées et il fallait qu'elle les convainque de sa bonne foi pour récupérer son talent naturel. Et...C'est ce qu'elle allait faire, tiens. Qu'avait-elle fait pour mécontenter ces bonnes Faes ?

Salut, Beauté.
Salut, Colosse.

C'était sortit d'un trait, l'homme rit. Un bel homme d'une carrure impressionnante lui faisait face. Il était assez jeune, avec ses cheveux d'argent et son regard d'un bleu pur, ce dernier trahissant les années et l'expérience. Mancinia leva les yeux ; l'Hôtel de Darren. Effectivement, on ne passait pas à côté sans le voir ! Son interlocuteur se mit à discuter de tout et de rien ; il lui disait que cet hôtel était sa fierté et sa vie, Mancinia souligne que cela lui rappelle vaguement quelque chose tandis que Darren rit de sa remarque. Qui ne le connaissait pas ? Le pays entier souhaitait y séjourner. La jeune femme plaisanta à propos de sa modestie, tandis qu'il lui répliquait que c'était ses charmes qui lui valaient cette réputation. Pardon ? songea la demoiselle. Ce n'est que lorsque Darren lui présenta un magnifique bijou surmonté d'une perle qu'elle comprit qu'il parlait de talismans. Voilà pourquoi les Fées l'avaient envoyée ici. Mancinia lui expliquait son problème ; elle avait oubliée comment voler, même si dans les faits, elle ne savait pas comment faire, tout simplement. Darren semblait au courant, parlant de sa personne en bien, celle qui rêve d'amour et d'eau fraîche ! Allant dès lors voir ce qu'il avait en stock. La demoiselle l'observait attentivement, mais repoussa le talisman à la grande surprise de l'hôtelier-marchand.

C'est une fausse pierre, dit-elle.
Impossible !
J'en suis certaine.

Même si elle ne savait pas d'où lui venait cette affirmation, elle le sentait au plus profond de ses tripes. Hélas, Darren ne sut que dire et c'était son seul talisman enchanté dans cette optique. Une fausse pierre rendait la magie inopérante ! Mancinia soupira, mais quelle malchance la frappait ! C'est alors qu'un  homme aux longs cheveux noirs et au regard chocolat s'était approché d'eux. Vêtu de rouge, il semblait ne manquer de rien dans son existence. Fort impressionner qu'elle parvienne à déceler de véritables pierres des fausses qui les entouraient, il est venu lui proposer de l'embaucher dans son entreprise florissante ! Poliment, elle refusa, alors il l'invita tout de même à venir à bord de son navire marchand. Laissant Darren, bien embêté, elle l'avait suivit sans crainte, tout était tellement beau et enfantin dans ce lieu ! Qui aurait cru qu'un sombre Pirate se cachait derrière les traits fins de l'homme vêtu de rouge ? Ses hommes l'avaient attachée au mat avec une corde ; une fleur pareille méritait leur attention, elle ferait leur fortune. Ce serait agréable si elle signait pour intégrer leur équipage et ainsi leur permettre d'agrandir leur patrimoine personnel à tous. Mancinia avait refusée de nombreuses fois et devant son entêtement, le Capitaine lui avait proposé de signé ou de prendre la planche.

Saute !

La voici donc au bord de cette dernière, mais au lieu d'une large étendue d'eau interminable se trouvait une mer de sable. Wendy crû à une blague et se tut. Allez, saute Wendy ! se dit-elle dans son esprit. C'était sans danger, alors elle prit appui sur ses jambes et fit ce saut, retenant sa respiration durant la chute et expectorant en atterrissant sur le sable. Elle se réceptionna sans le moindre mal, mais ne sut éviter la chute en contrebas, engendrant à nouveau quelques rires sur sa maladresse. Le Capitaine se penchait vers elle, amusé de la voir dans cette situation désagréable ;

Nous ne sommes pas barbares avec les demoiselles ! dit-il d'une voix chantante, entortillant une partie de sa moustache dans son crochet. Nous allons te garder ici le temps que tu te décides à venir avec nous ! Voici l'Île du Crâne ! C'est un peu notre repère de Pirates et comme tout repaire de Pirates qui se respecte, il est bien gardé ! Tente de t'enfuir et tu seras dévorer par le Crocodile, tu sauras le reconnaître à son bruit caractéristique ! C'est qu'il est réglé comme une horloge pour ce genre de chose, ha ha ha ! Si tu parviens à lui échapper, les Sirènes ne te laisseront pas en paix et s'amuseront avec toi ! Nous reviendrons te voir dans quelques jours pour voir si tu es toujours aussi négative, Mademoiselle Wendy, l'Humaine Incapable de Voler ! Ha ha ha !

Voilà. C'en était fini d'elle. Wendy allait devoir accepter de suivre ce rustre dans quelques temps, parce qu'elle n'était ni capable de voler, ni capable de survivre seule dans la nature aussi longtemps. Elle serait sans doute dévorer par une créature féroce en attendant leur retour. Wendy était épuisée de tout ce qui s'était produit ces derniers temps. Sa vie n'avait jamais été un long fleuve tranquille, mais de là à subir toutes ces péripéties plus désastreuses les unes que les autres ! Lorsque les Pirates furent partit, elle se mit face à la plage en observant l'eau, s'y risquerait-elle ? Plusieurs tics et plusieurs tacs résonnèrent à ses oreilles, attirant son attention et de légères ondulations apparurent à la surface et la demoiselle vit le dos d'un très long crocodile. Le Capitaine n'avait pas mentit ! C'en était dangereux de s'aventurer dans l'eau, aussi, Wendy s'assit et enfoui son visage entre ses bras, essayant de ne pas pleurer. Entendant un chant, elle redressa son visage et vit un oiseau dans le ciel. Quelle chance avait-il ! Si elle parvenait à voler comme tout le monde, peut-être ne serait-elle pas dans cet embarras. Elle avait dû faire de vilaines choses pour être privée de son don ! Et si elle essayait de se rattraper, les choses s'arrangeraient-elles ? Quel était cette chose qui volait non loin du rivage ? Ça arrivait droit sur elle et...Était-ce possible ?

Oh, Fée ! dit-elle. Je ne suis qu'une humble demoiselle de la ville d'Utopie ! Des Pirates me retiennent prisonnière en ce lieu et, sans doute en ayant mécontenté les tiens, me voici incapable de voler pour me libérer de ce triste destin ! J'aimerai que tu me dises le mal que j'ai fais pour mérité ceci et, dès lors, moi, Wendy, m'engage à le réparer !

Riant et virevoltant près d'elle, la charmante Fée semblait évaluer sa sincérité.


2 220 mots

Précisions:


La Fée des Voleurs [Concours - Peter Pan - Aina Rahlë] Chriss10
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Sam 14 Nov 2015, 21:52

Le problème, c’est que mon corps de fée était si petit, si menu, que je ne pouvais ressentir qu’une émotion à la fois. Une douche chaude, une douche froide, c’est blanc ou c’est noir. Les pensées se bousculaient dans on cerveau puis décidèrent enfin de s’ordonner; les joues gonflées, les poings serrés, je décidai que j’étais en colère. «Ah non!,» pensai-je, « je faisais un si joli rêve. Très étrange aussi…» Ce rêve, il était flou désormais, mais je tentais de me le remémorer le mieux possible. Je voyais une jeune femme au teint basané sourire sous le soleil, portant une espèce de long peignoir coloré… Je connaissais son nom, mais il glissait hors d’atteinte lorsque j’essayais de le remémorer. Orin? Arina? Je ne sais plus. Enfin, quel songe saugrenu. La main devant la bouche, je bâillai, puis tentai de bloquer les rayons du soleil avec ma paume.

«Alleeez, referme-toi,» intimai-je en pensées à la fleur qui m’avait servi de lit. Je me retournai sur mon flanc en attirant deux des doux pétales orangés de tulipe contre mon corps, tentant de les refermer manuellement, avant qu’ils glissent de mes doigts et reprirent leur position normale, comme si de rien était. Rien à faire, la tulipe  ne semblait pas vouloir coopérer avec moi ce matin. Mais quelle égoïste! Tout ce que les fleurs veulent, c’est de la lumière et de l’eau fraîche. Il fallait oublier toute communication avec elles une fois qu’elles commençaient à prendre leur bain de soleil. Le mythe peut bien véhiculer que les fleurs s’éveillent avec la fée; c’est plutôt le contraire, en réalité.

Je me relevai avec peine, époussetant du revers de la main les quelques particules de pollen qui s’étaient collés à ma robe, puis fit un tour sur moi-même en m’étirant afin de sentir la caresse du soleil sur ma peau. Toujours un peu de mauvaise humeur, je rassemblai les quelques mèches qui s’étaient échappées de mon chignon durant la nuit puis les plaquai sur ma tête, pensant que j’aurai le temps de les brosser plus tard durant la journée. Finalement, je dépliai mes ailes engourdies et les secouai légèrement afin de les préparer au vol.

La tulipe s’ouvrit un peu plus et commença à agiter légèrement sa tige dans le vent. Elle semblait m’intimer de partir plus rapidement et je compris pourquoi lorsque j’entendis les bourdonnements d’une abeille se rapprocher. Oui, oui, c’est bon, j’y vais, maugréai-je dans mon esprit. Pour toute réponse, Tulipe agita sa tige au vent, ce qui me acheva de me propulser dans les airs. J’adressai un dernier coup d’œil à la fleur qui se faisait toute douillette afin d’accueillir le bourdon. Hmph. De toute façon, j’avais des trucs à faire, aujourd’hui. Les garçons perdus partaient en expédition et Peter m’avait chargé de rester au bercail pour surveiller les plus jeunes qui ne pouvaient pas quitter la sécurité que l’Arbre du Pendu offrait.

Peter! La simple pensée du merveilleux Peter Hystérie suffit à faire parcourir de petits frissons le long de mon échine. Les battements de mon cœur se firent plus rapides, mes joues s’empourprèrent. Oh, Peter! Qu’il me trouve digne, moi, de prendre soin des plus jeunes alors qu’il partait à l’aventure, je trouvais que c’était une marque de confiance immense! Bien sûr, j’aurais préféré partir à l’aventure avec lui, mais cette démarche me rappelait les temps désormais révolus où nous formions un duo inséparable. Peter et Clochette, les inséparables! Avant que Wendy Darling ne s’immisce entre nous deux.

Et alors, je pensai à Wendy, et mon frêle visage de fée devint vert de jalousie.

Cette pimbêche qui m’avait ravi mon Peter! Il n’avait suffit que d’un battement de cils et d’un rebondissement de ses stupides boucles brunes pour qu’elle ne vienne détruire la superbe amitié de Peter et moi. Elle était si agaçante! Peter par ci, Peter par là, Mademoiselle «Je-viens-du-Pays-Non-Imaginaire-Et-J’attire-La-Poisse-Partout-Où-Je-Passe».  Qu’est-ce qu’il lui trouvait, enfin? Sa façon de voler n’était ni gracieuse, ni innée; le bleu de sa robe était hideux et sa voix si irritante! Quel sort cruel pour mon sens de l’ouïe, vraiment, que je sois venue au monde muette plutôt qu’elle. De toute façon, c’était à moi que Peter avait confié les enfants, et non à elle! ! Je souris, ma frustration et ma jalousie se muant tranquillement en une mesquine satisfaction.  Il en avait fini avec elle, voilà. Dieu sait ce qu’elle fabriquerait, aujourd’hui, alors que Peter serait parti à l’aventure. J’étais seulement heureuse de l’avoir hors de mes pattes pour la journée.

Alors que je progressais hors du jardin où j’avais passé la nuit, le paysage se transforma peu à peu dans la ville portuaire où la majorité des gens du Pays Imaginaire vivaient. Il était tôt et les rues commençaient tout juste à s’éveiller. Les marchands s’installaient, certains avaient déjà commencé à vendre leurs produits à la criée. J’étais venue en ville pour m’enquérir des dernières nouvelles. Il y avait toujours un potin, en ces terres, et étant donné mon statut en tant que bras droit (et compagne… et meilleure amie… et intérêt romantique… bref) de Peter, je me devais de toujours savoir le pourquoi, le comment, le qui et le quoi.  Les quelques passants que je croisai s’inclinèrent respectueusement sur mon passage et je les remerciai d’un signe de la tête. Ce qu’il était bon d’être une fée, ici! Tous étaient gentils et serviables, non seulement entre eux, mais surtout envers mon peuple. Tradition ou simple espoir d’être saupoudré de poudre de fée? Je l’ignorais… mais je ne m’en plaignais pas! Les rues n’étaient pas encore très peuplées, à cette heure, mais je perçus tout de même une énergie palpable, une excitation qui transpirait du brouhaha ambiant. Que se passait-il?

Après avoir parcouru quelques rues, je croisai enfin le chemin de Verdure, une fée assez rondelette qui fonça vers moi dès qu’elle m’aperçus, frétillant ses ailes sans porter attention aux gens qui s’inclinaient sur son chemin. Son large sourire était contagieux et je l’imitai alors qu’elle me prit dans ses bras.

«Clochette! Clochette, comme il est bon de te voir! s’écria-t-elle en me broyant les os, Comment vas-tu?» J’irais mieux si tu ne m’empêchais pas de respirer, pensai-je, mais pour toute réponse, je mis fin à notre étreinte et élargis mon sourire.

«Je vais très bien, pour ma part! Écoute, je dois filer, je suis attendue autre part…» J’hochai la tête vivement «Mais tu ne devineras jamais le bruit qui court! » Je la regardai d’un air interrogateur. Intérieurement, par contre, j’étais satisfaite de la rapidité avec laquelle la rumeur s’était rapportée à mes oreilles. Il était bon de vivre ici, me répétai-je.

«Feuille m’a raconté que Rose lui a dit qu’un poissonnier a entendu sa sœur parler à son mari d’une bien curieuse situation! Apparemment, la sœur du poissonnier a dit à son mari que Wendy – attention, c’est choquant! – a oublié comment voler! » Euh… ça ne pouvait pas être correct. Gloussant légèrement, je fis signe à Verdure de répéter. L’idée que Mademoiselle Wendy « La Diva Aux Boucles Brunes »Darling aie oublié de voler m’était complètement absurde.

«D’accord, mais écoute-moi bien, cette fois, car je suis pressée. Wendy, la Wendy de Peter, Wendy La Conteuse Darling, LA Wendy, elle a oublié comment voler!»


Les yeux exorbités, je fixai Verdure qui continuait de parler.

«Enfin, c’est ce que Rose a dit que le poissonnier avait entendu de la conversation entre sa sœur et son mari. Bref,» fit elle en commençant à s’éloigner, «quelle drôle d’histoire, non?» Elle se retourna tout à fait et m’envoya la main. «Allez, à plus, Clochette!»

Alors que Verdure s’éloignait, les émotions se bousculaient dans mon esprit. Que ressentais-je? De la pitié? De la camaraderie? De la moquerie? De l’hilarité?

Oui, décidément, c’est ce que cette situation était : drôle! Alors je me pliai en deux et me mis à rire, à rire, à rire! Pauvre Miss Wendy! Prise au piège, incapable de s’élever dans le ciel… C’était probablement pour cela que Peter l’avait renié. Enfin, c’était dommage pour elle. Il fait bon de vivre ici, pensai-je une nouvelle fois avant de sécher les larmes de rire qui perlaient au bord de mes yeux et à me remettre en route. Je ne devais plus être très loin de l’Arbre du Pendu. En empruntant le raccourci non loin de l’Île du Crâne, je serais arrivée dans une demi-heure, tout au plus. C’est donc ce que je fis, en me faisant discrète, toutefois : l’Île du Crâne, tous le savaient, était le repère des pirates. Bien qu’ils soient assez bêtes, il leur arrivait de s’ennuyer et d’attraper le premier venu pour se divertir.

Je fus cependant obligée de m’arrêter lorsque je vis qu’ils avaient déjà trouvé une victime. En me cachant derrière un buisson, je regardai la situation : les pirates avaient fait une jeune fille prisonnière et la forçaient à endurer le supplice de la planche, sur la plage de sable. Quels imbéciles, tout de même. Elle n’avait qu’à s’envoler pour leur échapper; d’ailleurs, pourquoi ne le faisait-elle pas?

En plissant les yeux, je parvins à distinguer les traits de la prisonnière, qui avait atterri fesses premières sur le rivage, salissant sa robe bleutée. Était-ce… Wendy?

Ah non! Ah non, non, non, non!

La seule journée où je pensais avoir la paix! Le seul moment où je croyais être enfin débarrassée de ma rivale pour les beaux yeux de Peter! Non, décidément, ça, je refuse! Je ne m’en mêlerai pas. Non, non, non! Je n’ai qu’à passer mon chemin et personne ne saura que j’étais passée par là. Oui, voilà la solution : ignorer la situation et me remettre en route.

Pourtant…

Pourtant, j’étais incapable de le faire. Je restai invisible, camouflée par le buisson, sans être capable de détacher les yeux de la pauvre Wendy, de la même façon qu’on ne peut cesser de fixer un accident de charrette. Je me mis même à éprouver de la compassion pour la pauvre jeune fille. Vraiment, ses efforts étaient dérisoires, et normalement j’aurais probablement ri d’elle, mais en ce moment, la scène qu’elle m’offrait était plutôt… pathétique. Et le pire, c’était que plus je regardais Wendy tenter de retenir ses larmes, plus je me sentais pathétique, moi aussi, dans ma jalousie et ma colère contre cette jeune fille qui n’était, je le comprenais désormais, qu’une enfant. Si j’étais la seule personne à pouvoir lui venir en aide… alors pourquoi ne pas au moins essayer? J’avais beau ne pas la porter dans mon cœur, je n’étais pas cruelle. Abandonner la pauvre à son sort m’était physiquement impossible. Après avoir étudié le pour et le contre de ce dilemme, je soupirai et battit des ailes jusque dans la direction de la malheureuse. Mille et une choses auraient pu arriver aujourd’hui, mais celle-ci, nom d’une pipe, je ne l’aurais jamais considérée comme étant à risque de se produire!

Question de ne pas l’effrayer, je virevoltai près de Wendy avec le sourire, attendant qu’elle s’aperçoive de ma présence.

«Oh, Fée !dit-elle, levant ses yeux emplis d’eau vers moi, Je ne suis qu'une humble demoiselle de la ville d'Utopie ! Des Pirates me retiennent prisonnière en ce lieu et, sans doute en ayant mécontenté les tiens, me voici incapable de voler pour me libérer de ce triste destin ! J'aimerai que tu me dises le mal que j'ai fais pour mérité ceci et, dès lors, moi, Wendy, m'engage à le réparer !»

Je penchai la tête sur le côté, évaluant si ce qu’elle racontait était vrai. Elle ne me reconnaissait pas, apparemment. C’était mieux ainsi : comme cela, je ne risquerais pas d’être remémorée de cette mésaventure. Enfin, comment avait-elle pu oublier comment voler? Était-ce vraiment une malédiction, comme elle le prétendait? C’était fort peu probable, car toutes les Fées savaient que Wendy était sous la protection de Peter. Aucune n’aurait osé le défier pour assouvir quelque vengeance personnelle. Bref, elle nous mettait dans un sacré embarras, toutes les deux. Je virevoltai à quelques centimètres de son nez avant de lui souffler de la poudre de fée en plein visage.

«Atchou!» s’écria-t-elle, alors que je m’esclaffai de rire. Voilà qui devrait régler le problème! Je m’élevai un peu plus haut dans le ciel en lui intimant en signes de me suivre, mais elle restait clouée au sol, malgré tous ses efforts! Contrariée, j’atterris près de son épaule et tentai de tirer sur la manche de son habit pour l’aider à s’envoler. Malgré ma volonté (et la sienne, je n’en doute pas), les pieds de Wendy restaient obstinément cloués au sol. Je fis la moue, découragée. Si la poudre de fée ne réglait pas le problème, alors quoi? Qu’est-ce qui causait ce défaut dans le métabolisme de Wendy?

En la regardant de plus près, j’en déduis la cause. Bien sûr! Comment pouvait-elle espérer s’envoler alors que toutes ses pensées étaient sombres? En ce moment, tout ce à quoi la malheureuse devait penser était la misère de sa situation. Pour s’envoler il fallait avoir des pensées heureuses, c’était la seule façon! La poudre de fée n’aidait en rien, si on s’entourait d’un nuage noir. J’essayai donc de lui communiquer par gestes qu’il lui fallait sourire et penser à ce qui la rendait heureuse pour arriver à s’envoler. Elle ne semblait pas comprendre, mais mes gesticulations avaient réussi à lui arracher un sourire. Je continuai donc à lui faire des grimaces et à virevolter dans les airs, ce qui acheva de la faire rire. Satisfaite de moi-même, je crus tenir la solution à notre problème et lui lançai une poignée de poudre de fée au visage.



Sans résultat. La Conteuse ne s’envola pas et restait les bras ballants, les deux pieds enfoncés sur le sable chaud de l’Île du Crâne.

Wendy perdit son sourire et les larmes perlaient dangereusement sur le rebord de ses yeux, menaçant de déborder et d’anéantir les chances de pensées heureuses. «Ça ne sert à rien, chère Fée!. Je n’arrive pas à m’envoler! Quel sort atroce est le mien, rester coincée sur ce rivage toute l’éternité durant! Mon plus grand regret est de ne plus avoir aucun espoir d’écrire et de partager mes mots avec les habitants des Terres.»

Avant que sa larme n’aie le temps de rouler le long de sa joue, je me redressai vivement, puis attirai l’attention de Wendy sur le sable de la plage. Je pris son doigt et traçai quelques lettres sur le sable fin. «I-L-É-T-A-I-T-U-N-E-F-O-I-S…» épella-t-elle, les yeux grands ouverts. «Mais que fais-tu, Fée?» Je poursuivis, alors qu’elle répétait à voix haute chaque lettre écrite sur le sable. «T-U-P-E-U-X-E-C-R-I-R-E-C-O-M-M-E-Ç-A», puis «C-H-A-Q-U-E-J-O-U-R-U-N-E-N-O-U-V-E-L-L-E-H-I-S-T-O-I-R-E » et enfin « J-E-R-E-S-T-E-R-A-I-P-O-U-R-T-E-L-I-R-E ». Je lui lâchai alors le doigt, attendant sa réaction.

«Ce que tu es rigolote, petite Fée!» gloussa-t-elle. Ouais ouais, cause toujours. Cachant mon agacement, j’en profitai pour lui tapoter la tête, lâchant une pincée de poudre de fée sur ses cheveux. Alors qu’elle réfléchissait à une histoire, les pans de sa robe se soulevèrent, ainsi que ses pieds et tout son corps! Elle volait, elle y arrivait, elle volait! Je virevoltai autour d’elle, alors que son sourire se fit si large qu’il lui dévorait la moitié du visage. Sa joie n’avait d’égale que la mienne; j’étais assez heureuse d’en avoir fini avec cette crise, car la situation m’avait mise en retard sur mon horaire. Je l’attrapai par la main et l’attirai en direction de la mer, que nous pouvions survoler pour nous rendre à l’Arbre du Pendu.

«Fée! Attends… Je…!»

Avant que j’aie eu le temps de me retourner, je la sentis lâcher ma main et l’entendis pousser un grand cri!

Effrayée, je la vis tomber en direction de la mer, une expression de surprise figée sur son visage, alors que, sous elle, les mâchoires du Grand Croco émergèrent des flots et s’ouvrirent bien large…

Puis soudain... J'étais de nouveau dans ma chambre du Palais de Dasha, une tasse de thé encore fumante posée à côté de la lampe à l’huile, sur ma table de nuit. Encore une autre nuit de rêves étranges!? J’en avais assez. Ce Palais semblait réveiller des parties saugrenues de mon subconscient. Je clignai plusieurs fois des yeux. Ce rêve avait été si vif, si imagé, j’avais l’impression que mes rétines étaient en train de se consumer. Je repoussai les draps loin de mon corps et me levai, décidée à trouver la cause de tous ces rêves saugrenus consécutifs.  

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La Fée des Voleurs [Concours - Peter Pan - Aina Rahlë]

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