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 La chasse aux crapauds [Quête solo]

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Lun 19 Oct 2015, 10:44




La blessure s'obstinait à saigner. Depuis que Callidora avait retrouvé Syveth, elle n'avait pas décroché un mot et se contentait d'avancer droit devant elle. À sa grande surprise, les indications de la démone qui les avait piégés s'avéraient exactes. Il fallait croire qu'elle se trouvait dans un jour de bonté. Quoi qu'il en soit, la douleur meurtrissait son ventre, et elle ne pouvait s'empêcher de constater qu'elle ne semblait pas guérir. Trouver rapidement un moyen de se soigner devenait une urgence, d'autant que l'environnement putride qui les entourait désormais représentait un milieu propice aux infections. Tant bien que mal, elle continuait à marcher avec une lenteur exaspérante, évitant lorsqu'elle le pouvait le sol spongieux qui ne lui inspirait aucune confiance. Ils venaient de quitter une région inhospitalière pour en rejoindre une nouvelle. Au moins cet endroit-là paraissait-il moins dangereux que le précédent et y avait-il de l'eau pour se désaltérer, à supposer qu'on ne craigne pas un empoisonnement vu son étrange couleur. Elle rêvait de boire, ne serait-ce qu'une gorgée, et la soif lui brûlait la gorge. Décidément, tout allait de mieux en mieux.

Pour se rassurer, la Rehla serra le poing autour du morceau de carton que lui avait offert un certain démon en guise de cadeau d'adieu. Ignorant si elle allait réellement oublier leur soirée, elle s'accrochait à ce colifichet comme à la prunelle de ses yeux, peut-être aussi parce qu'il la rassurait et lui rappelait qu'elle était capable de venir à bout de cruels ennemis. Et surtout parce qu'il était la preuve d'une vérité troublante qu'elle refusait d'accepter. Secouant la tête pour sortir de sa rêverie, elle regarda le paysage qui s'offrait à elle. Impossible de dire si le soleil s'était levé tant la végétation touffue du marécage couvrait le ciel. Des dizaines de branches mortes jonchaient le sol profondément instable. Pour être sûr qu'il n'allait pas s'effondrer sous vos pas, il fallait le tester du bout d'un pied et s'appuyer légèrement. Dans le cas contraire, on risquait de mauvaises surprises, et Callidora préférait la prudence, d'autant que ses capacités se trouvaient clairement limitées. Sa vision se troublait par instants et elle n'aspirait plus qu'au sommeil. Mais comment s'endormir dans un lieu si inquiétant où l'eau dissimulait des créatures insoupçonnées au venin mortel ?

Rassemblant sa concentration, elle observait l'horizon dans l'espoir de trouver quelque chose qui pourrait lui indiquer la sortie. Ils marchaient dans cet immonde marais depuis quelques heures, et la fatigue s'apprêtait à la cueillir sans prévenir. Son corps puisait dans ses dernières ressources et elle savait que sa résistance était sur le point de rompre. « Je peux te porter, si tu veux. » La voix résonna gravement dans le silence des lieux. La Rehla se retint de lui balancer une réplique cinglante au visage. L'unique intention qu'elle avait à l'égard de son compagnon demeurait de l'étrangler pour s'être tranquillement envoyé en l'air avec une démone sulfureuse alors qu'elle luttait pour sa vie en compagnie d'un démon particulièrement imprévisible. Elle peinait à retenir sa colère, aussi préférait-elle s'enfermer dans l'indifférence. Ignorer Syveth restait la seule manière de ne pas l'étriper. « Callie, tu ne peux pas faire la tête éternellement. » Tiquant lorsqu'il employa son surnom, elle ne laissa rien paraître de ce qui la tourmentait. Sa colère était-elle vraiment justifiée ? Ou n'était-ce qu'une sorte de jalousie déguisée ? Non, c'était inenvisageable, elle ne ressentait rien pour le Tiregan, rien d'autre qu'une amitié sincère.

Le bruit d'un clapotis dans l'eau la fit sursauter. Les sens en alerte, elle observa le marais en plissant les yeux. Rien ne bougeait. Peut-être n'était que le son de sa chaussure qui sortait du liquide poisseux. Il fallait l'espérer. Alors qu'elle s'apprêtait à reprendre sa route, un éclair vif sur la droite l'en empêcha. Elle se retourna vers Syveth pour lui intimer le silence. Hors de question qu'ils se fassent repérer stupidement, même s'ils représentaient sans doute le meilleur gibier aux alentours. Avec une discrétion infinie, Callidora s'approcha du morceau de bois qui avait attiré son attention, prenant garde à éviter les effondrements hasardeux du sol. Lassée de fuir les créatures belliqueuses qui peuplaient les environs, elle préférait affronter directement le danger plutôt que se laisser prendre par surprise. Au moins cela lui donnait-il l'avantage d'observer son adversaire et de pouvoir distinguer ses points faibles. Il ne restait plus qu'à espérer que celui qui la guettait n'était pas au mieux de sa forme. Sinon, elle doutait sérieusement de ses chances de survie. Le sang qui perlait sur son ventre la transformait en cible vivante, mais elle refusait de le nettoyer avec de l'eau. S'il fallait en arriver là, un ennemi l'achèverait plus vite qu'une infection.

Cependant, à son grand étonnement, ce ne fut pas un véritable adversaire qu'elle rencontra en soulevant la branche morte. Tapi sous le morceau de bois, un crapaud aux couleurs criardes la fixait d'un air amical. Que faisait un animal aussi adorable dans un tel lieu ? Son instinct recommanda pourtant à la Rehla de se méfier, les apparences étant souvent trompeuses. La petite créature ne semblait pas effrayée le moins du monde par la présence d'une jeune femme trente fois plus grande qu'elle et coassa joyeusement comme pour lui souhaiter la bienvenue. « Fais attention, Callie. Elle est sûrement dangereuse. » La remarque de Syveth provoqua un effet inattendu sur le fameux danger. Celui-ci gonfla ses joues avec véhémence avant de bondir sur le tronc d'un arbre malade et de disparaître à l'intérieur. Contre toute attente, à l'emplacement exact où il avait sauté, le bois grisâtre retrouva un éclat de vitalité et une minuscule branche vit le jour. Les yeux écarquillés, la brune s'approcha davantage pour s'assurer qu'elle n'hallucinait pas. La guérison de l'arbre était bel et bien réelle. Quelle magie étrange possédait donc le crapaud ?

Un déclic se fit soudain dans l'esprit de Callidora. Comment avait-elle pu l'oublier ? Lorsqu'elle étudiait encore à Lua Eyael, dans la bibliothèque de Ménos, elle avait par curiosité feuilleter un livre sur les amphibiens, livre dans lequel se trouvait précisément l'animal qu'elle venait d'apercevoir. Le rouge vif de son crâne ne trompait pas : aucun autre crapaud ne possédait la même couleur caractéristique. « Surveille les environs, il faut que j'en attrape un. » Ces créatures étaient habituellement recherchées pour leur valeur marchande exorbitante. La Rehla se moquait considérablement de l'argent qu'elle pourrait tirer d'une telle trouvaille. Tout ce dont elle avait besoin, c'était d'un peu des sécrétions aux vertus incroyables de ladite bestiole. La quête du crapaud devenait son principal objectif. L'ouverture de l'arbre n'était pas suffisamment large pour qu'elle puisse y passer la tête, aussi se contenta-t-elle de regarder à travers. En vain. L'animal avait disparu. « Callie, je crois que nous avons un problème. » La brune se retourna d'un mouvement rapide et porta la main à son front, saisie d'un vertige. Lorsqu'elle releva la tête, elle retint un hoquet de stupeur.

Des dizaines de crapauds peuplaient désormais le marécage. Où que se pose son regard, elle parvenait à les distinguer, certains cachés dans l'eau, d'autres clairement assis sur le bois flottant, les derniers agrippés aux arbres gris. Sans céder à la panique, elle tendit la main vers l'un d'entre eux qui se trouvait à quelques centimètres d'elle. Celui-ci l'observa d'un air perplexe comme s'il se demandait quelle était la meilleure chose à faire. Elle ne tendit pas les doigts davantage, respectant le libre-arbitre de l'animal. S'il désirait lui venir en aide, il le ferait de son propre chef. « Pourquoi mes petits chéris vous font-ils un si bon accueil ? » La voix au timbre rocailleux s'éleva de nulle part. Instinctivement, Syveth se plaça aux côtés de Callidora qui perdit le contact qu'elle tentait d'établir. Avant qu'ils n'aient eu le temps de répondre, une sorte de monstre apparut au coeur des amphibiens. À dire vrai, il tenait plus du crapaud que de l'homme malgré son apparence humanoïde. Comment quelqu'un pouvait-il se transformer en une pareille créature ? Il possédait une chevelure d'un châtain terne, presque similaire à la couleur de la peau des crapauds normaux. Son regard, à demi dissimulé par des mèches crasseuses s'apparentait à celui d'un fou. De sa bouche délicate émergeait une immonde langue si rouge qu'elle paraissait teintée de sang. La Rehla sentit sa détermination faillir à cette vision. La force lui manquait.

Elle s'attendait à ce que Syveth se lance à l'assaut du nouveau venu. Il n'en fut rien. Pour une fois, il avait décidé d'opter pour une solution diplomate, sans doute parce que la vie de sa protégée était en jeu. « Nous sommes navrés si nous vous avons dérangé Monsieur. Mon amie a été grièvement blessée et elle risque de mourir si elle n'est pas soignée rapidement. » Il marqua une pause dans sa déclaration, comme s'il hésitait sur ce qu'il convenait de dire. Callidora n'était plus en mesure de suivre réellement le fil de ses mots et s'appuya sur un tronc pour ne pas s'évanouir. La vie était en train de la quitter. « Je sais que ce n'est pas votre problème, mais l'un de vos crapauds est apparu devant elle et lui a redonné des forces quelques instants. J'ignore quels pouvoirs ils possèdent, et j'ignore qui vous êtes sinon un gardien. Je veux simplement la sauver. Pardonnez-moi si je vous ai dérangé, ce n'était en aucun cas mon intention. » Qu'arrivait-il au Tiregan pour qu'il fasse preuve de tant de douceur ? La pensée amère qu'il cherchait seulement à se faire pardonner effleura l'esprit de la brune qui peinait à réfléchir. Ses pensées s'embrouillaient de plus en plus et elle sentait que la fin approchait. Elle pouvait presque distinguer les boucles noires de la mort.

D'une manière surprenante, l'homme-crapaud vint vers eux avec sérénité et s'accroupit devant le ventre de Callidora. Syveth n'esquissa pas le moindre geste, acceptant la proximité de l'inconnu. « Si mes crapauds vous font confiance, j'imagine que je le peux aussi. » Sans parler davantage, il tira de l'une de ses poches une fiole d'un rouge inquiétant dont il dévissa le bouchon. Il en versa le contenu dans sa main qu'il posa ensuite contre la blessure de la Rehla. Un éclair blanc brouilla le champ de vision de cette dernière. Avant qu'elle puisse réagir, elle sentit toute douleur la quitter. Le mal qui la rongeait s'en allait finalement, vaincu par les sécrétions d'un crapaud. Son regard doré plongea dans les prunelles injectées de sang de celui qui venait de la délivrer de la mort. « Merci. » Elle ferma les yeux, et lorsqu'elle les rouvrit, l'inconnu aux amphibiens avait disparu. Syveth se tenait à côté d'elle, visiblement inquiet. Elle se releva avec difficulté, épuisée. Ne lui manquait plus qu'à trouver un endroit où dormir et elle serait tirée d'affaire. Jetant un œil au morceau de carton qu'elle tenait toujours dans sa main, elle songea que le hasard réservait parfois d'étranges surprises. Peu importait au fond qui il était et qui elle aimait. La paix venait de trouver le chemin de son coeur.
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