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 Soirée de rêve... - Quête Callidora

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Dim 04 Oct 2015, 14:00


La rivière éternité, comme on aimait à la nommer. Tiens donc, il n’avait encore jamais entendu parler de cet endroit aux attributs qui lui semblaient bien singuliers de prime abord. Un jeune homme dans la fleur de l’âge se trouvait enclavé dans les griffes du démon tandis qu’il ne touchait même plus le sol de ses pieds, s’élevant à quelques centimètres au-dessus de lui. Son visage, estampillé d’une atroce douleur révélait une anxiété croissante. Il essayait tant bien que mal de se dégrafer de l’emprise diabolique en forçant sur les bras de son agresseur, mais sans succès. La sueur qui perlait de son front à son torse imberbe exposait toute l’énergie qu’il focalisait sur son échappatoire, bien que trop insuffisant vu l’impérieuse stature de son interrogateur. Heureusement pour ce dernier, Zane était arrivé au terme de ses requêtes, alors sans ménagement, il balança le virginal contre un mur se trouvant à une dizaine de mètres, fracassant une partie de l’édifice sous la pression de la secousse. « Merci, mon ami, tu es libre. » Une liberté qui lui avait valu certains sacrifices, à commencer par la perte irréversible de ses vertèbres, dont il aurait pu prémunir s’il ne s’était pas obstiné à jouer les héros.

De voyages en voyages, en passant par les tavernes et autres terres d’accueil, de fil en aiguille, la vicieuse créature avait obtenu certains échos à propos d’un endroit qu’on disait féérique pour tout romantique qui se respectait. Bien sûr, même si Zane pouvait être un sensible au grand cœur lors de ses cycles de séduction, il avait aussi appris qu’une vigoureuse Rehla avait le pouvoir de prédire l’avenir en échange d’une soirée inoubliable. Comme ce n’est pas tous les jours qu’on pouvait agréger le plaisir au travail, l’intérêt du démon avait été excessivement encouragé par cet apport. De la sorte, il avait tout fait pour soutirer davantage d’informations en massacrant quelques individus malgré leur flagrante ignorance. En définitive, il était tombé sur ce damoiseau qui avait eu l’aménité de lui divulguer tout ce qu’il devait savoir. À présent, il devait s’y rendre, et pour ça rien n’était plus opérant que la voie céleste puisqu’elle était en mesure de lui faire gagner beaucoup de temps. Il avait consciemment renoncé à toutes ses armes dans une habitation qui lui servait d’entrepôt puisqu’il supputait ne pas en avoir besoin lors de cette réjouissance qui s’annonçait plaisante d’entrée de jeu. Lorsqu’il parvint à destination après quelques heures de vol, le crépuscule avait déjà fait son débarquement depuis assez longtemps pour y déceler la naissance des étoiles qui commençaient graduellement à se dessiner dans le ciel sombre.

En contrepartie du fait qu’il n’y est jamais allé, il était persuadé d’être au bon endroit, et cela par de pertinents détails qui l’apostrophèrent. À l’identique de la description qu’on lui avait faite du territoire, la rivière resplendissait mystérieusement par une aura mystique. Elle semblait être imbibée de paillettes qui reflétaient ce que tout bon couple cherchait probablement ici ; l’émotion. En dehors de ça, le climat était contraire à ce qu’il avait l’habitude de respirer. Alors qu’il se douchait essentiellement dans le désordre, la belligérance et tout ce que cela impliquait : Cris hystériques, effusion de sang, averse de cadavres. L’endroit était aux antipodes de tout ça. Cela ne signifiait pas que Zane était insensible aux charmes que la nature lui livrait, loin de là. Il est et sera inlassablement un démon unique en son genre, c’est pourquoi il ferait un parfait souverain. Son ouverture d’esprit était assez large pour accepter ce que les siens maudissaient.

Pour en revenir à la description du lieu, il était couvert d’une pelouse rafraichie par la bruine du matin. Lorsqu’il posa ses pieds nus à terre, l’homme fleura toute la tendresse et la légèreté qui s’inculqua dans chacun de ses pas. Les végétaux, peu nombreux, étaient stratégiquement semés pour satisfaire ceux qui appréciaient guetter de beaux paysages, et ceux qui cherchaient un peu plus d’intimité avaient la possibilité d’être masqués aux regards des autres par la compacité de leurs touffes. Les fleurs odoriférantes aux attraits enchanteurs, fluorescents d’une radiation qui imitait le rayon de la lune délivraient des scintillements provisoires avant de s’estomper progressivement. Enfin, l’apaisement de l’eau qui coulait était en euphonie poétique avec le refrain des oiseaux qui se faisait discret. L’analyse étant parachevée, l’homme chemina calmement en direction du lac qu’il avait tantôt perçu dans les airs. Durant son trajet jusqu’à la source, il huma l’aromate délicat qui effleura ses narines tout en retirant majestueusement ses vêtements qu’il délaissa sur un récif qui gisait juste à côté de l’eau. Après quoi le démon prit une profonde inspiration avant de plonger directement dans l’eau, s’engloutissant de quelques mètres par en dessous avant de réintégrer la surface, expectorant un jet d’eau.

Le liquide était agréablement tiède, presque bouillant et non gelé comme il s’y attendait. Il est vrai que la nuit n’était pas particulièrement fraiche puisque le vent, à peine perceptible, adjoignait une touche agréable lorsqu’il venait subtilement bercer la peau. Introduisant quelques brasses dans l’eau pour se dégourdir un peu, il lui restait dorénavant à trouver cette Rehla en question. D’après ce qu’il avait compris, celle-ci viendrait d’elle-même, alors pour patienter, il se plut à troquer d’apparence via son pouvoir. Il améliorait celui-ci en essayant de transformer le plus de détails dans ses traits. De courts cheveux blonds plaqués en arrière, des yeux aux pupilles d’un rouge relativement clair et un faciès ressemblant à celui d’un ange. Il s’en sortait de mieux en mieux, et alors qu’il se préparait à remodeler son apparence en celle d’un animal, le bruit sec d’une branche brisé lui fit tourner la tête. Une présence féminine fit son apparition. Elle avait fait plus vite que prévu.


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Dim 04 Oct 2015, 17:43




Voilà des jours qu'elle s'égarait dans les méandres de l'oubli, refusant la réalité. Depuis sa dernière rencontre, la vie n'avait plus la moindre saveur. Des années qu'elle vivait encore, des années qu'elle l'observait en secret sans jamais lui adresser la parole. Tous ces jours d'espoir anéantis, la volonté brisée. Elle détestait la sensation de ne plus être qu'une créature sans désirs. Aussi avait-elle trouvé refuge une fois de plus dans son imagination. Elle s'adonnait à un jeu qui l'amusait à peine mais possédait au moins le pouvoir de la distraire de ses noires pensées. Nul besoin de changer d'apparence pour mener à bien son étrange divertissement. De toutes les possibilités qui auraient pu s'offrir à elle, elle avait préféré construire un conte enfantin dans lequel, à sa grande surprise, de nombreuses personnes croyaient avec ferveur. La rumeur se propageait lentement, et la véracité de certaines de ses prédictions suffisait à balayer la fausseté des autres. Difficile de croire qu'après toutes les horreurs perpétrées sur ces terres, les habitants puissent encore accorder une confiance aveugle en des phénomènes sans intérêt. Heureusement pour eux, elle ne portait pas le mal dans son coeur et se contentait de prendre ce qu'elle voulait avant de les laisser s'en aller.

L'histoire qui circulait à son égard la sortait de l'ennui qui lui comprimait l'esprit. En temps normal, elle aurait probablement été hilare en entendant de telles sottises. Echanger un service sexuel contre une prédiction… Les gens inventaient de drôles de choses lorsqu'ils n'avaient plus rien sur quoi fantasmer. Elle devait pourtant avouer que cela l'amusait follement. Depuis deux mois qu'elle s'oubliait aux abords de la Rivière Eternité, elle recevait quiconque désirait la voir pour savoir ce que l'avenir lui réservait, trouvait quelque chose à raconter et obtenait une récompense d'une manière ou d'une autre. C'est ainsi qu'elle apprenait presque au même moment que les autres ce qui se passait sur ces terres. Aucune trace de Syveth depuis leur dernière dispute, et à vrai dire, elle ne pouvait dire qu'il lui manquait. Dans l'état où elle se trouvait actuellement, elle ne se souciait plus de rien. Elle savait qu'un jour il lui faudrait retrouver la force d'affronter la réalité mais elle n'était pas encore prête. Ou refusait de l'être. En fin de compte, découvrir la vérité avait été une condamnation plus qu'un soulagement. Preuve s'il en fallait qu'une curiosité acharnée ne menait à rien de bon.

Allongée dans l'herbe, elle observait en silence les étoiles. Leur tendre murmure restait le seul symbole de ce qu'elle était, le seul élément qu'elle ne pouvait pas renier. Ses lèvres rosées remuaient doucement. Une mélodie à peine audible retenait toute son attention. Elle ne pensait à rien d'autre que ces quelques mots qui s'élevaient dans les airs pour rejoindre les astres de feu. Jamais elle ne pourrait cesser de chanter pour les cieux. Elle se disait même parfois que sa vie n'avait peut-être pas d'autre fin. Et le sourire de Téméris lui revenait en plein visage, détruisant la sérénité qu'elle atteignait à force de patience et d'imagination. Comment celle qu'elle aimait le plus au monde pouvait-elle être à fois celle qui l'avait détruite ? Elle ne parvenait toujours pas à croire à cette mystérieuse rencontre. Sa voix trembla alors qu'elle y repensait avant de retrouver un rythme normal. Des larmes montèrent instantanément à ses yeux. Elle les refoula en se mordant la lèvre inférieure. Hors de question de se laisser aller. Elle devait résister. Le hasard réservait un peu trop souvent de cruelles surprises pour qu'elle se laisse abattre aussi facilement. Mais ce soir, il en avait été décidé autrement.

Elle n'avait pas encore terminé sa mélodie lorsqu'elle sentit une présence non loin d'elle. Se redressant légèrement, elle aperçut à travers le feuillage quelqu'un qui plongeait dans l'eau. Elle n'eut pas le temps d'apercevoir de qui il s'agissait. Néanmoins, elle s'autorisa à esquisser un sourire. Les affaires reprenaient. Personne ne venait se baigner dans ce coin de la rivière sans avoir d'idée derrière la tête. Elle se rappelait du couple qui était venu la voir deux semaines auparavant et de ce qu'elle leur avait promis. Elle savait davantage que les autres à quel point l'espoir était une motivation suffisante pour affronter les souffrances du quotidien. Elle attendit quelques instants pour être sûre que l'inconnu venait pour elle avant de perdre patience. Après tout, que ce soit ou non le cas, elle saurait le convaincre d'avoir recours à ses services. Les gens avaient toujours une information ou une anecdote intéressante à raconter, et elle n'avait rien de mieux à faire. Aussi sortit-elle de sa cachette et se dirigeât-elle d'un pas aérien vers le bord de la rivière sans se douter une seule seconde de ce qui l'attendait.

En voyant l'inconnu de plus près, Callidora eut l'étrange impression de le connaître. Elle leva les yeux. Ce n'était pas le moment de se laisser emporter par ses élans imaginaires. Elle posa une main sur sa hanche et lança un regard méprisant au nouveau venu à moitié immergé dans l'eau en face d'elle. Puisqu'il se trouvait en quelque sorte sur son terrain de jeu et qu'il l'avait interrompue dans ses pensées, elle pouvait se permettre un minimum d'agressivité. « Alors, qu'est-ce que tu veux ? » Elle réalisa soudain qu'elle portait encore la tenue qu'elle mettait pour dormir et se maudit intérieurement. Quelle crédibilité pouvait-elle bien avoir en portant une robe blanche si légère qu'elle épousait la moindre de ses courbes ? Aucun doute que pour le côté menaçant, elle pouvait se rhabiller. Elle se planta les ongles dans la peau pour retrouver un semblant de calme. Sans qu'elle sache pourquoi, elle se sentait brusquement plus qu'énervée. Elle jeta à nouveau un regard vers l'inconnu. Plus elle le fixait, plus elle se disait que son visage ne lui était pas étranger. « Pardon pour l'accueil, je suis un peu tendue, surtout que je n'arrive pas à remettre un nom sur ton visage. Peut-être que tu es trop insipide pour que je me souvienne de toi. » Pourtant, elle n'avait jamais rencontré quelqu'un avec un regard aussi sanglant et savait pertinemment qu'elle s'en serait souvenue. Elle haussa les épaules et avança d'un pas. Elle appréciait la caresse de l'eau sur ses chevilles et orna ses lèvres d'un sourire amusé. « Pas la peine de jouer, je crains d'être meilleure que toi. Déguise-toi mieux la prochaine fois si tu ne veux pas que je te reconnaisse. » Elle croisa les bras sur sa poitrine sans se départir de son sourire teinté d'arrogance. Elle n'avait pas encore reconnu celui qui se trouvait devant elle, mais avec le temps, elle devenait une excellente comédienne.
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Mar 06 Oct 2015, 17:16


Le hasard, si facétieux, paraissait vouloir mettre en place des conjonctures que le démon lui-même n’aurait pu arranger avec tant de correspondance. S’il avait su un peu plus tôt que son déguisement précipité le tirerait d’affaire et lui permettrait d’accéder aux premières loges, il aurait sans doute redoublé d’efforts pour accentuer sur les détails. À son grand étonnement, la Rehla dont il était question dans les rumeurs n’était nulle autre qu’une fréquentation qu’il côtoyait très souvent ces derniers temps. Du moins, c’est certainement la personne qu’il voyait et avec qui il communiquait le plus, et tout ça sans filtre. À tous les égards, Zane était loin d’être déçu d’apprendre qu’il s’agissait de la plus corrompue des femmes, distinctement connu dans un des villages mitoyens comme étant la « lionne du plaisir infini. » Là encore, les on-dit et la réalité étaient parfois très éloignés, même si dans le fond, il n’était pas totalement en désaccord avec ça. Son esprit insalubre visualisait tout un tas de scénarios improbables, mais sa présence dans un lieu réputé pour ses interversions charnelles et non pas pour les spécialités culinaires le fit doucement sourire. Béni d’avoir permuté de physionomie au moment opportun, nul doute qu’il allait en tirer profit pour lui soutirer les vers du nez.

C’est d’une inflexion typiquement offensive qu’elle s’adressa à lui en s’exposant dans un accoutrement à même de faire rougir bon nombre d’hommes. C’est par ailleurs démuni de timidité qu’il l'étudia de la tête aux pieds, sans éprouver le moindre remords. Un comportement irrépressible capable de le trahir assez rapidement, et c’est pourquoi il se rattrapa en singeant d’être légèrement troublé. « Je veux… Je veux prendre un bain. J’étais pourtant sûr d’avoir vu un écriteau détaillant les heures d’ouverture. » Chassez le naturel et il revient au galop. Difficile de ne pas être un tantinet mesquin et moqueur alors qu’il en mourrait d’envie, d’autant plus envers celle qu’il adorait le plus taquiner. Si son physique divergeait entièrement de ses mœurs coutumières, ses gesticulations et sa contenance dénonçaient un tant soit peu sa véritable identité. La manière dont elle avait de le figer confirmait d’autant plus les suspicions qui la hantaient. Le comédien ferma ainsi les yeux en s’épongeant la nuque, les joues délicatement empourprées, sans oublier le rire idiot qui allait avec. Plus il devenait risible, plus il écartait les méfiances, du moins en théorie, car même si elle confia l’avoir reconnu, l’homme n’en crut pas un mot. « Vous devez me confondre avec un autre. Je ne suis qu’un piètre paysan qui vient ici pour se relâcher. » Et accessoirement, savoir en quoi elle pourrait lui servir. Maligne, certes elle l’était un tout petit peu, par contre il doutait franchement de ces dons de voyance.

Perpétuellement assorti dans un rôle qu’il devait suivre à la lettre, l’homme vagabonda furtivement vers la Rehla en s’engouffrant dans l’eau jusqu’au cou dans l'intérêt de se soustraire à sa vue. Toutefois, sans crier gare, le guerrier heurta un galet avec la pointe de son pied, ce qui conçut comme enchainement de le faire chavirer vers l’avant, tête la première dans le fluide qui le fit noyer durant quelques secondes. Son absence dura plus longtemps que prévu, et alors que des bulles d’air firent leur apparition derrière la jeune femme, celui-ci en jaillit subitement, propulsant le flot de ses poumons. « Raaah, saleté de pierre ! Je vais… » Outre son regard à l'allure plus ravageur que jamais, une fraction de sa transformation corporelle lui échappa lors de cette brève inadvertance, et pas des moindres : une longue mèche blonde venait de se dérouler sur le devant de son visage. Ne dérobant pas sa surprise, à cet instant, il savait qu’aucune explication ne suffirait à le crédibiliser. Soupirant entre autres à cause de l’humiliation subie et du fiasco retentissant, aucun doute qu’elle allait profiter de ce rare incident pour le railler.

Perdu pour perdu, le démon recouvra peu à peu sa forme d'origine. Le blond vénitien laissa lieu à sa crinière brune qui reconquit progressivement sa longueur pour s’étaler souplement dans la masse aqueuse. À son tour, ses yeux réintégrèrent la précieuse teinte qui les caractérisait à la minute où son visage épousa de nouveau la forme qu’on lui connaissait. Le retour de Zane se soutint par la prise d’une pose égale à lui-même ; il déplia les mains sur le côté et secoua la tête de droite à gauche, gonflant triomphalement le torse alors qu’il rejeta sa nuque an arrière. « On dirait que j’ai vendu la mèche sans le faire exprès. Ça m’arrange, je préfère de loin ce beau portrait, pas toi ? » Demanda-t-il en ovationnant la brune, félicitant au passage sa vigoureuse interprétation qu’il qualifia de prodigieuse. Sitôt déchargé de cette tromperie qu’il aurait péniblement pu conserver plus longtemps, le démon fit signe à sa partenaire de le rejoindre. « J’ai vu une autre mention comme quoi les vêtements sont proscrits, tu sais. Enfin je dis ça, c’est à tes risques et périls. » De nouveau dans sa peau, il ne perdit pas de temps pour allier humour et ludisme, alléguant une logique qu’il savait excessivement invraisemblable pour faire part de ses propres convoitises. Après tout, les derniers discours à son sujet la conceptualisaient à l’opposé de ce qu’il savait d’elle, restait à savoir s’il avait encore d’autres choses à découvrir ou non.

Submergé d’une soudaine envie, il insinua de nouveau la tête sous l’eau puis en ressortit tout de suite afin de sentir la fraicheur suinter sur sa peau. La température était incroyablement dosée pour faire croitre des idées fantasques chez lui. Cependant, ce plaisir devait idéalement se partager à deux, et pour rien au monde il n’aurait isolé la convenance de se distraire en la présence d’une charmante compagnie. S’éparpillant par magie aux yeux platinés de la jeune femme, ce dernier l'agrippa par la taille dans le but de la faire culbuter en arrière. Première victoire, puisque incapable de s'opposer à la prise musclée, son corps tout entier fut brusquement englouti par le liquide après avoir engendré un éclaboussement. Zane redevint visible. Il se tenait debout à observer la Relha en train de se débattre. « Une tenue légère associée à de l’eau, voyons voir si je peux officiellement t’agréger à l’érotisme. » C’était un mystère comme un autre, quoique non. Celui-ci était bien plus important à résoudre, du moins aux yeux du diable, qui sans aucune hésitation, se servit des ombres pour la ramener à la surface. Seulement voilà, par l’étourderie d’un contrôle inapproprié, celles-ci arrachèrent une partie de la robe. « Oups » Souffla le farceur.  



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Dim 11 Oct 2015, 10:01




Le moment où l'inconnu trébucha contre la pierre fit exploser de rire Callidora. Encore un imbécile des villages voisins qui venait la voir dans l'espoir de découvrir des plaisirs dont il ne savait pas grand-chose, théorie qui se confirmait par sa déclaration précédente. Agacée à l'idée de devoir s'occuper de l'un de ces individus ennuyeux à mourir qui se donnaient la plupart du temps des airs de sage inaccessible, elle s'apprêtait à tourner les talons et le laisser faire trempette tout seul. Elle leva les yeux vers lui lorsqu'elle l'entendit jurer et constata avec surprise qu'une longue mèche blonde venait d'apparaître mystérieusement. Haussant un sourcil, elle chercha une explication avant qu'un sourire amusé ne fleurisse sur ses lèvres. « Quand on ne maîtrise pas ses pouvoirs, mieux vaut rester tranquille à la maison et éviter les mauvaises rencontres. » Sa voix se teintait d'ironie. Décidément, il ne semblait pas plus doué que les autres, et s'il laissait sa magie lui échapper d'une manière aussi stupide, elle doutait qu'il ait le moindre talent qui puisse l'intéresser. Elle s'attendait presque à retrouver un paysan au regard pervers et au ventre proéminent lorsque la transformation eut lieu.

Il ne fallut pas plus d'une seconde à la Rehla pour comprendre de qui il s'agissait. Le changement d'apparence ne dura que quelques instants. Elle ravala sa future réplique alors qu'il revenait à un physique convenable, ne parvenant pas à détacher ses yeux de la transformation qui s'opérait. La chair paraissait se mouvoir d'elle-même pour redessiner un visage qu'elle connaissait par coeur. La pose qu'il adopta cependant pour retrouver un semblant de crédibilité n'était pas plus adaptée à la situation et elle s'avança dans l'eau. « Navrée de te l'apprendre, mais ce n'est pas en te montrant en grande pompe que tu auras l'air moins ridicule. » Elle accompagna sa remarque d'un rire moqueur qui se prolongea lorsqu'il mentionna son beau portrait. Loin d'être d'un avis différent du sien, elle adorait pourtant son petit numéro. Il ne cessait donc jamais de s'amuser, et les moqueries qui suivirent le lui confirmaient encore. Lorsqu'il lui fit signe de le rejoindre, elle ne bougea pas d'un centimètre. Elle ouvrait la bouche pour une nouvelle déclaration lorsqu'elle le vit disparaître brusquement. Que trafiquait-il ?

Son manque de réactivité lui joua un tour. Alors que deux mains venaient enserrer sa taille, elle se sentit basculer en arrière. L'eau tiède s'engouffra entre ses lèvres. Quelques secondes plus tard, elle réapparaissait aux yeux du démon. Celui-ci la regardait avec un sourire toujours aussi moqueur, et le dernier mot qu'il prononça réveilla les instincts de Callidora. S'il voulait s'amuser, il n'allait pas être déçu. Elle jeta à peine un œil à sa tenue déchirée, se disant qu'en présence du démon, ses vêtements se retrouvaient souvent dans un état désastreux. « Contrairement à toi, je n'ai pas de problème avec mon corps, chéri. Je n'ai pas besoin de me transformer pour être nue. » Sa réplique se solda par un haussement d'épaules indifférent sans qu'elle ne touche pour autant à sa robe. Hors de question de donner satisfaction à Monsieur avant qu'elle l'ait décidé. Les rayons de la lune se reflétaient sur sa peau dénudée, accentuant sa pâleur lumineuse. Plantée devant le démon, elle l'observait d'un air moqueur. « Je ne pensais pas que tu étais aussi naïf que les idiots des environs pour croire aux rumeurs rapportées au coin du feu. » Tout  en parlant, elle faisait de petits cercles dans l'eau avec ses doigts, son esprit imaginant une myriade d'idées pour justifier sa présence en ces lieux. Peut-être n'en avait-elle pas besoin. Quoi qu'il en soit, il la perturbait, non seulement parce qu'il éveillait en elle un désir foudroyant mais aussi parce qu'il lui rappelait sans le vouloir qui elle était. Il suffisait qu'elle oublie ce dernier détail et tout se passerait bien.

En apparence, elle semblait immobile et se tenait en face du démon, ses lèvres ornées d'un sourire. Puisqu'il était là, autant qu'elle s'amuse un peu, pour une fois que la soirée promettait autre chose qu'un ennui mortel. Maîtrisant de mieux en mieux l'art de l'invisibilité, elle s'empara de son fouet sans que Zane ne puisse rien remarquer. Après toutes les moqueries qu'il proférait à son égard, elle pouvait se permettre une petite vengeance. Les lanières de cuir s'élevèrent jusqu'à la joue du démon et glissèrent délicatement dans son cou. Elle n'avait pas souvent l'occasion de jouer avec son arme, mais elle appréciait de voir l'effet curieux qu'il pouvait produire sur les gens. De la peur à l'éveil du désir, en passant par la souffrance. Rien ne l'amusait davantage. Elle caressait la peau du démon sans même la toucher, dessinant les contours de ses pectoraux avant de descendre un peu plus, et finit par atteindre sa cible. À mesure que les bandelettes continuaient leur chemin, Callidora disparaissait. Lorsqu'elle fut totalement indétectable aux yeux de n'importe qui, elle marqua une légère pause, le fouet reposant contre le bas ventre du démon. Alors, sans crier gare, elle l'abattit brutalement sur ce même endroit. Il s'effaça instantanément. Elle ne prit pas le temps d'observer la réaction du démon. Peut-être était-ce terriblement imprudent de sa part, mais elle s'approcha de lui, toujours invisible, et effleura ses lèvres avec délicatesse avant d'élever sa bouche jusqu'à l'oreille de Zane, presque collée contre lui. Leurs corps n'étaient séparés que par ce qui restait de la robe. Sa voix n'était plus qu'un murmure. « On ne joue pas avec moi. » La soirée s'annonçait diablement amusante.

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Mar 13 Oct 2015, 15:56


Noyant le ridicule dans ses pitreries habituelles, Zane était certain de faire mouche dès l’instant où il passait outre mesure son amer déboire. Véritable spécialiste réputé dans le domaine des blagues aussi salaces que recherchées, il fit mine de porter toute l’attention sur son changement d’apparence, qui au demeurant, avait été un franc succès. Il savait, désormais par expérience, qu’elle n’oublierait pas de lui rendre la pareille à l’avenir. Non désolant de se dire qu’il allait une fois de plus pouvoir s’amuser d’elle dans une contrée inédite, l’homme restait toutefois sur ses gardes. La coutume voulait les voir constamment en compagnie de féroces bêtes aux corps disgracieux, armes à la main dans des batailles qui se terminaient toujours bien malgré les faux départs. En revanche, c’était bien la première fois qu’ils se retrouvaient dans une situation semblable. Si la belle brune avait effectivement déjà eu la chance inestimable de le voir dans une tenue un peu moins incommodante, pour lui c’était une première. Oh bien sûr ! Son imagination sordide avait conçu d'improbables scénarios avec son corps dévêtu, mais la réalité était amplement plus captivante, et ce malgré une tenue flottante qui refusa de se desserrer à elle. Qu’importe, ce n’était que les prémices d’une inoubliable et facétieuse soirée. « Les rumeurs ont toujours un fond de vérité, Callisucrerie. Par exemple, on dit de moi que je suis un dieu au lit. À cela près que c’est dévalué, c’est authentique. » Autant se lancer des fleurs dès qu’il le pouvait, car ce n’est certainement pas une avare en compliments qui allait le faire à sa place.

En tout état de cause, Zane sous-estimait probablement les capacités de son amie, ce que le futur lui confirma. Était-ce le fait de fréquenter régulièrement un démon qui brunissait l’âme de la Rehla au point de la rallier en une dominatrice terriblement confiante, ou bien sa présence avait seulement le don de l’influencer pour des faits qu’il n’aurait jamais suggérés venant de sa part ? Quelle que soit la réponse à cette délicieuse énigme, le démon fut pour le moins médusé lorsqu’il sentit une matière qu’il devinait être le fouet de cette dernière lui chatouiller le torse. Perplexe quant à l’idée qu’elle avait en tête, l’homme ne daignait bouger d’un poil, à la fois curieux de connaitre le fond de sa pensée, et anxieux par ce qu’il déterminait comme étant de l’insouciance. S’il y a de ça quelques mois il aurait mis sa main à couper sur son éventuelle démarche, dans le cas présent elle était, tout comme lui, capable de perpétrer le meilleur comme le pire. Elle était pratiquement aussi imprévisible que lui malgré sa nette avance. Au fil de l’évolution de la bandelette sur sa chair, il perdit en même temps l’unique contact visuel qu’il détenait sur elle. Dorénavant incapable de lâcher un regard sur ses manigances imprudentes, cela conçut de l’en inquiéter davantage. L’instinct de survie ou peut-être le sentiment d’être en insécurité, le séducteur régressa d’un pas en arrière. Quelques secondes à peine plus tard, sans qu’il soit capable de facturer ce qui venait de se produire, Zane se rendit compte du tour vicieux dont il avait été la victime. « Oser me faire ça, quelle bravoure. » La note employée n’était ni austère ni courroucée, elle était persuasive, à la frontière de l’autoritarisme.

Sommairement rassuré par la conclusion, le démon de nature inflexible n’en avait pourtant pas mené large durant cette virtuelle tragédie. Son cœur s’était emballé, et pour cause, elle plaisantait avec un dispositif précieux qu’il utilisait journellement comme une arme. L’audace de Callidora allait se faire doublement payer, et sûrement s’attendait-elle déjà à une compensation à la hauteur de son orchestrateur. Le sourire fourvoyé reprit place sur ses lèvres, tout d’abord car il ne restait jamais contrarié bien longtemps, et aussi, car une affluence de représailles avait déjà fécondé sa scrupuleuse conscience. La confidente des étoiles avait omis un détail qui avait toute son importance : il était plus fort qu’elle. Par conséquent, il pouvait aisément la soumettre, pas seulement par la fermeté, car indigne de sa personnalité, mais aussi par son charme. « Je t’accorde la victoire du premier round, attaquons la seconde. »  Se réformant en marionnettiste, il secoua ses doigts avant d’exposer la paume vers le ciel. Peu de chances qu’elle ne le remarque immédiatement, malgré cela, deux sombres rubans avaient ondoyé sur ses chevilles. L’ascension se perpétua sur les mollets, sur les cuisses puis se figèrent pile avant d’aboutir à l’entrejambe. La contrainte qu’il exerçait grâce à sa vigueur innée l’ancrait de telle sorte dans la terre marécageuse qu’il lui excluait l’usage de ses jambes. Seule sa partie supérieure était apte à se mouvoir.

En sempiternel cynique insatiable, il remua l’index de droite à gauche au même degré qu’un professeur insatisfait. « Pour jouer, il faut une certaine équivalence. Ne penses-tu pas que… » Il s’interrompit lorsque deux reproductions de lui-même émergèrent de son organisme, se rassemblant à ses côtés avec une contenance comparable. L’un d’entre eux marcha et contourna Callidora afin de se frayer un chemin dans son dos, moulant de ses deux mains les omoplates de la compétitrice, inaugurant un massage relaxant. L’autre se développa quelques instants autour d’elle d’un air malicieux, le regard éclairé sur chacune de ses formes. Enfin, l’original lui fit face, ses prunelles ensemencé dans les siennes sans les dévier ne serait-ce qu’une seule seconde. Il humecta sensuellement ses lèvres avec sa langue et s’engagea à son tour au niveau de son conduit auditif. « … j’ai profusément l’avantage ? » La copie conforme se trouvant derrière elle ratura le maigre intervalle qui les divisait en collant son torse dénudé contre elle. Le second berça la joue de la belle d’un revers de main. Pour terminer, une griffe naquit sur l’extrémité de l'index de l'officiel, duquel il appuya la pointe sur le pharynx de sa victime. Graduellement, il descendit peu à peu sans exercer de fortes pressions. Il s’endigua au niveau de l’étoffe restante. Pendant ce temps, les bannières d’ombres jusque-là statiques rentamèrent leurs chemins. « Si tu renonces à la victoire et que tu me désignes comme étant "Maitre Z" le restant de la soirée, je mettrais fin à ton calvaire. Sinon… » La griffe raidit le tissu dans le but d’épurer ses propos par une intervention. A ses risques et périls, elle apprenait combien tourner un démon en dérision pouvait se montrer très laborieux.



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Mar 20 Oct 2015, 11:38




Lorsqu'il mentionna un second round, le coeur de la brune s'emballa. De quelle naïveté avait-elle fait preuve en pensant qu'elle s'en tirerait avec un stratégème aussi simple ! Le démon n'était pas un partenaire comme les autres. Aucun ne lui arrivait à la cheville, et ce, dans n'importe quel domaine. C'était du moins ce qu'elle s'apprêtait à vérifier non sans ressentir la flamme du désir dès qu'elle posait les yeux sur lui. Quel sort lui avait-il jeté pour produire sur elle un pareil effet ? Jamais un homme n'avait éveillé en elle de telles sentiments. Malgré ce qu'elle refusait d'admettre, elle savait que Zane représentait plus qu'un camarade de jeu à ses yeux. Restait encore à comprendre pourquoi. La question disparut de son esprit sitôt qu'elle sentit de doux rubans progresser sur sa peau. Ne pouvant retenir un frisson de plaisir, elle le laissa parcourir son corps entier avec allégresse. Quoi qu'il soit en train de préparer, elle s'y abandonnait volontiers. Une légère angoisse la saisit quand l'agréable supplice prit fin une seconde avant d'atteindre un endroit plus intéressant. Décidément, il ne laissait rien au hasard.

Incapable de mouvoir la partie inférieure de son anatomie, elle ne put s'empêcher de remarquer que la puissance du démon avait à nouveau considérablement augmenté. Quand s'arrêterait-il ? Peut-être que les étoiles répondraient à sa question ce soir. Après tout, même si elle n'était pas une véritable médium, il lui arrivait d'avoir quelques visions sur le futur des individus qui venaient la voir, principalement lorsqu'ils allaient jouer un rôle important. Quoi qu'il en soit, mieux valait garder un œil sur Zane. Préoccupée par cette idée, elle ne lâchait cependant pas son interlocuteur du regard. Que trafiquait-il encore ? À peine l'interrogation se formula dans son esprit qu'elle vit deux reproductions très réussies apparaître. Elle avait oublié une fois de plus l'amour des démons pour la fourberie. Qu'importe en fin de compte, s'il voulait s'amuser, elle lui montrerait qu'elle possédait quelques tours dans son sac auxquels il ne s'attendait certainement pas. Les mains qui se posèrent sur ses épaules la relaxèrent instantanément tandis que l'autre acolyte demeurait devant elle à l'observer d'un air malicieux. « Tu aurais quand même pu trouver quelque chose de mieux qu'un voyeur, Zanou. À moins que ce ne soit ta véritable nature qui ressorte. » Elle accompagna sa remarque d'un éclat de rire amusé, éclat de rire qui s'interrompit dès que le regard du démon s'ancra dans le sien.

Malgré le côté moqueur qu'elle mettait toujours en scène, elle devait reconnaître qu'il était terriblement doué. Son petit numéro fonctionnait à merveille et elle s'enfonça les ongles dans la peau pour ne pas céder à la tentation de lui sauter dessus. Il fallait qu'elle résiste, sinon le jeu devenait moins intéressant. La copie collée contre elle l'amusa plus qu'autre chose. Reconnaître le véritable Zane au milieu des trois, celui qui griffait sa peau avec délicatesse pour la débarrasser d'une tenue qui le dérangeait plus qu'autre chose, ne lui posait pas la moindre difficulté. Elle tressaillit lorsque les rubans reprirent leur chemin. Ils remontaient avec une lenteur exaspérante, comme si eux-mêmes savouraient le supplice qu'ils infligeaient à leur victime. Callidora se serait laissée faire sans broncher si le démon n'avait pas prononcé une dernière phrase, éveillant en elle des instincts de rébellion. Sans attendre davantage, elle prit la main de la seconde copie qui se trouvait toujours sur sa joue et la dégagea sans ménagement, verrouillant son regard doré où brillait une lueur moqueuse sur celui du démon original. « Que de belles paroles... Si tu as besoin de copies pour être efficace, je vais avoir du mal à croire que tu es un dieu au lit. » Nul doute qu'il prendrait cette remarque comme un défi. Avec tout le temps qu'ils avaient passé ensemble, elle commençait à le connaître un minimum.

Se tenir en face d'elle, voilà quelle était l'erreur du démon. La Rehla esquissa un sourire satisfait et il ne fallut qu'une seconde à sa main pour glisser jusqu'au bas-ventre de Zane. Elle se mordit la lèvre inférieure avec douceur, l'air préoccupé. « Peut-être que tu sous-estimes ce que je suis capable de faire. » Sa remarque ne fut qu'un murmure alors que ses doigts glacés se frayaient un chemin sur la peau nue du démon, remontant explorer son torse avec gaieté et descendant par de légers mouvements rapides. Son petit jeu ne dura que quelques secondes avant qu'elle n'atteigne définitivement sa cible. Elle concentra un peu de son pouvoir pour réchauffer son index désormais gorgé de feu. L'idée qu'il brûle de l'intérieur l'amusait follement. « La soumission se gagne chéri, et la bataille vient à peine de commencer. » Peu lui importait au fond d'être celle qui remporte la victoire tant qu'elle trouvait son plaisir dans l'affaire. Sans perdre de temps, elle se mit à dessiner les contours du sexe du démon, prenant garde à ne jamais l'effleurer. Une agréable chaleur se répandait sur la peau de Zane à mesure qu'elle continuait son œuvre. Les rubans qui se mouvaient encore la perturbaient dans son travail et son index glissa innocemment le long du membre en question. Sa main s'éloigna finalement et elle profita de ce court répit pour s'étirer avec dynamisme, renversant la tête en arrière pour observer l'une des reproductions et offrant la vision de son corps cambré au principal intéressé. Elle laissa retomber cette même main dans les cheveux de la copie, un sourire amusé sur les lèvres. « Je suis sûre que les vrais sont plus doux. »

Alors qu'elle sentait les rayons de la Lune danser sur sa chair, elle se redressa sans hésiter et lança un clin d'oeil au démon. Tout en elle n'était que provocation quand elle se trouvait avec lui, et elle devait bien avouer qu'elle adorait cette sensation. Il fallait maintenant qu'elle reprenne le jeu en main. Fermer les yeux une demi seconde lui permit de retrouver la concentration dont elle avait besoin. « On commence à s'ennuyer par ici. Si tu veux mon avis, il faut quelque chose de plus aérien. » Un craquement sinistre fit écho à ses paroles tandis que deux ailes d'une noirceur inquiétante lui déchiraient le dos, projetant la copie qui ne s'y attendait pas en arrière. Callidora, qui s'extasiait habituellement sur la beauté de son nouvel atout ne s'attarda pas sur la membrane d'une finesse exquise qui dessinait d'étranges symboles entre les os. Sans laisser au démon l'opportunité de réagir ni guetter sa réaction, elle s'envola dans les airs, son corps dénudé s'élevant sous le ciel étoilé.
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Jeu 22 Oct 2015, 16:02


Oh, ainsi donc madame ne succomberait pas si facilement à ses avances envahies de volupté ? Il se battait sur son propre camp, ne cessant d’être on ne peut plus équivoque quant au jeu érotique qu’il menait d’une main de maitre. Assuré d’être le seul à détenir des prérogatives dans cette catégorie, il en avait oublié avec quel genre de fantasmatique il se distrayait. Ce n’est pas pour rien que Callidora avait ce petit plus qu’il n’avait vu chez aucune autre avant ça. Loin d’être aussi innocente qu’elle semblait l’être au premier abord, son attitude se rangeait pile-poil entre la femme fatale et la chaste petite fille inculte des plaisirs libertins. Si côtoyer la luxure n’était qu’une banale promenade de santé à proportion de son âge, il devait admettre qu’elle ne cessait de le stupéfier par ses réactions se profilant au-delà de ses attentes. Si la plupart des cavalières auraient déjà volontiers fléchi à son petit numéro de charmes, le faible pourcentage qui subsistait aurait détalé, au pire se serait immergé dans la défaillance. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, elle se contentait de le suivre, encore et toujours, qu’importe si elle se mettait en péril. Elle en venait même parfois à le distancer, de brefs instants certes, mais suffisante pour le pousser à progresser assidûment dans ce sens-là. De toute évidence, la gardienne stellaire était confiante en son élégance raffinée. Il découvrit actuellement une autre facette de la jeune femme ; celle d’une enjôleuse hors pair capable de faire tourner la tête à bien des hommes, y compris les plus austères d’entre eux. « Je vais finir par prendre ça pour une convocation dans ta chambre. » Plus le temps passait, plus son aplomb se révéla digne de sa personne, si bien qu’elle survint à retourner complètement la situation, pourtant à son grand désavantage. Avec une dextérité inouïe, elle mit en œuvre son infinie souplesse pour s’occuper d’une des copies, affectionnant sa coiffure, tout ça avec une expression qui collait à merveille.

Là où la partie commença à s’obscurcir pour le démon, c’est lorsqu’elle dorlota son vrai corps d’une dextre féline. Elle perpétua son trajet en errant ses doigts sur les courbes de sa musculature, déclinant son index toujours plus bas avant de rejoindre l’élément essentiel de son anatomie. S’évertuant de ne pas entrer en contact direct avec le membre en question, une douce chaleur enclava ce dernier. Un semblant de réaction qu’il ne put châtier consentit à dire qu’il récoltait un certain plaisir à ressentir cette vague temporaire. Engendrer une réaction pareille sans même venir tâter quoique ce soit, elle pouvait être fière de son emprise, et surtout de sa créativité qui semblait tout aussi raffiné que la sienne une fois poussé dans ses retranchements. « Tu es plus habile que je ne l’aurais rêvé. Je me demande qui a été le plus manipulateur de nous deux durant tout ce temps. » Il s’exprimait avec un peu plus de jubilation dans la voix, et un peu moins d’ironie. La raillerie était une arme qu’il pouvait surgir à n’importe quel moment, mais pour une raison qui lui était étrangère, il préférait la laisser faire son interprétation, persuadé qu’elle finirait par céder avant lui. Au-delà du passe-temps, nul doute qu’il prenait plaisir à élever la barre constamment un peu plus haut, temporisant qu’elle lui exhausserait un récital à son niveau. Curieux de connaitre la grandeur de ses ressorts d’aguicheuses, l’homme fut comme électrocuté lorsqu’il entendit la dernière phrase qu’elle prononça. Le doute lui était toléré, croyant qu’il avait mal entendu, il resta ébahi quelques instants lorsqu’il découvrit la survenue précipitée d’une paire d’ailes. La croissance de celles-ci fut si rude qu’elle bombarda une des copies en arrière, engendrant d’emblée sa disparition. Depuis quand avait-elle obtenu un pouvoir analogue aux démons ? Ou bien celle d’un ange ? Levant le visage vers les cieux, il ne survenait plus décemment à spécifier la nature de la prodigieuse Callidora. L’éclat de la lune admissible dans son champ de vision tandis qu’il percevait à peine le corps dénudé s’éparpiller dans les airs fit naitre deux visions bien distinctes ; simple illusion ou réalité, il scrutait l’étonnant mélange entre l’ange et le démon.

Éradiquant cette surprise inappropriée qui eut comme effet négatif de le clouer au sol, le démon abattit à son tour ses ailes de chauve-souris dans un bourdonnement comparable. Une pulsation plus tard, il s’évapora à vitesse grand V. Si elle espérait le vaincre dans la voie aérienne par la simple présence de ce seul privilège, elle avait tort. Appareillé de ce trésor depuis bien plus longtemps qu’elle, l’agilité avec laquelle il s’employa à valser en altitude était toute aussi ample que la marche au sol, si bien qu’il rattrapa la fuyarde en seulement quelques secondes. S’engageant derrière elle avec une expertise pointue, il parvint à l’enlacer de ses bras athlétiques, couronnant de les refermer juste en dessous de la poitrine. Alors qu’ils se haussaient toujours dans la brume primitive, il titilla son oreille de sa langue saillante, tel un reptile inassouvi. « Tu es plus en danger que jamais maintenant. De plus, je dois te rendre la pareille. » Les ombres ne quittaient jamais leurs propriétaires, y compris en plein vol. Assemblant les mains en remontant juste un peu ces dernières, les ombres furent de retour, fécondantes à partir du buste de la brune avant de compresser légèrement celle-ci en prenant la forme de mains, suite de quoi il lâcha prise sur sa proie avant de régresser en arrière, s’immobilisant à mi-hauteur. D’un ordre gestuel, il étendit le serpent qui longea le corps de la Rehla jusqu’à venir se choir sur ses fesses. Mais alors qu’il s’apprêtait à ordonnancer l’ultime semonce à ses ombres, un rire cristallin le dérangea de son supplice. En cherchant la provenance de la source, il jeta son dévolu sur un garnement, tout en bas près de la rivière. Ce garçon, tout juste identifiable à cause du brouillard, se réjouissait visiblement à emporter les vêtements avec lui.

Lâchant un blasphème, l’homme annula malgré lui la progression des ombres, qui se disséminèrent en un instant après les avoir expulsés d’un revers de main. Dépité que le jeu se soit brisé à cause d’un espiègle, il valait mieux que le démon ne lui mette pas la main dessus, sans quoi il passerait certainement un très mauvais moment. Quoique… une autre idée aberrante se proclama à lui. « La partie est momentanément repoussée. Ne t’inquiète pas, je te réserve un châtiment égal à ta beauté. » N’ayant plus d’autre alternative, le guerrier se laissa affaler comme un vulgaire poids, retardant sa chute au tout dernier moment, avant d’atteindre la fraicheur de l’herbe sous ses pieds nus. L’enfant qui n’avait pas perdu une seule seconde filait déjà à toute allure en s’égosillant de sa petite malice. S’adressant à la seule fautive de ce vol, il se préparait à prendre le départ. « Tu veux bien m’aider chérie ? Tu sais à quel point je suis pudique. Ça me désolerait de rester comme ça. » Et il partit, mais… très doucement, préférant la marche à la course.


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Dim 25 Oct 2015, 05:29




Le vent nocturne caressait sa peau dénudée avec une douceur exquise. Callidora profitait des quelques secondes de répit dont elle bénéficiait pour fermer les yeux, s'abandonnant totalement à ce qu'elle ressentait. Seule son intuition la guidait, et quel meilleur guide aurait-elle pu avoir ? En compagnie du démon, elle perdait le contrôle d'elle-même, et rien n'était plus délicieux que cette étrange sensation. Rien ne la dérangeait plus, du moment qu'elle se laissait aller à ses désirs. Peut-être était-ce là ce qu'elle appréciait le plus chez Zane. S'il la faisait douter de qui elle était réellement dès qu'il s'en allait, lorsqu'elle se retrouverait avec lui, elle avait l'impression de toucher le ciel. Et ce soir, la belle brune touchait le bonheur du bout des doigts. Les rayons de la Lune dansaient sur son corps nu et elle sentait que ce tendre contact la revigorait. Son regard s'éleva jusqu'à l'immense astre qui lui permettait de vivre. Une bouffée de reconnaissance l'envahit alors qu'elle réalisait ce que signifiait pour elle cette soirée. Elle virevoltait dans les airs avec la grâce d'un oiseau. La liberté lui tendait les bras.

Lorsqu'elle sentit le torse du démon s'écraser contre son dos, elle rouvrit les yeux. Les mains qu'il glissa juste en dessous de sa poitrine eurent comme effet de rosir délicatement ses joues. Après tout, elle n'attendait que lui pour que le plaisir devienne leur maître à tous les deux. S'apprêtant à réagir, elle arrêta son mouvement sitôt que la langue se lova contre son oreille. Le murmure de Zane éveilla un désir plus ardent encore que tout ce qu'il avait pu faire jusque-là. Voilà ce qui la faisait frissonner davantage que n'importe quelle autre sensation. Cette part de risque et d'imprévisibilité qui caractérisait chacune de leurs rencontres. Un sourire amusé étira ses lèvres lorsque la pensée lui vint que, pour la première fois, aucune créature monstrueuse ne les avait distrait. « Tu sais que j'aime le danger. » À peine sa déclaration prononcée, les ombres furent de retour. Le démon s'écarta d'elle. Quelque chose glissait sur sa peau. Elle baissa la tête et constata avec étonnement qu'il s'agissait d'un serpent. N'importe qui se serait inquiété en voyant une telle créature se promener tranquillement sur son propre corps. Pourtant, tout ce à quoi elle pensait était que ce frisson qu'il suscitait avait une allure de curiosité malsaine. L'animal finit par s'installer sur ses fesses. Contrairement à ce qui avait été depuis leurs retrouvailles, elle n'avait pas la moindre idée de ce qui se tramait en cet instant dans la tête de son infatigable partenaire.

Le rire qui interrompit leur petit jeu lui donna la subite envie d'étrangler son propriétaire. Le reptile disparut et après une nouvelle remarque prometteuse, le démon se laissa tomber au sol, évitant la chute avec adresse. Décidément, il maîtrisait beaucoup mieux ses ailes qu'elle. Callidora eut seulement le temps de remarquer un bambin qui s'éloignait en courant, visiblement ravie de sa farce. La colère ne l'atteignait jamais, aussi seule la déception déchira le rêve qu'elle vivait jusqu'à présent. Nul doute que Zane allait faire passer un sale quart d'heure au gosse qui avait ainsi troublé la fête. Sa dernière déclaration pleine d'ironie augurait qu'il avait encore une nouvelle idée. Docile pour un instant, la Rehla le rejoignit quelques secondes plus tard, oubliant totalement de faire disparaître ses ailes qui avaient fini par devenir partie intégrante de son anatomie. Elle adorait sentir le vent s'engouffrer entre elles, et plus que tout, les laisser prendre l'air. Lorsqu'elle arriva à hauteur du démon, ses pieds se posèrent délicatement sur l'herbe fraîche. « Si je t'aide, j'espère bien avoir quelque chose en retour. Après tout, tu as réduit ma robe en lambeaux. » Malgré le vol dont il était victime, elle n'oubliait pas le sort qu'il avait réservé à sa tenue, d'autant qu'elle savait qu'il n'avait nullement besoin de son aide pour récupérer son bien. Quant à la pudeur… Il devait n'avoir jamais connu la notion, que ce soit de près ou de loin.

Conciliante, elle marchait à ses côtés, se demandant pourquoi il n'allait pas plus vite. Peut-être tenait-il à faire durer l'attente pour que le moment où ils se retrouveraient à nouveau seuls soit plus agréable encore. À dire vrai, elle n'en était absolument pas certaine. Cela faisait longtemps qu'elle avait arrêté les suppositions à son égard. Quoi que l'esprit débordant d'imagination de la brune puisse deviner, il trouvait toujours un moyen de l'étonner. « C'est précisément pour ce genre de contretemps que les enfants sont détestables. » Si elle ne ressentait aucune animosité envers le voleur, elle devait avouer que son larcin avait tout gâché. Pour cette simple raison, il méritait qu'elle laisse le démon faire ce qu'il voulait de lui. Au fond de son coeur, une étincelle de doute subsistait. S'interposerait-elle si Zane se montrait trop cruel envers le bambin ? Une certaine idée d'équilibre voyait le jour dans son esprit, encore assez fugace cependant pour qu'elle parvienne à la saisir pleinement. Elle releva la tête alors qu'ils arrivaient en vue du garnement. Ignorant de quelle manière ils avaient suivi sa trace, celui-ci ne se sentait pas menacé le moins du monde, se pensant sans doute hors de danger. Fatale erreur de croire qu'ils ne l'avaient pas suivi. Il fouillait joyeusement dans les affaires du démon, cherchant visiblement son bonheur. Il n'avait pas la moindre chance de le trouver, n'ayant fait que s'attaquer à la mauvaise personne. Callidora leva les yeux vers son camarade et s'adressa à lui d'une voix presque éteinte, prenant garde à ce que l'enfant ne remarque pas leur présence. « Qu'est-ce que tu as en tête ? » Pour la première fois depuis le début de la soirée, elle le laissait diriger le jeu. Pour le meilleur comme pour le pire.
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Mer 28 Oct 2015, 18:03


Prendre en filature l’enfant-bandit n’avait rien de très corsé grâce à l’intervention quasi immédiate de Zane. En effet, dès qu’il repéra le moustique s’évader avec son butin conquis, il eut l'astucieuse initiative de lui agglutiner une petite ration ténébreuse sur la nuque. Le duo n’ayant aucun sort de détection pour le pister, il s’était débrouillé avec ce qu’il avait sous la main, déployant son ombre à lui pour être ragoûté par la partie absente afin de se recomposer en une seule et unique création. Il s’en était ainsi servi comme d’un radar, troublant sa retraite dans un lieu déconnecté qu’ils auraient été incapables de remonter. Cela expliquait surement la quiétude et la langueur avec laquelle il s’était mis à sa poursuite, sachant pertinemment que l’enfant ne s’en sortirait pas sans encombre. Si le cours des choses avait été différent, nul doute qu’il se serait livré au jeu en le traquant tel un prédateur face à son gibier, mais cette fois-ci il n’avait pas envie de se divertir, pas comme ça. Il en fallait très peu au démon pour qu’un rassemblement d’idées dévorent son âme. En l’état des choses, il avait maints moyens de lui faire dédommager sa douce bévue.

Au moins, Callidora avait consenti à se joindre à lui, même si pour le compte de sa délicate prévenance elle était incapable de faire le moindre mal à quiconque n’était pas une créature malfaisante. En soi, c’était plutôt capital de l’avoir à ses côtés, ne serait-ce que pour la suite des évènements qui s’annonçaient prometteurs. Son subterfuge lui avait permis de rejoindre le fripon assez rondement, celui-là même qui était en train de passer au crible les poches à la convoitise d’un trésor enfoui. En s’apprêtant à agir, il décela comme une pointe d’inquiétude dans la voix de sa partenaire qui redoutait probablement qu’il aille trop loin. Elle avait le don de s’en faire pour des frivolités, cela dit elle avait tort de s’inquiéter pour rien ,car le démon se contentait pour le moment d'exhiber son sourire. Quand elle lui posa cette fameuse question, l’homme répondit en admirant le corps de la Rehla. « Ce que j’ai en tête pourrait tétaniser un ange rien qu’en te le divulguant. Je n’ai aucune envie d’offenser ton esprit si chaste. » Ironisa-t-il sur son linge tout aussi vaporeux que le sien. Il n’était pas fâché d’avoir une belle vue sur la marchandise qu’il se complaisait de pouvoir survoler à n’importe quel moment.

Quoi qu’il en soit, il avait un sermon à assigner, et pas n’importe lequel. Alors qu’ils étaient adéquatement escamotés dans l’ombre de la nuit, le démon s’en couvrit pour se dissiper par étapes successives de la vue de la femme. Il fut emballé d’un drap noir alors que ses pieds s'enlisèrent dans le sol jusqu’à totalement se fondre dans le décor. À peine eut-elle le temps de se rendre compte de la supercherie qu’il avait déjà réintégré l’autre côté, droit devant le garçon qu’il maintenait en l'air de ses deux mains, contrecarrant ses moindres pétulances pour s’en sortir. « Coucou mon jeune ami. » Il contra quelques coups de pieds de celui-ci avant de le cadenasser entièrement par les ombres. Le serpent qu’il avait jadis utilisé se dissocia en quatre, venant petit à petit grimper sur ses chevilles et ses poignets dans le but de dompter ses ardeurs. D’un mouvement sec, il congloméra tous les reptiles ce qui modula une toile qui ficela le petit farceur. Les têtes reptiliennes étaient cependant toujours en vigueur, frôlant son visage duquel ils postillonnèrent leurs haines. « Il faut toujours savoir contre qui nous jouons, sans quoi les répercussions l’emportent sur les gains. N’est-ce pas, chérie ? » Il renforça ses propos en expédiant un clin d’œil à sa camarade qui en connaissait toute la valeur. Toujours aussi convenablement, deux autres ombres s’élevèrent de la pelouse, ondoyant comme des algues au fin fond des mers. Au préalable souples, elles transmutèrent rapidement leurs constitutions pour devenirs plus rigides, prenant également la forme de graciles broches dirigée vers le jeune garçon. « Pour information, je suis un homme vicieux et malintentionné, tendant à commettre les pires barbaries pour arriver à mes fins. » À cet instant, le teint de la victime devint blême, son regard marquant la panique. Le bref regard qu’émit Zane à Callidora était là pour la réconforter tout en la priant de le laisser faire.

Les harpons qu’il avait sculptés se rapprochèrent très passivement, comme s’ils étaient munis d’une mécanique à part entière qui les stimulait en chœur. « Je compte te tuer ici, mais il existe un moyen pour t’en sortir : le pacte démoniaque. Passe un accord avec moi. Sois notre serviteur et je te promets la clémence. En plus de ça, tu devras… » Pour cet ultime énoncé, il le rapprocha de lui pour susurrer à son oreille de telle manière que la Rehla ne puisse pas le comprendre. C’était certes scrupuleux, mais il ne fallait pas espérer à mieux venant d’un diable. C’est d’ailleurs dans ces moments-là qu’il était le plus horrifiant, ses grimaces accompagnant son sadisme. L’enfant qui ne pouvait postuler aucune articulation valida en remuant la tête de bas en haut. Le traité étant approuvé, il claqua des mains en vue de faire s’écrouler son mode de torture. Il aida celui-ci à se redresser en lui avançant sa main, après quoi il se rapprocha de la tentatrice. « Problème résolu. C’est tellement plus simple quand je m’en mêle. Tu peux requérir n’importe quoi à notre nouvel ami, il est tenu de nous obéir au doigt et à l’œil durant toute la soirée. » Quant à la seconde requête, elle allait devoir rester encore inaccessible pendant un certain moment. Il extorqua ensuite l’une de ses mains, submergeant ses prunelles sur les formes généreuses de sa future amante. « Tout à l’heure, tu exigeais réparation pour ta robe. Alors, comment puis-je te satisfaire ? » C’était là une procédure détournée de se renseigner sur ses prochaines intentions. Il lui promettait un service gratuit, autant qu'elle en profite.  



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Sam 07 Nov 2015, 16:12




Chacun des gestes du démon était la proie d'une surveillance vivace. Si la brune ne courrait plus depuis longtemps après un idéal de paix, elle n'appréciait pas particulièrement d'assister à la souffrance de qui que ce soit, du moment qu'elle n'avait pas décidé que la douleur était nécessaire ou méritée. En l'occurrence, le bambin ne faisait probablement que satisfaire un penchant kleptomane, à moins qu'il cherche quelque chose à revendre sur l'un des marchés des environs. Quoi qu'il en soit, un cruel manque d'éducation et de prudence l'avait poussé à s'en prendre aux affaires de Zane. Sa remarque concernant la pureté de son esprit lui avait arraché un sourire à demi amer. Un voile de tristesse embruma son regard pétillant l'espace d'un instant. Il ne lui restait que peu de souvenirs des jours où elle goûtait encore aux joies exquises de l'insouciance. L'enfance, un âge qu'elle avait abandonné brutalement, préférant affronter une réalité dont elle ne comprenait pas à l'époque toutes les horreurs. La disparition de sa sœur avait posé la première pierre de son amour infini pour l'inconnu. L'ancrage définitif de la curiosité qui la tenaillait sans cesse. Accrochée au passé comme elle l'était, elle reconnaissait pourtant volontiers qu'être un enfant ne servait à rien d'autre qu'à forger les illusions qui venaient plus tard anéantir tout espoir. Rien ne parvenait à la tirer de cette étrange certitude.

Lorsqu'elle reprit finalement conscience de la réalité qui se déroulait juste sous ses yeux, elle constata avec surprise que des serpents chatouillaient le visage de l'imprudent. Aucune raison valable de s'interposer ne lui venait à l'esprit, d'autant que ce léger imprévu avait arrêté leur petit jeu. Aussi ne broncha-t-elle pas lorsque son partenaire fit s'élever de nouvelles ombres du sol, se contentant de hausser les épaules avec indifférence. Qu'importait ce qu'il s'apprêtait à faire, du moment qu'il se débarrassait rapidement de l'élément perturbateur. Intervenir n'aurait pas été contraire à son caractère, mais elle n'avait pas la moindre envie de s'opposer à la volonté du démon. Bien d'autres manières de le faire plier à ses désirs lui venaient en tête, et bien plus agréables. La scène qui se déroulait devant elle ne lui posait pas de problème particulier. Consciente que l'univers était régi par l'équilibre, elle ne se souciait pas de ce genre d'aventures. Quelque part, de l'autre côté du monde, ou peut-être même à quelques mètres d'eux, les forces s'équilibraient. Le bambin ignorait probablement dans quelle voie il s'engageait, mais à dire vrai, elle s'en moquait. S'il était suffisamment lâche pour s'asservir à la moindre incartade, il ne méritait pas qu'elle se soucie de son sort.

Les manigances de Zane terminées, celui-ci s'approcha d'elle. Sa remarque lui arracha un sourire amusé. S'il comptait se faire pardonner, il avait tout intérêt à être à la mesure de ses attentes. La seule présence de l'enfant cependant retenait les instincts de la brune, l'empêchant de se jeter sur le démon pour assouvir le moindre de ses désirs. Et le contretemps qu'il représentait était une raison suffisante pour qu'elle se venge de l'intrusion, d'autant que cela calmerait pour quelques instants l'ardeur qui la dévorait. À peine l'idée avait-elle germé dans son esprit qu'elle se trouvait déjà agenouillée devant le bambin, prenant sa joue dans l'une de ses mains. « Comment s'occuper de toi, gamin ? » Une préoccupation sérieuse la fit se mordre la lèvre inférieure. La tentation de s'adonner à ses penchants sadiques grandissait en elle. Rien ne lui prouvait que la compagnie de Zane déclenchait de telles envies, et elle savait pourtant que jamais sa volonté ne se laissait tenter lorsqu'il n'était pas à ses côtés. Quoi qu'il en soit, la partie rationnelle de son cerveau semblait incapable de fonctionner. Elle se surprit à faire disparaître son autre bras, tenant la dague qu'elle portait en permanence. La pointe de l'arme effleura avec délicatesse les cheveux enfantins, glissant ensuite sur la gorge dénudée. Les prunelles marron s'écarquillèrent. Se penchant en avant, elle approcha son visage d'une pâleur de lune de celui de l'enfant. « Peut-être le danger ne se trouve-t-il pas là où tu le penses. » Une plus forte pression accompagna ses paroles alors qu'elle laissait sa main caresser la joue glacée sans se soucier de ce que faisait ou pensait le démon. Un sourire carnassier étira ses lèvres fines. « Tiens-toi tranquille. Le plus imprévisible de nous n'est pas toujours celui que tu crois. » Sa déclaration se ponctua d'un baiser sur le front presque maternel, diffusant une légère chaleur sous la peau du garçon. La Rehla se releva avec lenteur pour retourner auprès de l'homme dont elle désirait réellement l'attention.

Avant d'arriver près de lui, elle lui lança cependant un clin d'oeil amusé. « Je crois que tu commences à déteindre sur moi, Zanou. » Le surnom était osé, et elle le savait, mais la moquerie accompagnait chacun de leurs échanges, et elle ne pouvait s'en empêcher. Changeant tout à coup d'expression, elle s'approcha de lui d'une allure féline. « Peut-être peux-tu maintenant te faire pardonner. » Sans lui laisser le temps de réagir, elle colla son dos contre le torse du démon et attrapa l'une de ses mains dans la sienne. Ses cheveux caressaient le visage de son partenaire tandis qu'elle promenait leurs deux mains liées sur le renflement de ses seins. Elle se cambra légèrement pour passer sa main sur les pectoraux du brun de la même manière. Ses doigts glissaient d'un toucher virtuose sur leurs peaux, comme si elle s'occupait d'un instrument précieux et délicat. Ses deux mains parcouraient leurs corps avec une joie presque enfantine et celles-ci descendirent en direction de leurs ventres respectifs sans aucune précipitation. Lorsqu'elle fut arrivée à hauteur de son tatouage, elle s'arrêta un instant, crispant la main du démon sur sa peau couverte d'encre noire et refermant sa propre prise autour du nombril de l'intéressé. D'un geste de la tête, elle pencha le visage en arrière, enfouissant ses lèvres dans le cou de son partenaire. « Que vas-tu faire de moi, Zane ? » Sa voix n'était plus qu'un murmure sensuel que lui seul pouvait entendre. Aucun autre son ne perçait l'air, et la brise fraîche qui soufflait autour d'eux ne parvenait pas à faire descendre la température de leurs corps. Callidora sentait une chaleur dévorante se répandre en elle. Le désir faisait étinceler ses yeux, un désir que seul le démon était capable de combler. Rien d'autre ne comptait désormais.
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Mar 10 Nov 2015, 20:12


S’attendre au pire comme au meilleur. Plus qu’un précepte, c’était devenu une conduite exigée pour les deux créatures qui se connaissaient maintenant parfaitement l’un et l’autre. Ils s'étaient beaucoup instruits en étant ensemble. Sans même le réaliser au fil de leurs innombrables rendez-vous, ils avaient même franchi le stade du simple duo, évoluant en un couple assorti que rien n’avait réussi à déstabiliser jusque-là. Toutefois, sans tenir compte de cette camaraderie exemplaire pareillement au fait qu’ils se faisaient mutuellement confiance, Callidora parvenait à réussir ce que personne n’avait encore jamais accompli à ce jour : elle savait le surprendre. Pour un tas de raisons, il n’avait jamais pris en considération que quelqu’un d’autre que lui-même puisse être impondérable. Nonobstant, plus il fréquentait la brune, plus il remarquait ce point commun qu’il n’avait jamais mis en cause jusqu’alors. Sa présence diabolique n’y était peut-être pas totalement réfractaire même si au fond d’elle, cette part de folie avait, semble-t-il, toujours vécu. Zane n’avait fait que libérer cette seconde nature attachée au laisser-aller, pour laquelle elle se révélait extrêmement lotie. Il suffisait de voir la manière qu’elle avait de s’adresser au garnement. L’altération de son visage aurait pu être mortifiante pour n’importe qui d’autre que le démon tant la déviance était visible. Les menaces qu’elle mettait en œuvre en adéquation avec l’emploi de sa dague, elle s’y prenait admirablement bien. Cet acte dont il était un simple témoin avait le don de tirer la malice de ses lèvres. Il aurait suffi qu’il soit émotif pour qu’il vienne à envier son talent. Heureusement qu’il demeurait un virtuose dans l’art, sans quoi il aurait pu la prendre pour une concurrente de taille.

Dans le sillage de cette rétrospective pleine de divulgations, il était bon de voir à quel point l’impubère était paisible. Avec de tels sauvages, il avait sans doute inclus qu’il était loin de faire le poids. Nul doute qu’il allait actuellement se tenir à carreau sans faire la moindre vague. En un sens, ils étaient décisivement délivrés de ce que le diable considérait comme une plaie. Autre surprise et non mineure, c’est le sobriquet qu’elle lui trouva. Une dénomination qu’il aurait pu caractériser comme étant mignonne si seulement ce lexème désignait quelque chose pour lui. Plus qu’une construction familière, c’est l’intime qui entrait cette fois-ci en ligne de compte. « Il faut croire que les nombreux qualificatifs que je t’ai accordés t’ont particulièrement plus, au point de m’en attribuer à ton tour. J’apprécie l'attention que tu me portes. » Une belle corroboration d’amour, s’il en faut. C’est bien parce que ça venait d’elle qu’il accueillait bien celui-ci, à défaut de quoi il aurait fait déplorer une telle privauté à son égard. Indéniablement, il est celui qui décernait les hétéronymes, intrinsèquement pour brocarder autrui. En revanche, ce dernier ne semblait pas avoir été imparti dans ce prétexte. Quoi qu’il en soit, l’homme fut d’autant plus empoigné par l’approche émoustillante de de la jolie brune, qui sous cette attitude, lui permit de distinguer toute l’ardeur qui s’exhalait d’elle. Elle se comportait comme une véritable femme fatale, s’ébattant de ses charmes qu’elle savait tangibles.

Il prenait plaisir à la laisser faire, à éprouver le bombement de ses seins se postuler chaleureusement au travers de sa main à l’heure où il jouissait d’un angle idéal en étant torse nu contre son dos. Cette impression de délectation était sans égal. En tant que tentateur, il avait pourtant l'accoutumance de se réjouir dans les plaisirs charnels. Fortifié d’une certaine maturité, cela ne l’empêcha pas d’être en grande partie fasciné par l’une des rares personnes qu’il estimait à sa juste valeur. Heureusement, son aisance et l’inexistence d’un trivial malaise en sa présence lui permettaient de se tenir inébranlable en toute circonstance. Progressivement, il se laissa rythmer par le son de l’eau, par les tendresses du vent, mais surtout par la peau raffinée que ses doigts nourrissaient. Étreignant un peu plus la jeune femme tout contre son buste athlétique, il tira parti de sa main valide pour la rebaisser délicatement sur la hanche de la Rehla, éraflant lentement chaque parcelle de sa peau de laquelle il paraissait savourer avec un ravissement non étouffé. Il poursuivit ensuite sa tombée, engageant sa paume sur les fesses excellemment galbées de sa partenaire. Il épousait ce morceau de chair avec un entrain inné, contractant indolemment sa prise sur celle-ci. La voix suave de Callidora acheva de rendre cet instant particulièrement magique. Pour lui-même, la réponse n’était pas aussi évidente. Il y a tellement de choses qu’il aspirait à lui faire qu’aucun long discours n’aurait suffi à tous les mentionner. « Ce que je veux faire de toi ma belle… »  Il ponctua une pause alors que ses bras se hissèrent à sa poitrine, promenant ses doigts sur les formes qui la délimitaient. Il appréhenda ensuite le menton de la Rehla qu’il inclina délicatement en arrière. Infiltrant son regard à l’intérieur du sien, Zane joignit savoureusement ses lèvres sur les lippes rosées de la brune, instaurant un baiser, en retrait des doux larcins qu’ils avaient déjà hâtivement échangés auparavant par répondant aux défis. Celui-ci se voulait plus vérace. Il dura en outre plus longtemps, entretenant ce contact pour déguster le goût exquis qui le composait. Quelques secondes après, il se retira en flattant docilement sa joue par l'extrémité du pouce. « Je vais certainement déplorer ce que je vais faire, mais j’ai moi aussi une vengeance à te renvoyer. »

Ses intentions avaient semblent-ils une tout autre signification que ce qu'il avait bien voulu fait croire depuis le début. Ses grimaces ainsi que la physionomie de son visage étaient trop variables pour qu'il y soit perceptible une triviale innocence. Zane fit signe au petit de s'approcher avant de l'acclamer sans aucune raison apparente. « Ton jeu de comédie est presque aussi prodigieux que le mien, chapeau. » Confia-t-il alors que le garçon jusque là effrayé se vit sourire d'une façon très perfide. En quelques secondes, sa forme s'altéra pour devenir celle d'un adulte, et plus exactement celle d'un sorcier, avec tout l'équipement qui allait avec. Présentant une petite courbette à l'acteur aussi saisissant que vicieux, le diable lui envoya une sorte de médaillon. « Voici ton dû. Alors, qu'en est-il ? » À cette interpellation tant attendue, le sorcier au teint mat examina successivement les deux personnes. Il fixa ensuite le talisman quelques instants puis le plaça dans l'une de ses nombreuses poches. « Ce n'est pas elle, camarade. Aussi charmante soit-elle, Callidora est loin d'être l'élue. Dans le futur que j'ai ausculté, elle sera la source de ta déchéance, du moins si tu continues cette pitoyable relation. » Félix, tel qu'il se faisait appeler était formel. Sa sagacité était irrévocable. Jamais encore il ne s'était fourvoyé. Zane hésita alors durant un long moment en clôturant les paupières. C'était son mode de recueillement le plus connu, celui à même de faire détonner toute la dramaturgie du climat qui prenait vie. Usant alors de magie, le démon se réappropria une tenue digne de ce nom, mais pas seulement. Son arme de prédilection était en application entre ses doigts. Il caressait finement le morceau de métal. « Ne te mêle surtout pas de ça Félix. Voyons comment la grande Callidora se débrouille face au futur souverain. » Sa décision était sans appel. Ses premiers pas étaient intentionnellement lents et lourds. La bonne humeur qu'ils avaient connus après toutes ces rencontres laissait place au dédain. La retournement était total.


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Lun 23 Nov 2015, 00:20

Les caresses du démon lui procuraient une sensation de plénitude à laquelle elle n'osait s'abandonner. Chaque frôlement de ses mains puissantes contre sa peau nue la laissaient tremblante de désir. Il savait s'y prendre, c'était certain. En cet instant, elle se sentait comme une enfant, oubliant tout ce qu'elle savait des plaisirs charnels face à la maîtrise magistrale de son partenaire. Et comme une enfant, elle avait l'impression d'y goûter pour la première fois. Le frisson qui courrait sur son corps semblait s'amplifier sans cesse. Si elle ne s'était jamais montrée exagérément prude auparavant, jamais elle n'aurait pensé que les sensations puissent être aussi fortes. L'étrange sentiment d'effleurer du bout des doigts quelque chose de semblable au véritable bonheur la plongeait dans une esquisse d'extase qu'elle cueillait avec avidité. Un millier d'idées lui venaient à l'esprit, un millier de choses auxquelles elle n'avait jamais osé penser. Une voix lui murmurait pourtant au fond d'elle-même qu'avec Zane, tout était possible. Certitude qui se confirma lorsqu'ils échangèrent un nouveau baiser plus prometteur que tous ceux qu'ils avaient déjà partagé. Ce n'était ni le défi ni la provocation qui le guidait, et en cela, elle l'apprécia plus que tous les autres. L'envie que ce contact ne se rompe jamais la tenaillait. Sous ses paupières closes, c'était comme si des dizaines d'étoiles dansaient, prêtes à exploser. L'effleurement de son index sur la joue de la brune quand il retira finalement ses lèvres la rendait folle. Le ton de sa voix instilla cependant une légère inquiétude en elle.

Sans un mot, Callidora observa la scène qui se déroulait devant elle. Bien davantage que la métamorphose du bambin en un Sorcier tout à fait adulte, ce furent les déclarations de Zane qui la perturbèrent. Quelque chose clochait, et une terreur sourde s'empara de ses entrailles. Un ongle s'enfonça dans la paume de sa main. Songeuse, elle pencha la tête sur le côté en se demandant quels pouvaient être les capacités du comédien. L'insidieuse pensée que le démon montrait un talent redoutable en la matière la fit relever les yeux vers lui au moment exact où les paroles de l'autre s'élevèrent. Ses mots n'avaient aucun sens pour la Rehla. Comment aurait-elle pu être la source de la déchéance de celui pour qui elle se savait prête à renier les étoiles ? Cette idée lui arracha un frisson d'horreur. Imperturbable, Zane laissa son regard échapper au monde pour quelques secondes. Aucun geste n'interrompit sa réflexion. Elle ne broncha pas lorsqu'elle le vit se vêtir de nouveau et se contenta de froncer les sourcils en voyant son arme apparaître. Sa dernière déclaration sur fond de drame manqua la faire éclater de rire. Relâcher le stress qui grandissait en elle par n'importe quel moyen, voilà ce qui la préoccupait. Allait-il réellement… ? Impossible. Refusant de voir la réalité en face, elle s'autorisa une pointe d'humour. « Sérieusement ? Tu te fies aux prédictions dramatiques d'un Sorcier ? Cela dit, je te comprends tout à fait, ils sont connus pour leur franchise... » Mais le pli soucieux au coin de sa bouche démentait le ton enjoué qu'elle s'efforça d'employer.

La naïveté dont elle avait fait preuve jusque ici lui apparut brutalement, lui faisant l'effet d'une gifle sinistre. Croire aux belles paroles et aux beaux gestes d'un démon… Où s'était-elle égarée ? Un tremblement léger agita sa lèvre inférieure, signe annonciateur de ce qui se tramait elle. Le passé lui revenait en plein visage. N'avait-elle donc rien appris ? Peu à peu, elle sentait une colère insondable monter dans ses veines. Incapable de prononcer le moindre mot ou de prendre conscience de ce qu'elle ressentait vraiment, elle se laissa aller à ce sentiment dévastateur. Seuls les pas lourds de Zane percèrent à travers la brume de folie qui la saisissait. « N'approche pas. » Le conseil se voulait plus préventif que menaçant. Cela faisait des années qu'elle ne s'était pas retrouvée dans un tel état. Elle s'apprêtait à perdre le contrôle. Et après tout, cela avait-il de l'importance ? Le démon était bien plus puissant qu'elle, et elle doutait fortement qu'il retienne ses coups. Instinctivement, la dague de Téméris se glissa entre ses doigts, vibrante d'énergie. Trouver un moyen de libérer la rage qui lui comprimait le coeur représentait son unique chance. Plus rien n'avait de sens. Quelle idiote elle faisait… La même scène que celle de son enfance se répétait. Encore et encore, comme un cycle infernal que rien ne pouvait briser. Imaginer ne serait-ce qu'un seul instant que ces créatures éprouvaient les sentiments qu'elle éprouvait était une dangereuse illusion.

Le coeur lourd, la Rehla perdait le sens de la réalité. La démence finissait toujours par reprendre le dessus, quoi qu'elle tente de faire. Dans ses yeux ravagés de colère se lisait une détresse sans nom. La distinction entre rêverie cauchemardesque et monde réel s'estompait avec une rapidité brutale. Elle ne voyait plus Zane en face d'elle, mais le monstre qui avait mis fin à l'existence de sa mère d'une manière atroce. L'image de cette ignoble créature dansait devant ses yeux. Le désir de vengeance hurlait dans chacune de ses cellules. La trahison, encore et toujours. Cette pensée l'obsédait. Tout n'était que mensonge. « Pourquoi ? » Sa question s'adressait autant à lui qu'aux étoiles, laissant transparaître une souffrance insoutenable. Il ne brisait pas seulement l'idylle qu'elle s'était imaginée en agissant de la sorte. C'était elle qu'il brisait. Peut-être était-il trop tard pour qu'elle soit sauvée, que ce soit d'elle-même ou de lui. Et peut-être après tout n'était-ce que ce qu'il avait toujours cherché. Le désespoir ne restait jamais longtemps maître de Callidora. L'air se réchauffa en une fraction de seconde alors qu'elle s'abandonnait à la colère. Des torrents de feu s'élevèrent à sa droite et à sa gauche tandis qu'une sphère prenait place dans chacune de ses mains. Un mur de flammes apparut devant le Sorcier, à quelques millimètres à peine de sa peau. Retenir la folie destructrice qui l'animait lui demandait bien plus d'efforts que de l'alimenter. Pour le meilleur ou pour le pire, Zane venait d'embraser la Rehla.


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Jeu 26 Nov 2015, 14:35


Le démon désamorça son avancée après quelques pas. Il était curieux, curieux de voir ce que donnait la réaction de son ex-alliée. Ils avaient tant partagé ensemble, et les voilà subitement devenus adversaires. Sans doute étaient-ils d’ailleurs les pires concurrents possible. Alors qu’avant ils pouvaient compter l’un sur l’autre, ils se savaient désormais soumis à se fier exclusivement à eux-mêmes. La rudesse de cette calamité était remparée par ce même acquis qu’ils avaient l’un de l’autre. Toutes les données étaient implantées dans leurs substances grises, diminuant le risque d’être abusé par une attaque intempestive. Zane compensait ça par son imprédictibilité congénitale, à l’exemple de ce qui venait tout juste de se passer en perdant Callidora dans une cruelle incertitude. Tromperie, perfidie ou simple fiction depuis ses balbutiements, il était utopique de déterminer précisément ce qu’avaient été ses projets et comment il était venu à en convoquer ce sorcier. Se fier aux prophéties d’un liseur d’avenir, était-ce vraiment dans le tempérament de l’homme qui cultivait lui-même son destin de jour en jour ? Ce qui est certain, c’est qu’à l’heure actuelle, cette légitimation lui suffisait amplement, le reste n’étant que de la poudre aux yeux. Qu’importe ce qu’inclurait l’issue de cette confrontation, l’un des deux ne s’en sortirait pas sain et sauf. Il était prêt pour ça, plus que jamais. Toujours à l’arrêt et soucieux d’exhiber sa belle denture, le brun déferla un large sourire, équivalent aux clowns les plus épouvantables. « Un bon roi a besoin d’une bonne reine. J’ai cru pendant un moment que tu aurais pu être cette personne, mais honnêtement… je pense que tu n’as pas le cran pour te porter à mes côtés. » Plus qu’une hypothèse, c’est une attestation qu’il comptait bien amener dans les minutes à venir. Sectionnant l’air avec sa longue lame acérée, son détenteur reprit la route.

En cet instant, la brune évoquait une bête acculée. Piégée et au bord du gouffre, elle était assimilable aux faibles créatures, qui n’ayant plus rien à perdre faisaient inconsciemment surgir leurs plus bas instincts en prévision de s’infliger un suprême allant de courage. De sa voix chevrotante à son comportement vacillant, l’analyste ne manqua aucun recensement de cette soudaine mutation. Même son impératif lui recommandant de ne pas faire un pas de plus sonnait faux. Son regard lui proférant tout le contraire. Bien sûr qu’elle espérait qu’il approche. Elle avait besoin de soulager sa rancune sur lui, besoin de lui faire payer le contenu de ses mots, ses fabulations et tout ce qu’il avait effectué auparavant. Même les plus pacifistes étaient d’accord sur ce point ; l’agressivité était le remède à bien des maux. L’humain est ainsi fait que sa psychologie ne diffère pas éminemment d’une race à l’autre. Pousser Callidora à bout aurait pu être la pire des entreprises, mais c’était sans compter sur l'irrationnel du démon ainsi que ses caprices, plus à même d'exalter ses sens que de le saisir d'effroi. Claustrée dans un état second, la combattante des astres fit appel à son invocation du feu. La pression fluctua radicalement, évinçant la fraicheur pour laisser place à la chaleur, tant et si bien qu’il était possible de discerner certaines nébulosités autour de la jeune femme. La chevelure intact du démon s'envola vers l'arrière en compagnie de quelques braises, résidus d'une poignée de la végétation. Le sorcier frisa de très près la combustion avant de se téléporter sur la branche d’un arbre. Il leva le bras en l'air comme marque de contestation. « Heyyyy ! Je revendique toute implication dans votre divorce ! Laisse-moi tranquille ! » Comme auguré précédemment, il ne prendrait pas part au combat. Ou sinon la Rehla n’aurait pas fait long feu sans égard pour sa maitrise de l’élément.

Sans tenir compte de la rage qui alimentait la belle, le feu n’était pas pour émerveiller le diable, qui profita de la plus petite brèche parmi les vagues pour se précipiter à elle. Dès qu’une salve lui soufflait le visage ou une tout autre partie du corps, il recourut au sabre pour interrompre les plus grosses irruptions. Panaché à la maitrise hors pair de ses ombres, il parvenait sans grand mal à se frayer un chemin pour se rendre à elle. Il sema ensuite activement son sabre dans la terre réchauffée afin de confisquer les deux mains de Callidora, elles-mêmes toujours saturées par les sphères ardentes. Quand bien même ses mains finiraient par succomber, il ne la lâcherait pas. « Tu auras besoin de plus que de la rancœur pour me battre. Il te faudrait un miracle. » Sans attendre plus durablement, l’homme heurta sans ménagement le front de son adversaire avec son propre crâne, refoulant sèchement celle-ci en plus de dissoudre la structuration de ses veilleuses. Pour soulager la brulure qu’il avait soutenue sur ses paumes, l’homme frappa torrentueusement le sol de ses deux poings pour tordre grossièrement le terrain et ainsi relaxer l’eau qui sommeillait en dessous. Un geyser rafraichissant lui fit office de douche. Articulant ses doigts pour contrôler la maniabilité, il convulsa également sa nuque et ses bras, après quoi il accola ses mains à l’identique d’une prière. « Je suis un aimant à problèmes Callidora. Tu n’as pas les armes pour figurer dans mon monde. Serais-tu capable de tuer ta sœur pour me récupérer ? » Choix audacieux ou simple question existentielle ? Au même moment, la plastique du démon se mua en celle d’une jeune femme qu’elle connaissait mieux que personne. Soit c’était une ultime malice, soit il cherchait une incidence plus approfondie encore.



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Sam 28 Nov 2015, 18:54


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Comme toujours, la naïveté dont elle faisait preuve presque quotidiennement la perdait. Peu lui importait au fond quelles avaient été les véritables intentions du démon en jouant avec elle de la sorte. Tout ce qui comptait était la douloureuse incapacité qui l'empêchait de se maîtriser et qui prouvait que, comme toujours, ce n'était pas elle qui maîtrisait la situation. Peut-être cela venait-il d'une racine malsaine qui ne cesserait de germer en elle jusqu'à devenir une fleur de malheur. Pour une raison dont elle ignorait tout, la colère la dévorait sans cesse, affleurant la surface de sa peau dans des accès de ridicule tout aussi inutiles que ridicules. Le simple fait de savoir qu'elle recommençait à agir de la sorte lui donnait envie d'hurler. Son comportement enfantin lui renvoyait l'image d'une personne qu'elle ne voulait pas être. Aussi se calma-t-elle très légèrement en entendant les paroles du Sorcier qui venait de faire éclater son rêve. Un faible sourire faillit lui échapper avant qu'elle se souvienne de ce qui arrivait. Comment le monde pouvait-il exploser en quelques instants à peine ? Une sombre pensée lui vint à l'esprit. L'équilibre qu'elle n'avait fait que tromper finissait peut-être par se rétablir. Quelle autre explication trouver ? À moins que ce ne soit encore l'une des farces de son camarade, mais elle en doutait sérieusement. Il y avait certaines choses avec lesquelles Zane ne plaisantait pas, et elle le savait parfaitement. De toute manière, elle n'arrivait jamais à le cerner et à dire vrai, cela n'avait aucune importance la plupart du temps.

Les paroles du démon provoquèrent en elle un nouveau regain de colère. S'il l'envie lui prenait de vouloir devenir roi _ et les étoiles savaient à quel point il en avait les capacités _, l'ambition n'était en aucun cas la raison pour laquelle Callidora s'attachait à lui de la sorte. Peut-être n'avait-il finalement rien compris à ce qu'il représentait pour elle. Bien sûr, s'il lui avait posé la question, elle aurait immédiatement accepté. Pour le simple plaisir de rester à ses côtés plus longtemps, de repousser l'aspect éphémère de toute relation. Sans qu'elle en ait eu conscience jusque-là, il s'était insinué dans son esprit, se logeant au creux de son coeur en toute discrétion. Elle n'avait rien vu venir, pas plus que la scène qui se produisait à l'instant. Il approchait d'elle, et pour la première fois depuis leur rencontre, elle le trouva terrifiant. Sans la moindre difficulté, il évitait le feu qui s'élançait vers lui de sa propre volonté. Le tatouage qu'elle portait depuis sa naissance se mit à luire étrangement lorsqu'il saisit ses mains toujours enflammées. Le danger. Voilà ce qu'il était. Et c'était bien plus beau que tout ce qu'elle avait connu jusqu'alors. Sa déclaration ne fit que confirmer cette pensée. La brune était forcée de reconnaître qu'il avait totalement raison. Elle n'était encore en vie que parce qu'il le désirait. L'idée que sa survie ne dépende que du bon vouloir d'un démon lui noua l'estomac. Ce ne fut en rien en comparaison de la brutalité avec laquelle il frappa son front, la faisant reculer d'au moins un mètre. Portant la main à sa tempe, elle réalisa combien elle était sans défense face à lui. Chétive. Faible.

Mais ce fut le dernier rituel auquel s'adonna Zane qui la médusa véritablement. En dehors de tout ce qu'il avait pu faire par le passé, la transformation qu'il opéra était la touche finale de son effroyable spectacle. La personne qui se tenait en face de Callidora était la personne qu'elle souhaitait retrouver, de toute son âme. Son coeur rata un battement. Jamais elle n'avait oublié le visage de sa soeur, principale raison pour laquelle elle fuyait les miroirs. Qu'était-elle aujourd'hui, sinon un simple reflet à l'image brisée que rien n'était en mesure de réparer ? Toute la rage qu'elle avait ressenti depuis la prédiction du Sorcier venait de la quitter brusquement. Ne restait plus qu'une profonde tristesse, une tristesse qui lui broyait l'esprit depuis l'aube de ses dix ans. Personne ne pouvait comprendre. Perdre la moitié d'elle-même avait été le début de sa déchéance. Elle n'avait fait qu'errer sans véritable but, passant de ville en ville, de compagnon en compagnon jusqu'à ce que seules les étoiles soient ses partenaires de voyage. Une vagabonde, qu'était-elle de plus ? Rien ne comptait dans sa vie, rien n'avait d'importance. Tendant les doigts vers l'illusion, elle sentit des larmes se rassembler au bord de ses yeux dorés. Un murmure s'échappa de ses lèvres.


"Téméris."


C'était faux. Une fois le mot échappé, l'illusion se brisa. Callidora secoua la tête, reprenant ses esprits. Quelque chose comptait pour elle, ou plutôt quelqu'un. La faiblesse n'était que passagère. Peu importait la situation, peu importaient les blessures qui la brisaient, elle finissait par se relever. Toujours. Et ce n'était pas encore le jour de sa chute. Aussi un sourire moqueur se dessina-t-il sur ses lèvres alors qu'elle sentait les vibrations de son tatouage s'évanouir. Deux pas en avant la rapprochèrent de son prétendu adversaire. "Dis-moi, Zane. De quoi as-tu peur ?" La question relevait d'une claire impertinence, et peut-être se trompait-elle, mais pourquoi s'en priver ? Il n'existait aucune limite autres que celles que les gens se donnaient. Et elle avait toujours vécu au-delà des frontières du convenable. Le risque était bel et bien réel, et elle ne s'en souciait guère. La sensation de liberté qui l'envahissait en cet instant valait bien qu'elle envisage la possibilité de rejoindre les étoiles ce soir. Avant de lui laisser le temps de réagir, elle s'approcha à toute vitesse, se collant presque à lui. "Navrée, mais je crains que ce soit impossible. Elle est morte il y a douze ans." Sans crier gare, elle déposa un baiser sur ce qui ressemblait à s'y méprendre à sa propre bouche. Une larme d'argent se glissa insidieusement sur la base de la gorge du démon et s'y enfonça avec légèreté alors qu'elle chuchotait quelques mots à son oreille. "Néanmoins, si tu y tiens..." Bien que tenant une arme, c'était elle qui se mettait délibérément à sa merci et recula avec douceur. Une lueur de sérénité brillait dans son regard alors qu'elle offrait le manche de sa dague à son adversaire. "Ma vie est à toi, Zane. Et si tu ne la prends pas, personne n'y parviendra." Mourir de ses mains, ou devenir assez puissante pour qu'aucun autre que lui ne puisse mettre un terme à son existence. Voilà ce qu'il en était. Plus qu'une déclaration idiote, c'était une promesse. La force se trouvait parfois dans les moments où l'on s'y attendait le moins. La Rehla n'avait plus rien d'une enfant.


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Mer 02 Déc 2015, 15:48


Une seule collision avait suffi. Une réfutation singulière et spontanée qui distillait toute la colère et la domination du démon en une seule réplique affectée à lui faire comprendre le peu de chance qu’elle avait. Zane lui avait manifesté qu’il ne plaisantait pas, et plus que ça encore, il lui avait clairement fait part de la discordance qui les éloignait l’un de l’autre. Le démon ne possédait pas une panoplie de pouvoirs hallucinants, cela étant, il avait su faire de cette indigence une inspiration en travaillant parfaitement chacun d’entre eux, éradiquant fragmentairement leurs vulnérabilités. Callidora devait prendre conscience du plus important. Savoir si elle s’était fait berner ou non jusqu’ici n’était pas la bonne question. La bonne démarche consistait à savoir à partir de quand ses décisions avaient évolué. Quand et comment il devenait imprévisible lors de confidences que personne ne s’attendait à recevoir ? S’il y a bien un art dans lequel il était indétrônable, c’est bien dans le bouleversement général. Être là où l'on ne l’attendait pas forcément, proférer des conversations qu’on ne s’attendait pas à envisager venant de sa part, voilà bien l’acception la plus proche qu’on pourrait se faire du personnage. La brune devait au moins s’en douter un petit peu ; rien n’était jamais aussi élémentaire avec le dieu de l’humour, et rien ne le serait jamais. C’est ce trait de caractère inattendu qui faisait de l’homme un pervertisseur hors pair. Ses dispositions allaient au-delà de son beau physique tranchant, c’est la raison pour laquelle il avait déjà remporté ce duel, car les réactions de la jeune Rehla allaient plus loin que ses espérances.

Le thème de la peur, elle faisait bien de l’aborder. Sa question était pertinente, cela à cause d’une réponse qui était loin d’être aussi évidente.  Connaissait-il vraiment l’existence de ce sentiment ravageur ? Pouvait-on baptiser ça une peur de craindre la simplicité ? Dans tous les cas, il ne voyait aucune rationalité être la source d’une angoisse ordinaire, si ce n’est de devenir lui-même aussi commun que les autres. Plus qu’une question existentielle, c’était tout un fondement philosophique qui devait ceindre sa personne. Un léger rire précéda sa version. « J’ai peur que nous soyons dans deux mondes différents. Le mien, c’est la réalité. J’ai peur d’être bien trop disparate pour une servante stellaire. J’ai peur d’être trop admirable pour ce monde aussi, mais ça, j’en fais mon affaire. » Tout en inventoriant sarcastiquement les peurs improbables dont il pouvait être la victime, Zane circulait et remuait ses mains à l’avenant d’un sorcier déclamant sa formule. Il passa ensuite ses longs doigts à l’intérieur de sa longue chevelure qu’il disciplina d’un trait. Surgissant à cet instant, la brune aux yeux dorée se précipita jusqu’à lui, rompant toute interaction au démon. Elle se colla à lui, puis la fraîcheur d’une lame remonta sa gorge. Il ressentait facilement le tranchant métallique, tout juste appliqué contre sa peau, prêt à le saigner à blanc. Mais au lieu d'entreprendre d’abattre l’indomptable, c’est une décision contraire qu’elle prit. Elle lui dédia son arme, suggérant franchement au démon de mettre fin à sa vie si c’est cela qu’il souhaitait.

Le tortionnaire ferma les yeux quelques secondes. Il avait pris sa décision depuis bien longtemps. Aucune incertitude, pas même la plus infime était tangible dans ses préméditations. Lorsque les yeux du diable se rouvrirent, ses pupilles avaient laissé place à une teinte flamboyante. Tout se passa alors très vite. En un instant, il se rendit maître de la gorge de Callidora en la hissant de quelques mètres au-dessus du sol, désarmant celle-ci au passage. Il enfonça intensément ses yeux –bien plus encore qu’auparavant- dans ceux de son allocutaire. « Si tu penses vraiment que ta sœur est morte, c’est que tu es plus crédule que ce que je croyais. » Sans aucune délicatesse, il évacua sèchement la brune contre terre. Les ombres du démon s’exondèrent en dansant autour d’elle. À tout moment, il aurait pu décider de l’étriper. Seulement, son visage ainsi que son apparence avaient tout pour indiquer qu’il était calme. Son regard avait reconquis sa teinte d’origine. « Je suis insensible, mais je n’aurais aucun assouvissement à t’abattre comme ça. Je n’ai pas non plus besoin d’explorer l’avenir pour comprendre qu’il te reste des oeuvres à accomplir et des gens avec qui te lier. Peut-être même trouveras-tu de quelqu’un de presque aussi prodigieux que moi, qui sait. » Les terres étaient assez vastes pour que l’impossible devienne possible, c’est tout du moins ce qu’il pensait. Même s'il haussait les épaules, symptôme de son scepticisme.

Ce dont il était persuadé, c’est qu’il n’avait aucune prétention d’être un meurtrier aussi navrant. Callidora était assez éveillée pour savoir que les préceptes et la vanité du démon étaient parfois plus prééminents que tout le reste. Au fond, elle manipulait les gens avec une dextérité comparable à la sienne. Elle le faisait simplement avec plus de raffinement, rien de plus. À aucun moment, elle n’aurait pu envisager un assassinat dans ces conditions, pas maintenant. Zane enfila ses deux mains dans les poches, puis il survola une dernière fois cette dernière avant de se retourner. « L'évasion d’un méchant doit être aussi audacieuse que l'introduction d’un gentil. C’est à ça qu’on sait les reconnaitre. Voici l’averse finale. » Il tendit ses mains, chacune étant d’un côté. S’attendre à tout venant de sa part était la moindre des choses. Un spectacle d’ombres déposé en une averse torrentielle, des illusions prodiguant une mise en scène mémorable, ou encore un ballet aérien scrupuleusement concordé par les bons soins de sa magie. Rien de tout ça ne se produisit. Au délai de l’inattendu, c’est une averse de courges qui se composa. Au fur et à mesure que le temps passait, des légumes d’une taille tout à fait admissibles vinrent s’abattre autour des deux individus, éclatant leurs belles formes dans une consonance délicate.

Elles semblaient être innombrables, déchirant le ciel par leurs infinités tel un don gourmand orchestré par les dieux. Et comme si ça ne suffisait pas, entre ces cucurbitacées se glissaient parfois des hommes pleinement dévêtus. À l’inverse de leurs invocateurs, ceux-ci disposaient d’une case en moins. Ils étaient rudimentaires et oh combien demeurés à en juger par leurs locomotions scabreuses, dénuées de sens. Ils titubaient et fonçaient grossièrement dans le premier obstacle apparent. Entre leurs repoussantes apparences et l’itinéraire approximatif qu’ils se soumettaient, les citrouilles inculquaient la touche finale à cet égarement. Comme d’habitude, la signature était inimitable. Zane adressa une ultime prosternation à Callidora avant son adieu. « En souvenir du bon temps passé ensemble, tu as le droit à un ultime présent. » Tout d’un coup, comme si tout se passait au ralenti, l’homme intégra quelque chose à l’intérieur d’une citrouille, suite de quoi il lui fit parvenir ce même légume, qui acheva sa course à ses pieds. Entre le bombardement soutenu et l’apparition constante des hommes qui se faisait de plus en plus répétées, Zane finit par se volatiliser aussi clandestinement que ses autres fois. À l’intérieur de la courge se trouvait l’un de ses plus beaux pendentifs, doté d’un joyau aussi radieux que le rappelait son regard. Il resplendissait plus encore que les étoiles.


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Soirée de rêve... - Quête Callidora

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