| | | Without music, life would be a mistake. [Métier niveau 1] |  |
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 | | Jeu 13 Aoû 2015, 02:02 | |
| Callidora ignorait pour quelle sombre raison elle ne parvenait pas à trouver le sommeil. Elle mettait cette insomnie sur le compte de sa soirée avec Zane et Syveth et du voyage qui l'attendait le lendemain matin. Elle se leva lentement, froissant les draps le moins possible et s'approcha du rebord de la fenêtre. À travers les carreaux sales, elle apercevait la Lune qui illuminait la Ville de sa lumière argentée. Émerveillée par le spectacle des rayons qui dansaient sur les pavés, elle décida de sortir de sa chambre. Elle ferma précautionneusement la porte pour ne pas réveiller son compagnon et se retrouva dehors sans même avoir songé à prendre ses chaussures. Elle portait seulement la tunique de lin qu'elle prenait pour dormir mais ne remonta pas chercher ses affaires. Après tout, qui diable sortait à une heure pareille ? Elle ne risquait pas grand chose à déambuler dans les rues aussi tard, vêtue de la sorte.
Elle marcha au gré de son intuition, suivant un chemin qu'elle semblait être la seule à voir. Parfois, elle paraissait vouloir s'engager dans une rue, guettait l'obscurité qui l'attendait et faisait demi-tour pour changer de direction quelques mètres plus bas. Elle ne savait pas où ses pas la menaient, mais elle faisait confiance au Destin. Elle se laissait guider par l'éclat que jetait la Lune sur les pavés. Elle admirait les maisons au style simpliste et confortable qui bordaient les endroits qu'elle traversait sans se soucier de la manière dont elle rentrerait. Elle s'arrêta au coeur d'une place finement décorée où trônait une immense fontaine. Elle tourna la tête vers une rangée de bâtiments et s'aperçut qu'elle se trouvait dans le Quartier Résidentiel. Que venait-elle faire ici ? Elle-même aurait été bien en peine de l'expliquer, mais elle sentait que les étoiles guidaient sa promenade nocturne. Aussi ne s'effraya-t-elle pas quand un nuage passa devant l'astre Sélène, masquant toute source de lumière.
Pas exactement. Elle ne s'en rendait pas compte jusqu'alors, mais une bougie brûlait à la fenêtre de l'une des riches bâtisses. Elle s'approcha en douceur, inexorablement attirée par la flamme rougeoyante. Lorsqu'elle arriva à la hauteur de la maison, elle remarqua que tous les volets étaient clos et que le calme régnait en maître absolu. Déçue sans pouvoir en définir la cause, elle s'apprêtait à revenir sur ses pas et à retourner dans sa chambre pour se reposer. Elle aurait besoin de toute son énergie si elle voulait faire bon voyage et résister aux caprices impétueux de la mer, d'autant qu'elle devrait s'occuper de son compagnon s'il tombait à nouveau malade. En bas de la fenêtre tel un amoureux attendant sa belle, Callidora prit une inspiration et fit un pas en direction de la sortie du quartier lorsqu'une délicieuse note effleura ses oreilles.
Elle se figea aussitôt, fascinée par le son qu'elle venait d'entendre. Rien ne déchirait pourtant l'air de la nuit et personne ne traînait dans les rues. Elle songea qu'elle était victime d'une hallucination lorsque le phénomène se répéta. Une douce mélodie s'élevait dans le silence obscur, illuminant le monde à la manière du soleil. Les ombres de la rue semblaient s'accorder à ce son mélodieux, et tandis que de nouvelles notes frissonnaient dans la brise, Callidora les vit sortir de leur gangue de ténèbres pour se mettre à virevolter joyeusement. La Lune jetait sa lumière mystique sur le curieux phénomène : alors que le piano se prenait d'une frénésie audacieuse, un enchaînement lancinant de murmures fragiles comme du verre, elle se surprit à rejoindre l'étrange ballet.
Elle dansait, seule au milieu de la rue, aussi légère que si elle avait été la fille d'un nuage. Elle accomplissait des mouvements gracieux qui accompagnaient la musique délicate pour la sublimer. Mais sa chorégraphie s'acheva rapidement tant elle se sentait emportée par le flot des émotions. La mélopée prenait des allures d'aventure romantique, se languissant des trésors d'un amour perdu. Callidora s'approcha de la fenêtre, éblouie par ce qu'elle entendait. Elle eut le temps d'apercevoir de petits cheveux blonds et un visage empreint de tristesse avant de plonger à nouveau dans le royaume musical. Quelque chose au plus profond d'elle-même remontait à la surface, un sentiment indéfinissable qui l'attristait en lui dessinant un sourire de pur bonheur sur les lèvres. Aussi brusquement qu'elles étaient apparues, les notes de piano disparurent dans l'air, tentant une dernière incursion dans le silence nocturne avant d'abandonner la lutte.
La chandelle s'était éteinte depuis longtemps lorsque Callidora reprit conscience du monde réel. La morsure du froid commençant à pénétrer sa chair, elle murmura une rapide prière aux étoiles et à la musicienne talentueuse qu'elle avait eu la chance d'entendre jouer avant de se remettre en route vers l'auberge. Elle n'avait jamais rien entendu d'aussi beau. Son âme elle-même se trouvait bouleversée.
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Dernière édition par Callidora le Ven 04 Déc 2015, 23:17, édité 2 fois |
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| | Sam 22 Aoû 2015, 12:11 | |
| Malgré le matelas confortable sur lequel elle était allongée, Callidora ne parvenait pas à trouver le sommeil. Sitôt que ses paupières se fermaient, elle entendait la musique résonner à ses oreilles, comme si elle prenait possession de son esprit avec une langueur amoureuse. Elle se laissait volontiers aller à cette tendre rêverie. Syveth dormait paisiblement à côté d'elle, n'ayant même pas remarqué son escapade nocturne. Elle ne faisait pas attention à lui, emportée par la mélodie dont elle avait retenu les moindres nuances. Elle ignorait le nom des somptueuses notes qui ravissaient son coeur, et c'était probablement la seule pensée qui l'attristait. Recomposer un morceau de cette qualité allait représenter plus qu'un véritable défi, d'autant qu'elle savait qu'elle ne pourrait transporter un piano jusqu'à sa chère maison.
Aux premières lueurs de l'aube, alors que le Soleil entrait timidement par la fenêtre, elle écrivit un mot pour son compagnon en lui disant qu'elle partait pour une dernière ballade et qu'elle reviendrait vite. Elle descendit les marches de l'auberge avec un sourire radieux. Le tenancier s'étonna de la voir de si bonne humeur : habituellement, elle se contentait de marcher d'un air songeur et préoccupé et ne paraissait même pas voir ce qui l'entourait, jetant seulement un regard agacé aux clients qui déjeunaient bruyamment. Elle sortit dans la rue, surprise de trouver à peine quelques promeneurs qui déambulaient avec lenteur, le visage encore alourdi de sommeil. Quant à elle, elle se déplaçait joyeusement, le coeur léger. Elle s'envolait vers une nouvelle découverte avec la confiance d'un oiseau qui reconnaît son chemin. Plongée dans une extase bienveillante, elle se contentait de flâner à travers la Ville sans vraiment faire attention où elle allait. Qu'importe au fond l'endroit qu'elle trouverait, elle sentait que ses pas la guidaient quelque part.
Tout en marchant, elle s'était mise à fredonner, et les gens qui la voyaient passer ne comprenaient pas ce qui pouvait la rendre aussi joyeuse alors que le Soleil se levait à peine. Une femme l'arrêta même pour la féliciter sur son prétendu futur mariage. Elle lui répondit avec un sourire amusé et continua sa route. Lorsqu'elle parvint à hauteur de la Rue Commerçante, elle s'y engagea sans hésiter. Les douces effluves des épices régnaient en maître sur tout autre parfum tandis que les commerçants criaillaient pour offrir leur marchandise au meilleur prix. Quant aux habitants, ils discutaient vivement entre eux, s'arrêtant de temps à autre vers une échoppe avant de repartir, laissant derrière eux une nuée d'éclats de rire. L'heureuse ivresse qui dominait l'endroit correspondait parfaitement à l'humeur de Callidora qui se fondit dans la foule. Elle atteignit le lieu qu'elle cherchait quelques instants plus tard et cessa se marcher, fascinée par ce qu'elle voyait.
À première vue, il s'agissait d'une boutique semblable aux autres : des murs en pierre grise, une large vitrine et une simple porte de bois. Ce qui retenait l'oeil, c'était surtout la magnifique gravure sur le panneau de chêne : un étrange dessin à vrai dire, qui semblait ne jamais être le même selon l'endroit d'où on l'observait. Il représentait un instrument de musique joué par des mains invisibles. Callidora ne mit pas longtemps à comprendre que l'incroyable précision des traits et leur caractère mobile venait d'un quelconque sort. Elle succombait partout au charme et s'approcha sans la moindre hésitation. Elle posa la main sur la poignée argentée et prit une inspiration profonde avant d'entrer. Ses grands yeux dorés s'émerveillèrent des trésors que recelait le magasin. Si l'extérieur demeurait banal, l'intérieur de la boutique transpirait l'originalité. Un véritable refuge d'artistes, voilà le nom qu'elle aurait pu lui donner. Elle s'avança avec douceur, soucieuse de ne rien casser. Le moindre de ses pas faisait résonner une note qui s'élevait haut dans les airs pour caresser sa joue et finalement s'évanouir comme elle était venue. Aucun mot ne pouvait décrire cet endroit mystérieux.
Alors qu'elle se plongeait dans la contemplation d'un instrument qu'elle ne connaissait pas, elle entendit une douce mélodie emplir son esprit. Une musique totalement différence de ce qu'elle avait entendu la veille, mais tout aussi merveilleuse. Les notes chantaient la mélancolie des jours d'été et l'apaisement des nuits d'hiver dans une même mesure. Elle chercha d'où venait le son, étonnée de ne voir personne. Lorsqu'elle arriva enfin devant l'objet de son désir, elle arrêta de marcher et un sourire de pur bonheur éclaira son visage. Il s'agissait d'un splendide violon blanc et noir qui semblait animé de sa propre énergie. Timide, elle tendit la main vers les cordes d'argent, se gardant bien de les effleurer malgré son envie croissante de prendre l'instrument dans ses bras. "Si vous le souhaitez, il peut vous appartenir." Callidora se retourna brusquement. Elle n'avait pas entendu l'homme arriver. Il lui lança un sourire amusé. "Comment ?" Elle ne parvenait pas à imaginer qu'une pareille merveille puisse un jour être sienne, d'autant qu'elle ignorait tout de l'art musical. "Je vous propose un marché. Travaillez pour moi, et en échange, je vous offrirais le violon une fois vos tâches accomplies." Elle haussa les sourcils, profondément surprise de cette proposition. Etrangement, l'homme aux cheveux gris semblait l'avoir déjà vue. "Je ne peux pas accepter, je suis désolée. Je ne saurais même pas en jouer." Le sourire de son interlocuteur révéla des dents d'une blancheur de perle. "Je vous apprendrais."
Callidora ne savait plus comment réagir. Elle ne connaissait rien à propos du propriétaire du magasin, et elle devait repartir dans la journée. "Vous savez, ce violon ne joue pas pour tout le monde. Rares sont ceux qui ont le privilège d'entendre sa mélodie, et il semblerait qu'il vous ait choisie." Elle lança un regard à l'instrument qui n'émettait plus aucun son. Qu'importe la décision qu'elle prendrait, il ne dirait pas un mot. "Votre offre est généreuse, Monsieur, mais je ne peux malheureusement pas accepter. Je ne suis pas d'ici, et je repars aujourd'hui." Il balaya son argument d'un revers de la main et fouilla dans ses poches. Il en sortit une broche en forme de clé de sol qui brillait d'un éclat magique. "Prenez-la. Où que vous soyez, elle vous téléportera ici, si vous le demandez." Callidora attrapa le bijou au vol et pencha la tête sur le côté, songeuse. Elle ignorait ce que lui réservait le Destin, mais une chose était sûre : elle n'avait pas mis les pieds dans un endroit pareil par hasard. "Dans ce cas, j'accepte avec plaisir." Elle exécuta une légère révérence devant l'homme. Lorsqu'elle releva la tête, elle constata avec surprise qu'elle se trouvait à nouveau dans sa chambre, à l'auberge. La broche étincelait au creux de sa main.
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