« P.utain, on va jamais partir de cette plage de m*rde. Ca fait combien de temps qu'on marche ? », « Je ne sais pas. », « On s'est fait viré de Pabamiel je te signale, et c'est la seule réaction qu't'as ? Je ne sais pas. Sérieusement ? », « T'es chiant. », « Peut-être, mais ça nous tire pas de ce trou pourrave. On n'a même pas pu tester la qualité de service de l'île... », « Regarde là-bas. Les Sirènes ne viennent pas vers nous. », « Et alors ? On s'en fout sérieux, écoute moi quand je te parle. » Kai se permis d'attraper les épaules du colosse, le secouant légèrement « T'as. Pas. Les. Crocs ? » Il détacha chaque mot de sa question, comme pour faire percuté quelque chose à l'Orisha « Non. J'ai pas besoin de refaire des culs pour me sentir bien dans mon corps. » Se dégageant de l'étreinte du Démon, il dit « Bon, on nous a renvoyé sur la plage, mais je ne vois pas vraiment où il voulait aller... Ni comment faire. » Et son partenaire n'allait pas franchement l'aider car, pour le coup, Callum était le plus intelligent des deux « J'ai pas franchement envie de faire un truc pareil. », « L'argent est pour moi alors. » Le Démon le jaugea, le regardant de bas en haut. Par fierté, il n'osa pas approuver et se targua « Tu rigoles ? Certainement pas non ! Je t'assure que je vais en voir la couleur moi de cet argent ! », « Alors tu vas faire fonctionner tes méninges rouillées, sinon je ne te lâche pas une pièce. Compris ? » Kai grogna, maugréant dans sa barbe « Viendra le jour où je pourrai prendre le dessus... », « Pardon ? Il me semble ne pas avoir bien compris... », « Concentrons nous sur notre objectif. » Callum regarda sévèrement son partenaire. Entre eux, c'était comme ça en permanence, mais au final, personne ne partait. Chacun restait à sa place, n'osant pas prendre des chemins séparés, de peur d'échouer... Kai se savait faible et démuni sans Callum, mais jamais il ne l'avouerait, et Callum se satisfaisait amplement de Kai. C'était un besoin mutuel qu'ils avaient fondé depuis l'effondrement de la galère.

Suite à tout cela, Callum avait erré un temps, seul, cherchant Kai sur la plage où il avait atterrit, mais en vain. Ce ne fut qu'après des heures qu'il finit par retrouver sa trace. Bien que leurs retrouvailles furent froides, il ne pouvait se mentir sur le fait qu'il était soulagé de le retrouver. Personnellement, il le pensait mort et enterré.
L'Orisha pouvait évoluer sans lui, ne comptant que sur lui-même finalement, mais c'était avec peine... Il préférait un groupe, le temps qu'il augmente en puissance, qu'il fasse en sorte d'être à la hauteur des attentes de son clone. Si son clone savait qu'il existait. Ce qui était une autre question qui, bien sur, il n'avait jamais abordé avec Kai...
Le Démon n'avait pas reconnu le roi en lui. Son visage ne lui disait rien, et comme tous les Démons, Callum savait qu'ils ne reconnaissait pas une biche, même avec le nom de l'animal sous les yeux. Trop axés sur leurs idéaux, c'était peine perdu que de les inciter à engranger du savoir. Cependant, le bronzé n'évoqua jamais l'idée, pas même pour se jouer de lui, et se moquer de ses capacités intellectuelles complètement atrophiées.

Ici, ce serait pareil. Il réfléchirait, ferait tout le travail, avant d'envoyer Kai au labeur « T'es sur que c'est ici ? Elles ont pas l'air de venir. Eh ! EH OH CALLUM ?! » Le type agita sa main devant les yeux de l'Orisha, perdu dans ses esprits. Ce dernier le regarda, l'interrogeant du regard « J'te parle. T'es sur qu'on est bien placé ? » L'homme haussa les épaules « Je n'en sais rien. Ce qui est sur, c'est que tu feras l'appât. Laisse moi réfléchir aux pièges possibles. Je te dirais quand tu pourras exécuter le plan. », « Le plan ? Ouais, faudra surtout que tu me l'explique avant. » Callum s'éloigna, longeant le sable, les pieds dans l'eau « Que craignent-elles... ? Qu'est ce qui pourrait les retenir... ? » L'Orisha avait le poil qui s'hérissait en repensant à l'interlocuteur. Un Sorcier, sauvage décérébré, blond et vieux... Mais pourtant, efficacement mortel et insidieux. Une belle somme d'argent sur parfaitement corrompre les deux partenaires, en particulier le démon. Dans les Sirènes à rattraper, il y en avait une qui était important. Peut être se montrerait-elle, peut être non ? Mais la description avait été faite consciencieusement, et Callum n'en avait omis aucun détails. Peut être serait-ce leur jour de chance et réussiraient-ils à la capturer ? La prime n'en serait donc que plus grosse...

« Kai ! Viens là. » Le Démon avait décidé de faire trempette. Vu que les Sirènes ne venaient pas, s'occupant au milieu des mers, il avait retiré son pantalon pour s'exercer à quelques moulinets avec les jambes. De son point de vue, il paraissait tel un sportif s'entrainant pour une compétition de pédalo, mais de celui de Callum, il passait simplement pour un sombre crétin s'ennuyant à mourir. Soupirant, l'Orisha croisa les bras, attendant qu'il se rhabille. Quelques minutes plus tard, il répondit enfin à l'appel « Je suis là ! Alors ? », « Il était temps. Bien, écoute moi. Tu devras voler jusqu'à leur emplacement, pour les provoquer et les ramener par ici. Ton but sera qu'elles te suivent. Sans qu'elles s'en aperçoivent, je les attendrais sur la place avec des chaines pour en faire les victimes des étaux. Une fois que tu seras à ce niveau, stoppe toi impérativement pour ne pas être prit dans les chaines à ton tour. Je ne ferai aucune distinction, d'accord ? », « Compris. Les Sirènes qui ne seront pas prises dans le piège, on en fait quoi ? », « Si nous en avons capturé assez, on les tue. Aucune ne doit survivre, pas après tout ce qu'elles nous ont fait subir. Une fois qu'on aura fait ça, le Sorcier viendra attester de la marchandise. Si ça lui va, il nous filera l'or. Et si ça ne lui convient pas, on l'assassine sans lui demander son reste. », « Ca me va, tant qu'on tue des gens... » Callum laissa le Démon partir.

L'Orisha évalua à peu près la zone et commença à poser son sort. Malheureusement, il n'avait pas assez de puissance pour le garder actif très longtemps. Il faudra donc qu'il soit en synchronisation parfaite avec Kai, lorsque celui-ci ramènerait les Sirènes, pour faire son sort au bon moment. Une fois qu'il sera fait et que les chaines seront matérielles, les dames de l'eau n'auront qu'à simplement plonger dedans, pour se rendre compte de combien elles sont lourdes et douloureuses. Une fois matérialisées, elles seront définitives. Seul Callum pourra décider de les rompre ou non.
Au loin, il observa le combat entre le jeune homme et les Sirènes. Et ça avait l'air d'être plutôt corsé...

« Hé les putes, ça vous dit une virée ? J'en crame deux pour le prix d'une ! Ah ! Si vous pouviez voir vos tronches de moules périmées ah ah ah ! » Les filles les plus impulsives hurlèrent, voulant sauter dans les airs pour lui attraper une jambe et l'emporter avec elle dans les tréfonds. Les premières, essayant alors ce coup de maitre, durent se résoudre à le regarder méchamment, sans pouvoir ne serait-ce qu'effleurer son pied. Kai s'éloigna vers la plage, et bien entendu, le banc de poissons panés le suivit à la trace, attendant le moment de le dévorer tout cru. Aucune ne parla, mais toutes avaient la broche d'or tant convoité.
Au loin, il voyait Callum, à côté des rochers, assez éloigné sur le sable de manière à ce qu'elles ne puissent l'atteindre. Sans regarder derrière lui, il vola pour arriver près de la rive, avant de s'arrêter juste avant la barrière ensorcelées. Deux Sirènes passèrent la ligne, avant que celles de derrière ne soient prises en étau.

Callum pesta, sortant son épée pour trancher le corps des deux poissons qui ne s'étaient pas encore transformés complètement. Ainsi, une ligne de cinq Sirènes fut capturée avec brio. Les autres n'étaient que de la chair à canon à défoncer au plus vite.
Kai s'approcha de lui, se posant à ses côtés « J'ai pas vu qu'il y en avait au moins une vingtaine... », « Peut importe, je vais essayer de refaire un mur de chaines pour les éviter de passer. Si on pouvait en capturer cinq de plus... », « Tu vises haut toi ! Cinq ? C'est énorme... Elles sont rapides, et coriaces. Regarde ! » Kai se battait, effilant de sa lame courbe les formes des dames s'étant enfin mises sur deux jambes. Elles étaient tellement laides... Comment les légendes pouvaient décemment dire que les filles des eaux étaient les plus belles femmes que le monde ait connu... ? Certainement pas. Kai les trouvait presque répugnante, et se disait que leur peau avait la même texture que l'algue mouillé. Seulement, il n'eut pas le temps de poursuivre sa réflexion plus longtemps. Trois Sirènes furent capturées. Bien... Avec ça, ils allaient rapidement en finir au final...

« Je pense que l'on a chopé celle qu'il fallait... », « Ah bon ? Elle était comment ? Blonde ? », « Rousse. Yeux verts, grande, avec un accent dans ses paroles. », « Elle a parlé ? », « Non, je te répète la description qu'il m'a donné. », « Essaye de la faire parler. », « Je m'en fous. Il se le verra et si ce n'est pas elle, tant pis. Je veux simplement ma prime, et qu'on se tire d'ici. », «  Comme on aura de l'argent, on pourra retourner à Pabamiel ! », «  J'crois pas non. Et puis je pensais que tu voulais te tirer de cette plage pourrave ? », « Ouais... mais Pabamiel c'pas pareil. Hé ! Pourquoi on n'y retournerait pas d'ailleurs ? », « Ferme là, ils arrivent. », « Déjà ? T'as un radar ? », « En quelque sorte. »

« Messieurs... Quel plaisir de vous voir. », « Hum. Voilà les filles. Elles ne sont pas abîmées. La rousse est celle que vous cherchiez ? » Le blond fit le tour des victimes complètements asséchées, et se dirigea vers une rousse. Un sourire sadique et merveilleux s'afficha sur son visage « Parfait ! Je vois que vous avez œuvré comme des chefs malgré votre incompétence visible. Je vous remercie. Voilà votre prime. », « Quoi ? », « Qu'allez vous en faire ? », « Ca, se sera au grand chef qu'il faudra demandé ! Nous ne le savons pas nous même voyez vous ! Formidable n'est ce pas ? », « Arrête toi. Prenons les et partons. », « Toujours aussi pressé. Bien je... », « Non ! Relâchez moi ! » La Sirène qui venait de s'exprimer avait, effectivement, un très fort accent « Raaah !!! » Elle se mit à hurler de rage, se secouant le plus possible. Callum et Kai ne réagirent pas. Non, ce fut le sorcier, blond, qui se dirigea vers elle, lui donnant un grand coup de pied élancé dans le visage, ce qui eu l'effet immédiat de l'anesthésier. Il remit correctement sa veste, s'époussetant en se raclant la gorge « Hum... Excusez moi, nous disions ? », « Qu'il était temps pour vous de partir. », « Ah... Oui, bien sur. Nous n'avons plus besoin de ces chaines. » Callum les rompit alors immédiatement, et elles s'évanouirent. Le Sorcier prononça un sort qui s'abattit sur chacune d'elle, pour les faire se taire et se calmer, sans les paralyser.


Callum s'assit sur un banc de pierre, à nouveau sur la terre ferme « On ferait mieux de rejoindre une grande ville. Tout à l'air de s'être enfin calmé, ne crois tu pas qu'il serait temps pour nous de partir d'ici ?  », « Et comment ! Cette plage me donne des boutons. Allez, allons nous en. Tu as une idée d'où aller exactement ? », « Utopia. », « Quoi ? Tu délires ? Je peux pas me voir les Humains, non non, hors de question que j'aille là bas. Avalon moi je dis. », « Des mal élevés ? Je préférai les humains. », « Je préfère me coltiner un peuple irascible et moche, qu'un peuple que j'ai envie de génocidé dès que j'en vois un membre de l'espèce. » L'Orisha haussa les épaules « Très bien, comme tu veux. », « Hein ? On y va... vraiment ? », « A moins que tu veuilles rester ici ? », « Non non carrément pas. » Le bronzé regarda suspicieusement le démon. Voulait-il partir oui ou non ?
Bien sur qu'il voulait bouger de là, mais il avait tellement l'habitude que ses idées soient refusées, tellement elles étaient aberrant, qu'il ne s'attendait pas à ce que Callum accepte d'emblée. Si le bronzé pensait que, du coup, ça en faisait une girouette, un mauvais partenaire de voyage, pour le coup c'était tout le contraire. Kai se montra alors a fier comme un paon d'avoir su dire quelque chose de pertinent et d'avoir plier le groupe à ses choix intransigeants. Bien entendu, l'autre ne l'entendait pas de cette oreille, se sentant bien moins concerné par l'orgueil de son binome. Et puis chez les déchus, il sera en plein dans son monde, trempant dans son péché au plus possible. Kai, bien qu'il soit allié à l'orgueil, le pratique intensément et avec vigueur. Quoi de mieux pour apprendre aux petits déchus comme savoir se vanter et être fier de tout ce qu'ils font ?
L'Orisha avait des souvenirs d'Avalon. Ils appartenaient à Cocoon, mais ils n'en étaient pas moins fiables. Il n'aimait pas cette ville, et avait tendance à prendre l'empathie de Cocoon sur certains points, tout comme celui ci. Il la verrait de ses yeux, et jugerait alors de tout cela.

« Bon, je vais me coucher. » Callum acquiesça, regardant le ciel à travers la fenêtre. Depuis qu'ils s'étaient arrêté dans ce bourg décharné où quelques habitants à peine restaient, l'Orisha n'avait pas dit un mot. Des souvenirs, visiblement pas à lui, remontaient à la surface sans qu'il ne puisse les arrêter ou endiguer le flots de données. Kai partit s'aliter, complètement épuisé.
Dans leur désir de se rendre à Avalon, ils avait traversé pas mal de villages détruits, avant d'en trouver un qui tenait encore un peu la route. Parfois ce n'était que des hameaux. Il n'y avait que quelques habitants, rien de merveilleux. L'auberge n'existait plus, et ils avaient investit une maison abandonnée.
Callum finit par se décider et sortit de là, laissant son partenaire ronfler. La nuit était tombée, il en était sur, et pourtant, ce ciel orageux, nuageux, strié de violet, ne le rassurait pas. Il se sentait las et, en même temps, n'avait pas envie d'aller se coucher.


S'éloignant alors de la route principale, il alla s'asseoir sur un rocher. Son mal de tête ne diminuait pas, et rien n'arrivait à le faire passer. Il frappa un caillou du pied, avant d'entendre une voix venant de derrière « M... Monsieur... ? » Callum se retourna. Le son était timide, fluet, comme gêné. Regardant alors la jeune fille du coin de l'oeil, il pivota complètement pour lui faire face. Sa voix rauque résonna dans la nuit sombre « Oui ? » Ses yeux vairons observaient les siens, miel cerclés de bleus. Ils étaient magnifique, à n'en pas douter. L'Orisha se leva complètement « Je... Hum... Je vous ai vu sortir de la maison du vieux Tom. Vous êtes un voyageur ? », « Tu es bien curieuse, petite. » Elle baissa la tête en mordillant sa lèvre inférieure « Désolé... Je ne voulais pas vous importuner... Pour être franche, je souhaiterai quitter ce village, mais je n'ai nulle part où aller, et personne n'est passé par ici depuis un moment... Alors je suis venue vers vous... Excusez moi pour ma maladresse... » Un sourire mauvais et rempli d'arrière pensées, nacquit sur le visage du bronzé. Il croisa les bras, satisfait de ce qu'il voyait devant lui. De manière brutale il dit « Quel âge as-tu ? », « Vingt cinq ans, monsieur ! » Callum s'approcha d'elle. Ses muscles roulèrent sous sa peau, démontrant ainsi à son opposante sa morphologie. De sa grand taille, faisant bien cinquante centimètres de plus qu'elle, il s'imposa, la regardant sévèrement « Et tu pense que je vais prendre avec moi une petite menteuse ? Pour la dernière fois : Tu as quel âge ? » Elle trembla, apeurée comme jamais. Sa voix n'arrivait pas à sortir de sa gorge, et elle ne réussi à balbutier que quelques mots « Je... Pa... Pardon... Pardon monsieur... Je... » Il insista, ne la lâchant pas du regard. L'eau emplissait les yeux de la fillette qui dit, démunie « J'ai... seize ans. », « Je préfère. Et que comptes-tu m'apporter ? », « Vous... Apporter ? » Son visage, empli de larmes de peur, devint naïf et crédule, ne comprenant pas la question. Elle cligna de ses grands yeux, observant les siens bicolores. Alors elle osa, s'approchant un peu plus, se brisant la nuque pour le regarder « V... Vos yeux... Ils sont magnifiques... » murmura-t-elle, conquise. Callum haussa un sourcil, et cela fit revenir la jeune fille à ses premières pensées « Je... Je sais faire la cuisine, je sais tenir un intérieur... », « Tu sais te battre ? », « Non. », « Tu sais t'aventurer en territoire dangereux ? », « Non... », « Tu sais voler des biens ? », « N... Non... », « Tu sais charmer les gens ? », « Non plus... », « Alors tu m'es inutile. Je n'ai aucune raison de te prendre avec moi. Des tâches de bonne femme, je n'en ai pas besoin. », « Attendez ! » Callum s'était décalé d'elle pour partir. Désespérée, elle attrapa sa chemise, serrant de ses petits poings le tissu noir « Je... Je vous en prie... Apprenez moi. Que voulez vous ? Je ferai ce que vous voudrez mais... Ne me laissez pas, s'il vous plait... Monsieur... » Elle était si douce et si mignonne, comment pouvait-il résister devant les petites filles en son genre. Se penchant vers elle, il laissa son visage à quelques centimètres du sien. Déséquilibrée, et tremblante de peur, elle s'accrocha à son cou et ses épaules « Tu vas apprendre à voler... A voler pour moi. » Elle acquiesça, se mordillant la lèvre, s'enivrant de son odeur masculine.