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 La diseuse de bonne aventure [solo]

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Dim 30 Aoû 2015, 00:29

La diseuse de bonne aventure [solo] Sans_t10

« ...Je peux savoir comment tu t'es débrouillé pour finir comme ça ? » Jiang-Li fronça les sourcils et regarda d'un air dédaigneux son camarade de fortune. S'il prenait plaisir à soigner les maux, il était tout à fait consterné par la stupidité dont pouvait faire preuve certaines personnes pour réussir à se faire mal de façon aussi misérable. Baissant les yeux, Devaraj observa silencieusement son bras cassé et haussa les épaules de façon très désinvolte avant de remonter les yeux en souriant faiblement. « On s'en fiche. Soigne-moi, c'est tout. T'es bien capable de faire ça non ? » Il avait l'impression d'être considéré comme le pire abruti de la planète. Pourtant il n'avait pas rien fait de mal, à par essayer vaguement de survivre. « Bien sûr que je suis capable de faire ça. Je ne suis pas autant inutile que toi, n'est-ce-pas ? » articula alors l'intéressé en appuyant brusquement sur le bras enflé du chaman, un sourire goguenard aux lèvres. Devaraj étouffa un grognement de douleur et leva les yeux au ciel, las d'avoir à supporter les fantaisies de son compagnon. « Oui. Bon… Je l'avoue que j'ai un peu merdé sur le coup. J'aurais peut-être du m'abstenir de provoquer un combat contre ce monstre juste parce qu'il m'empêchait d'aller visiter une crypte. » s'excusa-t-il en faisant la moue. Sans savoir pourquoi, il ressentait l'éternel besoin de se justifier en face de cet homme. Il n'était pas de nature à être autant agacé, et pourtant il l'était constamment en sa présence. Fronçant les sourcils, le chaman continua alors d'argumenter.
« - N'empêche que je m'en suis bien sorti. Ulrick m'a juste 'éraflé' le bras. Si je n'étais pas ensuite tombé de cet arbre je - 
- Si tu n'étais pas monté sur cet arbre pour commencer… Tu te prends pour un singe c'est ça ? » le coupa Jiang-Li, accompagnant ses paroles d'un rire moqueur. « Je viendrais pas pleurer pour toi  si ta curiosité t'emporte dans la tombe tu sais... » crut-il bon de rajouter en se penchant vers le chaman, l'observant longuement de ses pupilles ambrées. Le bélua était heureux. Bien sûr il n'en montrait rien sur sa face extérieure, mais il venait de trouver un spécimen des plus intéressants. Un spécimen dont il voyait déjà les grains de folie parsemés dans son esprit, et qu'il avait sincèrement envie de voir évoluer. Un spécimen qui pour l'instant était facilement manipulable et surtout, hautement divertissant. Oui, Devaraj Saälm deviendrait -s'il ne l'était pas déjà- son sujet d'expérience favori. Il avait senti cette affinité dès la première fois qu'il avait vu apparaître le chaman devant lui, et ses pressentiments ne le trompaient jamais.

« Je… Qu'est ce ça peut te faire au final... » Devaraj se sentit soudainement malheureux qu'on lui tienne tête et fasse la morale alors qu'il ne demandait pas grand-chose et qu'il avait un mal de chien. Ne comprenant pas pourquoi il avait droit à autant de reproches, il baissa la tête en étouffant un soupir de lassitude. « Fais pas cette tête-là voyons… Je vais te le soigner ton bras. » s'amusa Jiang-Li, qui attendait précisément cette réaction-là. Il caressa lentement les longs cheveux du chaman d'un geste presque tendre et s'accorda enfin à alléger sa douleur.

Les deux compères s'étaient installés dans une grange en ruines totalement miteuse, à l'orée de l'Antre des damnés. S'étant séparés à la sortie du Phare abandonné car le bélua avait eut besoin de régler quelques affaires pendant que Devaraj avait quand à lui voulu s'aventurer dans les Ruines, ils ne s'étaient retrouvés qu'un mois plus tard, au point de rendez-vous qu'était ce vieux bâtiment. La marche du retour avait été harassante pour le chaman qui n'avait trouvé ni repos, ni soulagement dans le martyr que lui infligeait son os cassé. Connaissant les capacités de soin de Jiang-Li, il n'avait pas voulu aller chercher un médecin ailleurs et s'était difficilement traîné jusque-ici en supportant la torture. C'était une sombre erreur quand il y repensa, une décision débile qui ne lui apportait que souffrance et inutiles moqueries. Il regarda d'un air absent Jiang-Li lui confectionner une attelle de fortune, ignorant le mal de tête qui lui cognait le crâne, puis ferma les yeux, les paupières lourdes de sommeil et d'anéantissement.

Jiang-Li esquissa un sourire mielleux et contempla avec douceur la forme endormie du chaman. La souffrance, l'agacement, la colère… Il y avait encore tant d'autres sentiments à découvrir sur le visage de Devaraj. Il voulait y observer la peine, l'horreur, la peur, la joie. Il voulait scruter ses traits se déformer sous l'emprise de la haine profonde, voir ses yeux supplier une aide inespérée devant l'impuissance. Il voulait regarder ce qu'il deviendrait en proie à un amour fou,  une passion qui le dévorerait entièrement. Ses canines blanches brillèrent lentement sous les rayons lunaires. Il avait trouvé une proie. Une proie qui serait capable de l'occuper pendant de longues années.

C'est sans étonnement que le chaman se réveilla la bouche pâteuse, la tête lourde et les membres courbaturés. Son bras le brûlait jusqu'à l'épaule, l'empêchant constamment de bouger comme il le voulait, et il savait qu'il en sera ainsi pendant longtemps encore. Mais il était le seul à blâmer pour son martyr… Lui, sa curiosité et sa prudence inexistante. Voilà pourquoi il ne s'en plaindra pas. Il avala un morceau de pain trempé dans un liquide chaud qu'avait préparé Jiang-Li, et tenta de se consoler tant bien que mal en pensant qu'il allait bientôt pouvoir contempler à nouveau les merveilleux paysages de l'Antre tout en se baladant paisiblement.

Pourtant la nature ne semblait pas aussi déterminée que lui à lui faire passer une journée sans encombres. A peine avaient-ils passés les premiers rochers escarpés qu'une voix nasillarde les interrompit. « Bien le bonjour chers voyageurs. Puis-je me permettre de lire dans votre avenir ? Cela ne vous coûtera que quelques minutes d'attention envers la pauvre diseuse de bonne aventure que je suis... » Haussant un sourcils, Devaraj dévisagea la vieille mégère de haut en bas et Jiang-Li ne se priva pas pour en faire de même. Sortie du brouillard comme si elle en faisait partie, on pouvait tout à fait l'apparenter à un fantôme coloré, une espèce d'apparition sordide et porteuse de funestes nouvelles. En effet, habillée de haillons, les yeux cernés et la peau salie, elle n'avait rien d'avenant. Ne se préoccupant peu de l'examen dont elle était victime, celle qui se disait devin sortit de sa manche déchirée une boule de cristal bleu, polie par le temps. Aussitôt elle agita ses doigts cornus et difformes autour de l'objet magique et commença sans attendre à psalmodier des incantations. « Je vois… Je vois cataclysmes et tempêtes. Prenez garde Messieurs, car la mauvaise fortune est à vos trousses, et qu'elle vous rattrapera quoique vous fassiez ! Un maléfice sordide qui s'abattra sur vos têtes, fatal et cruel ! » Elle agrémentait chacun de ses mots avec de grands gestes théâtraux doublé d'une voix d'outre-tombe, son regard vitreux scrutant avec attention le cristal bleuâtre. Son intervention se termina aussi brusquement qu'elle avait commencé. Relevant alors la tête et plantant son regard sur les deux voyageurs, elle esquissa un sourire mauvais qui dévoila des dents jaunies et abîmées. « Les malheurs ont toujours une source. Vous serez désormais prévenus. » Sur cette inquiétante prophétie, elle disparut, les laissant seul au milieu de la froide brume.

« … Je savais pas qu'il y avait des clowns par ici.» finit par lâcher Jiang-Li après un long moment de silence consterné. Devaraj ne répondit rien. Cette drôle d'intervention ne le faisait pour une fois que maigrement rire. La douleur quotidienne le rendant acerbe et rapidement agacé, il n'avait guère apprécié cette petite blague. En temps normal, il lui aurait ri au nez tant cela semblait ridicule, et il l'aurait suivit par curiosité pour savoir d'où sortait cette sorcière. Mais la fatigue l'avait trop éreinté pour que cela l'amuse. Il ne souhaitait que passer une bonne journée, faire une longue pause où il pourrait se ressourcer et trouver quelques minutes de repos. Il baissa donc les épaules en soupirant longuement, et tourna les talons, à la recherche de son répit.

L'atmosphère sulfureuse qui se dégageait des alentours lui redonna enfin un semblant de bonne humeur, une illusion de quiétude. Il s'y sentait bien. Il s'était toujours sentit bien ici, la première fois comme toutes les autres. La morosité du lieu l'attirant tout autant que son étrangeté, ses brumes mystérieuses, ses roches escarpés et tous les dangers qui pouvaient s'y tapir. C'était comme s'il pouvait lui aussi se fondre dans le brouillard et disparaître dans le décor, avec ses habits ternis, son air rembruni, et le spectre qui le suivait constamment. Ici, il  faisait froid, tout y était macabre et fantomatique. Une découverte pour Jiang-Li, qui ne s'en préoccupait pas vraiment puisqu'il était beaucoup plus occupé à admirer l'effet que les paysages faisaient au chaman plutôt que le panorama en lui-même. La lente apparition des goûts plutôt atypiques de Devaraj l'amusant plus que tout autre chose. Il en avait déjà oublié la miteuse prophétesse et tout son misérable discours.  

Pourtant, ce qui semblait être le destin s'acharna bientôt à le lui rappeler et ce plutôt brusquement. Alors qu'ils s'étaient tranquillement assis contre une parois à l'abri du vent pour que le chaman reprenne des forces et qu'il vérifie que sa blessure ne dégénère pas, un lourd grondement ce fit entendre. D'abord imperceptible et insignifiant, il le devint bien plus quand les premières petites pierres roulèrent à leurs pieds. Un éboulement de terrain d'apparence tout à fait hasardeuse, auquel ils n'échappèrent que grâce à la présence d'esprit de Cendres et de Khaal qui eurent le réflexe de lancer des grognements pour l'un et avertissements pour l'autre. Se poussant hâtivement, ils regardèrent sans savoir quoi penser l'amas de pierres s'abattre là où ils se tenaient quelques instants avant. Un dangereux accident qui aurait pu se révélé mortel mais qui en soit n'avait rien d'étonnant vu les lieux. Mais il ne suffit que de quelques infimes graines pour semer un champ entier d'indécision. Et le doute rampait silencieusement mais sûrement dans leurs esprits…  


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Lun 31 Aoû 2015, 00:15

La diseuse de bonne aventure [solo] Sans_t10

Une coïncidence comme une autre. Voilà tout ce que c'était. Une petite pierre avait du se détacher et en entraîner d'autres dans sa chute. Cela n'avait absolument rien à voir avec les prophéties minables que leur avait déblatéré la vieille. Devaraj fixa l'amoncellement de cailloux à ses pieds d'un regard morne. Qu'est ce qu'il lui prenait de devenir aussi craintif envers le hasard ? Vivre au petit bonheur la chance ne lui avait rien fait de mal jusqu'à présent, et ne pas se préoccuper de ce qui pourrait lui arriver était le meilleur moyen de satisfaire sa curiosité. Il se mordit la lèvre et regarda autour de lui.  

Il allait marcher quelques instants vers la mer enragée, regarder les vagues se briser contre la roche, et tout ira mieux. Il allait ignorer le tambour qui lui martelait le crâne et la sulfureuse brûlure qui remontait lentement de son bras. Passant sa langue sur ses lèvres sèches, il fronça les sourcils et croisa le regard de Jiang-Li. « J'ai de la m*rde sur la tête ou quoi ? Pourquoi tu me fixes comme ça ? » L'intéressé ne se départit pas de son éternel sourire narquois et haussa les épaules d'un geste vague. « Je vois pas pourquoi je devrais te dire mes raisons. La maladie te rends agressif dis-moi...»  Consterné, le chaman regarda sans les voir les formes biscornues qui perçaient le brouillard devant eux. Il ne savait pas ce qu'il pouvait bien se passer dans la tête de cet abruti, mais il supportait mal l'idée qu'il ne dévoile jamais le fond de sa pensée. Il n'avait accepté de devenir compagnon de route avec Jiang-Li que parce-qu'il avait cédé à la provocation de ce dernier, et maintenant qu'il pouvait prendre un peu de recul, il se rendait compte qu'il s'était fait mener par le bout du nez de A à Z. Réfléchir aux plans douteux que l'autre pouvait bien être en train de monter dans l'ombre ne fit qu'agrandir son mal de tête. Abordant une tête des plus affligée, il tourna les talons et continua son chemin.

Le Lynx quand à lui se contenta de suivre les pas du chaman, épiant les moindres réactions de sa proie. « Une fois qu'on aura traversé l'Antre on rejoint la vi- » Son intervention qui n'avait pour une fois que pour simple but de se renseigner sur l’achèvement de leur voyage se vit brutalement interrompue  par un lourd grognement de la part de Cendres. L'énorme félin qui était pourtant autant calme que discret quelques secondes avant, ne montrait désormais que colère, dévoilant ses crocs pointus et hérissant son poil. A cet avertissement instinctif, Jiang-Li sentit un frisson indescriptible lui parcourir le dos. Avant même qu'il ne réussisse à se contrôler, il sentait déjà ses gorges vocables étouffer un grondement, l'approche du danger réveillant l'animal qui dormait en lui. Mais ce fut Cendres qui explosa le premier.  Tout ce passa très vite. Le félin bondit en direction de Devaraj, et se retrouva aux prises avec une autre bête qui avait apparemment prévu de faire du chaman son repas pour le jour. Le combat se termina aussi vite qu'il avait commencé. C'est à dire, dans un bain de sang, Cendres ayant directement déchiqueté la trachée du monstre. Aussi sinistre que ce dernier était, la différence de taille avait très vite fait pencher la balance vers le lion. Mais qu'en était-il si d'autres venaient et se jetaient sur eux de la même façon ? Malgré toute sa vaillance, quelles chances aurait le lion contre dix de plus ? Car oui celui-ci n'était qu'un éclaireur, et l'odeur de son sang n'allait qu'attirer encore plus ses anciens congénères. Jiang-Li le savait. Peut-être que plongé dans la brume, il n'avait pas le loisir de les voir, mais il les sentait. Ils étaient-là, dans l'ombre, passant d'un rocher à l'autre. Il suffisait d'entendre leurs respirations éraillées pour laisser libre court à l'imagination et visualiser leurs yeux rouges sangs avide de chair. Fraîche ou morte ne faisait pas de différence, tant que c'était nourrissant.

« On ferrait mieux de s'éloigner du cadavre, et d'aller dans un endroit plus dégagé pour mieux voir où on met les pieds. Elles sont bien charmantes ses bêbêtes mais j'ai pas envie de finir dans la gueule d'un charognard. » finit par lâcher Devaraj tout en faisant quelques pas de côté pour éviter la carcasse encore chaude. Le museau rougie par le sang, Cendres était intenable. Il orientait ses oreilles de droite à gauche tout en faisant claquer sa queue dans l'air. Un courroux que Jiang-Li ressentait lui-aussi sans le vouloir, comme si son corps répondait de lui-même à la rage de l'esprit félin. L'animal finit par hurler un long et colérique rugissement d'avertissement. Un son qui fit trembler le bélua de la tête au pied.

Ils leurs fallu courir tout en évitant de se briser le cou dans les cavités du sol, et ce, pendant une bonne demie-heure, avant que la tension redescende d'un cran. Arrivant dans une plaine morte où le brouillard s'était levé pour laisser place à un paysage des plus moroses, ils se permirent alors de ralentir, troquant la course contre une marche rapide. Une pause pour leurs corps qui permit alors involontairement à leurs cerveaux de réfléchir. Il n'y avait pas de raisons spéciales pour croiser des meutes de monstres dans l'Antre des Damnés. Aucune. C'était quelque chose de commun voir presque normal. Et pourtant leurs inconscient cherchait déjà les diverses causes possibles, reliant les accidents entre eux tel une araignée qui construit son fil. Aucun des deux ne voulait y penser, ni l'avouer, et encore moins le dire à voix haute, mais c'était déjà trop tard pour ignorer ce malaise qui s'insinuait entre eux. Deux coïncidences, voilà qui commençait à faire beaucoup et qui alimentait avec succès les soupçons cachés.

Cendres se calma alors complètement au bout d'une heure de marche et tout redevint en apparence à la normale. Tout, sauf un petit morceau de leurs esprits qui n'arrivait toujours pas à trouver le repos. Brisant le silence qui s'était installé depuis longtemps dans la petite troupe, Jiang-Li soupira enfin : «Dev, on devrait faire une... pause... ?» Un conseil que son interlocuteur n'entendit jamais, puisque ce dernier s'écroula par terre aux pieds du Bélua avant même que celui-ci ne finisse sa phrase. Totalement atterré, Jiang-Li baissa les yeux pour scruter le corps inanimé de son compagnon. « Dev ? » Étouffant un soupir devant l'inutilité et la faiblesse du chaman, il se baissa pour retourner son corps et passer sa main sur son visage blafard. « T'es brûlant de fièvre tu sais... » murmura-t-il alors dans le vide, laissant Cendres lécher inutilement les joues de son maître. Comme le chaman marchait la plupart du temps devant, il n'avait pas remarqué que ce dernier s'affaiblissait au fur et à mesure. Leur dernière course avait du l'achever. Se relevant en portant les affaires du blessé et le soulever par la taille, il laissa un sourire malsain déformer son visage. Quoiqu'il fasse, il ne pouvait s'empêcher de penser que le chaman était maintenant totalement entre ses mains, et qu'il pourrait en faire tout ce qu'il voulait. Il ronronna, passa sa langue sur ses lèvres, et traîna le corps avec le plus de délicatesse possible jusqu'à une cavité rocheuse qui se dressait sinistrement non loin de là. Ce serait cependant trop facile de céder à la tentation de cette façon-là. Il ne s'en sentirait aucunement satisfait. Où se trouve le plaisir de la chasse si la proie vous tombe dans la gueule ?

« Vous ne vous en sortirez jamais vivants hahahaHAHAHAHAHA !! » Le cerbère à trois-têtes représentant la vieille sorcière, en utilisa une pour lui mordre cruellement le bras, ce qui lui arracha un hurlement de douleur. Dans le brouillard de torture qui lui voilait les yeux, il sentait ses membres écrasés par des pierres, ses os se broyant un à un. Mais le pire restait son bras. Il ressentait parfaitement la mâchoire du monstre mâchouiller sa peau et broyer les quelques résistances que les os et les nerfs pouvaient représenter. Alors qu'il hoqueta une dernière fois de douleur, sentant son esprit sombrer, la dernière chose qu'il vit fut son bras arraché et pendant dans la gueule du cerbère.

« Devaraj ! » Se réveillant en criant, le chaman revint brutalement à la réalité. « Mon… Mon bras ! » Par chance, son bras était toujours là, bien qu'il puisse jurer de pouvoir encore sentir les crocs s'enfoncer à travers la chair. « Calme toi. Ce n'était qu'un cauchemar. » Exact. Ce n'était qu'un cauchemar. En sueur et frissonnant, il sentit un spasme d'ecoeurement le traverser. Relevant alors ses yeux avec peine, le chaman contempla en grinçant le regard mielleux et l'air faussement rassurant de Jiang-Li. Il pouvait clairement distinguer la lueur d'amusement qui brillait réellement dans ses yeux. « C'est pas drôle… Je... » Le bélua l'interrompit alors et passa un tissu mouillé sur le front du chaman, l'intimant à se taire. « Tu t'es évanoui. Remercie-moi d'avoir eu la générosité de veiller sur toi. » répondit-il simplement en essuyant sa sueur, lui faisant ensuite boire de l'eau fraîche. Il eut un très vague instant de compassion en voyant l'état de semi-conscience dans lequel était plongé le chaman et abandonna très vite ce sentiment pour quelque chose de plus profiteur, comme par exemple, admirer les ravages que la fièvre faisait subir à son compagnon. « C'est la faute à l'autre vieille carcasse je suis sûr... » finit par murmurer Devaraj d'une voix pâteuse. Il peinait encore à discerner ce qu'il s'était réellement passé de ce qu'il avait halluciné. Mais son délire fiévreux ne laissait plus aucune limite à l'imagination et tracer un lien entre quelques événements un peu trop coïncidents n'était pas très difficile. « Repose toi au lieu de divaguer inutilement. » répliqua son compagnon en fronçant les sourcils. Il devait néanmoins avouer qu'il était finalement d'accord avec le chaman. L'autre prophétesse ne les avait pas abordé pour rien. Gardant ses réflexions pour lui, il rajouta : « Je suis étudiant en médecine. Pas magicien. Si tu fais tout pour te crever je vais pas te retenir. » Bien que ce soit extrêmement dommage de perdre une telle source de divertissement...Mais ça, il le garda pour ses pensées.

La main du chaman s'accrocha néanmoins à son bras, plantant ses ongles dans la peau. Il avait l'air fou à lier avec son air hagard et son visage spectral. « Ecoute-moi espèce d'arriéré. Je… J'en ai rien à faire de savoir ce qui peut encore nous arriver. Mais je suis déjà sûr qu'elle est dans l'coup. Et on va lui faire payer à la gueuse. Elle...elle m'a bouffé mon bras ! Si je crève à cause d'elle je reviendrais de l'enfer pour lui arracher ses os à elle aussi ! »  s'excita-t-il en s'interrompant juste le temps d'étouffer un grognement de douleur. Sur ce magnifique discours, il ressombra aussitôt dans les bras de Morphée, pour un sommeil plus calme que le premier cette-fois-ci.
« … J'ai comprit.» soupira Jiang-Li en couvrant le corps du chaman d'une couverture. Après quelques heures de sommeil au chaud, ce dernier devrait aller mieux, assez pour pouvoir le traîner hors d'ici et l'emmener voir un vrai médecin sans qu'il ne lui clamse entre les doigts entre-temps. Il ordonna à Cendres de se coucher à côté et sortit de leur abris tout en s'étirant.

«Dors bien mon gars... En attendant, je vais t'apporter sa tête si ça peut te calmer... » Il sourit de toutes ses dents. Et il disparu dans les profondeurs de la brume.  


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Jeu 10 Sep 2015, 22:03

La diseuse de bonne aventure [solo] Sans_t10


Le léger tissu recouvrant partiellement son corps n'offrait littéralement aucune protection contre le froid qui s'insinuait dans la brume. Frissonnant, Jiang-Li inspira une longue bouffée d'air qui lui glaça les poumons. Il sera les dents et observant longuement les alentours. De tout ce qu'il pourrait se passer maintenant et de ce qu'il pourrait en faire, il n'était certain que d'une seule chose : il serait stupide et inutile de vouloir retourner à leur point de départ pour repartir sur les traces de la sorcière. C'était beaucoup trop loin, et revenir sur leurs pas voudrait dire recroiser les monstres qui les avaient attaqué. Ayant peu envie de se faire croquer une jambe, le bélua était de plus guidé par une intuition qui se faisait de plus en plus forte au fur et à mesure qu'il réalisait ce qu'il se tramait. En effet, à quoi bon s'éloigner pour chercher le diable si ce dernier se trouvait juste derrière vous ?  Il était persuadé que sa cible n'était pas loin et qu'elle les avait suivi. Qu'est-ce-qu'elle aurait gagné à aborder deux étrangers pour les prévenir d'un vague malheur, dans un endroit pareil, si ce n'était pour provoquer un malaise et regarder sa proie sombrer dans l'inquiétude ?

Des oiseaux tout aussi sinistre que le décor dans lequel ils étaient encrés chantaient d'une voix morose et criarde, déchirant le silence. A première vue, il n'y avait pas âme qui vive. Seulement, cette fausse illusion pouvait cacher bien des choses qui rodaient dans l'ombre, attendant leur heure. Le bélua s'éloigna du renfoncement dans lequel ils s'étaient réfugiés. Ses pas le guidèrent vers une petite colline rocailleuse, une cinquantaine de mètres plus loin. L'endroit était escarpé, recouvert de pitons rocheux briseurs de cou. La végétation s'y faisait mourante, l'herbe jaunie peinant à survivre contre la pierre glacée.

« Vous cherchez quelque chose peut-être ? » La sorcière. Il n'eut pas besoin de se retourner pour savoir qu'elle était là, juste derrière lui, et si elle avait cru le surprendre, elle se trompait lourdement. Son visage s'illumina d'un sourire vide de sympathie. « Plus maintenant. »  répondit-il froidement tout en se tournant vers elle pour la dévisager de haut en pas. Trop obnubilé par le chaman, il ne lui avait prêté que le minimum d'attention lors de leur première rencontre. Mais il pouvait maintenant se rendre compte à souhait de la laideur de cette créature. Ne cherchant aucunement à cacher son dégoût, il esquissa une moue méprisante, gardant toutefois une lueur d'amusement dans le fond de ses pupilles. Il se demandait bien quel genre d'âme pouvait se dissimuler derrière ce sourire dévoilant des dents jaunies, ces rides fripés et cette peau osseuse et flasque. Était-ce d'ailleurs sa réelle apparence ? Elle avait l'air bien trop frêle et folle pour avoir l'intelligence et la force d'esprit nécessaires pour piéger des gens. Pourtant il ressentait une dangereuse aura qui émanait de ce corps tremblant et brisé par l'âge.. Une aura spécifique à certains êtres et qui ne lui était que trop familière pour la simple raison qu'il en était un lui aussi. Un chasseur.  Il pouvait presque palper sa soif de sang, et se demanda d'ailleurs pourquoi il ne l'avait pas remarqué dès le début.
« Je vois que vous avez perdu ton compagnon de voyage... » s'autorisa-t-elle à dire d'un air faussement désolé. Jiang-Li fronça les sourcils. Qui qu'elle soit sous ses véritables apparences, il n'allait pas lui laisser sa proie. Devaraj était à lui et à à lui seulement. « Je vous conseillerais d'aller trouver d'autres passants. Celui-là ne vaut pas grand-chose. » lâcha-t-il après un long moment de confrontation mutuelle. Si une légère lueur de surprise brillant dans les yeux vitreux de la sorcière indiqua qu'elle avait bien comprit le message sous-jacent, elle ne sembla pas pour autant y prêter attention. « Vous avez raison. Il ne lui reste pas beaucoup à vivre. Le mauvais sort est sur lui, rappelez-vous. » susurra-t-elle, voyant clair dans les intentions du bélua. « Une simple fièvre peut causer la mort chez les plus faibles après tout... » crut-elle bon de rajouter. Serrant les dents, Jiang-Li retroussa les lèvres pour montrer ses canines, mais ne répondit rien. « C'est de votre faute.  L'éboulement, et les monstres.» cracha-t-il enfin d'un ton grondant. Sans ça, peut-être que Devaraj n'aurait pas eut à courir et qu'ils auraient pu atteindre les premiers villages à la bordure de l'Antre pour qu'il se fasse soigner. En réalité, il aurait du forcer le chaman à retrousser chemin vers des régions plus peuplées… Seulement, ce dernier avait absolument tenu à passer par là et le bélua ne s'était pas tout de suite rendu compte de la gravité de son état.
La sorcière lui donna son plus horrible sourire en guise de réponse, ce qui ne fit qu’aggraver son profond agacement. Surtout qu'il voyait petit à petit où elle venait en venir avec toutes ses provocations. Il avait crut avoir une longueur d'avance sur elle, mais c'était actuellement plutôt le contraire. Elle savait parfaitement qu'il ne laisserait pas le chaman tomber, que c'était pour cela qu'il était ici. Une constatation qui lui fit mal au cœur et qui le répugna au plus haut point. Cependant, il n'avait plus le choix. C'était trop tard pour essayer de réparer ses erreurs d'inattention, il se devait 'assumer la situation et surtout, de faire en sorte que cela ne se reproduise plus.

« Combien ? » lança-t-il alors, gardant sa rancœur pour lui-même. Montrer qu'il était irrité ne ferait qu'agrandir le plaisir de cette sorcière. « Je vous demande pardon ? » prononça-t-elle alors d'un ton presque innocent, qui dévoilait néanmoins qu'elle ne faisait que jouer avec les mots et qu'elle avait parfaitement comprit la question de Jiang-Li. « Vous faites semblant d'être débile en plus de prendre une apparence infecte ? » Impuissant, Jiang-Li se fit violence pour rester calme et rajouta avec un faux-sourire. « Je vous demande combien je dois donner pour que vous m'aidiez à l’amener jusqu'au prochain village.» Oui, il devait avouer que c'était la seule solution qui lui venait à l'esprit et que c'était très certainement exactement ce qu'attendait l'autre. Mais s'il avait perdu cette partie, il se promit que cela n'arrivera plus jamais.

Un rire mesquin sortit de la bouche de son interlocutrice, dont les contours se brouillèrent alors pour laisser place à quelque chose de beaucoup plus réaliste. Un corps aguichant qui collait beaucoup plus à l'âme maline qui le dirigeait. « Je m'appelle Tina. » déclara-t-elle alors d'une voix séduisante, s'avançant brusquement vers Jiang-Li pour se coller à lui. «A vrai dire, je vous trouve très amusant...  Ce pourquoi je vais vous aider et garder en mémoire votre dette. Ce n'était pas ce que j'avais prévu à la base, mais vous avez réussi à me surprendre... un tout petit peu. Voyez cela comme une récompense. Vous me payerez en temps voulu.» déclara-t-elle, les yeux brillants de concupiscence. Un gage qui allait peser sur sa tête et dont les modalités dépendaient fortement des volontés malfaisantes de cette créature... Voilà qui déplaisait fortement au bélua, qui se retrouva malheureusement forcé d'accepter. Il préférait s'incliner temporairement plutôt que d'abandonner le chaman à quelqu'un d'autre. « Dépêche-toi donc mon beau chasseur… Sinon c'est la faucheuse qui va venir te voler ta proie cette-fois. » lui sussura-t-elle enfin à l'oreille en le poussant doucement vers l'avant. Et ce n'est que là que Jiang-Li comprit que c'était à lui qu'en en voulait depuis le début, et pas à Devaraj.



Le chaman se trouvait dans une pièce totalement noire. Il avait beau ouvrir et fermer ses yeux, cela ne changeait absolument rien. Mais il avait fait le tour et touché tous les murs. C'était bel et bien une pièce, sans aucune porte, ni fenêtre. Son bras était libre, mais il avait l'impression q'un énorme boulet invisible y était attaché et bouger devenait une entreprise hautement douloureuse et fastidieuse… Il s'était donc roulé en boule, attendant. Attendant… atte-
Une énorme langue rapue lui lécha le visage et il entendit le grognement caractéristique de Cendres. Seulement, celui-ci s'éloigna très vite de sa conscience. Quand il rouvrit à nouveau les yeux, il faisait clair cette fois-ci. Un réflexe immuable le força à regarder son bras gauche et ses yeux s’écarquillèrent d'horreur. Il sentait encore sa main, ses doigts, ses muscles, et surtout la douleur, et pourtant, il n'avait plus de bras gauche. A la place ne restait plus qu'un moignon sanglant et des lambeaux de chair arrachés. «Les malheurs ont toujours une source.. source...source... » une voix rocailleuse résonnait d'une façon cauchemardesque autour de lui, et des mêmes visages défilaient sans cesse sous ses yeux. Celui de la prophétesse revenait le plus souvent, hilare et déformé par la méchanceté. Mais parfois, il apercevait un visage plus sombre,  une face dont il n'arrivait pas discerner tous les traits, mais qui semblait encore plus effrayante que la pauvre mégère.  Il n'arrivait plus à bouger, ni à fermer les yeux, ni à détacher son regard de ces visages, qui s'affichaient sur les murs pour disparaître quelques secondes après, avant de revenir, ramenant avec eux leur dose d'horreur. «  Un maléfice sordide… sordide… ahahaHAHAHAHAHA »

Se réveillant en sueur, Devaraj sursauta et regarda précipitamment sur son côté gauche. Sa vision était floue, mais la douleur était bien là, et son bras aussi, pour son plus grand bonheur quelque part… Étouffant un énorme soupir, il passa une main tremblante sur son front brûlant et tenta de se relever un peu. A travers la brume de souffrance, il reconnu les yeux désolés de Cendres et esquissa un faible sourire. Voir la bouille du lion fut un baume sur sa blessure… Cependant, il semblait manquer quelque chose. Quelque chose d'important, même s'il n'arrivait pas à en redéfinir les formes exactes. « Jiang-Li ? » finit-il par prononcer presque inconsciemment, d'une voix pâteuse qui lui brûla la gorge. Son cerveau n'était plus capable ni de se souvenir de ce qu'il s'était passé, ni de réfléchir aux possibles éventualités. Il n'était même pas sûr d'être dans la réalité ou dans le délire. N'obtenant aucune réponse, il sentit un frisson glacial lui parcourir l'échine, et une froide panique incompréhensible l'envahit.  « Jian- ... » Épuisé, il s'évanouit brusquement.

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Dim 13 Sep 2015, 17:32

La diseuse de bonne aventure [solo] Sans_t10


Enfermé dans une cage noire et ayant perdu toute notion du temps, Devaraj avait fini par abandonner toute notion d'espoir, lors-qu’enfin il crût apercevoir une lumière, quelque chose qui pourrait peut-être lui permettre de se raccrocher à la réalité. Alors il s'y accrocha désespérément. « Hgm... » Sa bouche semblant refuser de produire un son plus significatif, il tenta alors d'ouvrir ses yeux. D'abord ébloui par une lueur douloureusement blanche, il commença quelques minutes après à distinguer autour de lui quelques formes et tons de couleurs, ainsi qu'une douce sensation de chaleur qu'il identifia comme être la couverture d'un lit. Une lumière douce et orangée réchauffait l’atmosphère et il s'y sentait étrangement bien. Cela contrastait tant avec le martyr sulfureux dans lequel il était tombé qu'il avait l'impression de flotter sur un nuage.  Puis il se rendit rapidement compte qu'il était dans une petite mansarde et que quelqu'un semblait être allongé à côté de lui. Et avant qu'il ne puisse se poser plus de questions concernant cette présence incongrue, la voix familière de Jiang-Li résonna dans la pièce. « Avant que tu te tue à poser la question, nous sommes dans un village non loin de Sceptelinost, en sécurité. »

Le bélua fronça les sourcils en repensant à tout ce que cela impliquait. La sorcière -ou démone, il n'en savait trop rien- avait disparu après les avoir téléporté ici. Elle n'avait pas dit un mot de tout le voyage, mais il savait très bien qu'elle était loin d'oublier son du et qu'il était destiné à la revoir à un moment ou un autre. Et plus il y réfléchissait, plus il s'énervait à imaginer ce qu'elle pouvait bien comploter. Agacé, le bélua reporta son regard sur Devaraj tout en cherchant à se calmer. Après tout, il se devait de relativiser. S'il s'était endetté pour pouvoir sauver sa proie, il n'en avait pas moins atteint son but. A présent, il avait une excellente raison pour obliger le chaman à faire tout ce dont il avait envie. « Et ça n'a pas été facile de te ramener ici, alors j'espère obtenir un minimum de reconnaissance. » conclut-il d'un ton hautain. « Puisque je t'ai sauvé la vie, tu devrais la passer à me remercier, non ? » Il étira le bout de ses lèvres pour former un sourire satisfait et dégoulinant de suffisance, son regard ancré dans les yeux fiévreux du chaman, qui à vrai dire avait le cerveau encore trop brumeux pour comprendre ce que Jiang-Li pouvait bien lui raconter.

Devaraj étouffa un grognement et se tourna sur le côté pour ne plus avoir à supporter la vue de l'autre imbécile. Au fur et à mesure qu'il émergeait, il se rappela vaguement les derniers événements, bien que cela reste encore très flou. Évidement, son bras lui faisait encore mal, mais c'était supportable et l'infection avait disparue. On lui avait même confectionné une attelle pour faciliter la guérison. «D'après le médecin, ta fièvre n'était pas entièrement liée à ton bras. En plus de la fracture, tu avais de nombreuses autres égratignures et coupures qui se sont infectées.  Tu as du attraper quelques microbes au passage. » Nullement dérangé par le manque d'attention qu'on daignait lui donner, Jiang-Li passa ses doigts entre les mèches blondes du chaman et les porta à ses lèvres. Même s'il feignait de l'ignorer, il savait très bien que Devaraj l'écoutait quand même parler. « Voilà ce que c'est que de traîner dans des endroits peu recommandables… Mon pauvre. » susurra-t-il d'une voix faussement plaintive et quelque peu moqueuse.

Néanmoins, s'il s'était délecté de la souffrance de Devaraj, il s'en était tout autant inquiété. Bien plus qu'il n'aurait voulu le croire, d'ailleurs. Si Tina avait beaucoup rigolé quand ils avaient retrouvé le corps inanimé du chaman et lui avait même donné un coup de pied dédaigneux, lui avait rapidement prit peur en s'imaginant que sa proie était déjà morte avant qu'il n'ai pu lui faire quoique ce soit. Il se rappelait encore de la scène comme si elle venait tout juste de se passer.

« Eh ! C'est pour un faiblard comme lui que tu prends autant de risques ?  C'est décevant… Je crois que je vais en augmenter le prix de ta redevance... » avait-elle dit en soupirant de lassitude. A vrai dire il se fichait bien de ce qu'elle pouvait en penser, mais le problème était qu'il dépendait entièrement d'elle pour sortir de cet endroit vivant, et qu'il était donc en totale position d'infériorité. Et ça, elle était la première à vouloir en profiter. Alors elle avait marché sur le corps du chaman comme s'il s'agissait d'un vulgaire paillasson, et puis d'un geste très doux, elle avait prit son menton entre ses doigts pour mieux le regarder dans les yeux. « J'ai changé d'avis. Pourquoi devrais-je perdre mon temps pour t'aider ? » Les yeux brillants, elle avait affiché un sourire fabuleusement beau. « A genoux. » Jiang-Li n'avait pas bronché, mais il avait tremblé de colère intérieurement, au point de vouloir en vomir. Elle lui avait caressé le visage et passé un doigt entre ses lèvres, qu'il avait prit soin de mordre violemment pour répondre à sa provocation. « Je sais que tu tiens à lui. A genoux, et implore-moi.»

Il l'avait supplié, en serrant les dents, plusieurs fois, jusqu'à ce qu'elle soit satisfaite de son petit jeu. Le souvenir en était amer, débordant de rancœur et de haine, et lui faisait perdre ses moyens dès qu'il y repensait. Il n'avait pas supporté d'échouer sa chasse et d'abandonner sa proie, et il n'avait pas supporté non plus qu'on le manipule et l'humilie de la sorte… Et pourtant, il avait bien fallu qu'il choisisse l'un ou l'autre. Au final, c'était l'idée de ne pas réussir à garder le chaman pour lui tout seul qui avait prédominé. Il pourra toujours se venger de la sorcière, mais une fois mort, Devaraj n'aurait eut plus aucun intérêt, à part pour une dissection à la limite, et encore. Ce choix restait néanmoins douloureux et outrageant. Et s'il gardait en mémoire l'humiliation de Tina et complotait en silence des plans de vengeance, il considérait que le chaman avait lui aussi sa part à payer dans l'affaire.

« Tu vas rester encore longtemps à me tripoter la tête ? » Finalement, Devaraj avait retrouvé une voix potable. Il lança un regard lourd de soupçons au bélua et tendit sa main droite pour caresser Cendres qui était couché au bord du lit. « Je pense que tu devrais accepter l'affection que je t'offre. » Abusant de la faiblesse encore présente dans le corps du chaman et du manque de résistance qu'il pourrait rencontrer, Jiang-Li glissa une main plus désireuse le long de son dos puis sur sa hanche, effleurant sa tunique et imaginant sans gêne ce qui qu'elle pouvait recouvrir. Toutefois, il n'avait pas l'intention de déguster son dessert tout de suite. Déjà parce que cela lui paraissait bien trop facile et décevant de profiter trop longtemps de l'anéantissement du chaman et puis parce que l'attente n'aurait pas été assez longue pour qu'il en tire un plaisir assez satisfaisant. Son but premier était de troubler sa proie. Il se mordit la lèvre inférieure, réprima un sourire carnassier et se détacha brusquement du chaman pour se lever du lit. « Je vais te chercher à manger. Tu dois reprendre des forces. » Il ouvrit la porte en bois de la mansarde dans laquelle ils étaient logés. Leur hôte était une petite famille qui vivait au milieu du village et qui avait bien voulu accepter de leur donner un toit et à manger en échange de quelques pièces. Jiang-Li descendit les escaliers grinçants et s'en alla dans la cuisine pour chercher de quoi se nourrir.

Son absence laissa un vide conséquent dans la pièce. Devaraj s'autorisa un long soupir de soulagement, tout en continuant de caresser instinctivement le museau de Cendres, comme si ça allait lui permettre de résoudre tous ses problèmes. Il pouvait encore sentir les doigts du bélua à travers le tissu, et tenta de faire abstraction de cette sensation un peu trop gênante. Lui qui aurait voulu garder ses distances avec ce compagnon un peu trop douteux et collant, il avait l'impression qu'on tentait de se forcer un passage à ses côtés. Cette étrange proximité lui laissa une sensation d'étouffement difficile à supporter. Les intentions du bélua lui semblaient trop tordues pour qu'il puisse les comprendre entièrement, et même en prenant en compte l'attirance corporelle que ce dernier ressentait, le chaman doutait que ce soit la seule raison pour laquelle Jiang-Li reste avec lui. De plus, si ce dernier était intriguant, il n'en avait pas moins un côté insupportable et un peu trop arrogant. Le chaman étouffa un soupir et remarqua alors la forme bleuâtre de Khaal qui se tenait dans un coin de la pièce. «Je crois que c'est un peu tard pour te méfier de lui... Tu ne récolte que ce que tu as semé..» murmura l'esprit avec un sourire goguenard, comme si elle pouvait lire dans l'esprit de son maître. «Puis je ne penses pas qu'il te veuille nécessairement du mal. » conclut-elle avec une pointe d'indifférence. Elle n'avait pas besoin de préciser qu'elle avait vu tout ce qu'il s'était passé avec Tina et préférait largement agir en tant que spectatrice plutôt que de se mêler de toute cette affaire. Devaraj comprit alors qu'il devrait probablement se passer des conseils de Khaal pour cette fois-ci.

« Un ragoût préparé avec amour par la maîtresse de maison ... » ironisa Jiang-Li en posant une assiette fumante prêt du lit. « ... Merci.» S'asseyant en tailleur sur les couvertures et avalant goulûment le contenu brûlant, Devaraj finit par reporter son regard vers le bélua. Il était temps cette question qui lui brûlait les lèvres depuis le début.  « Comment est-on arrivés ici ? » Même si ses souvenirs étaient moins brumeux, il se rappelait juste d'avoir fuit des monstres puis… un trou noir. Jiang-Li haussa un sourcil, et afficha un sourire plein de sincérité. « … Et bien tu t'es évanoui et je t'ai ramené ici. Cette vieille sorcière avait du nous jeter un sort… tu ne crois pas ? ahahaha ! »

~FIN~

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