Le vampire entendit des bruits de pas précipités, et vit des lueurs de torches et de flambeaux arriver dans le coin de rue opposé au sien. Laissant le corps dont il était en train de boire le sang, il du se cacher dans une ruelle limitrophe, courant à toutes jambes, pour fuir les citoyens en colère. Se perdant dans la nuit des pavés sombres, il déboucha sur une artère du quartier résidentiel. Là, un homme hurlait au scandale, demandant la rébellion des plus courageux, contre la puissance qui était en train de les oppresser. Vladimir essuya discrètement sa bouche, rabattant ses cheveux sur une de ses épaules. Se frayant un passage, le regard encore hagard, celui-ci vira à nouveau au vert quand son rythme cardiaque se calma « Nous ne pouvons supporter ceci plus longtemps ! Epargnons nos vies et celles de nos voisins, de notre famille, vous... » Le vampire tourna la tête, entendant un bruit lointain. Ne restant pas pour la fin du discours qui était déjà bien entamé, il se perdit à nouveau dans la nuit noire. Une femme marchait, seule, à travers le quartier résidentiel. La suivant, il fit attention aux groupuscules qu'il croisait, faisant mine de rien.

Seulement, l'un d'eux l'interrogea « Ola étranger, que fais tu ici ? », « Du tourisme. », « Ne te fous pas de nous. Ca pourrait te couter cher. », « Je devais voir un ami, mais il n'était pas chez lui. Quand j'ai voulu en savoir plus, j'ai remarqué les émeutes un peu partout. Que se passe-t-il réellement ? », « Tu viens d'où ? », « Du continent naturel. » Le vampire répondait de manière neutre mais polie à leurs questions. Il n'avait pas forcément envie de s'embêter à leur faire des réponses élaborées, et, en même temps, il ne voulait pas se faire percer la peau par six individus armés jusqu'aux dents « Admettons. On essaye de réunir du monde. Les Masques d'Or nous acculent, et nous ne supportons pas vivre dans la détresse. T'as pas entendu le crieur public tout à l'heure ? », « Je ne fais pas attention, je cherche mon ami je vous ai dit. D'où viennent ces Masques d'Or ? », « On sait pas. Ils ont débarqués comme ça, et ils ont commencé à nous menacer, mais on comprend rien quand ils parlent. Sérieusement, si on avait su, on se serait barré avant. », « Hum. » Vladimir leva la tête dans un signe d'approbation « Ils sont invincibles ? », « Dur à battre, ça c'est certain. On a besoin de bras, de mains en plus. T'as qu'à venir. », « Une fois que j'aurai retrouvé celui que je cherche. C'est important pour moi. Si je le vois et que je le retrouve, que ce soit vivant ou mort, je viendrai vous aider, mais pas avant. », « Tu vas te faire soit tué, soit capturé. », « Ils font des captifs ? », « On dirait bien ouais... », « Où les retiennent-ils ? » L'un d'eux pointa l'est « Dans le Parc. Ils ont des bateaux partout... Ils les font traverser le continent de long en large pour les faire embarquer là où c'est le plus proche. Pour le moment ils stagnent dans le Parc. », « Mon ami y est peut être alors. », « Y a des chances. Essaye de ne pas te faire tuer si tu compte y aller. », « On verra. Seul je suis trop faible à tout hasard pour me battre contre eux. », « J'ai une amie qui pourra t'aider à le retrouver ton bonhomme. Elle s'appelle Marjorie mais on l'appelle Mardjii. Dis que c'est de la part de Steph le borgne. » Vladimir hausse un sourcil « Vous êtes borgne ? », « Non. J'y vois juste pas de cet oeil. », « Donc vous êtes borgne. », « Mais non, un borgne c'est un pierre qu'on met au bord de la route pour marquer la distance entre deux points. Vous y connaissez rien vous raaah. Bref, allez voir Mardjii, elle vous aidera. » Vladimir se mit à sourire. Les humanoïdes étaient-ils tous aussi stupides ? Peut être...

Il le remercia rapidement et partie en direction de la taverne du coin où elle y serait d'après ses dires formels. De même, il avait ajouté qu'elle était l'indic' de tout le quartier résidentiel et la rue commerçante. Si quelqu'un ou quelque chose avait besoin de retrouver quoi que ce soit, elle pourrait l'aider.

Vladimir entra dans l'auberge et observa alors la salle. Il haussa un sourcil alors que plusieurs personnes se tournèrent vers lui pour regarder l'étranger. Au fond de la salle un type se tenait sur une table, levant le poing, tapant du pied, et se permettant de crier à la révolte « Encore un ? Ca en devient vraiment ridicule... » Haussant les épaules, il alla s'asseoir à une table. Un serveur, jeune garçon, arriva rapidement à ses côtés « Je vous sert... ? », « Une bière. » Vladimir détestait l'alcool et la nourriture mais pour passer inaperçu il était obligé. Il jeta quelques piécettes sur la table, observant les environs. Jetant ses cheveux dans son dos, il sentit quelqu'un les lui toucher.
Se retournant vivement, il vit deux hommes lui faire face « Je peux vous aider. », « Oh ! On pensait que tu étais une femme. Ahah... Désolé. » Le Vampire fronça les sourcils « Non. » Il les regarda sévèrement, et les hommes comprirent que cet homme ne voulait pas de compagnie quelle qu'elle soit « Ca va bichette, on te laisse tranquille... Tsss... » Se retournant vers son verre une fois les deux boulets partis, il demanda au serveur avant qu'il ne reparte « Ou est Mardjii ? », « Euh normalement... » Il observa la salle et la chercha du regard dans cette pièce plus que bondé aux tables qui débordaient « Elle était par là, vous la cherchez, elle doit pas être bien loin. », « Dans une chambre peut être ? », « Vu l'agitation actuelle, ce s'rait pas trop l'genre voyez. », « Bien, merci. » Il hocha la tête, et laissa le garçon partir.

Comme par magie, une femme arriva vers lui une dizaine de minutes plus tard « Salut beau garçon, alors, on cherche une coiffeuse pour ses cheveux longs ? » Une femme, totalement l'inverse de ce qu'il imaginait, se tenait là, devant lui, un pied sur le banc en face. Elle avait une queue de cheval très mal faite, les cheveux chatain, le teint terreux, et ressemblait en tout point à une michtonneuse. Sa robe était débraillée, arrachée sur des coins et, pourtant, elle n'avait rien d'une prostituée, bien qu'elle en ait l'attitude et l'apparence « Vous êtes Mardjii ? », « P't'être bien, qui vous envoie ? », « Steph le borgne. Le seul qui confond le mot borgne et borne. », « Je vois que vous avez su cerner l'bestiaux. Ouais, c'est elle-même, vous lui voulez quoi ? », « On m'a dit que vous étiez les yeux et les oreilles de cette ville. J'aurai particulièrement aimé retrouvé un ami à moi qui vit normalement ici, et duquel je n'ai plus aucune nouvelle. Je pensais que vous pourriez m'aider. », « C'est possible... Contre une petite participation financière... J'suis pas contre voyez. », « Je m'y attendais. Je vous paierai si vos infos sont bonnes. Sinon je vous retrouve et je vous vide... De votre argent. », « T'es mal placé pour me faire des menaces, gueule d'ange. Si j'étais toi, je ferai attention où je pose mes miches, les gars d'ici me connaissent bien... », « Point de menace, un simple avertissement entre gens avisés. », « Ouais... Les gens d'la haute c'pas trop mon truc tu vois. Bref, il est comment ton ami, c'est qui ? », « Il s'appelle Marain Blanchard. Il était dans un des manoirs au dessus du quartier résidentiel. Il en reconstruisait un normalement. », « Blanchard... Blanchard, Blanchard... » Elle répéta ce nom comme si cela avait pu lui apporter plus de précision sur sa tête, ou même son lieu d'habitation « Il est moins grand que moi, un peu plus massif, les cheveux courts, avec une cicatrice sur la joue. », « Ah ! Ouais le petit rabougrit d'en haut là... Ouais... Je crois qu'on le voyait un peu trainer au marché de nuit... Il sort pas trop de chez lui par contre la nuit... Quel rafût. Et z'êtes pote avec ? Car sérieux, il a sale mine, ça change de vous. », « Je ne prends pas mes amis pour leur beauté. Oui, il est plutôt nocturne comme homme. Un peu comme vous à ce que je vois, il doit ce sentir à l'aise avec tant de collègues encore debout à cette heure. » Elle regarda derrière elle lorsqu'un grand bruit sourd retentit, suivit de cri de victoire. Depuis tout à l'heure cette femme a l'allure odieuse mâchait un nerf de boeuf cuit, le faisant roulé entre ses dents sans jamais l'avaler ou le jeter. Elle le mâchouillait la bouche ouverte, et parlait en même temps certaines fois, ce qui était particulièrement désagréable. Elle se focalisa alors à nouveau sur le vampire « Fin, sachez quand même qu'on sait pas tout. », « Je ne veux pas tout savoir je veux juste connaitre son parcours depuis le soir d'aujourd'hui. Il a du sortir, le connaissant, mais j'ai peur que les nouveaux touristes lui soient tombés dessus, si vous voyez ce que je veux dire. », « Les Masques d'Or ? Ouais, bande de porcs véreux. Font rien d'autres que de tuer tout le monde. Fin bon, ouais je sais où il est votr' petit Blanchard. »
Vladimir commençait à désespérer, allait-elle lui donner une réponse un jour oui ou non ?

Le vampire leva la tête. Ca avait l'air d'être par là. Devant lui, le Parc s'étendait. Sous la nuit sombre, peu de lumières éclairaient les allées, et beaucoup étaient étalées par terre, éteintes. A peine fit-il un pas dans l'herbe mouillé de l'endroit, que quelqu'un lui sauta dessus. Se débattant, Vladimir lui mit un coup qui fit reculé son assaillant. Sachant que c'était les Masques d'Or, il se mit à courir sans regarder derrière lui. Prenant une longueur d'avance grace à sa nyctalopie, le vampire ne sentit plus de présence derrière lui. S'arrêtant contre un arbre, il respira lentement, reprenant son souffle petit à petit. Mais sans le voir venir, quelque chose l'assomma.

Vladimir se réveilla dans une sorte de cage « Hé bha, il était temps que t'ouvre les yeux toi... » Le vampire avait  particulièrement mal à la tête et resta allongé, ne pouvant même pas bouger sous la souffrance. Il serra les dents, avant d'entendre « Ouais, ils t'ont pas épargné... » Comprenant petit à petit ce qu'il se passait autour de lui, il finit par toucher sa tempe. Il était taillé, complètement ouverte, et beaucoup de sang avait coulé. La cage était quadrillée de barre, et le fond en métal n'était pas confortable. De même, elle pendait à environ trente centimètres au dessus du sol. Son compagnon de cellule fumait du tabac, rallumant sans cesse ses feuilles roulées. Vladimir finit par s'asseoir, accusant chaque geste qu'il faisait « Je... sss... Je suis où ? », « Dans la m*rde, vieux. », « Aah... Plus précisément ? », « T'es enfermé, comme nous tous, dans le sous-sol du continent. On est sous le Parc normalement. », « Nous ? » Vladimir regarda autour de lui. Sa vue brouillée commença à y voir plus net. A côté de lui un jeune homme se tenait là, sans le regarder, et il vit plusieurs cages pendre du plafond en terre. Des gens, parfois quatre par cage, étaient entassés les uns sur les autres « J'aurai préféré être avec une femme. », « Moi aussi. », « Hé ! Retourne pas mes propres paroles contre moi ! », « SILENCE ! » Vladimir se figea, essayant de distinguer la source du bruit qui avait résonné dans la cavité « T'inquiète, il dit tout le temps ça mais il nous fait rien. Il pige même pas quand on parle. », « Vous êtes sur qu'il ne comprend pas ? », « Oui. Il ne nous réponds pas. », « Hum... Et il garde l'entrée ? », « Ouais je crois bien. Ils parlent pas notre langue de toute façon... », « Donc personne ne sait pourquoi nous sommes tous là... ? », « Très certainement pour mourir. », « Hum... » Vladimir haussa un sourcil, et se tut. Il regarda un peu le mécanisme de la porte, mais sans succès. C'était bien trop complexe. De même, il observa les autres cage, de loin, et remarqua qu'il n'était pas le seul à ne pas pouvoir se mettre debout. Il y avait très peu de femmes, aucun enfant, et la majorité d'hommes. Ils étaient tous, ou presque, dans la force de l'âge. Certaines étaient plus jeunes, d'autres plus vieux, mais en soit, rien d'handicapant.

Le vampire chercha alors son ami des yeux. De là où il était, il ne pouvait pas le voir. Il n'osait pas crier son nom pour ne pas se faire frapper par le Masque d'Or si celui-ci en venait à vouloir lui donner une bonne correction « Tu cherches quelque chose ? », « Quelqu'un mais je doute de sa présence ici... », « Comment tu as su s'il serait ici ou non ? », « Une certaine Mardjii. Mais je doute clairement de ses informations. », « Ah ! Si c'est Mardjii qui te l'a dit, alors il est très clairement ici mon gars ! Tu le retrouveras, suffit d'attendre. Regarde nous, on est tous calme, car on sait qu'on va tous sortir d'ici. Tu vas voir... Prépare toi à te battre et à passer à l'offensive. » Vladimir ne pouvait pas dire le contraire. Certains étaient aux aguets, beaucoup chuchotaient, mais personne ne s'agitait très clairement. Les gens attendaient, et si aux premiers abords on pouvait les sentir blasés ou mécontents, en fait ils avaient juste particulièrement faim, sans plus « Personne n'a essayé d'utiliser sa magie ? », « Non. On s'en fiche. On va sortir d'ici mec, attends un peu, prends ton mal en patience. », « Je trouve que vous comptez beaucoup sur les autres ceci dit en passant. », « Peut être, mais c'est ce qui fait notre force. Au fait compagnon de cellule, je m'appelle Kedan. », « Vladimir, enchanté. »

« Hé, écoute... » Vladimir regarda Kedan et vit son geste. Il tendit alors l'oreille, sans tourner la tête. Au loin, des bruits retentirent. Des coups de lames, des fers, des cris... Ca se rapprochait petit à petit. Les gens dans les cages se levaient, aux aguets, tous tourné vers la porte. Chacun retenait sa respiration, émue de savoir que l'offensive arrivait réellement « Ce sont eux ? », « Ouais... Ce sont eux... J'espère qu'ils arriveront jusqu'ici. » Au milieu de la salle, deux hommes se téléportèrent. Des Masques d'Or. Ils parlèrent entre eux, baragouinant des paroles floues, avant de s'approcher des cages. A ce moment là, les prisonniers s'agitèrent. Beaucoup les repoussèrent, faisant basculer les cages d'avant en arrière pour ne pas qu'ils les touchent.
Les hommes bariolés ne purent alors attraper aucune des portes, devant la colère et la rébellion des prisonniers « Ils cherchent à nous tuer avant que les autres ne nous récupèrent ! », « Ils arrivent... Ils arrivent... » En quelques secondes, comme prévu, l'offensive fut là. Hurlant à la mort, perçant tout ce qu'il y avait sur son passage, les hommes et femmes foncèrent sur les Masque d'Or. Devant le nombre incalculable de personnes, ils se firent écraser. D'autres arrivaient pourtant, voulant embrocher ces citoyens qui n'étaient pas à leur place, mais ils peinaient. Chaque clan peinait à se tuer les uns et les autres.

Vladimir réussit à sortir de sa cage, comme beaucoup d'autres, sauvés par les habitants du continent. Il fonça dans la foule, se perdit, avant de nommer le nom de Blanchard. Personne ne lui répondit, mais beaucoup criait, hurlait, pleurait. Le vampire finit emporté par le flot de gens voulant sortir de ces souterrains. Comme prévu, ils étaient bel et bien sous le Parc et sous le quartier résidentiel. Les bateaux, au port, étaient vide de Masques, comme les rues « Où sont-ils passés... ? » Les gens regagnèrent leurs chaumières, totalement déboussolés par leur enfermement précédant. Seulement, personne ne pu passer le pas de la porte. Beaucoup de tête tombèrent et les Masques d'Or se montrèrent enfin, caché jusque là, sur les toits des bâtiments.

Vladimir se mit à courir, se dirigeant vers les ruelles. Il fallait qu'il fuit le champs de bataille sinon il allait se faire réduire en morceaux. Arrivant dans une impasse, il du faire demi-tour, mais un masque d'or lui tomba devant. Attrapant une arme au sol, il commença à se battre péniblement avec lui, comprenant qu'il ne ferait pas le poids. L'homme était un parfait tacticien au fleuret, contrairement à Vladimir qui ne savait se battre qu'avec ses crocs. Qu'à cela ne tienne, il repartit en courant, inversant les places avec son adversaire, pour se perdre dans d'autres endroits. Si seulement il avait plus de magie il aurait pu avoir recourt à ses pouvoirs mais, ici, c'était impossible pour lui. A moitié blessé de la lutte, il courut pourtant vers l'allée des manoirs abandonnés. Passant un portail qui grinça, il remonta l'allée, pour s'enfermer dans la maison heureusement ouverte « Blanchard ! BLANCHARD ! » Un garçon sortit d'une pièce et couina « Il... Il est pas là ! », « M.erde ! Blanchard ! » Mais le vampire n'osa pas sortir à nouveau.
Montant les escaliers, il gagna alors le toit, sortant par un vasistas, et observa les environs. Un incendie s'était déclenché plus loin, et le feu prenait particulièrement vite. Scrutant l'allée en contre bas, il vit un type arriver en courant, rougeau.

« Blanchard ! », « Oshwer ! » Vlad descendit alors que le type monta. Se rejoignant à l'étage, le type serra affectueusement la main de son collègue « Bon sang, j'ai cru ne jamais m'en sortir ! », « Je te pensais mort ! Les Masques ne sont pas venus chez toi ? », « Non, ils ne sont pas rentré dans les manoirs. Mais viens, allons au salon. », « J'ai faim. », « Jules ! Tu viendras une fois que nous serons assit. », « Kaï... oui... », « Il couine cet enfant. », « C'est normal. Suis moi je te prie.»