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 L'esprit Farceur [PV Devaraj Saälm]

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Dim 04 Oct 2015, 15:28

Quelque part, à l'orée de la forêt es milles clochettes ou les esprits, bienveillant, laissaient une âme en peine dans la solitude qu'elle réclamait, des bruissement se faisaient entendre. Je n'étais pas très discret quand il s'agissait de me déplacer en pleine nature. Non pas que je fus discret en d'autres occasion particulières, mais il était désolant pour un chaman de ne pas être capable de comprendre la nature comme son peuple le faisait, avec tant d'aisance, la respectant pour la vie qu'elle abritait, comme le cœur de présent, la semence du passé et le souffle du futur. Tant d'éléments que je n'arrivais pas à capter… Ian m'en avait bien parlé, mais pour lui, né dans une tribu chamane, c'était si… évident ! Il avait beau tenter de m'expliquer, je n'y comprenais rien… C'était comme tenter d'expliquer comment marcher. C'était une chose si instinctive qu'elle en devenait impossible à expliciter.

Marchant à mon côté, esprit apaisant, Oda ne portait nul sourire sur son visage et bien que sa présence me rassurait, elle n'en était pas moins attristante de par cette attitude qu'il affichait. Il avait confiance en mes capacités, il avait l'éternité devant lui, il pouvait bien attendre quelques décennies s'il le fallait… Néanmoins, il en attendait beaucoup de moi et il restait frustré de me voir si… Immobile. Je n'avançais pas. Si je voulais servir au mieux les desseins d'un élémental de l'eau, il fallait avant tout servir ceux d'un esprit. Comme un chaman encore apprenti et parfaitement incapable de comprendre sa propre nature pouvait-il lui être d'une quelconque aide ? Comme je le comprenais. Néanmoins, je restais bloqué, campé sur mes positions. Hors de question que je tente quoique ce soit, c'était trop dur pour moi. Tout ces esprits qui me parlent, que je confonds avec des êtres humains, qui me font passer pour un fou auprès des vivants…

Le Génie restait silencieux. Il sentait le malaise qui s'était installé en moi depuis plusieurs moi et il ne voyait pas comment m'aider, à coup sûr. J'admirais son honnêteté, le respect dont il faisait preuve envers mon malheur. Malgré tout, il m'était douloureux de ne plus le voir, moi qui appréciais tant sa joie de vivre…

Mes pas étaient lents, calme et pourtant perturbé. Le bruit était mon pire ennemi et j'étais incapable de le chasser. Lui, en revanche, faisait fuir animaux et détruisait les plantes sur mon passage. Quelle tristesse…

Les derniers arbres défilaient devant moi. Je serais bien resté dans ce lieu bienveillant pour l'éternité, me sachant loin de toute civilisation ou esprit. Mais je ne pouvais fuir la réalité éternellement. Je n'étais pas devenu chaman pour cela et si je décédais maintenant, tout ceci aurait été vain, inutile…

Un sentier… Pourquoi pas…

J'eus une pensée pour les Aetheri de la Vie et de la Mort. Ian m'avait enseigné qu'ils veillaient sur nous et aidaient les chamans à avancer dans leur mission… Oh grands Dieux de notre peuple, où êtes-vous ? Vous qui guidez les morts et les vivants, vous qui permettez leur réunion en l'existence de notre race, qui nous avez confié la difficile mission de guider les morts parmi les vivants pour trouver leur place et rejoindre l'Au-delà, pourquoi me venez-vous pas en aide ? Pourquoi ne guidez-vous pas mes pas ? Pourquoi ne me permettez-vous pas d'entrevoir le mystérieux et glorieux desseins dont je suis l'instrument ? M'avez-vous abandonné ? M'avez-vous renié ? Suis-je destiné à quitter à jamais ce monde pour subir milles tortures dans le monde des morts ? Suis-je déjà plus qu'un esprit aui aurait eu un peu trop de chance ?

J'avais envie de hurler mon désespoir. Il n'en fut rien. Je continuais d'avancer à travers la nature, par ce petit sentier qui semblait avoir été tracé à mon attention, rassuré par Oda le sage qui veillait sur moi.

Le terrain était plutôt inégal et c'est finalement en haut de la première petite colline que le sentier surmontait que je vis la destination vers laquelle il nous guidait : une ruine. C'était une façon simple de résumer l'amas instable de pierres et chaux qui semblait tenir par sa seule volonté à quelques centaines de mètres. Une habitation modeste, reculée de tout, qui devait être abandonnée depuis des années, envahie par la végétation alentour qui semblait avoir particulièrement apprécié l'endroit.

Soudain, un violent claquement à mon côté vint faire ressurgir en moi des forces que je n'avais pas mise en action depuis des mois tant je sursautais de peur.

Quand ma tension fut légèrement retombée, je tournai la tête pour voir une sorte d'aventurier, chapeau de toile sur la tête, veste poussiéreuse et chemise à carreaux, une sorte de fouet dans la main qu'il venait de faire claquer, qui se tenait à mon côté, dans une position digne des histoires les plus abracadabrantes, comme s'apprêtant à partir à l'assaut du moindre danger. Le plus étonnant dans ce personnage était probablement sa peau, d'une teinte bleutée très prononcée.

- Ah l'aventure, compagnon ! N'es-tu pas curieux, toi, Azraeth le savant, de découvrir ce que cache ce lieu ? Partons à l'assaut des monts venteux !

- Génie !

C'était effectivement lui et je me sentais soudain léger de le revoir. Quel plaisir ! J'avais l'impression de pouvoir tout entreprendre depuis que sa peau bleue était revenu à mes yeux ! Me tournant rapidement vers Oda, mon regard suffit à transmettre mes pensées. Celui-ci me sourit avant de répondre à ma question silencieuse :

- Pourquoi pas ! C'est un lieu visiblement vide de toute présence humaine. Tu ne risques rien. Peut-être rencontreras-tu quelques esprits mais ce n'est pas un mal !

Sur l'épaule pourtant intangible de l'esprit, un perroquet bleu était apparut, s'exclamant dans la continuité de la parole de l'élémental :

- Brwa ! Trrrop dangerrrreux !

Le génie constant qu'il avait un peu trop anticipé la réponse de mon guide spirituel, tourna soudain la tête avec étonnement vers ce dernier. L'œil du perroquet sembla grossir tandis qu'il n'arrivait pas à se remettre de son erreur de jugement et soudain il disparut dans une vaste fumée bleue pour être remplacé par une assommante réunion de médecins à la peau bleue en blouses blanches qui s'agitaient autour de Oda avec affolement :

- Il ne va pas bien ! Nous sommes en train de le perdre ! Faites quelque chose ! Il est gravement malade ! C'est évident !

Mais l'élémental fit un large mouvement du bras pour dissiper les illusions du génie qui reprit sa forme habituelle, flottant dans les airs avec pour seul soutient non pas des jambes mais une vague fumée bleutée.

- Génie ! Je vais très bien ! Si Az veut explorer un peu, si sa curiosité lui revient, c'est une bonne chose ! Tentons ! Tentons de nous approcher d'un endroit où les esprits et les vivants ne se côtoient pas et voyons déjà comment tu le sens, jeune chaman. Si tout ce passe bien, peut-être que tu pourras espérer commencer à remonter la pente, non ?

Oda était d'accord ! Le génie était de retour ! Je me sentais la force d'un taureau, galvanisé pet toutes ces bonnes nouvelles. Au diable mes appréhensions - et, me considérant, ce n'était pas peu dire - envers les esprits ! Aujourd'hui, si les Aetheri le voulaient, j'allais en rencontrer, leurs parler, et apprendre à les comprendre !


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Dim 11 Oct 2015, 20:36


Il était bon de savoir que malgré les divers bouleversements qui venaient d'avoir lieu dans son quotidien, Devaraj avait enfin décidé de sortir de son petit cocon de sécurité et d'arrêter de s’apitoyer sur son sort. Se morfondre n'allait pas l'aider, et fuir ses problèmes en se mentant à soi-même était encore pire. Il avait été stupide de prendre peur et de paniquer. Rien n'était encore résolu et tout était à refaire... Dès qu'il avait comprit l'ampleur de constatation, le chaman avait reprit sa route, quelque peu honteux de s'être montré aussi faible.

Les Dieux sauront lui montrer le chemin à prendre pour apaiser son malaise et trouver réponse à ses questions. Et la patience était un début nécessaire pour atteindre la sagesse. Effectivement, il était encore loin d'atteindre le niveau des anciens de la tribu Alséa, mais il allait certainement tout faire pour y arriver. Souriant faiblement à cette perspective, Devaraj continua de se frayer un chemin parmi les ronces, évitant agilement de s'accrocher aux dangereuses épines tout en chantonnant doucement une mélodie qu'il avait entendu dans la tribu et qui lui était resté dans la tête. A vrai dire, les rythme vibrant des tambours et les fortes voix chamaniques n'étaient pas quelque chose qu'on oubliait de sitôt ! Certes aux yeux des non-initiés, ce n'était peut-être pas aussi traumatisant que les sacrifices sanglants qui allaient avec, mais Devaraj s'était trouvé un amour particulier pour ses cadences tribales... Perdu en pleine forêt, il laissait libre court à son inspiration et à sa voix.

Voilà d'ailleurs un endroit qu'il n'avait pas encore exploré ! Si l'on oubliait les années passées dans son village natal, il n'avait finalement pas beaucoup voyagé sur ce continent-là, et il comptait y remédier tout de suite. La petite compagnie composée de Devaraj, de son cerf et de deux esprits, avançait donc à travers la nature sauvage dans un silence interrompu seulement par la voix murmurée du chaman et par ses bruits étouffés. Les pas alertes, rapides et félins de Cendres n'était pas discernables pour une oreille humaine, et ceux de Khaal et Slanguen l'étaient encore moins, de par leurs qualités de...fantômes. On aurait presque pu croire que le chaman était seul...

En réalité il ne l'était pas, et c'était d'ailleurs assez compliqué de garder une bonne entente dans l'équipe. Khaal et Slanguen ne s'entendait pas bien du tout. Si le nouvel arrivant dans la compagnie avait naturellement cherché à sympathiser avec tous ses membres, l'esprit alfar s'était montrée récalcitrante et peu aimable. Elle avait reconnu dans cet esprit inconnu un danger pour Devaraj et un manque de naturel dans ses gestes qui la portait à croire que Slanguen mentait et suivait le chaman pour des raisons beaucoup plus sombres que ce qu'il prétendait. Pour le moment elle n'avait rien dit, mais cela ne l'empêchait pas de montrer son hostilité ou son dédain. C'était donc finalement un silence et un peu tendu que Devaraj brisait avec sa voix, préférant ignorer les altercations entre ses différents compagnons.

Il écarta une énième branche de son chemin et se retrouva alors nez à nez avec un bâtiment, ou du moins, quelque chose qui y ressemblait. On ne distinguait plus vraiment la pierre murale tant elle était recouverte de mousse, ronces et autres plantes envahissantes. Des vitraux poussiéreux permettaient de jeter rapidement un coup d'oeil à l'intérieur, bien que la luminosité ne permette pas d'y voir grand chose... Intrigué, Devaraj tourna au coin de la bâtisse pour chercher son entrée, et déboula directement sur le devant, où se tenait un vieux banc en bois sur lequel était accroché les restes d'un mystérieux foulard rouge usé par le temps. Et en fouillant un peu plus le paysage, il aperçut un inconnu, ou plutôt, des inconnus plantés à la lisière de la forêt. Et en regardant encore un peu mieux, il identifia ce qui ressemblait à un esprit, un bonhomme bleu dont il ne reconnu pas la race, et un troisième homme qui était en toute logique un chaman...

Souriant poliment, Devaraj s'approcha alors et le salua amicalement. "Bien le bonjour voyageur !" Cendres s'approchant aussi pour renifler et faire le tour des étrangers, avant de revenir en ronronnant vers son maître, n'ayant décelé aucun danger immédiat chez les nouveaux arrivants. Slanguen en profita pour mimer lui aussi une révérence polie, tandis que Khaal restait en retrait, fixant froidement les trois individus. "Vous êtes venus profiter de la quiétude du lieu ?" demanda alors le chaman, un peu curieux de savoir si ces gens avaient une raison d'être ici ou pas. Il ne s'attendait pas à croiser âme qui vive, mais le hasard faisait bien des choses, et quelque part, il était heureux de rencontrer quelqu'un de sa race alors qu'il était aussi loin de l'Antre des Marais et des autres endroits où voyageaient les tribus.

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Sam 07 Nov 2015, 16:16

J'étais fier et souriant. Cela dura l'espace de dix minutes avant que quelques silhouettes se distinguent des arbres pour venir stationner devant le bâtiment que je comptais explorer… Ma première réaction fut le plus parlante : je m'arrêtai net et fis quelques pas en arrière… Jusqu'à marcher sur quelque chose tandis que j'entendais un "AÏE" crié derrière moi.

C'était le Génie, planté derrière moi, dont je venais d'écraser le pied. Il l'avait fait exprès, à coup sûr. S'il l'avait voulu, il aurait fait disparaître son pied sans hésiter. Je n'étais même pas sûr qu'il fut possible de faire mal à un génie…

Je me retournais lentement pour me retrouver nez à nez avec une montagne de muscle à la chair d'un bleu criard. Le génie, transformé en véritable armoire à glaces, lâcha menaçant d'une voix lourde et menaçante que je ne lui connaissais pas :

- Toi avoir fait bobo à moi !

Encore sous les effets déroutants de l'angoisse, j'eus encore plus peur et fis de nouveau quelques pas en arrière, dans l'autre sens, du coup…

Aussitôt, le génie reprit sa forme normale, une expression désolé sur le visage.

- Az ! Je rigolais ! Qu'est-ce qu'il y a ? Ça ne va pas ?

Ça y est, je me sentais bête… Bien sûr ! Il n'avait pas été ni menaçant ni inquiétant, je m'étais laissé emporté par mes peurs…

Me retournant rapidement vers la source de toute ces perturbations en moi, je lâchais avec ce tremblotement dans ma voix qui l'avait teintée depuis tant de moi déjà :

- C'est ces gens, là… Je veux pas… Je veux pas m'approcher…

Le génie s'approcha alors de moi, m'offrant le plus beau de ces sourires, celui qu'il arborait quand il était sincère et que les illusions cessaient.

- Az, dit-il de sa voix grave et rassurante. Tu ne sais même pas de qui il s'agit. Ce sont peut-être des esprits. Pourquoi n'irais-tu pas voir ? Qu'est-ce que ça te coûte ? Si ce sont des humains et que tu regrette de t'être approché, il te sera toujours possible de prétexter que tu es attendu et que ton voyage est encore long et tu pourras t'en aller. Mais si ce sont des esprits, il serait peut-être bon pour toi que tu restes et que tu leur poses quelques questions, non ?

Les paroles du génie étaient rassurantes et il avait raison. Pourquoi pas. Après tout, il me soutenait et Oda aussi alors que personne ne pouvait le voir. C'était de bonnes raisons pour me sentir en confiance.

Pourquoi pas, après tout…

Je me remis en marche, d'un pas un peu plus hésitant, néanmoins, mais certain à présent de vouloir m'approcher.

Tandis que j'approchais, j'entendis le "pof" caractéristique de la transformation du génie tandis qu'un poids de plus vint se faire sentir sur ma tête. Posant une main sur le couvre-chef en lequel le génie venait de se transformer, je reconnus au touché un haut-de-forme de petite taille, probablement à dominance bleue mais en même temps certainement agrémenté d'autres couleurs. Je savais comme le génie aimait les couleurs vives et joyeuses.

- C'est à ton tour de jouer les timides ?

Mais je n'obtins pas de réponses.

M'approchant de plus en plus, je sentis Oda qui s'était grandement rapprocher de moi, en bon confident qu'il était.

Je m'approchais encore… Quand je fus trop proche pour m'éclipser sans que les autres voyageurs ne me remarque, je vis ce que je redoutais…

- Ce sont des vivants, Oda…

Mais lui aussi gardait le silence.

- Bien le bonjour voyageur !

Un des voyageurs venait de m'adresser la parole. Visiblement le chef de groupe… En fait, j'en étais presque surpris. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas eu d'interactions sociales avec un inconnu… !

J'aurais bien répondu, mais déjà une sorte d'énorme chat jaune menaçant s'approchait. J'eus le réflexe de reculer, mais je m'interdisais de faire plus de deux pas, au risque d'énerver l'animal qui n'aurait pas manqué de m'attaquer… Néanmoins, je restais dans une position de retrait.

Alors que la grosse bête me reniflait, je sentis le souffle d'Oda se rapprocher de mon oreille.

- Regarde bien ce lion…

Sans réfléchir, je me laissai influencer par l'idée qu'il me soufflait et observai avec attention l'animal. Je compris aussitôt pourquoi l'esprit élémental m'avait fait une telle suggestion : un espèce de transparence envahissait l'incarnation de l'animal. Un esprit. Il s'agissait d'un esprit ! Se pouvait-il que…

Cette sorte de gros chat finit son inspection avec brio et, visiblement rassuré, décida de retourner auprès de son maître. Du moins était-ce que je comprennais dans son comportement…

- Bon… Bonjour, articulai-je difficilement, encore très hésitant. Vous… Vous êtes chaman ?

C'est alors que le génie sortit de sa cachette. Le chapeau sur ma tête se souleva et l'être à la peau bleu, qu'on avait du mal à imaginé enfermé dans si peu d'espace, en sortit.

Il fit un rapide bon pour arriver devant notre inconnu vêtu d'une tenue digne d'un espion en pleine enquête pour découvrir un secret bien gardé.

Il sortit une lentille de verre, examinant avec curiosité l'homme, partant du bas pour aller jusqu'à son visage avec une rapidité qui ne permettait pas la moindre réaction de la part de celui-ci, lâchant des "hum" et des "hunhun" qui laissait sous-entendre qu'il tirait de nombreuse conclusions de son inspection, ce dont je doutais sérieusement.

Il sortit ensuite un mètre de tailleur et commença à prendre les dimensions de l'homme avant de sortir finalement un instrument métallique, celui-là même qu'utilisaient souvent les médecins pour observer la gorge de leurs patients. Il s'exclama alors :

- Ouvrez grand et dites "ah" ?

Mais alors qu'on aurait juré qu'il s'apprêtait véritablement à enfoncer son morceau de métal dans la gorge de l'homme, il n'en fit rien, se retournant vers moi tout fier en s'exclamant :

- Monsieur, j'ai bien peur que nous ayons effectivement affaire à un chaman !

Il allait ajouter quelque chose mais, au lieu de ça, il fit un écart, regardant derrière lui avant de s'exclamer avec force :

- Couché le minou !

Honnêtement, tout s'était passé trop vite et j'ignorais tout à fait si le lion avait tenté de défendre son maître où s'il n'avait pas bougé d'un pouce…

- Ahaha ! Tu veux jouer à la baballe ? Viens donc me chercher !

Et le génie devint une petite souris qui s'enfuit vers le bâtiment, disparaissant rapidement derrière un des murs.

- Génie ! Non ! Reviens !


Pourvu que le gros chat jaune ne se mette pas en tête de chasser mon étrange camarade bleu…

Un peu penaud, je me tournais vers l'homme qui avait été à mes yeux tout à fait maltraité par mon ami bleu

- Je suis désolé… J'aurai aimé vous dire qu'il n'est pas comme ça d'habitude mais… C'est pas vrai. J'espérais effectivement visiter les lieux, même si j'ignore tout à fait où nous sommes… Mais il semblerait que le génie ait d'autres plans pour moi… Vous… Vous entrez aussi ?

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Jeu 26 Nov 2015, 20:57

Est-ce-qu'il était chaman ? Oui, depuis un bon bout de temps maintenant, et fier de l'être ! "Tout comme vous..." répondit-il donc, avant de hausser un sourcil en voyant une masse bleue se précipiter vers lui avec un grand bond. Un peu surpris par le comportement ce ce bonhomme bleu, Devaraj ne dit rien et se contenta de le regarder faire, le dévisageant lui aussi de la tête aux pieds. "Ah." Il ouvrit la bouche, comme on lui demandait et laissa faire l'homme sans vraiment s'inquiéter. De toute façon il n'avait pas l'air bien agressif et ce que certains pour penser être bizarre et suspect, paraissait tout à fait normal aux yeux du chaman, qui planait en général bien trop haut pour s'intéresser à ce genre de détail ennuyeux.

Cela-dit, Cendres lui, avait bien les quatre pattes sur terre. Voyant cet inconnu fouiner autour de son maître en gesticulant dans tous les sens, il prit cela pour une possible agression et se mit à grogner, dévoilant ses dents et s'approchant du bonhomme. Comme pour confirmer les doutes de la bête, le bonhomme commença à lui crier dessus, avant de s'enfuir. Finalement énervé, le félin poussa un énorme rugissement et se lança aussitôt à sa poursuite, courant après la petite sourie et disparaissant bien rapidement derrière le bâtiment.

Devaraj, qui avait suivit toute la scène sans vraiment y prêter attention, préféra ignorer ces deux énergumènes, et se rapprocha de l'autre chaman. "Ne vous inquiétez pas pour ça... Où sommes-nous ? Ah, je n'en sais rien non plus figurez-vous ! Mais cela est-il réellement important ?" Il rigola. S'encombrer d'une carte pour se guider ne faisait que limiter les destinations... Donc il n'en avait pas, et préférait se servir de sa propre mémoire. Mais cet endroit était encore tout nouveau pour lui...

"Je comptais bien aller visiter cette vieille baraque que j'ai aperçu à travers les bois... Je suis curieux de savoir ce qu'on pourrait y trouver à l'intérieur et puis c'est toujours amusant de partir en exploration, vous ne trouvez pas ?" Il sourit, comme un gamin impatient de découvrir ce qu'il se cachait dans ses cadeaux. "Si ça se trouve, c'est un manoir hanté..." susurra Slanguen d'une voix ironique. Oui, finalement, l'esprit arrivait à faire de l'humour, parfois. "Je l'espère bien..." Devaraj ne se lassait pas de rencontrer d'autres esprits pour écouter leurs malheurs et discuter avec eux, voir même les aider. Il trouvait que c'était la meilleure solution pour palier le manque d'attention que leur accordaient les Ombres. C'était devenu son devoir, de communiquer avec ces êtres isolés du monde vivant et souvent torturés et attristés. Il n'était jamais allé dans l'Au-Delà, mais il supposait que les esprits qui restaient sur terre avaient soit une raison précise pour le faire, un regret, une mission inaccomplie, une envie... Soit ils étaient simplement perdus et choqués par leur mort, incapable de faire quoique ce soit. Dans tous les cas, ils avaient besoin d'aide.

"Ah... Je viens de me rendre compte que je ne me suis pas présenté... Je m'appelle Devaraj. Je fais parti de la tribu Alséa." précisa-t-il alors tout en s'avançant dans la cour envahie par la végétation sauvage. Il aimait bien cet air abandonné qu'avait la maison, c'était très pittoresque ! Bon, ça n'égalait certainement pas la beauté des rochers déchiquetés de l'Antre des Damnés, certes... Mais c'était quand même joli, de son point de vue, bien sûr. S'arrêtant un instant pour contempler le paysage, il aperçut très rapidement une forme bleue et blanche se courir après dans les bois et haussa un sourcil. On dirait que Cendres avait trouvé un nouveau camarade de jeu...

"Bon... Je me permet de faire le premier pas." dit-il enfin en regardant la grande porte en bois, une légère lueur de défi brillant dans ses yeux. Il monta les quelques marches pour arriver devant et la poussa lentement avec sa main. La porte s'ouvrit, accompagnée d'un nuage de poussière ainsi que d'un vieux crissement qui collaient parfaitement à l'ambiance. Tout heureux, le chaman fit un premier pas à l'intérieur, précédé de Khaal et Slanguen. Il lui fallu quelque temps pour que ses yeux s'habituent à l'obscurité, mais il pouvait déjà sentir un air de renfermé et entendre un relatif silence qu'il trouva agréable. Découvrant alors un immense couloir droit devant eux, le chaman sourit. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas exploré de maison abandonnée ! "Je vous laisse choisir la porte..."



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Dim 03 Jan 2016, 15:02

Ne pas m'inquiéter… Ok ! Bon… Il n'est pas effrayé… C'est plutôt rassurant, dans un sens, non ?

- Important ? m'exclamai-je avant de me rendre compte que j'avais très bien compris sa question.

Ne laissant pas le temps à mon collègue de répondre, j'enchaînai :

- J'imagine que non…

Amusant… Trop de questions. Il aurait fallut évaluer tout cela de manière rationnelle… Cela m'aurait prit de jours !

Un coup d'œil vers Oda me fit retrouver un semblant de calme. Il me souriait, l'air de dire : "Aies confiance et détends-toi : il ne peut rien t'arriver !". J'étais moyennement convaincu, mais tout le monde autour de moi semblait avoir trouvé ses aises… Quelle insouciance… Je n'avais vraiment pas l'habitude d'être aussi peu sur mes gardes… C'était peut-être une bonne chose, dans un sens, non ?

- Amusant… lâchai-je, plus pour moi qu'à l'attention du chaman à mon côté… Oui, sûrement… Cela doit être… Amusant.

Je forçai un sourire approximativement rassuré… J'étais un poil curieux… Je me demandais à travers quels yeux cet homme regardait-il pour être ainsi, désinvolte, ignorant de sa position, du danger rôdant, de la logique même de ses interactions avec les autres - car je l'avais bien vu ouvrir calmement la bouche quand le génie lui avait demandé, alors même que cela n'avait aucun sens !

Les couleurs d'un monde comme le sien… Comment apparaissent-elles ?

Nous entrâmes dans le bâtiment par une cour introduisant par sa ruine l'allure générale de la structure. Curieux de ce que je voyais, j'en oubliais d'engager la conversations et bien qu'il sembla aussi attentif que moi dans son regard, le chaman à mes côtés, lui, parvint à amorcer celle-ci en même temps.

Comme soudain réveillé, je ne pus m'empêcher de tourner rapidement la tête dans sa direction, par réflexe, et me retins de justesse de lâcher un "hein ?" stupide, prenant simplement le temps d'assimiler ce qu'il venait de dire…

- Devaraj… Ma question va vous paraître sotte mais… Qu'est-ce que la tribu Alséa, au juste ? Par accident, j'ai participé à un rassemblement chaman au sein de la tribu Raoni, il y a quelques temps maintenant, et je n'ai pas bien compris non plus ce qu'était cette… tribu…

Nous continuâmes d'avancer paisiblement à travers la cour intérieure. De temps à autres, le génie, toujours sous sa forme de souris, passait en galopant, à l'extérieur et parfois même dans nos pattes, le lion apprivoisé de mon compagnon d'un après-midi lui courant après. Ils semblaient s'amuser, tant mieux…

- Vous… Vous êtes chaman depuis longtemps… Euh… Pardon, ma question est mal posée… Vous avez été transformé ou bien êtes-vous né chaman ?

C'était pas franchement mieux, comme formulation… Mais je ne voyais pas comment poser ma question autrement… Quel pitre je faisais…

Devaraj fit le premier pas, passant la porte d'entrée. Il me proposa de choisir la porte et tout en inspectant un élément qui me permettrait de prendre ma décision de façon plus ou moins arbitraire, je continuai la conversations :

- Et… Vous avez appris à parler aux esprits, à savoir ce qu'il veulent et comment les apaiser ? Ce qu'ils font dans notre monde et pourquoi ils n'ont pas rejoint un endroit plus paisible ? Pourquoi ils se jettent sur nous comme si nous étions leurs uniques espoirs au risque de nous faire passer pour des fous auprès des vivants ?

Je ne crois pas qu'il eut le temps de vraiment me répondre avant que je n'écarte un battant de bois.

Ce que je vis alors me cloua sur place, de peur et de stupeur…

De l'autre côté de la porte brûlait un feu ardent, intense et ne dégageant pas la moindre chaleur. Une petite pièce pourtant aux allures insignifiante, vide, sans le moindre meuble ou la moindre décoration, dévorée de tous parts dans les flammes à l'appétit insatiable.

Au centre de la pièce demeurait un élément insolite, jurant avec l'intérêt même de la pièce dans une telle bâtisse, un enfant se tenait, assis, les genoux regroupés devant son visage. Le rugissement des flammes était assourdissant alors même qu'il n'y avait pas un bruit avant que la porte ne soit ouverte. Je ne parvenais de fait pas à déterminer si l'enfant pleurait ou non. Cela ne faisait pas plus de quelques secondes que j'avais ouverts la porte et pourtant je l'avais observé depuis trop longtemps, il le savait. Je vis la tête de l'enfant se redresser, des yeux de démons, d'un rouge flamboyant, me fixer avec une colère sourde.

Ces yeux… C'étaient les miens…

Si j'avais été suffisamment conscient, je me serais demandé si Devaraj voyait ce que je voyais, mais en l'instant présent, la question ne menaçait pas un instant de vouloir traverser mon esprit.

Oda en revanche, avait vu ce que je voyais ou avait au moins compris car il finit par forcer la fusion, provoquant l'apparition de l'autre, de nous…

La fusion avait été brutale mais ma réaction n'en fut pas moins vive et d'un coup de main sec, bien que mes esprits soient encore à se poser la question de ce que j'avais vu et pourquoi l'avais-je vu, je claquais la porte rapidement.

Me plaquant contre celle-ci dans la crainte qu'elle ne s'ouvre d'elle-même ou que le chaman cherche à la rouvrir lui-même, je lui fis face et demandai de ma voix rauque et grave, un sourire gêné sur le visage qui trahissait clairement mon désir de détourner son attention :

- Et si on ouvrait plutôt celle-ci… Allez-y, je vous en prie !

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Ven 15 Jan 2016, 22:11

Le chaman attendit patiemment que son camarade fasse son choix. De toute façon ils finiront bien par visiter toutes les pièces du manoir, mais laisser une part au hasard était important pour Devaraj. Si l'on éliminait toute coïncidence et que l'on réfléchissait trop, il n'y avait plus surprise et cela serait d'un ennui mortel. Regardant Azraeth ouvrit une première porte, il haussa un sourcil en le voyant la refermer peu de temps après. Qu'est-ce-qui avait bien pu poussé son congénère a changer d'avis aussi rapidement ? Étrange. "Vous êtes sûr ? Bon, pourquoi pas." Devaraj ne désirait pas importuner son interlocuteur, même s'il était à présent très très curieux de savoir ce qu'il se cachait derrière cette porte. "Pour répondre à vos précédentes questions, il existe deux tribus chamaniques. La tribu Alséa vénère l'Aether de la Mort et la tribu Raoni celui de la vie. Chacune ont leurs propres rituels et symboles, bien que l'on soit tous des chamans. D'ailleurs, tous les membres de la race sont bienvenus dans l'une ou l'autre. On ne peut pas faire parti des deux à la fois, on est pas obligé d'être dans l'une ou l'autre, et on peut changer d'avis à tout moment si l'on en ressent le besoin. En somme... Entrer dans une tribu, c'est comme s'installer dans une grande maison avec des personnes qui partagent la même vision du monde. De mon point de vue, c'est aussi un bon moyen pour se tenir informé des actions de notre Roi."  Il sourit, amicalement. "Ce ne sont pas des questions stupides, au contraire, tout le monde à le droit de savoir." précisa-t-il en voyant l'embarras d'Azraeth. "Personne ne naît chaman, on le devient tous par transformation. Mais pour ma part ce n'est arrivé qu'après mon enfance. Maintenant cela fait plusieurs années, mais j'ai toujours beaucoup de progrès à faire. Et vous ? "

Tout en parlant, il ouvrit la deuxième porte et entra en premier. Lui qui s'attendait à voir une grande pièce assombrie et remplie de poussière, se retrouva dans une forêt verdoyante et enneigée, qu'il reconnut immédiatement. Devaraj comprit que quelque chose ne tournait pas rond. Consterné, le chaman regarda son lui-même d'il y a vingt-ans courir un peu partout dans les bois et entrer dans des vieilles ruines. Il frissonna. Ce souvenir n'était pas très agréable, bien que ce soit l'heureux hasard qui lui avait permit de découvrir le monde des chamans. Le chaman aurait voulu fermer les yeux, mais il était incapable de détacher son regard des ruines. Il connaissait déjà la scène. C'était juste bizarre de la regarder en tant que spectateur. Le gamin disparut entre les pierres. Il y eut un silence, puis des cris provenant de l'amas de pierre. Devaraj fronça les sourcils et ferma les yeux pour échapper à l'illusion. Il recula pour sortir de la pièce, espérant briser le maléfice. Maintenant, il comprenait mieux la réaction de son camarade un peu plus tôt ! Se raclant la gorge, le chaman préféra garder ses yeux fermés et ne pas bouger pour mémoriser sa position. Si ce n'était qu'une illusion, le chaman émit l'hypothèse qu'il suffisait de bouger dans la réalité pour sortir du manoir. Mais encore fallait-il se rappeler du chemin. Et puis Devaraj était loin de vouloir partir ! Cette surprise ne faisait qu'agrémenter de la meilleure façon possible sa journée. Devoir faire face à des mémoires douloureuses n'était certes pas agréable, mais le chaman y voyait un nouveau défi : réussir à coincer le responsable de cette mascarade ! "En parlant d'esprits, soit ce lieu est maudit, soit nous sommes sous l'emprise de la magie d'un individu ici présent, soit... un fantôme nous joue des mauvais tours." dit-il en réfléchissant à voix-haute, se forçant à rester calme.  "Dans tous les cas, il semblerait que nous soyons enfermés dans nos souvenirs... Je ne me trompe pas ?"

La probabilité qu'un tierce individu vivant soit dans le coup était très faible à ses yeux. Lui-même n'avait vu personne lors de son arrivée et il se fiait suffisamment au flair de Cendres pour quasiment affirmer qu'ils étaient les seuls sur les lieux. Restait donc l'hypothèse du lieu maudit, ou des esprits. "J'ai apprit à parler aux esprits. Il est évident que ceux qui restent parmi nous ont toujours une raison bien précise pour le faire. Ou bien c'est parce-qu'ils sont devenus fous. On raconte que les autres sont dans l'Au-Delà, mais je n'en sais pas plus" avoua le chaman en haussant les épaules.  
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Lun 15 Fév 2016, 12:03

Ma gêne s'effaça peu à peu tandis que Devaraj semblait abandonner l'idée de s'opposer à ma proposition et de rouvrir la porte que je bloquais de mon corps tout entier. Il continuait même à me parler des Tribus chamaniques ce qui ne manquait pas de m'intéresser. C'est alors qu'il terminait et se tournait vers la seconde porte et s'apprêtait à l'ouvrir qu'il me posa une question à laquelle j'émis quelques hésitations avant de répondre. Dans le même moment je rompis la fusion avec Oda, quittant cet instant pour laisser la place à Azraeth, seul…


Reprenant mes esprits, je fus plus déstabilisés encore. L'autre avait une voix très grave, loin de mon propre timbre de voix, si bien que j'essayais vaguement de trouver un ton intermédiaire entre ma véritable voix et celle de l'autre, histoire que la transition ne soit pas trop évidente…


- Je… Je suis devenu un chaman il y a peu. J'ai… Longtemps vécu, avant cela… Très longtemps… Je suis beaucoup plus vieux que je ne semble l'être, autant physiquement que mentalement.


Et si cette phrase semblait suggérer que le physique et le mental se rapportaient dans mon discours à l'affirmation selon laquelle j'étais âgé, la vérité c'est qu'ils se rapportaient plus à celle déclamant que je ne le paraissais pas… Et pour cause : je n'avais jamais vraiment vécu et cent ans d'errance inutile ne valent en rien une année de vie, accompagnée de son lot d'émotions, de souvenirs et d'apprentissages…


Il entra alors dans la nouvelle pièce découverte à l'ouverture du battant de bois branlant qui lui servait de porte. En retard, je finis par le rejoindre, un peu dans la précipitation…


C'est alors que nous découvrîmes une végétation assez improbable dans un tel endroit, recouverte de neige et peuplée d'arbres…


- Cet endroit est bien étrange, je trouve. Et puis… Le climat extérieur ne supposait pas l'apparition de neige quand nous sommes arrivés, je me trompe ?


Je n'étais pas un grand savant mais tout de même : c'était assez évident !


Mais mon compagnon du moment ne semblait plus très enclin à la conversations… Il fit quelques pas en arrière et je ne me rendis compte de sa maladresse à se déplacer qu'un peu tard, si bien qu'il me rentra dedans…


- Oh… Euh… Pardon…


Il commença alors à m'expliquer que cette vieille bâtisse n'était visiblement pas atypique mais tout simplement sous l'emprise de quelque chose ou de quelqu'un… Et il me demanda de confirmer la thèse qui lui semblait la plus probante : nous étions prisonniers d'anciens souvenirs.


Mais si je lui confirmais avoir vu de vieux souvenirs, si je lui disais la vérité à propos de ce que j'avais vu, se mettrait-il en colère en sachant que je lui ai mentis par omission ? Allait-il me poser des questions gênantes sur mon passé ?


Et tandis que j'éprouvais des difficultés à élaborer une réponse viable, Oda vint me soutenir en parlant pour la première fois à haute voix depuis que nous étions entrés.


- Excepté des activités illégales, je vois mal les raisons qui pourraient amener un vivant à se cacher ici. Et s'il voulait nous faire fuir, pourquoi faire revivre leurs souvenirs aux visiteurs indésirables ?


J'eus un regard d'admiration pour Oda. C'était très juste, ce qu'il venait de dire… !


Puisque c'était la le sujet, Devaraj se permit de répondre à ma question précédente. Il savait en effet parler aux esprits, et par là, il sous-entendait, bien entendu, comprendre ce qu'ils ressentent, ce qu'ils veulent et leur venir en aide. Pour ce qui était d'échanger des mots, tout chaman savait le faire…


Il me vint alors une question qui n'avait rien à voir avec notre soucis du moment mais qui m'importait, moi.


- Vous pensez qu'il faut forcément qu'un esprit ait une bonne raison pour rester sur terre ? Vous pensez que tous savent rejoindre l'Au-Delà dont vous parlez ? Est-ce qu'un esprit mort trop tôt et appréciant encore les couleurs de notre monde ne pourrait pas rester sans attendre rien de son séjour prolongé ?


Soudain, il y eut un vacarme surprenant mais modéré et de rapides mouvements avant que je ne réalise que le génie, sous sa forme originelle, venait de fondre sur nous.


- Az ! Il se passe des choses bizarres ici ! J'ai vu mon papa ! Il était encore plus bleu que moi et il me criait qu'il fallait que j'apprenne à dire bonjour sinon je ne saurais jamais berner les voyageurs en tant que Génie !


Il semblait pleurer à chaude larmes mais c'était essentiellement de la comédie surjouée. Toujours dans son rôle, il tira le col de ma tunique qui s'étira de façon tout à fait surnaturelle sous les illusions du grand bonhomme azuré. Il prit un visage torturé à l'extrême et s'exclama :


- Il faut partiiiiiiiiiiiiir ! C'est dangereux ici !!!!


Difficile de déterminer s'il était sérieux ou non…


- Que fait-on ? demandai-je en me tournant vers mon collègue chaman.



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Sam 05 Mar 2016, 20:51

Devaraj se retourna vers l'esprit élémental. "Je suis d'accord pour dire que nous sommes les seuls êtres vivants ici. Cela dit, pourquoi avoir besoin d'une raison pour agir ?" Un sourire quelque peu particulier vint déformer son visage. "Si ça se trouve, celui qui se joue de nous n'a pas apprécié nos têtes et a décidé de nous en faire voir de toutes les couleurs, ou alors c'est simplement pas son jour et il est de mauvaise humeur, ou bien il avait juste envie de s'amuser... On peut en trouver une infinité, des raisons. La seule façon de le savoir, c'est de l'attraper." Et c'était important, de savoir. Le chaman avait un amour particulier pour la connaissance. Qu'il s'agissait de savoir pourquoi le chat du voisin lui avait volé son lait ou de savoir comment Vanille avait-elle réussi à détruire la moitié des terres du yin et du yang,  cela n'avait pas d'importance. Du moment qu'il se trouvait en face d'un fait irrésolu ou inconnu, il fallait qu'il trouve ou au moins, qu'il cherche la vérité.

Il se retourna vers son homologue et haussa les épaules. "Vous savez, moi je pense que les esprits ne voient pas le monde de la même façon que nous. Si ça se trouve, ils ne voient pas les mêmes couleurs, ni les mêmes choses. C'est ce qui rend la Mort si mystérieuse et... fascinante." Il sourit, avant de grimacer amèrement. "Par expérience, je sais que certains esprits sont perdus. Ceux qui sont morts récemment ne savent pas où se trouve l'Au-Delà, voir ne connaissent pas son existence. Les Ombres ne s'occupent que des âmes, au détriment des esprits qui se retrouvent seuls, et démunis de leur corps. Parfois, ce n'est pas facile de mourir et de l'accepter... C'est notre devoir de les aider à reposer en paix. Certains veulent du réconfort, d'autres des informations, d'autres une vengeance, c'est très variable et parfois très... compliqué."  Il se tût, le regard perdu dans ses anciens souvenirs.

"Par exemple, ici nous avons affaire à un cas tout à fait complexe. Et c'est justement parce-que c'est dangereux que je vais rester. Je ne vous retiens pas mais il me semble que la sortie de se trouve nulle part et que l'on sera plus efficace à plusieurs pour la retrouver." indiqua-t-il en voyant le Génie Bleu revenir, suivit de près par Cendres. Le lion entra dans la pièce, grognant lourdement, et vint tourner en boucle autour de son Maître.  Devaraj soupira, regardant à nouveau autour de lui. Tout à coup, ils n'étaient plus dans le manoir mais dans une ruelle sombre et étroite, des bas-quartiers de Medigo. Le chaman en devint tout blanc, reconnaissant sans mal un de ses propres récents souvenirs. "Vous feriez mieux de fermer les yeux." prévint-il nerveusement. Au bout de la ruelle, il y avait le corps sacrifié du chenapan qui s'était fait passé pour le roi des Chamans tout en arnaquant des pauvres bougres, prétendant voir les esprits des morts. Quand il avait découvert la supercherie, Devaraj s'était un peu énervé. On entendait encore les cris que la victime, qui plaidait pour son impossible survie et son pardon. Des cris que le chaman entendait encore dans ses rêves, des cris qui pesaient beaucoup sur sa conscience, même s'il ne regrettait rien et qu'il était quasiment certain d'avoir fait quelque chose de juste. Mais c'était ça le problème, il était presque certain, mais pas entièrement et c'était cette infime possibilité, ce doute minuscule qui lui rongeait l'esprit jour après jour. Malheureusement pour lui, l'illusion était très réaliste et avoir l'occasion de revoir sa propre oeuvre n'était pas quelque chose dont le chaman raffolait, surtout quand il s'agissait d'un de ses excès de folie et de colère.

"Je pense que la solution pour sortir est dans notre tête." murmura-t-il, s'appuyant contre le mur de la ruelle. Après tout, une illusion ce n'est pas physique mais immatériel. "Je crois aussi que l'esprit choisi nos souvenirs, non ?" Il ne pouvait pas être tombé au hasard sur ce souvenir-là, parmi tout ce qu'il avait vécu pendant vingt-sept ans. Devaraj était persuadé que l'illusion concernait ce souvenir parce-que c'était celui qui le chiffonnait le plus en ce moment. Ce qu'il restait à savoir, c'était la réaction qu'attendait l'auteur de la mascarade en retour pour être satisfait de son petit jeu. Pour atteindre la sortie, il fallait bien faire ou dire quelque chose, ou avoir un comportement spécial. C'était la théorie du chaman, bien qu'il n'ait aucune idée de quoi faire pour la mettre en œuvre.

Que cherchait donc à lui faire comprendre ce curieux esprit ? Quel était son vrai but ? Ne prêtant plus d'attention à son compagnon qui avait d'ailleurs disparu, Devaraj grogna et se focalisa sur l'illusion qu'on faisait miroiter devant ses yeux. Etre spectateur de sa propre violence n'était pas chose agréable, mais il se força à le supporter. Il est vrai qu'il avait du mal à regarder cette scène droit dans les yeux, car il peinait à accepter son action, son choix, sa colère. Peut-être était-il temps d'arrêter de se cacher, d'assumer ? S'il voulait être fort pour son peuple, faiblir ainsi n'était pas permis. Perdu dans ses pensées, il soupira doucement. "Est ce ton rôle de montrer aux autres les épines qu'ils ont dans les pieds ?" L'esprit rit, puis disparu et son illusion avec lui. De retour dans le manoir abandonné, le chaman ressortit et disparut dans la forêt, le cœur sûrement plus léger.
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L'esprit Farceur [PV Devaraj Saälm]

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