Le Deal du moment : -20%
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, ...
Voir le deal
399 €

Partagez
 

 Ô Aether de la Mort, enseigne-moi tes secrets ! [Entrée tribu Alsea ]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Lun 21 Sep 2015, 11:38

Ô Aether de la Mort, enseigne-moi tes secrets ! [Entrée tribu Alsea ] Bloggi10




◈ Ô Aether de la Mort, enseigne-moi tes secrets ! ◈



Le chemin qui le mena du Berceau Cristallin à l'Antre des Marais fut silencieux et méditatif. Il avait laissé Neyra et ses compagnons vaquer à leur propre vie, et c'était concentré sur la sienne. Ayant ressenti le besoin de se ressourcer, c'était par pur réflexe que son esprit l'avait ramené dans les marécages, car il savait que c'était là que se trouvait la plupart des autres chamans, c'était là-bas qu'il trouvera réponse à ce qu'il cherchait et qu'il allait s'installer pendant quelques mois. Pourtant il n'était pas las de passer ses jours à voyager, ni fatigué d'être un nomade. Parcourir de nombreuses lieux à pied et contempler de nouveaux paysages quotidiennement était quelque chose qui faisait partie intégrante de sa vie et dont il ne pourra plus jamais se passer… Mais errer sans réellement connaître son foyer et sans vraiment savoir si on y est toujours bienvenu était devenu une pensée pesante. Avait-il réellement une place qui lui soit destinée ? Pouvait-il se rendre utile aux autres de son espèce ? A ce soucis d'appartenance il n'avait jamais réellement réfléchi, et d'ailleurs ce sentiment n'était pas apparu tout de suite. Jeune chaman sortant fraîchement de son village montagnard, il s'était d'abord senti d'humeur à parcourir les continents, s'émerveillant de ses nouveaux pouvoirs et s'occupant à satisfaire sa curiosité. Mais maintenant qu'il avait acquit des connaissances, qu'il avait fait des rencontres et s'était forgé une expérience et un avis sur ce que c'était qu'être un chaman, il avait envie de pouvoir le partager avec les autres et de pouvoir échanger avec eux. En bref, il voulait devenir un des nombreux petits rouages qui faisaient marcher la race chamanique et faire ainsi partie intégrante du mécanisme dans son ensemble.

Les souvenirs désormais lointains de la tribu Raoni resurgissait peu à peu au fur et à mesure qu'il s'enfonçait dans les eaux stagnantes et les arbres pourrissants. Étrangement, il ressentait encore l'âcre odeur du sang, le pinceau rugueux qui courait sur sa peau pour y peindre les symboles de la race, la fumée du grand feu qui lui brûlait la gorge, et surtout la sensation d'euphorie qui  naissait en conséquence. Ce jour-là, il avait tué un homme pour la première fois. Mais avec du recul, il trouvait que l'expression « tuer » était tout à fait inappropriée. Qu'est-ce-que cela signifiait d'arracher la vie d'un autre quand on savait que la mort n'est qu'un passage vers une autre forme de vie ? Qu'est-ce-qu'était réellement la mort, à part une simple légende inventée par les ignorants ? Il n'y avait pas lieu d'en avoir peur, et encore moins de considérer comme un crime de la donner. Au final, « mourir » revenait simplement à traverser une frontière. Et cette si faible et tangible limite entre vivants et esprits, il voulait la sentir, la toucher, la contempler de plus près. Un profond respect c'était inscrit en lui pour ce mécanisme si fascinant que les autres appelait communément la « mort ». C'est donc tout naturellement qu'il guida ses pas vers le camp de la tribu Alsea, ceux qui vénéraient l'Aether de la Mort.

L’atmosphère brumeuse et humide donnait une impression fantomatique au lieu. Des vagues bruits de tambours ou de chants lui parvenaient parfois, se mêlant étrangement aux croassements des crapauds et au gargouillement de l'eau croupissante. Parfois, une odeur d'encens et de sang lui parvenait, accompagnée d'autres sentences fumées. Il n'était par rare de croiser des charognes, ou sinistres marques de sacrifice. Sa première découverte de l'antre n'avait pas été agréable. Il semblerait qu'apprécier l'endroit nécessite un état d'esprit bien spécial. Cette fois-ci, Devaraj ne se plaignait pas. Entendre, sentir et voir des signes de vie chamanique, qui lui étaient désormais familiers le faisait naturellement sourire. Ici, il n'avait pas à s’inquiéter ni des autres races, ni des guerres ou des catastrophes. Ici, il pouvait rencontrer d'autres chamans en toute quiétude. Peu lui importait le reste. Il voulait faire de cet endroit son chez-lui. Son vrai point de départ, et de retour. Ici et ici uniquement, il pouvait ressentir pleinement sa passion, sans restriction. Dans l'antre, la bordure entre vie et mort était plus chancelante que partout ailleurs. Errant tel un spectre dans la brume, Devaraj atteignit un promontoire engouffré dans un cercle épais d'arbres biscornus, noir ou verdâtres. La vase y remplissait les feuilles, filtrant la lumière et ne laissant passer que quelques faibles rayons de jade. La clairière était sombre et sinistre. Pourtant elle était belle, baignant dans sa lumière verte, et parsemées de tentes en peau noircie dont sortait de la fumée grise, morts et vivants y cohabitant en éternelle harmonie.

Les chamans ne restant jamais sédentaires très longtemps, il était normal de voir des voyageurs arriver et repartir, quelque soit la tribu concernée. Chacun avait ses propres raisons et personne n'avait besoin de les divulguer. La seule règle était de respecter les rituels et de ne pas bafouer les Dieux. Devaraj prit le temps de rencontrer des membres de la tribu. Il discuta avec eux de ce qu'il ressentait, de la race en général, des esprit et de la Mort. Quelques jours après, il annonça enfin sa volonté d'intégrer la tribu. On le guida vers une des nombreuses tentes pour qu'il puisse se laver, puis on l'habilla avec des habits légers fait en peau tannée et décoré par des motifs noirs ou rouges. A cela s'ajouta un collier en plumes, et de nombreuses peintures sur son torse et visage, la chamane qui s'occupait de lui peindre la peau avec du sang dilué dans un liquide plus épais, lui expliquant au fur et à mesure la signification de chaque trait. Plongé dans un monde quasiment, irréel, Devaraj ressortit de la tente métamorphosé et s'arrêta pour contempler le camp autour de lui. Il n'était pas le seul à vouloir devenir un membre de la tribu, il y avait aussi d'autres chamans adultes ou enfants qui voulait affirmer leur loyauté au Dieu de la Mort. Une cérémonie spéciale allait être donc donnée le soir même, en l'honneur des nouveaux arrivants. Toute la tribu était en pleine effervescence pour finir à temps les préparatifs, avant la tombée de la nuit.


Frémissant, Devaraj planta ses yeux dans ceux du sacrifié. Que ce soit pour l'un ou pour l'autre, on n'y voyait aucune trace ni de peur, ni d'horreur, ni de dégoût… Mais simplement la même lueur de fascination et d'admiration. Aucun des deux ne s'inquiétait pour ce qui allait suivre. Quand la masse s’abattit sur la tête, Devaraj ne vit pas l’intérêt de ciller ou de détourner le regard. Cela aurait mené à bafouer l'honneur du sacrifié et manquer de respect au Dieu. Bien cela puisse être terrible à regarder, assister à ce passage du matériel vers l'immatériel lui faisait ressentir un profond sentiment d’exaltation. Comme s'il y avait là une puissance magnifique et ensorcelante à l’œuvre. Il avait l'impression d'assister à un processus que les humains n'auraient normalement jamais du voir. Cette exclusivité réservée aux chamans et ce monde explorable que par eux-même était pour lui une des plus grandes richesse de la race.

Les étoiles commençaient à s'effacer pour une aube olivâtre quand il devint officiellement un chaman de la tribu Alsea. Le goût métallique du sang dans sa bouche et l'alcool parcourant ses veines lui procurant une sensation palpitante de béatitude assez étrange, de cette nuit ne lui restant que des souvenirs d'un autre monde.

Les jours suivants passèrent assez rapidement. Il s'intégra dans la vie quotidienne de la tribu et s'habitua peu à peu à leur façon de vivre. Ainsi, il apprit à reconnaître autour de lui les signes envoyés par l'Aether de la Mort, et à interpréter les différents rêves que l'on pouvait avoir. La connaissance totale des symboliques chamaniques était quelque chose qui demandait de la patience, beaucoup de volonté et une croyance infaillible… Et surtout,  de l'expérience et de la sagesse. Si Devaraj correspondait déjà aux trois premiers critères, il aura encore besoin de nombreuses années pour réellement maîtriser ce domaine. Mais il n'était pas près de se décourager face au grand mystère qui entourait ce Dieu. Se rendre compte de l'amont de savoir qui lui manquait encore ne fit au contraire qu'agrandir son contentement… Car après tout, ce qu'il aimait le plus en tant qu'être humain, c'était d'apprendre de découvrir des choses.

Les esprits qui séjournaient avec la tribu étaient aussi une grande source d'informations diverses. Khaal semblait apprécier cette proximité avec d'autres esprits compagnons. Elle pouvait partager ses sentiments avec eux, en était certaine d'être comprise. Ici, elle était sûre de ne pas rencontrer des chimères du passé, et chamans et esprits vivaient sans réelle distinction. Cela importait peu que l'on soit mort ou vivant. Et quelque part, elle était fière de voir son chaman devenir un peu plus mature et concerné par sa cause.

Il resta trois mois avec la tribu Alsea, participant avec eux aux différents rites et à leurs vie nomade, avant de pouvoir enfin repartir l'esprit en paix. Cette fois-ci, il avait réellement un foyer où revenir, une place attribuée, et un endroit bien à lui. Mais de nombreux esprits attendaient partout dans le monde de pouvoir être aidé, ou même simplement communiquer avec les vivants, et leur nombre ne faisait qu'augmenter inévitablement. Voilà pourquoi il ne pouvait pas rester indéfiniment reclu dans l'Antre des Marais. Mais y séjourner quelques mois était agréable, voir même nécessaire. Devaraj garda avec lui le collier en plumes qu'on lui avait donné à la cérémonie d'entrée. Ayant entre-temps apprit comment appliquer la peinture sur sa peau, il emporta deux pot en terre cuite contenant des onguents noir et rouge, ainsi qu'un pinceau. Puis on lui donna aussi une petite amulette en bois peint, sculptée en forme de corbeau. Le corbeau était un signe de bon augure, messager du Dieu de la Mort. Il rangea soigneusement le tout dans son sac, y rajouta quelques provisions et vêtements de rechanges, puis fit ses adieux aux autres chamans. Il reviendra de toute façon plusieurs fois au cours de l'année quand il en ressentira le besoin.

Quittant la lisière des marais, Devaraj laissa derrière lui un monde secret rempli de senteurs âcre, de sang et de sacrifices. Il esquissa un beau sourire et laissa ses pieds le guider vers une prochaine destination encore inconnu. Il ne s'était jamais senti autant chaman de toute sa vie…

◈ Fin ◈



Mots : 1874
Revenir en haut Aller en bas
 

Ô Aether de la Mort, enseigne-moi tes secrets ! [Entrée tribu Alsea ]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» | Tribu : Alsea [Culte de la Mort] |
» Aether et Réprouvé (pv Lapinou)
» [A] - L'Aether du Grand Tremblement
» [A] - Les révélations d'un Aether oublié
» « La mort est douce : elle nous délivre de la pensée de la mort. Même si au fond, nous ne l'avons jamais avoué nous-même » (Pv Vanille)
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Dévasté - Est :: Antre des marais-