Raphaël était assis dans ce qui semblait être une salle blanche, entièrement dénudé de tout relief. Il avait donc du mal à se repérer. Il ignorait depuis combien de temps il était ici. Il savait juste qu’il avait marché durant longtemps dans la montagne de l’edelweiss enneigée. Il avait finis par trouver une stèle, et, sans savoir pourquoi, ni comment, il s’était agenouillé, et avait murmuré « je vous mon destin au temps ». Qu’est-ce que ça voulait dire exactement ? Non, il ignorait totalement ce qu’il faisait exactement ici, ni pourquoi il avait prononcé ces mots. De plus, il s’inquiétait un peu pour Nathaniel, car il avait disparu sous les yeux du dragon, qui devait le chercher partout sans comprendre pourquoi. Mais au bout d’un moment, ses émotions finirent pas se calmer, et il ressentit un grand vide, mais ce n’était pas effrayant. Au contraire, c’était relaxant, et, petit à petit, il retrouvait un calme qu’il n’avait encore jamais ressentit. Cela lui permit de s’éclaircir les idées, et de mieux réfléchir. Cet endroit n’était peut-être pas aussi dérangeant qu’il l’avait pensé au départ.

En même temps, les Maîtres du temps l’observaient dans leur coin, sans qu’il ne puisse les voir. « Vous êtes  vraiment sûr de lui… Il semble instable ». Dit Clovis. Serah l’observait également, un léger sourire sur le visage, et répondit à l’autre Maître. « Peut-être, mais s’il apprend à se contrôler, il pourrait devenir un excellent Maître du temps. Vous le voyez tous ». Ils hochèrent la tête, mais une autre souleva des objections. « Oui, mais il y en a d’autres où il devient un être vil et sans foie… Tout comme dans certaines de ses anciennes vies ». Rétorqua Ortance en plissant les yeux. Ils restèrent silencieux encore un moment, puis il y eut un mouvement. C’était Azaël qui bougeait. « Cessons de tergiverser, et allons parler ». Les autres Maîtres se regardèrent, puis avancèrent avec celui qui venait de lancer l’idée. Il avait raison, Raphaël passerait leur petit teste, et s’il ne les contentait pas, il ne serait jamais un Maître du temps.

« Raphaël, nous allons te poser des questions, et tu vas devoir y répondre avec un seul mot ». Lui dit Clovis. L’Elémental bondit sur ses pieds, surpris d’entendre une voix sans voir d’où elle venait. « Pourquoi, et vous êtes qui ? ». Clovis voulut répondre, mais Serah prit la parole à sa place. « Nous sommes des Maîtres du temps, et nous voulons t’enseigner cette voie. Les réponses à nos questions nous permettrons de te juger ». Raphaël hocha la tête, mais fut incapable de dissimuler sa surprise face à la proposition qu’on lui faisait. Ce fut Ortance qui reprit. « Les mots sont des mensonges. Tous les grands personnages les utilisent pour manipuler les autres et dissimuler la vérité. Tes réponses ne seront composer que d’un mot car tu ne pourras pas mentir ». A nouveau, il fit un signe de tête pour signifier qu’il avait compris. Il était toujours aussi étonné de savoir qu’on lui faisait une telle proposition. Il n’était rien, à peine connu parmi les siens, et par tout le monde en général. Sa puissance n’était pas impressionnante, et il n’avait aucune qualité. Alors pourquoi l’avoir choisi ? Non, il ne comprenait pas. Et pourtant, une sorte de certitude l’envahit. Les mots des Maîtres le traversaient comme s’il était persuadé que c’était réel, et pas une grande farce.

« Je m’appelle Clovis, et voici la première question. Quelles sont tes ambitions ? ». Raphaël réfléchit deux minutes. Les Maîtres ne lui avaient pas donné de limite de temps, alors il le prenait. Il ferma les yeux, bien qu’il ne voie rien à cause d’un sort quelconque. Il devait être le plus sincère possible, il s’en doutait. Il finit par ouvrir la bouche et répondre un mot unique. « Aucune ». Tous les Maîtres furent surpris de la réponse, et ils tournèrent la tête vers Aude, qui hocha la tête, leur confirmant qu’il disait la vérité. Ce fut alors le tour d’Ortance qui se lança. « Je m’appelle Ortance. Quelles sont tes limites ». Là encore l’Elémental prit le temps de réfléchir. « Repousser ». Elle retint un léger sourire. Elle aimait bien sa façon de penser. Il venait dire qu’il repoussait toujours ses limites. « Quels sont tes espoirs ». Raphaël croisa les bras. Il n’avait jamais eu l’impression d’avoir un espoir quelconque, mais il finit par répondre. « Apprendre ». Il disait ça dans l’optique où il voulait apprendre, et retenir les choses. C’était son espoir, peut-être le seul qu’il n’avait jamais eu, mais qu’il rejetait toujours au fond de son esprit pour ne pas y penser, et arrêter d’être brisé. Aude prit alors la parole. « Je suis Aude. Pourquoi veux-tu devenir Maître du temps ? ». Raphaël réfléchit encore, plus longtemps que les autres fois. C’était drôle le genre de question qu’on pouvait lui poser alors qu’il ne savait même pas ce qu’il faisait ici. A quoi pouvait bien servir un Maître du temps ? Non, ce n’est pas celle-ci qu’il devait se poser. Que faisait les Maîtres du temps, étaient plus juste. « Sauver ». Sauver son âme, sauver ses émotions, mais aussi sauver ce qui pouvait l’être. Il n’avait jamais eu l’âme d’un chevalier qui sauve le monde, mais avait toujours eu une certaine envie de protéger le monde. Apparemment, sa réponse était recevable, car un autre prit la parole. C’était Azaël. « Qui es-tu ? ». Raphaël haussa un sourcil. C’était la question la plus simple qu’il est eu jusque-là. Il ne prit pas la peine de réfléchir. « Rapha… » « Une réponse plus profonde, et plus personnel tu dois donner ». L’Elémental ferma la bouche, et attendit, réfléchissant. « Personne ». Les Maîtres se consultèrent du regard pendant un moment. Un moment qui lui sembla une éternité.

Après un certain temps, les cinq Maîtres s’avancèrent vers lui, et lui mirent tous une main sur les yeux, les uns après les autres. Il ne retrouva pas la vue, mais il sentait une force le traverser à chaque fois. Puis ils tendirent tous une main, formant une coupole. La magie se condensa autour d’eux. Quelques secondes après, apparut un sablier, avec du sable de couleur bronze. Serah s’avança vers Raphaël, lui prit la main, et déposa le sablier à l’intérieur. « Voici le sablier qui contient tes pouvoirs, nous allons l’intégrer à quelque chose qui t’appartient ». Raphaël réfléchit, et sortit une chaînette de son sac, avec une bague en guise de pendentif. C'était une chevalière noire. Elle était résistante, et il ignorait le prix qu'elle avait, mais il l'avait toujours eu avec lui. Elle pouvait servir de réceptacle. Serah prit la chaîne, et fit fusionner le sablier et la bague. « Tu reviendras quand tu seras prêt ». Dit-elle. Puis Raphaël disparut de la salle, et revint à la montagne de l’edelweiss enneigée.