« Non ? » - « Si ! D’ailleurs, il a même ajouté que … Oh. » Coupées dans leurs incessants bavardages par l’arrivée silencieuse de l’un des Triplés Paiberym, les filles jetèrent un coup d’œil insistant aux Jumeaux. Viviane ne put s’empêcher de sourire, consciente que les membres de son petit clan n’appréciaient guère la fratrie. Ils ne semblaient pas autant se préoccuper de leur réputation que Luna et Marius au point que la présence de deux d’entre eux soit perçue à elle-seule comme une agression. Ils avaient quelque chose de … inquiétants. Elles devaient certainement espérer qu’il s’agisse du plus agréable des trois. La Sorcière n’eut aucun mal à reconnaître Kaahl à son caractère plus sociable, du moins en apparence. « Le plaisir est partagé. » répondit-elle doucement de sa jolie voix. Son frère se contenta de hocher la tête en guise de salutation. Ils se connaissaient depuis de nombreuses années, pour avoir été élevé dans le même milieu. Ils étaient aussi proches que pouvait l’être des adolescents sorciers de haute naissance. « Les vacances ne sont qu’un vague concept idéologique et désuet dans l’esprit de Lord et Lady Pandémonium. » ajouta-t-elle, rêveuse, évoquant son Oncle et sa Tante. « Néanmoins, les semaines étaient riches en enseignements et rebondissements. Les vôtres ? » Khaal ne tarda pas à rejoindre le groupe, reconnaissable par l’ombre répugnante qui était toujours sur ses talons. Les Jumeaux prenaient toujours grand soin à ignorer Eleanora, pour avoir été éduqué dans le mépris des Elementals, fussent-ils des Mages Noirs autrefois. « Intéressantes. » répéta Luna en guise de réponse, réitérant la politesse en s’équerrant de la bonne tenue des siennes. Le troisième Kaalh finit par faire son apparition, à son tour. Les jeunes filles qui suivaient Luna où qu’elles aillent ralentir le pas, préférant se tenir à l’écart. Qu’elles se taisent enfin n’étaient pas déplaisants. « Dépêchons. » souffla Marius qui s’impatientait. « Que cette cérémonie se passe au plus vite. » C’était une perte de temps à ses yeux, mais il ne pouvait pas négliger l’importance de jauger et juger la concurrence et les générations suivantes. « Je serai contraint de vous abandonner quelques instants à la suite de toutes ses formalités de bienvenue, ma sœur. Je dois rencontrer l’un de nos professeurs. » - « Bien. » Elle ne l’interrogea pas davantage. Elle savait que si son frère avait souhaité en dire plus, il l’aurait simplement fait. Après quelques instants de marche, ils rejoignirent le grand amphithéâtre où se bousculaient un tas d’élèves anxieux.

La Sorcière se glissa entre trois ou quatre Alfars pour rejoindre une rangée de sièges vides, non sans les gratifier au passage d’un charmant sourire que son frère, qui la suivait de près, réprouva d’un regard. Elle s’assit, il l’imita. « Par Harôun, vous n’auriez pas pu mieux choisir. » commenta-t-il avec une touche de cynisme. Non loin de là, Rackham, un humain qui vivait pour les filles et la musique, jouait et chantait, accompagné par les voix enjouées de quelques amis. « Il finira bien par se taire. » murmura-t-elle, se voulant rassurante. « Ce ne sera jamais assez définitif à mon goût. » - « Je sais. » Cässah se pencha pour tapoter l’épaule de Viviane. Après avoir grimacé, puisqu’elle détestait qu’on la touche, elle se retourna. « Devine qui n’arrête pas de te reluquer depuis ton arrivée. » gloussa-t-elle. « Eliott ! De l’obsidienne. Le sixième année !» D’une mine encore plus dégoutée, elle secoua la tête. « Il n’arrête pas de parler de toi à Grimwyn. Qu’est-ce qu’elle doit lui dire ? » - « Rien. » Elle voulut se remettre droite, arrêtée nette par la jeune fille qui ne comptait pas lâcher l’affaire aussi facilement. « Il est plutôt pas mal. Il ne t’intéresse pas ? » - « Tente ta chance, toi. » - « C’est vrai, je peux ? » Elle était certaine qu’il lui plaisait. « Bonne chance. » Ravie, elle se mit à pépier avec Meda. « Vous avez des amies … » chuchota Marius sans terminer sa phrase, suggestif. « Oui, c’est certain. » répondit-elle assez sèchement, agacée par ses futilités. Elle chercha Kaahl des yeux. « Méfiance. » le prévient-elle. « J’ai cru comprendre que Grimwyn n’était pas insensible à tes charmes. Je suis surprise qu’elle n’ait pas déjà tenté une approche. » Même si elle se doutait que la demoiselle avait refreiné ses ardeurs de peur de se tromper de Triplé. Ils se ressemblaient tellement que la confusion était facile.

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