Raphaël se réveilla en sursaut, et se redressa. Aussitôt, une douleur vive et intolérable lui vrilla le crâne. Il s’effondra sur son lit, se tenant la tête entre les mains, et commençant à se tortiller sous la douleur, serrant les dents pour ne pas crier. Une fois passée, il reposa les bras à côté de sa tête, et reprit son souffle. Il sentit du sang coulé dans sa bouche. Il s’était mordu la joue. Posant une main sur son front. « C’était quoi ça ? ». Il se releva, doucement cette fois-ci, et regarda lentement autour. Il était dans un lit, avec d’autres personnes tout autour, la plupart étaient malades et blessées. Qu’est-ce qu’il faisait là ? Il n’avait rien. A part ce mal de tête. Soudain, les souvenirs remontèrent à la surface. Il se plia en deux, essayant de les refouler. D’abord les plus récents. Nathaniel se faisant embêter par une gamine, Bagaya qui l’engueulait, puis une violente douleur, et ensuite plus rien. Mais ce n’était pas tout, le reste arriva au galop, défilant devant ses yeux, provoquant un véritable massacre dans son esprit. Il revoyait toute la vie de Bagaya à l’envers. Ses rencontres, la façon dont elle était sortie des contes, qu’elle les avait transformés, comment elle y avait été enfermée. Son cerveau ne pouvait pas supporter la charge de souvenir. Il ne pouvait déjà pas se souvenir de plus d’un mois, alors de toute une vie, et longue en plus !

L’Elémental faillit perdre à nouveau connaissance, mais il résista. Se levant difficilement, une main sur la tête, il avait l’impression que son cerveau cuisait. Il avait besoin d’eau. Et puis, cette race d’Elémental ! Tous des monstres ! Mais pourquoi ça faisait contradictoire ? Ca ne collait pas. Il ne se détestait pas normalement. Mais il était quoi au juste ? Une Sorcière ? Non, il était pourtant sur d’être un homme, pas une femme. Et puis, il n’était pas minuscule. Mais alors, qu’est-ce qu’il était ! Complètement perdu, il poussa un hurlement. Il entendit des gens courir vers lui, et commença à reculer, effrayé. Pourquoi ça ? Il n’en avait aucune idée, il savait simplement qu’il devait fuir. Fuir les Elémentals. Fuir ces monstres ! Il fit demi-tour, et chercha frénétiquement une sortie. Il descendit un escalier, ouvrit une fenêtre et sauta, du premier étage. Il atterrit debout dans un bosquet de fleur. Il roula pour amortir le choc. Se relevant, il se mit à courir. Qu’est-ce qui se passait ? Il devait trouver quelque chose. Quelque chose de très important. Et ce garçon ! Ce sale gamin Elémental aux cheveux noirs et aux yeux bleus ! Il devait le tuer ! Le tuer avant qu’il ne trouve la fleur !

Raphaël s’arrêta contre un arbre, reprenant son souffle. Il n’en avait pas conscience, mais il se trouvait dans une forêt d’arbres gigantesques, et magnifique. Un cours d’eau courant non loin. Il n’en pouvait plus. Mais il devait continuer à avancer ! Retrouver la fleur et… Mais qu’est-ce qu’il racontait ! Il était pas Bagaya ! Il s’appelait Raphaël ! Il était un Elémental ! Et… Sa tête lui faisait encore très mal. Il avait l’impression qu’on lui broyait le crâne. « Raphaël ! Je suis Raphaël ! Je suis… Je suis… ». Epuisé, et brpulant de fièvre, la sueur lui coulant sur le front et dans le dos, il fit quelques pas en avant. Mais son cerveau refusait de continuer d’avancer, et ses jambes ne le soutenaient plus. Il s’effondra, par terre, dévalant la pente en roulant. Les racines et les branches d’arbres le griffèrent, et le blessèrent, mais il ne sentait plus rien. Seul la douleur est dans sa tête le consumait. Son esprit était au bord de la rupture. Il entendit quelqu’un crier, crier de douleur. Il ne remarquait pas que c’était lui qui hurlait. S’il n’arrivait pas à faire le tri, à refouler les souvenirs de Bagaya, il allait sombrer dans la folie. Ou pire, mourir.