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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

Æther des Bergers et des Wëltpuffs
◈ Parchemins usagés : 3537
◈ YinYanisé(e) le : 20/07/2013
Eerah
Mer 18 Mar 2015, 23:50


Jour de pluie sur Avalon ; les centaines de tuiles cliquetaient en cœur, berçant la ville d’une mélodie ininterrompue. Pour une fois, Eerah dormait en ville. C’était pourtant tentant de se rendre dans son havre de solitude : En quelques secondes, la téléportation faisait son affaire et il n’avait pas à se préoccuper de quoi que ce soit. Seulement ce soir, en plus du Töh Taureau et des quelques créatures qui s’égaraient dans son jardin, une jeune Déchue l’attendait de pied ferme, probablement les bras croisés et la moue stoïque de celle qui attends quelques explications. L’avait-il seulement mérité, cette remontrance ? Assis sur le balconnet du dernier étage de la Bibliothèque, le Déchu laissait ses jambes pendre dans le vide, les mains posées sur la pierre, glacées. Il était véritablement frigorifié, mais avait choisi de l’ignorer. La Magie bloquait les sens. Il ne sentait pas le froid, ni le vent, ni même les centaines d’aiguilles qui le transperçaient à chaque bourrasque. C’était préférable au ton de sa voix lorsqu’elle lui en voulait. Tenuviaelle ; cette enfant avait pris trop de place dans sa vie, avant même qu’il n’ait eu la présence d’esprit de l’en éloigner. Il ne l’aimait pas, ça n’avait pas de sens, on n’aimait pas, une fois passés ses premiers siècles. C’était une Déchue qui avait su lui porter secours quand il en avait eu besoin, et elle était douée pour les plaisirs de la chair, voilà tout. En vérité, il s’en servait comme il se servait de tout le monde, un objet, un outil. Elle avait une fonction, une place dans son atelier. Ce simple constat avait de quoi faire crisser les dents. Comme pour se punir de sa propre lucidité, il rendit à sa peau la liberté de se plaindre. Et le retour à la réalité fut violent, des heures de mistral glacé l’avaient plongé en état de demi-veille, proche de l’hypothermie. Des milliers de gouttes avaient laminé sa chair, jusqu’à rendre chacune d’entre elles aussi douloureuse qu’une brulure. Un brusque frisson le traversa, et il manqua de chuter en avant, se rattrapant de justesse. Il patienta un instant, pour tester ses limites, essayant en vain de penser de nouveau, sans y parvenir. La pluie était quelque chose de délicieux à ses oreilles, si tant est qu’il parvenait à écouter, ce qui était impossible alors que son esprit était aux prises avec la douleur.

Une minute plus tard, il rentrait, tirait derrière lui le pan vitré. Les étages administratifs de la bibliothèque étaient presque déserts la nuit, ne restait que quelques pages en retard sur leurs rapports, et les permanenciers. Mais dans son bureau, c’était le silence absolu. Il laissa ses vêtements détremper s’égoutter au sol, puis les ôta, les jeta en boule dans un coin de la pièce. Personne ne viendrais le déranger ; il s’assit nu dans son fauteuil, alluma la cheminée. Rapidement, les flammes vinrent souligner ses traits, luire d’or ses cheveux humides. Du bout du doigt, il caressa la surface du globe qui pourrait l’amener chez lui. Un mot, et il y serait. L’aveugle savait également qu’il lui suffisait d’attendre, qu’elle finirait par s’endormir, mais c’était reculer pour mieux sauter. Et surtout – surtout – il savait que quelque part, il méritait ce qui allait venir. Ou plutôt, il savait que selon la morale commune, il méritait une remontrance. Une question d’équilibre, de karma, peut-être. L’idée folle qu’un jour il pourrait se détacher de la bienséance, de la logique, et de sa propre conscience lui traversa l’esprit. Un monde sans règles, sans limites auto-imposées, voilà le genre d’univers dans lequel il lui plairait de vivre.

Ce qu’il avait fait, ce qui « méritait » qu’on lui vole une demi-heure de sa vie avec des commentaires condescendant, une dispute stérile qui se finirait de toute façon par une réconciliation sur l’oreiller, ce qui le poussait à rester nu dans son bureau, c’était simplement un repas, un diner en tête à tête avec Queen Valann, la Vincide de la Luxure. Un diner qui avait certes dégénéré, mais il ne comprenait pas pourquoi Tuvie lui en voulait autant. Certes, c’était sa supérieure. Et il avait oublié la soirée qu’ils avaient prévue ensemble. Et elle s’était finalement retrouvée seule. À bien y réfléchir, elle avait peut-être quelques raisons de lui en vouloir.

Dans son dos quelqu’un toqua à la porte. Il ouvrit ses yeux vides, pensant avoir rêvé, mais on frappa de nouveau. À cette heure-ci, ça tenait de la farce. Mettant son invité au défi de lui reprocher quoi que ce soit sur son apparence, il se leva et alla ouvrir la porte, ses attributs libres de toute entrave.


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Eerah
Mer 18 Mar 2015, 23:52


Il entrebâilla le battant ; le nez du Déchu n’avait pas fini d’interpréter l’odeur qui emplissait le couloir qu’il claquait la porte avec force. Avec force, il lâcha : « Une seconde. ». D’un bond, il était auprès de son armoire, en tirait un pantalon de toile et une chemise de lin blanche. Il avait cessé de réfléchir ; le reste était une affaire de réflexes enfouis. Au moment de poser de nouveau sa main sur la poignée, il souffla et serra les dents. Avec un peu de chance, il s’agissait d’un rêve – un cauchemar, plutôt. Peut-être s’agissait-il du même parfum : il devait toujours se vendre. Finalement le pêne pivota, et s’ouvrit sur la silhouette du roi, découpée par le feu flamboyant dans son dos. « C’est à quel sujet ? ». Il égrenait chaque mot en espérant de tout son cœur que la voix qui lui répondrait ne lui rappellerait rien. « Je vous dérange, peut-être ? Regardez-moi dans les yeux quand je vous parle. ».

Quelque chose, serti dans les fondations de l’esprit d’Eerah, céda dans un claquement sinistre, alors qu’il se faisait force pour ne pas soupirer profondément. Non, pas de doute possible. Nier plus avant aurait été tomber dans le déni. « Bonjour, Mère. ». Elle fit un bruit de bouche agacé et ajouta d’un ton non moins crispé : « Vous ne me faites pas entrer ? ». Avec un sourire trop courtois, le Déchu s’écarta d’un pas et lui enjoint d’avancer. « Bien sûr, Mère. ». Elle ne devrait pas être là. Le problème n’était pas qu’elle soit dans son bureau personnel - ce n’était pas comme s’il pouvait réellement faire valoir quelque endroit comme sien quand elle était dans les parages - mais qu’elle ne devait même pas être en vie. Pourtant elle était bel et bien à quelques pas de lui, physique, présente non seulement pas son aura à même de mettre un buffle mal à l’aise, mais également par cette empreinte olfactive abominable. Un instant, il demeura à la porte, hésitant à sortir et l’enfermer derrière lui, tout en sachant que ça n’aurait fait que repousser l’inévitable. Aussi loin qu’il se souvienne, Shivaah – c’était son prénom – et lui n’avaient jamais partagé la moindre complicité. Il ne lui en voulait pas plus que ça. Il ne s’agissait pas vraiment d’un manque d’amour, encore qu’il l’ait rarement vu lui en manifester ouvertement, mais elle était ainsi faite. Froide, tranchante. Manipulatrice.

« Je vois que vous vous êtes bien rattrapé. N’escomptez pas une seconde me traiter comme l’un de vos sujets. ». Le Roi n’avait pas la moindre idée de ce à quoi elle faisait référence ; à n’en pas douter, une faute qu’il aurait commise avant l’âge de conscience et qu’elle aurait maugréée toutes ces années. Sa rancune avait même traversé la mort, pour venir le retrouver et lui renvoyer au visage. Le fait qu’elle ait elle aussi pu accéder à l’éternité n’avait rien de surprenant en soi, c’était quelque chose d’usuel ; ce qui était plus choquant en revanche, c’est qu’elle soit Déchue, et que donc elle avait été Ange. Et cela, il était difficile de l’accepter. « J’ai bien peur que vous n’ayez pas le choix pourtant. Non pas que ça me fasse plus plaisir qu’à vous. ». Il fit une petite moue : « Ravi de voir que mon accession au trône vous aura décidé à venir rendre visite à votre fils. ». « Il suffit, Eerah ! Sur un autre ton ! ». Il ferma la porte, un peu trop brutalement à son goût. « Je suis venu vous voir, pour vous rappeler à vos devoirs. ». « Quels devoirs ? Envers qui ? Trois-cent ans nous séparent, j’ai vécu plus longtemps aux côtés de simples soldats qu’aux vôtres, et vous étiez en vie depuis tout ce temps ! ». « Eerah ! ». Elle avait tonné, à en faire trembler les meubles. L’intéressé poussa une exclamation agacée, et marcha jusqu’à la fenêtre. La Déchue glissa en silence vers la cheminée, marmonnant quelques commentaires inaudibles en découvrant l’état général de la pièce. De là, elle reprit, d’un ton rigide, officiel : « Vous ne vous appelez pas Scaldes. ». Il pivota vers elle, las. « Qu’est-ce que vous racontez… ». Elle le coupa net. « Revocation ». Le mot Déchu fila en silence, et Eerah sentit quelque chose qu’il n’imaginait pas possible ; quelque chose venait de passer outre toutes ses défenses, et assiégeait son esprit avec une férocité sans égale. L’instant d’après, il chutait, inconscient, sur le sol.


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Eerah
Mer 18 Mar 2015, 23:54


« Urgh… ». Le Déchu bougea un doigt, puis un autre, et bascula sur le côté pour se redresser sur ses avant-bras. Quelqu’un, quelque part, frappait la peau d’un tambour, avec une régularité assommante ; des battements de cœur – le sien. C’était comme devenir aveugle à nouveau, il était assourdi par l’environnement, les sons de la pièce, la rugosité du sol glacial, ce parfum entêtant, écœurant, lourd de souvenirs. Il redressa la tête et tenta de se relever, trop rapidement ; un instant plus tard, il était nez à nez avec la poussière. « Mère ? ». Pas de réponse. Depuis combien de temps foulait-t-il le sol ? Eerah venait enfin à se mettre à genoux lorsqu’on frappa. « Lord ? ». Baraquiel. Le Dædalus ouvrit la bouche, sans résultat. Les mots se coinçaient dans sa gorge. Il entendit bientôt les pas s’éloigner. Dans un dernier effort, il trébucha jusqu’à la porte, l’enfonçant sous son poids, et bascula dans le couloir. La douleur augmenta, et le bruit des tambours également. Au loin, il entendait les pas revenir, et quelqu’un prononcer son nom. Son ancien nom. Le Vincide fut sur lui en un instant. « Lord Scaldes ! Eerah ! ». D’une voix faible, ténue, il lâcha : « Karii… ». « Quoi ? ». « Ma fille…». L’instant d’après, il sombrait de nouveau.

Le second réveil fut moins rude. Vieux réflexe d’un passé révolu, il ouvrit les yeux, battit des paupières, sans résultat. Il y avait des gens dans la pièce, il pouvait les sentir. Sony, sa femme, deux autres Déchus. Quelques secondes, quelques secondes de plus. Lisa s’apprêtait à venir à son chevet quand son mari posa une main sur son bras, lui faisant signe d’attendre un peu. Il se redressa finalement, soupira. « Qu’est-ce qui s’est passé, Eerah ? ». La question était justifiée, la réponse compliquée. « Ma mère. ». Un silence gêné flotta un instant, qu’il rompit promptement. « Elle m’a menti. Elle m’a toujours menti. ». La Vincide de la Gourmandise s’approcha, se mit à sa hauteur au bord du lit. « Sur quoi est-ce qu’elle t’a menti ? ». Le Déchu releva le visage vers elle, avant de pivoter vers le sol. « Je ne m’appelle pas Scaldes. Les Scaldes n’ont jamais existé. ». Un blanc. « Et je ne suis pas né Orisha non plus. Je suis Déchu, j’ai toujours été Déchu. ». Les Vincidi échangèrent un regard inquiet. On avait peut-être altéré la pleine conscience de leur roi. « Non, non, je vais bien… ». Il lisait dans les pensées sans même s’en rendre compte. « Mon vrai nom est Eerah von Dreth. Je suis né il y a un peu plus de six cycles. ». L’un des infirmiers étouffa une exclamation de surprise, et Sony entrouvrit les lèvres, interdit. « Mais les Von Dreth sont… ». Le Dædalus le coupa : « Je sais ce qui s’est passé avec eux. Je ne dois pas y être étranger, d’ailleurs. Mais ils… Nous avons toujours des terres, elles sont toujours régentées. ». Les Von Dreth étaient connus, la famille était ancienne, au moins autant que les Harpagon, mais dans un tout autre domaine. Là où le clan banquier vivait la cité depuis sa création, les Von Dreth possédaient plusieurs territoires à l’Est de ce qui était devenu le Cœur Vert. Des stratèges, des chefs de guerre et des ingénieurs, il avait de qui tenir, finalement. « Eerah, je ne comprends pas. Pourquoi maintenant ? ». L’intéressé fit une moue agacée. « Ma mère. Ma traitresse de mere. Allez chercher les autres. Quant à vous, veuillez nous laisser. Je vous remercie pour les soins, mais la suite est du domaine du privé. ». La dernière phrase était à destination des aides-soignants, qui s’inclinèrent et quittèrent la pièce. Baraquiel fila chercher ses confrères, tandis que sa femme prenait la main du roi. « Tu… Ça va ? ». Il hésita, mais lui sourit. « Oui, oui. Ne t’en fais pas. ». « Sony dit que tu as parlé d’une fille... Karii. ». Un air triste passa sur son visage. « Je vais y venir, Liz. J’y… J’y viendrais. ». Elle hocha la tête, compréhensive. Puis un air espiègle naquit sur son visage. « Hé. Tu veux à manger ? ». D’un geste leste, elle tira un sac de toile de sous le lit, et répandit son contenu sur le drap. Une demi-douzaine de saucisson, des amuses gueules en tout genre et au moins vingt types différents de fromages chutèrent, avant qu’elle ne fouille pour en tirer une bouteille d’alcool. D’un grand sourire, elle ajouta : « J’ai pris de quoi grignoter ! ».


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