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 De deux choses l'une [PV Luna & Marius]

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Mar 13 Jan 2015, 21:33


L'élégance. L'élégance en toutes circonstances. Telle est la règle des gentlemans. Nul besoin d'être du côté des races bénéfiques pour une telle chose. Bien au contraire. Ce sont les être maléfiques qui sont le plus à même de se comporter en hommes du monde. Et ce n'est pas pour rien qu'on se méfie des hommes dont la politesse est poussé à la perfection. Car il n'existe aucune défense face aux émotions plus efficace que la stricte élégance.
"Cher Romulus Eternam,

Je me permets de vous convier au dîner du compte de Brinpier en ma compagnie qui aura lieu la semaine prochaine dans son manoir au quartier résidentiel du Continent du Matin Calme. Ne tardez pas. Je vous attendrai au Grand Hotel.

Dans l'attente de vous revoir, je vous adresse mes respectueuses salutations,

L. Sînh Seh"
"Lau Sînh Seh…"

Une très vieille connaissance. Je n'aurai pas imaginé recevoir une lettre de sa part en tel moment.

Je sortais à peine du jardin du savoir. Après avoir libéré d'une malédiction une très lointaine ancêtre à ma famille, je m'étais rapidement éclipsé. Je savais que Bagaya Eternam était à prendre avec des pincettes. Une femme d'un tel âge, qui plus est partageant le même sang que moi… Elle était forcément et dangereuse et puissante. Au moins du point de vue de l'intelligence et des connaissances.

Aussi avais-je préféré couper court à nos retrouvailles pour éviter de révéler à mon insu trop d'informations à mon sujet qui pouvaient se retourner tôt ou tard contre moi-même.

Je savais qui était Bagaya Eternam, je devinai ses intentions et ses méthodes… Il me fallait rester prudent.

Aussitôt que j'étais parvenu à m'échapper du Jardin du Savoir - dont les souvenirs de ma dernière visite en ces lieux faisaient écho en moi – j'avais déboulé dans la fameuse rue commerçante. Là, je ne mis pas longtemps à voir Slydr se profiler dans le ciel, telle une tâche noire sur une toile d'azur.

Il se posa sur mon épaule et me tendit de son bec la courte lettre qui était tout à fait comparable à un billet si ce n'est qu'elle avait été envoyé dans le but de faire un long voyage.

Le hasard faisant bien les choses – ce qui était du ressort des voix incompréhensibles de la magie, selon mon avis – je me trouvai à quelques lieux à peine du quartier résidentiel ou le Seigneur Sînh Seh m'attendait.

Il n'était pas question que je refuse l'invitation. Ni dans la lettre ni dans les faits. C'était ainsi avec Lau. Il avait cette façon d'être et ce charisme… Sans savoir véritablement pourquoi, je ne pouvais pas refuser de le rejoindre.

D'un pas rapide, je me mis en route et Slydr, qui s'était posé un moment sur mon épaule, s'envola pour me suivre dans les airs, ma mise en mouvement l'empêchant de rester stable sur son perchoir.

L'hôtel où Lau s'était temporairement installé était un des plus réputés de l'endroit et cela ne m'étonnait guère de la part du fils de Zhuo Sînh Seh, nouvellement Seigneur du domaine du même nom, au beau milieu des terres d'émeraude, depuis la mort de ce-dernier, et riche aristocrate oriental.
Et pourtant, Lau ne tenait pas forcément tout son argent de ses titres… Une part de cette richesse lui venait d'affaires bien moins élégantes… Lau avait la fâcheuse manie de ne pas parvenir à se contenter de ce que son état de naissance lui offrait. À moins qu'il n'aimasse le contrôle que lui offraient ses activités de l'ombre…

Néanmoins, il fallait avouer que la succession avait été pour les terres des Sînh Seh un des événements les plus favorables à leur développement. Décidément, Lau avait de très nombreux talents…

À mon grand malheur, il comptait parmi ses qualités une intelligence hors normes et une maîtrise de soi parfaite. Aussi m'était-il impossible de prévoir ses réactions ni même de déchiffrer ses intentions… Je ne savais qu'une chose : pour l'instant, il était de mon côté.

Le Grand Hôtel…

C'est au pas de la porte d'entrée, tandis qu'un tas de célébrités quelconques dont je n'avais que faire allaient et venaient dans les deux sens, que je me rendis compte que je n'avais pas du tout une allure adaptée. J'étais encore vêtu de ma cape noire de voyageur, sur un manteau fin délavé et un pantalon de cuir abimé. Contrairement à d'habitude, j'attirai l'œil par le décalage que je créais par rapport à la classe social des autres personnes autour de moi.

J'allais entrer dans le bâtiment quand mes yeux se posèrent sur un homme plutôt petit, habillé d'un kimono vert émeraude brodée d'or. Les yeux plissés naturellement, il me regardait avec un air impassible. Il attendait que je m'approche…

Ce que je fis, en vérité.

Et tandis que j'arrivai à sa hauteur, il me fit un large sourire qui se voulait amical alors que j'y devinai une touche de mesquinerie.

- Romulus Eternam, annonça-t-il alors d'une voix calme et lente. C'est toujours un plaisir de vous avoir en ma compagnie.

- Lau, répondis-je sur un ton qui se voulait être le même et qui était pourtant légèrement moins agréable. Vous avez fait vite.

- Je pourrai en dire de même de vous, répliqua-t-il, toujours d'une voix incroyablement calme et posée.

- Comment saviez-vous que je viendrais aujourd'hui ?

- Je n'en savais rien. J'ai suivi mon intuition, comme toujours.

Bien entendu, je n'en croyais pas un mot. J'imaginai aisément qu'il devait avoir quelques informateurs dans le coin.

- Cela faisait longtemps, Romulus. Le Comte a prévu plusieurs dîners afin de permettre à tout un chacun de se libérer. Je vous propose de prendre une journée de repos et de nous rendre à celui de demain soir. Qu'en dites-vous ?

Je reconnaissais bien là le Seigneur Sînh Seh. Toujours la situation bien en main, il planifie et organise tout avec une rigueur excellente. C'est cette maîtrise des choses qui fait de lui un homme dangereux…

- Cela me convient tout à fait.

Bien sûr, plusieurs questions me venaient en tête. Où allais-je dormir cette nuit, qu'allions-nous faire en attendant… ? Mais dès lors que j'étais l'invité de Lau, je savais qu'il possédait les réponses à toutes ces questions et qu'il s'occupait de tout. Il y répondrait en temps et en heure.

- Venez. Suivez-moi.

Je n'attendais pas plus de sa part. Il était énigmatique et je le savais. Mais s'il voulait que je le suive, je le suivais, c'était ainsi.

Il entra dans l'hôtel et me conduisit à sa suite. Là, il m'introduit dans un minuscule salon reproduit à l'identique de ceux traditionnels de son domaine et me proposa un thé.

- Toujours aucune nouvelle de celui qui se fait appeler "le sang-pur" ?

- Non. Mais d'autres nouvelles sont intéressantes.

Je commençais seulement à comprendre pourquoi il avait désiré me voir avant le dîner. Il voulait prendre le temps de discuter avec moi. Il savait que durant le repas du Comte j'allais probablement tenter de dialoguer avec les nobles les plus intéressants à mes yeux et qu'il n'aurait pas l'occasion de prendre un moment pour me parler.

- Vous avez retrouvé vos sœurs ?

- C'est exact, acquiesçai-je.

Pourquoi n'étais-je pas étonné qu'il connaisse leur existence alors que moi-même l'ignorait avant de les rencontrer ? Rien chez cet homme n'était une surprise quand on avait conscience de l'étendue de son réseau d'information et de l'intelligence avec laquelle il l'employait.

- Ainsi qu'une de mes ancêtre, Bagaya Eternam.

Je marquai une pause et l'observai saisir la théière avec la dextérité caractéristique des béluas, grands amateurs de cette denrée. Tandis qu'il versait le thé dans la tasse, il dit simplement :

- Continuez…

J'attendis néanmoins qu'il finisse de me servir et saisi ma tasse avant de l'approcher de mon visage sans pour autant me risquer à boire la boisson encore trop chaude.

- C'était la mère de mon grand-père. Elle est la troisième génération des Eternams après celui qu'on appelle le mage Gris…

- Elle fut enfermée dans un livre de contes par un puissant magicien pour protéger le monde d'une puissante Sorcière, conclut-il à ma place. J'ai entendu parler de cette histoire. Mais j'ai dans l'idée que ce qui est dit à son sujet n'est pas la vérité. Mais vous, vous savez la vérité, Romulus, n'est-ce pas ?

Je portai la tasse à mes lèvres. Le liquide chaud coula dans ma gorge. L'apaisement que pouvait apporter le thé en parcourant mon corps ne cessait de m'étonner.

- Bagaya fut une sorcière d'une beauté exceptionnelle. Le magicien qui l'emprisonna était épris d'amour pour elle tandis que la jeune femme le repoussait, désirant demeurer inconquis.

J'observais Lau boire dans sa propre tasse.

- Fut-elle touchée par le syndrome de votre famille ? "Le pur" reste-il l'exception qui confirme la règle ?

- Elle est née magicienne. Les archives de ma famille racontent que c'est sous l'influence des anciens contes pour enfant qu'elle se rendit compte de l'imperfection évidente de notre monde.

- Tout comme vous… Le monde n'est qu'une illusion et l'argent est l'élément de décor le plus réaliste !

- C'est aisé à dire pour un homme comme vous dont le revenu est totalement au-dessus de ses besoins.

- Et oui ! répliqua-t-il avec un sourire amusé. Je suis la plus coopérative des marionnette sur le théâtre de notre monde.

Soudain, Lau tourna la tête. Quand il revint à moi, ce fut pour m'annoncer son départ.

- Il se fait tard et vous et moi savons que la nuit laisse place à une autre forme d'activité en ce qui me concerne.

Il se leva et je fis de même, par politesse.

- Encore une fois, je vous demande de me suivre.

Sans un mot de plus, je me mis sur le talon du Seigneur Sînh Seh. Avant de partir, je remarquai un corbeau, posé sur le balcon de la fenêtre.

Il me conduisit à une chambre de l'hôtel et tout en me donnant une clé, m'expliqua qu'il l'avait réservée pour moi.

À l'intérieur, j'y trouvai une grande penderie dans laquelle un certain nombre de vêtements raffinés avaient été entreposés à mon attention. La nuit tombait et il était temps pour moi de prendre du repos.

Demain s'annonçait intéressant. Je savais que Lau ne m'aurait pas fait venir pour rien et j'avais hâte de découvrir ce qui avait attiré son attention…
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Jeu 15 Jan 2015, 16:44


« Qu'est-ce que ceci ? » Marius ne s'encombra pas de la peine de relever les yeux du gros et poussiéreux ouvrage qu'il parcourrait avec application, bien plus intéressé par les récits qu'il lisait que par la réponse à sa propre question. Il avait simplement aperçut Viviane qui feuilletait quelques papiers avec une certaine frivolité. Dans l'expression d'une impatience contrariée, la Sorcière soupira. « D'innombrables requêtes, mon cher frère, encore et toujours. Quelques Mages nous réclament à leur table pour de longues soirées. » déclama-t-elle de sa voix chantante. Un sourire cynique aux lèvres, elle laissa tomber les enveloppes déchirées sur le verre de la table basse. Piqué, Marius se redressa lentement pour réfléchir quelques instants. « Avez-vous remarqué, ma douce sœur, que les invitations se font de plus en plus régulières ? Je doute que ce beau monde nous porte un quelconque engouement de par notre réputation. » La jeune fille croisa doucement les bras, songeuse. « Avancerez-vous l'idée que ces familles possèdent des informations dont nous même n'avons pas le bénéfice ? » Il hocha la tête. « Sans savoir, ils doivent se douter de quelque chose. C'est assez frustrant que d'ignorer ses propres origines alors que d'autres semblent en jouer. » Viviane gratifia son frère d'un léger sourire dont l'innocence aurait fait pleurer les anges. « Si notre Tante et notre Oncle ont juger bon de nous taire ces vérités sous la volonté de nos géniteurs, j'ose encore espérer que la raison est à la hauteur du mystère. Un jour, nous saurons. » Marius baissa ses prunelles froides sur les lettres au papier lourd et épais, dont l'écriture noire et ronde laissait présager d'un certain prestige que les expéditeurs tenaient à exprimer. « Que diriez-vous de prendre en main notre destin, chère Viviane ? Je ne saurai réduire ma naissance à un caprice de notre généalogie. Ni vous ni moi ne sommes des marionnettes. Je ne laisserai pas à d'illustres inconnus la fantaisie  de nous soumettre.» La Sorcière arqua délicatement ses petits sourcils avant de se pencher pour prendre une tasse brûlante de ses longs doigts. Durant de longues secondes, elle médita sur la question. « Que suggérez-vous ? »  Sans toucher le courrier, Marius survola les noms des hôtes. « Commençons par accepter de nous mêler à nos semblables. Ils sont bien les seuls qui méritent notre considération. » Viviane parut étonnée. « Vous avez toujours rejeté les mondanités en arguant qu'elles n'étaient que complaisances excentriques. » Il haussa les épaules. « Vous ne me tromperez pas ma chère. Je sais que vous êtes enchantée de cette nouvelle. Nous irons chez ... » Il éparpilla les parchemins jusqu'à en dénicher un. « Le Comte Brinpier. Il est le plus proche de nous. » - « Quand aura lieu la réception ? » - « Ce soir même.  J'espère que votre servante ne se montrera pas aussi incompétente qu'habituellement. » - « Morgane ! »

La servante blêmit lorsqu'elle apprit la décision de sa maîtresse et de son frère. Elle voulut protester mais se ravisa bien vite devant le feu impétueux qui brûlait dans les mires de la Sorcière. Le message était d'une clarté limpide, on ne lui demandait pas son avis. « Trouve moi un tailleur qualifié, Morgane. » Sans plus de cérémonie, il quitta le salon de la suite éclatante qu'il s'était offert pour quelques temps, rejoignant sa chambre tandis que sa sœur faisait de même et que Morgane se démenait à satisfaire les exigences des Mages. Son joli minois se tordait en une mine rembrunie. Les doigts tremblants, elle ajustait la tenue à la silhouette fine et délicate de sa jeune aristocrate. Elle craignait la fureur des puissants pour avoir été déjà confronté leur démences. Avait-elle déjà failli à sa tâche ? Sorcière d'un rang moindre, elle avait été choisie, il l'avait choisi, elle l'avait choisi pour veiller à sa manière sur les Jumeaux. Il était impératif qu'ils ne découvrent pas la vérité. Il était trop tôt. Ils n'étaient pas prêts, pas assez forts. Angoissée, Morgane ne contrôla pas ces gestes et l'aiguille dérapa, entamant la peau blanche et douce de Viviane. Luna fronça les sourcils. Doucement, elle glissa ses doigts sur la plaie, tâchant son index de sang. Morgane passa par mille couleurs, toutes plus improbables les unes que les autres. « Milady, je … Veuillez m'excuser j'étais dans les nuages, je … » Le coup claqua, mordant et sec. Morgane ne bougea ni ne pipa mot, accusant la gifle. « Par la Lune Noire, que tu es négligente. » articula-t-elle doucement. « Assure toi de faire preuve de plus de soin à l'avenir. » - « Comment trouvez-vous votre toilette, mademoiselle ? » enchaîna la domestique qui préférait changer de sujet. La jeune femme alla s'asseoir sur le divan au pied du grand lit à baldaquin. Insolente, elle croisa les jambes sans qu'elles ne se dissimulent sous les plis de la robe, comme pour afficher l'insignifiante blessure d'où roulait une perle pourpre. « Tu as tout gâché. Je n'en veux plus. Tu dois m'apporter quelque chose d'encore plus somptueux et élégant. » Elle souriait dans un air de défiance. Elle aimait d'être si jeune, si belle, et d'avoir un tel pouvoir sur sa servante, une femme plus âgée et plus expérimentée, contrainte d'obéir à ses lubies. Morgane s'inclina pour obtempérer. Elle avait l'habitude d'être traitée ainsi et ne s'en plaignait pas, consciente de mener une vie infiniment plus riche et retentissante auprès d'eux. Elle n'était pas effrayé par les désirs inconscients de la rêveuse Luna. Elle redoutait bien plus ce qui pourraient être plus tard ces passions dévorantes.

« Cesse de te trémousser, Morgane. Nos hôtes n'ont pas à te remarquer. » claqua la langue réprobatrice de Marius. La servante était anxieuse. Vêtue d'une simple quoique élégante robe noire, elle se tenait légèrement en retrait de ses maîtres qui longeaient paresseusement les allées du Quartier Résidentiel. Luna et son frère avaient beau marcher côte à côte, ils s'imposaient cette éternelle distance froide qui leur donnait l'allure de n'être que des étrangers. En un sens, ils l'étaient. Des étrangers qui se connaissaient très bien. Jamais ils n'avaient une démonstration affective l'un pour l'autre. Ils n'avaient pas été élevé ainsi. Marius laissa l'ombre d'un sourire teinter ses lèvres. Il appréciait de voir les regards médusés des passants qui se retournaient sur eux, attirés par l'allure princière et opulente qu'ils dégageaient.  Pour ces gens, ils n'étaient que des enfants mais des enfants un peu particulier. Marius était plutôt satisfait du travail du tailleur. Il lui avait confectionné sur chemise en coton d'une blancheur immaculée, dont les manches bouffantes et travaillées dansaient à chaque pas. Une large et épaisse cape noire aux bordures rouges achevait la tenue, retenue à sa gorge par une broche sanglante. Les mèches un peu trop longues de ses cheveux blonds roux tombaient devant ses yeux glacés. Luna, de son côté, abordait une robe bustier d'un blanc crème bordés de carmin. Un ruban nouée par un bijou forgé cerclait le dessous de sa poitrine. Le tissu était fendu sur les côtés. Elle portait un élégant manteau  aux nuances grenat. Une chaîne argentée coulait le long de ses longs cheveux blonds, terminée par un petit rubis taillé en goutte. Ils étaient élégants et paraissaient bien plus âgés qu'ils ne l'étaient. On leur donnait aisément une petite vingtaine d'années. L'effet était voulu, les Jumeaux ne désiraient guère qu'on les assimile  à des enfants ignares. « Avez-vous déjà rencontré l'un des convives du Comte, Marius ? » Dans leur prime jeunesse, il était plus sorti qu'elle. Les Sorciers envisageaient l'éducation d'une façon distincte pour un homme ou une femme. « Du tout. Les noms m'étaient inconnus. L'occasion est belle, ma tendre sœur. Nous avions bien des desseins et peut-être serait-il bon de tisser quelques liens. Je compte sur vous. » Elle acquiesça. Ils étaient au portail du domaine du Comte.  
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Sam 24 Jan 2015, 00:16

Un bain...

Le summum du luxe en matière de confort. Un bain, c'était avant tout se permettre de faire déplacer une masse d'eau suffisamment importante pour pouvoir y plonger l'intégralité de son corps à un endroit donné et plus facilement accessible. Mais au-delà du simple fait que l'eau était à quelques mètres seulement, il s'agissait aussi d'une eau propre. Cela se traduisait par une possibilité à faire filtrer l'eau. Il s'agissait là de temps et donc d'argent. Mais les coûts partaient aussi dans l'énergie à fournir et la technologie. Or un bain, c'était aussi la possibilité de faire chauffer cette eau. C'était finalement l'expression la plus évidente de la puissance de l'argent. Grâce à celui-ci, on forçait la récolte d'une matière première difficile d'accès ainsi que son raffinement. Le tout dans l'unique but d'une et une seule utilisation.

À mon réveil, les domestiques de l'établissement étaient venus me chercher pour me proposer cette activité exagérément coûteuse en efforts humains mais tout à fait rellaxante pour le bénéficiant, c’est à dire moi. Satisfait de pouvoir profiter de ma situation temporaire de noble, je confirmai vouloir prendre une bain.

Celui-ci fut aussitôt préparé et je me glissai dedans en silence. Seul le clapotis de l'eau, tel un appel lancé au hasard dans un monde qui nous échappe, résonna lorsque mon corps se glissa dans la masse liquide.

Être ainsi mit à nu et plongé dans une situation qui appel au meurtre était tout à fait inconfortable. Et pourtant, la chaleur de l'eau faisant circuler mes fluides d'énergie comme la sève d'un arbre à l'apogée de son travail de gardien de la terre, la pression me serrant la peau et les muscle comme une armure, un bulle protectrice qui encaissait les coups de l'univers, comme s'il s'agissait d'un maintient, d'un soutient. Ce bain me faisait vivre bien plus que je pouvais en avoir l’habitude le reste du temps. Il était source de danger, aurait du m'effrayer, et pourtant me calmait et m'apportait une sérénité que je n'avais su seul retrouver que dans le thé... Ou en tuant...

En sortant du bain, je me sentais vidé de mes énergies mais aussi de nombreux poids qui semblaient s'être accumulés sur moi comme de la poussière.

Lau ne se présenta pas à moi de la matinée. Aussi suivis-je les domestique au restaurant de l'établissement où la cuisine s'avéra exquise. Il était difficile de trouver des restaurants de luxe qui servaient une bonne quantité de nourriture tout en conservant la meilleure qualité. Mais le Seigneur Sînh Seh aurait faillit à la réputation que je lui attribuais s'il avait été incapable d'une telle prouesse.

Le déjeuner se passa dans le calme, à l’instar du début de la journée. C’était une des caractéristiques des gens de la noblesse : ils aspirent généralement au calme et travaillent à ne jamais parler trop fort en public dans l’espoir que celui-ci fasse de même. Tout du moins, c’était l’impression que tous donnaient. La vérité c’était que parmi les règles de politesse figurait celle de ne pas attirer l’attention par une forte voix en public et la plupart de ces bourgeois l’appliquait sans vraiment saisir la finalité désirée d’un tel comportement.

Aussi vite eus-je finis mon déjeuner, je retournai dans ma chambre et Lau ne se manifesta pas plus durant toute la première partie de l’après-midi.

Ces derniers temps, j’avais tendance à user de mon temps libre pour exercer ma magie. Ce n’était pas quelque chose qui avait toujours prédominé dans mon rythme de vie… Pourtant, au fur et à mesure que j’avançais dans la hiérarchie qui était celle de ma race, je sentais la puissance s’imposer à moi. Plus encore : mes relations, mes connaissances et mes potentiels ennemis se faisaient de plus en plus nombreux. Je devais apprendre à user de ce qui caractérisait ma personne, à savoir mon intelligence et ma force magique, pour parvenir à mes fins et plus les gens que je côtoyais se révélaient puissants plus je devais faire preuve d’une force plus imposante dans ces deux domaines.

Tantôt m’exerçant à manipuler toute sortes d’objet et formations à travers ma magie, tantôt lisant des passages d’intéressants ouvrages sur la sorcellerie et l’art des potions

C’est lors d’une de ces lectures que j’entendis trois léger coups contre la porte de ma chambre. Levant les yeux de mon livre, je mis un instant à émerger du monde de réflexion dans lequel mon âme s’était échappée tandis que je m’instruisais. Finalement, je me levai et, en trois enjambées accompagnées de deux inspirations et une expiration alternées comme expression de mon flux énergétique ordonnant mon caractère au sein de mon âme, je me saisis avec calme mais fermeté de la poignée de la porte et l’ouvris.

Derrière, une jeune femme, dont je perçu le très discret mouvement de recul en réponse à l’imposante présence que je laissais paraître, telle une illusion de sensation par ma façon d’introduire ma bulle à son propre espace personnel, se tenait là, droite et d’un air le plus neutre possible. Il s’agissait sans nul doute d’une domestique de l'hôtel. Elle prit quelques seconde pour retrouver sa contenance tandis que je lançai un “Oui ?” tout aussi dépourvu de sentiment.

Elle eut besoin d’encore un instant, peut-être deux à trois secondes, avant de pouvoir me répondre avec le ton approprié au rang social que je laissais imaginer en résidant dans cette chambre. Finalement, elle annonça avec une prudence polie :

- Le Seigneur Sînh Seh m’envoit dans l’espoir de pouvoir vous inviter à le rejoindre dans sa suite, monsieur.

Je sentis à sa façon de prononcer le “monsieur” qu’elle était terrorisée à l’idée de faire une erreur dans le titre qu’elle venait d’utiliser pour s’adresser à moi. Mais plus intéressant encore : je reconnaissais dans sa façon de s’exprimer le style avenant de Lau. Visiblement, et sans l’ombre d’un doute, il devait lui avoir inspiré ces belles et agréables paroles.

- Je suis disposé à le retrouver, répondis-je simplement.

- Je vous prie dans ce cas, monsieur, de bien vouloir me suivre.

Ce ton suggestif, cette façon de prononcer chaque mot pour montrer qu’ils étaient tout à fait pesées et absolument pas utiliser au hasard… Les domestiques des nobles savaient faire leur travail, c’était une certitude.

Et parmi leur savoir résidait la connaissance de l’impatience d’un homme du monde. Il s’agissait là d’un rythme qui forçait l’admiration. C’était à cela qu’on reconnaissait non seulement un homme distingué mais aussi un homme fin. Ils étaient plus rares qu’on ne le pensait, mais aussi bien plus dangereux que les autres. Dans le doute, il valait mieux pour ces employés ne rien risquer en traîtant tout bourgeois comme le plus intelligent et fin des hommes. Ainsi, le jour où pareil noble se présentait, ils étaient certain de le considérer selon ses attentes.

Lau m’attendait dans sa chambre. Comme j’aurais du m’en douter, la théière était déjà prête et les tasses de thé déjà remplies. Il ne manquait plus dans ce décor de paix que moi, assis à genoux sur ces exceptionnels coussins du monde oriental d’où venait le Seigneur Sînh Seh.

Le Seigneur attendit dans le calme le plus complet que je me sois assis. Je pris ma tasse et, l’apposant contre mes lèvres, me fis un rapide aperçu de la température du liquide. Visiblement à une chaleur convenable, j’entrouvris la bouche pour laisser couler lentement le liquide. Le thé chaud eut un effet tout à fait appréciable sur l’intégralité de mon corps.

- Saviez-vous que le thé avait la capacité de ré-organiser les flux magiques au sein d’un corps tendu par leur utilisation excessive ? lança-t-il alors d’une voix claire mais douce.

J’avalais ma gorgée avant de répondre simplement.

- Je l’ignorais…

Je le vis boire de la boisson chaude à son tour.

Quand il eut reposé sa tasse sur la table basse, il continua simplement sur sa lancée.

- Vous semblez anxieux, Romulus. Pourquoi donc ?

- Mon cercle de connaissances s’agrandit. J’ignore encore comment le faire s’emboîter correctement pour servir mes propres desseins et j’en ressens une certaine frustration… Je dois gérer mes relations. Je ne peux pas les laisser se stabiliser au risque de ne plus pouvoir les maniupler à ma guise… Mais j’ignore encore vers quoi les diriger. Tout ceci est compliqué.

- Garde tes amis très proche et tes ennemis encore plus proche…

À l’énoncé de cette maxime d’une extrême justesse, je me contentai de hocher la tête avec approbation.

- Dites-moi, Romulus, de qui vous sentez-vous le plus proche en ce moment ?

J’eus un moment de réflexion. Ce n’était pas une question évidente et je m’en voulais presque de ne pas me l’être posées plus tôt…

- De ma famille, avant tout. Mais je n’ai pas de craintes en ce qui concerne Milady. C’est une gentille fille, en quelque sorte. Elle est facilement manipulable. Pourtant, son avancée au sein de sa propre race lui fait gagner en confiance… Mais Melody… C’est une autre paire de manches. Elle est assez imprévisible, à vrai dire. J’ai du mal à la maîtriser. Fort heureusement, elle n’est pas d’une nature à s’en prendre à plus fort qu’elle. Pas de manière sérieuse en tout cas. Elle est suffisamment intelligente pour évaluer correctement ses adversaires. Je ne risque rien d’elle pour l’instant. Bagaya, sur ce plan, sera plus difficile à tenir à distance. Elle doit d’ores et déjà viser à reconstituer la gloire des Eternam. Dans un sens, j’y travaille aussi. Mais la guerre est déclarée sur qui sera à la tête de notre famille lorsque celle-ci sera devenue puissante. Néanmoins, je sais que rien n’est encore joué. Cela ne fait pas baisser la tension pour autant…
- Je n’ignore pas la valeur qu’a la Vérité à vos yeux, mais qu’en est-il de celle que vous révélez aux autres ?

De nouveau, je pris un instant pour réfléchir à la question. Finalement, la réponse m’apparut plutôt simplement et je me permis de l’expliquer :

- Elle n’a pas d’importance à mes yeux. Il ne s’agit que d’un outil que je manipule pour conserver un certain contrôle sur les autres. De toute évidence, ceux que juge suffisamment apte à recevoir mon aide dans ce domaine rejoignent ma pensée au point que les rallier à mes intentions ne relève en rien de l’exploit, bien au contraire. Et au final, lorsque je permets l’élévation d’un autre, je n’hésite pas à m’en servir pour ma propre évolution.

- Alors vous avez toutes les chances de réussir dans ce que vous entreprendrez.

Il était rare que Lau me donne un avis sur une question. Mais ce n’était que lorsque ça arrivait que je me figurais vraiment à quel point il m’était loyal. Jusqu’à un certain degré, bien sûr…

Notre instant de calme se termina sur ces paroles et nous partîmes presque aussitôt pour le manoir du Comte Brinpier.

Arrivés sur place, des domestiques nous attendaient aux portes de l’habitation. Ils se mirent aussitôt en mouvement pour nous ouvrir et nous débarasser de nos manteaux.

En ce jour dans le monde de la noblesse, j’avais opté pour du rouge, de l’or et du noir. Mes couleurs favorites en tant que Sorcier et fier de mon état. Mon chemisier d’or ressortait sous une veste noire décorée de coutures d’un fil rouge qui se poursuivait sur un pantalon de la même couleur sombre avant de rejoindre un autre fil d’or remontant du bas où il florissait comme un amas de nobles lys avant de s’attenuer jusqu’à s’interrompre au milieu des mollets. Mon manteau, d’un rouge bordeaux, n’était là que pour l’effet à l’arriver puisque, manifestement, je devais m’en séparer dès mon entrée, ce qui ne me surprennait pas vraiment, en réalité.

Le Comte Brinpier ne tarda pas à débouler dans le Hall pour nous recevoir avec toutes les politesse qu’il pouvait exposer. Il fallait dire que le bonhomme avait des allures de nouveau bourgeois avec ses rondeurs difficiles à cacher, ses airs maladroit et sa voix sifflante. Ils ne connaissait rien à la véritable noblesse et le dissimulait très mal. Il apparaissait clair qu’il cherchait à apprendre et à entrer dans ce nouveau monde d’élégance qui s’offrait à lui par le biais de l’argent.

- Seigneur Lau Sînh Seh ! C’est un plaisir de vous rencontrer dans ma demeure !

- Le plaisir est partagé, Comte. Puis-je vous présenter Romulus Eternam ? Il est mon invité en cette réception et a accepté de nous faire l’honneur de sa présence parmi nous.

- Je suis enchanté de vous rencontrer, monsieur le Comte… lâchai-je avec un désintérêt peu marqué mais évident.

- Moi de même, monsieur Eternam ! s’empressa-t-il de répliquer avec quelques onomatopés mal retenues qui révélaient clairement son anxiété vis-à-vis de du comportement à adopté. À tel point qu’il en oublia de me poser les questions les plus élémentaires telles que mes origines ou mon identité.

Il nous avoua bien vite que nous étions les premiers arrivés et il nous invita à nous installer dans le salon en attendant l’arrivé des autres invités.

Suivant Lau que je savais en pleine maîtrise de la situation, j’allai m’asseoir dans un fauteuil que je jugeait ni trop modeste ni trop imposant pour ma personne pour la certaine discrétion que je tenais à conserver bien que cherchant dans le même temps à marquer par mon attitude et mon allure ceux qui auraient la curiosité de s’intéresser à moi. Lau m’avait fait venir et je savais qu’il avait de bonne raisons à cela. Des raisons qui ne manqueraient d’éveiller mon intérêt...


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Ven 06 Mar 2015, 15:47


Le hasard des naissances avait été un privilège pour Viviane et Marius, sans qu'ils se doutent encore de l'ampleur de cet avantage. Ils ignoraient tout de leurs origines véritables, si ce n'est qu'ils étaient issus de la haute noblesse, un trait qui se ressentait autant dans leur apparence que dans leur manières. Lord Cesare Pandemonium et sa femme avaient élevé les Jumeaux sans jamais dissimuler la vérité sur l'abandon des parents. Il y avait une raison à cet acte mais ils la taisaient avec un infini soin. Ce n'était pas l'heure des révélations, pas encore. Une fois, Nébula avoua à demi mot, dans un instant de faiblesse, que son frère était quelqu'un d'important, dont l'ambition dévorante ne lui laissait guère le loisir d'éduquer des enfants. Les Sorciers se contentèrent de cette maigre piste qui ne fit qu'éveiller davantage leur curiosité. Ils feuilletèrent des ouvrages à s'en brûler les doigts, tournèrent des pages jaunis par le temps plus que de raison. D'après les plus lointains parchemins et les registres, Lady Nébula était fille unique. Ce n'était qu'un mensonge éhonté. La vérité était façonnée par les puissants. Qui que soit cet homme, il avait fait son possible pour effacer ces traces avec un certain brio, au point que les âmes et les mémoires même l'oublièrent. Malgré la frustration, l'idée avait un petit rien de satisfaisant : qui qu'il soit, il était important. Ni l'Oncle ni la Tante ne pipa la plus petite parole sur leur mère, ni même ne l'évoquèrent, comme un vieu tabou. Si l'agacement était évident, Viviane et Marius ne reprochèrent jamais leur silence à leurs tuteurs. Ils vécurent une enfance calme et sereine dans l'opulence et le luxe du Domaine Pandemonium, qui longeait les côtes du Continent Dévasté. Cesare jouissait d'une réputation éclatante au sein de son peuple. Inventeur de génie et scientifique acharné, son œuvre était reconnue à la Prison et le financement impressionnant dont il bénéficiait soulignait son rang et sa puissance. Plus discrète mais néanmoins carnassière et redoutable, Nébula était une fabuleuse ensorceleuse qui excellait dans le Maledicendum au point de transmettre son art à Marius. Certains craignaient le couple, d'autres s'en méfiaient ou les admirait. Ces sentiments qu'ils inspiraient étaient délectables. Les Jumeaux n'étaient que des inconnus qui profitaient du renom de leur lignée pour avancer. Bientôt, cela changerait.

Quelques domestiques s'empressèrent de débarrasser les nouveaux arrivants de leur manteaux.  « Soyez belle et charmante, ma chère sœur. » glissa Marius à Luna alors qu'ils étaient seuls. La jeune fille était plus douée que son frère pour paraître douce et agréable. Elle avait tout d'une délicieuse demoiselle du monde et il était peu à remettre en cause les phrases qu'elle prononçait. Qui contredirait un petit Ange comme elle ? Conscient des allures et des charmes de sa sœur, le Sorcier n'hésitait jamais à lui demander d'user et d'abuser de ses sourires pour parvenir à ses fins. Ses yeux roulèrent brièvement sur la servante. « Morgane, tâche de ne pas te faire remarquer. » marmonna-t-il avec une pointe d'ennui dans la voix. Elle hocha la tête doucement, le regard bas. « Qui est le Comte Brinpier, au juste ? » demanda tout bas Viviane. « Rien qu'un énième riche. C'est tellement navrant que l'argent s'érige en noblesse comme le sang. Malheureusement, ces portes feuilles deviennent important comme les grandes familles. » Il portait en moindre estime ce genre de personnes. Il n'y avait aucun honneur à acheter son rang : il devait être transmis ou arraché. Sur ces considérations, les Jumeaux et leur servante entrèrent dans le salon où s'entassait une petite demi douzaine d'individus. « Ah ! » lâcha le Comte dans un soupire d'aise. D'un pas pressé, il rejoignit ses nouveaux invités. « Vous êtes les pupilles de Lord Pandemonium, n'est-ce pas ? Je suis ravi de vous voir dans mon humble demeure. » Viviane s'avança d'un pas, un joli sourire aux lèvres. « Plaisir partagé, Comte. Je suis Luna et voici mon frère, Marius ; et ma dame de compagnie. » - « J'espère que votre oncle se porte bien. J'ai toujours été fasciné par ses travaux. Dans ma jeunesse, j'ai même travaillé pour lui. Un homme impressionnant. Oh mais laissez-moi vous présenter le reste de mes convives. »

Le Comte glissa sa main près de la chute des reins de la Sorcière, sans néanmoins prendre la liberté de la toucher. Dans un sourire, Luna suivit le mouvement, suivie de près par Marius qui prenait le temps de contempler les environs d'un regard étrange. Il se considérait comme quelqu'un de trop occupé pour se permettre de flâner dans ce genre de broutilles. A sa façon, il essayait de faire plaisir à sa sœur. Surtout, il avait une petite idée derrière la tête, une petite idée qu'avait aussi Viviane même si elle prenait le temps de s'amuser dans les mondanités. Le jeu était excitant et il ne faisait ue commencer.  
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Lun 27 Avr 2015, 23:30

Lau se prêta au jeu de présenter un à un tous les nobles qui étaient invités dans la demeure du Compte. Je ne pouvais m'empêcher de noter la curieuse réunion de nombreux hauts dignitaires. Comment était-ce possible ? Je l'ignorais tout à fait.

De nouveau, comme lisant dans mes pensées, ce fut le Seigneur Sînh Seh qui éclaira ma lanterne à ce sujet.

- Vous noterez la présence surprenante de personnalité qu'on pourrait croire tout à fait hermétiques aux invitations d'un Comte élevé par l'argent et non par son sang. Néanmoins, le jeu des relations ayant été intelligemment ficelé, on explique aisément ce cas de figure par le désir de tout ces nobles de profiter de ce dîner pour revoir des collègues, faire de nouvelles connaissances voire même retrouver de vieux amis…

Il sembla que ses propos étaient tombés à point nommé puisqu'un instant après apparu la très respectable Dame Aragon, femme du Seigneur d'Aragon, des terres situées en bordure de la forêt des murmures. Et pour cause… Le couple étaient des Alfars.

- Alandra ! Quel plaisir de vous voir ici ! Cela faisait si longtemps ! Je crois bien que les Cerisiers de mon domaine ont eu le temps de fleurir trois fois depuis votre dernière visite !

La Dame s'emmitoufla dans son écharpe de fourrure avec une grâce à couper le souffle et le petit "Oh !" qu'elle laissa échapper aurait fait ravage dans le cœur de n'importe quel homme. Elle fit un sourire tout aussi éblouissant avant d'avancer délicatement vers le Seigneur Sînh Seh :

- Aetheri tous puissants ! Lau ! Vous êtes toujours aussi charmant que dans mes souvenirs ! Je me suis longtemps languie de ne pas vous voir ! Mais, hélas, mon doux mari avait besoin de ma présence en ses côtés. Vous savez comme la politique peut être parfois un sujet très fin et compliqué chez nous ! Sans l'aide d'une femme cultivée, il n'aurait su y faire face seul.

- L'affaire est entendue ma Dame ! Je préfère mille fois vous savoir en bonne santé, vous et votre fier mari que d'avoir la conscience ravagée par la culpabilité de vous avoir éloigné pour mon beau sourire de vos occupations les plus essentielles ! Puis-je vous présenter un vieil ami à moi ? Voici Monsieur Romulus Eternam, fils et héritier d'Odion Eternam.

En toute logique, je doutais fortement que la dame ait entendu la moindre information au sujet de ma famille. Cela jouait bien entendu à mon avantage puisqu'elle ne pouvait de ce fait se figurer quelle sorte de noble j'étais et n'osait donc poser trop de questions.

Ainsi tendit-elle sa main que je m'empressa de saisir avec douceur pour y déposer un baiser poli.

- Ma Dame, c'est un enchantement de vous rencontrer. J'ai déjà eu souvent l'occasion d'entendre parler de vous…

Bien entendu ! Les noms des Seigneurs de ce monde m'étaient rarement inconnus. Je tâchais d'être le plus possible au courant à travers les livres et autres informations criées à la volées dans les petites villes paysannes.

Elle fit un sourire malicieux avant de répondre :

- Eh bien ! Quel charmant jeune homme vous faites ! Allons nous asseoir, je vous prie, je n'aime guère rester trop longtemps debout.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Les ordres d'une Dame avaient force de loi.

Je laissais Lau diriger la discutions avec son calme naturel et me contentai d'écouter d'une oreille discrète. Peu de temps après apparurent deux personnages tout à fait singuliers…

Il s'agissait de deux jeunes gens de sexe opposé, peut-être un frère et une sœur ou bien des amis promis au mariage… Mais leur allure masquait bien leur jeune âge. Fort élégamment habillés, ils semblaient clairement provenir d'un monde de politique, de raffineries et de culture. Si deux adolescents de riches familles n'avait rien de surprenant en soi, les savoir ainsi, se déplaçant seuls, sans même le soutient d'un tuteur, dans une telle réception, entourés d'adultes, était un événement plutôt exceptionnel. Cela ne pouvait signifier que deux choses à mes yeux : soit leurs responsables légaux avaient une confiance aveugle en leur capacités, soient ils s'étaient laissé embobinés par ces jeunes gens, manipulés jusqu'à accepter de les laisser paraître au grand public sans soutient d'une personne majeur et raisonnée… Car il allait de soit que la jeunesse était par nature déraisonnée… Pourtant, je savais pour être moi-même le tuteur d'un enfant formidable, que le niveau de maturité de certains, bien qu'encore d'un jeune âge, pouvait être largement sous-estimé par nous autres, les adultes…

Alors que les discutions s'étaient éparpillées et que Lau avait reprit une attitude de mutisme et d'observateur affûté, je me permis de me pencher tranquillement pour lui demander :

- Qui est-ce ?

- Ce sont les enfants adoptés de Sir Pandemonium. Il semblerait par ailleurs qu'il soit en fait leur Oncle naturel.

Il me fallut un court instant pour re-situer ce fameux tuteur dont Lau me parlait. Pas bien longtemps cependant. Quel Sorcier digne de ce nom pouvait ignorer un si éminent chercheur ? C'était d'autant plus vrai concernant un futur fidèle à la voie de la connaissance tel que moi…

- Marius et Viviane Pandemonium ! Charmé de vous voir en ces lieux ! Il faut dire qu'il est difficile de vous rencontrer ! C'est finalement un heureux hasard, n'est-ce pas ?

Je commençais d'ores et déjà à croire que Lau savait que ces deux invités d'exception seraient présents… Qui aurait su confirmer ou infirmer mes soupçons… ? Et dans quel but le Seigneur du domaine Sînh Seh aurait-il voulu me présenter à ces jeunes personnes… ?

- Voici Romulus Eternam. Il a été invité à cette réception par moi-même. J'espère que vous vous entendrez bien ! Vous avez… De nombreux points en commun…

L'ambition ? La Sorcellerie… ? De quoi Lau voulait-il parler au juste ?

- Enchanté, dis-je simplement, d'un ton platonique en serrant la main du jeune homme. Marius, c'est cela ?

Une fois les présentations faites avec le frère, je me tournais vers la jeune dame qui, si j'avais bien compris, était au moins sa sœur adoptive, à défaut de l'être de par son sang…

- Mademoiselle… saluai-je simplement.

Naturellement, je saisis sa main et tout en fléchissant le genoux, y déposant un poli baiser avant de me relever rapidement.

Restant debout un moment, j'attendis que chacun prenne place… Une pensée me traversa l'esprit… Je n'avais pas complimenté la jeune femme sur sa tenue… C'était très impoli… Devais-je réparer mon erreur ou était-ce encore pire que de rien en faire ?

M'asseyant, je pris la décision à la volée, sans trop tergiverser dans mon esprit sur les conséquence de telle ou telle position.

- Vous êtes ravissante, mademoiselle… ? j'avais posé la question en me penchant vers la fille Pandemonium sans me rendre compte que j'avais déjà oublié son prénom… Décidément, ma mémoire me jouait des tours…

Je ne souriais pas… Je ne pouvais pas. Je me serais bien forcé, mais c'était trop pour moi. Je n'en voyais pas la nécessité immédiate, de toutes façons. Simplement une utilité plutôt quelconque dont je pouvais tout à fait me passer sans pour autant véritablement entacher mon allure…

- Vous êtes la fille de Ser Pandemonium, c'est cela ?

J'avais du mal à y croire. L'homme semblait pourtant ne pas vouloir d'enfants… Ou ne pas pouvoir, tout du moins… Oui, c'était peut-être cela, il avait profité de l'opportunité d'adoption pour réaliser un rêve impossible… Qui pouvait bien rêver d'avoir des enfants… Cette idée même m'était incompréhensible. Je manquais de sensibilité, probablement…

- Vous étudiez avec lui ? Comptez-vous suivre la voie de votre… Oncle, c'est cela ?

Il valait mieux ne pas affirmer ce qui n'était que rumeur… Je préférais l'entendre confirmer mes sources plutôt que paraître comme un idiot en affirmant ce que j'ignorais…

Je finis par me racler la gorge machinalement…

- Mes excuses… Je dois vous ennuyer avec mes questions… Voulez-vous parler d'autres choses ?

Il s'écoula à peine de quoi tenir une éventuelle conversations sur un concept précis avant que le Comte apparaisse si imposant que nul ne pouvait véritablement l'ignorer. Il écarta les bras avant d'annoncer :

- Messieurs-dames, le dîner est servis, vous pouvez dès à présent prendre place autour de la table.
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Ven 29 Jan 2016, 14:10


Dans le jeu malsain des présentations et des salutations, les Jumeaux n’étaient pas mal à l’aise pour avoir été habitués dès leur plus jeune âge aux stratégies de politique et d’éloquence. De haut rang, ils avaient aussi reçu une éducation riche et soignée parmi les meilleurs établissements de la Prison ; un statut dont ils n’avaient pas à pâlir et ils ne courberaient pas l’échine devant le pouvoir de l’argent. Ils furent nombreux à s’empresser de les entourer, étouffer, serrer la main de Marius, complimenter la beauté de Viviane. Ni l’un ni l’autre ne se leurrait : ses interventions n’étaient pas dénuées d’intérêt et chacun devait chercher à obtenir quelque chose d’eux, d’une manière plus ou moins directe. Exubérant et enthousiasme par nature, le Seigneur Lau Sïnh Seh s’approcha, suivi de près par un étranger qui restait dans l’ombre. La Sorcière sourit, figure de grâce de la famille, tandis que son frère s’agaçait de ce comportement. Comment un homme qui se présentait comme cultivé et intouchable pouvait-il commettre des erreurs aussi grossières alors qu’il se donnait bien du mal pour paraître irréprochable et d’un esprit aiguisé ? Pandémonium n’était pas leur nom et jamais ils n’avaient prétendu le porter. La faute était inélégante et terriblement simpliste, l’apanage des ignorants qui cherchaient à s’élever en savant et érudit. Un avis que ne partageait Viviane que partiellement, moins tranchante dans ses idées et irritée par les impairs de son interlocuteur. « Seigneur Sînh Seh. » murmura-t-elle de sa jolie voix chantante en guise de présentation, la tête légèrement courbée une seconde durant. Marius l’imita, sans rien dire, laissant le champ libre à l’introduction du dénommé Romulus Eternam. Une fois n’est pas coutume, la remarque déplut au jeune homme, dont l’humeur ne lui permettait guère de faire preuve de patience et de tolérance. Eux, des points communs avec lui ? Il s’y refusait. Il sera toutefois la main qu’on lui tendait, acquiesçant sèchement à la question, ponctuant cette mine en scène d’un « Enchanté. » bas et sobre. La jeune Viviane se laissa faire le temps d’un baisemain, la mine charmante et souriante, loin des préoccupations de son frère qui trouvait mille et un défauts au couple d’amis. Ignorait-il donc qu’il ne fallait pas toucher la main d’une Dame, se contenter de guider le geste sans prendre la paume, ne pas toucher la peau avec ses lèvres ? C’était inconvenant. Cela ne semblait pas déranger Luna outre mesure. Si elle avait été élevée dans le stricte des règles et des convenances, elle était aussi un véritable caméléon, capable de se faire à toute situation. Ce qui était intolérable aux yeux de son Jumeau était juste une maladresse de quelqu’un qui voulait bien faire pour elle, de quelqu’un qui méritait qu’on lui accorde l’intérêt, jusqu’à ce qu’il n’en présente plus.

Chacun prit place autour de la grande table. Les Jumeaux, l’un en face de l’autre, patientaient en silence. La Sorcière sourit à la flatterie. « Luna. » lui rappela-t-elle en avançant son surnom, puisque personne, mise à part son frère et sa famille, n’utilisait son véritable prénom au point qu’il soit oublié. « Merci. » Dans un léger soupir, elle le corrigea : « Du tout. Mon frère et moi sommes les pupilles de Ser Pandémonium, qui nous a fait l’honneur de nous prendre en charge, pour être de la famille de son épouse. » Une fabuleuse Mage Noire, redoutable dans l’Art du Maledicendum. Elle ne livra pas davantage d’informations, considérant que son interlocuteur n’avait pas à connaître les secrets et les légendes de leur famille. Songeur, Marius réfléchissait à cette situation. Pour lui, la vérité serait éclatante et se rependrait bien assez tôt. Ce n’était plus qu’une question de temps. « Il est un excellent professeur. Etudier et travailler à ses côtés est un privilège, tout comme notre Tante. » Elle gratifia son frère d’une œillade, consciente qu’il était toujours aussi maussade et que la discussion qu’elle entretenait avec Romulus ne ferait que renforcer ses sentiments. « Chacun trace sa voie. » répondit-elle simplement, un bin énigmatique. Marius, presque excédé, intervient : « Il est de coutume d’offrir un enfant aux différentes voies. » Chez les grandes familles, était sous-entendu. Viviane, une petite moue aux lèvres, pencha la tête sur le côté, réprimandant silencieusement l’impolitesse de son Jumeau. « Qu’en est-il de vous, Romulus Eternam ? » demanda-t-elle d’un ton léger, tout en prenant du bout des doigts une petite fourchette, piquée d’une olive. « Qui êtes-vous et d’où venez-vous ? Le Seigneur Sînh Seh vous a convié mais les autres invités, dans un trait de condescendance à peine dissimulé, semblent désavouer votre présence. » Elle fit une légère pause. « Lau n’aurait tout de même pas emmené n’importe qui. » Elle était curieuse quant à ce Sorcier qui, elle était certaine, n’avait pas été mis sur sa route par un caprice inconscient. Il y avait forcément une raison à cela.

Valse interminable de domestiques qui faisaient battre à tout rompre les joints des portes des cuisines, les entrées furent apportées en grande pompe. Le Comte Brinpier faisait son possible pour impressionner ses convives. Les efforts étaient vains pour des regards hautains et suffisants. Toutefois, personne ne ferait la moindre réflexion à cet homme, dont la richesse était telle qu’on ne pouvait l’ignorer. Du homard et du caviar furent servi.

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Ven 19 Fév 2016, 09:15

Lau s'était penché vers son interlocutrice du moment, Dame Aragon, et tout deux nous observaient. Si la remarquable femme ne cachait pas un léger rire amusé, Lau semblait plus calme et il fallait le connaître en tant qu'ami proche pour reconnaître dans le délicat plissement de la commissure de ses lèvres un sourire malicieux fort discret. Je n'aimais pas cela… Il se moquait en partie de moi ou tout du moins jouait avec mon ignorance…


Luna… C'était un nom assez original… Loin des nominatifs nobles des hautes familles… Pourquoi un tel choix ? D'un autre côté, ce n'était pas du ressort de Ser Pandemonium qui n'avait fait qu'adopter ces enfants et qui n'avait aucune responsabilité dans le choix de leurs prénoms. Leur géniteur était-il d'une plus modeste origine que leur oncle ?


- Oh… lâchai-je accidentellement lorsque la jeune dame déclara ne pas porter le nom de son référent paternel en l'absence du père biologique…


De nouveau, je ne pu m'empêcher de détourner très légèrement le regard en direction de Lau. Il avait cette fois un air mesquin qui lui traversait nettement le visage… Il savait… Il avait commit volontairement un impair et m'avait induit en erreur, j'en aurais mit ma main à couper… Pourquoi cela ? Pour me forcer à me méfier ? Ou bien pour conserver un air naïf dissimulant ses talents de maître espion et informateur de valeur ?


- Et… Euh… Excusez-moi d'être aussi indiscret, mais quel nom portez-vous, si ce n'est celui de votre oncle ?


Je m'excusais de m'excuser… C'était bien bas, venant de moi, mais il me fallait faire preuve d'un minimum d'humilité en un tel lieu et en telle compagnie…


- Chacun trace sa voie, répondit le jeune fille mystérieusement lorsque je lui demandais si elle désirait suivre la voie de son Oncle…


Sage décision… J'étais impressionné par la finesse dont faisait preuve cette jeune personne. Loin de son frère qui semblait ne pas même désirer dissimuler son agacement… Si elle pouvait être vexée par mon comportement bien loin de celui des autres convives de noble rang réunis en ces lieux, elle n'en faisait pas la moindre démonstration…


- Il est de coutume d’offrir un enfant aux différentes voies.


Le jeune homme faisait de nouveau montre de ce caractère désagréable qu'il avait choisi d'arborer au moins à mon égard…


Je ne pouvais me retenir plus longtemps aussi me prêtai-je à un jeu des plus instructifs, de mon point de vue… Me penchant à peine vers le garçon de noble rang, je lançai à son attention, à demi-voix de sorte qu'il fut le seul à m'entendre, ainsi qu'éventuellement sa sœur…


- Pensez-vous avoir raison… ?


Je ponctuais mon intervention d'une pause afin de marquer l'aspect introspectif de la question. Mais je pris soin de poursuivre néanmoins avant qu'il n'ait eu le temps de répondre.


- Voyez toutes ces personnes réunies. Certaines sont nobles de sang, d'autres de statut. Pensez-vous que, dans leurs déclarations, un seul d'entre eux pense à se poser cette question ? 'Est-ce que ce que je dis est vrai ?' Je suis certain que vous savez comme moi que peu d'entre eux se sentent véritablement concernés par une telle interrogation… Pourtant, combien de ceux réunis ici-même que l'argent seul a hissé à votre niveau se rendent seulement compte des inepties qu'ils proclament ? Combien de ragots ridicules peut-on entendre sortant de l'esprit naïf d'un noble cherchant l'attention ou de celui facétieux d'un distingué fourbe cherchant à discréditer un rival ? Alors, pour la seconde fois, je me permet de vous proposer de nouveau de vous interroger. Pensez-vous avoir raison ?


Allait-il comprendre ? Serait-il assez honnête pour accepter qu'il ne pouvait affirmer avec autant d'arrogance un propos aussi incertain ou bien se draperait-il dans sa dignité en affirmant que je n'étais qu'un idiot ?


- Nul ne sait si la magie et le talent que disposent certain dans cet art se transmet. Certains pensent que oui, certains pensent que non. Et le rang social n'a rien à voir dans cette histoire. Alors pensez-vous vraiment qu'il est de coutume pour un respectable empoisonneur dont la renommée n'est plus à faire de s'interdire de penser que son fils ou sa fille possédera les mêmes talents que lui et qu'il ou elle reprendra son héritage pour le rendre encore plus glorieux ?


Me redressant, je fis mine de ne pas m'intéresser à sa réponse. En vérité, il m'était d'avis que le silence demeurait encore la plus humble des réactions face à une question ainsi posée. Je me surpris à espérer qu'il ferait la démonstration d'une telle intelligence… Mais rien n'était moins sûr…


- Qu’en est-il de vous, Romulus Eternam ?


Hmmm… Ce n'était que juste retour des choses. Je l'avais questionné et, par politesse, lui avais laissé une ouverture, elle était en droit de s'y engouffrer et de m'interroger…


Sa remarque, néanmoins, me fit l'effet d'un coup de fouet. Je ne pus m'empêcher de regarder autour de moi. Je n'avais pas su déceler à quel point j'avais été désapprouvé par la communauté noble qui m'entourait… Dans un sens, j'en étais déçu. J'espérais vraiment posséder les qualité requises pour me faire passer pour plus distingué que je ne l'étais. J'avais peut-être réussi, mais ce n'était pas assez à mon goût car ils avaient néanmoins remarqué que je n'étais pas de leur niveau social… Enfin… Peut-être pas tous. J'aurais parié gros que le comte Brinpier ne s'en était pas soucié une minute !


Ma surprise passée, je simulais une de mes nombreuses imitations de sourire, celui-ci se voulant amusé, avant de répondre :


- Il faut croire que j'ai été percé à jour, malgré mes efforts… ! Je suis un sorcier, tout comme vous, de ce que je comprends… Je suis l'héritier de la famille. C'est un grand mot sans véritable sens… J'ose croire que la famille Eternam fut grande et puissante, en des temps immémoriaux. Mais aujourd'hui, il n'en reste que des ruines et il m'incombe de la faire resplendir de nouveau… J'aime souvent à dire que je ne suis que le résultat du soupir d'un Aether capricieux qui contemple la vie des hommes passivement. Le jour où son souffle s'éteindra, je cesserai de vivre et Romulus Eternam ne sera plus qu'un souvenir dans quelques mémoires en ce monde… Il ne tient qu'à moi de choisir quel sera ce souvenir que les habitants des terres du Yin et du Yang retiendront…


Je voyais bien que je ne répondais pas à la question de la jeune Luna aussi ajoutai-je après un petit moment silencieux :


- J'ignore encore pourquoi le Seigneur Sînh Seh a tenu à m'inviter à cette réception. Selon ses dires, il trouvait intéressant de nous faire nous rencontrer. Mais je le connais suffisamment pour pouvoir affirmer qu'il n'a pas tout dit sur les raisons qui l'ont poussé à me faire venir… Néanmoins, nous ne devrions pas tarder à le découvrir...


C'est le moment que choisit le comte pour nous proposer à tous de le rejoindre à table pour le dîner. Les entrées furent servis et chacun commença à déguster tout en discutant.


Gardant un œil sur le comte, je remarquai à l'arrivée des plats que le comte discutait avec son majordome principal.


Alors que celui-ci était partit depuis quelques minutes, le comte commençait visiblement à devenir nerveux. Un verre toujours à la main, il se leva. Sans hésiter, intrigué, je me levai à mon tour, le suivant avec une distance respectable histoire de demeurer un minimum discret.


Je le vis s'arrêter lorsque, marchant à vive allure, il tomba nez à nez avec son majordome. L'homme se pencha pour lui glisser quelques mots à l'oreille. La surprise et l'effarement vinrent bleuir le visage rondouillard et, de stupéfaction, il lâcha on verre qui vint se briser au sol.


Encore sous le choc, il fit un signe qui indiquait à son interlocuteur qu'il pouvait disposer et resta planté là tandis que le majordome s'éloignait, d'un stoïcisme remarquable. Sans une once d'hésitation, je m'approchai d'un pas léger mais rapide. Arrivant par le côté de l'homme, je crus qu'il allait me faire une crise cardiaque tant il semblait effrayé de me découvrir si proche. Je souris d'un sourire malicieux et effectuais une légère ondulation des doigts de la main tandis qu'elle effectuait elle-même une infime rotation. Le verre brisé vint s'envoler et se reformer en récipient intact dans ma main qui le saisit aussitôt. Le tendant au comte, je lui demandais alors simplement :


- Un problème ?


- Que faites-vous ici ? Vous m'espionniez ?


- Cela se pourrait… Mais j'ai la nette intuition que c'est là le cadet de vos soucis. Se pourrait-il que vous ayez besoin de l'aide d'un sorcier ?


Il eut une hésitation, mais, en entendant le terme "sorcier", il semblait soudain intéressé. Il était facile de confier une mission à un sorcier car ceux-ci acceptaient même les tâches les plus malsaines et avaient souvent les pouvoirs nécessaires pour toutes sortes d'affaires… Finalement, il accepta de tout me raconter.


- Peut-être même de plusieurs… Mes serviteurs s'entre-tuent… Les survivants démissionnent, fort d'une acquisition financière à la fois importante et louche… J'ai besoin de savoir ce qu'il se passe et de régler définitivement le problème…


- C'est en effet un soucis fâcheux… Je pourrai bien m'en charger, si toutefois vous le désirez…


- Vous me retireriez une sale épine du pied, Monsieur… ?


- Aucune importance. Il ne s'agit pas de savoir mon nom mais plutôt ce que je demande en échange de ce service…


- Et qu'attendez-vous de moi ?


- Je déteste dépenser mon argent inutilement. Couvrez mes frais de séjour sur ce continent avec générosité afin que je puisse investir cet argent plus efficacement et je me charge de protéger les derniers serviteurs qu'il vous reste…


L'homme me tendit la main.


- C'est entendu !...



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De deux choses l'une [PV Luna & Marius]

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