Au pied des montagnes enneigées, tu te reposes sur l'épaule de Flamiche, réduite à ta taille minuscule de fée. Posée à son oreille, tu lui chantonnes les airs favoris de votre mère. Dans les montagnes, la météo a décidé d'être clémente : un beau soleil vous surplombe et réchauffe votre visage, les courants de vent glacial se faisant rares. Sur le rythme de tes chansons, vous êtes à la recherche de la fleur que vous ont demandé les elfes qui vous avaient gratuitement hébergées, dans ce village sur les rives d'Elwing. En effet, vous aviez insisté pour leur offrir une faveur, après tout ce qu'ils avaient fait pour vous; alors, ils ont fini par vous demander une certaine fleur qui a un goût particulier.

Cette fleur, c'est la Milibe : bleue de la tige jusqu'aux pétales, elle est rare, mais tu sais que tu pourras la trouver en à peine quelques heures de marche. Tu n'es pas encore si loin de chez toi :  là-bas, tu avais appris à les dénicher facilement. Quelle fée ne connaît pas toutes les fleurs qui poussent sur son terrain ? Alors, tu guides Flamiche à mesure des indices qui s'offrent à vous au fil du chemin. Quant à elle, elle s'est munie de la carte et de la boussole que vous avait offerte les elfes, pour éviter à la fois de ne plus retrouver le village, ou de trop s'enfoncer dans les montagnes : le jour n'est pas éternel, et tu ne veux pas passer une nuit au milieu des loups et des bourrasques nocturnes. Apparemment, elle se débrouille très bien avec ! Toi, tu préfères ne pas y toucher ; te donner les commandes, c'est la mort assurée pour vous. Alors que tu changes de chanson en observant les alentours, ta sœur se stoppe net, manquant de te faire tomber dans la neige.

ETINCELLE : T'as une araignée au plafond, ou quoi ?!
FLAMICHE : Attends... oui, c'est ça... je suis catégorique.
ETINCELLE : Hein ?
FLAMICHE : Nous sommes perdues.

Cette fois, tu ne peux pas laisser passer ça. Sautant de son épaule, tu t'agrandis jusqu'à faire la taille d'une petite fille, non sans difficulté. Cette transformation te fait éprouver un malaise ; tu dois te ressaisir un moment avant de répliquer.

ETINCELLE : Mais... je croyais que tu savais te servir de la boussole !!
FLAMICHE : Je le croyais aussi...

Tu commences à bouillir. Tu aimerais t'énerver contre ta sœur bélua, mais... elle a un air tellement pitoyable que tu n'oses pas. Et puis, tu commences à t'énerver contre toi-même, cette fois : après tout, on est jamais mieux servis par soi-même... tu aurais dû agripper ton courage et apprendre avec Flamiche l'utilisation de la boussole... cette culpabilité te calme. Décidée à te sortir de cette mauvaise situation avec sang-froid, tu te rapproches de ta sœur et tu lui prends doucement la boussole :

ETINCELLE : Montre-moi comment ça marche. On va retrouver notre chemin.

Flamiche éternue bruyamment, plusieurs fois. Puis, elle s'éloigne de toi un moment. Tu soupires. Son allergie te force à rester loin d'elle, tout le temps. Tu n'as jamais pu la toucher ou l'approcher de trop près. Ah, si un jour au moins, vous arriviez à trouver un remède... ou bien, si tu arrivais à contrôler le pollen pour qu'il reste toujours loin d'elle... mais ta magie est bien trop faible pour ça ; aujourd'hui, tout ce que tu arrives à faire, c'est déplacer quelques particules de pollen d'une fleur à l'autre, en te concentrant pendant presque une heure. Autrement dit, le but est très loin d'être atteint... tout comme celui de trouver cette milibe, d'ailleurs, si vous passez votre temps à vous perdre.

FLAMICHE : Excuse-moi... snif. Alors. Tu dois te servir du nord comme point de repère : cette aiguille, là, elle l'indique. Ensuite, tu mets la carte dans le bon sens, donc aussi vers le nord. Et voilà : quand tu dévies de la direction de l'aiguille d'un certain côté, cela veut dire que tu vas exactement vers ce côté ! Mais... tu vois, l'échelle de la carte, là ? J'arrive pas à l'appliquer à notre chemin... tu vois, on peut être par là, tout comme avoir largement dépassé ce point, j'en ai aucune idée !

Concentrée comme jamais, tu regardes l'échelle et tu tentes de la calculer au mètre. Mais, même si tu y arrives, tu ne pourrais pas faire ça sur tout le chemin. Pfiou, cela paraissait si simple avant de partir ! N'y aurait-il pas des inventions magiques plus efficaces que ces trucs mathématiques ? Alors que tu commences à pester contre la carte, Flamiche t'avertis. Oui, oui, toujours garder son sang-froid...

FLAMICHE : Attends... tais-toi !!

Alertée par le ton impérieux de ta sœur, tu obéis, puis tu écoutes. Tu n'entends que les lamentations incessantes du vent, mais Flamiche désigne un certain côté, à moitié caché par les sapins. Curieuse, tu utilises ta précision accrue pour déceler un mouvement derrière les sapins, et en effet, tu penses apercevoir une grande silhouette s'approcher de vous. Qui cela peut être ? Quelqu'un qui pourrait vous aider à retrouver votre chemin ? Ou au contraire, un bandit armé de mauvaises intentions ? Tu aurais voulu réduire ta taille encore une fois, mais tu n'en a plus la force.  De toute façon, il faut que vous en ayez le cœur net : ta curiosité maladive est piquée, et tu sais que c'est la même chose pour la bélua. Alors vous vous approchez de l'inconnue, puis Flamiche crie, tout en s'approchant :

FLAMICHE : Bonjour, nous sommes égarées ! Nous ne savons pas qui vous êtes, mais si vous pouviez nous aider à retrouver notre... aaahhhh !

Soudain, alors que tu suivais ta sœur à pas d'elfe sur la neige, cette dernière disparaît de ton champ de vision en criant. Tu as le réflexe de rattraper la boussole, mais pas sa main ; et alors que tu demandes ce qu'il vient juste de se passer, tu vois que l'inconnu est en fait une inconnue, et qu'elle n'a pas l'air méchante. Mais alors que tu t'apprêtes à lui adresser la parole, la neige craque sous tes pieds, puis tu tombes à ton tour. Tu cries aussi, et tu essayes de voler pour ne pas chuter en déployant tes ailes bleutées, mais elles sont encore trop faibles pour défier ainsi la gravité. Alors tu glisses sur une pente caillouteuse, la tête la première, puis tu t'effondres à l'arrivée sur le dos de Flamiche. Ouille.