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 Une ombre s'étend dans les montagnes [Test niv. III]

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Lun 29 Déc 2014, 12:06



Partie I) La convocation.

Monsieur Vautour chassait, s'éloignant de moi dès qu'il trouvait une proie. Alors que quand nous étions dans notre cimetière, il ne chassait que de petits mulots pas très rapides, nous avions depuis parcouru un bon nombre de kilomètres ensemble, où la chair fraîche se faisait plus rare, ou plus redoutable. Et maintenant, il pouvait s'emparer de plats deux fois plus gros que lui.

« Monsieur Vautour, un charognard qui chasse. Toi aussi, tu devais être comme la cinquième roue du carrosse, dans ta famille... »

L'animal ne m'écouta pas ; il était trop concentré sur les mouvements de sa toute nouvelle proie, un renard des neiges. Quand il entrevit une opportunité, il fondit sur le canidé à toute vitesse. Mais ce dernier fut plus rapide que son prédateur, esquivant l'attaque, et s'ensuivit une course poursuite dans la neige. Ce fut Monsieur Vautour qui finit par l'emporter. Piégé au bord du gouffre, l'animal avait fait face à une seconde d'hésitation. Ce laps de temps avait suffi à mon compagnon pour le happer.

Quand Monsieur Vautour s'empara de sa proie, j'entendis très distinctement le craquement de sa trachée, puis le bruit lourd du corps tombant dans la neige avec celui de son possesseur. Et enfin, derrière moi, je pouvais entendre le ronflement régulier d'Invinct, le dragon de glace qui choisissait parfois de rester parmi nous.

Les montagnes de l'Edelweiss étaient pour moi le lieu le plus pur et le plus parfait au monde. Sa fraîcheur apaisait mes charbons qui brûlaient toujours en moi. Son silence apaisait mes réflexions d'ombre en deuil d'elle-même. Et en plus, ce lieu plaisait à mes compagnons de route. La vie était presque simple, ici ; je restais là, jusqu'à ce qu'un événement ou une rumeur me pousse à partir provisoirement, puis je cherchais à provoquer des suicides dans les tribus nomades qui croisaient mon chemin. Pousser des vivants au suicide. Au début, cette mission avait été un véritable calvaire pour moi, et un calvaire difficile à atteindre, en plus. Maintenant, je le faisais sans plus aucune vergogne. C'était comme ça.

« Cr... crôa ! »

Déjà fini de manger ? Je me tournai vers lui avec curiosité, mais instantanément, ce dernier me balança une lettre dans le ventre, le coup me faisant reculer de plusieurs mètres. Woah... lui et sa force survautourisque... Après avoir encaissé le choc, j'ouvris la lettre, curieuse. Cette dernière était imprégnée de la Mortelle clairvoyance, cette malédiction horrible dont nous étions pourvues. Si j'avais pu, j'aurais frissonné en sachant qu'une de mes consœurs m'envoyait une lettre personnelle. En m'empressant, je lus la courte lettre : une Ombre que je n'avais connu que vaguement, lors de la bataille pour notre bercail quand la magie avait disparu, me sommait de revenir jusqu'à chez elles, pour l'aider à mettre un peu d'ordre dans le lieu morbide, comme quoi il y avait beaucoup à faire et que c'était aussi ma responsabilité. Elle ne me donna pas plus de détails, mais ce fut assez pour me convaincre de partir de mon éternelle tranquillité neigeuse.

« Eh bien, je pars pour l'allée des brumes. Qui veut m'accompagner ? »

Monsieur Vautour leva distraitement la tête de son repas à moitié consommé et Invinct ouvrit paresseusement un œil, puis après m'avoir jaugée quelques secondes, ils retournèrent à leurs occupations d'animaux. J'ai compris. Je vais être toute seule pour cette épreuve.


Partie II) L'arrivée.


Après un long voyage, j'arrivai dans l'Antre des damnés. Aussitôt, des souvenirs de ma première bataille me revinrent en mémoire. Je n'aurais jamais imaginé cet endroit si calme, après avoir vu tout ce sang couler sur la terre. Mais je préférai chasser de mes pensées ces souvenirs sanglants... d'autant plus que parmi eux, il y avait mon plus beau souvenir depuis mon suicide, mais je déprimais bien plus à chaque fois que je me le remémorais. Cette période vécue en tant qu'humaine... la sensation du froid, de la chaleur, du goût... *C'est fini, Maelström. Fini depuis longtemps.* Sans plus tarder, je m'enfonçai jusqu'à l'Allée des brumes, cette ville pleine d'illusions et de magie.

Je vérifiai l'adresse de ma consœur, Alianna, puis je traversai les rues à sa recherche. L'orientation n'était pas mon fort, mais peu importait : j'étais patiente. Quand je me perdais, je n'avais aucune hâte pour retrouver mon chemin. Ni la fatigue, ni la faim, ni la soif ne pouvaient m'emporter, après tout. En une demi-journée, finalement, je trouvai la bonne maisonnée. Elle se trouvait dans le quartier le plus miteux de la ville, mais je n'en avais cure. Je frappai à la porte, longtemps, mais personne ne répondit. Alors, je me postai à côté d'un frère arbre, puis j'attendis. Je ne sus combien de temps je restai plantée là, mais l'ombre finit par arriver, et elle me reconnut avant même que je la remarque.

« Rentrons. »

Sans plus de cérémonie, je l'accompagnai à l'intérieur. Puis, je me mis à poser des questions sur le lieu. Comment était cette ville ? Notre secret était-il bien sauf ? Et qu'en était-il de Shiro, notre reine ? Patiemment, Alianna répondit à toutes mes questions, sans omettre aucun détail. Mais je ne voyais absolument aucune expression trahir son visage. Avec moi, elle ne devait pas juger bon de se servir de l'illusion d'Edel... finalement, c'était mieux comme ça. Pour moi, il était tellement rare de communiquer avec les ombres que c'était un véritable délice de ne plus avoir besoin de feindre, de me cacher.

« Tu vas passer quelques jours ici, avec moi, pour remettre un peu d'ordre dans cette ville. En effet, j'ai l'impression que les derniers arrivants causent tous des problèmes... c'est d'un ennui. »

« Que veux-tu que je fasse ? »

« Shiro elle-même a remarqué un certain malin qui prend plaisir à mettre en désordre toutes nos affaires, ici. Il pille nos maisons, sème le malheur auprès de ceux dont nous nous sommes occupées... il nous dérange même dans notre mission de passeurs. »

« La Reine elle-même... il est puissant ? »

« Eh bien, ce sera là ta surprise. Tu devras le pousser au suicide. »

Je fis la moue. Evidemment, je m'attendais à une mission de ce genre; si Alianna m'avait fait venir, c'était aussi pour suivre ma progression en tant qu'ombre. Elle voulait être certaine que j'avais suffisamment appris à faire ce genre de choses, ou que je pouvais le supporter. De toute façon, j'aurais beau me plaindre ou appréhender cela, cela ne changerait rien aux faits : maintenant que j'avais répondu à ma convocation, je devrais lui obéir. Elle était l'ombre qui me suivait depuis mes débuts, et même la seule que j'avais jamais connu : tout dépendait d'elle.

« Très bien. Quelles informations as-tu sur lui ? »

Quand Alianna me répondit, j'eus l'impression vague qu'elle était fière de moi. S'était-elle attendue à ce que je râle et que j'y aille à reculons ? Certainement : au tout début, après mon suicide, j'étais encore farouche et têtue. Désormais, tout cet aspect de mon caractère avait disparu pour laisser place à la simple résignation.


Partie III) La mission.


Cela faisait maintenant une semaine que j'espionnais ce mécréant. Pour parfaire ma mission, j'aurais aimé continuer ainsi quelques jours, mais Alianna m'avait bien fait comprendre que nous n'avions pas tout notre temps. De plus en plus d'ombres étaient ennuyées par ce dernier, et je ne pouvais réserver ma proie éternellement. Selon elle, une ombre avait juré qu'elle s'occuperait de lui à ma place si je ne provoquais pas sa mort dans la nuit... alors voilà que je réfléchissais à un plan d'attaque.

Mon objectif était de le provoquer au suicide, et j'avais déjà commencé mon oeuvre. Tout d'abord, je l'avais espionné, puis j'avais fait des recherches pour trouver des démons de son passé. En effet, j'étais bien placée pour savoir que les cicatrices laissées par le passé ne disparaissaient jamais vraiment. Les humains les gardaient dans un coin de leur mémoire en essayant de les oublier, laissant ces cauchemars prendre la poussière. A chaque fois, c'était de cela dont je me servais pour faire resurgir toute la noirceur qui était enfouie dans leurs cœurs.

Concernant ce dernier, sa vie avait trop de souvenirs noirs et sanglants pour que je puisse m'en servir : abandonné par ses parents aux mains d'une famille de vampires, ils s'étaient tous servis de lui comme d'une vache à lait jusqu'à ce qu'il s'enfuie de chez eux. Il avait acquis énormément de force grâce à un génie (paraissait-il...), puis il avait commencé à faire toutes sortes d'actions dommageables, semant la pagaille partout où il passait. Enfin, il s'était vengé en tuant toute sa famille de vampires, avec l'aide d'un tueur à gages. Il était clair que je ne pouvais me servir de ce genre de souvenirs ; ils ne feraient qu'empirer les choses... alors, j'avais fouillé chez lui, sur lui même, quand il dormait, me tapissant toujours dans l'ombre. J'avais cherché une faille, une infime faiblesse dans sa vie maléfique.

Puis, je l'avais trouvée. Une once d'amour dans cette vie, une once qu'il devait très certainement appréhender ou même regretté. Mais cet homme avait un jour aimé quelqu'un, et cette personne, c'était sa véritable mère. J'avais retrouvé une lettre qu'elle lui avait envoyé : d'après cette dernière, elle lui priait d'arrêter tous ces méfaits et d'aller la voir, car elle était malade. Y était-il allé ? Je ne le pense pas. Mais il n'était qu'un humain : au fond de lui, j'étais certaine qu'il le regrettait. Ce souvenir devait faire partie des rares qu'il enfouissait sous la poussière.

Alors, un soir, je passai à l'attaque. Selon moi, l'humain ne m'avait toujours pas remarqué, bien qu'il avait failli un nombre incalculable de fois. D'ailleurs, je le soupçonnais de deviner que quelqu'un le surveillait, puisqu'il sortait avec le double d'armes que d'habitude. Réduite à mon état d'ombre, je me tapis dans l'ombre infinie de la nuit en attendant le bon moment. Ce dernier était ivre, et il était de mauvaise humeur : avant de mettre à exécution mon plan, j'avais laissé par-ci par-là des signes qui lui rappelaient sans cesse cette lettre. J'avais chuchoté dans l'ombre alors qu'il somnolait ou qu'il se réveillait à peine. J'avais déplacé sa lettre pour qu'elle se trouve toujours là où il pouvait la voir, ce qui l'avait poussé à la brûler. Mais je l'avais réécrite, et il l'avait encore brûlée, plusieurs fois. Il refoulait ce souvenir, comme ce à quoi je m'y attendais, et je pouvais presque percevoir avec ma mortelle clairvoyance que son heure approchait. Selon ce que montrait mon pouvoir d'empathie, le malaise dans son cœur croissait délicieusement. Il passa dans une ruelle sombre, d'un pas rapide. C'était le moment. Restant dans ma forme primitive d'ombre, je commençai à jouer avec elles, les déformant devant son passage. Il commença à s'en apercevoir.

« Oh non, pas encore... LAISSE-MOI TRANQUILLE ! » cria-t-il en plein milieu de la rue, dégainant ses armes d'instinct.

Satisfaite de constater que je lui faisais de plus en plus d'effet (sans mauvais jeu de mots -bien qu'effectivement, je ne pouvais plus faire d'effet à quelqu'un que par ce genre de sentiments... bref), je continuai, puis j'accentuai l'effet. Malin, il se retrancha aussitôt en-dessous d'un lampadaire, se postant hors de ma portée. Mais alors, je pris l'apparence d'une silhouette faite d'ombre, une silhouette de femme élancée. Cette fois, il se mit à trembler légèrement, murmurant à toute vitesse des choses que je n'arrivais pas à entendre, mais il resta hors de ma portée, sans bouger. J'attendis ainsi pendant un bon moment, espérant qu'il finisse par se ruer vers moi en laissant sa rage prendre le dessus, mais il faisait preuve d'un sang froid impressionnant.

« Je voulais tellement te revoir... tu m'as laissée... mon petit... »

Maintenant, il se tenait la tête. Il se répétait que je n'étais pas réelle. Oh si, je l'étais... d'une certaine façon. Et jamais je ne le lâcherais. Je continuais à répéter ces mots, et l'homme se ratatinait de plus en plus sur lui-même, mais sans bouger. Finalement, à force de faire pression, il finit par laisser tomber son épée, et tomba sur les genoux, les mains sur le visage. Pleurait-il ? L'avais-je autant bouleversé ?! Je me concentrai pour faire jouer de mon empathie, mais j'avais du mal à tenir l'illusion en même temps. Finalement, je renonçai; de toute façon, au vu de son état des derniers jours, cela m'aurait étonné que ce soit de la comédie. Alors, je continuai mes chuchotements :

« Tu dois revenir vers moi. Repartir de zéro ailleurs, auprès de moi... »

Soudain, il releva sa tête vers moi. Allait-il faire comme à chaque fois, rejeter mon illusion ? Dire que je n'étais pas sa mère ? ... il ne semblait pas prêt à réagir comme d'habitude. Mais comment, alors ? Ma réponse fut immédiate : il reprit son épée et sa tourna vers lui, en guise d'interrogation. Allait-il vraiment me donner satisfaction aussi vite ? Après tout, c'était la même chose à chaque fois ; au début, il était difficile d'insinuer la déprime chez les gens, mais dès que c'était fait, sa progression était carrément exponentielle, et l'idée de suicide arrivait très vite. J'étais une personne bien placée pour le savoir... alors que je n'y avais que rarement pensé, elle m'était venue de plus en plus souvent, pour au final m'apparaître comme une évidence. Voilà ce qu'il semblait se passer pour cet homme en proie à ses démons. Néanmoins, il semblait hésiter : il était figé, l'épée impitoyablement prostrée vers lui. Et je continuais à le regarder, impassible.

« Tout sera plus facile. »

Cette fois, ce fut la phrase qui lui fit définitivement perdre la tête. Il renforça sa prise sur l'arme, puis il se l'enfonça dans le ventre d'un seul coup, si bien qu'elle le transperça complètement. La lame de l'épée ressortit, pleine de son sang. L'homme souffrait : je pouvais le voir dans chacun de ses mouvements, de ses larmes, de ses cris. Puis, il s'effondra. J'avais provoqué son suicide. Il était devenu une Ombre, comme moi, comme nous toutes. Il était maudit, réapparaissant déjà à côté de son cadavre, sous forme de fantôme cadavérique.

« Que... qu'est-ce que...? » essaya-t-il de demander. Je me dévoilai alors à lui.

« Tu es maudit, puni par ton acte de suicide. Tu es désormais une ombre, comme moi, condamnée à errer pour toujours sur ces terres, aidant à l’ouvre de l'Esprit de la Mort. »

S'il avait été encore capable de ressentir des émotions, il aurait certainement bouilli de rage, au point de m'en tirer les cheveux. Mais il se tenait là, devant moi, en regardant piteusement son corps. Eh bien, voilà : après des nombreux jours passés à le suivre, j'avais fini par obtenir ce qu'il fallait. J'avais réussi la mission que m'avait confiée Alianna, et je savais que cela signifiait une grande montée dans l'estime de cette dernière. L'estime de mes consœurs, voilà tout ce que je pouvais gagner ou perdre dans cette existence maudite. Et il en serait désormais de même pour cet homme, qui n'avait certainement pas mérité ce sort. Personne au monde ne pouvait mériter pareille chose.
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