Je n'aurai jamais cru me rendre de nouveau dans cette forteresse maudite pour voir une personne qui m'avait piqué MON trône. Enfin, il se trouve que je n'avais pas vraiment le choix vu mon état actuel. Je n'avais plus de force, mais pas seulement de force physique, non, je n'avais plus de force du tout, comme si tout avait été aspiré. J'étais, en plus de cela, malade, presque incapable de me lever de mon lit. Mais j'avais pris la décision de prendre sur moi, de me laisser conduire par les ombres là où je savais qu'était la souveraine des vampires. Le seul problème c'est que ces maudites ombres m'avaient laissé en plan sur ce maudit pont. Maudite forteresse, maudit pont, maudites ombres, j'étais servi. Essayant de me déplacer tant bien que mal, je réussis à faire deux trois pas en quelques minutes qui me semblèrent longues, très longues. Au moins, cela me donnait le temps de réfléchir, chose qui me demandait un effort presque surhumain. Je ne pouvais pas me sortir de l'état, où la vie m'avait mis, seul, c'était une certitude. En plus de cela, j'avais décidé de me lier avec la fille biologique de ma mère qui lui ressemblait bien trop physiquement pour que mon cœur ne supporte son caractère de cochon. La jeune femme buvait bien trop, fumait comme un pompier, se retrouvait parfois quasiment nue devant moi sans la moindre gêne et plus le temps passait, moins je la supportais. Elle était déjà perdue, comment pourrait-elle m'être d'une quelconque utilité ? Je ne savais pas où trouver ma mère, je ne connaissais personne d'autre qui m'aurait paru être sympathique et c'est pour cette raison que j'avais pensé que, peut-être, ma reine, pourrait m'aider. Je ne l'aimais pas, ou plutôt, je ne voulais pas l'aimer mais elle m'apparaissait comme la seule capable de me sortir de la situation dans laquelle j'étais à l'heure actuelle, me sortir de mon pétrin. Elle ne saurait probablement pas m'éclairer beaucoup sur mon état mais si elle pouvait m'aider à retrouver ma puissance, je lui serai reconnaissant. Attention, cela ne voulait pas dire que je renonçais au trône, PAS DU TOUT, simplement que je pensais qu'en tant que souveraine, c'était de son devoir d'aider les membres de sa race, même ceux qui pourraient la défier un jour. Si elle était si puissante que ça, elle n'avait rien à craindre. Au final, je me rendais compte que je ne la connaissais pas tant que ça. Cela dit, je préférai quand même la voir comme un monstre, une vilaine qui m'avait piqué mon trône plutôt que comme une femme responsable qui le méritait amplement. Seulement, aujourd'hui, c'était moi qui venait à elle la queue entre les jambes, coincé par ma propre impuissance. Ça m'énervait mais je ne pouvais malheureusement rien changer. Elle seule pouvait m'aider, en m'acceptant en tant que sujet, en acceptant de me considérer, en me faisant découvrir ce que, au final, je ne connaissais pas. Car je me vantais d'être le fils de deux êtres qui avaient été seigneur de la nuit, mais je ne savais en réalité pas grand chose des miens.

A bout de souffle et ayant dépassé la limite de ma capacité à réfléchir, j'essayai tout de même de faire un pas, un pas qui, malheureusement, aboutit par mon effondrement complet. Je m'étalai sur le sol, mon menton heurtant ce dernier. J'étais presque assommé et, plus que tout, totalement incapable de me relever. Et je sentais cette douleur atroce dans mon menton. « Hum... ». Gémissement. Je restai comme ça quelques temps puis j'entendis des bruits de pas. Des gens discutaient et je compris que j'étais le centre de leur conversation. Je les sentis me prendre par les bras et me traîner jusqu'à la forteresse. Au moins, j'avais deux possibilités : soit on me mettait aux cachots, soit j'avais une petite chance d'apercevoir la reine, sauf si elle n'était pas là... bien sûr.

Je ne saurai dire ce qu'il se passa pendant le temps où je restai inconscient. J'avais l'impression que l'on me tripotait, que l'on me traînait, que l'on m'allongeait mais comment savoir ce qui était vrai ou non ? Je finis par sentir quelque chose de délicieux couler dans ma gorge et je dus afficher un sourire bienheureux. Depuis combien de temps je ne m'étais pas nourri ? Bon, dans mon cas, ce n'était pas non plus très grave car mon côté ombre me permettait de vivre sans boire de sang ou, même, rien manger du tout. D'un côté, c'était une situation bien heureuse pour moi car je n'aurai sans doute jamais été capable de chasser dans mon état tout comme dans celui qui était le mien avec cette curieuse maladie qui m'avait privé de tous mes pouvoirs. D'un autre côté, peut-être que c'était aussi ces avantages qui faisaient de moi une sorte de loque humaine, incapable de force, incapable de me nourrir correctement ou bien de faire l'amour à une femme. C'était triste mais c'était ainsi, je n'allais pas me voiler la face, du moins, pas aujourd'hui. Je finis donc par émergé avec un léger mal de tête qui n'était pas dû à mon état physique mais plutôt au fait que j'avais trop réfléchi. Les tissus de mon cerveau avaient dû gonfler et devaient se cogner contre mon crâne... à moins que cela ne soit pas possible ? Bof, peu importe. Ouvrant les yeux, ce que je vis me fit sursauté de surprise. C'est que, j'avais imaginé bien des choses mais pas trouver devant moi cette femme là, enfin, ma reine quoi. Qu'est ce qu'elle faisait là ? N'avait-elle pas autres choses à faire que de s'occuper de moi ? Après tout, je n'étais qu'un simple vampire sans aucun rang. Le penser fit un mal fou à mon ego mais si je voulais me sortir de la situation dans laquelle j'étais, je devais essayer de me dire que j'étais peut-être nul aujourd'hui, mais que demain je serai puissant. Après tout, ma mère, lors de nos échanges dans cette pièce noire où elle m'enfermait jadis à cause de ma faculté perdue de me nourrir des âmes des gens, m'avait expliqué que la puissance s'acquérait au fil du temps, avec de l'entraînement. Certes, certains avaient des capacités, des facilités, mais peu importait, seul le travail comptait. Elle était amusante mais j'avais beau vouloir travailler, mon comportement jamais n'était à la hauteur de mes espérances. Je faillis donc m'étouffer : à cause de ma réflexion qui ne voulait plus me lâcher mais également à cause de ma reine, dont j'ignorai d'ailleurs jusqu'au nom – ou alors je l'avais oublié. Si j'oubliais le fait qu'elle siégeait sur mon trône, elle était plutôt jolie, enfin, je croyais, je n'étais pas très sûr, ou peut-être que si... ou peut-être que non. Je me redressai.

« Hum. Je... ». Voilà, j'étais venu dans l'optique de lui faire un beau discours sur mon importance dans la race vampirique et aussi sur le fait qu'elle devait absolument m'aider parce que j'étais une valeur sûre mais maintenant, je ne savais plus mettre des mots sur mes pensées. En plus de cela, je remarquai la présence d'une autre femme. Mince alors, j'allais passer pour un débile profond – ce que j'étais un peu mais chut. Une pression énorme s'installa en moi et je criai presque : « Je veux faire quelque chose pour ma race ! ». Je marquai une pause, à bout de souffle avant de reprendre en baissant les yeux vers mes mains. « Pour devenir fort ! ». Je réfléchis. Ah oui, aussi. « Et pour commander un clan ! ». Là par contre, j'avais cessé de réfléchir : « Ou me marier avec vous pour régner aussi ! ». Non, je n'avais pas du tout réfléchi, pas du tout du tout du tout. Mais pourquoi j'avais dit ça ? C'était idiot ! Totalement idiot ! J'allais me marier avec ma mère, c'était évident voyons. Heureusement, je n'étais pas vraiment pourvu de la faculté à rougir, enfin, je le croyais. Je finis par soupirer avant de dire tout bas, mais tout de même à l'adresse de la souveraine. « Mais prenez moi avec vous s'il vous plaît... Je veux vraiment devenir fort... ». Mon discours ne ressemblait absolument pas à celui que j'avais imaginé à mainte et mainte reprise mais je ne pouvais pas revenir en arrière. Aussi, malgré moi, une mine boudeuse s'installa sur mon visage. J'étais contrarié par mes propres facultés.

Lorsque j'entendis le rire, je baissai légèrement les yeux. Voilà ! Moi je voulais servir ma race et j'étais tellement ridicule qu'on se riait de moi. Ma mine boudeuse dut s'accentuer un peu jusqu'à ce que je sente une main dans mes cheveux. Je tiltai alors qu'elle devait réellement me prendre pour un enfant. Comment lui prouver le contraire ? En même temps, vu mon âge réel, c'était un peu le cas, je n'avais grandi physiquement et psychiquement que grâce à ma mère mais, au final, étais-je réellement adulte ? Cette question m'énerva un peu plus. Bien sûr que j'étais adulte ! Je faisais des trucs d'adulte, cela le prouvait bien. Néanmoins, je ne pouvais pas dire à ma reine qu'elle arrête de me prendre pour un enfant parce que je faisais des trucs d'adulte. Elle allait rire. « Amadäus. ». J'avais répondu après l'avoir observé se couper. Je fixai le bol d'un œil sceptique, me demandant si c'était un piège. Pourquoi voulait-elle donc me faire boire son sang ? Pourquoi me disait-elle des choses gentilles ? Avait-elle décidé d'endormir ma méfiance pour mieux me faire tomber ? Je soupirai, me disant que je n'étais qu'un crétin. Quel avantage tirerait-elle de tuer un vampire qui voulait la servir ? Ah moins qu'elle ait décidé d'éliminer les faibles pour faire de la race vampirique une race élitiste ? Rien que de penser au mot « élitiste » me donna mal à la tête et je finis par prendre le bol. J'allais boire quand elle me proposa de venir vivre ici, dans cette forteresse maudite de laquelle je n'arrivais même pas à passer le pont sans trépasser tout court. En même temps, le manoir Taiji était pris par mon ancêtre que je ne devais pas approcher et dans le château Malkavian, je devais côtoyer Erza, la plupart du temps complètement ivre. Et puis, j'en avais marre de trouver ses sous-vêtements dans mon lit. Elle ne prenait même pas en considération le fait qu'avant d'être son frère, j'étais un homme et que son comportement jemenfoutiste pouvait me perturber. Je soupirai à cette pensée, me disant qu'entre les trois bâtisses, j'avais peu de chances de survie. Je finis par murmurer un compromis. « J'habite au château Malkavian mais en fait, je veux bien venir parfois ici parce que la fille qui s'occupe de moi elle dort dans mon lit et elle boit... ». J'aurai sans doute pas dû dire « s'occupe de moi ». Je l'avais pensé ainsi parce que c'était elle qui avait veillé sur moi durant ma maladie, si on pouvait appeler cela ainsi en vue de ce qu'elle faisait – c'est à dire le strict minimum – pour m'aider. Et puis, c'était vrai, elle buvait et voulait toujours me faire des câlins. J'avais finis par capituler au bout d'un moment, me demandant pourquoi elle faisait ça, inapte à comprendre qu'elle cherchait juste de l'affection.

Mon regard se posa un instant sur Lyzzie mais pas longtemps parce qu'elle m'impressionnait vraiment, surtout qu'elle ne disait rien et me regardait d'un œil bizarre. Ma reine était plus attentionnée, même si je me méfiais quand même. Avant de boire le bol, je lui dis d'un air déterminé. « Attention, je suis faible aujourd'hui mais ça veut pas dire que je le serai demain ! Moi je serai fort ! Alors il ne faut pas m'éliminer... ». Au moins, comme ça, si son sang était empoisonné et qu'elle voulait me tuer, peut-être aurait-elle quelques remords. Je bus et quelque chose en moi réveilla mes instincts. Mes yeux se teintèrent d'un rouge particulier et je dévisageai ma reine d'un regard étrange. Son sang était tout simplement divin. Jamais je n'en avais bu de la sorte, c'était indescriptible, tellement que j'en voulais encore. Je fixai un instant son cou, totalement obnubilé par elle, par ce qui coulait dans ses veines. Je n'entendis même pas de suite ses questions, m'imaginant planter mes canines en elle. Cette vision avait l'air si réelle que j'étais presque prêt à me jeter sur elle. J'émis un petit grognement involontaire avant de revenir sur terre, me rendant compte que mon entreprise était vouée à l'échec. Si je faisais ça, elle ne voudrait jamais de moi et, en plus, j'étais à peu près certain de ne jamais atteindre ma cible. J'avais vu ce qu'elle avait fait avec les ombres sur son poignet. J'imaginais aisément qu'elle pouvait faire de même avec mon cou. Je baissais les yeux, essayant de me rappeler de la question. « Clan... les clans... ah oui... ». Il y avait un certain temps, je voulais appartenir au clan Brujah mais je m'étais rendu à l'évidence : j'étais nul en combat. De toute façon, j'étais un peu nul pour tout actuellement. « Je ne sais pas ! Mais je veux une fonction importante ! Mais je ne veux pas me battre ! Par contre, je veux être proche de vous parce que... ben... je vous aime bien finalement. ». D'ailleurs, je ne savais toujours pas une chose. « Dîtes... vous vous appelez comment ? ». D'accord, c'était carrément la honte de ne pas savoir ça. Mais bon, valait mieux que je demande maintenant que d'ici quelques années. Je risquais de passer pour un abruti fini si je la côtoyais sans savoir comment l'appeler. Dans tous les cas, je me sentais bien mieux, son sang ayant eu un effet bénéfique sur ma santé. Non, je ne devais plus penser à son sang, plus du tout, jamais ! Je baissai de nouveau les yeux, honteux de me laisser emporter pour ce liquide qui ne m'avait jamais été vital grâce à ma partie ombre. Néanmoins, je devais avouer qu'il était appréciable, surtout celui de cette femme...

Je ne savais pas comment réagir, j'étais bloqué. C'est que, cette femme paraissait tellement gentille. Moi qui l'avais imaginé des milliers de fois en tyran, jouissant du privilège de m'avoir piqué mon trône, je me retrouvais tout penaud. Elle me semblait d'ailleurs être une sorte d'ange. Était-elle comme ça avec tout le monde ou qu'avec les vampires... ou qu'avec moi ? Je doutais de la dernière possibilité. Peut-être aimait-elle les enfants ? Mais si elle se rendait compte que je n'en étais pas un, me chasserait-elle ? Pourtant, je ne ressemblais pas à un gamin, pourquoi pensait-elle ça ? Cette question me revenait sans cesse à l'esprit sans que je ne puisse m'en défaire. C'était une obsession qui ne trouvait aucune réponse concluante si ce n'est ma médiocrité personnelle. Néanmoins, quand elle parla de grandes responsabilités, de patiente et de travail, je m'exclamai : « Je veux devenir puissant, même si je dois beaucoup travailler ! C'est vrai ! ». Peut-être avais-je des mimiques et un comportement d'enfant après tout ? Je soupirai. Cette femme était bien plus attentionnée envers moi que ma propre mère qui s'était contentée de me raconter toutes les histoires des terres du Yin et du Yang. Tous les jours, quand elle avait le temps, elle venait avec un livre, m'instruisant sans que je ne retienne rien d'autre que la couleur de ses yeux, que le son de sa voix. Pourtant, je montrais toujours beaucoup de motivation pour l'écouter parce que j'appréciais sa présence. Avec ma reine, c'était pareil sauf qu'elle s'inquiétait de mon bien-être. Elle me donnait son sang, elle voulait savoir si je me sentais bien. C'était une nouveauté pour moi en réalité. Ma mère savait si j'allais bien ou non, elle ne demandait pas. Quant à Erza, même si elle me donnait de l'affection – que je trouvais mal placée – elle ne le faisait que lorsqu'elle était ivre. Et toutes ses tentatives de rapprochement se terminaient toujours par une grande violence. C'était comme si elle souhaitait être proche de moi puis changeait d'avis tout de suite après. Aussi, j'étais un peu méfiant tout de même avec cette femme. Jouait-elle ? Allait-elle se montrer violente à un moment si je ne répondais pas comme elle le voulait ? Et puis, la femme qui était avec nous m'effrayait toujours. Elle semblait ne pas approuver les gestes doux de ma reine à mon égard. Pourtant, je les aimais bien, je ne voulais pas que ça s'arrête. Peut-être qu'à force de me dire qu'elle me prenait pour un enfant, étais-je en train d'en devenir un ?

Elle s'appelait Yulenka. Je l'aurai sans doute su si je n'avais pas été obnubilé par « mon trône ». C'était comme si je découvrais son monde, comme si je découvrais que même si elle n'avait sans doute pas des parents qui avaient régné sur la race, elle pouvait aussi bien, sinon mieux, s'en occuper que moi. C'était plutôt blessant de me dire ça mais si je voulais vraiment savoir de quoi elle était capable, je devais l'observer, apprendre à la connaître. Et puis, en réalité, je ne connaissais pas grand chose des vampires. J'en étais à moitié un, même un peu plus que la moitié, mais au final, je n'avais pas côtoyé les autres. J'étais triste de penser ça, aussi, soutenir le regard de ma reine qui me maintenait le cou était un véritable supplice. Voyait-elle que j'étais un imposteur ? Que j'avais voulu la tuer ? L'écarter d'un trône que je pensais être le mien ? Elle devait avoir tellement de choses à faire au lieu de s'occuper de moi. Je finis tout de même par lui répondre avant de risquer de tomber dans la dépression : « Je pense que ça ira. Je veux bien visiter... ». Puis, je murmurai tout bas : « Par contre... elle me fait peur Lyzzie... J'aimerai qu'elle reste là... ». C'était peut-être impoli de dire ça, de demander un service à mon hôte qui m'avait déjà tant donné, mais elle me faisait vraiment peur, courageux vampire que j'étais.

J'essayai donc de me relever, y arrivant plutôt bien. Le sang m'avait revigoré. Lorsque je me mis debout, ma tête tourna légèrement mais ça allait. Le seul truc c'est que même dans mon état normal, ma faible morphologie – bien que je paraisse tout à fait musclé – ne me permettait pas de me balader bien longtemps. Mais j'allais faire un effort pour la visite. « Et il y a des maîtres vampires ici ? Parce que moi, j'aimerai vraiment les rencontrer ! ». Peut-être devrais-je lui dire qui était mon père ? Ma mère, elle ne devait pas vraiment la connaître, elle avait gardé son règne assez secret, mais mon père était connu. Je lui ressemblais, un peu. Et puis en fait, non, je ne devais pas lui dire, elle me prendrait pour un menteur, un débile. « Et ils font quoi de leur journée les maîtres vampires ? Et vous ? Vous avez du travail, non ? ». J'essayais de m'arrêter de poser des questions mais j'en avais tellement que c'était difficile pour moi. Ça m'amusait qu'elle me prenne pour un enfant parce que mon corps n'avait rien de celui d'un bambin, j'étais même plutôt grand, très grand, quand je me tenais droit, chose qui était assez rare car je manquais de souplesse et j'avais fréquemment mal au dos. « Comment vous êtes devenue reine ? Vous avez toujours été vampire ? On vous a mordu ? Vous avez déjà transformé quelqu'un ? ». Il fallait vraiment que je m'arrête un jour...

Je regardai Yulenka, l'écoutait. En réalité, je n'avais pas la capacité de boire entièrement ses paroles, comme si je n'étais pas assez évolué pour ça. Néanmoins, afin de ne pas la décevoir si jamais elle me posait une question, j'essayai de me faire des fiches mnémotechniques, une sorte de schéma imaginaire qui regroupait toutes les informations essentielles. Cela me fit mal à la tête mais je continuai à essayer de me concentrer malgré tout. Il faut dire que ma reine me faisait aussi un drôle d'effet. Je la trouvais vraiment magnifique. J'aimais sa façon de parler, de bouger, j'avais l'impression d'être ensorcelé. Et même si je ne retenais pas tout, je n'avais pas envie qu'elle arrête de parler. Et puis, c'était à moi qu'elle parlait, à moi ! J'étais tellement heureux que, plusieurs fois, je faillis me rétamer lamentablement par terre. J'étais grand, très grand, mon corps était musclé même si je n'avais aucune force et, finalement, il était très douloureux pour moi de le supporter. « Clauswitz... Athos... ». Je murmurai ces noms pour essayer de les retenir même si je savais que je risquais de les oublier d'ici un ou deux jours. En tout cas, j'étais impressionné par cette femme. Je me sentais tout nul à côté d'elle. Je soupirai parfois, dépité, un peu désespéré, enclin à une certaine forme de déprime. Dire que j'avais voulu le trône. Les informations sur la forteresse, ou, du moins, le fait qu'elle soit encline à se jouer des invités, passèrent totalement à la trappe. J'aurai dû être plus attentif, oh oui, moins passé de temps à regarder les mèches de cheveux de Yulenka se balader ici et là car, ce que je ne savais pas encore, c'est que la forteresse aimerait beaucoup me jouer des tours. Pauvre de moi, condamné à être malchanceux. Je suivais toujours la reine, me demandant ce qu'était un Kelpie, n'osant pas trop posé la question. C'est que, à cause de ma mauvaise mémoire, j'avais une culture assez médiocre. Enfin, je me promis de revenir ici – si j'arrivais à retrouver le chemin – afin d'essayer d'apercevoir Kaly.

Lorsque Yulenka me parla d'elle, je me sentis tout triste. Quelque part, moi aussi on m'avait un peu abandonné à mon triste sort. Enfin, ma mère venait me voir mais j'étais la plupart du temps seul dans ma pièce noire. Je savais que c'était parce que je me nourrissais des âmes des gens mais peut-être que j'aurai pu réussir à ne pas le faire, comme un vampire pouvait réussir à ne pas se jeter sur quelqu'un. Maintenant j'étais libre et incapable de le faire mais j'avais ressenti cette solitude toute ma vie. J'étais définitivement triste, si bien que même si l'histoire de ma reine se terminait plutôt bien, je n'en retenais que le négatif. Aussi, alors qu'elle me demandait ce que je voulais visiter maintenant, je m'approchai d'elle et l'enlaçai affectueusement, comme si j'avais l'espoir de la consoler. Même si, au final, il n'y avait rien à consoler. « Ne vous inquiétez pas, moi je resterai avec vous ! ». J'étais vraiment pathétique comme homme et le plus pathétique était justement que je ne m'en rendais pas vraiment compte. « Vous ne serez plus jamais seule ! ». Et puis c'était amusant parce que même si j'étais plus grand qu'elle, un simple coup pouvait me faire tomber par terre. J'étais imposant physiquement mais ce n'était que du vent, une belle illusion.

Alors que j'allais continuer indéfiniment à l'enlacer, parce qu'elle sentait bon et que j'aimais bien les câlins, mon regard croisa celui d'un homme qui se tenait un peu plus loin. Il me glaça le sang. Pas qu'il était laid mais quelque chose d'étrange se dégageait de lui. Ses cheveux blanc étaient implantés haut ou alors peut-être avait-il un début de calvitie, mais il me semblait dangereux, bien plus que le fossoyeur dont m'avait parlé l'impératrice de la nuit. A moins qu'il l'était ? « Dîtes... ». Je m'étais écarté d'elle, mes yeux ne pouvant se détacher de l'homme. « C'est... c'est lui le foss... fossoyeur ? ». En réalité, je n'avais pas conscience qu'il s'agissait de Kain, le dirigeant du clan Nosferatu. Mon sang me semblait glacé. D'ailleurs, Yulenka m'aurait fait le même effet si elle n'avait pas été douce et affectueuse à mon égard. Mais lui, en plus de m'impressionner, il m'effrayait totalement. J'avais presque envie de partir en courant me cacher quelque part, chose que j'aurais faite si je n'étais pas à peu près certain de m'étaler comme une crêpe dans ma fuite.

Spoiler:

Quand j'entendis Yulenka prononcer l'inévitable, je fis plusieurs mouvements négatifs de la tête, ressemblant à un chien mouillé qui s'ébrouait. Néanmoins, elle ne me vit pas faire, m'attirant déjà à sa suite pour aller rencontrer Kain, le chef du clan Nosferatu. Le chef du clan Nosferatu. J'avais beau me le répéter, mon esprit ne voulait pas s'y faire. J'avais devant moi un véritable seigneur vampirique, un homme impressionnant, qui respirait la puissance. Il n'était pas spécialement beau pourtant mais il se dégageait de lui quelque chose qui me glaçait toujours autant le sang. Et, entraîné de force, je dus bien faire avec, fixant mes pieds pendant que la reine et lui communiquaient. Je me dis que Yulenka devait être véritablement impressionnante quand elle faisait les gros yeux mais pour une raison que j'ignorai, je me sentais plutôt bien avec elle. Elle ressemblait à une deuxième maman ou à une amie aimante. Peut-être que, après tout, si je devenais puissant, elle voudrait bien de moi comme mari ? Ma mère m'avait dit un jour que si l'on voulait avancer dans la vie, il fallait placer sur notre chemin des objectifs à atteindre, des buts qui renforçait la chose que nous voulions le plus au monde. Et si je voulais devenir fort, je pouvais, sans doute, à la fin de mon parcours, faire un petit espace pour l'impératrice de la nuit, envisager réellement qu'un jour je pourrai la demander en mariage. Enfin, pour ça, il fallait déjà qu'elle cesse de me prendre pour un enfant, chose qui semblait mal barrée.

Les salutations passées, la jeune femme que j'accompagnais me présenta à Kain, faisant s'agrandir légèrement mes yeux sous la surprise. Si j'avais pris le temps de réfléchir un peu, peut-être aurai-je pu me douter du déroulement des événements. Seulement, il semblait que mon esprit soit aussi vide qu'une cruche sans eau. J'en aurai presque rougi si je n'étais pas occupé à essayer de relever les yeux vers mon interlocuteur qui me saluait. Il avait l'air, lui au moins, de me considérer comme un adulte, du moins, c'est l'impression qu'il me fit. Cela dit, je ne savais pas s'il s'agissait d'une bonne ou mauvaise chose. S'il avait pensé que j'étais un enfant, peut-être se serait-il attendri un tantinet. Mais son regard me paraissait réellement menaçant, chose qui était sans doute une simple idée personnelle. « Euh... bon... bonjour... ». Il fallait que je prenne mon courage à deux mains. Je n'étais pas n'importe qui après tout ! Mince alors, mes parents étaient connus ! J'étais embêté, ça se voyait. Mais, en faisant un effort monumental, je finis par continuer, fixant plutôt le milieu du front de Kain que ses yeux effrayants. « Je suis heureux de vous connaître. Moi aussi j'aimerai devenir un seigneur vampirique plus tard ! ». J'avais dit ça d'une traite, plutôt fier de moi. Néanmoins, le vampire en face leva les sourcils, quelque peu surpris de cette déclaration de but en blanc. « Vraiment ? ». Il ne semblait pas hostile, simplement curieux ou amusé. Je ne savais pas réellement, c'était difficile de lire ce qu'il pensait sur les traits de son visage. « Et de quel camp ? Dois-je craindre pour ma place ? ». Il avait l'air de plaisanter mais ça me mit totalement mal à l'aise. Premièrement parce que son ton était toujours le même, deuxièmement parce que je ne savais pas vers quel camp aller et troisièmement parce que si je lui disais vouloir rejoindre le sien, il risquait de mal le prendre. « Euh... ». Finalement, il semblait que la conversation dusse s'arrêter ici, avec ma tentative de fuite.

En effet, j'avais tourné les talons et avais couru tant bien que mal me réfugier un peu plus loin entre deux buissons. Mon comportement n'avait rien d'héroïque et je le regrettais déjà – me ridiculiser ainsi devant un chef de clan – mais je n'y pouvais rien et ne pouvais plus reculer. Je n'avais qu'à attendre que le temps passe et me laisser mourir pour être aussi stupide.

Au début tout semblait bien se passait pour la jeune reine. Amadaüs avait réussi à saluer le maître vampire, et même à lui parler de ses projets d’avenir. D’une manière assez spontanée et sincère, ce qui fit sourire la jeune impératrice. Pour sûr Kain ne devait pas être habitué à autant de franchise et de sincérité dans ce monde vampirique. Et il réagit plutôt bien lui aussi, engageant la conversation de manière relativement bienveillante, rebondissant sur les propos du jeune homme. Mais visiblement, ce dernier se retrouva bien vite pris au dépourvu. La boutade du maître vampire laissait la question de savoir si c’était du lard ou du cochon, entière. Du moins pour le pauvre jeune vampire qui n’était pas habitué à discuter avec un maître vampire. La réaction qu’il eut alors scotcha les deux autres vampires sur place. Yulenka regardait en direction d’Amadaüs avec de grands yeux ronds, et Kain adoptait lui aussi une mine assez interloquée, demandant incrédule à sa reine.

Il a …. fuit ?
-Je… je crois oui….

Kain fut plus rapide à comprendre l’émoi qui avait saisi le pauvre bougre, et fut prit d’un fou rire qu’il calma cela dit rapidement. Ce genre de réaction n’était pas non plus extraordinaire, surtout chez un jeune vampire, mais il devait bien avoué qu’il n’en était pas souvent témoin. Il était le maître de clan certainement le plus discret de tous ses comparses après tout. Il n’avait pas de hauts faits d’arme ou de cruauté à son actif, étant au contraire axé sur la discrétion de ses actes. Yulenka se retrouva bien embêtée. Elle n’avait pas voulu mettre ce pauvre bonhomme dans une situation pareille ! Elle se tourna vers le chez de clan Nosferatu et lui dit.

-Il est encore jeune, mais il a pour lui une bonne détermination dont il aura besoin pour l’avenir.
Je n’en doute pas Altesse…. Je suis curieux de suivre son évolution….

Ce fut au tour de Yulenka de se demander s’il tait sérieux ou s’il plaisantait en cet instant. Et a étudier l’expression du visage de Kain, elle conclut qu’il y avait un peu des deux….  Observation qu’elle garda précieusement pour elle. La jeune vampiresse savait très bien gardé des cartes dans sa manche pour la suite, et son instinct lui disait que celle-ci avait de fortes chances de lui être très utiles à l’avenir. Elle s’excusa auprès du chef de clan, et alla retrouver Amadaüs caché derrière ses buissons. Elle pouvait sentir sa honte et sa gêne comme si elle était à sa place, et fut embêtée de le retrouver dans cette état. Elle lui adressa un sourire bienveillant et lui tendis la main pour l’inciter à sortir de sa cachette, en lui parlant doucement.

-Un chef de clan est souvent impressionnant, n’est-ce pas ? Ne t’en fais pas, ce genre de choses arrivent. La première fois que j’ai croisé un chef de clan, je n’en menais pas large non plus tu sais…. Tu verras, avec le temps tu t’y habitueras. Et puis, si un jour tu deviens vraiment chef de clan, tu seras comme lui. Et comme tous les autres. Et c’est toi qui intimideras à ton tour les jeunes vampires qui te croiseront. Et tu riras surement en te souvenant comment tu étais à leur âge. Rassure toi, il n’y a pas de quoi te sentir honteux.
~J’y suis allée trop fort pour une première fois…. Le pauvre bonhomme, il n’était pas préparé, déjà qu’il sort tout juste d’un état critique...~

Elle observa le jeune homme quelques instants, lui laissant le temps d’assimiler tout ce qu’elle venait de dire avant de lui demander.

-Veux-tu retourner voir Kain ? Ou tu préfères remettre ça à plus tard et continuer notre promenade ?
Mes hommages…. Majesté….

Yulenka se crispa en reconnaissant cette voix gutturale et caverneuse qui la saluait. Bon sang Raziel était venu la voir !!! Vu l’état d’Amadaüs en cet instant, et la peur que lui avait inspiré Kain, s’il voyait Raziel, les dieux seuls savaient comment il allait réagir ! Mais trop tard, le fossoyeur était déjà sortit de nulle part, comme à son habitude, en s’inclinant légèrement pour saluer la jeune vampire, celle-ci le saluant machinalement en retour. Il porta son regard sur Amadaüs, reconnaissant le vampire qu’il avait vu s’effondrer et pour qui il était parti chercher Lyzzie en guise de secours.  Tournant de nouveau sa tête vers la jeune reine, il lui demanda.

Je vois que Monsieur va mieux…. Je craignais que Lyzzie n’arrive trop tard.
~Mieux oui, pour combien de temps par contre….~

Spoiler:

J'hésitais sur mon état. Je me sentais mort, mais je ne savais pas si c'était mort de trouille ou mort de honte. Je n'arrêtais pas de me répéter les mots de cet homme, Kain, le chef du clan Nosferatu, imaginant toutes les réponses que j'aurai pu lui donner à la place de mon expression d'hésitation et de ma fuite. J'étais pitoyable et, surtout, convaincu, à présent que si je voulais rejoindre un jour son camp, il me rirait au nez sans ménagement. Tremblant doucement, mon corps finit pas se stabiliser un peu, et heureusement, car je faisais déjà bien peine à voir. Un grand gaillard comme moi, plié en quatre dans les buissons, c'était inconcevable. Si ma mère m'avait vu, elle aurait clairement désapprouvé mon comportement, pire, elle m'aurait fixé de son regard sévère avant de tourner les talons, me laissant là comme la pauvre chose que j'étais. Je soupirai, ravalant mon soupir lorsque je vis quelque chose bouger : Yulenka, la reine. A vrai dire, je m'attendais à des remontrances, j'étais vraiment mal poli, mais, au lieu de cela, ce ne fut que sa main qu'elle me tendit, une main qui semblait me vouloir du bien. Au début, j'étais un peu hésitant : était-ce une façon détournée de m'amadouer pour ensuite me faire du mal ? J'étais peut-être un peu idiot mais parfois je pensais aux complots que l'on pouvait créer contre moi avant de me rappeler que comme je n'étais rien, personne ne prendrait la peine d'en faire.

La voix douce de la jeune femme finit par résonner et je bus ses paroles comme si elles étaient sacrées. Elle s'adressait à moi comme si j'étais un enfant mais, finalement, j'en avais besoin. Aussi, j'acquiesçais de temps en temps, essayant de me calmer. Elle avait eu peur devant un chef de clan ? Le fait qu'elle partage son expérience avec moi me fit l'apprécier davantage. Elle me ressemblait, nous avions des points communs. Je finis par sourire. Oui ! Si un jour je devenais chef de clan, les autres auraient peur de moi comme j'avais eu peur de Kain ! Pas que la perspective me réjouissait – enfin, un peu quand même – mais je voulais être quelqu'un d'important et ma motivation remontait progressivement au fur et à mesure qu'elle apaisait mes craintes. Cette femme était la meilleure reine du monde entier à mes yeux. Elle prenait soin de ses sujets. Peut-être pensais-je cela car j'avais besoin de quelqu'un près de moi, que j'étais, en quelque sorte, dépendant des autres, mais je l'aimais beaucoup. « Pas de quoi me sentir honteux... ». Je répétai ses derniers mots, essayant de me convaincre de leur caractère véridique. Oui. J'étais le fils de deux personnes qui avaient brillé dans la sphère vampirique, ma propre reine me soutenait, je n'avais pas de quoi me sentir honteux ! Je devais évoluer pour les rendre fiers de moi !

Rempli d'une énergie nouvelle, j'étais presque prêt à retourner voir Kain afin de m'excuser et de reprendre la conversation que nous avions commencé. J'étais à présent certain qu'il m'avait dit cela pour plaisanter et que si je lui disais que, peut-être, j'aimerai appartenir à son clan, il m'introduirait, dès que le moment serait venu, parmi les siens. Oui ! C'est ce que je devais faire !

Sauf que, comme d'habitude, un événement fit que tous mes espoirs s'envolèrent, emportant avec eux ma joie de vivre et ma bonne humeur. Sursautant quand « l'apparition » fit son entrée, je détournai machinalement les yeux, à présent traumatisé. Pire que tout, je me mis à me balancer sur moi-même, d'avant en arrière, mes pensées s'envolant vers d'autres cieux, semblant totalement absent de la réalité. Parfois ce genre de phénomènes me prenaient, tout à coup, comme si plus rien d'autre n'avait d'impact sur moi, comme si je préférai « m'absenter » plutôt que de « rester » là. Néanmoins, après quelques minutes passé ainsi, je finis par ouvrir la bouche de nouveau, ma mémoire se rappelant d'un élément du décor qui n'avait eu, pour moi, aucune importance avant cela. D'une voix quelque peu monotone, je finis par dire doucement : « Je crois que le lierre des murailles a un problème... ». Mon regard qui était auparavant fixé dans le vide revint se poser sur le visage de Yulenka avant qu'un sourire n'apparaisse sur le mien. « Mais je ne suis pas sûr... ». J'essayai de ne pas regarder le fossoyeur qui me faisait peur... vraiment peur.

Spoiler:

Yulenka rabattit sa main sur sa bouche en voyant dans quel trouble le pauvre vampire fut plongé à la vision de Raziel. Elle craignait aussi que celui-ci ne se vexe, mais fort heureusement, il ne comprit pas vraiment la réaction du vampire. La jeune reine eu un léger soupire de soulagement,  Elle fit un signe discret à Raziel l'incitant à se reculer un peu. Un peu de télépathie pour lui expliquer la... timidité d'Amadaüs, et voila le fossoyeur en retrait. Cela tomba bien puisque justement il revint à lui pour faire part à Yulenka d'une observation des plus curieuses. Mais au moins il était de retour à la réalité et visiblement en possession de la plupart de ses moyens. La jeune impératrice releva alors.

-Le lierre tu dis ? Étrange.... Il me semble tout à fait normal pour moi.

Puis ce fut justement à force d'observer le lierre en constatant indéniablement qu'il était normal que la jeune fille se rendit compte que le jeune vampire avait raison. Ce lierre n'allait pas bien !

-Mais tu as raison.... Ce lierre est tout à fait normal alors que d'ordinaire il est animé par la magie, comme absolument tout dans cette forteresse. Alors pourquoi se comporte-il comme un lierre ordinaire ?! C'est quand même curieux ça....

Puis se fut l'illumination pour la jeune fille. Voila le moyen de détourner l'attention du jeune vampire et de le focaliser sur autre chose que ses peurs récentes. Elle se pencha d'avantage vers lui et lui adressa un sourire chaleureux avant de lui répondre.

-Bravo à toi, tu es très observateur ! Je n'avais même pas remarquer que le lierre avait changé ! Pourrais-tu m'aider à trouver pourquoi il ne va pas bien ? A deux nous trouverons plus vite, et puis tu sembles très perspicace. Je suis sûr que tu me serais d'une aide précieuse. Tu veux bien m'aider ? Ce pauvre lierre à besoin de nous

Elle espérait sincèrement qu'il accepte et relève le défi. A partir de quoi, et ce quoi qu'il advienne, elle aurait l'absolu obligation de trouver pourquoi ce lierre ne va pas bien. Ou du moins de le faire découvrir à Amadaüs si ce dernier n'y parvenait pas tout seul. Il était important qu'il résolve cette affaire, car cela lui permettrait de prendre confiance en lui, et de soigner un peu son estime malmené par les derniers événements. Et ce n'était pas la tête bleue qui allait se gêner de manipuler les faits pour qu'il puisse y arriver. Mais avant d'intervenir, elle préférait lui laisser sa chance. Après tout, peut-être allait-il la surprendre ? Il avait déjà réussi à remarquer le changement du lierre malgré son état peu encourageant.

-A ton avis, qu'est-ce qu'il peut bien arriver à ce lierre ? Avant il était si vivant et frétillant, il adorait faire remuer ses feuilles et raconter des histoires à la muraille.... Par où devrions nous commencer ?

Il fallait que ça marche, il fallait qu'il se prenne d'intérêt pour cette drôle de quête, et qu'il se laisse une chance de réussir. Qu'il teste ses capacités pour se découvrir et par la suite pouvoir s'améliorer. Elle le pensait si jeune..... Sans avoir tout à fait tort ni tout à fait raison d'ailleurs. Elle était intimement convaincu qu'il était capable de bien des choses s'il prenait un peu d'assurance et d'expérience. Mais elle connaissait aussi les affres de la peur et les danger de ce monde.... Il avait besoin d'un coup de pouce, mais elle ne pouvait pas le forcer à avancer, c'était quelque chose qu'il devait faire seul. Elle ne pouvait que l'encourager, l'inciter et espérer.