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 Le renoncement - Niv IV [Sherry]

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Mer 17 Sep 2014, 15:38


« Qui avons-nous ? », « Dame Solitude, les lettres ont été envoyées. Plusieurs réprouvés manqueront à l'appel, le Destin les ayant emporté bien avant l'heure... », « Ce Chaos nous a tous mutilé... Emmenez moi ceux ayant réussi à passer le cap de la perte de contrôle. », « Personne n'y est encore arrivé... », « Oh... Y en a-t-il en passe de réussir seulement ? », « Oui, une. », « Alors ce sera elle que je verrai en premier lieu. Les autres devront faire en sorte de s'améliorer, de chercher plus profondément dans leurs ressources pour arriver à dépasser leurs propres limites. A-t-on des nouvelles de Setho ? », « Aucune. Volen s'en voit... Ravis. » Elle se retourna pour faire face au valet « Bien, emmenez moi la jeune fille dont vous me parliez, il est temps qu'elle entame ce pour quoi elle a perduré jusqu'ici. »

Plus loin, dans une salle, Sherry attendait. Elle savait pourquoi elle était là. Sa propre hiérarchie l'avait repéré, et ils avaient besoin de s'assurer qu'elle était dans les rangs, qu'elle méritait qu'on lui attribut enfin valeurs et reconnaissances « Sherry Shinee... ? Suivez moi, Zël'Tika vous attend. » Il attendit qu'elle se lève, et une fois derrière lui il continua « Elle est la Sentinelle de la Solitude, la raison de sa requête est restée secrète. Attention à ne pas la vexer, sinon, vous risquez de vous retrouver bien seule... » Ouvrant la porte, il laissa entrer la rousse, avant de refermer derrière lui.
La Dame de la Solitude était une très grande femme. Elle avait la peau blafarde, et était toute vêtue de blanc. Ses cheveux était brun, assez terne malheureusement, et bien qu'elle soit aussi pâle, elle ne semblait ni malade, ni fantomatique. En revanche, on aurait dit qu'elle était triste, en permanence. Etait-ce les pigments sous ses yeux ? La forme de son visage ? La caractérisation de ses traits ?
Son bureau était aussi épuré que sa tenue virginale, et elle ne sourit pas lorsque la réprouvée entra dans le bureau.

« Bonjour et bienvenue au Palais, je suis Zël'Tika, Sentinelle de la Solitude. Pardonnez mon franc parler, mais je ne suis pas connu et reconnu pour mes politesses et mes mondanités. Votre profil caractéristique m'a interpelé. Vous avez en vous quelque chose qui ne demande qu'à être trouvé, cueilli et recueilli. Je vais vous y aider. » S'asseyant en face d'elle, elle étendit les jambes sous sa longue jupe blanche « Il y a un certaine temps, j'étais comme vous. Incomplète. Votre moitié, le reste qui vous constitue n'est pas ici dans ce monde. Il n'était pas caractérisé par un être ou une entité. Si vous pensiez l'avoir trouvé, vous vous trompez. Il est au fond de vous. C'est une partie, dans votre subconscient, qui est à l'origine de votre propre chaos. Vous n'êtes pas sans savoir que beaucoup de réprouvé, à leur stade de rejet, se donne la mort. Le meurtrier est cette partie de vous qui ne cherche, en fait, qu'à vous détruire. Il y a la paix et la guerre, et souvent la guerre devint folie, pour finir meurtrière. En arrivant jusqu'ici, vous êtes alors à même de contrôler ces parties là. Non pas de savoir qui prend le dessus sur qui, car encore trop impulsif, mais vous êtes déjà plus ouverte à l'entente cordiale. Et le plus important, le suicide et la mutilation ne font plus partie de vos objectifs. » Elle se leva, allant vers la fenêtre, main dans le dos. Sur sa peau, au niveau de ses poignets et de ses avants bras, de vieilles cicatrices barraient sa peau, signe de sa propre démence réprouvée « Ce... Passage, cette prise de conscience, vient en fait de la solitude des êtres. Vous entrez dans une nouvelle ère de votre vie, et la Solitude n'y a peut être plus sa place ou, au contraire, complètement prit par de celle-ci. Peu importe, dans les deux cas, le renouveau signifie pour vous évolution. Vos expériences ne vous ont pas tué, ce qui signifie que vous êtes sur la meilleure des voies. »

Laissant planer un silence elle finit par se retourner « Je vais vous aider à aller chercher au fond de vous même. Je vais vous aider à vous battre et à savoir ce que cette Solitude veut de vous, pour que vous commencez à toucher du doigt l'Harmonie. » Elle croisa les doigts « Vous allez entreprendre un pèlerinage. Vous serez seule. Il sera physiquement éprouvant, car vous serez en quête de quelque chose. Quoi ? Je ne peux vous le dire, mais ce n'est pas tout. Votre psychique sera aussi mis à l'épreuve. Vous devrez découvrir ce qui vous attend, et ce que vous cherchez au fond. Ce contre quoi vous lutterez, sous n'importe quelle forme que ce soit, ne sera en fait que la représentation physique ou chimérique de vos propres démons, de vos propres souvenirs. Le tout ne sera pas fait dans le but de nous prouver votre valeur non, le tout sera fait pour vous prouvez à vous même, qui vous êtes vraiment. » Elle s'approcha lentement d'elle « C'est un pèlerinage. Nous en sommes tous passé par là pour trouver ce que notre propre Solitude nous inflige. » Elle la regarda alors. Les réprouvés étaient des êtres complexe. Il y avait en chacun d'eux des fragments de vie et de mort, de paix et de guerre, et le tout devait cohabiter. C'était difficile, tant est que certains se donnaient la mort à coup sur, dès leurs premiers balbutiements.
Les expériences qui faisaient partie de tout êtres, permettaient, à leur race, de savoir en fait qui ils étaient. Tan qu'il y avait du conflit en eux, c'était qu'ils avaient besoin de se trouver, de se retrouver, qu'un écorché vif ne pouvait avancer correctement. Pourtant, même l'ancien était quelqu'un d'instable. Nerveux, impulsif... C'était des mots de leur quotidien, mais arrivé un certain stade, ils savaient les dompter. Et c'était inévitable pour leur propre survie.


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Mer 24 Sep 2014, 20:28


Brossant de ses doigts chétifs sa tignasse rousse, dressée en une longue queue de cheval alternant tresses et cheveux lisses, la jeune femme sortit de la chambre. Derrière elle, un document éructé, feuille de papier froissé qu'elle abandonna en partant. Sur le fameux papyrus imbibé d'encre, on pouvait lire une invitation. La séparation était peut-être arrivée à point nommé.. L'ange aurait tenu à l'accompagner, le démon l'aurait suivi dans le plus grand secret. Elle s'imagina la scène et sourit, même si les choses avaient bien changé. Ce n'était plus la peine de repenser à des êtres du passé, tapis dans l'ombre de ce voile disparu et déchiré. De retour dans le salon, la belle s'assit sur les genoux de son amant, lui relevant la tête pour déposer sur ses lèvres un baiser d'espoir, de comble, d'une réussite espérée et une once de bonheur auquel ils goûtaient quotidiennement. Dans sa robe bleutée, juste au niveau de la taille et de la poitrine, Sherry l'enserra de toutes ses forces, n'ayant pas idée de ce qui l'attendrait là bas. Prise d'une étrange peur, elle eut peine à le lâcher, désirant avant toute chose revenir dans cette maison, ce havre de paix qu'était le leur. Elle en franchit le seuil, pour s'engager dans les ruelles moins fréquentées qu'en fin de journée. Dans sa mémoire subsistait le sourire du déchu, et ses encouragements vis à vis de cet appel. Il lui permettait d'oublier les épreuves hargneuses qu'on lui imposait, et les cicatrices criant de douleur sous les soins qu'elle s'efforçait de leur administrer. Se drapant les épaules d'un maigre tissu couleur cendre, elle se recouvrit d'un pardessus léger, avant de couvrir le haut de sa tête d'une capuche.Le voyage serait des plus brefs, mais son coeur lattant, même là, n'était pas sûr de tenir le coup..



Elle était en proie à une certaine agitation. On la fit patienter dans une salle tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, une main sur celle-ci pour empêcher l'organe de la fuir, une autre épinglée aux plis de sa robe d'une certaine blancheur. Elle sursauta grossièrement quand retentit la voix du valet, l'interpellant. Elle se redressa sans trop le laisser paraître, mais elle ne tenait plus en place. Pourtant, elle convoitait longuement une telle opportunité, après qu'on l'ait chargée d'accomplir quelques travaux. Elle ne partageait pas ces idéaux de pouvoir ou de puissance qu'aveuglaient tant certains de ses congénères, stimulée uniquement par un désir immuable de sauver le plus grand nombre, elle y compris. Trop de cœurs déchirés, d'acharnements futiles, trop d'êtres affaiblis par la démence de l'isolation. Elle voulait y remédier. Avoir tout du moins un rôle à jouer dans ce combat. Elle s'était résolue à vaincre, à ne plus se laisser abattre ou dominer, mais l'audace et la capacité n'allaient pas toujours de pair. Elle craignait l'échec éventuel, la défaite cuisante avec tant d'efforts à la clé.. Elle risquait de tout perdre, faute de tout gagner. C'était un paris à prendre, surtout que 'famille' n'était plus une chose qu'elle pouvait se vanter de voir intacte..

Le valet, de sa carrure droite et irréprochable, la guida jusqu'aux bureaux de 'Dame Solitude' comme il voulait bien l'appeler. Elle aurait voulu lui souffler un 'J'y veillerai' des plus discrets suite à sa mise en garde, mais vit l'homme disparaître derrière le seuil d'entrée et fermer ainsi la seule issue de cette pièce. Le face à face était imminent et elle ne pouvait dissimuler une anxiété certaine. Une longue chevelure brune, une silhouette élancée, fine, bercée par une robe juste d'un blanc aussi pâle que sa peau livide. Sherry réagit instantanément. « Bonjour. Très aimable à vous de m’accueillir. Je me nomme Sherry, et je remercie votre franchise. La vérité doit être dite de manière directe, sans détours, surtout lorsque cette dernière est aussi amère et ingrate. » avoua-t-elle sincèrement. Elle prit place. Le sourire niais qu'elle arborait à l'accoutumée n'était plus à même d'être trouvé. La petite femme l'avait enfoui, inconsciemment, restant néanmoins la plus courtoise possible, mais d'un sérieux religieux. Elle admirait cette force intérieure qu'elle avait acquis à force d'obstacles et d'adversité par dessus la prestance respectable dont elle faisait preuve. Les récents événements, ce gouffre d'émotions dans lequel elle s'était jeté ( faute de pouvoir résoudre la tension dans sa famille autrement ), ne l'aidaient en rien. Ils ne faisaient que renforcer la peur et sa force intérieure dès qu'elle en venait à bout.

L'angoisse écrasait les certitudes. Elle ne savait plus trop, ou rien de concret. Elle se sentit perdre ses moyens parmi tant d'affirmations qu'elle engloutissait comme véridiques, justifiées et générales. C'était le sort de tout réprouvé que d'assister à ce déchirement intérieur, que de se sentir non plus maître de soi-même, mais bien le pantin d'un autre. Vérité incontournable, certes. Pourtant, ces deux moitiés sont vouées à coexister, à partager une enveloppe charnelle commune, voire une âme qu'elle divise en bien et mal. Pour s'accepter, supporter d'être comme l'on est sans ne plus tenir à annihiler son versant maléfique ou vice versa, il fallait endurer. Est libre celui ou celle qui a vaincu ses démons, ses frayeurs, ce qui le traînait vers le bas. L'adaptation est longue, périlleuse, mais l'avenir sourit à celui qui en sort vainqueur.

Sherry enviait cette plénitude, voulait la faire sienne. Elle pour qui la paix n'était pour le moment qu'un essai voué à échecs et réussites relayés. « J'ai déjà subi plusieurs de ses élans et actes malins.. Elle accable sans que nous puissions y résister. La parole efficace n'existe pas en sa présence. J'ai appris à la côtoyer, l'opprimer par moments, mais le mal que j'inflige et auquel j'assiste à travers ses yeux, par ces mains qu'elle contrôle, ne sont pas des plus faciles à accepter. Être spectateur de sa propre conduite, de son propre égarement, en achèverait plus d'un. La guerre a toujours plus d'impact que son inverse.. » justifia-t-elle. Elle éprouvait le besoin de donner sa vision des choses et non seulement d'agréer à la sienne, bien qu'elle eut été des plus vraies. Elle était face à une femme qui comprenait sa peine, ses tracas. Elle s'ouvrait inconsciemment, espérant ne pas devenir trop entreprenante aux yeux de son interlocutrice, et au vu de ses confessions nombreuses, honnêtement ressenties. Elle avançait pas à pas, montait marche par marche cet escalier escarpé.

Un sentiment d'accomplissement. Elle s'aperçut de l'évolution impressionnante qu'on pouvait noter dans son comportement. Peut-être n'étais-ce pas fulgurant pour elle, peut-être n'avait-elle pas remarqué de tels changements, mais pour tout autre qui l'eut connu, elle devenait notoire, cristalline. Sa vision sur le monde n'avait rien perdu de son côté sombre, ténébreux, cruel. Toutefois, certains aspects avaient connu une nette amélioration, quoique progressive. Elle avait dépassé le stade de l'acceptation. Elle enlaçait l'être duel qu'elle était, cette nature de conflit, complexe et antagonique, pour essayer d'instaurer un juste milieu avec un appui de confiance, inébranlable. Cependant, qu'en était-il de son passé ? Avait-elle appris à l'accepter en tant que partie intégrale de son histoire ? Vraisemblablement. Mais ne se méprenait-elle pas ? N'était-ce pas là une preuve qu'elle prenait trop à la légère ce qui avait bâti son mal ?

Elle entendait les hurlements de sa mère, sentait sur son anatomie frêle, presque insignifiante, ses supplices de chair. Ils s'étaient atténués, avaient cessé de tirailler son être. Son abandon et le désarroi qui en découla. Le froid de givre sur sa peau, celle-ci craquelée, fragile, pétrifiée. Une chaleur intense, celle d'un corps, des sentiments, qui laissèrent place bien trop rapidement à un gel encore plus mordant. Après avoir connu le soleil, il ne faut pas espérer s'enivrer à nouveau de l'ombre, étant extrêmement laborieux voire impossible de retourner dans le réceptacle de l'ignorance, de l'excrétion, de l'incompréhension. La solitude avait édifié des doutes, érigé des malaises qu'elle se devait maintenant d'anéantir. Elle s'engageait sur un terrain glissant, en territoire ennemi. La réprouvée renversait ses convictions, l'opinion faussée de toute une vie.

À l'écoute du mot harmonie, elle leva les yeux vers le corps gracile faisant face à la fenêtre, tentée de lui avouer sincèrement : « Est-ce seulement possible de la trouver ? De l'atteindre et la saisir de mes propres mains ? ..Je l'ai vu m'échapper tant de fois entre les doigts, que je  douterais presque de son existence. L'Harmonie intérieure est presque une utopie que je ne côtoie que dans mes rêves. » Elle y céda confusément, enchaîna ensuite. « Or, je la veux. Je suis fière de ma condition de réprouvée, des deux versos qui me constituent. J'ai pu porter rancœur à mes parents, leur reprocher ma naissance, l'erreur qu'on m'affirme être, les chaînes qu'on m'impose, mais plus désormais. Je ne tiens plus à rester enfermée, ni à garder cachées mes ailes qui sont sous-entendues le fruit de mon péché : ma propre existence. Je veux les montrer ouvertement et surpasser mes anciennes limites. Je serai la seule à les fixer. » Sans attendre la réponse de cette femme puissante, quoique pâle à souhait, Sherry continua, profitant pour poser toutes les questions qui taraudaient son esprit inquiet. « Puis-je, cela dit, savoir dans quel genre de circonstances il aura lieu ? Le lieu, le cheminement, le genre d'épreuves que j'aurais à subir, ou plutôt à franchir ? J'appréhende un peu de ne pas être à la hauteur.. » Voilà. Tout était dit. On lisait dans ses yeux la détermination qui brûlait en elle, cette petite flamme qui pourtant avait animé sa vie ces vingt dernières années. Elle lia ses deux mains, les réfugia entre ses deux cuisses recouvertes d'un maigre tissu bleuté, le dos moyennement cambré, en attendant d'entendre les supposées critiques.

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Mer 24 Sep 2014, 22:45

Dame Solitude fut rassurée de voir combien la jeune prétendante était encline à accepter ses dires. A les accepter et à chercher à les comprendre. A faire en sorte que cette co-habitation soit, pour elle, quelque chose de bénéfique. Elle aussi aspirait à l'Harmonie. Ce mot si beau et qui paraissait pourtant si... Inconnu. Posant une main sur le dossier de son fauteuil, se tenant dans sa belle robe blanche, elle hocha la tête en disant calmement « Vous allez vous sentir très seule. Si vous rencontrez quelqu'un, si vous pensez que vous êtes épaulée, ce sera simplement un leurre. Ce Pèlerinage est dur. Il représentera aussi la complexité du chemin que vous vous imposez, pour parvenir à une entente de paix avec vous-même. Le seul vrai obstacle ce sera vous. » Elle la regarda puis dit « Je serai là, pour vous observer, mais je ne serai pas le berger qui guidera la brebis, et si vous vous égarer, ce sera à vous de reprendre la bonne voie. Je ne pourrai pas vous garantir que, à l'issue de ce voyage, vous serez une nouvelle femme, mais vous serez une évolution. Quelqu'un de plus puissant. Il n'y aura pas d'autre issue que la réussite. Outre la Mort, évidemment. » Devant les questions de la belle réprouvée, Zel'Tika croisa les bras gracieusement « Attention, votre fierté sera peut être une force dans certains moments, mais l'exposer sera une faiblesse notoire. Combien de souverain se sont fait détrôner à cause de leur zêle ? Combien d'anges se sont vu déchus ? Il y a toujours, dans la fierté, une solitude humaine qui nous habite. Se faire valoir signifie qu'ailleurs, d'une manière ou d'une autre, nous sommes seul. Seul et parfois incomplet. Il faut savoir s'affirmer, sans se blesser. » Elle s'approcha alors de Sherry, et tendit sa main « Prenez ma main chère Révoltée. » Une fois le geste fait elle inspira longuement et ferma les yeux une seconde. De son être à celui de la Réprouvée, un sentiment froid se transmit. Plus que la peur ou le blizzard, plus que l'ignorance ou la douleur : la Solitude. Le sentiment d'être plus que rejeter, d'être seul. De voir le monde avancer, le monde évoluer, et de rester assis là, sans personne qui pourrait nous remarquer. Rester là, et n'avoir personne à qui parler. Un sentiment horrible, que faisait entrer certaines personnes dans une folie parfois meurtrière « Ne lâchez pas ma main. » Si Sherry se retirait maintenant, alors elle mourrait. Pourquoi ? Car actuellement, c'était Zel'Tika qui contrôlait sa solitude et le froid de son cœur. Si elle rompait le contact, alors elle s'emmurerait dans cette Solitude et, pour le coup, bel et bien seule « Ce que vous ressentez sera le plus grand obstacle que vous aurez à vaincre et à traverser. Je vous inspire cela, pour vous mettre en garde. Ne comptez pas le temps, les heures, les jours et les nuits. Contentez vous de chercher, et de vous laisser guider par votre instinct et tout ce qui vous voudront du bien. Le reste se fera seul. Et si vous mettez un an, ça voudra dire que ce sera bénéfique, quoi qu'il advienne. »

La Réprouvée reprit tout ses sentiments, et laissa alors la chaleur revenir dans le corps de la jeune femme « J'ai vu en vous une personne. J'ai vu quelqu'un qui hantait votre cœur, et votre esprit. Il réchauffera votre cœur quand je le glacerai. Il sera votre guide, et votre lumière dans la pénombre. Tous les pèlerinages sont différents, sachez donc que deux réprouvés n'ont jamais le même. » Elle alla gracieusement s'asseoir, enfin, en face d'elle « La hauteur, c'est vous qui la désignerez. Ne soyez pas trop exigeante envers vous-même. Layän ? » La porte s'ouvrit « Ma Dame ? », « Sherry, votre périple commencera dans la ville des couleurs. La ville des lumières du continent dévasté, celle qui a su charmer les cœurs les plus impétueux : Mégido. Layän, accompagnez là dans la salle. »

Le valet sortit et resta muet. Non loin du bureau de la Sentinelle se trouvait une salle avec un puissant téléport. Le type invita la réprouvée à passer la porte, et une seconde après elle se retrouva en plein milieu de la place Sforza, où les hommes et femmes d'affaire de dépêchaient, pour rejoindre leurs bâtiments administratifs respectifs. La rousse du se faire endiguer par le flot de gens, jusqu'à se retrouver seule. Comme si il y avait eu une heure où tout le monde se retrouvait là et se croisait, pour ne plus y avoir personne ensuite. La grande foule, puis le grand vide. Une sorte de laisser aller. Pourtant la ville était belle, il faisait beau, et les quartiers nobles étaient d'une architecture impressionnante mais au fond, la Dame régnait, pour faire comprendre à Sherry que, même si elle se trouvait en Enfer, son cœur serait toujours aussi froid. Zel'Tika se matérialisa par des personnes, des gens dont Sherry croiserait la route, comme en ce moment. Un homme la voyant perdu dans sa belle robe et avec sa coiffure splendide. Il avait la peau hâlée, et les yeux de deux couleurs, un vert et un marron.
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Jeu 30 Oct 2014, 00:33


« Il me sera donc interdit de faire confiance à qui que ce soit ? Je devrai trouver de quoi ‘me’ vaincre par mes propres moyens ? Est-ce pour m'apprendre à quel point la lame traîtresse s'abat facilement ? » s’enquit-elle par une répétition presque exacte des questions précédentes, avant d’en regretter plus de la moitié. Elle freina toute autre qui serait susceptible de s’en suivre. Le moment était mal choisi. Non.. au contraire, c’était le plus apte si des réponses on lui attribuait. Or.. ce n’était pas le cas. Zël’Tika avait pour mission de la tester, non pas de lui servir bien gentiment toutes les réponses, d'autant plus sur un plateau d'argent. C'était trop lui demander, même si elle semblait pleine de bonne volonté. L'on ne voyait pas en elle une tortionnaire, mais elle savait faire la distinction entre ce qui avantage un réprouvé et ce qui lui nuit. Pour le moment, ses paroles n’étaient que maigres images, de bien longues métaphores filées pour faire comprendre à la prétendante de quoi il en retournait, et en quoi cette épreuve était essentielle à sa survie prochaine, voire à sa croissance en tant que digne réprouvée. Cela étant, l’épreuve en elle-même n’en devenait que plus mystérieuse encore..

Ses paroles lui inspiraient la peur, une crainte des plus absolues. La ‘Mort’ n’était plus un son qui résonnait à ses oreilles comme 'libération du corps ou de l’esprit', de toutes ces contraintes qu’on lui avait imposé à la naissance. Désormais, elle avait des airs de tristesse, des accords de peine, des notes anarchiques graves et aiguës, bercées de pleurs et de larmes. La 'Solitude' rimait aussi désormais avec l'ombre du 'désespoir' et de la 'désolation'. Elle n'aimait plus en entendre parler. De rien de tout ça.. Pas, qui plus est, sous des airs de fatalité incontournable, ou de funeste finalité. La Mort pour elle n’était plus solution, elle n’était que torture et faiblesse. Elle était autrefois un chemin alternatif à la douleur, désormais plus qu’un autre tabou à n'en jamais faire mention. Elle avait trop à vivre, trop à entreprendre à ses côtés. Elle ne pouvait se permettre de lui infliger un tel chagrin, car elle le soupçonnait à l’effigie du sien, si jamais elle venait à le perdre.. Il fallait aller de l’avant. C’était sa seule chance, et les épreuves qui l’attendaient ne seraient que le moyen d’une fin dont elle était la seule à décider. Sherry, incapable de rester indifférente à ses paroles, acquiesça prestement. « Je paierai pour mes erreurs, ou me délecterai de ma réussite. Je suis prête à tout, sans qu’il ne soit question de fierté.. Simplement, je me dois de vivre. L'époque où je me considérais encore comme un être abject, indigne même de vivre.. est révolue. Je me dois de changer, d'évoluer.. Je me dois de faire mes preuves, et de trouver enfin l'équilibre qui m'est impérieux. Non seulement pour moi, mais aussi pour ceux qui attendent mon retour.. et ce quelqu’un en particulier que je veux aimer au delà d’aujourd’hui » Elle dit cela d'un air déterminé, quoique nostalgique.

Suite à ces paroles, la belle réprouvée s'approcha d'elle lui tendant une main, et d'un naturel innocent, Sherry céda à sa demande et lui tendit la sienne. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle sentit son corps se tordre légèrement sous l'impulsion d'un sentiment qu'elle était venue à mépriser, faute de modération chez les réprouvés. Elle ne parvenait même plus à se poser les bonnes questions, outre le pourquoi et le comment. La solitude du rejet.. Elle ne la connaissait que trop bien, par coeur, ou même sur le bout des doigts. Pour tout réprouvé, elle devenait une sœur ou un frère, voire un conjoint dont on partageait tout. Un des tourments capitaux dont un être de son engeance ne pouvait se passer, ou passer outre sans le moindre sacrifice. Elle l'avait côtoyé des années durant, en avait dégusté chaque goutte et parcelle. Elle était devenue son ombre. Le rejet était la 'cause', elle le 'réceptacle'. Ils n'allaient pas l'un sans l'autre.

Sherry frémissait. Obéissant à ses paroles, elle s'empêcha de délivrer sa main de l'emprise hargneuse qu'avait la femme sur son être, sur son âme et ses sentiments. Elle en avait peur dans un sens.. Le 'courage' n'était qu'un leurre pour la rassurer, la mener à la réussite. Il ne faisait pas toujours acte de présence quand elle en avait le plus besoin, et affronter ses démons intérieurs, s'avérait souvent bien plus digne d'admiration que de vaincre une armée de bêtes sauvages ou quoique ce soit d'autre. Cette lutte lui était propre. Son principal ennemi n'était autre qu'elle-même. Belles paroles pour un acte si déchirant..

Dès qu'elle lâcha prise, Sherry se sentit perdre l'équilibre, dandiner dans un sens, puis dans l'autre. Son souffle haletant et son expression terrifiée, montraient bien qu'elle ignorait tout de ce qu'elle venait de ressentir, traverser. La noirceur profitait souvent de ce genre de faiblesses pour refaire surface. Ces ténèbres qui font d'une réprouvée la représentation du péché aux yeux de tous, qui trouvent là une raison valable pour l'exclure. De tout temps, elle avait crut n'avoir besoin de personne. Elle y crut longuement, autant de fois qu'elle se sentit faillir après qu'on ait jeté son coeur au bûcher. Pourtant.. comme le dit si bien cette femme, une chaleur grandissait en elle. Chaque seconde faisait croitre son influence que bientôt plus personne ne pourrait contrecarrer. Elle était l'âme-sœur qui l'acceptait, qui à travers le miroir de son âme voyait une femme splendide et non pas une erreur de la nature à déraciner ( comme un mal qui germe, ou une mauvaise graine qui pollue ). C'est bien de lui que provenait un tel changement, et confiance. « Dieu sait oh combien sa présence m'a aidé par le passé à surmonter le pire.. à tenir d'une main ferme  cette poigne sur la réalité. Il m'a sauvé des griffes de celle sur qui je n'ai aucun contrôle, celle qui a gâché ma vie, et sous bien des aspects. Je ne serais plus des vôtres aujourd'hui s'il n'avait pas été là..  » prononça-t-elle à haute voix, quasi involontairement. L'existence de cet être était effectivement la seule douceur, le seul délice dont lui fit mention la réprouvée.  

Elle lui remercia ses conseils, se redressa de son fauteuil voyant que l'heure du départ avait sonné. Une révérence dédiée à la belle femme avant de quitter la salle. Sherry s'empressa de suivre le valet, sans mot dire, le regard rivé sur une vision qu'elle était la seule à percevoir. Nulle expression d'inquiétude ni de soulagement n'avait besoin d'être prononcée, échangée. Nulle crainte à formuler. Sa résolution était de fer, prise et sans retour. Il ne lui restait ainsi plus qu'à la concrétiser, la rendre palpable par ses mains de chair. Les moyens lui étaient étrangers ; l'aversion d'un échec, insupportable. Prenant place, elle laissa l'objet faire son effet.



Une fois le cap franchi, elle vit le panorama s'élargir pour prendre l'apparence d'un majestueux tableau, mélange de couleurs, sons, odeurs d'une ville de liberté, antagonique à celle des réprouvés à laquelle semblait s'être fait Sherry. Elle se sentit perdre pied avant de pouvoir réaliser quoique ce soit. Son corps lui refusait toute obéissance, tout respect. S'appuyant les deux mains au sol, elle épongea son front d'un bout de tissu, dont elle avait imbibé les bords du liquide cristallin qu'elle avait recueilli avant son départ. Elle semblait chercher le calme, mais ne trouvait que tempête, mers déchaînées et oscillations répétées dans la route chaotique qui s'offrait à elle. C'étaient ses larmes, sa sueur. Elle passait au travers. Les les surmontait, les oubliait un par un en les assimilant.

Un homme vint à son chevet, sembla l'interpeler.

La petite réprouvée reconnut de suite la ville qui l'avait accueillit en son sein, sans mal, cette 'Mégido' dans laquelle elle s'était réfugiée. Elle s'y était sentie calme, à l'aise. La présence du déchu y était pour beaucoup, certes, mais l'ambiance de la ville elle-même y contribuait. Comme l'avait décrit tantôt la réprouvée, elle était resplendissante, semblait briller, de jour comme de nuit, de par ses multiples couleurs. Mais la réprouvée y vit plus qu'une heureuse coïncidence, ou un malheureux hasard.. Elle y vit une sorte de tentation naissante, ayant quitté cette même ville au petit matin pour rejoindre les rangs de son peuple, pour s'en imprégner. Elle se voyait, cela dit, renvoyée de force dans son havre de paix, et cela la perturbait quelque peu. Son amant était non loin, et elle se livrait à une épreuve des plus ardues, dont elle ignorait la longévité et tout de la chance de survie.. Elle resta paralysée au milieu de la place quelques instants, totalement insensible à ce qui pouvait bien l'entourer, et même à cette petite voix d'homme qui s'insufflait tout près de son oreille.

Faisant volte face, elle y trouva le visage d'un homme, viril, adulte, la peau hâlée, le regard ensorcelant. Elle eut un mouvement de recul, alors que toute autre femme de sa condition se serait damnée pour lui tomber dans les bras. Elle ne le voyait pas de cet oeil, tout l'inverse. Il esquissa un geste ample et lent essayant de l'approcher, mais elle continuait de reculer, un de ses bras sur lequel elle s'appuyait soutenant tout le reste du corps. L'homme s'en vit ahuri de sa réaction et prit quelques instants avant de réitérer un énième effort. « Eh.. Vous allez bien ? » Voyant que la jeune femme ne répondait pas, il se permit de la hisser, lui attrapant le bras pour la remettre sur pied. La jeune femme chassa ce contact dans la seconde. « Vous n'avez pas à me craindre.. Je ne vous veux aucun mal. Il est où votre conjoint ? Je vous ai trouvé ici, seule et démunie. J'ai pas pu m'empêcher d'intervenir. » expliqua-t-il d'un air sincère, quoique hébété.

L'on pouvait lire dans le regard de miel de la petite rousse, non pas une  haine comme on pourrait s'y attendre, mais bien un affolement intérieur, une appréhension mystérieuse dont on ne pouvait déceler les précédents. Elle était prise d'une angoisse encore plus infâme. Sa phobie des hommes refaisait donc surface.. Ce n'était pas nouveau. Finalement, c'était même prévisible qu'elle se manifeste dans ce genre de circonstances. Le dernier à l'avoir déclenché n'avait pas laissé un tendre souvenir qui aurait pu calmer cette flamme dévastatrice, à laquelle seul Wrath échappait. À l'inverse.. il l'avait terriblement alimentée. Elle était devenue hideuse au regard, et elle ne l'avait opprimée que de peu. Elle se berçait d'illusions, croyant l'avoir vaincue. La mémoire du passé était trop vive encore pour qu'elle puisse y songer, y prétendre. Les hommes.. avaient toujours été ses ennemis. Ils représentaient le vice à ses yeux, et elle en avait été victime bien longtemps.. Beaucoup trop à vrai dire. Leur violence, leur agacement, cette expression dans le regard qui transmet tout le mal dont ils sont capables.. Elle ne parvenait pas à s'en remettre, et Aldor ne pourrait que se délecter d'avoir ainsi endommagé son petit coeur. Elle voulait le fuir. C'était évident.. « Vous n'avez pas à vous.. soucier de.. moi. Je vais bien. Une fatigue soudaine. Je.. retourne chez moi. » Ce qui avait suivit, cette démence dont elle avait preuve, en faisant de son cou prisonnier de ses mains.. le sentiment de tenir la démone de la force de tout son être.. l'agacement inhumain qu'elle ressentit à travers ses paroles.. Le tout affluait comme un courant son nom. Andariel avait oeuvré à faire ressortir sa part de ténèbres, et y était ( pour le plus grand déplaisir de la petite Sherry ) parvenue avec brio. Et Sherry.. qui croyait jusque là avoir pardonné à un son double toutes ses horreurs, s'en revit accablée. Elle se mentait que trop bien, et trop souvent.

Et l'homme la vit ainsi repartir à la hâte, ne pouvant que fixer les plis de sa robe qu'emportait le vent, et sa crinière flamboyante qui se tordait dans ce même mouvement.  Il voulut l'empêcher, mais ce n'était guère la peine. Dans la foulée, elle lui avait fait part de ses véritables intentions, transmit sa destination exacte. Il l'avait sûrement déjà croisé en ville, d'où le fait qu'il la connaisse si bien, elle et ses fréquentations. Sherry, quant à elle,  n'avait qu'une pensée, une seule idée en tête.. retourner chez elle, retrouver son touché, ses baisers, sa chaleur. Les larmes lui venaient. Déjà. Se précipitant dans les rues désertes, elle parvint devant sa fenêtre, et se vit freiner tout élan quand du bout de ses yeux larmoyants, elle croisa la silhouette de son amant. Elle put calmer ses ardeurs rien qu'à cette vue..

Elle était trop faible.. Décidément. Jamais elle ne s'en était rendue compte aussi clairement qu'à ce jour. Dès qu'un obstacle elle rencontrait, ou qu'elle se voyait heurter le mur invisible de ses souvenirs, elle retournait se cacher dans sa tanière, dans ce qui était pour elle un refuge sûr et rassurant. Dans ses bras, elle était bien, et n'avait rien à craindre.. Mais à quel prix ? Elle se sentit honteuse soudainement. Il aimait à la protéger, elle aussi. Mais de son côté, il y avait une autonomie, une confiance de perdue, et un mal de retrouvé. Combien de temps encore pourrait-elle y rester cachée.. ? Elle voulut tuer, arracher par la racine cet 'elle' qui était si faible.. Qui pleurait pour un rien, qui s'acharnait sur son propre sort, comme si réellement il était le seul fautif. Elle n'avait pas connu une once d'évolution finalement.. Il y avait tout à refaire, à rebâtir sur de nouvelles bases. C'était peut-être l'occasion rêvée.. bien que la géhenne et l'affront qu'elle s'infligerait ne seraient pas une mince affaire.. Effleurant de ses phalanges la vitre transparente, elle remonta la rue, avant de s'engager dans une plus mince, large d'à peine une brassée. La tête baissée, elle marchait droit. Essayant de parvenir au bout du maigre chemin, elle vit cependant une ombre en dépasser, comme si elle l'attendait de  pied ferme..

Elle ne releva même pas le regard, se contentant de poursuivre.

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Dim 01 Fév 2015, 21:37


La grande Dame acquiesça aux dires de la Réprouvée, comprenant ainsi qu'elle acceptait de s'évaluer, de se mettre sur le chemin périlleux qui la mènerait à une certaine réussite personnelle, à un bien-être intérieur. Elle la laissait avec des questions, mais c'était des doutes nécessaires. La solitude qu'elle lui avait fait ressentir n'était qu'une infime partie de toute ce qu'elle allait subir comme changement. Les personnes qui égayaient sa vie, allaient elles aussi subir la modification. Sherry avait une détermination que pouvait plaire comme déplaire. Zel'tika ne prit pas le temps de lui faire comprendre que détermination et hâte était deux mots bien distincts, et la laissa filer vers on destin, vers ce qu'elle devait endurer. Si elle pensait que celui qui partageait sa vie, son âme soeur comme elle aimait à l'appeler, était la lumière de ses ténèbres, elle se rendrait compte rapidement qu'il ne serait ni la seule, ni la plus vive. Que celle qui la guiderait réellement, ce serait elle-même. Que ses ambitions ne seront plus des rêves chimériques, et qu'elle pourra toucher du doigt la beauté d'un avenir. L'être séparé qu'elle était aujourd'hui, deviendrait rapidement une seule et même personne.

Une fois dans Mégido, ce fut un contraste fort et déstabilisant. Dans le palais, là où l'enchanteresse Zel'Tika l'avait accueillit, tout semblait mort, pâle, froid, livide. Le froid, les courants d'air n'arrêtaient pas de lécher les couloirs, alors qu'étrangement, toutes les portes et les fenêtres étaient fermées. Les salles respirait le trépas, comme si la solitude elle-même habitait ici. La belle réprouvée représentait à merveille cette alchimie, que ce soit par ses vêtements, ses gestes, ou même ses paroles. Elle avait la façon de penser, solitaire, droite, juste. Impartiale. Et le retour en Mégido, ville chatoyante, aimante, riante, baigner d'un soleil presque trop chaud, était un contraste fort. Bien trop fort pour quelqu'un comme Sherry. Le bousculement physique qu'elle ressentait n'était rien. Même si elle savait qu'elle avait son futur mari non loin, même si elle savait que ce lieu était rassurant, même si tout lui était familier, au final, ce n'était qu'un piège. Un simple leurre indiquant combien elle était seule. Seule dans son périple, dans son apprentissage de la vie. Zel'Tika ne l'avait pas épargné en lui faisant ressentir, dans son bureau, une once de brume qu'était la Solitude. Et ici, dans cette rue, non loin de cette place vivante, elle était forcée de commencer à prendre conscience ce qu'elle était vraiment, et le délaissement qui habitait en elle. Les couleurs, les rires, la proximité d'êtres chers, c'était une souffrance, mais une douleur nécessaire. Si elle pensait pouvoir y arriver entourée, elle se trompait, et le premier cap, la première étape, était de sortir de cette ville. D'abandonner derrière elle tous ce qu'elle connaissait, pour partir seule, et ne penser qu'à elle. Solitude ne voulait pas dire égoïsme, mais ici, c'était la mission.
Sherry avait le droit d'aller se perdre chez le déchu, de faire des emplettes, de vivre sa vie, mais le bonheur qu'elle croirait alors toucher du doigt, ne serait qu'un rêve, une chimère, car même l'homme qui partageait son lit deviendrait fade peu à peu.

Et le premier choc venait à l'instant. Pour comprendre la place que devait prendre certains sentiments, il fallait en faire remonter d'autres à la surface, pour les ingérer, et les trier. Les jeter, en se surpassant, ou les garder, en paniquant. La petite rousse avaient des défauts, des tares. Le complexe, la peur qu'elle ressentait vis à vis des hommes, ne s'en alla jamais. Si elle eu le regard voilée en présence de Wrath, de se croire forte et capable, il n'en était rien. Son passé était lourd, et celui-ci, comme ses phobies, représentaient sa Solitude à elle. Ils orientaient, dans le bon ou le mauvais penchant, ce sentiment qui pouvait gagner son corps. Ce que lui avait fait vivre Zel'Tika en la touchant, n'était rien d'autre que le vide absolu de toute chose, la plénitude d'une Solitude, et le froid intense de la mort, délivrée alors de toutes peurs, et de toute anxiété. Car c'était le destin : quoi qu'elle fit, elle se retrouvera seule, si elle ne savait pas gérer cette Solitude.
Et les gens ne seront pas toujours là pour elle. Si Sherry savait se défendre, il ne fallait pas oublier que le plus fort des hommes était aussi particulièrement faible, devant ces dites faiblesses. Le déchu était la zone sécurisée. Il représentait alors le lieu où quoi qu'elle fasse, elle sera toujours en sécurité, et également d'elle-même. Son démon ne la mangeait pas, et la Solitude n'existait pas. Mais à trop se rasséréner avec ce genre de mélodie, on finissait par s'en persuader... Et Sherry était devenue faible. Faible et ignare. Elle ne se connaissait pas vraiment finalement, et ne savait pas ce qui l'habitait.

Lorsqu'elle arriva et fit de l'ombre à la fenêtre, regardant ainsi Wrath évoluer dans le salon et réprimander à moitié Keith, car ce dernier avait cassé un verre en terre cuite, le sentiment d'échec aurait du la soumettre. De se dire que ces derniers mois, elle avait oublié sa vie, elle s'était oubliée, pour se laisser bercer dans ses bras aimants et forts. Si se décaler de la fenêtre la peinait, elle du abandonner alors cette couche douillette et chaude, pour s'aventurer dans les rues tout à coup froides, de la ville colorée. Le soleil brillait, et pourtant, il y avait une brise, un vent glacial qui parcourait la ruelle qu'elle remontait, tête rivée sur ses pieds.
En haut, un homme l'attendait, dans l'ombre l'ayant vu évoluer à travers les quartiers. Qu'est-ce qu'elle n'avait pas saisi dans 'je ne vous veux aucun mal' ? Elle avait détalé comme un lapin. Cette phobie était présente, et oppressante. Si un seul avait pu passer la barrière, elle serait alors confrontée aux autres sans lui. Fuir n'était pas la solution et elle allait vite devoir s'en rendre compte.
L'ombre qui l'attendait n'était personne d'autre que l'Orisha fort massif de plus tôt. Dès qu'elle tourna, et qu'elle s'isola, il se dressa devant elle, profitant de la surprise pour l'attraper et l'emmener dans l'ombre et le silence avec lui. Sans plus la toucher, sans plus lui faire de mal il lui dit alors d'une voix caverneuse « Ton assurance n'est qu'un voile mystique. Si tu penses qu'aller te réfugier dans des bras protecteurs est une solution, elle n'est que la corruption de ton âme souillée. Ne vois-tu pas que tout cela, tu le fais pour toi ? Ne vois-tu pas que tu ne te rends pas service ? Et lui ? Qui a-t-il pour se rassurer ? Pour se protéger ? Tu n'es même pas capable de savoir qui tu es, explique moi alors comment lui pourrait savoir sur qui compter ? Ta connaissance implique celle des autres ! Crois-tu qu'il n'a jamais la crainte de t'énerver et de te transformer malgré lui en démon ? Veut-il seulement de ce côté démoniaque que tu te traine ? L'exil n'y changera rien si tu décidais de fuir. De fuir à nouveau. Te mets-tu à sa place lorsqu'il parait devant toi, et que tu oses le toucher, lui sauter dessus ? Ne crois-tu pas qu'il a ses doutes et ses peines, mais qu'à cause de ton ambiguïté quant à tes décisions sur ton penchant, il n'ose jamais t'en faire part ? Tu le vois comme un homme fort et puissant, mais tu es sa plus grande faiblesse, et tan que tu seras une poupée qu'il devra protéger de tes propres vices, alors tu lui causeras autant de torts que tu t'en cause actuellement. » Le type cracha son venin, la jaugeant de son regard bicolore, avant de venir vers elle. Seulement, il ne la toucha pas, lui passant à côté pour disparaitre dans la foule, dans la rue, et encore bien au loin, laissant Sherry à nouveau seule envers elle même, prête à affronter d'autres démons qui ne venaient que d'un endroit : le doublure de son âme.
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Sam 14 Fév 2015, 13:06


Mais ce dernier vint, inexplicablement, suivre l'homme qui la confrontait. Il se porta sur ses traits, reconnut avec terreur l'homme qu'elle avait fuit tantôt. L'ayant devancé dans sa progression, il occupait dorénavant la seule issue à l'artère, de son corps massif contre lequel elle ne pourrait rien. Ses choix étaient infimes, au nombre de deux pour être exacte. Elle pouvait soit fuir de nouveau, soit essayer de s'y frotter. Croyant dur comme fer les instants mesquines qu'il devait porter à son égard, la première aurait été la plus envisageable, mais elle manqua de détaler, de tourner les talons au premier instant, et celui d'après elle se trouvait déjà accablée, entre le mur et l'épée, ignorant lequel des deux lui causait le plus de tort. Sa voix se manifesta. Elle crachait tout genre d'ignominies pleines d'une véracité face à laquelle elle ne pouvait rétorquer quoique ce soit. Elles venaient à son tour cribler d'aiguilles fines les faiblesses inexorables de la réprouvée, qu'elle avait déjà lacéré, arraché pour en voir le fond. Toute question existentielle avait déserté son esprit, et elle n'y avait plus que ses mots, et elle accessoirement. Devant cet homme, à cet instant, elle ne trembla pas d'une peur charnelle, d'une angoisse qui la prenait, mais bien d'un asservissement qu'une vague d'émotions provoqua. Il ne la touchait pas, c'était tant mieux, car il lui était impossible d'annihiler si vite un virus qui l'accompagnait, qui l'amochait depuis plus d'une dizaine d'années. Guérir était son devoir, sa mission personnelle. Tomber est permis ; se relever est ordonné. La belle quitta alors l'enceinte de cette prison, de cette emprise qu'il avait sur elle. Tant d'hommes dans sa vie lui avaient infligé de malheur, de peines incontournables, pour qu'elle puisse s'en sortir sans accro, ni cicatrice durable, mais elle savait aussi qu'elle n'avait plus à craindre, redouter ces monstres de son enfance, formes massives lourdes de violence face auxquelles elle était impuissante, et éperdument seule. Cette peur n'avait, en somme, plus lui d'être.

Elle réfléchit quelques secondes. Jamais elle n'avait considéré, porté d'égard aux vues du déchu quant à sa condition. Jamais elle ne prit le temps de l'éclairer quant aux enjeux de son engeance, élucider ce duetto de voix antagoniques habitant pourtant le même corps. Était-il seulement au courant de ses origines ? De ce qui avait fait d'elle ce qu'elle était devenue aujourd'hui ? Elle l'ignorait. Trop lucide, sagace, elle appréhendait sa réaction. Loin d'elle l'idée de tromper le hercule à la peau balafrée, mais elle était, une fois de plus, trop consciente du danger qu'elle représentait pour se lancer sans lendemain, sans terreur ou tracas supplémentaires, dans des aveux inexplicables. Mais ainsi il ne la connaissait pas, pas plus qu'elle-même, assurément, mais il ne connaissait alors que sa façade, que ce qu'elle montrait à tous et à chacun, pas ce qu'elle avait sur le coeur. Elle resta interdite devant cette pensée, devant ce semblant de frontière qu'elle avait d'elle-même bâti, à son grand dam. Elle avait ébranlé d'elle-même la confiance de leur relation, le coeur palpable de cette dernière. Sa part de démon.. pesait-elle si lourd au dessus de leurs têtes ? Était-elle une crainte vicieuse, viscérale qu'il  gardait en permanence pour lui et lui seul, au dépérir de sa paix intérieure ? L'avait-il seulement accepté ? Ne la condamnerait-il pas une fois en sa présence ? Ne lui causait-elle que du tort ? L'homme avait réveillé sa peur, celle d'un rejet et d'un abandon, dont elle était cette fois la seule fautive.

Elle commença seulement à cet instant, à réaliser certaines choses, à comprendre l'enjeu que cette épreuve était pour elle. À a ce jour, Sherry ne vivait que pour les rêves d'autrui, prisonnière de leurs attentes, de leurs expectatives, sans ne jamais les décevoir, se tuant à la tâche. Ses ambitions, elle les opprimait, ne leur donnait qu'une pauvre cage rouillée, parsemée de suie pour les voir germer, ou s'éteindre. Ses rêves n'avaient été pour elle que des fardeaux à son évolution, car cette dernière nécessitait la force, l'entrain, et non pas un coeur entreprenant qui pourrait la mener à une issue , un achèvement d'elle-même satisfaisant. Hélas, l'heure était venue pour elle d'y songer. Son corps était fort, et elle s'était, certes, forgée résistance et indépendance.. mais ce n'était qu'un leurre, qu'un déchirement de la réalité par elle-même, car elle voulait croire à une évolution. Mais cette dernière, loin d'être suffisante, en exigeait davantage, car son coeur n'avait pas suivi le mouvement. L'organe était resté le même, et ne connaissait encore maintenant que la dépendance d'un autre. Elle vivait pour voir vivre les autres, et à chaque fois qu'un la quittait, la douleur était plus vive, plus intense, pernicieuse que pour un autre, car elle perdait ainsi son seul moyen d'expression. Zël'Tika voulait qu'elle change, qu'elle dépasse ce stade, et qu'elle voit l'importance d'un soi intérieur fort, jugeant par sa propre pensée ses pas, ses dires, sa marche et son aboutissement. Elle commençait seulement à le comprendre, mais la chose était bien partie. La douleur n'y était qu'adjacente, et y faisait opposition assez dignement.

Elle fit demi-tour. Cet homme n'existait plus, sa seule pensée étant désormais une appellation à cinq lettres dont l'intonation elle-même sonnait comme un cri déchirant, de rage. Elle retraça de nouveau les quelques lotissements à la pierre lumineuse, sentit son corps se déchirer dans cet ensemble trop étroit aux entournures. Anxieuse, elle venait de rejoindre de nouveau la porte du logis, et était cette fois-ci décidée à y entrer. Les paroles qu'avaient inondait son coeur devait se teindre d'un blanc inoffensif plutôt que de ce noir de jais ponctuait leurs accents, qui rythmait ses mots. Son esprit n'était cible que de confusion, et cette dernière lui serait fatale dans son périple, dans cette incursion des continents à la recherche d'un 'elle' invisible et cachée des regards. Toute explication était bonne à prendre, et elle appréhendait assez la réaction du déchu. Elle frappa trois fois, comme de coutume pour l'avertir de sa présence. Elle entra, le regard haut.

Jamais elle n'aborda tel questionnement en sa présence, ignorant son avis sur la question. Jamais ils n'en étaient venus à échanger leurs vues respectives sur la race de l'autre, et notamment sur la sienne. La voyait-il aussi comme un être abject, erreur de la nature et fruit d'une union qui n'aurait jamais dû être ? Se voyait-il tout aussi répugné que l'ange qui l'avait quitté, que ce jeune homme à qui elle portait tant de sentiments, mais qui n'avait pu pourtant dépasser la barrière des gênes à son insu ? Peut-être pas elle, car ce dernier l'aimait, elle n'avait aucun doute à ce propos.. mais tous les autres, ces êtres de malheur qu'elle essayait de protéger, qu'elle chérissait car emprunts du même mal, et pourtant de vrais guerriers sans armure s'exposant continuellement à un mal intérieur qui blesse la chair, et contre lequel ils ne peuvent rien. Elle n'idéalisait pas son peuple, elle voyait juste la fierté qu'elle pouvait avoir en lui, outre les préjugés raciaux dont elle consciente depuis l'enfance. « Wrath ? » Elle vint s'asseoir à ses côtés, déposant sa tête sur le bout de son épaule qu'elle pouvait atteindre. « J'aurais à te parler. C'est important. » L'heure était aux confessions douloureuses, et autres confidences. Peu importe le danger, la proximité de la lame qui pesait sur son cou frêle, elle voulait remédier à cette ombre qui les enserrait. Elle ne l'avait jamais remarqué, et le moment était venu d'assister à son trépas. « J'ai réalisé que.. jamais je ne me suis confiée à toi comme je l'aurais dû.. Ma peur m'en empêchait, et les expériences qui me précèdent m'alertaient, voulaient m'avertir du gros poids que je t'infligerais, tandis que je m'en verrais délivrée. Toutefois, il est impérieux que tu le saches. » Elle avala sa salive, prit une lourde inspiration. « Comme tu dois le savoir, je suis née d'un père ange, et d'une mère démon. Leur 'amour', si je puis encore l'appeler ainsi, a fait de moi la réprouvée que tu vois devant toi. Nous sommes rejetés, opprimés. Grâces à quelques individuels, nous avons pu nous hisser au même pallier que toutes les autres engeances peuplant ces terres, mais hélas, il est impossible pour beaucoup de nous accepter. Car nous sommes des êtres symboles de péché, et nous partageons en plus deux côtés bien distincts.. » Elle avait prit le problème par la racine, commencé par le commencement. Il lui fallait exposer ses appréhensions depuis leur création, outre quoi cela ne lui servirait à rien. « J'ai en moi plusieurs facettes que j'ai avec le temps accepté, dompté dans une.. certaine mesure. Mais les plus faibles d'entre nous, n'arrivent parfois jamais à ce stade, car.. la dualité est difficile à supporter. Nous voyons notre corps déchiré par trois entités différentes, essayant de ne pas nous faire engloutir par l'une ou l'autre, maléfique ou bénéfique. Il faut trouver un juste milieu, sans quoi nous cédons, croulons sous les peurs, sous leur influence néfaste. Le suicide est plus proche de nous que de n'importe qui d'autre.. Et ça n'a fait que rajouter à notre côté déplorable, haïssable par les autres. Et de tout temps, j'ai craint ta réaction. Je suis faible, je m'en rends compte aujourd'hui. Je n'ai aucune assurance quant à ma maîtrise, mon contrôle de moi-même.. et j'ai par le passé, fait souffrir Kai et Nao à cause de ces élans irascibles, de ce 'moi' démon avec lequel je dois vivre. Il peut faire surface à tout moment, si une émotion trop forte me prend, que je vois le désespoir empiéter sur ma raison, sur ma volonté de vaincre. Je ne puis me faire confiance, et je travaille à m'accepter justement, j'essaie de me corriger et de remédier à cette lutte que je ne peux voir. J'ai peur de t'y exposer. J'ai peur que tu t'y vois confronté. Je sais que je ne pourrais te blesser, mais je sais aussi que cette autre fera des choses que je ne pourrais pardonner. Mais avant tout.. je me demande jusqu'à quel degré peux tu m'accepter, si tu peux vivre avec une femme telle que moi sans t'infliger un quelconque malheur, sans aucune contrainte.. Si en somme je pourrai te rendre heureux, et si tu pourras compter sur moi quand d'un mal tu te verras atteint, préoccupé. Me fais-tu confiance, Wrath ? J'ai confiance en tes sentiments, mais il me fallait t'en parler, m'enquérir de ton opinion et tes envies »  C'était incontournable, et elle le savait. Et elle risquait de vite s'en rendre compte que l'homme ne pourrait effectivement rien pour lui, et qu'elle n'avait qu'elle-même pour trouver des réponses à ses questions, apaiser sa conscience quant à ce contrôle dont elle raffolait. Elle s'en irait dès que l'homme lui aurait exposé ses vues sur la question..

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Lun 16 Fév 2015, 12:10


Zel'Tika l'observa, fière de sa réaction. Sherry dépassait même ses attentes. Elle était dans sa tête, dans son âme, et il n'était pas dur de lire en elle. Depuis son piédestal, la Réprouvée la suivait s'intéressant au chemin qu'elle prenait, différent de celui qu'elle avait osé lui tracer. Il était important qu'avant qu'elle ne se soucie d'elle, qu'elle n'ose parler d'elle, elle s'occupe de ceux qui l'entouraient depuis quelques mois maintenant. La pensée commune était un désastre au sujet des réprouvés, et la petite rousse n'eut pas le tact de savoir décelé, dans les yeux de son futur mari, une once d'hébétude quant à leur couple. Solitude fut satisfaite de la voir descendre la rue, comme un paon, fière et robuste. Ses yeux reflétaient une détermination à toute épreuve, et c'était ça qu'elle voulait voir dans ses sujets.


************


« Maman, je t'en prie, ne sois pas aussi mesquine avec Keith. », « C'est un chien. J'ai toujours eu... Un peu de mal, avec les chiens. » Wrath secoua la tête, finissant de faire à manger pour toute la famille. Tu parles, sa mère avait eu des chiens toute sa vie... Cette femme perdait de plus en plus la raison, et ça en devenait handicapant. Le Déchu argumenta « Et Keith n'est pas un chien, maman. Eamon ! Viens manger fils ! » D'un pas lent, d'une allure macabre, expirant un soupir d'agonie, le dénommé se leva pour aller manger. Il s'assit à table avec une mélancolie qui heurta à peu près tous ceux n'y étant pas préparé. La magicienne se mit à déprimer, murée dans le silence, Keith couina et rapprocha sa chaise de celle où allait s'asseoir Wrath, et Sean se mit à riren « Bha alors ? On fait la tronche les mecs ? ». Le Déchu soupira, tout à coup un peu las. Que lui arrivait-il... ? Servant à mangé, peu d'assiettes furent remplie. Keith et Alyss ne mangeaient pas, et Eamon très peu.
Mais il n'eut pas le temps de s'asseoir, que l'on frappa à la porte « Keith, sers l'eau s'il te plait. J'arrive, ne m'attendais pas. » Fermant alors la porte de la cuisine pour aller dans le vestibule, il se retrouva nez à nez avec Sherry. Regardant derrière elle, il ne vit personne lorsqu'elle referma la porte « Oh euh... Oui, bien sur. » Ils se dirigèrent dans le salon, près du feu qui ne brûlait que peu, et s'assirent l'un à côté de l'autre. Sherry se reposa sur lui, et il caressa ses cheveux soyeux. Etrangement, il ressentait... Il avait comme une sorte d'appréhension. Tout allait bien, c'était une vie quotidienne dès plus monotone et là... Il ne savait pas, mais il était nerveux. Cependant, il ne le montra nullement.

Elle construisit son discours, introduisant un sujet, et commençant ensuite par le début. Plus elle parlait, plus Wrath se tendait. Pourquoi lui parlait-elle de ça maintenant ? Pourquoi lui disait-elle tout cela ? Il ne lui avait jamais parlé de rien, il n'avait jamais évoqué, en sa présence le rejet de sa personne. Qui avait fouillé son esprit pour montrer à Sherry de quoi il était fait ? Ses craintes étaient les siennes, personne n'avait le droit de les lui prendre pour les faire partager à qui de droit car personne n'en avait le droit. Ses mains se joignirent, et ses phalanges craquèrent sous ses poings, comme pour la laisser parler sans s'énerver. S'énerver contre lui-même. Comment avait-il, un jour, pu être aussi faible pour laisser à Sherry le temps de percevoir ses doutes et ses questionnements ? Lui aussi, la raclure qu'il était ne méritait pas plus la vie que tous ces réprouvés opprimés dont elle parlait. Wrath ne connaissait pas l'histoire du peuple de sa belle, mais avec de tels résumés, il était contraint de reconnaitre leur instabilité -dont il avait déjà fait les frais par le passé-.
« Et si on retournait le problème dans l'autre sens ? » Il se décala et se leva, laissant Sherry assise. La colère rongeait ses os, mais il ne fit rien, essayant de maintenir son calme « Sans jouer à qui a été le plus rejeté, j'estime qu'à mon tour j'ai eu mes lots de tortures. On m'a arraché un oeil, on m'a lacéré le corps, j'ai frôlé la mort plusieurs fois et je suis conscient de ce que je suis. Je représente le péché de la colère comme personne m'indignant à la moindre mesure. C'est dur à porté pour autrui. C'est dur à porté pour quelqu'un qui partage ta vie. Mais ai-je seulement douté de toi une seule seconde ? Me suis-je seulement dit me fait-elle confiance ? Que tu me parles de ta condition c'est une chose mais... Non, non tu n'as pas le droit de douter de moi. Pas après tout ce que je t'ai dis, tout ce que j'ai fais. Si cette entité démoniaque qui t'habite me pèse, je partirai. Avec ma famille, on a rapidement été mis à la page : le premier qui t'énerve, il va prendre des vacances hors de Mégido. On ne sait pas qui tu es lorsque tu es sous l'emprise néfaste, et on ne veut pas la provoquer. Il y a des choses qui se font, qui se disent, d'abord en arrière plan avant de t'être révélé, car on ne sait rien. On ne sait pas dans quelle mesure tu peux basculer. Mais je te rassure, c'est la même pour moi. Ne t'aies-tu jamais demandé Est-ce que ça ne va pas le mettre en colère... ? Je ferai bien d'en parler à Alyss. Mais cette question que tu t'es posé, est-ce que ça t'a fait perdre une ONCE de confiance en moi ? Est-ce que ça t'a fais douté une seule seconde ? Si oui, alors il n'y aura qu'une issue. Car moi non. Si je me suis dit que la réflexion était dure dans certains cas, et que la réaction pouvait être toute aussi démente, j'en assumais les conséquences, et je ne pouvais m'en prendre qu'à moi si tu me tournai le dos, mais je croyais en toi et en moi. Je ne me suis jamais permis de douter, je n'ai jamais permis personne sous ce toit de douter de toi. » Wrath se retenait de hurler, d'exploser. Il prenait sur lui comme jamais. Pourquoi ? Car elle s'était permise de lui poser la question sur la confiance. C'était quelque chose de sensible chez lui car, de toute sa vie, personne ne lui avait jamais fais confiance, et il ne pu donc faire confiance à personne. Et maintenant qu'il avait trouvé sa muse, celle ci se mettait aussi à douté. Et c'était hors de question. « Il est hors de question que tu partes. » Wrath s'assit sur elle. A califourchon sur ses cuisses, sans l'acculer de son poids colossal, il l'enclenva dans le canapé, lui interdisant de fuir. Sa main attrapa son cou, sa machoire, établissant un contact physique, alors que l'autre lui attrapa un poignet, le tout sans serrer, juste pour lui signifier sa présence « Sherry, tu n'as pas le droit de me laisser seul. »

Au loin, Zel'Tika se mit à sourire. La Solitude ? Encore ? Ce que c'en était ennuyeux...

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Jeu 12 Mar 2015, 01:27


Le voyant debout, Sherry comprit que les paroles qu'elle avait débité jusque là n'auraient pas un impact bénéfique sur Wrath, sur l'homme qui partageait son coeur. Tendu, acerbe, il lui faisait comprendre l'erreur que cachaient ses propos. Elle s'était précipitée. Elle n'avait pu songer convenablement aux enjeux et conséquences, qui sait, désastreuses auxquelles elle s'exposait, sans armure et sans épée. Mais l'homme était dans le même cas, et elle n'eut pas conscience avant d'avoir commis l'irréparable, n'eut pas conscience que ses paroles signifiaient bien plus qu'elle ne voulait le croire. Elle ignorait jusque là quelle serait sa réaction, et cette dernière l'apeurait outre mesure, d'où le silence qui avait plané jusque là. Elle sentit son coeur se pincer, se serrer à la vue du visage du réprouvé, de ses poings, de son corps, car tout criait, fort et à tout rompre, l'amour qu'il avait pour elle, qu'il lui vouait sincèrement. Et les doutes qu'ils s'infligeaient, mais qu'elle avait 'tort' d'avoir si.. nonchalamment mentionné, ne faisaient que s'amasser. Ce mot se fit récurent dans son discours, et le coeur de Sherry bouillait à chaque répétition, à chaque consonance qui se faisait entendre. Elle-même l'avait prononcé, alors pourquoi ? Comment ? Il crachait sur elle, la submergeait de ses mots, de sa souffrance. Elle n'en rejetait pas une miette, car elle le méritait, et elle devait y faire face. Elle ne devait pas non plus pleurer, car l'homme était le seul à en avoir le droit, au vu de la situation actuelle. Elle voulut crier, lui montrer qu'il avait tort.. mais elle n'osait l'interrompre.

Sa gorge nouée, les premières phrases eurent du mal à passer. Elle supportait, mais ses mots n'étaient pas sans attache, sans conditions. Il ne pesait pas ses mots, et c'était tant mieux, car elle voulait tout savoir. Elle ne voulait pas qu'il la ménage, par des envies de sincérité qui étaient essentielles à leur bonheur. S'il devait en arriver là, s'il devait en venir à l'écorcher vive pour que l'honnêteté prime, et le calme les regagne.. tant mieux. Ils en passeraient par là. Aucune route n'étai dépourvue de dangers, ni d'embûches. Et c'était bien beau que la réprouvé en chercha une dans son malheur. Elle était, à l'identique de l'ange, quelqu'un d'égoïste qui après maintes souffrances, cherchait la paix, et la tranquillité, sans pouvoir jamais les acquérir. Les sacrifices continuaient de la hanter, et elle se voyait toujours obligée de passer par ces derniers pour poursuivre dans une existence plutôt pénible, et ombragée.

En tout cas, elle s'en était toujours vue privée, et elle craignait que la chose se réitère, une énième fois. « Mais.. je ne veux pas que vous soyez aussi alerte en ma présence ! Que vous soyez sur vos gardes, si méfiants, si attentifs à tous vos faits et gestes, car vous ignorez quand je pourrais perdre le contrôle de moi-même et qui sait.. blesser l'un des nôtres.. Je comprends, pourtant, que les choses soient ainsi.. C'est normal, vu ce que j'abrite en moi, vu le danger que ça représente, et vous ne pouviez rien faire d'autre.. C'est normal, oui, je le sais, mais je ne veux pas tout gâcher, tout abandonner, tu comprends ?? Notre amour, notre famille, nos efforts.. J'ai déjà blessé mes proches par le passé, et je suis sûre que tu peux comprendre par quoi je suis passée.. J'ai horreur de cette méprisante emprise que cette autre a de moi, et pourtant comme tu dis, j'ai appris à m'accepter, à contrôler. Je l'ai fait, mais ce n'est pas pour cette raison que j'ai pu pardonner tous mes actes.. tout le mal que j'ai infligé.. Je ne veux juste pas.. VOUS faire subir ça » Et ces mots, elle les avait crié. Ils étaient venus de son âme, ou plutôt de cet 'égo' tordu qui lui en faisait voir de toutes les couleurs, qui lui montrait constamment les scénarios les plus terrifiants comme pour lui faire croire à quel point le verre était facile de briser, et comme lui ce lien qu'elle trouvait indestructible.

Les prières qui suivirent cet acte de pure avidité, de pur égoïsme personnel, lui transpercèrent le coeur, voyant à quel point elle avait pu le meurtrir, à quel point cette démonstration de 'manque' de confiance - qui n'en était pas un - avait pu lui faire du mal. Elle l'embrassa maintes fois. Son petit corps se rapprocha du sien, et elle cherchait à le toucher de plus en plus. Elle non plus ne voulait pas quitter, ça n'avait jamais été question de cela.. Il fallait qu'elle le rassure, qu'elle ferme la plaie de sa voix douce, qu'elle lui fasse comprendre qu'il ne devait pas avoir peur de cela. Elle lui prit son visage, au bord des larmes sans pour autant leur permettre de couler. Elle affichait au contraire un visage plein d'assurance, dans le sens où sur ce dernier elle ne doutait aucunement. Elle voulait surtout lui faire comprendre ça. Qu'il lise en elle aussi clairement que possible. Elle l'y invitait à l'inverse, à défaut qu'il ne s'y prête d'ores et déjà de lui-même. « Jamais je ne t'abandonnerai, Wrath. Et jamais tu ne seras seul, car je t'aimerai toujours. Écoute.. » Elle savait que c'était loin d'être suffisant, pour lui, pour elle, pour redonner ce qu'elle lui avait pris à son insu. Ses lèvres articulaient, mais le sens lui parvenait-il seulement ? Elle n'était pas - à l'image de cette sublime créature nocturne qui manipulait les mots pour en faire de même avec la pensée de ses victimes - douée pour la parole, n'avait aucun talent d'oratrice. Elle ne pouvait que convier ses sentiments par des propos confus et désordonnés, et elle s'en voulait souvent pour cela. Elle n'avait eu qu'une éducation réduite ( lors de laquelle elle fut contente d'avoir appris le Zul'dov ), et elle était moindre, dérisoire. Elle faisait de son mieux, voilà ce que criait tout son être.

« Même si tu m'avais dit ne pas avoir confiance en moi, je ne comptais d'ores et déjà pas partir. Si cette confiance s'était avérée absente, cela voudrait dire que la source du problème n'était autre que moi, ma nature bipolaire, instable, équivoque, obscure.. et je ne pourrais alors m'en prendre qu'à moi-même. Mais comme je te l'ai dit.. Je te fais confiance, il n'y a pas à en douter. Si j'en suis venue à t'infliger cette peine, à te ronger ainsi, à te faire endurer cette colère et douleur, ce n'est pas par caprice - du moins je l'espère - mais bien car dans notre couple, je ne veux aucun mensonge, aucun non dit. Je veux savoir tout ce que tu penses, d'autant plus si c'est à mon sujet. Je veux te connaître, comme personne, et qu'alors il existe une véritable paix dans 'notre' demeure. » Elle engloutit de nouveau sa salive, perdue dans ce qu'elle disait. Mais elle continuait de justifier, et non pas à tort cette fois, ses craintes, qui n'étaient pas des doutes de son amour, de son attachement.

Seul lui comptait, lui et leur avenir. Il fallait qu'ils le comprennent. « Pour nous réprouvés.. la confiance et le rejet sont trop importants pour que nous en disposions facilement. Bien que le rejet et l'abandon aient toujours peint le revers de nos vies, de cette pièce dont seul un noir de jais colorait les faces, nous cherchons constamment cette bonne âme, ce frère, cet ami, cet amant qui saura nous accepter. Tu en es venu à occuper cette place, et ce dès notre première rencontre ; tu as imbibé la face de cette même pièce d'une lueur d'espoir. J'avais toujours été bercée par cette peur d'être déçue, qu'on profite de moi comme de tant d'autres de mon espèce, de mes confrères, mais, à ta vue.. je me suis dit que c'était pas grave même si c'était le cas. Je t'ai fait confiance par instinct, et je ne le regrette pas. Cette confiance immédiate, tu me l'as toujours rendue, et cela n'a pas changé. » Leur première rencontre avait été des plus utopiques, et dans ce rêve, elle avait noué leurs destins, ce noeud dont ils ignoraient l'ampleur jusqu'à se voir le nourrir encore et encore, à chaque regard, chaque touché qui s'en suivit. Elle lui avait fait confiance, et s'était presque donnée à lui dès ce premier soir. Elle n'était pourtant pas libertine, facile comme tant d'autres, mais cette confiance fit en sorte qu'elle le voit comme cette unique âme soeur, cette seule entité qui saurait la compléter, la seule dans toutes les terres du Yin et du Yang.

Tout cela, il fallait qu'il le sache, et elle le lui a dit.

« Ni toi ni moi n'avons changé de ce côté là. Je voulais juste comprendre.. le fardeau que ma bipolarité était pour toi, moi, nous, et eux. Je voulais savoir le prix que vous payiez pour ce manque de contrôle dont je fais preuve. Je pensais que ça pourrait m'aider dans ma recherche.. mais finalement, je dois y trouver une réponse par moi-même. Je suis en quête d'un équilibre, d'un degré d'acceptation qui nous sera bénéfique à nous deux. Il m'est nécessaire, et j'espère qu'il pourra apaiser nos vies, nous redonner une paix d'âme que nous n'aurions peut-être jamais acquis.. Je veux prendre le contrôle de moi-même, de mon existence double, car je veux exister pour moi-même, pour toi, et pas sous l'influence de qui ou quoi que ce soit dont je n'aurais pas décidé » Elle voulut cette fois lui montrer tous les projets qu'elle voulait bâtir avec lui, la stabilité qu'elle voulait créer de son côté pour le couple qu'ils formeraient. Elle voulait cette vie à ses côtés, et pour cela il lui fallait déjà construire, en elle, une forteresse qui ne céderait pas, ou du moins très difficilement. Elle voulait apporter sa pierre à l'édifice en ce qui concernait cette union de leurs deux êtres, et cette façon lui semblait la plus juste. L'embrassant tendrement, encore et encore, acquiesçant et s'exprimant quant aux doutes qui subsisteraient, elle prit néanmoins - assez vite - congé, l'assurant de son retour. Les murs derrière elle, cette bâtisse chaleureuse, n'étaient plus une prison ni un obstacle à son futur, mais bien un réceptacle de celle qu'elle deviendrait par son dur labeur.

Le vrai périple ne prenait racine qu'à cet instant précis, et son tumulte ne saurait être que plus grand encore...

1733 mots
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Jeu 12 Mar 2015, 19:38


Sherry ne s'excusa pas. Elle ne s'excusa pas, car elle n'avait pas à le faire. Wrath s'était autant emporté qu'elle dans son discours, et étrangement, il ne pouvait pas s'empêcher de lui en vouloir, de la haïr sur le moment. Sensations extrêmes pour un si petit être, si chétif, mais le nouveau Réprouvé vivait mal sa condition. Il en venait à se poser la question si son choix avait été le bon choix. Il savait que, souvent, les hommes fonçaient pour les femmes, et en venaient à regretter. Il ne parlait pas de lui, lui ne regrettait rien, mais en général ça se passait beaucoup comme ça. Et ici, il y avait une déception lisible sur son visage. Tellement criarde, qu'elle en aurait fait pleuré un mort.
Sherry se précipita dans ses paroles pour le rassurer, pour le réconforter, mais était-ce réellement cela qu'il aurait aimé entendre ? Après tout, 'le mal' était fait. Si elle était venu, qu'elle en avait parlé, ça voulait dire qu'au fond, elle l'avait pensé au moins à un instant. Etait-ce aussi de la mauvaise interprétation ? Peut être. Peut être pas. A ce moment là, ce ne fut pas Sherry ni personne d'autre, ce fut Wrath qui se sentit seul. Affreusement esseulé. La pièce était pleine de chaleur par rapport au feu dans l'âtre, pleine de tendresse et d'émotions par rapport aux paroles et aux baisers de Sherry, mais son coeur lui, éprouvait une solitude typique de celle d'Eamon. Pourquoi Eamon ? Car Wrath était en dépression, et là, il se retrouvait dans le même état léthargique que lorsqu'il écoutait son frangin jouer de la harpe.
Il ne pleurait pas, mais il était affable.

« Jamais je ne t'abandonnerai, Wrath. Et jamais tu ne seras seul, car je t'aimerai toujours. Écoute.. » Il releva son oeil vert vers elle. Doucement, il attrapa ses poignets pour que ses mains de princesse cessent de caresser son visage et ses cheveux. Il se leva du canapé, s'éloignant un peu d'elle « Je... » Et en même temps, que pouvait-il réellement dire... ? Il était si misérable. Sherry continua son discours, comme pour l'attirer toujours un peu plus, lui faire comprendre des choses, mais Wrath n'en était que de plus en plus sourd. Il ne savait pas pourquoi il réagissait comme cela. Il ne comprenait pas pourquoi une réaction aussi exacerbée de sa part. Il aurait du la calmer, la rassurer, la comprendre, mais rien de tout cela ne pénétrait son esprit. Au contraire, tout rebondissait. Les seuls mots qui l'atteignaient, étaient les plus mordants. Le Réprouvé voulait faire comprendre a Sherry que tout allait bien qu'il n'y avait pas d'ambiguïté ou d'embrouille, mais il ne pouvait pas, il ne savait pas pourquoi. C'était, pour lui, quelque chose d'utopique, et aucun mot ne sortit de sa bouche. Il s'en voulait, et de plus en plus, la colère et la haine entra en lui.

« Pour nous réprouvés... » Répéta-t-il d'un ai lointain. Comme si lui, en temps que Déchu, avait vécu une vie belle et de bonheur, sans connaitre jamais le rejet et la trahison. Comme si lui, fils rejeté portant un fardeau, n'avait jamais connu la déception d'une relation infondée. Elle s'expliquait sur la confiance, sur la nuit enchanteresse du couronnement de l'ancienne reine Fae. Elle lui parlait de souvenirs, de petits bonheurs piqués... Mais pourquoi ? Elle avait tranché son coeurs avec des mots et, maintenant, elle essayait de tout recoller. Très bien, mais dans quel but ? Wrath ne comprenait pas sa logique, sa démarche. Elle était rentrée à Mégido, pour venir quérir des réponses, mais si réponses elle demandait, doutes il y avait, et il avait fallu que ça tombe sur lui. Alors si maintenant elle se confessait sur cette confiance aveugle qu'elle disait lui donner... Pourquoi être revenu pour lui demander ? Il la regardait parler, débiter des mots qui, a ses yeux, perdaient de plus en plus leur sens. Et ce fut alors, les sourcils froncés et la mâchoire serrée qu'il lui dit « Alors qu'es-tu venu me dire ? » Wrath bougea sur le parquet qui craquait, alors qu'elle achevait son discours « Tu es venu me dire que tu pensais être un fardeau ? Que c'était moi le fardeau ? Que le bonheur passé n'existerait plus jamais ? » Le Réprouvé s'énervait, il commençait à développer ce côté bien plus sombre. A arrêter de le battre pour le laisser l'envahir « J'espère que douter de moi ta apaisé Sherry... » Il attrapa le coupe papier sur le rebord de la cheminé, a hauteur de ses yeux. Ces derniers regardèrent sa femme avant qu'il ne dise « Car tu n'auras plus jamais l'occasion de le faire. » La lame, pourtant peu effilée, vint se planter d'elle même dans son cou, traversant sa gorge, pour percer l'artère principale.

Keith, derrière la porte, observait la scène. Lorsqu'il vit ça, il ouvrit cette dernière, et hurla « NON ! PAPA ! » S'élançant vers lui, alors que le Réprouvé était à terre.
Mais sans que Sherry ne pu faire quoi que ce soit, le temps se figea, s'arrêta totalement dans la demeure des Taiji. La réprouvé elle, était toujours très libre de ses mouvements. Keith était figé dans l'action, le sang de Wrath ne coulait plus, le feu s'était arrêté de crépiter, et Alyss se levait de sa chaise, totalement effrayé. Tout avait été mis en pause...
Dans un coin de la pièce accompagné de plumes et de noirceur, Zel'Tika apparu. Elle bougea, contourna le corps du défunt, et jaugea le visage de Keith. Dessinant d'un doigt le rebord du canapé qu'elle dépassa, elle vint se mettre devant Sherry, droite, inflexible, et arbora une mine sévère « Je te l'avais dit qu'il n'était pas la solution. » Sa voix trancha l'air, pour fendre tout ce qui se trouvait sur son passage « Tu l'as tué en recherchant la réponse à tes questions, pour rechercher l'apaisement à cette peine esseulée, mais je t'avais avertis que si tu allais le voir, tu penserais être ô combien accomplie, mais il n'en serait rien. Tu es bornée, tu as voulu te diriger dans cette direction. Tu as précipité sa perte comme tu vas précipité la tienne, te rends-tu compte du déshonneur que tu porte dorénavant ? Que n'as-tu pas compris dans le mot 'Solitude' ? Ce que tu dois chercher, tu dois le chercher toi-même, sans l'aide de personne, et me flouer ce sera te flouer. Si tu es prête à endurer ça, alors reste ici et geins. Geins comme la pauvre bête que tu l'as fait devenir pour tes beaux yeux. Mais si tu reconnais ton erreur, alors je pourrai agir pour toi. Agir et rectifier, pour l'unique fois, cette faiblesse qui est tienne. » Zel'Tika la fusillait du regard. Sherry avait faillit. Elle s'était dirigée dans une direction dangereuse, dans un chemin cul-de-sac, qui s'était refermé sur elle, sur eux. Il était évident que la fin n'aurait jamais pu bien se passer. Wrath, figé dans ses expression de haine pure, se voyait arboré deux petites cornes sur son front. Cornes qui étaient en train de pousser. Ses yeux verts étaient devenu noir, entièrement, comme les corbeaux. Elle avait fait de lui un monstre. Au lieu de l'aider, elle l'avait sacrifier pour son propre égoïsme, pour trouver ces 'réponses' tan désirées.
Dame Solitude leva un bras et claqua des doigts, et Sherry chuta dans un vide noir, sans ressentir l'apesanteur sur son corps « Recommence. Et cette fois ci, retiens la leçon ! »

Sherry ouvrit les yeux au milieu de la place Sforza. Elle était allongé sur le sol, peut être un peu sonné. Au dessus d'elle, un homme se pencha. Grand, brun, bronzé, aux yeux vairons. Un visage... Connu « Eh.. Vous allez bien ? » Voyant que la jeune femme ne répondait pas, il se permit de la hisser, lui attrapant le bras pour la remettre sur pied. La jeune femme chassa ce contact dans la seconde. « Vous n'avez pas à me craindre.. Je ne vous veux aucun mal. Il est où votre conjoint ? Je vous ai trouvé ici, seule et démunie. J'ai pas pu m'empêcher d'intervenir. » expliqua-t-il d'un air sincère, quoique hébété.

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Sam 04 Avr 2015, 14:51



Le sang. Du sang. Son sang. Le goutte à goutte ne dura que quelques instants. Hélas, bien suffisant, il avait aveuglé la jeune femme qui à ce rite macabre avait assisté. Il la força de se replier outre ses frontières, dans le clair obscur de son coeur, là où elle crut être le plus à l'abris de la réalité. Ses mots n'avaient pas suffi. Il l'avait repoussé, ses mains avaient quitté le contact sûr de son corps musclé.. Il était sourd à ses sentiments. Il avait fermé son coeur, l'avait rendu la simple convoitise de la petite femme, lui avait fermé cette porte à laquelle elle n'aurait plus jamais accès.. Ils n'avaient pas guéri son coeur. Scarifié, il saignait. Son sang, ses larmes.. On ne les différencierait bientôt plus…

Qu'aurait-elle pu dire pour ce faire ? Pour le sortir de ce désespoir répugnant qui le traînait au sol comme un vulgaire pantin ?L'homme le savait-il seulement ? Les émotions qui affluaient de son être l'accablaient outre mesure, et ce fut inimaginable à cet instant la lame dans une fureur noire qui la transperça, et qui fit d'elle son châtiment. Une vengeance par la chair devait être accomplie, avant que la rédemption ne put avoir lieu. Ici, elle ne fut pas celle à en payer le prix. Le sien, qu'on avait infligé à Wrath, avait été bien plus fort. Et la faute n'était que sienne. Elle se mordit la lèvre à ses mots, tandis que ses mains agrippèrent les pans de son habit, essayant de rester calme, dans l'espoir de lui montrer le sourire qu'il aimait, et non pas les pleurs qu'il avait autrefois essayé de chasser. Elle crut bien faire lors des premières intonations, mais bien vite..

La déception, l'écoeurement et l'amertume maladifs se lisaient partout sur ses traits. Jamais il ne l'avait regardé autrement qu'avec amour et affection, et elle se sentit tout perdre. Elle se vit dépérir à l'instant même où leur avenir se brisa. Un cauchemar devenu une palpable réalité ? Pire encore je dirais. Le même tableau se reproduisait alors. Jamais elle ne put vivre avec un être aimé.. Elle ne se crut pas l'instigatrice de la séparation, et pourtant.. toujours était-il qu'on venait à l'abandonner, qu'elle en venait à les blesser, qu'elle les éloignait sans le vouloir.. Et ça lui brisait le coeur. Comme personne. Elle n'était pas douce envers elle-même, et comme tout réprouvé, elle en était venue à la scarification. Rien de moins étonnant. Et elle conçut alors une rage et haine qu'elle n'avait jamais ressenties auparavant, pour quiconque et ni même à son propre égard. Or, vers son coeur elle s'était tournée cette fois. Rongée par la rancune, le regret, la rage, l'appréhension, les remords, l'incompréhension... la solitude, elle n'avait plus où donner de la tête.

« Tu n'auras plus jamais l'occasion de le faire » Le mal triomphait. Le mal qui la départageait, celui qui s'était installé en Wrat, les doutes de son coeur, la haine et colère qu'il lui dirigea.. Ils avaient tous gagné. Quant à elle.. Elle venait de perdre son passé, son présent.. et cet homme cette vie si chère. L'avenir n'était plus. Celui dans lequel ses mœurs s'étaient redressés, celui dans lequel le réprouvé retrouvait enfin un semblant de paix dans la fierté et le combat réprouvé, un dans lequel leur famille était au complet, et que par les liens du mariage ils étaient liés. Elle ne différenciait plus en somme le mensonge de la vérité. Zel'Tika était là, mais jamais elle ne releva le regard pour croiser le sien, froid, implacable, comme elle le savait être. Il n'y avait plus d'autre réalité pour elle que celle sous ses yeux, que celle qui la traumatisait à l'heure actuelle, et qu'elle n'arrivait qu'à détailler, langoureusement. Les mots de la Sentinelle flagellaient son coeur à chaque répétition, à chaque fois que son cerveau répétait les bribes dont il gardait souvenir, jusqu'à ce qu'elles soient nulles, et que la répétition n'en devienne inutile..  Elle l'avait mené à bout, au bord même du précipice. Elle était la seule à lui avoir passé la corde au cou, à lui avoir fourni la clé et la lame qui servirent à ce massacre. Elle était son bourreau, l'étau qui l'achevait, et aussi la spectatrice de la dernière marche de l'homme condamné. Elle était celle à l'éviscérer, comme celle à le pleurer le plus, de toutes les larmes de son corps, de tout ce qu'il pouvait lui rester d'humain dans son petit coeur..

L'homme venait de commettre l'irréparable, et elle fut bien sotte de croire une seule seconde être la seule à souffrir. Il fallait qu'elle pense à eux, aux autres, à lui. L'apparition de Keith avait doublé ce sentiment immonde de culpabilité maintenant figé dans le temps. Comment se rattraper ? Comment revenir sur ses actes, sur ses paroles, sur la pernicieuse vérité pour essayer de tout réécrire ? Même dans le plus utopique des mondes, cela relevait de l'indicible, de l'insondable. À cet instant.. si elle voulut tout abandonner ? Certainement. En aurait-elle été capable ? Sûrement, si cette quête ne fusse pas pour elle le comble de son histoire, de sa progression en tant que réprouvée.. Elle l'eut fait sans remords. Tenait-elle le coup que grâce à une maigre lueur d'espoir ? Un fil de sa couleur, de la sienne, la seule qui peindrait son monde.. Aucune autre ne serait acceptable. Elle cherchait encore à démentir ce que ses yeux lisaient, voyaient, pressentaient, comme si elle sentait le voile dans lequel on l'avait elle drapée. Des cornes poussaient sur son front.. Quel monstruosité l'avait-elle donc fait endurer ? Quel montre avait-elle fait de lui comme pour lui ressembler ? Elle se sentait bête, demeurée, aigrie par sa stupidité.. Combien de fois faudrait-il encore qu'elle rampe, qu'elle se prosterne, qu'elle se soumette pour parvenir à simplement se relever et marcher droit ?

Elle vint cacher son visage dans l'antre de ses deux mains chétives. Inconsolable, elle pleura, enfin, de tout son saoul, de longues minutes, et à grosses gouttes. À cet instant plus rien n'avait d'importance. Ni l'homme devant elle à qui elle avait voué une peur bleue quelques instants plus tôt, ni à sa main qu'elle crut prête à la trahir.. Ni le passé s'ouvrant à elle sous les airs d'une ville radieuse, ni le futur obscure, plongé dans l'inconnu qui l'effrayait tout autant qu'il la captivait, assez pour que la réprouvée tente, de ses maigres moyens, d'y croquer à pleines dents.. Ni la Sentinelle, ni même le pauvre qui avait été sa victime.. Juste l'échec et la vision de l'horreur demeuraient, là. Palpables. Elle avait perdu. Si vite, et si bien.. Ça la froissait, car ils ébranlaient des cordes, qui pour elle, étaient sensibles. Son destin refusait-il donc pas ainsi de se plier à ses envies ? De répondre à ses attentes qu'elle formulait presque comme des prières chaque soir avant que le voile noir ne se couche, pour se faire lever l'astre de lumière ? N'allait-elle réellement jamais atteindre un bonheur avec lui ? Nulle pitié pour les pauvres démunis, les malheureux rejetons, les abjects rejetés, les infâmes colossaux, barbares qu'ils étaient. Des larmes. Rien d'autre que de l'eau salée qui de ses paupières closes jaillissaient, et pourtant.. Comment pouvaient-elles se montrer porteuses de tant de détresse ? Elles assistaient l'anéantissement d'une âme..

Et peut-être.. n'étais-ce qu'un jeu finalement, mais pas pour elle, pour son coeur. Elle ne s'en tirerait pas si vite.. Les larmes refouleraient son visage… mais pas aujourd'hui, en eut-elle décidé. Prenant place debout, elle le regarda. « Merci » pour sa gentillesse, pour ces mots qu'il n'avait pas encore profané. D'un hochement de tête, elle partit. Elle voulait être seule. Elle voulait se punir en quelque sorte. Elle voulait en arriver à bout de ce périple. Cette délicieuse solitude qu'elle aurait pu ressentir sans plus, était cependant doublée de cette même culpabilité. Elle ne regardait plus le monde en face. Elle marchait comme l'ombre qu'elle était devenue. Elle vivait pour elle, et pour nul autre à cet instant, car son coeur, écorché, s'était dépossédé de tout. Et quand elle fut séparée de lui, c'était peut-être pour le mieux. Peut-être prenait-elle enfin le bon chemin.. Celui qui la menait aux portes de la ville, oui en tout cas. Elle quittait Mégido. Cette ville qui la couvait de ses airs rassurants, et elle voulut aller se perdre ailleurs. Que cherchait-elle ? Une réponse, seulement cette dernière, pernicieuse, ne serait pas si facile à trouver.. Elle avait dû perdre une fois la 'vie' déjà, mais elle s'entêtait à continuer. La solitude pouvait bien en être la clé…  

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Mer 08 Avr 2015, 02:21

링가 링가 (RINGA LINGA) by 태양 on Grooveshark



Zel'Tika regarda la Réprouvée évoluer. Elle avait fini par quitter la ville, par s'aventurer ailleurs. Le Pèlerinage commençait-il enfin réellement ? Avait-elle pris conscience que les réponses n'étaient pas là où elle désirait qu'elles soient, mais là où elles étaient réellement ? Dans le vide, dans le néant dans lequel elle devait se jeter. Plus que des réponses, elle acquérait une indépendance qui ne sera pas des moindres. Peu importait qui partageait sa vie, son but était de savoir se débrouiller seule. De mieux y arriver seule. La Solitude ne représentait pas que le vide physique. Il y avait derrière, au fond du coeur, une froideur mortelle, comme celle ressentit dans le bureau de la Sentinelle. Et c'était ce sentiment qu'elle devait s'approprier pour le faire sien. Que lorsqu'elle serait esseulée, dans un endroit inconnu, ou dans une foule trop dense et trop lointaine pour en distinguer les visages, qu'elle sera la plus forte. Engendrer la perte de son âme-soeur était une étape dure. La Sentinelle n'était pas compatissante, bien au contraire, mais elle cru bon de s'adresser alors à la Réprouvée « Il faut que tu t'aides toi-même. Il faut que tu arrives à te réfugier dans ta condition, pour en ressortir plus forte. Que personne autour n'aie rien à te reprocher, et que tu ne leur doives rien. J'ai perdu mon mari, il y a quelques années de cela maintenant. J'ai ressentis autant que ce que tu as pu ressentir et c'est cela qui me révéla ma condition, qui me dicta celle que j'étais réellement. La recherche de soi se fait par plusieurs étapes. Avec cela, j'en avais brûlé la moitié, et je m'étais perdu. J'avais commencé un Pèlerinage, que j'ai mis pratiquement quatre cent jours à terminer. Parce que je ne comprenais pas la Solitude. Parce que je ne savais pas m'en emparer pour me l'approprier, pour trouver la paix intérieure. » Un silence régna alors avant qu'elle ne reprit « Tu as encore beaucoup à apprendre Sherry. Tu as encore à apprendre que le fait d'être entouré ne veut pas dire que l'on n'est pas seul. Une fois que tu l'auras compris, que tu l'auras entendu, alors tu comprendras enfin ta vraie force. » Un vent souffla sur la Réprouvée « Si tu es épuisée, si tu n'es pas convaincue, si quoi que ce soit se passe, et que tu veux rentrer chez toi, tu le pourras. Cette expédition est nécessaire pour te voir monter en grade, pour te faire acquérir une force qu'aujourd'hui tu n'as pas, mais elle n'est en aucun cas obligatoire. Certains sont morts d'entêtement... Encore de pauvres ères n'ayant pas compris le but de cette aventure... » Son ton se faisait tout à coup lascif.

Sa vie, c'était à la rouquine de la décider. Si elle décidait de rentrer, de faire demi-tour pour une période plus ou moins longue, voir pour la vie, Zel'Tika ne lui en voudrait pas. Tout d'abord car elle ne ressentait pas cela, mais en plus parce que chacun voyait midi à sa porte. Si son bonheur et sa sérénité était dans sa vie actuelle, avec cette partie incomplète d'elle, cette instabilité toujours là, elle n'avait pas de raison de la forcer à partir, à marcher. Mais cela jouerait évidemment sur ce que l'on penserait d'elle. Ce serait quelqu'un de fragile, de peu courageux. Une Réprouvée peut être même indigne de la race de battants qu'ils étaient dorénavant. Peu importait, mais cela apporterait une image négative sur elle, et sur sa famille. Seulement, elle lui tut cette information. L'influencer ne serait qu'une piètre attitude.
Ainsi, elle la laissa. Elle l'abandonna, lui rendant sa tête entière et son coeur. La présence partit laissant le froid, le vide, le néant.

Derrière Sherry, une voix retentit. Un être courrait. Il n'était pas essoufflé, et n'haletait même pas « Sherry ! » Alyss était là, arrivant à sa hauteur « Je t'ai vu traverser la rue pendant que les autres mangeaient. Tu vas bien ? » Le Génie croisa les bras « Non pas que je m'inquiète, mais il me semblait que tu étais partie pour affaires... Tu fais route ? Je pourrai peut être t'accompagner. » Le blond la regarda, de ses yeux neutres, n'exprimant rien. Mais à peine eut-il eu le temps de lui poser des questions, que trois types arrivèrent. Derrière lui, ils se profilèrent, sortant du virage que prenait la route commerçante pavée « Il est là. » Alyss n'eut pas le temps de se retourner, qu'un des gars l'attrapa par la taille, mettant son autre main sur son cou, l'attirant à lui. Le second regarda Sherry, la menaçant implicitement de partir, alors que le troisième commençait à parler un peu trop fort, sous l'excitation. Les trois s'éloignèrent immédiatement, emportant le génie avec eux. Mais le jeune homme se débattit alors qu'il se faisait presque dévêtir. Frappant un des gars, il créa assez de confusion pour que Sherry puisse l'aider.

Une fois les hommes mis à terre, il rajusta ses vêtements, couvrant à nouveau sa peau blanche « Désolé. J'ai des problèmes avec des gars en ville, impossible de m'en défaire. Bref, je t'accompagne Sherry ? » C'était assez peu probable qu'Alyss ne s'adresse à la Réprouvée en temps normal. Au contraire, il faisait sa vie, sans même communiquer avec Wrath. Seulement, il était perspicace « Sherry... Tu vas bien ? Tu as l'air... Epuisée. Tu es sure que ça ne peut pas attendre demain, que tu puisses te reposer ? Wrath rentre ce soir, ce sera l'occasion de le retrouver. » Quel tentateur. Il n'avait pas été envoyé par Zel'Tika, et ne savait pas exactement la position délicate dans laquelle était Sherry, mais il appuyait là où ça faisait mal. Il avait décelé ses yeux bouffis par les larmes, il avait su voir combien elle était meurtrie, errante, sur ses routes qui lui semblaient sans fin « Peu importe. Avançons, si tu veux voler vas-y, je te suis. » Peut-être était-il un peu inquiet après tout ?

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Mar 21 Avr 2015, 14:17


Rien n’y fit. Rien ne saurait arracher cette mine, ce murmure d’outre-tombe aux yeux et oreilles de la réprouvée. Rien, pas même les mots de la Sentinelle qui - malgré un soupçon de rancune en Sherry - tombaient sous le sens. La jeune femme n’avait pas à la voir comme une ennemie, mais bien comme une alliée, celle qui l’accompagnait dans ce périple contre ses peurs, celle qui guidait ses pas d’une main de maître qui n’était ni la plus douce, ni la plus implacable. Les mots de l’autre montraient une douleur dépassée, qu’elle vaincu avant de l’accepter. Zel’Tika se contentait de choisir le chemin qu’elle trouvait le plus ajusté pour que sa quête arrive à son terme, sans accrocs dans le meilleur des cas. Or.. aux côtés de cette autre qu’on voulait contrôler, de pair avec ce versant nuisible de sa dépendance et affection, se tenait Zel’Tika, pour le meilleure comme pour le pire.. Aux airs d’une entité ennemie, elle portait néanmoins le rang d’alliée, mais une dont il fallait se méfier.. dont il fallait anticiper les mouvements, les pensées, et les déchiffrer pour que celles-ci, inculquées, deviennent de vraies leçons, et non pas juste un tissu de paroles en l’air. Pour que ces enseignements et cette expérience qu’elles partageaient à cet instant, puisse lui servir de tremplin pour parvenir à d’autres cieux, des horizons où sa condition ne serait pas moindre, mais qu’elle dicterait par sa conduite, et ses choix. Bien que la porte de sortie lui était grande ouverte, qu’on l’encourageait à la franchir en cas de besoin, elle sentit que ce dernier sommeillait plutôt dans le potentiel de ce voyage, et non pas de la fuite par une lâcheté qu’elle se serait attribuée autrefois.

Une voix. Elle était rauque, grave, profonde. Une voix qu’elle n’entendait pas souvent, et à juste titre car elle n’en avait que faire de l’existence de la réprouvée. Jamais de purs regards complices ne furent échangés, et au contraire.. la jeune femme en était venu à le dévisager pour certaines espiègleries dont il était à la base l’instigateur. Sa nature spéciale, singulière, lui insufflait les raisons de son comportement, ce néant total qui l’habitait ne devait pas être sans conséquences, et elle avait donc une vision très neutre de lui. Le voyant accourir, l’appeler, l’interpeler, s’adresser à elle, s’inquiéter de son sort.. elle songea à un autre 'piège' de la Sentinelle, et toute bienveillance en elle quitta ses traits. Elle savait ne devoir compter sur personne, et il était donc inutile de le faire venir. À quoi jouait-elle au juste ? Cherchait-elle à la faire tomber deux fois par la lame du même stratagème, du même chevalier par lequel elle avait déjà trépassé ? Ça ne risquait pourtant pas d’arriver, et la femme n’était pas sotte, devait bien comprendre cela. Elle pataugeait dans un flou brouillard, « Tu es à la recherche de quelque chose en particulier ? Je doute t’être plus utile dans ta quête que Wrath ou toi-même » cependant dans le ton de sa voix elle essayait de ne pas le laisser paraître. Encore bluffée par la vraisemblance du personnage, une part d’elle croyait encore à son authenticité. « Je.. cherche quelque chose » Mais dans l’intonation de sa voix, l’on pouvait lire un « n’en demande pas plus » ou encore « j’ignore moi-même ce que c’est ». Il en revenait à l’homme de la questionner..

.. si seulement leurs retrouvailles ne se fussent pas trouvés au coeur du typhon dont ces hommes étaient le coeur. Au nombre de trois, ils étaient plutôt bien organisés, et semblaient tous portés à la seule trouvaille du génie. Un la taille, l’autre le cou, des menaces aux quatre vents, des mobiles qui restaient cachés aux regards.. Ils savaient comment l’immobiliser, et faire probablement usage de cette force qui leur était supérieure, de leurs carrures d’autant plus ressemblantes à celle d’une bête sauvage. N’eusse été que cela, elle aurait peut-être pu hésiter, et considérer cela comme un fossé dont elle voyait le bout et face auquel elle devrait prendre le recul de la réflexion.. mais le simple fait que l’homme se fasse presque dévêtir devant ses yeux, qu’il fasse preuve d’un non-vouloir maladif comme il était naturel dans ce genre de circonstances.. peu importait finalement que cela fusse une épreuve ou non. Elle ne pouvait rester là, de marbre, à regarder les choses se faire sans intervenir.. Elle bondit sur eux, usant du bout de la lame pour défaire les liens qui retenaient prisonnier le génie ( à savoir l’homme à ses côtés ) avant de s’attaquer aux autres, secondée. Seule sa lame goûta à leurs idées mesquines, à leurs noirs desseins, pour à tout mettre fin. Elle s’assura ensuite du bien être du jeune homme, avant de le voir bien plus digne, et posé que ce à quoi elle s’attendait. Elle sourit, étrangement, malgré l’écart entre l’instant et la réalité, ce côté cocasse qui les prenait. « À force de jouer avec le feu, tu vas finir par le brûler ahaha. Fait attention à toi. Et oui, tu peux m’accompagner si tel est ton souhait. » Mais elle se répétait continuellement que cette épreuve était la sienne, et qu’elle ne devait alors compter que sur ses preuves efforts pour en venir à bout. Comme si elle le savait pas déjà, et qu’il fallait qu’elle entre de force cette information dans son cerveau.. « Sans façon, Alyss. Je lui en parlerai.. peut-être, mais qu’une fois que tout sera fini, et que j’aurai fait la paix avec moi-même » Elle ne s’attendait pas à ce qu’il la comprenne, ni à ce qu’il lui porte un quelconque sentiment de pitié, miséricorde ou compassion. Elle avait, d’autant plus l’impression par ces derniers, d’être faible et démunie. Ce qui n’était pas faut finalement.. « Suis moi »

Le choix s’imposait, si seulement l’avait-elle encore..
À droite, le paradis des neiges ; à gauche rien que des ébauches délabrées, de tableaux déments..
Pourtant ce chemin, de ses deux grandes ailes, elle voulut élire, manifestement.
Elle prenait la direction des Ruines.. bien qu’en son jugement elle peinait à croire.

~

L’amertume, voilà ce qui l’y attendait, une nostalgie de l’astre perdu et plus jamais retrouvé. Et peut-être en raffolait-elle à cet instant, comme la confession de la débauche d’un coeur esseulé. Sa raison s’en est allée, et ne parlaient alors que des mots consumés, des idées toutes faites qui trottaient dans son esprit, fatigué. Elle laissait des notions de conscience et de logique s’effriter dans son esprit. D’aucuns oseraient l’appeler lassitude, une sorte de d’abandon de soi qui conduirait à cet état dont elle connait si bien les étendards.. Une dépression sans nom mais qui pourtant et réelle.. Pourtant, serait-elle la seule à oser nommer cela : la lucidité réaliste d’un monde haïssable ?

Paysage morne, terre aride et morte, diable de désolation. Identique à son âme, ou ses bribes, elle ne pouvait que l’accueillir, et elle.. ne pouvait que devenir le réceptacle de ce chant d’adieux, de regrets, de vie et de mort, d’une destruction si facile contre une si pénible reconstruction.. Les âmes en peine s’éveillaient à cet endroit, et étaient comme sorties de leurs tombes pour la saluer. Rien d’autre que des brumes, rien d’autre que des sentiments amassés. Nombreux mouraient en ne laissant derrière que des spectres, des résidus de leur existence passée, et elle ne se voyait pas faire la même malgré cette peine qu’elle ressentait.. Était-elle devenue simplement masochiste ? De ceux qui à un instant basculent dans cette torture voulue, et volontiers ? Non, elle acceptait simplement les cicatrices qu’on lui infligeait. Et elle se battait à travers. Son regard blasé montrait effectivement ce désir de bataille, cet abandon absent.

Des chuchotements se faisaient perceptibles de chaque côté de l’échiquier de couleurs, de pierres recouvertes de mousse qu’une suie noire pavait. « Qui va là ? » Des vestiges d'un temps révolu, d'une population qui n'est plus. Rasés sans pitié, déconnectés du monde qui était le leur, il n'y a maintenant que quelques élus, témoins pour narrer leur existence. Les cendres s’envolaient dans un murmure du vent.. « Pourquoi parcourir nos terres ? » , « Que cherchez-vous, êtres avides de trésors qui n’apprenez donc jamais ? » , « Pourquoi frôler la terre des morts, alors que vous faites encore partie des vivants ? » Les voix perdaient de leur consistance. Silencieusement, les bourrasques soufflaient, arrachaient à la terre ce qui lui avait une fois appartenu, avant d’emporter leurs cris de terreur ou paroles maudites. D’autres plus bienveillantes tentaient de s’approcher, mais n’étaient visiblement perceptibles qu’au oreilles d’un seul.. « Le danger rode aussi omniprésent que le mal à nous avoir englouti » insista une première. « Rendez-nous le temps.. Ce destin impur, rendez-vous ce qu’il nous a pris.. » Une autre réitéra ces avertissements. Elles savaient mieux que personne le tranchant de leurs canines, la faim de leurs crocs, le dernier souffle qui se perdait du bout leurs griffes.. « Interrompez le sommeil de ceux qui dorment.. et ce dernier vous sera rendu » Mais dans cette pluie de mots arqués, un grognement vint s’immiscer.

Depuis les ténèbres, dans ces dernières tapie, la bête bondit la première, et de Sherry s’éprit. Au creux de son épaule, elle laissa un stigmate, énorme balafre de ses dents acérées, avant de se voir propulsée au loin. Elles n’étaient qu’en petit nombre.. mais l’ambiance acariâtre et malveillante ne les incitait pas à une quelconque confiance, ou prétention salutaire. Quelques coups furent échangés, une joute qui se montrait désavantageuse pour la petite femme que de ses poings ( et quelques poignards ) munie. Certains purent y goûter, mais ils restaient d’une force colossale contre laquelle elle avait dû mal à s’opposer.. Contre une tour bousculée, elle la sentit faillir, sentit la pierre céder derrière ses ailes écartées. Quelques secondes à peine pour tout faire basculer.. Une prise malmenée, et une victime se trouvant en dessous. Nul doute il était bien génie, donc quant à sa survie, il n’y avait pas à en douter, et pourtant.. la réprouvée s’élança à son envers. Un battement d’ailes, elle se trouvait à sa hauteur. Un visage inquiet, pâle d’horreur sous ses traits, les bras portés en avant, elle s’apprêtait à l’enserrer. Le choc fut trop rude.. et la chute pénible, quoique inévitable.

« Qu’attends-tu donc ? » Sherry ouvrit les yeux, clignant quelques fois.. La vision torve, déstabilisée, elle sentit son corps crier gare, douleur, famine. Tout était prononcé, et la douleur, bien rapidement proéminente sur tout le reste, la fit hurler. Pourtant, dans ces quelques secondes d’hésitation, elle réalisa l’absence d’Alyss et l’ouverture maligne à côté de laquelle elle trônait, presque tombée pour s’y engouffrer. Une voix s’était faite entendre, et elle remarqua avec horreur que de celle de l’homme il s’agissait. Une fois de plus, de raison il n’était plus question. « L’heure n’a point sonné » Les airs elle dompta pour tenter de l’attraper, de le protéger, et elle ne se souvint alors, après un réveil émancipé au fond du gouffre, que de la douleur atroce, le contact des rochers sur ses plumes et cette respiration défaillante qu’elle avait senti… La survie de l’homme dépendait-elle vraiment de ses soins ? Les esprits n’avaient-ils pas plus à révéler qu’on ne pourrait y croire ? Ou n’était-ce encore qu’une farce du destin que ce tournant inespéré et désastreux que prirent les événements…?

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Jeu 04 Juin 2015, 15:40


Sherry se faisait obséquieuse. Alyss la toisa du regard, légèrement amer de la voir si réticente. Il ne lui avait jamais rien fait à elle, a ce qu'il sache ! M'enfin, on ne pouvait pas plaire à tout le monde. Lorsqu'elle s'adressa à lui, elle semblait effectivement chercher quelque chose. Autant du regard que même en parlant. Sa façon de dire chaque mot n'était pas la même qu'avant, et on aurait dit que des doutes s'étaient immiscés en elle. Le Génie haussa les épaules « Je suis un être éphémère, je ne cherche jamais rien. Mais je... » Et voilà qu'il se fit à moitié emporté, au nez et à la barbe de Sherry, par des sales types de Mégido. Ils l'avaient suivit, retrouvé, et maintenant qu'il était avec une pauvre bonne femme qui fuirait certainement, ils n'allaient pas laisser filer le malin comme ça.  Au bout d'une lutte de quelques minutes qui finit par les faire fuir, Alyss se rhabilla correctement « Tous pareil ces vautours... Je ne joue pas et j'aurai toujours mieux à faire que de m'enticher de gens comme eux. Bien... Je te suis alors. » Ils partirent tout deux vers un nouvel endroit, peu rebutant mais où la réprouvé comptait trouver des réponses.

Les Ruines n'avaient rien de glorieux. Elles ne ressemblaient à rien, et ne reflétaient même pas la richesse de bâtiments qui auraient pu se trouver là un jour. C'était sombre, froid, lugubre, et peu accueillant. Rien à voir avec un site touristique « C'est la première fois que je viens ici... » Réflexion à peine chuchoté, Alyss observa les pierres autour de lui quand ils mirent pied à terre. Il ne connaissait pas les peuples qui auraient pu vivre là un jour, et se demanda si vivre à côté d'une telle désolation était réellement bénéfique. Il devait y avoir une forme de malsaineté, et les âmes vacantes devaient, très certainement, venir à Mégido de temps en temps. Les régions se touchaient et étaient trop limitrophes pour ignorer cette réalité. Le Roi qui gouvernait cette cité en avait-il conscience ? Peut-être que le mal n'avait pas encore frappé... Lorsqu'il se releva pour parler à Sherry, il la vit obnubilé par quelque chose. Allant à ses côtés il regarda dans sa direction mais n'y vit rien. Autour de lui, le vide et le silence « Sherry ? » Ne voyant pas de réponse de sa part, l'être tourna les talons pour se diriger vers une tour déjà effondrée, qui était encore debout sur un étage. Il s'accroupit, examina les fondations, se perdit dans les gravures et les bas-reliefs, jusqu'à prendre conscience de la réalité dans son dos.

Une bête immense, noire, se jeta sur la Réprouvé. Le Génie n'eut pas le temps de s'élancer, que ce fut elle qui vint à quelques mètres de lui, jeter comme un vulgaire chiffon. La tour encore battit, au dessus d'eux, commença à chanceler pour céder. Alyss, ne craignant rien quant à sa vie, commença à se diriger vers Sherry pour attester son état, et la protéger d'un mal certain. Seulement la femme se redressa et se lança vers lui, sous les premières pierres qui cédèrent. Le génie hurla, lui sommant de s'arrêter, mais il sentit ses bras entourer son grand être, pour venir le protéger. Par automatisme, il l'enlaça également, mais la sentit glisser. Car si lui ne bougea pas, traversant l'éboulie, Sherry fut rapidement ensevelie. Des os brisés se firent entendre, et le génie n'osa pas baisser la tête. Dans sa tête, plusieurs questions défilaient Est-ce qu'elle est en vie ?, Et Wrath ? Il va me tuer., Je dois regarder ou partir ?, Et si je partais ?, Est-ce qu'elle respire ?, Pourquoi je l'ai suivis comme un idiot ? Mais le temps pressait.
Alyss finit par baisser la tête, et voir des pierres jusqu'à ses genoux. Ses yeux bleus devinrent de plus en plus grands, et il regretta amèrement de s'être sociabilisé.
Seulement, l'heure n'était plus aux question. Se baissant, il ne fit que quelques parties de son corps, palpables, de manière à ôter des pierres. Disparaissant derrière le rail de cailloux et rochers, la bêtes fit demi-tour, retournant dans l'ombre pour tenter de les attraper à nouveau « Sherry ! Sherry tu m'entends ? Sherry ! Je... Je vais mourir punaise... Je... Sherry ! Sherry réveilles-toi ! » Il ne cessait de scander son nom mais ces pierres étaient trop grosses et trop lourdes pour lui. Elle ne voulait pas de Wrath, elle l'avait dit plus tôt, mais personne n'avait sa force. Alors qu'il commençait à abandonner le combat il entendit une petite voix « Alyss ? Alyss t'es où ? Papa te cherche ! Je t'ai vu partir par là ! Alyss ? » D'un bond, en un éclair, le génie apparut devant les yeux de Keith, ce qui le fit hurler à la mort « Tu m'as fait peur !! Tu... », « Aides-moi Keith ! Sherry est sous ces pierres, si elle meurt, papa va nous tuer ! Surtout toi ! » Sauf que pour Keith, c'était pas tant le fait que Wrath le gronde qui le fit réagir, c'était le fait que Sherry était entre la vie et la mort.

Il se précipita vers elle, et à deux, réussirent à la sortir de dessous. Elle était égratignée de partout, et particulièrement mal en point « Il y a une rivière là-bas, on ferait mieux de l'y porter. », « Portons-là chez elle, idiot ! », « Non ! Ecoute moi Alyss... » Le génie, désespéré, écouta alors le vampire et, à deux, la portèrent jusqu'à la rivière, où des cendres coulaient dedans, en permanence. Ils lui mirent les pieds dans l'eau, s'assurant qu'aucun carnassiers ne viendrait les lui dévorer, et commencèrent à essayer de la soigner. Après plusieurs minutes, peut être mêmes des heures, à lutter, ils s'assirent un peu plus loin, épuisés. Du moins Keith « Ecoute, je vais aller chercher Wrath. Elle a besoin de lui. », « Je reste avec elle, essaye de faire vite. » Alyss partit en volant, pour aller le trajet. Keith resta là, finissant par s'assoupir.

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Ven 17 Juil 2015, 17:38


Pitoyable
Peut-être l'était-elle réellement, ensevelie par plusieurs couches de ces pierres immuables. Maigres fragments de la bâtisse plus grande, ses ailes s'en étaient vues écrasées, ainsi qu'une partie de son flanc, quand elle voulut se propulser en avant pour échapper à l'objet attiré par la gravité terrestre. Par la douleur, elle avait croulé dans une lourde inconscience presque forcée. Son corps la faisait bigrement souffrir par des élancements qu'elle sentait parcourir son corps, comme électriques, aux bords d'un trépas qu'il ne souhaitait guère assumer. Comme par automatisme, il essayait de s'arracher aux portes de la mort, et ses sens restaient médiocrement alertes, tandis qu'anesthésié, l'anatomie peinait déjà à subvenir à ses propres besoins. Par de larges plaies le sang avait coulé sous la structure, mais une hémorragie de cette ampleur ne saurait avoir raison de la réprouvée. Sherry avait, au fil du temps, presque développé une résistance à ce genre de lacérations, tant elle en avait souffert dans sa jeunesse. Ses paupières à moitié closes, essayaient de se fixer sur une silhouette lointaine, dont elle crut entendre vaguement les cris, si ce ne fut de simples appels à sa personne. Ses membres frétillait sous la lourde charge, tant qu'ils disposaient encore d'une once de contrôle et d'une volonté qui ne voulait mourir. Son souffle s'amoindrissait, et ses poumons commençaient à faillir sous de monstrueux efforts. Elle entendait des voix, celle d'Alyss et de Keith qui la sortaient de sous les décombres. Loin de déchiffrer les milliers de sons qui s'échappaient de ses lèvres, loin d'avoir dit son dernier mot.

La sensation de l'eau.. des torrents qui fuyaient entre ses pieds pour se perdre dans l'immensité du cours d'eau qui continuait sa joute contre les galets gris qui faisaient bord du chemin. Des cendres courant en son sein, elles donnaient des cendres d'encens et de désolation à la seule source aqueuse à proximité. Rafraîchissant, le liquide imbibait ses pieds meurtris ( dont un pincement de douleur se faisait constamment sentir ), tandis que des mains douces, intentionnées, tentaient de la secourir. Bien que la torture ne prit pas de suite fin, elle s'allégeait considérablement, les égratignures se refermant sur une peau lisse, son rythme cardiaque accélérant de peu, sa conscience sortie de puits funeste dans lequel on l'avait plongée. Tourment et supplice s'apaisèrent enfin, bien que quelques organes aient été gravement touchés, et que son flanc, ni ses ailes, n'aient eu le temps de recouvrer leur forme optimale de tantôt. Suite au départ de l'un, elle sentit enfin dans ses muscles perclus le brin de force dont l'absence l'avait privé de la faculté de se mouvoir. Elle put finalement dissiper le voile de sommeil qui entravait ses paupières, s'apercevant que c'était au tour du petit être de se voir inhumé au tapis de ce dernier, visiblement épuisé. Ses yeux se posèrent sur sa crinière ébouriffée, sa peau pâle, ses airs enfantins et porteurs d'affection, et soulagée, elle lui sourit, bien qu'il n'eut pas été en mesure de le voir. * K..ei..th * Essayant de basculer  sur le côté opposé au petit corps reposant là, elle se vit choir sur les rives d'une rivière, comprenant d'où lui venait cette agréable élan de fraîcheur, mais aussi les vêtements que le liquide avait abreuvé jusqu'à les rendre collants, trop justes pour qu'elle se déplace aisément.

Le courant, au contraire de s'amenuiser, semblait connaître une hausse des plus frappantes, les flots redoublant d'intensité au fur et à mesure, et l'eau parvenant déjà jusqu'à sa taille. Le déluge s'annonçait au loin, et le mieux pour elle était de fuir son courroux, de s'échapper du lit dans lequel il venait se jeter. Chancelant pour trouver une position plus confortable sur le ventre, elle se vit transpercée de milliers d'aiguilles de peine et chagrin, l'intérieur de son corps criant au blasphème et à l'injuste douleur qu'on lui infligeait, à tort. Elle grimaça, laissa une larme couler sur le côté de sa joue pâle, en proie aux chaînes de son propre corps. Son aile gauche, notamment, dessinait odieusement sur son visage des rictus hideux, tandis qu'elle tentait de se traîner, de façon alarmante, plus loin dans le rivage. Déjà trempées dans le mélange d'eau et cendres, ses plumes elles-même rendaient la traversée impossible. Faute de ramper ( car ses forces lui faisaient défaut ) elle se trouvait, face contre terre, espérant que l'énergie ne lui revienne, avant d'essayer une dernière fois de pousser sur ces jambes. Sauf que ces dernières, l'une à la cheville foulée lors de sa chute, refusèrent de répondre à son appel, et par un torrent plus puissant que les précédents, elle vit sa tête s'engloutir sous l'eau. Affligée, elle cracha ses poumons, essayant de dégager l'eau qui s'était infiltrée. « Kei.. » Une énième vague vint aider à sa noyade.

Sans vraiment comprendre quel mal la prenait, et par soucis de protéger son aile difforme avant toute chose, elle ne put ni résister, ni s'enfuir, celle-ci prise dans la cage de ses bras, les os déjà bien endommagés pour supporter à davantage de secousses. Se voyant emportée, victime, elle essaya d'appeler à l'aide, n'ayant fait qu'effleurer la petite main du vampire avant de quitter ses côtés. Elle prononçait son nom comme une prière, avant d'être avalée par les tréfonds marins, et de se heurter, par l'activité des courants antagoniques, aussi bien au terroir jonché de pierres, qu'aux rochers dépassant à la surface. Elle descendit d'un étage, éboulée dans une sorte de petite grotte à laquelle on accédait difficilement autrement. Les égratignures au niveau du crâne et du dos s'enchaînaient, ainsi que des petits bleus qu'on pourrait incessamment sous peu remarquer sur sa peau blanche. La cavité, jusque là très restreinte en hauteur, s'agrandit bientôt en largeur, et muter en une large étendue d'eau, des plus paisibles. S'échouant sur la terre ferme, elle se permit de longues minutes pour reprendre une respiration raisonnable, avant de ne serais-ce qu'ouvrir les yeux. Étendue sur ce dernier, épuisée, cette fois posée sur son dos à moitié nu, elle vit un sentiment de bien être l'envahir, au vu du silence qui régnait là et d'une petite mélodie ambiante causée par le tombé de gouttes d'eau sur la surface immuable. C'est en levant les yeux qu'elle aperçoit l'écorce d'un arbre, et éblouie par sa beauté, par un sentiment de liberté, elle crut trouver ce qu'elle était venue chercher.

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Ven 17 Juil 2015, 21:28


L'arbre chantait. Il appelait la petite réprouvée, l'encourageait à se lever, à se dresser, comme la plus fière des femmes. La lumière qui s'évadait de son tronc était douce, mielleuse, et éclairait la cavité. Elle pouvait voir tout autour d'elle, mais il n'y avait rien d'autre que ce gigantesque massif feuillu. Il n'avait pas beaucoup de verdure. La plupart de ses feuilles étaient mortes, tombant peu à peu sur le sol en pierre, alors que quelques bourgeons peinaient à pousser.
Dans cette ode à la gloire, Zel'Tika apparut, une brise glaciale l'accompagnant. Elle se stoppa près du tronc, sans en toucher l'écorce, n'en n'effleurant que le sol de ses pieds gracieux, et dit « Ceci est ton arbre. Il relate les cicatrices et les réussites de ta vie. Son feuillage et son écorce sont synonymes de tout ce que tu as accompli. » Elle indiqua quelques cicatrices sur le tronc, refermées depuis longtemps, et où l'on pouvait distinguer de la sève séchée. De même, elle embrassa en ouvrant ses bras, le feuillage clairsemé « Ceci est ce que tu entreprends, le renouveau. » Elle pointa les bourgeons en parlant, avant de montrer au sol les feuilles mortes et sèches « Et ceci sont des pages ta vie définitivement tournées. » Se tournant à nouveau vers elle, elle l'invita à le toucher, à en décrire délicatement les angles boisés « Ta vie ne se résume pas à cela, mais le schéma qu'il représente est celui-ci. Tout ce que tu as fait, seule ou accompagnée, est traduit là dedans. ta relation avec Wrath, ton aimé, est concrétisé par les feuilles actuelles et quelques bourgeons. Tes rancoeurs sont des branches cassées... A toi aussi d'y lire ce que tu penses. Dorénavant, il apparaitra devant toi lorsque tu le désireras. Tu pourras t'exiler dans un coin d'ombre si tu veux l'invoquer, et le consulter. Il est une partie de toi, et sa vertu est la guérison de l'âme qu'il peut t'apporter. Vois donc comme tu es bien ici, vois combien tu ne te sens plus dans le malheur ou la déchirure du corps et du coeur. » La Réprouvée s'éloigna d'elle, s'enfonçant dans le creux de la grotte « Tout ce que tu as enduré pour passer cela n'a pas été vain Sherry. Sache que la Solitude que je représente n'est pas un fardeau mais un choix, et souviens toi de tout ce que je t'ai dis. La grandeur de l'âme n'est pas en fonction du nombre de gens qui t'entourent... » Dans un sourire, elle disparut dans les ombres de la cavité, laissant à Sherry le soin de converser avec son arbre si besoin.


« Sherry ? Sherry es-tu là ? », « Maaaamaaaaan ? », « ... », « Appelle là toi aussi ! », « Sheeerrrryyyyy... », « Haaaa... C'est bon, on se débrouillera sans toi. » Le sol s'effrita sous ses pieds, et il tomba net dans un trou. Les racines dures et rêches, broyèrent presque son bras « Rah quelle... » Mais devant lui se trouvait celle qu'il aimait « SHERRY ! » Il se releva, plein de terre, se jetant sur elle. Il ne l'embrassa pas, ne fit même pas réellement cas de état, se contentant de la serrer dans ses bras, de la toucher « Ca fait des jours qu'on te cherche... J'ai eu tellement peur ! Tu vas bien ? Que faisais-tu ici ? » Cet amant avait tant de questions auxquelles la réprouvée ne pouvait pas répondre.
Alors qu'il s'était passé cinq minutes avec la Dame, dans le monde au dessus, cinq longs jours s'étaient écoulés assez péniblement. La famille était sur le qui-vive, inquiète, impatiente... C'était difficile pour elle de tenir. Alyss avait essuyé des crises de colères de la part de son maitre, qui lui adressait à peine la parole d'ailleurs.
Mais jamais il n'avait cessé les recherches, plein d'espoir qu'elle soit encore quelque part, vivante. Et ce fut le cas. Peut être que Zel'Tika avait fait exprès que le sol se rompe à ce moment là, sous ses pieds lourds... ? Il ne savait pas. Elle non plus. Mais ce que lui savait, c'est l'importance qu'avait cette petite femme dans sa vie.

Wrath s'agenouilla « Je t'en supplie Sherry, je te donnerai ce que tu veux, mais ne pars plus jamais comme ça... » Il embrassa ses mains, rassuré de cette présence. Il était aveuglé par cette retrouvailles, et jamais il n'avait été si émotif. Il l'aimait et il le lui prouvait. Keith les appelait en haut du trou, et l'ancien déchu s'aperçut du désastre. Elle était blessée, et une de ses ailes était cassée.
L'homme ne voyait pas l'arbre. Etant lui-même réprouvé, il ne pouvait voir les arbres des autres, comme Sherry ne pouvait voir que le sien et non celui des autres. Mais une autre race pourrait certainement entrer en collision avec le tronc. Rien n'était sur...
D'ailleurs, elle était trempe, mais ça, il n'y fit pas attention. Lui, fit en sorte qu'ils s'en aillent de là indemnes le plus possible, pour pouvoir se rendre à Mégido, là où elle se ferait soigner.  

« Qu'as tu vu dans cette grotte, Sherry ? » Des trésors. Elle y a vu des trésors innommables.
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Le renoncement - Niv IV [Sherry]

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