Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

Partagez
 

 Une licorne et des baffes | ft. Bibiche

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

Æther des Bergers et des Wëltpuffs
◈ Parchemins usagés : 3537
◈ YinYanisé(e) le : 20/07/2013
Eerah
Dim 23 Nov 2014, 18:31

« Chiure de chiure de steak ! ». C’pas contre vous, hein. C’est comme ça que cette histoire commence. D’ailleurs coucou. Ça fait longtemps qu’on n’a pas parlé, hein ? J’vous ai manqué ? Allez-vous faire foutre. Non c’est à vous que je parle, cette fois. Bref. Ta race. J’étais… J’étais dans la m*rde, faut bien le reconnaitre. Déjà, j’étais en train de courir. Ça te pose le décor, tu kiffe ? Je courais, donc, et je déteste ça, genre bien. Faut vraiment être con pour avoir envie de courir. Mais là ça dépendait pas tellement de ma volonté en fait. Derrière moi, à quatre encablures, il y avait – je pense – l’équivalent de la population mondiale, mais en abeilles. Puis des abeilles bien. Mais bien, bien. Genre le mammouth de l’abeille. Des frelons d’la taille d’une petite biche. Et y en avait des centaines. Partout. Donc je cours tu vois, sinon j’pense qu’ils m’auraient juste éventré. Je devais en être à dix-sept kilomètres quand j’aperçois Charlie. Oui, la licorne. Qui parle. Enfin qui parle dans ma tête. Bref, elle crache le feu, et – oui, elle crache le feu, oui – et elle tue les frelons-biches. J’en profite pour reprendre mon souffle tu vois, récupérer mes poumons par terre et essayer d’éponger ma fierté. Moment difficile, donc, que le cheval choisi pour faire résonner sa voix à l’intérieur de mon crâne. Et si tu veux, ya pas deux mille façon d’enfoncer quelqu’un. Tu peux insister sur le fait qu’il a un peu l’air d’une m*rde, ou alors, tu peux lui rappeler que c’est un con*ard. Charlie s’est pas trop fait chier, il a pris les deux. J’en ai donc pris plein le cul. Il est arrivé sur ses grands chevaux, et puis il a… Oh, allez, elle était drôle, non ? Grands chevaux ? Une licorne ? Qui est un cheval ? Avec une corne ? Ouais, bon, bref. Il s’est donc un peu foutu de ma gueule, et il me balance le truc. Ouais, le machin. Bon, l’histoire avec Elisha. Contents ?

On en a pas parlé, hein.. Bon. Suite à je sais plus trop quelle soirée, Elisha et moi nous avons… Enfin on a passé la nuit ensemble. Et il se trouve que ça a engendré quelques complications. Du genre des complications qui chient partout et qui braillent. Je suis parti. Je me suis enfui, j’en suis pas fier, mais qu’est-ce que j’aurais pu faire ? Rester là, les bras ballants ? J’pouvais rien faire, ça me casse les couilles tout ça. J’aurais dû passer la nuit à m’assurer qu’elle s’étouffait pas dans son vomi, j’aurais… Je suis naze, okay ? J’aurais rien pu faire de tout ça. J’aurais fait office de boulet. Le gosse aurait cané, la mère peut-être aussi. Bref. Donc Charlie m’a rappelé ça, forcément. Lui il se la tape tout le temps, Elisha, et il s’est pas barré. Une licorne avec plus de bourses que moi, vous imaginez ? Ouais, facilement, j’imagine. Voilà, Charlie était là, moi j’étais par terre, et j’pouvais pas me barrer, cette fois. J’aurais pu esquiver. Lui coller une tarte et me casser fissa ; mais j’en avais marre, j’étais fatigué, j’avais honte et avec la rapide entrevue avec ma mère, je faisais pas le malin. Je me suis assis, j’ai regardé Charlie, et j’ai chialé. Pas longtemps, parce que j’voulais pas que cet abruti en rajoute, mais bon. J’ai pas dit quand chose ; j’ai acquiescé, je l’ai suivi. Je sais pas si j’ai bien fait. Ça allait pas me sortir de la bouse : loin de là. Charlie c’est une chose, il est un peu con. Elisha, elle, c’est pas la même. Entre coller une mandale à l’Empereur Démoniaque, et affronter la Magicienne à cet instant, je filais direct en Enfer, et je me tripotais devant l’Elue des Cieux au passage.

Mais il le fallait. Donc les Démons et les Anges allait attendre – c’était encore sur ma liste – et j’ai suivi le grand benêt. J’vous passe le trajet, on a un peu discuté, vite fait, de ce qu’elle avait vécu entre temps. J’ai pas fait mon mea culpa à une bourriche, mais il devait bien sentir que j’étais pas fier de moi. C’est un type bien Charlie. Pour une licorne. Elisha était là, occupée à gueuler sur deux plantes vertes, et je dois avouer que j’y ai vu une occasion à saisir. J’aime la voir taper dans le tas. Elle est sexy quand elle pète des gueules. Mais pas la mienne, vous voyez. J’ai attendu un blanc dans la conversation, et j’ai lancé, de toute ma masculinité virile : « Bonjour, Bibiche. ». Je m’attendais pas à une haie d’honneur, mais avec un peu de chance, ça glisserait tout seul.


Une licorne et des baffes | ft. Bibiche GqzDWY

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34621-eerah-von-dreth
Invité
Invité

avatar
Dim 30 Nov 2014, 23:54


Les mots d'Ercan me tirèrent un rire sans joie, mon regard quittant le bout de mes doigts tâchés de sang pour se river de nouveau dans celui du jeune homme. C'était bien trop facile. Tout était plus simple, probablement, lorsqu'on n'avait aucun scrupule à éluder les questions dérangeantes par une pirouette aux allures de foutage de gueule. Ce genre de réponse à côté de la plaque n'avait pourtant rien d'inhabituel, de la part du jeune homme ; mais le fait qu'une telle attitude soit coutumière ne la rendait pas excusable pour autant. Parce qu'elle avait bon dos, son excentricité – c'était pas si compliqué que ça, d'être bizarre. Moins en tout cas que s'acharner à tenter de déchiffrer les propos de quelqu'un qui ne se souciait même pas de leur cohérence. Et pourtant c'était ce que j'avais fait, avec plus de patience et de persévérance que je n'aurais su en démontrer pour qui que ce soit d'autre. Je m'étais efforcée d'entrer dans cet espèce de monde un peu à l'écart du reste qu'habitait l'élémental, d'y trouver un genre de place sans abimer ce qu'il y avait autour – et j'avais presque failli y arriver. Ou il me l'avait fait croire, en tout cas. Mais je n'avais plus envie de jouer. Plus envie de chercher les pensées et les sentiments que pouvaient dissimuler ses conneries. Ni de chercher à savoir s'il tentait de rattraper le coup où s'il se payait définitivement ma tronche – dans le doute, ce serait la deuxième option.

Je fermai les yeux un instant, tentant de trouver une réponse convenable à ce qui pour moi n'était rien d'autre que de la provocation ; mais il ne m'en laissa pas le temps, ce qu'il ajouta me faisant l'effet d'un peu d'eau versée sur le brasier de ma colère. Peut-être bien qu'il en avait quelque chose à foutre, en définitive – pas trop, mais un petit peu quand même. Est-ce que pour autant, son comportement était excusable ? Non. Tout au plus, il ne se prendrait pas de pain dans la gueule. Il avait joué avec moi, avec mon cœur – c'est pourtant bien connu que c'est pas avec cette partie de l'anatomie des filles qu'il faut s'amuser – et il faisait mine de pas comprendre maintenant qu'il l'avait pété en deux. Pas l'ombre d'une excuse, d'une explication. Non, c'était plus simple de demander à sa morue de régler les choses à sa place, évidemment – quoique il s'avéra assez rapidement qu'elle n'était pas disposée à le faire. Et qu'elle préférait même me défendre moi, au détriment d'Ercan. Sauf que, en dépit de ses efforts pour être sympa avec la furie que j'étais, ce fut son espèce de sollicitude condescendante qui finit par déchaîner ma hargne.

- Nan mais tu t'prends pour qui, toi, exactement ? Ça s'passe comment dans ta tête, on a foutu nos langues dans la bouche du même mec donc on est potes ? C'est pas parce que tu m'as p't'être refilé ton herpès que t'es obligée d'être sympa, t'inquiète... Si vraiment tu veux rendre service, contente-toi d'te mêler d'ton cul.

Je me tus, presque surprise par ma propre véhémence. Et mon regard chargé d'animosité se détacha de celui de la jeune femme pour venir survoler le visage des quelques convives qui, visiblement curieux de connaître la suite de l'histoire, observaient sans la moindre gêne l'étrange scène de ménage à laquelle j'avais donné lieu. Parce que j'avais un peu gueulé... Un peu plus que je ne l'aurais souhaité, en fait. Mais j'étais bourrée, en colère, humiliée ; et surtout, j'étais assez déboussolée pour n'avoir plus réellement conscience de l'ampleur de mes conneries. Peut-être que j'étais allée trop loin, peut-être pas - est-ce que ça changeait vraiment quelque chose, après tout ? Même si mes paroles avaient heurté les oreilles sensibles de ceux qui avaient eu le malheur de s'intéresser à l'affaire, il y avait de bonnes chances qu'ils s'en remettent. Et si j'avais blessé l'amour-propre de la demoiselle, elle n'en mourrait probablement pas non plus : au pire, elle me rangerait dans la catégorie 'grosse morue' et m'en voudrait toute sa vie d'avoir tapé un scandale pareil au milieu de la place publique – mais étant donné que je n'avais pas particulièrement envie d'être son amie, ce ne serait pas un mal. Et puisque l'alcool ingurgité m'empêchait de me préoccuper du ridicule, je n'avais pas de raison de me priver de brailler si ça me faisait plaisir. Même si à la réflexion, ça ne me faisait pas particulièrement plaisir non plus – mais je n'étais pas certaine que quoi que ce soit puisse m'inspirer autre chose que de la haine, à l'instant. J'aurais aimé être ailleurs. J'aurais aimé que rien ne soit arrivé. Et même s'il avait fallu pour ça que je reste dans l'ignorance pendant qu'il écartait sereinement les cuisses d'une autre fille, j'aurais aimé qu'Ercan ne soit jamais à l'origine de la peine et de la rage qui me tordaient le bide.

Mais j'étais là. J'avais vu, entendu leur échange, et mon esprit s'était chargé de finir le boulot. Peut-être que je me trompais. Peut-être après tout que l'étonnement d'Ercan était sincère, que l'amabilité de sa pétasse n'était pas due à un quelconque sentiment de culpabilité ; peut-être aussi que les tabourets étaient des êtres doués d'une conscience propre et que tout le monde se trompait sur leur compte depuis toujours. Sauf que je n'avais envie de considérer aucune de ces deux hypothèses. La relation qu'entretenait l'élémental avec moi avait toujours été trop étrange pour que je ne veuille bien croire à un malheureux concours de circonstances atténuantes – ou quiproquo du hasard cosmique de ta mère. Quant au tabourets, ils devraient être sacrément cons pour laisser des trous du cul s'asseoir sur leurs tronches depuis des millénaires, s'ils étaient vivants... En fin de compte, j'avais été la seule à exprimer clairement ces sentiments qu'il – ouais, c'est de nouveau d'Ercan qu'il s'agit, oubliez les tabourets – ne faisait que me laisser entrevoir lorsque l'envie lui en prenait. C'était vachement facile, tout compte fait, de se foutre de ma gueule : même pas besoin de vraiment me mentir, il suffisait de me laisser un peu espérer. Et de savoir feinter lorsque l'espoir s'émiettait et qu'on avait pas trop envie de ramasser les morceaux. C'était facile... Mais ça aurait certainement pu l'être un peu plus si j'avais été du genre à me laisser faire.

- Et toi... Bien sûr qu'tu piges rien, crachai-je avec amertume. Dès qu'il s'agit d'aut' chose que jouer des castagnettes ou... Ou d'te tripoter en fabriquant des bagues d'orteils à la con, c'est hors de ta portée, hein. Faudrait que j'accepte ça aussi ? Je me réjouis d'avoir le privilège de pouvoir te tenir la main de temps en temps, et pour l'reste j'ferme ma gueule ?

Je m'interrompis, cherchant mes mots. Je suis pourtant pas mauvaise quand il s'agit de faire passer mes émotions, en général – j'imagine que le fait que mon répertoire d'insultes tende vers l'infini doit aider un peu – mais les règles changeaient un petit peu ici. Il était rare que je sois délibérément blessante : je m'emportais, j'arrêtais de réfléchir, et les 'va niquer ta sœur' et autres joyeusetés sortaient tous seuls la plupart du temps. Là que je voulais blesser, consciemment, celui que j'avais en face de moi, ça ne marchait plus. Ça sonnait faux.

J'aurais sans nul doute pu écrire quelques pages de dissertation mentale sur le thème de  'pourquoi c'est si difficile de dire aux gens qu'on aime d'aller se faire mettre par un troupeau de yaks', mais la soirée n'avait visiblement pas encore écoulé son stock de surprises daubées. Déjà, en apercevant Charlie du coin de l'oeil, j'avais compris que ça sentait pas trop bon ; mais avant que je parvienne à déchiffrer son expression – je vous rappelle que c'est un cheval, ça rend pas la chose évidente – la 'surprise' se manifesta d'elle-même, avec tout le tact et l'à-propos qui la caractérisait. Et quand bien même 'Bibiche' ne faisait pas partie des surnoms qu'il était possible de m'attribuer lorsqu'on disposait d'une bonne santé mentale, je voyais mal à qui d'autre que moi pouvait s'adresser le type qui venait de la ramener.

- Mais... Noé... ?!

Alors là, ça devenait quand même un peu le bordel. Il m'aurait fallu une pause, sans doute, histoire de trier tout ça dans ma tête et de finir par trouver une réaction appropriée au merdier qui s'étalait sous mes yeux. Mais, quand bien même les protagonistes n'étaient rien d'autre qu'une belle bande de connards, ça le faisait moyen de les laisser tomber en plein milieu de l'intensité dramatique pour aller ranger l'intérieur de mon cerveau. Non, il fallait que je fasse un truc. C'était pas tous les jours que les deux seuls types au monde que j'avais autorisés à me peloter les seins pouvaient être réunis dans la même pièce – même si c'était une super grande pièce – il fallait en profiter. Peut-être qu'un plan à quatre suffirait à arranger les choses, allez savoir... Non, je déconne. J'avais juste envie de me barrer, à ce moment-là ; et de trouver un moyen un peu plus classe de le faire que m'enfuir en pleurant et en insultant leurs mères et leurs animaux domestiques.

Alors j'avais essayé de réfléchir vite. J'étais en colère contre Noé, c'était pas nouveau. Mais j'étais aussi en colère contre Ercan ; et même si ça faisait vachement moins longtemps – cinq ou six mois de moins, quand même – et que sa 'faute' n'était proportionnellement pas aussi grave que celle de Noé en matière de destruction de vie, c'était à lui que j'en voulais le plus. Noé n'avait pas choisi ce qui nous était arrivé, il ne l'avait pas délibérément provoqué non plus : comme moi, il n'avait fait que subir. Même s'il s'était barré en me laissant seule face au résultat... Il ne m'avait rien promis. Il s'était contenté d'être lui – c'était peut-être pas brillant, mais il avait eu la décence de ne pas faire en sorte que je m'attende à autre chose. Alors ouais, que ce soit juste ou non, c'était contre Ercan qu'était cette fois-ci dirigée ma rancoeur – l'autre abruti de déchu avait bien choisi son moment.

- Bon, ben tant qu'on en est aux retrouvailles émouvantes... Ercan, j'te présente Noé. Le père, ajoutai-je  sur le ton de l'évidence tout en posant l'index sur mon abdomen.

Certes, c'était un peu bof comme changement de sujet. Mais j'aurais bien voulu vous y voir : à ce stade, à peu près tous les moyens auraient été bons pour reprendre au moins un tout petit peu le contrôle de la situation. Même mettre le slip de Noé sur la tête d'Ercan, oui – mais en l'occurrence, je n'étais pas certaine que ça arrange les choses. Ceci dit... Il n'y avait plus ici quoi que ce soit qui mérite à mes yeux d'être arrangé.

- C'est vraiment sympa c'genre de, euh... Réunion d'famille. On devrait faire ça plus souvent. Mais là, conclus-je avec une légèreté très peu convaincante, on va vous laisser. On a des choses à s'dire, nous aussi. Je crois.

En quelques pas chancelants – vraiment, je crois que j'étais bourrée - je franchis la distance qui me séparait du déchu. J'aurais pu me contenter de l'embarquer avec moi, d'abandonner dignement Ercan et sa rouquine à leurs occupations sans en rajouter ; ainsi peut-être les choses seraient restées 'réparables' si j'avais considéré une fois sobre que ce n'était pas si dramatique. Mais je n'étais pas simplement en colère. Je me sentais humiliée. Et même si je n'étais plus trop sûre que mes actes puissent atteindre l'élémental d'une manière ou d'une autre, j'avais envie de lui rendre la monnaie de l'argent du beurre par les fenêtres – ou un truc dans ce genre. Alors, puisque je n'avais que lui sous la main – ou presque, mais ça aurait été un peu crado avec Charlie – il me sembla judicieux de mettre à profit la présence du type qui m'avait engrossée : avec un peu de chance, il aurait trop peur que je lui pète les genoux à coups de bûche pour oser réagir. Et puis il me devait bien ça. Je lançai donc un dernier regard à Ercan, du style 't'as vu enfoiré, j'ai pas besoin de toi', avant de m'accrocher aux épaules du déchu et de coller mes lèvres contre les siennes. C'était un peu bâtard comme manière de faire, j'en avais conscience, mais ça n'avait pas beaucoup d'importance dans la mesure où je n'en avais rien à carrer. Le seul truc, c'est qu'après ça je me sentais un peu bizarre, genre j'avais à la fois envie de gerber, de pleurer et de recommencer. Du coup, comme aucun des trois n'était convenable, je m'étais contentée de chopper le bras de Noé d'une main et la crinière de Charlie de l'autre, et je nous avais téléportés plus ou moins au pif histoire de changer un peu d'air.

Et en l'occurrence, le hasard voulut qu'on atterrisse dans ma chambre – comme souvent, en fait. Bon, c'est vrai que d'habitude aucune licorne ne se retrouvait littéralement vautrée sur mon lit ; mais c'était assez secondaire dans l'état actuel des choses. À vrai dire, la situation me laissait un peu perplexe. Je me rendais vaguement compte que je venais de foutre en l'air avec beaucoup d'application un truc que j'avais mis des mois à essayer de construire. Et puis que j'avais sous le nez un type que jamais je ne pensais revoir de toute ma vie, et qui accessoirement était responsable de la galère en puissance qui poussait dans mon bide. Mais surtout, je m'apercevais que j'étais toujours vachement énervée, en plus d'être pétée. Et malheureusement pour lui, j'avais pensé à emporter avec moi le défouloir idéal.

- Salopard.

A la base, je crois que j'avais plutôt prévu de lui hurler dessus et de lui exposer en détail toutes les raisons qui faisaient de lui un gros con*ard. Mais j'en aurais eu pour des heures, je me serais pété les cordes vocales et ça se serait fini avec la moitié de la population du Sanctuaire en train d'essayer de me buter pour que je ferme ma gueule : une idée un peu naze, en somme. De toute façon, hurler ses quatre vérités à la tronche de Noé risquait d'avoir assez peu d'impact sur lui – il s'endormirait juste moins vite que si je les lui énonçais posément. Parce que Noé, c'est un type décontracté, vous voyez. Le genre qui reste tranquille même quand un chaton prend feu à côté de lui, et qui préfère laisser sa petite sœur partir avec le monsieur tout nu sous son manteau s'il y a plus de deux bornes à faire pour aller la sauver. En bref, j'avais le temps d'accoucher une quinzaine de fois avant de trouver un moyen de faire en sorte que ce mec-là se sente concerné ; et même si je ne m'expliquait pas ce qui avait pu lui passer par la tête quelques minutes auparavant pour qu'il vienne directement se confronter au problème, j'étais à peu près certaine que ça cachait un truc bizarre – probablement son sexe, ouais. C'est drôle. Non, il devait manquer de thunes, avoir besoin d'un endroit où crécher, ou bien il venait d'apprendre que les nouveaux-nés se vendaient très cher au marché noir... Quoi qu'il en soit c'était un s*l*ud, et il était très probablement venu dans le but de me faire une autre saloperie plutôt que pour poser sa main sur mon ventre avec tendresse.

Une fois cette constatation établie, réfléchir n'était plus vraiment nécessaire. Noé n'était qu'un con, au même titre qu'Ercan ; mais puisque ce dernier n'était pas là, le déchu allait prendre pour deux. C'était super simple, comme plan. Et je m'empressai de le mettre en pratique, mon poing fusant spontanément vers la pommette du jeune homme avant même que je n'aie eu le temps de me persuader que c'était une bonne idée. Et ce n'était certainement pas une bonne idée, à vrai dire – 'la violence ne résout rien, blablabla ta mère', enfin vous voyez. N'empêche que la perspective d'avoir peut-être pété la mâchoire du père de mon futur gosse était drôlement plus apaisante qu'on se l'imaginerait, dit comme ça... Il l'avait cherché, de toute façon : quand on interrompt un règlement de comptes entre abrutis bourrés, faut pas non plus s'attendre à recevoir des fleurs.
Revenir en haut Aller en bas
 

Une licorne et des baffes | ft. Bibiche

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» [IX] Crin de licorne et poil de gnome | Asra & Claer
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Est :: Forêt aux mille clochettes-