A la frontière du désert, Ludwig attendait, calmement, se remémorant ce que l'Æther lui avait dit quelques temps plus tôt. « Mon cher, si j'étais toi, j'attendrais avant de m'élever. Les temps à venir seront compliqués. ». Il avait ri à cette mise en garde. « Et c'est toi qui dis cela ? Alors que tu n'es qu'une Mortelle ? ». « Écoute la Mortelle, sinon ta longue existence se traduira par un cuisant échec. Néanmoins, je ne suis pas ta mère, malheureusement, et, de ce fait, libre à toi de périr une bonne fois pour toute. Je ne viendrais pas t'aider. ». Le démon, les heures qui suivirent, en riait encore. Néanmoins, les jours suivants, il y réfléchit plus sérieusement, à elle, à sa vie, à la relation qui les liait. Quelle raison pouvait-elle bien avoir de le mettre en garde ? Certes, il avait essayé de la tuer jadis mais cela était tellement lointain qu'il ne se rappelait même plus des événements en détail. Depuis, il s'était rattrapé convenablement, l'aidant dans diverses expériences. A en regarder le passé, il pouvait dire qu'ils étaient proches, du moins, autant que deux individus de leur trempe puissent l'être. Alors pourquoi ? Il n'eut la réponse que bien plus tard, la jeune femme ne réapparaissant pas pour la lui fournir. Ludwig avait tout sacrifié pour s'élever. Il avait légué son peuple à Gaïa, il avait préparé son avenir, chercher en lui quel domaine pouvait le définir au mieux. Tout ce qu'il devait faire, il l'avait fait. Ne manquait plus que ce pas décisif, ce pas pendant lequel il risquait de disparaître dans les limbes pour avoir eu l'audace de prétendre au titre d'Æther. Mais si son entreprise était perdue d'avance, il préférait attendre. Et quand les premiers Ridere étaient apparus, il avait compris qu'une catastrophe arriverait bientôt.

A présent, il se trouvait debout, à la limite entre les terres d'émeraude et le désert. La magie avait disparu, hormis celle qui se trouvait dans le ciel, d'épais nuages de brume ou de poussières couvrant absolument tout sauf la lune noire qui n'avait jamais été aussi pleine et ronde. Les astres avaient disparu, le soleil avait disparu même si la lumière bleue éclairait les terres du Yin et du Yang. Tout ce qui faisait qu'un ciel était ordinaire avait disparu. Le temps semblait orageux mais tout ce qui descendrait de ce ciel venimeux serait la fin de leur monde. Pourtant, Ludwig avait vécu, il était vieux, bien plus vieux que la plupart des êtres foulant ces terres. Il était instruit et il avait compris en voyant s'élever de terre les cylindres de magie bleue qu'il était temps, temps de réunir le cristal maître. Sans magie, ceci serait dur, mais tout à fait possible. Comment faisaient les humains, ces êtres abjects, pour vivre ? Le démon ricana. Si eux y arrivaient, il n'y avait aucune raison que lui y échoue. Il attendait cependant, attendait que des êtres croisent sa route. Il n'avait pas l'intention de se rendre à la Pyramide seul, il lui faudrait de la chair à sacrifier aux nombreux pièges du lieu. La Pyramide, il partageait la thèse qui voulait qu'elle ait été un lieu de culte jadis. Son architecture était sans doute bien trop complexe pour les créations Mortelles, sans compter le labyrinthe gigantesque qui se trouvait dedans, les passages secrets et les culs de sac. La puissance de Ludwig était grande, magiquement bien sûr – même si cela ne comptait plus, et puis, physiquement. Il n'en avait pas l'air pourtant. La finesse de son anatomie couplée avec sa taille élevée ne laissait présager qu'un gringalet que l'on aurait pu faire tomber comme une vulgaire quille. Mais il n'en était rien. Ludwig avait commandé des génocides, celui des humains notamment, il avait livré bataille contre ses opposants, et dire que la souveraineté des démons était aussi calme que celle des anges était une erreur monumentale. L'homme avait combattu une centaine de démons, tous prêts à prendre sa place, tous échouant lamentablement, tous condamnés à vivre l'enfer et la damnation. Il avait marqué l'histoire, son nom figurait dans chaque livre contant le passé des Terres du Yin et du Yang.

Il sourit. Dire qu'aujourd'hui, il allait essayer de sauver le monde. C'était risible. Mais de démon il n'avait plus que l'essence, une essence qui changerait dès que ce calvaire cesserait, s'il cessait un jour. Quoi qu'il en soit, la zone normalement déserte ne l'était plus vraiment. Souvent, il voyait passer au loin une âme égarée, cherchant son chemin, esprit redevenu mortel. Le continent du matin calme devait être inondé de vivants. Tout ceci devait cesser. Rapidement.

772

Explications <3 <3 <3:

Il avait rêvé. Une fois de plus, ne dormant que d'un demi-sommeil depuis quelques jours, il avait rêvé à bien des êtres et bien des choses. Sa ville, son Palais, tout ce qu'il avait construit se retrouva détruit. Soigneusement détruit par les Ridère, être abjects qui osaient attaquer son fief. Seulement, il ne se rendait pas compte que les êtres abjects, c'était eux, et non les premiers êtres vivants. Cocoon soupira. A nouveau, il avait dormit n'importe où, dans une semi-bicoque tenant à peine debout. Après sa toilette de chat, tout ce qu'il entendit fut les cris de quelques uns.
Au dehors, depuis les plus hauts étages des bâtiments, il pouvait apercevoir un ciel maussade, et du sol, sortait comme des piliers de lumière, bleu. Ces filets de lumière pénétraient la couche céleste, pour essayer d'éclairer de leur couleur les alentours « Bordel mais qu'... » La colonne de clarté le plus proche devait être, à vue de nez, dans le désert. Au pire à Avalon... Mais non.

Cocoon essaya de rassembler ses esprits « Déon. » Le type apparut, sortant de n'importe où -peut être était-il ici depuis le départ ? Sans doute...- « Le cristal me l'a montré cette nuit. », « Il n'y a rien de plus solide qu'un cristal plein ! » L'Orishala haussa les épaules « T'es chiant, j'ai jamais de nouvelles inédites à te filer. » L'Espion ricana, alors que le titan s'engagea sur les routes, pour se rendre vers ce lieu de lumière.

Cette nuit, alors qu'il passa une nuit agitée, à transpirer comme pas possible, il avait vu, parmi les limbes de ses rêves, de son sommeil, un maitre du temps. Il ne savait pas qui c'était, ni ce qu'il faisait... Ni à quoi il servait. Il était habillé d'habits particulièrement raffinés et pompeux avec une coiffe de tous les diables sur le crâne. Ce fut sa façon de s'exprimer qui marqua le plus le géant. Il faisait des rimes. Ah bha pour sur, c'était joli mais bordel, fallait tendre l'oreille pour en comprendre au moins un tiers... Cocoon était pourvu d'une mémoire ultime. Tout ce qu'il voyait et entendait, se fichaient à jamais dans son cerveau.
Il fut ravis car, depuis son réveil, les foutues paroles de ce type, apparut de n'importe où, résonnèrent en boucle dans sa tête. D'après lui, et ce qu'il en interprétait, il fallait qu'il comprenne que le cristal maitre était la clé. Le même put*i* de caillou qui avait faillit les tuer il y a quelques temps de cela. Les images que Yulenka lui avait montré revinrent petit à petit, pour effacer l'image de l'homme. Un monde dévasté, et complètement aride, laissé à l'abandon.

C'était important et même crucial de suivre ces commandements.
Le type lui avait, de façon détournée, expliqué que les premiers êtres vivants, du moins un semblant humanoïdes, n'étaient pas les Humains, mais les Ridère. Les Enfants Premiers. Et que cette rébellion venait forcément de quelque part. Cocoon savait que, au bout d'un moment, les enfants se révoltaient contre leur propres parents mais ici, qui était le Saint-Père ? Celui qui enfanta ces engeances, pour les éparpiller partout autour des mortels ?
L'Orishala en avait marre. Marre de devoir lutter contre des fléaux qui n'étaient pas les leurs. Seulement, les pots cassés ne seraient réparés et réparables, que par les plus grands, ceux dont il faisait partit.
Tout de blanc vêtu, le lin presque transparent saillent parfaitement avec sa peau hâlée, il se rendit à l'orée du Désert.

En marche pour découvrir le mystère de ce rêve, et ce pylône de couleur qui, pour lui, ne représentait rien. Les paroles en rimes du fou du temps résonnèrent dans sa tête et il n'arrivait pas à se les sortir.
Des rêves, des murmures... Tout entrait, et rien de sortait, comme s'il avait besoin de son cerveau explose, dans un moment pareil.
Doté d'un don peu commun d'un self-control hors pair, il finit par profiter de cette marche solitaire -ayant abandonné Déon là où il avait bien voulu partir- pour se vider définitivement la tête. Il voulait traverser le désert serein. Les problèmes viendraient bien après qu'il serait au-devant de cette colonne bleue.

Pensant affronter l'étape seul, ce fut avec une surprise parfaitement dissimulée qu'il observa des gens déjà regroupés, autour d'un homme dont la puissance et l'aura était non-négligeable.
Le Titan venant derrière une partie du groupe déjà en place, il doutait fortement que quelqu'un le reconnaisse dans ce chaos intersidéral. Et puis pour ses fesses -bien qu'elles étaient assez bien protégées- il valait mieux pas que le peuple rebelle le reconnaisse, au risque de vouloir lui trouer la peau. Les temps étaient durs, même pour les souverains. Surtout, pour les souverains.
L'Orishala ne fit attention qu'à l'homme calme au milieu, détaillant se stature et son aura avec précision, alors que son corps et son visage était couvert de blanc, habit fétiche lors de la traversée des déserts arides.

Le problème était le suivant : peu avant que la magie ne s'éteigne, William avait eu la glorieuse idée d'invoquer Dodo pour rire, à l'intérieur même d'une taverne. La créature avait dû se mettre à quatre pattes pour ne pas détruire le plafond. Le démon de la paresse avait ensuite ri de bon cœur, décrétant un : « Ne vous inquiétez pas, je vais le faire disparaître ! Ha ha ! ». Il s'était gratté la tête, deux fois : la première avant d'essayer, la deuxième après avoir échoué. Mince. Seulement, bien entendu, il devait rejoindre Violette dans le désert, avec Dodo car il n'était pas question qu'il laisse son ami de toujours ici. Il avait grandit avec la boule de poils après tout. « Bon allez viens Dodo, on s'arrache ! ». Et en effet, ce fut le mur de la taverne qui fut arraché, provoquant la colère du propriétaire des lieux : « Non mais c'est une honte ! Ma taverne a survécu aux Ridere ! Ce n'est pas pour qu'une sorte de dégénéré avec son animal domestique me la détruise ! ». William leva alors son index afin de fournir une bonne raison à un tel comportement mais, finalement, ses yeux se fermèrent, son corps chutant vers l'avant dans un grand ronflement. Heureusement, Dodo avait l'habitude, glissant sa grosse patte à l'endroit de l'impact présumé, le démon tombant dans sa paume douce et propice à la sieste. « Non mais c'est quoi ce bazar ! Vous allez me rembourser hein ! Non mais !! » pesta l'homme de qui la tête était devenue rouge pivoine à cause de la colère. La bouche de Dodo format une sorte de o, comme si l'animal était perplexe. Puis, ce o s'ouvrant en énorme D couché, un son en sortit : « GGRROOAAAAAAA ». Ce n'était pas un bruit apeurant, juste l'animal qui s'exprimait aussi lentement que pouvait le faire parfois son ami le démon. Seulement, son haleine fétide eut le bon ton d'achever le tavernier qui sentit un haut le cœur le prendre. Sans demander son reste, la créature partit, faisant trembler légèrement le sol à chacun de ses pas, William ronflant dans sa main. Peu importe l'état de surpopulation du monde, les gens s'écartaient devant l'imposant Dodo.

Pendant ce temps, dans le désert, près de la frontière, Violette fixait depuis déjà quelques minutes un homme qu'elle aurait aimé voir éventré, écartelé, écorché et tous les qualificatifs en « é » et assez peu sympathiques qui pouvaient exister. Il n'y avait pas besoin de connaître sur le bout des doigts l'histoire de ce monde pour reconnaître Ludwig, surtout lorsque l'on était un humain. Seulement, si par le passé elle aurait pu l'affronter, à présent, rien que la vision de ce dernier lui donnait froid dans le dos. Néanmoins, qu'importe, elle devait être digne, lui montrer que les humains n'avaient plus peur de lui. Aussi, elle commença à s'approcher avant de percevoir un autre mouvement, se terrant de nouveau dans la dune de sable qui la maintenait cachée depuis un certain temps. Si elle était là, c'était à cause du pylône de magie qui s'était élevé au dessus de la pyramide. Suris leur avait dit qu'ils devraient réunir le cristal maître et elle savait ce que ces cylindres signifiaient. Elle avait d'ailleurs donné rendez-vous à William et Kyo ici afin qu'ils puissent l'aider dans sa quête. Néanmoins, elle n'avait qu'à voir ce beau et cruel démon se tenir là, semblant attendre quelque chose, pour comprendre que leur mission devait sans doute être la même. Elle soupira, agacée par avance d'avoir décidé de le rejoindre, de les rejoindre car au fur et à mesure, un petit groupe avait fini par se former aux côtés du démon. Certains avaient une aura impressionnante, une stature impressionnante, mais bon, elle n'était pas dupe. Ayant assisté à un conseil des chefs qu'elle avait elle-même pris l'initiative d'organiser, elle avait depuis longtemps perdu foi en ceux qui en imposaient trop. Et puis, elle finit par reconnaître la dame des Abysses. Comment manquer une telle femme ? Ludwig et elle feraient un si joli couple. Elle finit par en rire, sortant de sa « cachette » pour avancer vers eux. Elle aussi habillée de blanc, elle portait une tunique et un pantalon bouffants, des couettes qui descendaient dans le bas de son dos, sa tête enroulée dans un turban. Regardant Vanille un instant, elle lui sourit tout de même : « Il ne manque plus que l'impératrice de la nuit et l'autre beau ténébreux et on pourra faire la fête... ». Youpi. Violette détestait Yulenka qu'elle jugeait inapte à comprendre le sens d'une phrase. Quant à Jun, il avait tué sa mère adoptive et sa petite sœur. Néanmoins, vu qu'elle le croisait beaucoup ces temps-ci et que ces dernières avaient retrouvé la vie, elle était mitigée à son égard.

Se demandant où était Kyo, elle vit cependant arriver Dodo, fixant l'étrange créature qui portait William qui roupillait, un grand sourire sur les lèvres. Puis, les yeux verts de la jeune femme se portèrent sur l'autre géant de l'endroit, pas l'homme ressemblant à une momie mais bien la chose à poils. Elle ne connaissait pas son espèce. S'avançant vers le propriétaire sans un regard vers Ludwig – de toute façon, il devait aussi la connaître, fille adoptive d'un seigneur démoniaque qui lui avait succédé – elle finit par s'adresser à lui, caressant le pelage de l'énorme animal. « Excusez-moi ? Vous, là haut, ohé !? ». Elle sourit, fournissant tout de même son identité. « Je m'appelle Violette Taiji, enchantée. ». Ses doigts grattouillèrent le Töh Taureau. « J'aimerai savoir à quelle espèce appartient votre animal ? ». D'ailleurs, la question intéressait aussi Dodo qui s'approcha du Töh Taureau pour lui faire « pouic » sur le ventre avec sa patte. « GRRRROOOOOAAAA ». Après tout, autant ne pas mourir idiote.

982 mots

Spoiler:

Ludwig fixait les individus arriver de ses yeux perçants, ces derniers étant les seuls à se mouvoir un tantinet. Le reste de son corps restait parfaitement immobile, son expression figé dans une éternelle froideur maléfique. Et puis, lorsqu'il vit cette enfant arriver, un petit sourire apparut sur ses lèvres pincées, un sourire qui n'était en aucun cas sympathique. Une vulgaire enfant. Elle ne servirait à rien. Autant la tuer de suite, au moins, elle ne ralentirait personne. Cependant, les mots de la Dame des Abysses chassèrent un instant les idées plus que tentantes de l'homme, ainsi que son sourire. Il n'était pas des plus agréables et les seules fois où son expression changeait de la neutralité ne prédisaient rien de bon. « Ma Dame. ». Ainsi, l'on pouvait penser qu'il était « heureux » de voir cette femme arriver, chose qui n'était pas très loin de la vérité puisqu'il s'était de nombreuses fois intéressé à l’œuvre plus ou moins secrète de la reine des ondins. Une femme étonnante qu'il aurait certainement vu à ses côtés pour semer chaos et destruction, oui, s'il n'avait pas eu un goût prononcé pour les agissements en solitaire. « Hum. ». Ce commentaire était adressé à la troupe de personnes entourant le Töh Taureau. Que dire d'autre à des gens si peu intéressants ? Le démon aurait bien congédié celui qui surplombait l'animal en lui faisant remarquer que les handicapés feraient mieux d'être tués à la naissance, nuisance sociale par excellence, mais puisqu'il savait parfaitement qui il était, il préféra tenir sa langue. Enfin, qui il serait, plutôt, si les choses continuaient sur la lancée décrite par une « connaissance ». Quant à l'homme tout de blanc vêtu, s'il pensait passer inaperçu, c'était sans doute plutôt vain. Un homme de sa carrure ne se croisait pas à chaque coin de rue. Mais, certes, tous les êtres de ces terres n'avaient pas une connaissance approfondie de certaines notions. Beaucoup étaient ignares et stupides d'ailleurs, ce qui avait bien arrangé les affaires du démon par le passé. Quant à l'humaine, il appliqua la politique de cette dernière, à savoir, l'ignorer, comme la chose insignifiante qu'elle était. Tournant les talons, après avoir fixé un instant le démon endormi comme s'il s'imaginait calciner son corps d'un simple coup d’œil, il dit sèchement : « Nous allons à la pyramide. ». La Bélua n'avait pas eu le droit à un seul regard. Il n'aimait pas cette race qui puait le chien mouillé à plein nez. Au moins, ça lui permettait de concevoir que le Dieu Créateur pouvait aussi commettre des erreurs, énormes dans ce cas.

Il commença à marcher sans plus de cérémonie, regrettant d'avoir vocation à s'élever devant le spectacle affligeant de ce démon endormi. S'il avait été souverain, celui-ci aurait connu bien des heures de torture pour avoir osé se lier avec une humaine. S'il avait été souverain, il aurait repris son génocide en commençant tout de suite. Malheureusement, les temps changeaient et les désirs parfois devaient être travestis au profit d'une cause plus grande. Avançant plus doucement pour se retrouver à la même hauteur que Cocoon et Vanille, il leur dit, en employant le minimum de mots possibles : « La pyramide est, semblerait-il, le temple d'un ancien Dieu. Si une pierre se trouve là dedans, elle sera sans doute difficile d'accès. Mais nous savons tous les trois que nous survivrons, ce qui risque de ne pas être le cas de ceux-là. ». Un petit geste de tête désigna tous ceux qui les accompagnaient et dont, au final, il ne faisait que tolérer la présence. S'ils ne comprenaient rien à la situation, c'est qu'ils étaient trop idiots et le démon ne s'encombrait pas d'explications qu'ils jugeaient inutiles. S'ils avaient entendu, tant mieux, sinon, tant pis pour eux.

Un bruit léger mais bien présent ne tarda pas à attirer l'attention du démon. « Nous avons de la visite. ». Sa main glissa jusqu'à son fouet, encore enroulé mais prêt à être employé dans les secondes à venir. Et, effectivement, tout autour du groupe des individus s'étaient réunis, visiblement possédés par des désirs belliqueux. Était-ce des êtres démoniaques cherchant vengeance ? Des êtres affamés cherchant de quoi subsister ? Ludwig n'en avait que faire, ils étaient en travers de son chemin et il ne les sommerait pas de s'en écarter. Il préférait la méthode plus directe, celle qui se passait de beaux discours. « Tuez les. ». Simple et efficace, comme toujours.

744 mots

YOUHOU <3:

Cocoon resta silencieux. Les bras croisés, dans son habit de prince du Désert, il ne fit que scruter la foule qui commençait doucement à arriver. Le type en face de lui avait une aura toute particulière. C'était étrange que des enfants soient venus. Des pauvres gosses qui aimaient plus s'amuser sur l'animal géant, que s'occuper d'une quelconque mission.
Du moins en apparence.
L'Orisha s'en fichait, ils étaient libres de faire les andouilles. C'était étrange combien il ne le remarquait pas. Il voyait certaines choses et finalement ça lui glissait dessus car ça ne le dérangeait pas. La Liberté faisait adopter, à certains, une drôle de façon de penser...

L'Orateur silencieux avait l'air d'en connaitre une partie. Ca avait l'air évident et, en même temps, il ne savait pas si ce type les avait fait venir, ou si tout cela n'était que le fruit du hasard. Cependant, Cocoon eut du mal à mettre un nom sur ce type. Le titan était intelligent, mais peu cultivé. La tête dans les bouquins, ça lui plaisait pas tellement et il savait qu'il avait des failles sur bien des choses. Le conseil des chefs le lui avait prouvé. La Prophétesse, et tout ce bordel... Homme de terrain pour sur, mais peut être un peu trop.
Soupirant en regardant au-delà de l'homme, il se perdit à nouveau dans la contemplation de cette lumière bleue au loin.

En route pour la pyramide. Périple si long et si... Chiant. Ce fut dans le silence qu'il commença à marcher. Faisant un signe de tête à Vanille lorsqu'elle le regarda, pour la saluer -il était pas débile, il savait qu'elle l'avait reconnu- il avança pour se mettre en tête du cortège derrière Ludwig. Etrangement, il se retrouva non loin de la Sirène et ce fut le Démon qui se plaça entre eux, rompant le silence.
Ah bha lui... Au moins il savait bien ce qu'il voulait... Lui annonçant que leur groupe était partiellement constitué de bras cassés, l'Orisha ne fit que dire de sa voix rauque et grave, haussant nonchalamment les épaules « Ils désarmeront les pièges pour nous au pire. Je pense qu'on pourra leur trouver des occupations assez ludiques. » Puis il chercha dans ses connaissances pour le Dieu oublié dont parla Ludwig. L'Orishala était assez détaché de la situation actuelle, et son ton restait presque monocorde « J'ai fais quelques escapades... Non désirées, dans la Pyramide. Elle m'a jamais bouffé mais c'était pas loin. Même si mes connaissances dans le domaine divin et religieux sont assez étroites, je me demande si j'ai pas déjà croisé quelque chose en rapport avec le Dieu dont vous parlez. La dernière fois que j'ai traversé la Pyramide, j'ai eu l'occasion de tomber sur une anti-chambre assez curieuse. Je pense que c'était un ancien lieu de culte. Des statues toutes identiques, des objets qui avaient traversés les ères comme des anciennes offrandes... Les salles ont dû changé, mais les trésors qu'elle recèle ont dû resté. Elle était simple et entourée de piège. » Levant légèrement les yeux il dit « Les choses les plus simples détiennent souvent les plus grands secrets... » Son regard vairon dévia pour regarder ses deux acolytes.

Plus loin des bruits lui parvinrent. Ludwig annonça la visite. Cocoon revêtit des gants en cuir, renforcés d'acier. Depuis qu'il avait cassé sa claymore et qu'Asîlah lui ai retiré son arme divine, il se retrouvait à nu. Peu désireux de se rendre dans la forge céleste de Mégido pour avoir une claymore en Orishalque, il se contentait de ses poings, dévastateurs à eux seuls « Bordel... » Soupira-t-il. L'ordre que donna le démon ne lui parvint pas vraiment, et il mit un certain temps à voir les individus opposés bouger. La chaleur l'irritait, et en temps de crise, il avait l'impression qu'elle était bien plus obsédante qu'en temps normal. Deux gars arrivèrent vers lui, le maintenant en joue de leurs glaives, Cocoon râla. Ses yeux scrutèrent les guerriers des sables, et il s'en approcha d'un pas. Ce qui suffit à déclencher l'émeute. Dans un cri ils se lancèrent sur lui. Attrapant leur lame à pleine main, il les tira d'un coup sec vers lui. Deux bruits sourds retentirent. Il avait déboité l'épaule respective de chaque voleur. Lâchant leur épée, chacun essaya de se relever « Allez bouffer du sable sérieux. » Prenant la tête de l'un, il la frappa contre celle de l'autre. Celui qui lui resta dans les bras tomba dans le coma alors que l'autre vacillait, tombant au sol. Se débarassant de l'un, il s'approcha de l'autre « Att... » Il le gifla, lui brisant la nuque sur le coup.

Dans des pas lascif, il s'approcha des autres, guettant le moindre ennemi qui se jetterait sur lui, dans une grande opération suicide.

Un petit sourire revint sur les lèvres de Violette lorsqu'elle se rappela les dires de Vanille. Apparemment, elles possédaient un point commun des plus prometteurs. S'imaginant un instant disserté durant des heures sur cette reine à l'apparence juvénile, elle finit par rire. Peut-être n'était-elle pas la mieux placée pour faire le moindre commentaire puisqu'elle n'avait été, alors, qu'une enfant, néanmoins, elle était plutôt fière de ses exploits. A vrai dire, elle n'avait pas réalisé ces derniers seule mais elle ne manquait pas d'être reconnaissante. Les sirènes, elle savait qu'il valait mieux s'en méfier. Trop d'individus les considéraient encore comme de petites choses sans défense mais d'après les dires de Mitsuko, il n'en était rien. Aussi, en vu de l'attrait de Ludwig pour la Dame des Abysses, cela ne faisait que conforter ce qu'elle pensait. Cependant, se méfier ne voulait pas dire éviter scrupuleusement la personne. C'était différent. Il fallait simplement traiter avec un regard plus attentif, en restant sur ses gardes. Enfin, qu'importe, l'humaine n'avait pas l'intention de prétendre de nouveau au trône. Néanmoins, elle doutait de rester loin de la politique de sa race, celle-ci l'intéressant au plus haut point depuis toujours. Conseillère du roi, voilà qui irait parfaitement, une fois qu'elle aurait parcouru le monde et prit du bon temps, celui qu'elle ne s'était pas offert depuis des années. D'ailleurs, monter sur le fameux Töh Taureau en faisait partie. Dodo répondit à son comparse : « GRRROOOOOAAAAA !! ». Se comprenaient-ils seulement ou était-ce des essais d'échanges infructueux ? Violette n'en avait aucune idée mais, en tout cas, cela ne troublait pas le sommeil du démon. Se plaçant aux côtés de l'homme aveugle, elle le regarda un instant. Il ne devait pas voir grand chose. Oh non bien sûr, elle n'était pas idiote, mais elle pensait que tout aveugle doué de magie pouvait trouver des parades à son handicap. Et puis, s'il comptait se hisser au sommet d'une race, elle se doutait qu'il devait avoir des talents cachés. Son intelligence devait en être un car sa morphologie n'avait rien de spectaculaire, pas comme la masse blanche qui marchait un peu plus loin. Lui était plutôt mastodonte. Mais bon, il fallait de tout pour faire un monde et puis les femmes devaient apprécier être défendues par un homme de cette envergure. Ce n'était pas son cas, elle était indépendante et préférait se débrouiller seule, même si parfois son entêtement devenait dangereux. Les paroles de Ludwig la firent rire. Elle n'était pas du genre à prendre mal les propos acerbes, sinon, cela ferait longtemps qu'elle se serait suicidée, mais qu'il puisse critiquer sans s'en cacher l'amusait. En tout cas, s'il venait à être en danger de mort, il était certain qu'elle ne viendrait pas le sauver, ni lui, ni les autres. Après tout, ils n'avaient pas besoin d'aide, ni pour se défendre, ni pour mourir.

Violette reporta son attention sur Eerah, laissant le Töh Taureau et les « puissants » repousser les envahisseurs. « Töh Taureau. C'est intéressant. Je suis sûre que Dodo aimerait avoir un compagnon aussi imposant que lui. ». La dernière fois, l'animal avait essayé de faire connaissance avec un lapin mais le simple bruit de ses pas avait fait fuir le pauvre animal. « Oh et puis, pour leurs propos, qu'importe, rira bien qui rira le dernier. Je préfère les laisser dégager la voie personnellement, comme cela, pas besoin de se fatiguer pour rien. ». Elle n'avait pas tord, pourquoi critiquer ceux qui se chargeaient de tuer leurs ennemis ? Néanmoins, c'était l'enfant qui l'inquiétait un peu. Elle n'avait pas fait attention à elle précédemment, quelque peu occupée à contempler l'animal sur lequel le Déchu était fiché, mais ce n'était pas raisonnable de laisser la petite fille seule au milieu d'un champ de bataille, ni même de la laisser assister à pareilles scènes d'horreur. Les Humains avaient vécu des moments atroces, mais les séquelles étaient bien plus importantes quand il s'agissait d'enfants. Glissant à son tour du Töh Taureau, elle s'engagea pour aller aider la petite fille, sur la même longueur d'onde qu'un tigre visiblement. Parant l'arme de l'enfant avec son propre sabre, elle finit par déclarer en s'accroupissant en face d'elle. « Tu ne préférerais pas plutôt faire un tour de Töh Taureau ? J'ai vu que tu le caressais tout à l'heure ! Tu verras, il est tout doux et sur lui tu verras tooooouuut le désert et aucun méchant ne pourra t'atteindre ! Et si tu fermes les yeux, tu pourras même avoir l'impression de voler ! ». Elle sourit, lui tendant la main : « Si tu veux je vais t'aider à grimper ! ». Violette restait sur ses gardes malgré sa voix douce et son air assuré. Les ennemis avaient tôt fait de repérer les individus qui ne surveillaient pas assez les environs.

802 mots

Spoiler:

Ludwig s'arrêta un court instant, la main sur son fouet. Seulement, oh c'était risible, il n'eut pas à s'en servir. Un pas, un simple pas de sa part suffit à faire reculer tout ceux qui auraient eu pour idée de venir l'attaquer. Un simple regard faisait trembler les attaquants qui n'osaient pas s'en prendre à lui. La soumission ultime. Aussi, il avançait, lentement, comme s'il se tenait devant son ancien peuple, ses yeux fusillant quiconque aurait osé mettre en doute sa domination. Ils reculaient tous, tels des lapins apeurés, préférant fixer le désert, préférant s'en prendre aux autres, plus abordables. Le Démon finit par rire doucement. Il était trop puissant pour ce monde, trop effrayant pour se contenter d'être un Mortel. Les Ætheri eux-mêmes semblaient le pousser à s'élever car il n'avait plus aucune limites. Et plus le temps passait, plus il lui semblait ne plus appartenir à ce monde, ne plus pouvoir faire partie de cette existence. Tout était trop facile. Tuer d'un regard, qui aurait cru cela possible, et pourtant, un homme fit une crise cardiaque, bien trop près du Démon, dans son champ de vision, ne pouvant supporter le poids de son regard fixé sur lui, un regard noir, obsédant, colérique, le pire cauchemar de quiconque l'aurait aperçu. Oui, c'était ça, Ludwig était sans doute l'idée que l'on se faisait de la mort, l'idée que l'on se faisait de la pire souffrance qui pouvait se présenter. Il était cet être que nul ne souhaitait croiser, cet être capable d'éradiquer un continent entier si l'envie lui en prenait. Il aurait pu, oh oui, il arrivait toujours à ses fins, mais à quoi bon se battre quand à lui seul il pouvait représenter la Guerre, être prié par des guerriers qui iraient risquer leurs vies vainement, espérant qu'il les soutienne, lui qui, seul, aurait pu gagner toutes les batailles. Aussi, il avançait, simplement, bientôt en tête du cortège, laissant les festivités à ceux à qui elles importaient. Il ne se retourna pas, jamais. Que ceux qui devaient mourir trépassent, que ceux qui devaient vivre arrivent à la pyramide à sa suite.

L'édifice était immense, comme à son souvenir. L'Orishala avait parlé d'une anti-chambre. Peut-être la pierre se trouvait-elle là bas ? Les légendes étaient nombreuses sur ce lieu. Comment avait-il été créé ? Cela restait un mystère. En plein désert, cela faisait des ères et des ères qu'elle était là, fixant le monde, impassible, inatteignable malgré toutes les catastrophes qui avaient ponctué le monde. Plissant les yeux, Ludwig aperçut un second démon, un qu'il connaissait. Son histoire avait fait rire, durant des années, tous les habitants de l'Enfer. Un Démon ayant conclu un pacte démoniaque avec des anges, prenant en charge une humaine. C'était risible, du moins, ça l'aurait été si celui-ci n'en avait pas fait une reine capable de défier l'œuvre de sa vie. Il était celui qu'il tenait responsable en partie de la construction d'Utopia, de la réunification des humains. S'il n'avait pas été lié à une divinité de sa connaissance, il l'aurait tué. Malheureusement, la courtoisie voulait qu'il n'en fasse rien. Ces Taiji.

Ludwig se retourna, constatant que le groupe dans son ensemble avait survécu. Comme quoi, les mauvaises herbes étaient bien difficiles à vaincre. Néanmoins, il en aurait sans doute besoin une fois à l'intérieur. Ses yeux regardant un instant Cocoon, il finit par déclarer : « Nous devons trouver une anti-chambre remplie de statues aux allures identiques. ». Il s'arrêta sur les animaux présents. « Ils resteront dehors. Pas la peine de s'encombrer de choses énervantes et inutiles. ». Il précisa. « Le premier qui en fait entrer un dans la pyramide signera l'arrêt de mort de son compagnon. Et la sienne. ». Peut-être même qu'il les tuerait gratuitement, si l'enfant se mettait à pleurer par exemple ou s'il s'apercevait que la Bélua avait des puces ou si l'handicapé rentrait un mur, toutes ces petites choses irritantes au possible. Fixant Vanille, il lui fit signe d'entrer en première : « Après vous. ». En réalité, il était décidé à entrer le dernier, ayant envie de voir comment les individus réagiraient lorsqu'il les fixerait avant qu'ils ne franchissent la large porte qui les mettrait enfin à l'abri de la chaleur. Et puis, il était loin d'être idiot. Si les êtres de ce monde reculaient devant lui, les pièges, eux, n'avaient guère l'intelligence de faire de même. Autant ne pas s'énerver et détruire l'édifice millénaire à cause de sa rage. Après tout, il ne fallait guère oublié que la colère était son péché, une colère dévastatrice et renommée.

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