Une forêt dense... chaude et humide qui plus est... Parfaitement le temps que je détestais... Qu'est-ce qui m'avait prit de venir dans un endroit pareil ? Et seule qui plus est ? Et puis comment étais-je arrivée là moi ? Je ne connaissais pas cet endroit et il ne me rappelait aucune des descriptions de lieux que je connaissais. Ma tête me faisait mal et j'avais la nausée. Je reprenais peu à peu conscience de mon corps et me rendit compte que j'étais à moitié dévêtue, ma robe partiellement déchirée et allongée à même le sol. Tente de me remémorer ma précédente journée, je me rendis rapidement compte que de la veille, il ne me restait plus que de souvenirs des relents de gin, de vodka et de saké... Je palpais alors précautionneusement chaque parcelle de mon être... et de violentes douleurs me prirent aux côtes. Dans quel pétrin m'étais-je encore envoyée ?

Je me relevais péniblement, mon corps chancelant sur mes frêles petites jambes, et m'approchais d'une petite flaque d'eau -probablement laissée là par les précédentes pluies tropicales- afin d'observer un peu plus attentivement mon visage. Je voyais étrangement flou tout autour de moi et mes yeux mirent quelques temps avant d'effectuer la mise au point. Apparut alors devant moi l'image d'une fillette aux cheveux roux coupés courts et à yeux d'un incroyable vert émeraude... couvert de contusions et de bleus divers et variés. Je faisais véritablement pitié à voir et la grimace qui s'esquissa sur mes lèvres n'arrangea en rien ce à quoi je ressemblais. Un enfant battue. Oui, j'avais bien l'impression de ressembler à une enfant battue, et les douleurs que je ressentais ne me disaient rien de bon non plus. Bon sang, mais qu'est-ce qu'il m'était arrivé ? Et comment diable étais-je arrivé au beau milieu de la jungle alors que je me trouvais en plein cœur de Mégido la veille (selon les derniers souvenirs clairs que j'avais à ma disposition) ?

Quoi qu'il en soit, je ne pouvais assurément pas rester ici les bras croisés. Je tentais alors de reprendre, grâce au pendentif de Neriel, une apparence un peu plus âgée, voir mon apparence réelle... mais quelque chose m'en empêchait. Je soupçonnais alors le lieu d'être fortement chargé en magie pour perturber mon précieux collier ainsi. Soit, même si je faisais peur à voir, ou bien pitié, - ce n'est qu'une question de point de vue -, il me fallait regagner au plus vite la civilisation et retrouver Milady. D'ailleurs, qu'est ce qu'elle faisait celle là ? Alors que j'avais besoin d'elle ! Peut être même que cette farce saugrenue venait d'elle... Non. J'oubliais qu'elle tenait à sa petite sœur adorée et qu'en aucun cas elle ne m'aurais abandonnée dans un endroit aussi hostile, voir même abandonnée tout court. Décidément, j'avais le chic pour côtoyer les mauvaises personnes et les mauvais endroits...

Je décidais donc de marcher droit vers l'est, bien que je ne sois pas réellement certains que ce soit le cas. Peut être qu'avec un peu de chance, je rencontrerais un âme qui vive en ce lieu...

Je marchais depuis je ne sais combien de temps à travers la végétation envahissante de la jungle, sans savoir où j'étais ni où j'allais. Mon corps me faisait un mal de chien et je n'avais remarqué que bien plus tard quelques plaies qui saignaient encore sur mes jambes. Une trainée de sang me suivait à la trace tel un serpent qui n'attendait que le bon moment pour venir me frapper mortellement. Mais je ne ressentais aucune peur, aucune angoisse. Ce n'étaient que de petites coupures, je n'allais pas en mourir pour autant. Pouvais-je mourir en étant déjà morte ? Je ne le savais pas et n'avait aucune envie de le deviner. J'avançais, continuellement, sans m'arrêter, sans me retourner, comme je l'avais toujours fait dans ma vie jusque là.

Des souvenirs commencèrent à me revenir en mémoire, mais sous une forme auditive plutôt que visuelle. Des voix d'hommes résonnaient dans mon esprit, des voix d'hommes que je ne connaissais pas mais qui réveillaient en moi une forme de fureur, de dégoût et probablement une envie de vengeance et de meurtre. Et si j'étais arrivée ici sous cette forme de gamine à peine âgée de 8 ans, cela ne devait pas être pour rien. Bande de crevard... Il ne me fut pas bien difficile d'en déduire ce qui m'était arrivé, mais beaucoup plus de me rappeler de la façon dont je m'étais retrouvé dans cette situation là. Un nom me vint en tête et la rage qui bouillait dans mes veines ne fit qu'en augmenter. Milady. C'était encore un coup de Milady, j'en étais certaine ! Elle m'avait laissé seule ! Encore ! Cela ne pouvait en être autrement. Je pestais silencieusement, marchant les yeux rivés sur le sol, lorsqu'un malheureux cailloux se retrouva sur mon chemin et apprit à voler en direction des fourrés.

Ce que je n'avais pas prévu... c'était le feulement sauvage qui en sortit... Aveuglée par mes violentes émotions, j'en avais quelque peu oublié que je me trouvais dans une jungle. Et qui dit jungle dit animal sauvage. Un rugissement de félin en colère gronda à nouveau et mes jambes, même blessés, s'activèrent d'elles mêmes. Jetant un regard inquiet par dessus mon épaule, je vis un jaguar furibond bondir au milieu du chemin. C'était mauvais. Très mauvais. Mon instinct de survit poussa mes jambes à accélérer leur course, alors que je savais parfaitement qu'en ligne droite, le félin ne mettrait pas longtemps à me rattraper.

Brusquement, alors qu'un tronc me barrait le chemin, je me servit du sang qui coulait de mon bras et de ma marque pour maudire ce dernier, avant de bifurquer rapidement à travers les arbres. Comme je m'y attendais, la magie était plus puissante dans ce lieu, et alors que mon prédateur sautait sur le lourd tronc pour changer plus rapidement de direction, celui-ci se brisa en deux et l'animal s'écroula au sol, déboussolé, au milieux des éclats de bois. Je ne m'attardais pas plus longtemps sur la scène, voyant ce dernier se relever péniblement. Je repris ma fuite, aussi vite que mon frêle corps me le permettait. J'arrivais alors dans une grande clairière au milieu duquel trônait un arbre gigantesque... gigantesque et facile à escalader. Un homme était assis par terre non loin de là. J'étais sauvée. Mais le félin ne m'avait pas pour autant lâché et débarquait à son tour, se rapprochant dangereusement de moi...

Le souffle court, mon corps usant de ses dernières forces pour échapper à mon prédateur, je peinais à rester consciente et ma vue se brouillait. Je n'allais tout de même pas m’évanouir d'épuisement alors qu'une bête enragée s’apprêtait à m'attaquer tout de même ?! Je la sentais se rapprocher dangereusement, feulant contre cette petite fille que j'étais et qui l'avait agressé. Je me maudissais de mon geste idiot et me mit stupidement à penser à ma mort prochaine. Jamais je n'aurais retrouvé ma tête, jamais je n'aurais accomplis ma vengeance envers ma sœur... si cet étranger que j'avais aperçus sous le non moins plus étrange arbre au centre de cette clairière n'avait réagis. Sans me retourner, j'entendis le jaguar miauler de douleur et s'éloigner de moi. C'est ce moment que choisirent mes jambes pour m'abandonner et je m'écroulais à genoux sur le sol, le souffle coupé.

Je me retournais alors, curieuse de savoir ce qu'il était arrivé à l'animal. Même à cette distance, je vis parfaitement le mince filet de sang qui venait tacher sa fourrure, juste derrière son oreille. Et le félin avait entamé un combat avec mon mystérieux inconnue... Il répliquait, farouchement, et je grimaçais en pensant au coup de patte puissante qu'avait reçus l'étranger. Mais ce dernier semblait prendre l'avantage et mon félin s'écroulant au sol, se préparant à recevoir le coup final et fatal... Non. Un élan en moi s'éveilla. J'étais coupable de la fureur du jaguar, et ce dernier n'était qu'en proie à la colère de s'être fait agresser de la sorte. C'était injuste si il mourait ici, par ma faute. L'animal ne devait pas subir l'injustice ignoble des hommes. Je ne sais pourquoi, mais je ne supportais pas l'idée que l'on tue un animal lorsque tuer un humain me semblait un acte tout à fait naturel... Mais je n'étais pas là pour me poser cette question. Je devais le sauver.

Alors, reprenant appuis sur mes frêles jambes qui tremblèrent de protestation sous l'effort que je leur demandait de fournir, je me relevais et sautais pour atterrir entre l'homme et le félin, avant de repousser l'humain de toutes mes forces... en oubliant que ma marque était active... Oups. Je criais alors, avec ma petite voix fluette que l'on m'avait fournit avec ce corps : <<- NON ! Ne le tue pas ! >>. Le jaguar, dicté par son instinct qui le prévenait d'une probable mort certaine, en profita pour filer en douce sans demander son reste... mais en se relevant, - je ne sais si c'était moi imagination - je le sentis frotter sa queue soyeuse contre ma jambe, ce qui m'électrisa entièrement le corps et le remplit d'une douce chaleur... étrange. Une fois partit, ma mission effectuée, je tombais à nouveau au sol, définitivement épuisée.

Je me rendis compte que mon état, avec mes blessures apparentes et mes vêtements déchirés, était potentiellement apte à amener toutes sortes de questions de la part de mon sauveur. Mais pour l'instant, il me fallait répondre aux usages de politesse obligés... : <<- Merci du coup de main ! Je suis Melody, et toi ?>>. Je le détaillais des pieds à la tête afin d'être certaine de ne pas oublier son visage. Peut être faisait-il partit de ces hommes qui m'ont amenés ici... Et je rougis malgré moi en remarquant ma marque ensanglantée en forme de fiole de poison se dégager de sa poitrine... Je savais que ma magie était bien plus puissante ici... et j'espérais sincèrement ne pas l'avoir maudit malgré moi...

Bon, à première vue, je ne l'avais pas maudis, ou bien l'éclair qui s'était abattu sur le sol non loin de là l'aurait fait beaucoup plus près. Je soupirais de soulagement et commençais une méticuleuse inspection de mon corps abîmé. De multiples bleues me recouvraient les bras, les jambes et le torse, et mon bassin me faisait atrocement souffrir, d'autant plus qu'après cette course effrénée, ma douleur n'en était que plus grande. Je grimaçais de dégoût, malheureusement habituée à ce genre de sensation à la provenance malsaine. Si jamais je mettais la main sur ceux qui m'avaient fait subir ces traitements, je ne me tenais pas garante de leur survie. Mon sauveur, qui ne semblait pas plus inquiet de ma santé que de sa propre blessure, me demanda ensuite si "la gamine" que j'étais n'avait pas vu passé un groupe d'hommes que j'identifiais aisément comme de potentiels voleurs. Je tiquais sur l'emploie du mot "gamine" et le lui fit savoir, piquant un fard... Quel manque de respect !

<< - Appel moi encore une fois "gamine" et je t'arrache les parties génitales pour te les faire avaler toutes crues. >>. Même sous cette forme de petite fille, je détestais être considéré comme une enfant et bien qu'il m'ait sauvé, ce dernier restait un homme, et je n'avais aucune pitié pour ces viles créatures. Toute fois, je décidais de répondre à sa question avec un large sourire angélique qui contrastait fortement avec mes précédents propos. Non, je n'avais pas vu ces hommes, mais il se pourrait bien que ce soit ceux-là même qui m'ont amené ici et dans ce cas, je comptais bien les retrouver et me venger... << - Non, en revanche, si ils veulent s'enfuir, ce sera par les côtes et par bateau. >>. Moi qui connaissait bien le milieu du vol, je savais parfaitement que ceux-ci ne retourneraient pas en ville, si ville il y a sur ce continent. Je me relevais alors péniblement, quand un éclair fendit le ciel au nord de notre position, à l'opposé de la direction qu'avait prit le groupe d'hommes qui était venue s'enquérir de notre santé. Bingo. << - Je ne sais pas ce qui a été volé, mais un éclair qui apparait subitement au cœur de la jungle me semble une bonne piste, qu'en penses-tu Ageman ? >>. Sans attendre de réponse, je me mis en route, mes frêles jambes protestants vivement contre cette nouvelle épreuve que je leur faisait endurer.

Le sorcier me défia du regard, se comportant à nouveau avec moi comme si je n'avais été qu'une enfant. Bien que je ne pouvais l'en blâmer, au vu de l'apparence dans laquelle je me trouvais bloquée, mes sentiments prenaient le dessus sur ma raison et encore une fois je m'emportais. Corps d'enfant, réaction d'enfant. Je le laissais faire quelques pas en avant de moi... puis me mit à courir dans sa direction et le pousser par les fesses le plus fort possible. << - A toi de m'écouter, papi ! Si on retrouve ces mecs, ça s'ra à toi de faire gaffe ! Les dommages collatéraux sont si vite arrivés... >>. Je n'avais peut être rien de personnel contre lui, mais son attitude envers moi m'agaçait profondément et je n'allais surement pas me laisser marcher sur les pieds de la sorte. Ceci fait, je continuais mon chemin en direction de la jungle la tête haute, non sans lui avoir jeté un regard assassin auparavant.

L'avantage d'avoir une si petite taille était que j'avais une aisance naturelle à me déplacer dans le milieu hostile et dense de la jungle. J'avançais ainsi sans encombre, passant aisément sous les divers obstacles que la nature avait placé sur le chemin qui me semblait abandonné... Enfin... pas si abandonné que ça... Une étrange petite pierre, à quelques mètres de moi, émettait une faible lumière verdâtre... Je la touchais du bout d'un bâton, méfiante depuis ma dernière expérience avec une pierre enchantée... - Celle de ma chère sœur, qui avait soufflé des bourrasques de vent si forts que j'avais bien faillit projeter une pierre sur son précieux œuf... Elle ne m'avait toujours pas expliqué de quelle façon elle se l'était procuré, ni de quel animal était il l'enveloppe... Mais elle s'en occupait chaque jour d'une façon écœurante, comme une mère, le couvant d'un amour débordant qui me faisait vomir à chaque fois que je tombais sur cette scène. J'avais hâte que celui-ci éclose enfin ! - La pierre ne sembla pas réagir et je décidais donc de la saisir... lorsqu'elle m'envoya une violente décharge électrique...

Les cheveux dressés sur la tête, je trouvais le monde soudain bien plus grand et remarquais alors que ce petit traitement de choc avait agit sur le pendentif de Nériel, me donnant ainsi ma deuxième apparence de belle rousse, mon apparence semblable à celle de ma Maîtresse... Ce qui était nettement plus embêtant est la tenue dans laquelle je me retrouvais... En effet, mes vêtements sous ma taille de huit ans était déjà partiellement déchirés... et finirent en lambeaux au sol, dévoilant ainsi mon corps totalement nu aux yeux du sorcier. Autant vous dire que la situation était assez cocasse. Mais ne perdant ni mon sang froid, ni la face, je m’avançais calmement vers lui et lui tendit la pierre, << - Tiens, un indice. >>, avant de repartir sur le chemin, l’œil aux aguets, à la recherche d'une quelconque plante qui pourrait me servir de cache-corps de fortune...

Mais le jeune homme ne l'entendais pas de cette oreille-là et me retint fermement par le bras, avant de me décocher une gifle qui me sembla bien faible en comparaison à ce que j'avais déjà subis d'autres hommes. Il c'était retenue. Quand à moi, je n'avais pas bronché sous le coup, habituée à ce genre de traitement. Et puis... il n'avait fait que se venger de ce moment humiliant qui l'avait fait tomber dans la boue. Un point partout, à charge de revanche. Comme le dit l'adage, tout vient à Melody quand elle est patiente... Ou quelque chose du même genre. Je décidais donc de ne rien répliquer et de maugréer un vague "merci" à peine compréhensible. Qu'il ne s'attende tout de même pas à de la gratitude de ma part. Quoi qu'il en soit, après qu'il m'ait jeté sa veste hideuse que je décidais tout de même d'enfiler, au vue des circonstances, nous repartîmes sur le chemin.

Quelques mètres plus loin, nous tombions sur les reste de ce qui semblait être un camp de fortune. Pour oser créer un feu au beau milieu d'une jungle à haute teneur en magie, ces voleurs ne devaient pas être des plus intelligents. << - Pas fut-fut ces gars de nous laisser un si chaud message... >>. Je me mis en quête d'une quelconque empreinte de pas, et il me fallut quelques temps avant d'en trouver. Même si, en y regardant mieux et par le manque de traces, ils n'ont pas du s'arrêter bien longtemps, je découvris des traces de pas en direction du nord. Accroupie ainsi, la veste ne cachait que le haut de mon dos, mais je ne ressentais aucune crainte vis à vis de l'homme qui m'accompagnait. Peu importe qu'il pose ou non ses yeux sur mon corps, de toute façon, celui-ci n'était pas vraiment le mien, mais celui de ma Maîtresse. << - Regarde ce qu'ils nous ont laissé là... Pîle en direction du Nord... Ils doivent surement avoir une embarcation là bas. >>.

Je me relevais doucement, mais une violente chaleur me saisit à la jambe, là où le jaguar m'avait frôlé de sa queue... La sensation s'intensifie, et je tombais au sol, pliée en position fœtale. Ce que ça faisait mal non d'un chien ! Je fermais les yeux, et ressentis toute la surface de ma peau me picoter, comme si l'on m'apposait des milliers d'aiguilles. Un cris de souffrance s'échappa de ma gorge... et plus rien. La douleur s'était évanouie aussi vite qu'elle était venue. Je ré-ouvris les paupières, ne comprenant absolument pas ce qu'il venait de se produire... avant que je ne pose mes prunelles vertes sur mes mains... désormais recouvertes d'une fourrure tachetée, identique en tout point à celle du félin qui m'avait attaqué... Je bondis alors sur mes jambes et repérais le reste de ce qui semblait être une flaque d'eau. Tout mon corps était recouvert de poils, et il ne restait de mon apparence originelle que mes cheveux et mes sourcils, encore roux. Je soufflais de stupéfaction. Le spectacle, quoi qu'étrange, était magnifique... Un nouveau pouvoir ? Oui, à n'en point douter.

Je me retournais alors vers Ageman, ramassait sa veste bonne pour les cochons et la lui tendit. << - Je crois que je n'en ai plus besoin. >>. J'aimais ce nouveau pouvoir, même si je n'en connaissais pas tous les tenants et aboutissants. Mais si il me permettait de faire mienne des caractéristiques animales... J'allais bien m'amuser !

La nuit commençait doucement à tomber sur la jungle Naga, et si nous voulions rattraper ces voleurs, il nous faudra presser le pas. Il était hors de question qu’ils s’en sortent après m’avoir fait subis… ce qu’ils ont bien pu me faire subir. J’aurais ma vengeance, même si je dois parcourir tout le continent en compagnie de ce sorcier ! J’accélérais donc ma marche dans la direction des traces de pas, me mouvant avec une bien plus grande aisance qu’auparavant. Avec ma nouvelle fourrure, dont je ne m’expliquait pas l’acquisition, je me sentais beaucoup plus à mon aise dans cet environnement à la nature dense. Un sentiment de liberté m’envahissait, et j’aurais pu m’amuser à courir dans les fourrés si je n’avais pas une petite vengeance accomplir sur le feu. Mais ce qui venait de m’arriver était tout de même bien étrange… Et Ageman semblait aussi curieux que moi de comprendre d’où me vient ce nouveau pouvoir, non sans m’avoir fait une petite remarque au passage. « - Pour toi les animaux sont tous nus ? Les vêtements et la nudité sont deux concepts humains, et je porte une fourrure animal, à n’en pas douter. Je ne suis donc pas nue, mes poils de jaguars sont mes habits. ». Quand à l’explication de ce qui m’était exactement arrivé, je n’en avais pas la moindre idée ! « - Et je n'ai absolument aucune idée d’où me vient ce pouvoir ! C’est bien la première fois que cela m'arrive… ».

En revanche, sa provenance m’apparaissait clairement. Je ne savais peut être pas expliquer le pourquoi du comment j’avais obtenue cette fourrure, mais mon assaillant félidé n’y était pas étranger. Je m’arrêtais alors pour passer ma main à l’endroit que la queue de l’animal avait touché. Ce contact était bien curieux mais très agréable… Mais lorsque j’arrivais à ma peau, rien. Pas la moindre trace de cicatrice, d’excroissance ou de quoi que ce soit d’autre… Pourtant, j’avais ressentie une véritable chaleur à son contact ! Ma théorie s’effondrait… Il me faudra lui envoyer une lettre à ce sujet… Et alors que le soleil se couchait à l’horizon, un nouvel éclair zébra le ciel à seulement quelques kilomètres devant nous. Ces voleurs me paraissaient bien peu prudents et soigneux pour laisser de tels indices derrières eux ! Mais nous ne pouvions rien faire d’autre qu’avancer pour le moment, et espérer qu’ils soient ralentis dans leurs progression. J’en profitais donc pour répondre aux interrogations de mon compagnon forcé. J’allais chercher mon collier entre mes poils et le lui mit sous le nez. « - Ma poussée de croissance est du à ce pendentif. Il me permet de prendre trois aspects à trois âges différents, mais aucun n’est ma véritable apparence. ». Je regardais alors furtivement la paume de ma main et fut surprise de constater que ma Marque du Chat Noir était dessinée dans les motifs de ma fourrure. Ce maudit pouvoir ne me quittera donc jamais… Ce n’était pas plus mal, à vrai dire. Je me demandais aussi ce qu’il se passerait si je récupérais mon véritable physique alors que ce nouveau pouvoir était actif… Une femme à la tenue animal sans tête… Charmante image.

Mais assez rêvasser. Un cris strident me sortit de ma réflexion et instinctivement, je me mis à courir dans sa direction. Nos petits voleurs avaient du faire une sauvage rencontre… Un nouveau cris s’éleva, d’agonie cette fois. Je souriais de toutes mes dents. Que ce bruit était délicat à mes oreilles ! Oh oui bande de saligots… Souffrez encore… Mordez-vous les doigts jusqu’au poignet pour être venue en ce lieu sacré… Je courais à toute allure, espérant moi aussi avoir de quoi m’amuser. Et alors que je sautais par-dessus le tronc d’un arbre, j’arrivais devant une véritable œuvre d’art. Un massacre des plus somptueux. Je reconnaissais des traces de griffes et de crocs dans ces cadavres… et un sac remplit de ces étranges pierres magiques au milieu. Je n’en avait cure ! Il devait bien y avoir encore un vivant ici… Je fermais les yeux un instant afin de mieux me concentrer. Mais je n’eu pas besoin de le faire longtemps en entendant un appel au secours lancé depuis un arbre. Je levais la tête et vit un somptueux tigre avancer doucement sur une branche, d’où se tenait à l’extrémité un homme au regard horrifié. Non, celui là était à moi ! D’un geste rapide et précis, j’apposais ma marque sur le tronc d’arbre. Le résultat fut immédiat, amplifié par ma rage. Le félin tomba et sans que je comprenne pourquoi, fuit immédiatement une fois au sol. Le voleur ne connut pas un meilleur sort et vint également s’écraser au sol… Et à mon grand regrets, en mourut. Un soupire de déception s’échappa de moi. J’étais frustrée ! Me retournant vers Ageman, je le fixais d’une mine blasée. « - Bon ben… Je crois qu’on a remplit notre mission ! On en fait quoi des pierres ? Faut vraiment qu’on se tape tout le chemin pour les ramener ? ». Je n’avais aucune envie de devoir à nouveau marcher tous ces kilomètres en sens inverse… Mais quand faut y aller…