Alors que la ville où il avait sa maison venait d'être réduit à néant, assis sur les ruines de ce qui fut son manoir, cette demeure où tant de souvenirs et de moments fabuleux s'y sont produits. Il ne comprenait même pas pourquoi il était encore en vie alors que voilà à peine une quinzaine de minutes tout les ridères qui envahissaient Mégido furent tous frappés de pleins fouets par cette onde de choc. L'orisha en avait profiter pour fuir, fuir ce désastre pour se recueillir sur les décombres. Sakura n'avait pu le suivre, des obligations dans l'immédiat. Ethan se mit à fouiller ici et là, impossible de trouver la moindre chose en bon état. «Seul le labo et la réserve a pu résister, il faudra revenir quand tout sera calme.»

Regardant autour de lui, puissant dans ce qui lui reste d'énergie, il se releva et se mit à marcher, le regard vide, perdu dans ses pensées. Faely était au près de lui et alors qu'il vagabondait sur les routes, il sentit quelque chose pousser son épaule, se retournant il aperçu Tempête qui marchait à côté de lui. Depuis combien de temps ? Il ne le savait pas. L'ambiance continuellement obscur n'aidant pas à y voir très clair. Ethan prit place sur sa monture avec la sinn's, se laissant guider par cette dernière à travers la foule qui se faisait de plus en plus nombreuse. «Mais pourquoi tant de monde ? Tout se fait détruire, des cités complètes ravagés et là une véritable marée d'habitants se balade.» Il se mit à regarder plus attentivement chacun d'eux, certains portaient des vêtements anciens, d'une autre époque, comme si les gens du passé étaient revenus. L'orisha ne pouvait croire cela, c'était trop étrange, tellement improbable.

Ses pensées se concentrèrent sur celle qu'il aime, espérant que tout aille bien pour elle. Ne pas pouvoir communiquer à tout moment comme d'habitude le perturbait, une impression d'avoir perdu une part de lui-même.  Son pégase menait la route, l'orisha le laissant suivre son instinct, s'endormant, totalement insouciant. Il n'aurait pu dire combien de temps il c'était assoupi, autour de lui le paysage lui semblait familier malgré la destruction omniprésente.

- Faely... c'est... la demeure de mon enfance, que nous avons fait flamber avec Emi. Pourquoi m'y as-tu amené ?

Il parlait à voix haute mais n'eut aucune réponse... Au lieu de ça, il vit deux personne qui se tenait la main, marchant sur le sentier qui conduit à la sortie du domaine. Ethan s'avança, fouillant loin dans sa mémoire, une impression de connaître ce couple qui s'éloigne. Menant sa monture au trot, il s'approcha et s'adressa à ceux-ci.

- Pardonnez moi, puis-je vous aider ?

Contact courtois, se disant qu'ils cherchaient peut-être une personne ou quelque chose, peut-être passaient-ils par là et n'avaient aucun lien avec le lieu. Le duo s'arrêta et se retourna tandis que l'orisha mettait pied à terre pour s'approcher. Les yeux de ce dernier s'écarquillèrent, se remplissant de larme alors que ses genoux flanchaient, se retrouvant sur ceux-ci au sol, la tête haute.

- Maman... Papa... mais je...
- Ethan ?
- Fiston c'est bien toi ?
- Oui...
- Oh mon enfant, que c'est bon de voir que tu es devenu un homme.
- C'est impossible... Mais comment ?
- Je ne sais pas, nous sommes là, nous nous sommes réveillés.

Ethan regardait le visage de ses parents, ne pouvant y croire, derrière eux une lune noir et menaçante, des nuages bleutés tout aussi étrange que beau. Les larmes coulaient sur ses joues, l'impression qu'un miracle venait de se produire. Peu à peu il vit sortir du domaine tout ceux qu'il avait connu dans son enfance, les autres esclaves, les gardes qu'il avait tués et marchant bon dernier, le maître qu'ils avaient eut. L'orisha se redressa et marcha lentement vers lui, tirant son épée de son fourreau placé dans son dos. S'adressant haut et fort.

- Quelles que soient les raisons pour lesquels les morts reviennent à la vie en ce jour, toi tu retournes parmi les esprits ! Aucune pitié, aucun regret, je t'arrache une nouvelle fois la vie !

Le concerné se retourna au sons de la voix, cherchant une arme à sa taille puis tendit les mains vers l'avant pour indiquer qu'il était désarmer. Ethan lui lança son poignard, celui-là même qu'il avait prit à cet individu au moment de sa libération. Il l'attrapa et se mit en position défensive mais il était trop tard. La lame froide de l'orisha venait de percuter entre le cou et l'épaule droite avec puissance, descente en diagonale pour ne ressortir qu'à la hanche gauche.

La victime s'écroula, l'agresseur essuyant sa lame sur les vêtements de sa cible, reprenant le poignard pour le mettre à sa ceinture et replacer l'épée dans son dos. Il marcha vers ses parents et les enlaça tout deux.

- Je vais vous trouver un endroit pour être en sécurité, vous deux et tout ces esclaves qui méritent une seconde chance, une chance de connaître le vent de la liberté.

Les anciens gardes s'offrirent de rejoindre pour aider et défendre le petit groupe d'une vingtaine de personnes qui venaient de se former. Ethan accepta avec la légère précision qu'ils connaîtraient la souffrance si ils changeaient leur fusil d'épaule en cours de route. Avec la prestation qu'ils venaient d'avoir, ce fut sans difficultés qu'ils comprirent de quel côté il valait mieux se ranger. Le groupe avançait à bon pas, apprenant au fil de leurs routes que partout c'était le chaos. Tout ces êtres revenus à la vie, qui ont besoin de boire et manger pour subsister, créant un effet soudain de surpopulation sur toute les terres du Yin et du Yang.  Ethan était sur son pégase, sa mère derrière lui, discutant avec elle de ce qu'il était advenu, tout le chemin qu'il avait parcouru après tout ce temps, après sa libération de leur maître, l'enfer qu'il avait vécu jusqu'à ce moment fatidique.

La troupe parvint à se rendre jusqu'à un petit port, y empruntant à long terme un bateau apte à mener tout le monde sur le continent naturel, des rumeurs indiquant que l'endroit était sécuritaire. Ethan ayant choisi de se rendre au lac de la transparence, désireux de profiter de la reconnaissance des magiciens à son égard pour que ceux qui l'accompagne puissent obtenir le minimum nécessaire pour survivre. L'orisha aurait bien amené ses parents chez lui mais son manoir et la ville où il se trouvait n'était plus qu'un tas de ruine immense.  

Il avait l'impression de voyager en permanence de nuit, effet de cette lune si grande dans le ciel, des jours qu'ils n'avaient pas perçu la chaleur du soleil sur leur peau. Barrière de nuages qui ne veut se dissiper, obligeant Ethan a se servir seulement de son instinct et les points de repère qu'il pouvait voir dans cette semi obscurité. Le trajet demandait un certain, le navire était loin d'être une frégate, pour ne pas dire que ça ressemblait plutôt à un vieux navire de pêcheur. Seul avantage était l'espace qui ne manquait pas. D'autant plus que certains des passagers n'avaient pas du tout le pied marin, y perdant quelques hommes et femmes dont l'estomac n'avait pas tenu le coup. Nul autre choix que de les jeter par dessus bord, ne pouvant se permettre de déclencher quelconque épidémie entre eux, ce serait de les condamner à mourir de nouveau car personne ne voudrait les héberger.

Ethan parvint à mener sur la terre ferme le deux tiers du groupe, soupirant en mettant le pied sur le quai. «Enfin... plus qu'à ce rendre au lac.» Trouvant des chariots et des chevaux à prix fort, chacun put ainsi profiter d'un voyage moins fatiguant, l'orisha s'informant ici et là de la situation. Le chaos était partout, la folie avait gagné la populace qui s'entretuait pour survivre. L'eau potable une denrée de plus en plus rare. Le moindre jardin, le moindre champs, les uns s'y rendant pour piller et manger, les autres usant de la violence pour les empêcher. La petite caravane avait de maigres ressources, essayant d'être équitable entre tous. Le meneur du groupe marchait en tête sur Tempête, son père tenant les rênes du premier chariot, discutant avec lui de tout et de rien. Le genre de dialogue qu'il n'avait jamais eu la chance de faire... la situation était dramatique partout dans le monde mais en ce moment précis, une douce chaleur bienfaitrice envahissait le corps et l'être d'Ethan. Revoir et partager avec sa mère, avec son géniteur, jamais il n'aurait cru cela possible. «Merci Faely... je comprend maintenant pourquoi. » L'orisha espérait grandement qu'à destination il trouverait réellement refuge pour ces gens. Dans un petit village où ils étaient passé, certains disait que le lac était l'un des rares endroits où le chaos n'était pas maître, mais pour combien de temps encore ?

Long périple qu'ils avaient à faire, des vivres de plus en plus rare, incapable de se réapprovisionner décemment. Une population largement plus grande que la normale avec tout ces morts revenus à la vie. Effet étrange dans cette suite d'événement, nul doute qu'une puissante magie devait être à l'origine du fléau destructeur qui assaille tout les continents. Le printemps qui n'était pas venu, nuisible à nombre de gens, puis peu avant les images que la sphère avait projeté, fiction qui avait rejoint la réalité tout récemment. Mégido et de nombreuses cités rayés du monde, réduit à l'état de ruine, de désolation. Dur de s'accrocher à l'espoir que le Lac était bel et bien un lieu sécuritaire. Longeant la rivière éternité, l'orisha n'avait pas songé au calvaire psychologique que le cours d'eau provoquait chez la quasi totalité des voyageurs l'envie folle de plonger pour se désaltérer. Mais il ne pouvait les laisser faire car l'eau n'était pas forcément potable, une distribution de rations permit de calmer les esprits tandis que l'orisha reprit place à l'avant du convoi.


Jetant un oeil à son père, il constata la présence d'une adolescente qu'il n'avait pas encore vu depuis le début du trajet. Pourtant une impression de visage familier le tenaillait, soudain il réalisa qu'il s'agissait de Faely ! Une Sinn's est un esprit, donc un mort alors la magie qui les a tous ramenés à la vie avait son effet sur elle. «Mais pourquoi si longtemps après tout ceux-là ? » Il pointait le reste du groupe en pensant cela mais se rendit compte sa renaissance empêchait la sinn's de communiquer par la pensée avec lui.

- Faely, tu es... vivante...
- Ça fait bizarre. Ressentir la température, la soif, la faim. Respirer.
- Je ne saurais dire, j'ai jamais eu l'opportunité de ne pas faire cela et espère bien que ce sera pas la cas avant longtemps.

Le trio ne put s'empêcher de rire, détente de l'atmosphère tendu alors que les montagnes de l'Edelweiss se font de plus en plus grande dans le paysage, indiquant l'approche du Lac. Continuant de discutant en toute quiétude, de tout, de rien, l'homme s'habituant peu à peu à réellement entendre la Sinn's parler de vive voix.

À la croisé des chemins devant eux, Ethan hésita entre la gauche et la droite, les deux routes semblant mener au même endroit quand même. Il regarda son père et sortit une pièce de son poche, demandant quel côté indiqué quelle voie. Le choix fait, la pièce fut lancé bien haut, tournant rapidement sur elle-même avant de retomber au creux de la main de l'orisha qui la renversa sur le banc de la charrette.

- Vers la gauche !

Quelques-uns des gardes partirent devant, besoin de se dégourdir au lieu de rien faire. Il fallait avouer qu'attendre que les lieux défilent sous leurs pieds n'était pas ce qu'il y a de plus exaltant. C'était sans penser qu'ils auraient pour surprise des brigands en quête de richesses et vivres pour leur survie et confort. Un appel à l'aide des soldats, l'orisha lançant Tempête au galop, sortant l'épée de son fourreau pour charger de pleins fouet sur l'adversaire. Effet de surprise permettant de blesser grièvement trois d'entre eux avant de sauter avec toute son agilité au sol alors que l'animal ne cessait sa course pour s'envoler la seconde suivante. Roulade sur la terre battue avant de se redresser et affronter le premier venu. Déjà deux de ses sept combattants étaient morts, les autres essayant de contenir les vagues successive. Ethan rangea l'épée pour sortir le poignard profitant que l'attention n'était pas sur lui, venant planter sa lame dans le dos des ennemis, transperçant à la fois poumon et coeur par la précision de ses gestes.

Sans bruit, discret, agile, il permet à ses hommes de reprendre le dessus, les combats à la lame et à main nus se poursuivant avec de plus en plus de férocité. La saveur de la victoire pour les uns, le parfum de la défaite pour les autres. L'homme à la courte chevelure brune se faisant plaisir en brandissant de nouveau l'épée serpent pour aider à venir à bout de ces malotrus jusqu'au dernier. Fatigués, éreintés, les vainqueurs retournèrent à la caravane qui avait resté en sécurité sous la garde des soldats qui avaient passé leur tour pour prendre une marche.

Nul doute il fallait presser le pas et le rythme de la caravane, la lune qui ne quittait le ciel, semblant se rapprocher encore et encore, impression ou réalité ? Le groupe pillant sans gêne avant de poursuivre les réserves conséquentes que les brigands avaient récolté avec leur méthode sauvage. Eau et nourriture pour tout le monde, voilà une technique efficace pour redonner énergie à chacun. Même les chevaux eurent un regain de vie, accélérant vivement la progression.

Sans anicroche, la suite de la route n'était quand même pas de tout repos car plus ils avançaient et plus il y avait de jonctions à cette route. Tout autant d'intersection qui amenait du monde, la destination semblant être la même, désirs pour tous et chacun d'être en sécurité et ne pas avoir à se battre pour sa pitance. Véritable marée humaine qui empruntait la voie d'accès au Lac, la caravane tirait avantage de sa grosseur, les gens s'écartant pour laisser passer les chariots sans quoi ils risquaient de passer sous les roues.  Ethan leva les yeux, regardant les cimes de l'Edelweiss dans l'espoir d'y revoir ce paysage d'habitude si majestueux. Il n'eut pour vision que le ciel toujours couvert de ces nuages emplis de nuances de bleus clair et foncé.  «Mais que présage ce ciel...»

L'orisha pourrait sûrement poser la question à l'un des magiciens si la magie était cause de cet effet, lorsqu'il serait bien à l'abri avec ces femmes, enfants et homme qui souhaite profiter de cette seconde chance offert par on ne sait qui, on ne sait quoi. L'important était le résultat non ? Le groupe atteignit le lac, l'entrée n'y était pas libre comme à l'habitude mais bien surveillée par des soldats, des militaires qui grouillant partout sur la zone. Voilà la raison pour laquelle le chaos n'avait pu prendre place en cet endroit.

- Halte !
- Je suis Ethan Samuell, je viens ici trouver refuge avec mon groupe, nous apportons eau et vivres.
- Pourquoi ici plutôt qu'ailleurs ?
- Parce que j'ai la reconnaissance des magiciens pour les avoir aidé par le passé, le moment est bien choisi pour la démontrer.
- Je reviens, ne bougez pas.

Le soldat tourna les talons et se rendit à une tente non loin pour en ressortir une dizaine de minute plus tard, après que plusieurs personnes soient entré et sortit du même endroit. «Des messagers surement...» L'homme en uniforme revint avec un parchemin à la main qu'il tendit à l'orisha.

- Voici votre laissez-passer, continuez tout droit et prenez à gauche au grand chêne, vous aurez de la place au bout de cette rangée de tente.
- Merci, merci infiniment.

La caravane se remit en route jusqu'à l'emplacement indiqué, Ethan regardait tout autour de lui, voyant ces grandes colonnes ici et là qui s'élèvent, une lueur bleue qui s'en dégage. Dès que le campement aurait été établi, il irait s'informer pour satisfaire sa curiosité, se demandant à quoi pouvait servir ces choses. Se tramait-il quelque part des projets ? Une méthode pour réduire à néant ces ridères qui envahissent les terres ? Était-ce la raison de ce ciel ? Tant de questions... mais qui pourrait lui répondre...

Le groupe prit lentement place, fatigué de ce long voyage, montant les deux grandes tentes fournies par l'armée, permettant d'être une bonne vingtaine sous chacune. Espace suffisant pour l'orisha, ses parents et les anciens esclaves du domaine de son enfance. Il regardait la scène, le lac, les environs. Ses pensées étaient pour celle qu'il aime, ne sachant où elle était, si tout allait bien, ne pouvant qu'avoir hâte que tout rentre dans l'ordre... si seulement un ordre était encore possible. Hanna, sa mère, vint placer une main sur son épaule qu'elle fit glisser dans son dos pour enlacer son fils et se blottir contre lui. Ethan eut pour réflexe de l'enlacer, chose qu'il n'avait pu faire depuis si longtemps, sentir ce réconfort maternel qui apaise l'esprit. Profitant un moment de cette proximité avant qu'elle n'aille rejoindre son époux pour terminer de préparer la tente pour la nuit. L'orisha prit alors un moment pour rejoindre Faely qui était assise sur l'arrière d'un de leur chariot, venant prendre place à ses côtés.

- Ça va ?
- Je m'habitue à vivre.
- Un long moment déjà non ?
- Considérant le nombre d'année que je suis à tes côtés et que j'étais depuis pas très longtemps dans cet état. Oui il y a de quoi oublier ce que ça fait de respirer.
- Et tu y perds ton pouvoir non ?
- Oui, du moins en ce moment j'arrive pas à faire, tes pensées et état d'esprit me sont inconnus.
- Courage, profite de cette nouvelle chance qui t'es offerte.
- À savoir si j'en ai envie...

L'Orisha préféra ne pas poursuivre la discussion, il était encore trop tôt pour ça visiblement. Il alla se promener à travers les tentes, sentiment de travail accompli que d'avoir amené la majeure partie du groupe à bon port. Certes il y a avait eu des décès, c'était le risque du voyage mais au final il y avait gagné énormément. Déjà juste ses parents, c'était inespéré...