Les légendes sont et resteront à jamais des légendes. Toutefois, certaines d'entre elles semblaient prendre vie sous quelques formes différentes de la vérité. Là où il y avait les fondements de toutes ces conneries. Zevä était susceptible de penser qu'il y a des dieux, des esprits dans ce monde. Ceux qui èrent sans but ni précision. La jeune femme pensait que ces esprits devaient être aidés. Si c'était elle qui se trouvait dans cet état, l'Orisha souhaiterait que quelqu'un vienne l'aider à se libérer et qu'elle puisse enfin connaître un salut éternel. Oui, les légendes n'étaient que des légendes et rien d'autres. Dans un autre sens, la demoiselle pense se tromper mais une partie d'elle restait sûre et certaine. Bô se tenait à ses côtés. La main de la demoiselle caressait lentement son pelage d'un noir de jais, si soyeux au toucher. Cette panthère noire est un magnifique compagnon. Il ne savait pas encore parler, mais un jour Zevä allait lui trouver un moyen de pouvoir dialoguer. Les choses allaient ainsi être plus faciles pour les deux compagnons. Ils étaient inséparables depuis un bon moment déjà. Plus les jours avançaient, plus ils étaient inséparables. Comme deux doigts de la main que seule un objet tranchant pourrait défaire. Néanmoins, Zevä ne mourrait pas d'un doigt tranché mais là où était la métaphore, c'était que Bô serait tué par quelque chose qui... le tuerait, le séparant d'elle à tout jamais.

L'Orisha s'était étendue dans de l'herbe verdoyante, observant le ciel de ses yeux bicolores. Depuis qu'elle avait retiré son casque pour devenir ne nouvelle personne, elle ne se sentait pas vraiment différente. Certes, il y avait quelques affaires qui ne seront plus jamais les mêmes. Toutefois, Zevä s'était senti prête à prendre cette décision. La demoiselle avait donc laissé son casque dans un endroit où elle seule connaît son emplacement et qu'il serait extrêmement difficile de le retrouver. Peu importe, si quelqu'un le trouvait,  le garderait-il? Elle ne le pensait pas. Cette personne allait sûrement prendre cette chose pour un objet artisanal ou même maudit. La petite lumière qui émanait du casque n'était pas normale, de sucroît. Les possibilités étaient plutôt possibles mais probables. En tournant les yeux, la jeune femme observait quelques formes de nuages. Aujourd'hui, le ciel ne semblait pas communiquer avec elle dans un sens. Elle ne voyait aucune forme de nuage précis. Peut-être n'était-ce parce que son esprit était en lui-même préoccupé?

Au bout d'une heure supplémentaire, l'Orisha s'était redressée et elle était partie dans une direction tout à fait au hasard. La jeune femme avait soudainement atterrit à l'endroit où la plupart des Orishas vivaient. Redressant ses yeux vairons, elle observait cet endroit qu'elle n'avait pas vu depuis fort longtemps. Ce n'était que lorsque des hurlements fusèrent qu'elle se précipita à l'endroit où elle les avait entendu. Elle vit deux corps. Très mutilés. Ce n'était pas une chose normale. Pas ces derniers temps, du moins.  Puis, tout à-coup, un homme l'interpella. La jeune femme s'était retournée pour l'apercevoir, s'avançant vers elle. Son ton sonnait presque avec arrogance. « - Malheureusement non, j'ignore ce qui est arrivé à ces gens. J'essaie de comprendre et je veux trouver ce qui est arrivé. Peut-être est-ce une bête mais de nombreux assassins déguisent leurs meurtres de façons si extraordinaires qu'on peut les comparer à des traces d'animaux. Il faut être prudent et voir toutes les pistes que nous pourrons avoir. Vous êtes?»

L'espace de l'instant où les paroles de la femme devant lui s'écoulaient entre ses lèvres, il l'a détailla de la tête au pied avec le plus de discrétion possible. Déjà ses yeux, l'un bleu, l'autre vert, avait accroché son regard, caractéristique de leur race. Physique pratiquement aussi fort que le sien, voir plus peut-être, elle semblait plus en contrôle que lui du moins c'est l'impression qu'il avait. Étant jeune il avait entendu parler que les orisha grandissait intérieurement, développait des aptitudes plus grande au fil du temps, raison pour laquelle il était venu dans cette ville... en apprendre plus sur lui et ce qu'il pouvait tirer de lui-même. Qui sait, cette Orisha pourrait peut-être l'aider si il travaille de concert avec elle pour dénicher cette menace.

Zevä exprima clairement son souhait de comprendre tout comme lui la situation faute d'information. Amenant même la possibilité d'un assassin de talent plutôt qu'une bête, idée qu'il aurait pu soutenir si des témoins n'avaient pas vu une sorte d'animal fuir à toute vitesse un cadavre. Quoi que cela ne confirmait rien, tout étant possible en ce monde, elle en appelait à la prudence mais le temps pourrait venir qu'à faire défaut pour arrêter ces horreurs avant que la liste des victimes soit trop longue. Foncer tête baissé ne servirait à rien outre risquer d'y laisser sa peau. Tant de pensée et de réflexion qui lui traversait l'esprit tandis qu'elle parlait, fuyant son regard alors qu'elle s'informait finalement sur son identité, détournant un peu la tête vers les cadavres.

« - Vous êtes? »
-Ethan, Orisha nouvellement arrivé à Megido et vous ?

Sa voix était calme malgré la situation, évitant d'employer le même ton trop direct de ses premiers propos pour une sonorité plus accueillante. Il analysait les environs, recherche d'indices pour guider leur démarche, léger espoir de traces de pas ou de pattes. Où sa curiosité allait elle le conduire ? Lui qui ne connait rien à cette ville outre son auberge qui lui sert de toit depuis son arrivé. Il ne savait pas pourquoi il avait quitté sa chambre, après tout des cris dans la nuit c'est presque normal non ? Un désir d'aventure et de changement sûrement, mettre un peu de piquant dans sa routine quotidienne ou encore se faire connaître pour un peu de reconnaissance. Oui ça sonne bien, lui qui vit dans l'ombre de son passé depuis si longtemps... certes il était libre de son défunt maître mais comment se tailler une place avec un tattouage d'esclave en plein visage. Encore trop d'humain adhère à ce mode de vie qu'il ne peut plus tolérer, marchandant les orishas comme de la viande chez un boucher.

Il finit par remarquer des traces de pattes ayant piétinés dans le sang des victimes, laissant ainsi une direction à suivre bien nette. Ethan espérait que le chemin ne serait pas tracé par des restes de cadavre mais cela permettrait de rafraichir la piste à chaque fois. Il pointa du doigt le sol.

- Là une piste !

La chasse se lancerait sous peu, en ligne droite avec les traces, le palais... l'Eorishaze... le pire était à prévoir si la bête y est entré. Les dignitaires n'étaient surement pas du genre combattant.

il n'y avait rien de mieux que de commencer une bonne chasse! Zevä était le genre de femme à prôner la justice, à être une combattante et à foncer littéralement dans toutes les bagares qu'elle peut. Toutefois, elle restait féminine dans un sens. Ses formes étaient bien définies comme toutes les femmes mais c'était surtout sa musculature qui faisait tourner les têtes vers elle. Les regards qui s'abaissaient lentement sur sa peau hâlée pour scruter les lignes musclées de ses bras ainsi que de son dos. Elle adorait chasser mais ce n'était pas de la simple chasse. Plus elle mettait en valeur des caractéristiques dangereuses, plus la jeune femme était attirée à s'y jeter yeux fermés. L'Orisha est assez folle pour risquer sa propre vie mais elle était assez intelligente pour s'arrêter lorsqu'il le fallait. Ou presque. Les émotions pouvaient l'emporter sur sa raison mais très difficilement. L'Orisha était le genre de femme qui avait de la difficulté à se laisser aller aux choses aisées de la vie, aux plaisirs que les autres pouvaient avoir. Elle savait, en quelque sorte, comment s'amuser mais son esprit ne tolérait pas vraiment une telle attitude. C'était une femme fière et très orgueilleuse. Zevä était aussi le genre de femme à être rancunière, tout dépendant de la faute qui avait été fait.

Il ne fallait pas être trop offusqué du ton que prenait l'Orisha. Il était très rare que la jeune femme parlait à des inconnus sur un autre ton. C'était une femme directe avec beaucoup de caractère. Zevä avait eu beaucoup de problèmes dans le passé avec cela mais elle s'en foutait aujourd'hui. Elle ne recherchait pas des amis ni même quelqu'un à aimer. Si elle n'était pas aimée, tant pis. Elle faisait ce qu'elle avait à faire et cela se terminait là. Toutefois, si elle était vraiment obligée de travailler en équipe, elle le faisait. Autrement, elle préférait toujours être seule. Le travail d'équipe n'était pas spécialement fait pour elle mais elle se débrouillait lorsqu'elle était obligée de se jumeler à quelqu'un. Tant que l'autre ne gênait pas son travail. Elle avait remarqué que l'homme était de sa race. Il n'y avait pas beaucoup de gens en dehors des Orishas qui possédaient des yeux vairons. Elle finit par avoir son nom et la jeune femme avait tourné la tête vers lui. « - Enchantée. Je m'appelle Zevä. Je suis aussi une Orisha» Moins de paroles possible et surtout elle voulait avancer.

Alors qu'elle recherchait toujours, elle entendit la voix de l'homme s'élever à nouveau. Redressant la tête, ses longs cheveux virevoltant dans tous les sens, elle posa ses yeux bicolores sur l'Orisha. Elle n'attendit même pas qu'on prononce son nom qu'elle était déjà rendue sur place afin d'observer les pistes. Ses yeux s'élevaient lentement et ses prunelles tombèrent sur l'Eorishaze. Immédiatement, la seule chose qu'elle dit fut: « Ne me dit pas que... Bordel de m****» Avant même que quiconque n'eut le temps de prononcer un seul mot, la jeune femme était déjà à un pas très rapide en direction de l'Eorishaze, voulant avoir le cœur net que cette créature ou cet assassin - peu importe ce que c'était - n'était pas entré dans le palais. Cela allait être une vraie catastrophe et surtout un véritable carnage. Elle se jura intérieurement que si la bête avait pénétré se palais et qu'elle avait fait des dégâts qu'elle allait la tuer et la décapiter totalement. Sinon, juste la tuer serait un bon début, n'est-ce pas? Elle n'écoutait plus personne à ce moment précis, ses jambes musclées se frayant un chemin rapide parmi toutes les personnes présentes. Zevä avait ajusté un peu de magie dans ses mouvements, lui permettant de courir deux fois plus vite que la normale grâce à un pouvoir de vitesse surhumaine.

Son regard croisait celui de cette Orisha lorsqu'elle se présenta et spécifia ses origines. «Oui ça j'aurai juré avec des yeux comme les tiens...» pensa t'il. Certes il n'était pas le plus fonceur des hommes mais là le hasard faisait très bien les choses par cette rencontre. Il avait une certaine appréhension des hommes, trace de son passé d'esclave, d'avoir un homme pour maître... Aujourd'hui, il s'en voulait d'avoir cette certaine timidité et ce manque d'assurance avec les femmes, le temps de briser la glace chaque fois et jauger la situation, la valeur de la personne.

Retournant son attention sur la situation, se demandant dans quel galère il avait mit le pied en quittant son lit douillet afin de suivre ces cris et ces traces dans la rue ? Il se retrouvait au milieu d'une place publique, des cadavres autour de lui, une Orisha, plutôt mignonne, qui devant lui comptait presque ses mots comme pour ne pas perdre de temps. Ethan savait se défendre au corps à corps, apprentissage de son temps en mer avec les matelos. Repousser l'adversaire ou le maîtriser pour bien le surprendre mais jamais encore il n'avait été le traqueur, celui qui chasse et pourchasse sa proie. Car il s'agit bien de cela, de trouver la bête, la créature qui est coupable de ces atrocités.

L'Orisha se tenait accroupi, analysant autour de lui, essayant de ne pas croire cette alternative que le palais est en danger. Il lève alors les yeux vers Zevä qui semble bien plus apte que lui dans cette histoire. Mélange de craintes et d'envie qui le figeait sur place. La voix de Zevä le ramena à la réalité.« Ne me dit pas que... Bordel de m****» Sans attendre elle se met à courir bien trop vite pour lui. Il s'élance à sa poursuite comme il peut, heureusement qu'il tient la forme sans quoi il se serait affalé sur le sol en cherchant son air. Il garde les yeux sur elle, l'Eorishaze est de plus en plus près, ils grimpent tout deux les marches presque quatre à quatre pour arriver au plus vite.

Sur le sol les traces de sang, encore et encore, la bête ne s'arrête pas de semer la mort et la souffrance. Zevä s'arrête soudain mais Ethan est concentré à autre chose et s'arrête juste à temps derrière elle, posant la main par réflexe au milieu du dos de celle-ci pour terminer sa course. Il murmure... «Pardon j'étais distrait.» Il l'était par la situation, son regard qui se posait sur les murs autour de lui, jaugeant l'endroit. Les scénarios se succédaient dans sa tête, du plus simple au plus complexe, variant ainsi le niveau de dégâts sur la hiérarchie de la ville. Mais en cet instant précis il sentait la musculature de Zevä sous ses doigts malgré le vêtement qui l'a couvre. Impressionnant pour une femme mais loin d'être désagréable, plus il l'a regardait, plus il était confiant de régler cette histoire.