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 Sombres secrets [Pv Aina]

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Dim 07 Juin 2015, 00:58


Après s’être séparé de Mancinia, Raphaël était retourné dans le désert. Une gourde, au cas où il ne réussirait pas à utiliser ses pouvoirs, et un châle autour de la tête, il marchait, admirant le paysage. Il était peut-être un des seuls fou à admirer un tel endroit, aussi dangereux que celui-ci. Ces dunes magnifiques, ses petits tourbillons de sable que forme le vent. Tout était si sauvage et indomptable. C’était sûrement ça qu’il aimait dans cet endroit. Mais pourtant, il n’arrivait pas à en profiter autant qu’à l’aller. Avant la tempête bien sûr. Enfin, en tout cas, il n’arrivait pas à en profiter. Même les bonds de joie que faisait Nathaniel dans le sable ne lui rendait pas le sourire. Le dragon aimait réellement ce lieu, contrairement à l’Elémental qui préférait les endroits plus humide. Mais son esprit était trop prit pour ce genre de réflexion. Il avait développé un nouveau pouvoir. La création du métal. Il avait créé du métal. Cette sensation froide et dure qu’il avait ressentie l’avait effrayé sur le moment. Maintenant, il ignorait comment le voir. Encore quelque chose qu’il n’arriverait pas à contrôler, ou alors il pourrait réussir à l’utiliser à sa guise ? Malgré tout, la curiosité et l’excitation l’emportaient sur le reste. Ce n’était pas pour rien qu’il était considéré comme insouciant. Parfois idiot, ce qui était loin d’être le cas.

Après quelques jours de marches épuisantes, Raphaël s’arrêta au sommet d’une dune, et écarquilla ses yeux saphir. Il y avait une villa ! Une véritable villa s’étendait devant ses yeux. « Euh… Rassure-moi Nath, tu vois la même chose que moi ? ». Le dragon eut un grognement d’assentiment. « Soit le soleil nous tapes un peu trop sur le crâne, soit on est devenu dingue, ou sinon, c’est un vrai bâtiment… ». Dit-il un peu défaitiste, et le ton morne. Puis soudain il afficha un grand sourire, et dit d’un ton joyeux. « Et si on y allait ? ». Nath répondit par un grognement, cette fois-ci de désapprobation. Mais l’Elémental se précipitait déjà vers la bâtisse. Continuant de grogner, il suivit son compagnon. Ils passèrent les murs extérieurs, et l’air devint plus frais, bien plus agréable pour l’Elémental. L’illusion se leva, et il vit enfin la véritable forme de l’endroit. Un palais ! Il leva la tête, observant l’endroit, ébahit. C’était magnifique. De la verdure, des colonnes, des murs recouverts de fresques murales. Rien qu’en ce trouvant ici, il pouvait sentir la présence de celui qui avait construit l’endroit. Ou plutôt fait construire l’endroit. Marchant, il entra dans l’enceinte du palais, passant les lourdes portes, ne se gênant pas. Il se fichait de croiser les habitants de ce lieu, ou de les vexer. Au pire, ils le mettraient dehors. Enfin, de toute façon, il n’avait aucune fierté, donc se fichait de se faire botter les fesses.

Une grande cour s’étendait devant eux. Les teintes rouges et vertes brillaient dans ce lieu, laissant à l’architecture ce côté exotique. Des statues ornaient l’endroit, toutes se ressemblant plus ou moins. Apparemment, c’était des représentations de la même personne. Qui ? Il l’ignorait. A vrai dire, les figures croyantes, et autres, il n’y croyait pas. Quelques personnes passèrent non loin, l’ignorant superbement. Vue leur tenue, ils étaient des Nobles. Du genre à regarder de haut les manants comme lui. Ne faisant pas attention à eux, le jeune homme se tourna vers Nathaniel. « Bon, tu devrais attendre dehors mon vieux ». Le dragon gronda, mais devant ce spectacle, il finit par faire demi-tour et rejoindre l’extérieur. Heureux d’être au soleil, il se coucha un peu à l’ombre des murs et ferma les yeux, attendant patiemment que son ami revienne ou l’appel parce qu’il avait encore besoin d’aide. Raphaël déambula dans les couloirs, et finit par sortir dans la cour intérieure. Une immense terrasse se dressait devant lui, et tout autour de lui, des îlots de verdures flottant un peu partout. Un plan d’eau s’étalait non loin. Il avança vers lui, et plongea les mains dedans, le sourire aux lèvres. Ensuite, il retira le foulard autour de son crâne, et s’aspergea le visage. Puis il regarda son reflet quelques secondes. Il avait pas mal bronzé depuis qu’il était dans le désert.

Raphaël s’assit sur le bord, se détournant de l’eau, et regarda sa main. Il se concentra, et essaya de créer du métal. Mais, comme à son habitude, ça ne marcha pas. Il soupira et laissa retomber sa main en soupirant. A ce moment, il sentit une énergie le traverser. Ses cheveux prirent un éclat bleuté, et ses veines ressortirent grandement, devenant encore plus bleues. De l’eau s’éleva en plusieurs gerbes, et retomba sur lui, le trempant de la tête au pied. Lui et quelques personnes qui se trouvaient près du bassin. Ceux qu’il avait arrosé bondir sur leur pied, surpris, et outré. Ils le fusillèrent du regard, mais l’Elémental les ignora superbement. Il avait encore provoqué une catastrophe. Est-ce qu’il arriverait à utiliser correctement ses pouvoirs ? Un Noble vint le voir, se plantant devant lui. « Non mais qu’est-ce qui vous prend ?! Vous ne pouvez pas faire attention ! ». Se levant d’un bond, et nullement énervé par ce que venez de lui dire l’homme, Raphaël se frotta l’arrière des cheveux, avec un sourire d’excuse sur le visage. « Excusez-moi, je suis vraiment désolé. J’espère que vous m’en voudrez pas ». Le Noble continua de lui crier dessus, l’accusant d’être un véritable idiot, et ce genre d’autre chose. Ne réagissant pas, l’autre finit par se désintéresser de lui, et s’éloigner, grommelant devant l’idiotie d’un tel type. L’Elémental soupira, et se rassit, des gouttes d’eau tombant de ses cheveux et vêtements.

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Mar 09 Juin 2015, 07:24


Mes aînées, à Maëlith, m’avaient conseillé de ne pas perdre de temps et de tout de suite partir vers les grands centres, là où j’étais certaine de trouver un érudit auquel me lier. Pour être tout à fait franche, malgré ma hâte et mon excitation d’enfin être libre de disposer de ma personne et de fouler le sol en tant que femme, j’étais appréhensive. Oui, j’avais hâte de découvrir le monde et toutes les merveilles qu’il recèle, mais si tôt? Si tôt après la mort de ma Mère chérie, si tôt après m’être détachée de mon lieu de naissance? Je savais bien que mes voyages allaient me mener loin de la terre où j’avais grandi, mais malgré les conseils bienveillants de mes aînées, les Mères et les Muses qui m’avaient vu grandir, je me savais incapable de trouver un Maître sans prendre le temps de souffler un peu. Même si j’essayais de me faire croire le contraire, la transition que je vivais m’éreintait. J’en avais un peu honte, d’ailleurs, car je n’en comprenais pas la cause. La vie me souriait pourtant. J’étais désormais une Riya, une jeune femme ayant été choisie pour suivre un apprentissage qui ferait de moi une œuvre d’art vivante avec les manières d’une reine. Je savais que Mère aurait été si fière de moi, elle qui avait admiré les grâces et les atours des Geishas, mais quelque chose en moi m’empêchait d’avancer. J’avais hâte de me lancer à l’aventure, de parfaire mes connaissances, de visiter des lieux inconnus et de vivre des expériences uniques et inoubliables, mais j’avais si peur de faire le premier pas, de me lancer dans le vide sans filet, sans bouée de sauvetage. Enfin, ma mère avait pris quelques décennies avant de trouver un Maître –  sans  réellement le chercher, d’ailleurs. Elle avait vécu une vie heureuse. Une vie anonyme, banale, mais enviable car dépourvue de tristesse. J’imagine que j’avais peur de ruiner le seul vœu qu’elle n’ait jamais formulé à mon égard, celui de mon bonheur.

J’ai finalement fait le grand saut, quelques jours après avoir rencontré cet étrange homme dans les vertes contrées des Terres d’Émeraude bordant ma ville natale. J’avais passé plusieurs jours à étudier les cartes disponibles dans le centre d’éducation et me renseignant sur les différents peuples que je pourrais croiser lors de mes voyages. Je demandai aussi de nombreuses informations à mes aînées, des Orines qui elles avaient eu l’occasion d’explorer le monde avant de revenir à Maëlith, portant en elles l’essence de leur Maître disparu. Toutes, sauf une, m’avaient dirigé vers le Continent du Matin Calme, un endroit que j’estimais être assez lointain, mais qu’elles m’avaient promis être un havre de paix ainsi qu’un lieu où chaque être était amené à visiter. J’étais bien portée à les croire, ma mère ayant elle-même rencontré son destin dans une auberge se trouvant sur ce continent. Une voix dissidente s’était élevée, par contre, me sommant de rester sur ce continent et de me diriger vers le Désert, étendue mystérieuse qu’elle semblait avoir été la seule à franchir. Là-bas, m’avait-elle dit, au cœur des dunes, s’élevant contre le sable et l’érosion du vent, se trouvait un palais fabuleux, ses hautes tours se perdant dans les nuages et grouillant de vie. Elle m’avait assuré ne s’être dirigée vers ce lieu que vers la fin de ses voyages et l’avoir beaucoup regretté. Les autres femmes avaient semblé perplexes devant de tels dires, mais l’Orine en question n’ayant aucune raison de mentir, je décidai de me pencher sur la question.

En effet, quelques livres avaient un chapitre ou deux dédiés au palais que m’avait décrit la vieille Orine. «Le Palais de Dasha» ne figurait sur aucune carte et sa construction ne semblait être qu’une légende, son existence un mythe. Tenter un voyage vers ce mystérieux Palais, seule, franchir le désert et ses mille périls me semblait une tâche impossible. Je m’étais pourtant rendue compte que j’en avais envie. Je voulais découvrir le monde, alors pourquoi me rendre vers des endroits déjà explorés? Je sentais le destin m’appeler et me sommer de choisir la voie du Désert. C’est donc celle-ci que je choisis. Je me mis en route après quelques jours, esquissant de souriants adieux aux Orines avec lesquelles j’avais grandi.

C’est donc ainsi qu’après les vastes étendues luxuriantes des Terres d’Émeraudes vint le désert. Mon voyage ne fut pas facile. J’avais eu assez d’eau et de nourriture durant tout le trajet – une chance! – mais la fatigue s’était rapidement fait sentir. Le soleil tapait sur mon crâne et je n’avais nulle part où me cacher de ses durs rayons. Je n’avais pas été habituée à une chaleur si rude, si impardonnable que celle-ci. À Maëlith, la température était toujours agréable, le soleil ne faisant que caresser ma peau. Et, si il faisait trop chaud, une baignade dans l’étang suffisait pour retrouver une température normale. Dans le désert, le moindre contact de mon derme avec les rayons du soleil me faisait grincer des dents. Et les nuits! Les nuits étaient si froides, si venteuses, si imprévisibles! Le paysage changeait à chaque jour, une nouvelle dune semblant apparaître à chaque clignement d’yeux. Pas une fois, par contre, n’eus-je envie de faire demi-tour. Dame Nature me chuchotait à l’oreille que cette voie était la mienne. Les cheveux emmêlés, couverte de sueur, grimaçante sous le soleil, un voile couvrant mon visage dans un effort de me protéger du sable se frappant constamment contre mon visage, j’avançais.

Enfin, mes efforts portèrent fruits. Au bout d’une énième nuit passée à marcher, mon périple m’ayant enseigné à dormir le jour et à voyager la nuit, j’aperçus au loin ce qui semblait être une grande villa, lieu de résidence sophistiqué, quoi que saugrenu au milieu des plaines sablonneuses. Débordante de joie, sans m’interroger sur la légitimité de ce que je voyais, sans penser à la probabilité que cette villa ne pouvait être qu’un mirage, je commençai à courir vers l’édifice, chacun de mes pas soulevant un nuage de poussière probablement visible au loin. J’espérais que le propriétaire de ces terres était gentil et bon, me permettrait de prendre un bain et de me reposer avant de me renvoyer à l’impitoyable désert. Pourtant, plus j’avançais vers la villa, plus ma vision semblait changer. Les contours de la maison devenaient flous et laissaient place à de grands murs de pierres et de lierre s’étendant sur ce qui devaient être des kilomètres. Le toit s’élevait, laissant place à un dôme doré qui perçait les nuages. Soudain, je fus frappée d’une réalisation. Je me trouvais devant le palais de Dasha! Mon périple se terminait ici, enfin! J’allais enfin pouvoir trouver repos, j’allais enfin pouvoir explorer ce palais qui avait occupé toutes mes pensées au cours des dernières semaines. Submergée par l’émotion, arrivée devant l’enceinte du palais, je ne pus me contenir et m’agenouillai sous les étoiles, secouée de petits sanglots. C’est alors que j’entendis de lourds pas s’approcher de moi, ainsi qu’un tintement ne pouvant provenir que d’armes attachées à une ceinture. Je relevai les yeux, mon regard rempli d’eau croisant celui, inquisiteur, d’un garde (un homme!).

«Mademoiselle? Tout va bien?»

J’eus soudainement honte de mon aspect physique déplorable et ne fus capable d’aligner que quelques syllabes incompréhensibles.

«Que faites-vous ici?»

Le garde m’aida à me relever, conscient que je ne présentais aucune menace sérieuse. Nous étions les seuls dans l’enceinte du palais, nos paroles se répercutant sur les murs de pierre. Je me forçai à parler, ma voix devenue rauque et sèche.

«Je suis Aina.»

Bon, ce n’était pas ce qu’il m’avait demandé, mais pour ma défense, le garde aurait dû avoir l’expérience des voyageurs exténués et savoir que me faire parler n’était pas le meilleur plan…Ce qu’il ne semblait pas comprendre et continuait de me fixer, attendant que j’étoffe sur ma présence en ces lieux.

«Je peux… rester? Je peux… danser… en échange…pour les gens qui habitent ici. Juste… je veux me laver…»

Je dus répéter ces trois phrases plusieurs fois afin d’être comprise par le garde, mais au bout de plusieurs frustrantes minutes où j’essayais de communiquer ce que j’étais venue faire ici, il m’escorta dans les quartiers que j’assumais être ceux des gardes et du personnel. Une chambre vide m’y attendait, éclairée par une lampe à l’huile. La chambre était meublée sommairement, comportant un lit simple, une baignoire, un penderie, ainsi que des toilettes et quelques coussins disposés sur le sol. Il m’expliqua qu’il me reparlerait demain matin, mais de dormir en attendant. Il sortit de la pièce et je m’empressai de me débarrasser de mes vêtements sales et de me glisser dans le bain, profitant paresseusement du doux mouvement de l’eau froide sur ma peau. Plusieurs minutes s’écoulèrent ainsi, avant que je me saisisse d’une éponge et oeuvrai afin de faire disparaître toute la crasse s’étant accumulée sur ma peau. Après m’être bien frottée ainsi qu’avoir lavé, puis démêlé mes cheveux, je me glissai, nue, entre les draps soyeux de mon lit. Je fermai les yeux, m’endormant aussitôt, l’esprit vide et en paix.

Je fus réveillée par la clameur des gens oeuvrant à l’extérieur. Désormais reposée et plus vive d’esprit que la veille, j’examinai mon environnement et déduis que j’étais au deuxième étage du palais, dans une chambre donnant sur ce qui semblait être un jardin suspendu. Voulant explorer les lieux, je me hâtai d’ouvrir la penderie dans l’espoir d’y trouver quelque vêtement m’allant, car il n’était pas question de remettre les haillons avec lesquels j’avais franchis l’enceinte du palais. Je trouvai mon bonheur en une robe légère et simple, puis je sortis de la chambre où je m’étais installée à pas de loup. J’essayais de ne pas trop attirer l’attention, car j’étais étrangère en ces contrées. Je ne connaissais ni l’étiquette propre à ce palais de légendes ni envers quelles personnes montrer un signe de respect. Je gardai donc la tête basse en me dirigeant vers les Jardins suspendus, ne prenant pas le temps d’admirer la beauté des lieux tant j’étais nerveuse de commettre un faux pas. Une fois parvenue à destination, je décidai que l’attitude à adopter était de m’asseoir près du plan d’eau qui s’étalait au milieu des îlots flottants de verdure afin d’observer le comportement des gens peuplant le palais. Je pris donc place, croisant les jambes, mon index frôlant distraitement l’eau claire, lorsque je fus soudainement aspergée.

Sans comprendre ce qui se passait, je me contentai de pousser un petit cri, surprise, puis de m’écarter du plan d’eau. Ma robe collait désormais à ma peau, mes cheveux dégoulinaient : j’étais trempée de la tête aux pieds. Croyant à un phénomène qui se produisait régulièrement autour de cette étendue d’eau – une fontaine à geysers, par exemple – je commençai à me maudire pour ma propre bêtise, pensant que j’avais eu l’air d’une non-initiée, d’une rustre. Je remarquai par contre rapidement que je n’étais pas la seule à avoir été trempée. Puis, j’entendis plusieurs individus diriger leur colère vers un garçon qui souriait, semblant s’excuser d’avoir provoqué l’accident. Un Élémental, pensai-je, un Élémental très gaffeur. Je n’étais pas en colère; après tout, ce n’était pas ma robe qu’il avait ruinée.  Malgré tout, j’étais un peu irritée qu’il aie pensé adéquat d’exercer des pouvoirs qu’il savait instables dans un lieu publique, contrevenant au confort et à la bonne humeur des gens à sa proximité. Étant toujours debout et me tenant à une certaine distance de l’étendue d’eau, je me dirigeai donc vers lui, le dos droit et le port de tête haut et m’éclaircit la gorge pour qu’il se rende compte de ma présence.

«Bonjour. Vous allez nettoyer tout cela, j’espère. »

Je faisais mention des flaques d’eau qui s’étaient formées sur le sol autour de l’aire où le jeune homme se trouvait. Je n’avais nullement l’autorité de lui faire une telle demande, mais il me semblait être de convenance que l’homme remédie à ses propres dégâts. Dégoulinante, tentant de me couvrir subtilement avec mes mains (le tissu de la robe étant devenu légèrement translucide), j’attendais sa réponse.

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Lun 15 Juin 2015, 22:55


D’autres individus commençaient à lui crier dessus, ce qui ne déstabilisa pas du tout Raphaël, qui continua de s’excuser face à eux. Ce n’était quand même pas de sa faute s’il ne contrôlait pas ses pouvoirs ! Enfin, il n’essayait pas de se trouver d’excuses, car il ne leur dit pas, continuant simplement de dire désolé, se fichant en fait pas mal de ce qu’ils lui disaient. Ce n’était que des inconnus sans importance pour lui. De plus, ils répétaient tous la même chose, comme de véritable perroquet sans âme. Inintéressant, et dénué d’intérêt. Il aurait pu bailler, mais se retint. Il ne voulait pas s’attirer encore plus d’ennuie. Pas avant de s’être un peu reposer. Encore heureux, les personnes présentent ne le mirent pas dehors. Les gens finirent par s’éloigner, le laissant seul au bord de la fontaine. Mais soudain, quelqu’un de différent se planta en face de lui. Il ne put s’empêcher de remarquer qu’elle se mettait à distance de la fontaine. Elle semblait avoir peur qu’il recommence. La robe de la jeune femme était légèrement transparente, de l’eau gouttant de ses cheveux et du vêtement. Mais le jeune homme n’y lança même pas un regard. Il n’avait aucun intérêt pour ce genre de voyeurisme, que ce soit un homme ou une femme en face de lui. Il resta concentré sur le visage de l’inconnue, la regardant dans les yeux, forcé de levé légèrement la tête pour ça. Elle était plus grande que lui, ce qui ne le gênait pas du tout. Très fine, elle avait la peau sur les os, mais ça n’en faisait pas quelqu’un de laid. Son visage restant agréable à regard, malgré le fait qu’elle semble un peu… Disproportionné.

Il se mit à sourire lorsqu’elle se mit à lui parler, un léger air autoritaire sur le visage. Elle aurait pu en impressionné plus d’un, mais l’Elémental ne se démonta pas, gardant son sourire d’excuse. « Oui. Enfin, je vais faire de mon mieux ! ». Elle était différente des autres qu’il y avait ici. Un peu autoritaire, et sûrement à cheval sur les manières vue sa posture, mais différente. Plus intéressante, et peut-être moins superficiel. Enfin, il ne s’attendait pas à passer beaucoup de temps avec elle, après tout, vue comment elle le regardait, elle voulait simplement qu’il répare son erreur. L’Elémental ferma les yeux, et se concentra. Ses veines se teintèrent de bleus ressortant, ses cheveux prenant quelques reflets bleutés également. Il contrôlait un peu mieux ses pouvoirs depuis peu de temps. Il fit quelques gestes, et réussit à soulever toute l’eau éparpillée autour, et les remit dans la fontaine. Il baissa les bras, et se tourna vers la demoiselle. « Et voilà, j’ai fini. Désolé pour vos vêtements, je peux pas absorber l’eau qu’ils ont absorbée ». Il marqua une pause, et finit par se rappeler quelque chose. « Ah oui, j’ai oublié de m’excuser. Je suis désolé ». Dit-il en penchant légèrement la tête en avant. Puis il se redressa, retrouvant rapidement son sourire. « J’ai beau avoir un meilleur contrôle de mes pouvoirs, je perds encore le contrôle, surtout quand je fais pas garde à les contrôler ». Il marqua une seconde pause, son débit de paroles assez rapide. C’était habituel chez lui. Vu qu’il parlait souvent seul lorsqu’il était avec Nathaniel,  bien que le dragon lui réponde, enfin, d’une certaine manière. Est-ce que ça faisait de lui un fou ? A méditer.

Raphaël finit par tendre la main, un sourire aux lèvres, amical, comme à son habitude. « Je m’appelle Raphaël, et vous ? ». Autant se sociabiliser, plutôt que de rester seul dans son coin, comme à son habitude. Enfin… Il ne pouvait pas vraiment dire ça. Après tout, il ne connaissait aucune de ses habitudes. A part peut-être le fait qu’il voyageait. Ca au moins, il pouvait le dire, rien qu’à l’état de ses vêtements, et de son physique. Quelqu’un qui voyage beaucoup était souvent plus résistant. C’est pour ça qu’il arrivait à marcher longtemps  sans s’épuiser. « Vous n’avez pas l’air d’être du coin, ni même de voyager beaucoup. Votre peau est un peu claire pour ça ». Dit-il en regardant le visage de la jeune femme. C’était impoli, certes, de parler à une femme de cette façon, mais il s’en fichait. La politesse, et le doigté ne faisaient pas partit de ses prérogatives. Mais bon, même si elle l’envoyait balader, il s’en fichait. Après tout, il s’en fichait, vu qu’il ne la connaissait pas. La solitude ne le gênait pas. Mais peut-être qu’il pourrait apprendre deux, ou trois petites choses d’elle. Après tout, elle semblait bien élever, et très à cheval là-dessus d’ailleurs. Ou alors, ils risquaient de ne pas s’entendre, ce qui était fortement possible. « Ouai, mauvaise manière de commencer une conversation, je suis peut-être un peu trop direct ». Dit-il à voix haute, sans pour autant que ça passe pour une excuse. Ce qu’il ne faisait d’ailleurs pas du tout, s’excuser.


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Jeu 02 Juil 2015, 23:33


Le jeune homme aux cheveux en broussailles m’adressa le sourire d’excuse que je l’avais vu donner aux autres gens qu’il avait incommodés. J’hochai la tête, agitant les boucles toujours humides qui encadraient mon visage lorsqu’il indiqua sa volonté de nettoyer l’eau qui jonchait le sol. Bien qu’il eut initialement fait preuve d’une assez grave impolitesse, aspergeant tous les gens se trouvant autour de lui, je ne le percevait pas comme quelqu’un de foncièrement rustre ou mal intentionné. Qui plus est, il n’avait pas profité de notre différence de grandeur afin de jeter un coup d’œil au tissu de ma robe, qui, imbibé d’eau, demeurait toujours un brin transparent. M’efforçant de garder la posture digne malgré ma gêne qui s’installait doucement – je n’avais pas l’habitude de côtoyer des hommes, et encore moins dans une tenue que j’estimais assez révélatrice – je l’observai alors qu’il se mettait en place pour nettoyer son dégât. N’ayant pas pensé au fait qu’il soit un Élémental, je m’attendais à moitié à ce qu’il aille chercher une serpillière pour éponger son dégât. Décontenancée lorsqu’il ferma les yeux, je fis un pas de côté alors que ses veines ressortirent de son visage et devinrent beaucoup plus apparentes, menaçant d’exploser.  Lui qui avait le visage si doux, si ouvert quelques secondes auparavant, je lui trouvais désormais un air légèrement menaçant, bien qu’il ne fasse rien de mal. Ses pouvoirs se manifestaient-ils toujours ainsi? Quoi qu’il en soit, j’étais assez impressionnée. Même s’il avait prouvé être assez maladroit dans la maîtrise qu’il exerçait sur son élément, je lui trouvais quelques airs de maître, ainsi, à déplacer l’eau à l’aide de mouvements amples des bras. Qu’est-ce que ça devait être valorisant, d’exercer contrôle sur une facette du monde, de ne faire qu’un avec une création de Dame Nature! J’avais beau l’adorer et la vénérer, j’eus soudain l’impression d’être beaucoup moins proche d’elle, en observant l’inconnu user de ses pouvoirs. Il était Élémental, la personnification d’un élément. Il était goutte d’eau, lac et rivière. Le prolongement d’un bras de Dame Nature, un atome la composant. J’étais une protégée de Deimu : il était son gardien.

Ayant trouvé un nouveau respect pour l’inconnu, je lui offris mon plus beau sourire lorsqu’il se retourna vers moi, les bras ballants, apparemment satisfait d’avoir remédié au problème sans avoir causé plus de dégâts.

« Et voilà, j’ai fini. Désolé pour vos vêtements, je peux pas absorber l’eau qu’ils ont absorbée »
«Ce n’est pas un problème,» lui répondis-je, un mince sourire aux lèvres.  «Ils devraient sécher par eux-mêmes assez rapidement, il fait si chaud, ici!»

Du moins, je l’espérais. Je n’avais pas envie de passer toute la journée les mains plaquées sur mon corps. De plus, je serais terriblement embarrassée si je devais rendre ces vêtements, généreusement été mis à ma disposition, à son propriétaire, alors qu’ils étaient encore endommagés.

«Ah oui, j’ai oublié de m’excuser. Je suis désolé. »

J’hochai la tête, satisfaite.

«Ce n’est pas à moi à qui vous devriez adresser vos excuses. Beaucoup d’autres gens semblaient être plus en colère que moi. Enfin, je les accepte quand même.»
Vraiment, cet homme était la preuve vivante qu’il ne fallait pas juger un livre par sa couverture. Je l’appréciais de plus en plus, il faut dire. Enfin, il n’avait pas fait grand-chose… Mais mon opinion de lui s’était considérablement améliorée, au cours des dernières minutes. Quoique il n’aurait pas pu en être autrement, ou alors il aurait vraiment fallu qu’il fasse exprès pour descendre dans mon estime. Il commença alors à parler rapidement de son manque de contrôle sur ses pouvoirs. Je ne compris pas tout ce qu’il dit, le bruit de la fontaine masquant sa voix combiné à son débit rapide m’empêchant de saisir tous ses mots, mais je crus comprendre l’idée générale. J’avais moi-même quelques problèmes avec mon pouvoir de changement d’apparence et, n’ayant pas réellement d’opportunité pour le développer, il restait très approximatif et peu utile. Enfin, le jeune homme aux cheveux foncés tendit la main en déclarant son nom. Je la lui serrai, le regardant dans les yeux et sourit.

«Enchantée, Raphaël. Je suis Aina Rah—…Je suis Aina.»

Il valait mieux ne pas lui offrir de nom de famille s’il ne m’en avait pas offert un. Je me trouvais tout de même en terres inconnues et malgré le caractère sympathique de mon interlocuteur, je préférais rester anonyme. Mon prénom devra lui suffir.

« Vous n’avez pas l’air d’être du coin, ni même de voyager beaucoup. »

Je cessai de lui serrer la main et lui adressa un sourire penaud. Était-ce si évident?

«Non, en effet, je…»

«Votre peau est un peu claire pour ça »

Mon sourire s’effaça instantanément et je fronçai les sourcils. « Claire ?» C’était bien la première fois qu’on me qualifiait ainsi.

«…C’est une blague?»

Ma peau n’était pas tannée par le soleil, il est vrai, mais elle était tout de même brune. J’étais née ainsi. À quoi jouait-il, à me qualifier de «claire» ? Était-ce sa façon à lui de se moquer? Et il pouvait bien parler, lui, avec ses veines bleues!

« Ouais, mauvaise manière de commencer une conversation, je suis peut-être un peu trop direct »

«Hmph.»

Je claquai la langue et soulevai mon regard légèrement au-dessus de sa tête, soudainement plus froide qu’auparavant.

«Vous feriez bien de faire affaire à un marchand pour une paire de binocles, Raphaël. Je m’inquiète grandement pour votre vision.»
Je lui offrit un sourire maternel qui se voulait sarcastique. Qu’avais-je pensé, auparavant? Que, pour baisser dans mon estime, il devrait vraiment le faire exprès? Eh bien, à vue de nez, il avait mis les bouchées doubles.

«Il ne serait pas sage de vous aventurer dans le désert avec un tel handicap. Qui sait, vous pourriez confondre un animal avec un cactus. Peut-être pourriez vous demander à parler à un guérisseur pendant votre séjour ici?»

Je n’étais pas en colère, tout simplement irritée. Ma bonne éducation m’avait cependant appris à ne jamais rétorquer de façon violente et, bien, impolie à quelqu’un m’ayant offensé, mais bien à le remettre à sa place avec la voix douce et un sourire, ce que je m’efforçais de faire. Je soupirai. Moi qui avait cru voir en lui le potentiel d’un guide, ici, car j’ignorais s’il venait d’arriver ou s’il avait toujours vécu ici, sa peau brunie par le soleil projetant une ambiguïté quant à sa présence en ces lieux. Voyageur notoire ou simple habitant?   Enfin, quoi qu’il en soit, nous étions partis du mauvais pied.

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Dim 05 Juil 2015, 18:36


Bien qu’il s’en fiche, Raphaël semblait avoir récupéré quelques points auprès de la jeune femme. Mais cela lui importait assez peu, et il préférait rester seul, surtout qu’il avait l’impression de ne pas être du tout pareil, ce qui les empêcherait sûrement d’être sur la même longueur d’onde. Elle semblait tellement plus sérieuse et polie que lui. Puis elle se présenta, ne lui donnant que son prénom, et une partie de son nom. Enfin, c’est ce qu’il put en conclure. Elle hésitait peut-être à lui donner car il ne lui avait pas fourni. Mais, même s’il l’avait voulu, il n’aurait jamais pu lui fournir son nom. En perdant toujours la mémoire, c’était normal qu’il ait oublié son identité. Mais là encore, il se fichait qu’elle le lui donne ou non. De toute façon, il allait rapidement l’oublier, comme tout le reste. Ca pouvait s’avérer dommage, car il perdrait tous les bons souvenirs. Mais il avait appris à ne plus regretter ce genre de choses. « Ne jamais regarder en arrière » pouvait être sa devise. Ou alors « fuir son passé, et se voiler la face ». Celle-ci aussi lui conviendrait plutôt bien.

Raphaël la regardait, mais le soleil l’avait un peu trop éblouit, ses yeux bleus, trop clairs, supportant mal la trop forte luminosité. Et, à ce qu’il venait de comprendre, il venait de faire une bourde. Il cligna quelques instants des yeux, essayant de chasser les points blancs qu’il voyait. « Mes yeux vont bien, j’ai simplement eut un peu trop de soleil dans les yeux ». Répondit-il simplement. Et d’une manière qui signifiait qu’il se fichait complètement de ce qu’elle venait de dire à son propos. Et il continua, gardant un léger sourire aux lèvres, malgré le fait qu’il n’aime pas le fait qu’elle le prenne de haut. « Heureusement pour moi, je compense mes handicapes avec d’autres qualités. Genre me soigner tout seul ». Ses pouvoirs lui avaient toujours permis de se soigner sans aide, bien qu’il ait encore du mal à les contrôler.  S’il avait à chaque fois attendu des guérisseurs pour se soigner, il serait mort depuis longtemps. « De toute façon, c’est plus facile de survivre dans le désert que de tenir une conversation ». Continua-t-il avec un calme olympien. De nature extrêmement calme, il en fallait plus que quelques piques pour le mettre en rogne. Et puis, de ce qu’il voyait d’Aina, elle ferait mieux de ne pas le voir en colère, parce qu’il pouvait être comme la mer. Et une mer en colère ravageait tout sur son passage, ne faisant pas la distinction entre ami et ennemi.

L’Elémental voulut reprendre la parole pour dire à la jeune femme ce qu’il pensait de son comportement arrogant, mais quelqu’un passa près d’eux et dit, de sorte que seul eux entende. « Si vous voulez apprendre, c’est par ici ». Raphaël eut à peine le temps de se retourner pour voir la personne qui venait de leur adresser la parole, mais elle s’était déjà éloigner. C’était une jeune femme, plutôt bien habillé, mais avec des vêtements assez sobre. Raphaël fronça les sourcils, soudain curieux. Il oublia totalement ce qu’il comptait dire à Aina. Sans dire un mot, il se mit à marcher. Qu’est-ce que cette femme voulait dire par « apprendre » ? Et apprendre quoi ? Tout pour attiser sa curiosité. Il suivit la femme, qui marchait plus vite que lui, mais il sentait qu’elle n’avait pas envie qu’on la rattrape. Il ne savait pas si Aina les suivait aussi, mais ce qui l’intéressait pour le moment, c’était de savoir ce qu’elle voulait. Peut-être qu’il y aurait plus d’action qu’il ne le pensait dans ce lieu. Ou alors pas du tout, et ce qu’elle entendait par là est le simple fait de lire des livres. Il aimait bien lire, mais pour son pouvoir voir une personne faire en vrai était bien plus pratique.

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Lun 06 Juil 2015, 04:22


À vue de nez, Raphaël tentait de faire passer son manque de bonnes manières pour un simple problème de vision. Clignant des yeux, il déclara d’un ton placide que ses yeux allaient bien et attribuait son daltonisme passager à une exposition prolongée au soleil. J’haussai les sourcils, un sourire sans joie figé sur les lèvres. Quelle excuse bidon! Enfin. D’un autre côté, je ne voyais pas vraiment quel serait son objectif en mentant – pourquoi se mettre les pieds dans les plats volontairement pour ensuite essayer maladroitement de s’en sortir? Je croisai les bras sur ma poitrine, dubitative. Avais-je réagi trop promptement? Ça ne serait pas la première fois…

« Heureusement pour moi, je compense mes handicaps avec d’autres qualités. Genre me soigner tout seul »

Handicaps? Au pluriel? Je fus soudainement extrêmement embarrassée d’avoir posé un jugement trop hâtif sur mon interlocuteur. Ainsi, il avait des handicaps auxquels il devait pallier. Oh… J’avais commis une grosse bourde. La pâleur de ses yeux était peut-être réellement un handicap, un véritable problème, probablement une forme d’albinisme. Il avait trop d’eau en lui, tellement d’eau que les trois autres éléments étaient pratiquement absents de son visage, absents de son corps. Quelqu’un avait dû percer un trou dans ses yeux et toute l’encre y avait coulé, laissant ses iris d’un bleu si pur qu’il paraît translucide. J’avais tenté de le faire payer une offense qu’il n’avait pas réellement commise, ou du moins qu’il n’avait pas eu conscience de commettre. Son ton ne m’avait pas indiqué qu’il était offensé, au moins; il semblait détaché de la situation, comme s’il n’en avait au fond rien à faire. Probablement un mécanisme de défense perfectionné au fil des années. Il devait s’être construit une carapace, un duvet imperméable sur lequel il laissait glisser toutes les insultes, toutes les railleries dont il était la proie.

Je n’avais vraiment pas assuré.

Sans douter une seconde de la véracité de mon raisonnement (enfin, tout s’emboîtait parfaitement, mon explication était la plus logique, non?), je pris une inspiration pour pallier à mon erreur et lui présenter des excuses.

«Je – »
«De toute façon, c’est plus facile de survivre dans le désert que de tenir une conversation ».

Eh… Je ne savais pas trop comment réagir à cette dernière remarque. Enfin, il me rendait la monnaie de la pièce en m’envoyant à son tour une remarque désagréable. Je ne pouvais pas vraiment le blâmer, vu la façon dont j’avais agi, plus tôt. La conversation devait le rendre mal à l’aise et, loin de le blâmer, j’étais dans la même situation. Il venait de m’offrir la parfaite occasion d’y mettre court. Si tenir cette conversation était si ardue, alors pourquoi nous y subjections-nous? De toute façon, il n’était qu’un étranger parmi tant d’autres, dans cet immense palais. Je trouverais bien chaussure à mon pied, si j’étais réellement destinée à me trouver un guide en ces lieux. Et puis il venait de confirmer mes doutes : il n’était pas un habitant, mais un simple voyageur. Je n’avais pas besoin de lui et je comptais bien me défaire de sa présence le plus rapidement possible. Lui adressant un sourire, le dernier, si tout se passait bien, j’ouvris la bouche pour mettre fin à notre conversation, puis…

« Si vous voulez apprendre, c’est par ici.»

Les quelques mots me parvinrent clairement, malgré le fait qu’ils aient été murmurés furtivement par une voix douce. Une femme à la longue chevelure tressée s’éloignait de nous à grands pas, emmenant dans son sillage un parfum de romarin. Nul doute que c’était elle qui avait chuchoté ces mots, mais pourquoi les avait-elle dits à Raphaël et à moi-même? Et que voulait-elle dire? J’étais grandement intriguée et sur le point de la suivre… Lorsque je remarquai que Raphaël lui emboîtait déjà le pas.

Ah non!

Je croyais pourvoir satisfaire notre (peut-être unique) désir commun et cloître fin à un entretien qui avait mal commencé et mal fini. Enfin, je le pouvais encore, si je décidais de ne pas suivre la mystérieuse jeune femme, qui avançait rapidement dans les Jardins. J’avais envie de savoir, par contre. Je n’étais pas uniquement venue ici pour profiter du paysage, non mais! Je voulais apprendre, je voulais connaître, je voulais expérimenter. C’était exactement ce que cette résidente m’avait offert. Je ne pouvais pas refuser cette promesse de connaissance tout simplement parce qu’un incongru avait également répondu à l’appel. N’ayant pris que quelques secondes pour tergiverser, je suivis donc Raphaël et la mystérieuse jeune femme, décidée.

Nous marchâmes donc hors des Jardins suspendus, au grand bonheur des quelques sujets qui pouvaient respirer librement maintenant que Raphaël se tenait à distance respectable de la fontaine. Guidés par la jeune femme, nous empruntâmes un long corridor marbré, ponctué de nombreuses tentures ocres et nacrées suspendues au haut plafond. Les sons se répercutant aisément sur les murs, j’étais trop consciente de mes propres mouvements pour demander quelques précisions à la jeune femme, qui restait également silencieuse. J’eus cependant la chance de mieux la détailler. Elle était vêtue sobrement, dans des couleurs assez discrètes, se fondant dans le paysage, mais on pouvait constater par l’élégance du tissu ainsi que par la façon dont elle se mouvait qu’elle n’était pas une citoyenne du Palais anonyme, et encore moins une voyageuse venue s’y réfugier. Non, elle dégageait une certaine aura… Je n’arrivais pas à mettre des mots sur ce qu’elle m’inspirait, mais j’étais légèrement intimidée par sa présence.

Notre petit groupe arriva enfin devant de lourdes portes sculptées à même le mur. La jeune femme les poussa et, silencieusement, nous invita à pénétrer dans la pièce. La remerciant d’un hochement de tête, toujours sans piper mot, je fis quelques pas à l’intérieur. Le lieu sentait le vieux parchemin et cette odeur particulière qu’avait le désert. Sous l’éclairage tamisé des tentures nous voilant de l’éclat du soleil projeté par le dôme en vitre, j’apercevais ce qui paraissait être des kilomètres de rayons de livres, de parchemins, d’encyclopédies et d’ouvrages en tout genre. La bibliothèque de Maëlith, que j’avais toujours trouvé si impressionnante, était presque ridicule comparée au spectacle qui s’étalait devant mes yeux.

«Le savoir.»

La voix de la jeune femme me fit sursauter et je me retournai immédiatement vers elle. Sa voix, bien que douce, résonnait à travers la pièce par mille échos et forçait le respect.

«La connaissance.»

Elle désigna les livres qui s’étalaient devant nous à perte de vue, tout en avançant dans la pièce.

«Nous possédons ici, au Palais de Dasha, une collection impressionnante d’ouvrages à la disposition de celui qui souhaite parfaire ses connaissances. Une immense bibliothèque capable d’étancher la soif de savoir de quiconque voulant s’y abreuver.»

Je l’écoutais attentivement.

«Il y a cependant une limite à ce que l’on peut apprendre entre les pages d’un roman, si dense soit-il. Et ceux à la recherche de pouvoir,» elle sourit, pensivement, «ne peuvent pas se contenter de feuilleter une encyclopédie pour arriver à leurs fins.»

Elle s’arrêta devant une deuxième paire de portes à lourds battants, encadrée de deux gardes armés. La jeune femme anonyme perçait désormais Raphaël et moi du regard.

«Derrière ces portes se trouvent les ressources dont vous aurez besoin pour acquérir ces connaissances, acquérir ce pouvoir. Ne vous interrogez pas; ne demandez pas pourquoi vous avez été choisis, si sélection il y a eu. Par contre, je vous préviens : la route du savoir, la route vers le véritable savoir, est un chemin ardu, parsemé d’embûches et de déceptions. Si vous ne vous sentez pas prêts à y faire face, vous pouvez toujours demeurer dans cette pièce et vous plonger dans la lecture d’un ouvrage quelconque. Sinon… je vous souhaite bonne chance.»

Et, sur ces dernières paroles, elle poussa les portes et fut engouffrée à l’intérieur, laissant Raphaël et moi esseulés dans la grande bibliothèque.


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Mar 07 Juil 2015, 00:25


Quelques secondes après avoir emboité le pas de la jeune femme, Raphaël entendit des bruits de pas à sa suite, et devina qu’Aina les suivait également. Il espérait qu’elle n’allait pas lui faire encore toute une histoire pour des bourdes. Chose qui lui arrivait souvent, car il avait une très grande tendance à se mettre dans des situations pas possible. Provoquer par lui-même, ou par d’autres facteurs qu’il ne contrôlait pas. Ils empruntèrent un long corridor, quittant les jardins suspendus. Malgré le fait qu’il soit de nature discrète, les pas de l’Elémental résonnait, comme tous ceux autour de lui. Ses oreilles sensibles criaient de douleur, et il s’empêchait de se boucher les oreilles. Avoir développé ses sens de façon à ce qu’ils dépassent la moyenne, et puisse lui fournir une meilleure aide lors de ses voyages, ou combats, n’avait pas toujours que des avantages. Mais bon, globalement, il se remerciait de cet entraînement. Sans ça, il serait mort un bon nombre de fois.

De dos, il eut tout le temps d’examiner un peu leur guide. Habillé sobrement, mais de manière élégante et riche. Elle devait être du Palais, et sûrement pas un serviteur.  Elle dégageait quelque chose, une aura, ce qui aurait pu en impressionné plus d’un, mais n’avait aucun effet sur Raphaël. A force de voyager, il avait pas mal rencontré de personnes, et dangers, et n’était plus impressionné par quelqu’un avec une allure et une forte aura. Il jeta un regard par-dessus son épaule, et décrypta le comportement d’Aina. Elle n’était pas dans le même cas que lui. Pas effrayé, non, c’était autre chose. Mais il n’arrivait pas à mettre un mot dessus. Il fallait dire qu’il avait beau être fort pour comprendre le comportement des autres, mettre un mot sur leurs émotions étaient quelque chose de compliqué pour lui. Il n’avait jamais vraiment compris ce qu’était les sentiments, et il n’était déjà pas capable de comprendre les siens, alors ceux des autres… Heureusement pour lui, son esprit fut distrait par leur arrivé devant de lourdes portes sculptées. La femme les ouvrit, et entra à l’intérieur, les invitant à la suivre. Sans hésiter, le jeune Elémental pénétra à l’intérieur. Il ne put s’empêcher de rester pantois devant une telle bibliothèque. Il y avait tellement de livres. C’était un amas de savoir impressionnant.

A ce moment, la jeune femme se mit à parler. Raphaël tourna la tête vers elle, et l’écouta. Il essaya d’ignorer la résonnance, qui commençait à lui taper sur le système. Le regard de la jeune femme les perçait tous les deux, et seul son contrôle sur ses nefs put l’empêcher de le faire frissonner. Il détestait avoir l’impression de se faire transpercer du regard. Il avait l’impression de se faire analyser, alors même que c’est ce qu’il faisait en permanence avec les autres. Elle désigna la porte encadrée de deux gardes. Il y avait quelque chose d’important planqué derrière. Elle disparut derrière ces dernières, les laissant seul. L’Elémental resta immobile quelques secondes, puis se mit en marche. Non pas vers les portes, mais vers les livres. Il lut la couverture de plusieurs, les balayant rapidement du regard, retenant le titre de chacun. Il dit à voix haute, pour lui-même. « Incroyable, ils en ont dans toutes les langues, et de tous les genres ». Il en attrapa un et l’ouvrit. Il était écrit dans la langue des Vampires. Langues qu’il connaissait parfaitement. Ca pouvait s’avérer curieux vis-à-vis de son problème, mais il avait résolu le problème. Il y avait différente mémoire, et seule celle de ses souvenirs étaient touchés. Les autres restaient intouchées par rapport à son pouvoir. Tout ce qui concernait le langage il le conservait. Il avait donc appris plusieurs langues et il connaissait celle des Vampires.

Raphaël parcourut rapidement le livre, puis finit par le poser. Il parlait d’une de leur légende. Il finit par reposer le livre, et regarda les autres, s’arrêtant sur quelques-uns. «Vampire, Humain, Elémental, Ange, même Démon. Une vraie panoplie. Dommage que je puisse pas les lire. Enfin, ceux que je comprends, il y en a pas mal dans d’autres langues ». A nouveau, il parlait pour lui-même, se fichant quelque peu de la présence d’Aina. Il finit par se tourner vers la porte gardé, réfléchissant. Il ne recherchait pas vraiment la puissance, et devait réfléchir à pourquoi il entrerait. Il savait que ce genre de proposition était toujours dangereux. Il pencha légèrement la tête, puis regarda la jeune femme. « Vous comptez y aller ? ». Il attendit qu’elle lui réponde, puis regarda pensivement la porte. « Je crois bien que je vais y aller. Une occasion pareil, ça se manque pas ». Oui, il avait fini par apprendre à saisir les propositions qu’on lui donnait. Juste après sa réponse, il s’avança vers les portes, et les gardes ouvrirent. Raphaël les remercia d’un geste de la tête, et entra. D’abord un couloir, plus court que celui de toute à l’heure. A la fin, il y avait une porte, aussi grande que la première. Arriver à son niveau, l’Elémental la poussa, et entra à l’intérieur. C’était une grande salle, avec un dôme en verre comme lumière, et elle était vide. Il remarqua différents tunnels qui partaient de la salle dans plusieurs directions. La jeune femme, qui avait été leur guide, ainsi qu’un homme, plus vieux, attendaient dans la salle, conversant entre eux. En entendant l’arrivé de Raphaël, ils se tournèrent vers eux. L’homme prit la parole. « Je vois que vous avez pris votre décision, mais êtes-vous réellement déterminé ? Les épreuves que vous subirez pourront vous détruire ». L’Elémental eut un léger rire sec, et garda un sourire ironique lorsqu’il répondit. « Je crois bien avoir été détruit plus souvent que nécessaire. Je survivrai ». Comme toujours. Il survivrai, puis il oublierait, comme toujours.


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Jeu 16 Juil 2015, 21:13


Le discours de la dame m’avait laissée pantoise. J’étais presque à bout de souffle, comme si je venais de courir un marathon. De quoi parlait-elle? Je veux dire, je n’étais pas sotte, je comprenais que derrière la porte qu’elle avait franchi se tenait une «route vers le savoir», des épreuves pour tester nos connaissances, ou bien pour déterminer si nous étions prêts à en recevoir des nouvelles. Autour de moi et des larges volumes qui prenaient la majorité de l’espace, des tourbillons de poussière volaient à la lumière. Raphaël était immobile, lui aussi. Peut-être tergiversait-il en ne sachant pas quelle option choisir; je profitais pour ma part de la quiétude de l’endroit. Notre guide nous avait emmené en ce lieu si paisible, d’apparence si sacré et l’avait transformé en vulgaire salle d’attente. L’éclairage tamisé, les élégantes moulures en bois qui encadraient la porte, toute cette beauté et ce luxe contrastait avec ce qu’elle venait de nous décrire. Elle avait réduit mon besoin, cette soif de savoir et de connaissances, en simple outil me permettant d’acquérir plus de pouvoir. Je réalisai alors que c’est ce qui m’avait le plus choqué dans son discours. Son affirmation que, afin de devenir un érudit, il ne suffisait pas de se plonger dans les mots écrits par plus sage que nous, mais bien de traverser des épreuves et s’endurcir mentalement (ou physiquement? Elle était restée assez floue). Je veux dire, je comprenais qu’il fallait lever son nez des livres et regarder le monde autour de soi pour grandir, oui, c’était d’ailleurs l’une des raisons de mon exploration de ce monde, mais de là à dire que l’amas de livres autour de moi ne représentait pas le «véritable savoir»… Les yeux fixés sur la porte, entendant encore sa voix résonner dans mon esprit, je réfléchissais.

« Incroyable, ils en ont dans toutes les langues, et de tous les genres.»

Je sursautai en entendant la voix de Raphaël tonner dans la pièce. Enfin, tonner n’était peut-être pas le mot, mais j’avais l’impression qu’il avait crié, tant j’avais oublié sa présence à mes côtés. D’ailleurs, je n’avais même pas regardé un seul livre! Quelle hypocrisie de ma part… Je ne trouverai  peut-être pas l’ultime savoir dans cette pièce, ou dans l’autre, d’ailleurs, mais je ne le trouverais certainement pas en restant ainsi les bras croisés. Je me déplaçai alors vers le rayon de livre le plus près de moi, tentant de déchiffrer le titre de plusieurs livres, sans toutefois comprendre les mots gravés sur leurs épines dorsales. De toute évidence, je n’étais pas tombée sur un rayon comportant du Commun ou du Niseis, les eux seules langues que je maîtrisais. Quel paradoxe, être dans cette pièce comportant des siècles de découvertes, des millénaires de savoir accumulé et n’être pas capable de déchiffrer un seul mot…

«Vampire, Humain, Elémental, Magicien, Sorcier, Ange, Orisha, même Démon. Une vraie panoplie. »

Mes yeux s’écarquillèrent. Il comprenait toutes ces langues? Pouvait les identifier en un seul coup d’œil? Je n’avais pas saisi la deuxième partie de ce qu’il avait dit, aussi étais-je très impressionnée. Ce Raphaël, pour qui j’avais perdu une estime retrouvée, commençait à regrimper dans celle-ci. Il était décidément plein de surprises.

«Vous…parlez toutes ces langues? Vous devez avoir beaucoup voyagé,» chuchotai-je.

Comprendre tant de langues, avoir été au contact de multitudes de peuples… J’aimerais bien faire la même chose, un jour. Enfin, peut-être me trompais-je totalement et Rapahël avait dû passé une éternité sur un banc d’école pour maîtriser toutes ces langues. Il me semblait pourtant plus du genre aventurier que du genre écolier, mais enfin, on ne peut pas juger un livre par sa couverture… la plupart du temps.

« Vous comptez y aller ? » dit-il, en guise de réponse. Peut-être ne m’avait-il pas entendue, ou comptait-il garder le mystère sur l’origine de ses connaissances. Quoi qu’il en soit, mon attention était de nouveau dirigée vers la lourde porte où notre guide avait disparu quelques instants plus tôt.  Comptais-je y aller? Ce serait mentir que d’articuler une réponse autre que oui. J’étais curieuse et les obstacles qui se trouvaient derrière cette porte, loin de me rebuter, m’attiraient, je voulais savoir ce qu’il en était.

«La curiosité a tué le chat,» entonnai-je, «… mais la satisfaction l’a remis sur pieds.»

J’oeillai Raphaël. «Tout ça pour dire oui. Oui, je compte y aller. Vous?»

« Je crois bien que je vais y aller. Une occasion pareille, ça se manque pas »

«Je suis bien d’accord!»

Raphaël pris alors les devants et s’avança vers la porte. Je lui emboîtai le pas, jetant un dernier regard aux livres qui s’empilaient derrière moi. J’espérais pouvoir revenir ici et avoir la chance d’en feuilleter quelques-uns…  Raphaël et moi-même franchîmes un couloir éclairé par un dôme en verre et je dus cligner des yeux quelques fois pour supporter le changement brusque entre la lumière tamisée de la bibliothèque et le rayonnement du couloir. Enfin, il n’était pas trop long et nous traversâmes encore une fois une autre porte. Ce couloir n’était probablement là que pour permettre aux gardes d’attraper un intrus avant que celui-ci arrive à la prochaine porte. Mais quels secrets se trouvaient derrière celle-ci? Pourquoi tant de mesures prises pour les protéger, pourquoi tant de mystères, de précautions? Je n’avais aucun moyen de répondre à ces questions autre que d’avancer et de voir par moi-même. Bref, Raphaël poussa la porte et je la franchis en même temps que lui. Nous arrivâmes dans une grande salle circulaire, toujours éclairée par un vaste dôme en verre projetant sur nous les chauds rayons du désert. Je sortis de l’ombre de Raphaël pour me positionner à ses côtés, remarquant la présence de notre guide de tout à l’heure ainsi que celle d’un homme plus âgé. Tout les deux étaient vêtus similairement, drapés dans une élégante sobriété, un raffinement discret. Lorsqu’ils se retournèrent vers nous, je m’inclinai en leur direction, toujours légèrement intimidée par les ondes qu’ils projetaient.

«Je vois que vous avez pris votre décision, mais êtes-vous réellement déterminés ? Les épreuves que vous subirez pourront vous détruire. »

Raphaël gloussa à la question de l’homme, ce que je pris pour de la nervosité, car il était assez sec et incongru. Il leur répondit en signifiant qu’il serait de taille, puisqu’il avait déjà traversé des épreuves pires que celles-ci. Notre guide et son compagnon hochèrent la tête. Je crus voir l’ombre d’un sourire sur le visage de la femme, elle semblait satisfaite par la réponse de Raphaël. Ils tournèrent alors leurs visages vers moi, attendant ma réponse.

«Je… Je suis motivée par ma soif de savoir. Et si je dois prendre le risque d’être détruite pour l’étancher, alors soit.»

La femme frappa dans ses mains, toujours souriante. «Bien.»

«Les Gardiens pourront voir recevoir,» entonna l’homme. «À chaque couloir son Gardien, à avenue du savoir des épreuves.»

Il se déplaça alors silencieusement, un exploit, si on prend en compte la résonnance de l’endroit, vers le premier couloir à notre gauche. «Ici, le Gardien détient les secrets de l’agilité de corps et d’esprit.» Il désigna ensuite le deuxième couloir à notre gauche. «Là, le Gardien détient les secrets de la force de corps et d’esprit.» La femme pris alors la parole, se tournant vers le tunnel du centre, «Le Gardien vous révélera les ficelles du charisme ici.» Puis, le premier couloir à notre droite. «Ici, le Gardien partagera avec vous les secrets de l’intelligence.» Finalement, elle désigna d’un ample mouvement du bras le dernier couloir. «Enfin, le Gardien de ce couloir recèle en lui les secrets du noble art de la Magie.»

Alors, à chaque tunnel un Gardien, à chaque tunnel un secret nous serait révélé.

«Faites votre choix. Vous ne pouvez entrer en contact qu’avec un seul Gardien, aussi réfléchissez bien…»

Je n’étais pas bien hésitante, il faut dire. Toutes les compétences énumérées par nos deux guides étaient importantes, mais l’une d’elle semblait rayonner le plus dans mon esprit. Je m’avançai vers le centre de la pièce, m’éclaircis la gorge.

«Je compte emprunter le chemin de la magie. Merci pour cette opportunité.» Une deuxième révérence, plus courte cette fois. Ils firent signe de me relever, puis me dirent silencieusement de suivre la voie que j’avais choisie. Je me retournai vers Raphaël, ignorant s’il avait fait un choix, mais hochant la tête pour le remercier de m’avoir accompagnée jusqu’ici. Puis, je me dirigeai vers le tunnel le plus à l’Est et m’y enfonçai.

Tout était si noir et exigu, à l’intérieur. Je devais plaquer la paume contre les murs rocailleux pour ne pas perdre pied. Le tunnel semblait avoir été sculpté à même le roc et manquait la finition, le travail apporté au reste du Palais. Enfin, après quelques minutes passées à parcourir silencieusement ce tunnel, ignorant si j’étais suivie, j’arrivai à une large embouchure éclairée par chandelles et lampes à l’huile. Devant moi se tenait une créature informe, beaucoup plus grande que moi, lévitant à quelques centimètres du sol. Vaporeuse, aérienne, je n’arrivais pas à comprendre sa composition. La créature ne ressemblait à rien que j’aie pu voir auparavant et je restai un moment fascinée par son physique. Quatre longs bras sortaient de la brume et elle projetait sur moi et sur le reste de la cave une lueur bleutée. Cet être en suspension n’avait pas semblé être consciente de mon arrivée, car elle restait immobile, ne me prêtant guère attention. Je devais avoir affaire à un Gardien, au Gardien de la magie… Ne sachant pas trop quelle attitude avoir, je m’inclinai vers celui-ci.

«Bonjour, Gardien. Je suis Aina,…»

Aucune réaction.

«Je viens pour apprendre.»

Le Gardien resta muet.

Bon… Que devais-je faire maintenant?

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Ven 17 Juil 2015, 20:03


Malgré son sourire légèrement ironique, les yeux de Raphaël reflétaient une certaine détermination, mais cette détermination dissimulait son manque de sentiment, et sa lassitude. En tout cas, sa réponse sembla plaire aux érudits, qui hochèrent la tête, puis tournèrent la tête vers Aina, attendant une réponse de sa part. Elle répondit, hésitante, mais cela sembla satisfaire leurs deux interlocuteurs. La femme frappa dans ses mains, souriante, puis l’homme prit la parole. Il leur expliqua qu’il y avait des Gardiens, gardant un certain mystère autour d’eux. Ce serait donc eux leur maître. Les différents couloirs et leur leçon furent présentés. Raphaël réfléchit quelques instants à ce qu’il voulait apprendre. Le charisme ne l’intéressait pas, et ne l’avait jamais intéressé. Il avait toujours développé son intelligence et sa magie. Son intelligence car avec un pouvoir comme le sien, être un idiot de l’aiderait pas. Et la magie car c’était le propre aux Elémentals, qui en faisait un avantage face aux autres. Sauf aux Humains avec une anti-magie trop forte.

Contrairement à lui, Aina ne fut pas longue à se décider. Il tourna la tête vers elle, et la suivit du regard, tandis qu’elle disparaissait dans le couloir de la magie. Les deux guides se tournèrent vers lui, l’interrogeant silencieusement. « Je crois que je vais faire pareil ». Leur dit-il. Il tourna les talons, et se dirigea et prit la même direction que la jeune femme. Derrière lui, il entendit les deux érudits prendre la même direction que lui. Pourquoi ? Ils doivent avoir une raison, mais Raphaël ne comprenait pas encore laquelle. C’était eux les Gardiens ? Ou ils comptaient les surveiller. Ils n’avaient pas l’air d’être des combattants, mais la méfiance était de mise. Des gens à l’apparence banale pouvait parfaitement être puissant et sans merci. Lui-même était plus fort que ne le laissait penser son apparence, bien que, pour quelqu’un d’attentif et d’habitué, les cales sur ses mains, et le peu d’émotion qu’il montrait, le trahissait sur ce point.

L’intérieur était sombre, exigu, rocailleux. Pour ne pas tomber, il avançait comme un aveugle, traînant les pieds, et touchant les murs autour de lui. Comparé à la magnificence du Palais, cet endroit semblait naturel, ou très mal fini. C’était sûrement fait exprès. Restant quelques minutes dans le noir, il fut éblouit par la lumière lorsqu’il déboucha dans la nouvelle salle. Aina s’était arrêté, et semblait surprise. Raphaël observa la créature. Dotée de quatre bras, et d’une forme vaporeuse, et aérienne. C’était une créature étonnante, mais qui ne surpris pas Raphaël. A force de voyager, et, bien qu’il perde la mémoire, il avait fini par s’habituer à ce genre de phénomène. Il voyageait déjà avec l’un d’entre eux, Nathaniel n’étant pas une créature très commune. La plupart des gens croyaient que les dragons n’étaient qu’une légende. Avec un tel compagnon, l’Elémental croyait aux légendes, n’en éliminant jamais que lorsqu’il savait qu’elles étaient réellement fausses. A cause de ça, il était souvent prit pour un fou. Bon, comme à son habitude, il s’en fichait, et continuait sur sa lancé. A cause de son comportement, il s’attirait beaucoup de problèmes, mais ça m’était du piquant dans sa vie, et l’adrénaline. Comme il adorait ça, il tirait avantage de son intrépidité.

« Moi c’est Raphaël ». Dit-il lorsqu’il se fut arrêté devant le Gardien. Les érudits continuèrent encore de marcher, et s’arrêtèrent en face de la créature. Ils s’inclinèrent devant lui, puis se tournèrent vers les apprentis. Ce fut l’homme qui parla en premier. « Les Gardiens sont muets, ils ne pourront vous répondre. Ma consœur et moi vous traduirons leurs paroles, c’est ainsi que se transmettra leur savoir ». Raphaël lança un regard au Gardien, puis revint sur les deux traducteurs. Il se demandait comment ils faisaient pour communiquer. En langue des signes ? Il n’eut pas le temps de se pencher plus longtemps sur la question, que la jeune femme prit la parole. « Tout d’abord, sachez que le Gardien vous apprendra une magie puissante, difficile à maîtriser, mais qui est à la base de toute chose. Vous pouvez le comprendre, Raphaël ». Il haussa un sourcil à l’annonce de son prénom. Une magie puissante, et compliqué à contrôler ? De ses quelques pouvoirs, la seule qui répondait à ces catégories, c’était… « Le contrôle élémentaire ». Dit l’homme, comme s’il avait lu dans les pensées de l’Elémental. Effectivement, de par sa race, il était le mieux placé pour comprendre. « Parmi les huit éléments, choisissez celui qui vous plaira ». Raphaël ne mit pas longtemps à répondre. « Je voudrais apprendre la maîtrise du métal ». Il avait appris, il y a peu, à créer le métal. Le contrôler était la deuxième étape pour mieux comprendre son nouveau pouvoir.

Le Gardien le regarda quelques secondes, et Raphaël lui rendit son regard. Ils ne bougèrent pas pendant quelques secondes, jusqu’à ce que la femme dise. « Le Gardien accepte de vous enseignez ». Puis elle se tourna vers Aina. « Et vous, quel élément voulez-vous maîtriser ? ». Une question simple, mais une réponse compliqué.


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Ven 17 Juil 2015, 22:30


J’entendis la voix de Raphaël à mes côtés et, encore une fois, je sursautai. Je n’avais pas du tout perçu sa présence derrière moi, dans le long tunnel m’ayant amené ici, aussi sa voix me surprit-elle beaucoup. Je devais apprendre à me relaxer… Enfin, il était normal pour moi d’être sur mes gardes, non? Je me croyais seule, dans cette caverne sombre et inquiétante, dans un lieu qui m’était encore étranger et voilà que j’entendais des voix! Enfin. Bien que je sois un peu embêtée par la surprise que l’Élémental m’avait causée, il faut dire que j’étais relativement soulagée de ne pas avoir à affronter les épreuves qui me seront soumises par le Gardien seule. Les deux sages nous avaient bien promis que les épreuves allaient être exigeantes, aussi étais-je heureuse de pouvoir bénéficier d’un peu de support. C’est donc un large sourire ainsi qu’un vague hochement de tête en sa direction que j’offris au jeune homme, tout en gardant un oeil sur le Gardien, toujours en l’attente d’une réponse, ou d’un mouvement. Je fus évidemment déçue, car l’esprit vaporeux resta de marbre, se contentant de flotter paisiblement au-dessus de la surface du sol. Peut-être n’était-il même pas un Gardien? Enfin, son apparence le laissait présager, oui, mais comment un Gardien muet pourrait-il nous révéler des secrets? Peut-être était-ce là notre première épreuve : trouver moyen de parvenir au vrai Gardien, passer par-dessus les apparences impressionnantes de cet imposteur.

Avant d’avoir le temps de formuler ma pensée à Raphaël, j’entendis des bruits de pas derrière moi. Ils semblaient beaucoup plus confiants que je l’avais été auparavant, aussi pensai-je tout de suite à quelqu’un qui avait l’habitude de faire des entrées et sorties à l’intérieur du tunnel. Je me retournai donc en leur direction et vu l’homme et la femme nous ayant guidé jusqu’ici apparaître à la lueur des chandelles. Sans nous adresser un mot ou un regard, ils firent leur chemin jusqu’à la créature, s’inclinèrent respectueusement, puis se retournèrent vers nous et effectuèrent une révérence plus brève, plus sèche. L’homme pris alors la parole. Je pus voir qu’il s’efforçait de parler plus doucement, n’ayant pas besoin de faire porter sa voix puisque les murs de la caverne renvoyaient tous les sons vers nous.

« Les Gardiens sont muets, ils ne pourront vous répondre. Ma consœur et moi vous traduirons leurs paroles, c’est ainsi que se transmettra leur savoir »

Mais que…? Comment? Alors, pour commencer, nous avions réellement affaire au véritable Gardien, là, devant nous, juste derrière nos deux guides. Il me sembla d’autant plus impressionnant, maintenant que je connaissais pour sûr son origine et la raison de sa présence. Sa puissance devait être telle… Il était chargé de garder les secrets de cet immense Palais, peut-être y était-il même présent depuis sa construction. Quel amas de savoir, quel ramassis de connaissances devaient se trouver en lui… Et il allait les partager avec nous! Réalisant l’ampleur de ce que je vivais en ce moment, je ne pus empêcher mon cœur de battre plus vite, bien que je m’efforce de le calmer. Avoir une manifestation du temps lui-même comme mentor… C’était plus que je ne l’avais jamais espéré. Enfin, cette réalisation ne m’empêcha pas de me demander comment nos guides allaient communiquer avec le Gardien. Peut-être possédaient-ils une espèce de lien télépathique, ou alors étaient-ils si habitués à le côtoyer qu’ils connaissaient maintenant les désirs de l’être vaporeux sans que celui-ci n’aie à piper mot. Enfin, quoi qu’il en soit, l’important, c’est qu’ils étaient là afin de nous aider à le comprendre.
« Tout d’abord, sachez que le Gardien vous apprendra une magie puissante, difficile à maîtriser, mais qui est à la base de toute chose. Vous pouvez le comprendre, Raphaël. »

Je me retournai alors vers l’intéressé, qui ne semblait pas s’attendre à ce que la femme prononce son nom. Il resta silencieux, mais je crus le voir comprendre ce à quoi elle faisait référence avant que l’homme ne le formule à voix haute. «Le contrôle élémentaire,» fit l’homme, en scrutant Raphaël du regard. Le contrôle élémentaire… Une magie puissante, à l’origine de notre univers, une magie qui régit notre monde. Nous allions donc devenir des disciples élémentaires, aujourd’hui? Fascinant. Raphaël avait évidemment une longueur d’avance sur le sujet, mais cet apprentissage n’était pas une compétition. Enfin, je ne le pense pas…

« Parmi les huit éléments, choisissez celui qui vous plaira. »

J’oeillai Raphaël, curieuse. Il avait déjà le contrôle de l’eau à sa disposition, qu’allait-il choisir désormais? Pour ma part, j’étais hésitante. L’offre des traducteurs était alléchante, évidemment. Choisir un élément, devenir à mon tour gardienne d’un secret de Deimu… Moi qui avait, plus tôt, envié Raphaël parce qu’il ne semblait faire qu’un avec une facette de la Nature, j’avais désormais l’opportunité de l’imiter et d’honorer celle-ci en faisant partie d’elle. Raphaël signifia au Gardien, sans hésitation, son intention d’apprendre le contrôle du métal. Quelle drôle d’idée, pensai-je. Un Élémental d’eau cherchant à apprendre à contrôler un élément tel que métal. Enfin, il devait avoir ses raisons.

Le Gardien accepta la requête de Raphaël. Les huit paires d’yeux qui étaient alors dans la pièce se tournèrent alors vers moi. Je ne voulais pas prendre trop de temps pour répondre, mais c’était un choix difficile…

Quelle facette de Deimu pourrais-je honorer adéquatement?

Songeuse, je pris quelques minutes pour prendre une décision. Puis, alternant le regard entre l’homme, la femme et le Gardien, je pris la parole.

«Le feu.» dis-je simplement à l’intention des deux guides. Le feu. De quoi me réchauffer, de nuit, durant la longue traversée du désert, de quoi me défendre si le scénario des Terres d’Émeraude se reproduisait. Le feu, qui cajole et qui punit. Contrôler l’indomptable… Le feu, oui, j’étais certaine de mon choix. Comme c’était ironique, par contre, d’apprendre à contrôler cet élément, ennemi de l’eau, aux côté d’un Élémental ne faisant qu’un avec l’eau… Quelques secondes s’écoulèrent où le Gardien me scruta des yeux. Incapable de soutenir son regard, je penchai la tête et fixai le bout de mes pieds.

«Le Gardien acceptera de vous enseigner.»

Je relevai la tête, souriante. Je ne savais pas à quel test mental le Gardien m’avait soumise pour déterminer si j’étais digne d’apprendre le contrôle du feu, mais j’étais satisfaite de l’avoir passé.

«Maintenant, entrons dans le vif du sujet, oui?»

Soudainement, la salle fut plongée dans le noir, dans le silence total. Je ne pouvais entendre que ma propre respiration, le glapissement de surprise que j’avais poussé. Tant le changement était total, soudain. Enfin, la salle était presque totalement noire. Au-dessus de nous, au centre de la pièce, les yeux du Gardien flottaient, nous guettant. Une illusion visant à me faire sentir esseulée? Si oui, alors cela marchait très bien. Je sentis alors un picotement au niveau de mes doigts, puis de mes orteils. Une douce radiation se promenait le long de mon corps, des mes bras, de mon dos. J’entendis la voix de l’homme résonner à travers la pièce, bien que j’aie l’intime conviction d’être seule.

«Sentez-vous votre Élément se propager en vous? Percevez-vous la douce chaleur du feu, ressentez-vous l’apaisant contact du métal?»

Ah! Raphaël était donc toujours dans cette pièce avec moi. Pourtant, je ne voyais que les yeux de Gardien sortant de l’ombre me fixer. J’étais à présent convaincue d’être proie en une puissante hallucination. Enfin, pour l’instant tout restait agréable. Le feu en moi devint de plus en plus chaud, j’avais désormais l’impression d’être lovée au coin d’un feu, emmitouflée dans d’épaisses couvertures.

«Discernez-vous les flammes? Décelez-vous les vibrations du méta;?»

Progressivement, je sentis la chaleur se propager en moi trop rapidement, je crus me retrouver de nouveau sous l’impitoyable soleil du désert. Le contact du sol à mes pieds était semblable à celui de la peau avec des braises encore brûlantes.

«Ressentez-vous la douleur liée à votre élément?»

Les yeux de l’esprit continuaient de me toiser alors que je suffoquais. J’avais l’impression d’être la proie des flammes, enchaînée à un bûcher, je sentais ma peau se liquéfier et tomber au sol en un compte-goutte infernal. Je ne pouvais retenir mes cris de douleur, j’étais en train de brûler vive!

«Voilà ce qui arrivera, si vous n’utilisez pas adéquatement vos pouvoirs! Voilà ce que vous causerez, si vous abusez du don qui vous a été donné!»

Je tombai à quatre pattes sur le sol, incapable de supporter le poids de mon propre corps. C’était un véritable supplice, je ne pouvais pas tenir bien longtemps.

«Voici donc votre première épreuve : coopérez.»

La voix se tut, les yeux disparurent, et je pus à présent percevoir Raphaël dans l’obscurité. Chaque mouvement me coûtait, mais si je n’arrivais pas à soulager Raphaël de son mal, et lui à me soulager du mien, j’allais finir carbonisée.


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Sam 18 Juil 2015, 02:07


Tout le monde regardait Aina, attendant une réponse de sa part. Elle prit quelques minutes, puis la donna. Elle voulait contrôler le feu. C’était un élément opposé au sien, mais avec lequel il avait tendance à se sentir en sécurité. Après tout, le feu ne pouvait pas réellement le blessé. Encore une fois, la jeune femme semblait incapable de soutenir les regards de quelqu’un d’aussi étrange, ou déployant une aura comme celle du Gardien. Peut-être un manque de volonté de sa part. Mais, malgré ça, l’érudite leur dit que son vœu était également accepté. Elle releva la tête souriante, et sûrement soulagé. Ils eurent à peine le temps de se concerter du regard, ou de manifester leur joie d’être prit comme élève, que la salle devint entièrement noir. Raphaël désarçonné quelques secondes, se reprit rapidement, er ferma les yeux. Sans un minimum de lumière, même un animal nocturne ne verrait rien. Il se concentra sur ses autres sens, le déployant à leur maximum de leur potentiel. Il ressentit la présence d’Aina non loin, ainsi que celle des deux érudits. Il n’arrivait pas à savoir si le Gardien était loin ou prêt d’eux, mais se doutait qu’il était encore dans la caverne.

En même temps, un contact doux et frais commença à lui picoter les mains, lui procurant un sentiment agréable. Les sensations devinrent plus puissantes, envahissants tout son corps. La sensation de froid, et les vibrations du métal se firent ressentirent dans tout son corps. Mais, petit à petit, ces sentiments commencèrent à le geler, et à lui faire mal, telle une lame qui s’enfonçait dans son corps. D’abord ses mains, puis tout son corps. Habitué à la douleur, il ne dit rien au début, serrant simplement les dents, mais la douleur commença à le ravager, lui transperçant chaque partie de son corps. Il avait l’impression d’être haché sans pouvoir rien faire. Il se mit à crier, et s’effondra par terre. Il ne sentit même pas le froid de la pierre. Seule la douleur lui transperçait le corps, et même l’esprit. Il entendit à peine les paroles de l’érudit. Coopérez ? Avec l’élément ? Oui, Raphaël le savait déjà. Il avait dû passer cette étape avec l’eau, et maintenant, il devait le faire avec le métal. Il avait oublié comment faire, mais il savait comment il se comportait avec l’eau, alors il devait trouver comment se comporter avec le métal. Mais, il avait beau savoir comment faire, il devait le dire à Aina. Elle ne savait pas contrôler d’élément. Et, même si elle avait le contrôle de l’un d’entre eux, elle ne serait jamais aussi lié que lui.

Rassemblant ses forces, et rejetant la douleur au fond de son esprit, il se mit à quatre pattes, et dit, le souffle court. « Aina ! Il faut… Il faut que tu comprennes le feu ! N’essaie pas de le maîtriser, ou le domptez ! Comprends sa manière d’être ! ». Il avait cessé de la vouvoyer, mais dans l’urgence de la situation, la politesse passait aux oubliettes. A la façon dont il en parlait, il semblait que les éléments étaient vivants, et l’Elémental pensait qu’il n’était pas vivant, mais avait une sorte de vitalité, et d’esprit. S’ils n’arrivaient pas à comprendre leur élément, leur esprit ne tiendrait pas longtemps. Raphaël essayait de comprendre le métal, mais il avait du mal. Après être si longtemps resté en communion avec l’eau, il avait l’habitude de cette manière quasiment toujours calme d’aborder les choses, et de laisser couler. Il pouvait également se mettre en colère, telle la mer. Mais l’acier était bien différent. Doté d’une volonté sans faille, dur et implacable. Toujours froid, maître de lui-même, et sans émotion. Voilà comment était le métal. Mais il avait du mal à s’éloigner de l’eau. Les deux n’étaient pas totalement différent, et, par chance, une partie de l’esprit de Raphaël ressemblait au métal. Il devait accepter cette partie de lui, et comprendre le métal.

La douleur des lames le transperçant s’accentua à nouveau, et il s’effondra à nouveau. Il essaya à nouveau de rejeter la souffrance au fond de son esprit, serrant les dents, s’empêchant de crier. Il ne savait pas si Aina s’en sortait mieux que lui, mais, si elle ressentait une douleur aussi fulgurante que la sienne, son corps ne tiendrait pas longtemps, mais peut-être que son esprit tiendrait plus longtemps. L’Elémental se demanda quelques secondes si lui envoyer de l’eau pourrait aider son corps à éloigner la douleur. Se concentrant, il tendit la main vers ce qu’il pensait être la jeune femme, et créa de l’eau, la lui envoyant sur le corps. Il ne savait pas si c’était utile, mais espérait que ça marche, ou au moins face illusion. Elle lui crierait peut-être dessus après pour l’avoir encore trempée, mais ce n’était pas grave. Mais sa création de l’eau ne dura pas très longtemps. La douleur revint au triple galop, le transperçant à nouveau, s’intensifiant. Son bras retomba au sol. Il serra les poings, s’enfonçant les ongles dans la peau. Il ne ressentait même pas cette douleur. Tout ce qu’il sentait, c’était les lames s’enfonçant dans son corps, et son esprit.


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Sam 18 Juil 2015, 21:25


J’étais ravagée par la douleur. J’avais beau regarder ma peau, mes mains, mon corps, je ne voyais pas la moindre flamme. C’était une illusion, une hallucination, un simple test visant à calculer ma force mentale, on ne cherchait pas à me tuer. Le simple fait de savoir cela aurait dû suffire à apaiser mon supplice, ne serait-ce que momentanément, mais je restai clouée au sol, les dents serrées, incapable de penser à autre chose que la douleur, que le contact dévastateur des flammes avec mon derme. La brûlure écrasante m’empêchait de penser à quoi que ce soit d’autre. Mon corps et mon âme étaient tous les deux paralysés, gelés par les flammes qui ravageaient mon esprit. Je n’arrivais pas à me concentrer sur Raphaël, je ne sentais plus les yeux du Gardien sur moi, il n’y avait que souffrance, souffrance, un monde entier de souffrance. Des larmes salées commencèrent à rouler sur mes joues, je n’en pouvais plus, je ne savais plus si les cris que j’entendais étaient les miens tant ils sonnaient inhumains, dénaturés. Combien de temps s’était écoulé, depuis le début de ce supplice? Depuis combien de temps ressentais-je la morsure de l’élément sur moi, depuis quand le feu me dévorait-il de l’intérieur? Peut-être quelques secondes, peut-être une éternité, je n’avais aucun moyen de savoir…

La douleur m’empêchait de me concentrer sur les paroles de l’érudit, quoi que je compris que je devais «coopérer». Coopérer? Avec qui, avec quoi? Coopérer avec Raphaël, malheureux garçon mis dans la même position que moi? Coopérer avec un élément qui cherchait à me détruire? Je tentai de fouiller la cave du regard, de trouver Raphaël, de savoir si, lui, avait une réponse. J’avais un peu peur de croiser son regard et de ne percevoir que le désarroi, que la même peur qui se lisait dans le mien soit présente dans ses yeux, de réaliser que nous étions peut-être deux, mais que nous étions esseulés dans notre douleur. Je finis par faire contact avec Raphaël, oui, mais pas avec ses yeux : sa voix me parvint, un murmure haletant. Je ressentais sa douleur à chaque mot prononcé et la quantité d’efforts qu’il avait dû déployer pour me les faire parvenir.  

«Aina !» Mon prénom. « Il faut… Il faut que tu comprennes le feu !» Comprendre le feu. « N’essaie pas de le maîtriser ou de le dompter !» Ne pas le dompter. « Comprend sa manière d’être !» Comprendre le feu. Comprendre cet état perpétuel de souffrance, comprendre ce qui était en train de me ravager de l’intérieur, comprendre la vague de douleur à laquelle j’étais soumise, impuissante… Je serrai les poings. Non, je ne devais pas répondre par la colère… Je devais comprendre le feu. Je devais essayer d’entrevoir ce que cet élément était réellement, remonter à sa source. Voir ce qu’il y avait de beau en lui, être submergée par sa force créatrice et non destructrice. Je comprenais tout ça, mais je n’étais pas capable de le faire devenir vrai, d’y croire.

La douleur devint plus insidieuse, plus lancinante et je m’effondrai à plat ventre sur le sol. Un supplice comme celui-ci aurait déjà dû m’achever, alors pourquoi étais-je toujours consciente? J’aurais dû déjà m’évanouir, perdre connaissance. Pourtant j’étais toujours en possession de mes moyens, aplatie sur le sol de la caverne, mes sens ne pouvant percevoir autre chose que les flammes dont j’étais la proie. J’essayais de mobiliser toutes mes forces sur la compréhension du feu. Je devais accepter le feu et non le combattre… Le feu est la base de toute chose, le feu est vie, chaleur, lumière. Le feu est en moi, le feu est enfoui en moi, je dois ressentir le feu… Je psalmodiais ces quelques phrases dans mon esprit tel un mantra, un prière destinée à me faire oublier la douleur qui se faisait de plus en plus insoutenable.

Soudain, je sentis une sensation froide se projeter sur mon visage, sur le haut de mon corps ainsi que sur mes bras. De l’eau? De l’eau! De l’eau, pour éteindre les flammes qui ravageaient mon corps. Le soulagement fut bref, mais efficace. Pendant les quelques secondes où je pus respirer librement sans que les flammes ne lèchent mon corps, je pus tenter de faire une synthèse de la situation, de mieux comprendre l’épreuve à laquelle j’étais soumise. Les paroles de l’érudit voulaient nous montrer que c’était ce qui arrivait, lorsqu’on utilisait mal ses pouvoirs, lorsqu’on les mettait au service de causes injustes… Était-ce cela la leçon? Comprendre les côtés miraculeux de notre élément, mais également comprendre le mal qu’il pouvait provoquer?

Ma douleur se fit moins intense qu’auparavant. Je n’étais pas certaine si c’était toujours dû à l’altruisme dont Rapahël avait fait preuve, ou dû à ma réalisation qu’il fallait accepter l’élément sous toutes ses formes, mais je fus désormais en mesure de supporter la douleur sans crier, capable de serrer les dents et d’endurer plutôt que de devoir crier pour supporter le supplice. J’eus une brève vague de compassion pour Raphaël, qui devait être en train d’endurer le même calvaire que moi d’une façon liée à son élément. Et il avait tout de même dépensé un peu de son énergie pour me venir en aide, par deux fois, d’ailleurs… Quelle âme pure il devait avoir! Je devais lui retourner la pareille, d’une façon ou d’une autre. Je tentai donc de le soulager de sa douleur de la même façon qu’il l’avait fait pour moi : d’une façon brève, mais qui devrait l’aider à y voir plus clair. J’usai donc de toutes mes forces pour utiliser mon habileté de prendre possession d’autrui, d’entrer dans son corps pour quelques secondes et que son âme puisse flotter au-dessus de nous, prendre une pause de la douleur dont elle était victime. Son épreuve était différente, mais tout aussi aiguë que la mienne. Les lames me transpercèrent pendant les quelques secondes où je fus capable de rester dans le corps de Raphaël, puis, croulant sous la douleur et la pression du métal dans ma conscience, mon esprit  retourna dans mon propre corps. Je levai la tête vers mon compagnon, espérant que la pause que je lui avais offerte l’aide à y voir plus clair.
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Lun 20 Juil 2015, 11:41


Raphaël se recroquevilla, se tenant la tête entre les mains. Il devait essayer de comprendre le métal, mais c’était si compliqué. Il était tellement habitué à l’eau qu’intégrer un nouvel élément était compliqué pour lui. La douleur finit par ravager chaque parcelle de son corps et de son esprit. Il n’arrivait plus à réfléchir, plus à voir la beauté, et la malveillance du métal. Tout n’était plus que douleur. Ses sens s’étaient éteints. Il n’entendait, ne sentait, ressentait plus rien. Il ne pouvait même plus crier, sa voix étranglée dans sa gorge. Lui qui était d’un naturel si calme, à s’alarmer devant rien, il commençait à ressentir les effets de la panique, et de la peur. Pas la peur de mourir, mais plutôt celle de ressentir en permanence cette douleur insoutenable. Son esprit s’approchait de plus en plus du vide. Si ça continuait, il finirait par perdre conscience, et son esprit se briser. Il s’en remettrait, il le savait, mais comment en sortirait-il ? Encore plus sombre et incapable de ressentir les sentiments, de comprendre ceux des autres. Il savait que ça finirait ainsi s’il ne faisait rien. Mais peut-être que c’était mieux, laisser couler, arrêter de lutter, et la douleur s’en irait d’elle-même. Oui, c’était comme ça qu’agissait l’eau. S’esquiver et laisser aller.

Alors qu’il commençait à fuir la douleur, à laisser aller, comme à son habitude, Raphaël fut expulser de son corps. Ca n’aurait jamais dû arriver à cause de son immunité aux sorts mentaux, mais il était si faible, que ça n’avait pas fonctionné. En dehors de son corps, il put enfin échapper à cette douleur, et réfléchir correctement. Le métal avait ses avantages, ses désavantages, une manière de blesser ou de sauver des gens, il devait simplement l’accepter. Il n’eut pas beaucoup de répit, et fut brusquement réintégrer dans son corps. Mais il était près. Il ne laissa pas la douleur prendre le dessus, et ne laissa pas couler non plus. Il résista, et reprit le contrôle de ses émotions, affrontant la douleur sans pour autant la laisser prendre le dessus. Le métal restait toujours maître de lui-même, ne laissant jamais ses émotions déborder. Il protège les autres, mais peut aussi les blesser. Deux facettes bien distinctes, dissimulées sous une maîtrise parfaite des sentiments. Voilà une interprétation qu’en faisait Raphaël. Elle était influencé par son élément principal, mais elle n’était pas erronée non plus. Enfin, c’est ce qu’il pensait. Apparemment sa façon de penser fut accepté par le Gardien, ou le métal, qui sait ? Car la douleur reflua, assez pour qu’il puisse réfléchir correctement.

Faisant comme il venait de l’apprendre, il resta maître de lui, et se releva, maitrisant la douleur qu’il ressentait encore. Il tourna la tête vers l’emplacement présumé d’Aina. « Aina, ça va mieux ? ». Lui demanda-t-il. Si elle avait ressenti une douleur comme la sienne, alors elle avait dû croire brûler sur place. Et ce genre de douleur était souvent plus traumatisant qu’une simple épée. Evidemment, ce n’était pas une « simple » douleur qu’ils avaient tous les deux ressentis, mais il ignorait si elle pouvait se remettre aussi rapidement d’une telle blessure psychologique. La lumière se fit soudainement dans la pièce. Eblouit, l’Elémental se cacha les yeux derrière son bras. Une fois habitué, il les rouvrit, baissant le bras. Il regarda autour de lui, et vit les deux érudits, le Gardien, puis Aina. Il semblerait qu’elle avait également réussit son épreuve. Ils étaient tout d’eux assis au sol. L’Elémental se releva, mais choisi de rester assis sur le sol, en tailleur, car son esprit, et son corps, étaient encore fatigués de ce qu’ils venaient de vivre.  Les érudits s’avancèrent de quelques pas, et, les regardant tous les deux. « Vous avez réussi brillamment ». Dit la femme. L’homme reprit. « Le fait que vous vous entraidiez est étonnant, mais acceptable, car nous n’avons rien dit à propos de ce sujet ». C’était rassurant. Cela voulait dire qu’en dehors de ce qu’ils leur imposaient, les deux pouvaient faire ce qu’ils voulaient. C’était plutôt une bonne chose, cela leur laissait une large marge de manœuvre lorsque cela était possible.

Il y eut encore une pause, qui permit à Raphaël de se remettre petit à petit. Le Gardien semblait attendre que les deux se reposent un peu. L’homme regarda la créature, puis revint sur les apprentis. « Etes-vous prêt pour la seconde épreuve ? ». L’Elémental eut un léger sourire, toujours aussi calme et maître de lui-même. « Toujours prêt ». Répondit-il. « Et vous ? ». Demanda la femme à Aina. Ils attendirent la réponse, puis, lorsque se fut fait, les érudits reprirent, transmettant les paroles du Gardien. « Dans votre prochaine épreuve, vous serez plongé dans un souvenir. Un souvenir qui vous aura marqué toute votre vie. Un moment que vous regrettez ». Dit la femme puis l’homme reprit. « A vous de comprendre ce que vous devrez faire ». Les érudits voulurent commencer l’épreuve, mais Raphaël les interrompit. « Ca va être problématique pour moi. Je suis amnésique, et pas qu’un peu. Les quelques souvenirs dont je me rappelle vous serviront pas à grand-chose vue que je ne regrette aucune de me décision ». Les deux traducteurs le regardèrent, étonnés. L’Elémental le disait avec un détachement qui montrait qu’il s’en fichait, mais c’était justement ça qui troublait la plupart des gens. Les guides tournèrent la tête vers le Gardien, puis, une fois la discussion muette terminée, ils firent à nouveau un demi-tour. « Ca ne posera pas de problème ». Répondit la femme. Raphaël ne dit rien, bien qu’il se demande lequel de ses souvenirs datant de moins d’un mois allait prendre le Gardien. Il ne regrettait rien de ses dernières situations.


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Mer 12 Aoû 2015, 02:54


Qui pouvait se vanter de dompter réellement le feu?

Force brute de la nature, l’élément incompris. On fuit le feu, on l’évite, on se dit ne pas pouvoir vivre en paix avec les flammes. Les pires formes de tortures inventées par maints différents peuples ont tous affaire avec une purge par les flammes, avec un test sur des charbons ardents, à un supplice interminable où la victime se consumait, prisonnière de l’incendie. Le feu n’avait pas les mêmes vertus guérisseuses que l’eau; le feu ne possédait ni la solidité de la terre ni la légèreté de l’air; le feu n’inspirait pas les merveilles créées par le métal ou l’incompréhension merveilleuse ressentie lorsque devant un miracle de la végétation. Alors comment comprendre les bienfaits de cet élément, qui semblait si lointain, si intouchable, si indomptable? Comment pouvais-je aspirer à comprendre ses forces et ses faiblesses, comment pouvais-je réussir à rendre le feu parti entière de mon âme?

Il ne s’agissait pas de dompter le feu, ni de l’adapter à soi. Je devais laisser le feu se mouvoir en moi, laisser ses flammes lécher le dessous de mon épiderme, le laisser consumer les zones grises de ma conscience. Il était impossible de modifier cet élément à ma convenance, je ne pouvais pas tout simplement prendre ses côtés qui m’appelaient et laisser de côté les autres. Je ne choisissais pas le feu; le feu devait me juger digne de lui, le feu devait m’accepter. La bouche et l’esprit ouvert, tremblante sous les réalisations que je venais de réaliser, je laissais le feu pénétrer en moi, me secouant de violentes secousses qui ne ressemblaient plus à de la douleur, non, mais bien à de la reconnaissance. Le feu avait trouvé un foyer en moi; je l’avais laissé entrer et il y avait trouvé un lieu de confiance. Nous avions finalement réussi à nous apprivoiser l’un l’autre. Le feu avait reconnu mon corps en tant qu’habitacle. Je ressentais toujours de la douleur, car la douleur fait entièrement partie du feu; mais j’étais désormais capable d’adapter mon corps à ses pressions, à le faire vibrer sous l’assaut des flammes au lieu de simplement subir mon supplice.

Je posai un pied sur le sol, puis le deuxième. Les genoux tremblants, je me relevai, pris une grande inspiration et relevai la tête. Je n’arrivais toujours à rien distinguer sauf les yeux du Gardien qui semblaient fixer partout et nulle part à la fois. La voix de Raphaël résonna soudain à côté de moi. Il me demandait si j’allais bien. Si seulement il savait! La douleur était toujours présente, oui, mais je la recevais désormais comme un cadeau, l’acceptant avec fébrilité. Ne voulant pas relâcher ma concentration, ne voulant pas perdre la douloureuse extase qui faisait vibrer chaque pore de ma peau, je ne lui répondit pas, sinon par un hochement de tête qui lui fut impossible de distinguer dans la noirceur de la grotte.

La douleur s’estompa d’un seul coup, en même temps que la lumière envahit la pièce. Éblouie, je fermai les yeux, puis clignai plusieurs fois afin de me réhabituer à son éclat. Une fois que je fus capable de distinguer autre chose que de vagues ombres, je parvins à apercevoir les guides ainsi que le Gardien debout devant moi. Raphaël s’était assis en tailleur sur le sol et, réalisant que la douleur m’avait grandement épuisée, je pris place à ses côtés, reconnaissante. Les érudits, les yeux brillants, souriant, s’avancèrent vers nous, qui reprenions encore notre souffle. Ils nous félicitèrent pour la réussite de notre épreuve et commentèrent notre travail d’équipe qui les avait étonnés. J’hochai la tête et esquissai un sourire, me demandant pour la première fois si nous étions les seuls à être soumis à leurs épreuves. S’ils avaient été étonnés par nous, cela voulait dire que d’autres avaient établis un précédent, une façon de manœuvrer que nous n’avions pas suivi.

Les érudits se turent pendant un instant, où Raphaël et moi-même pûmes nous remettre de l’épreuve. Je l’observai du coin de l’œil. Il semblait essoufflé, oui, mais en possession de ses moyens. Il ne dégageait cependant pas la même énergie que moi. Avait-il connu la même révélation que moi, sur la douleur et ses bons côtés? Je ne pouvais que lui souhaiter.

« Etes-vous prêt pour la seconde épreuve ? » demanda l’homme. Raphaël répondit par l’affirmative; je lui adressai un sourire puis me retournai vers le Gardien, puisque c’était vraiment lui qui avait posé la question. «Je suis prête.» Peu importe ce dont allait consister la prochaine, il ne me fallait pas briser la confiance qui avait été établie entre le feu et moi.  

La femme et l’homme s’échangèrent alors la parole, décrivant notre prochaine épreuve. J’haussai les sourcils. Plongés dans un souvenir, un moment que nous regrettions? Pourquoi? Je tentais de trouver un lien entre la douleur et cette réminiscence, sans y parvenir durant les quelques secondes qui précédèrent l’interruption de Raphaël.

« Ca va être problématique pour moi. Je suis amnésique, et pas qu’un peu. Les quelques souvenirs dont je me rappelle vous serviront pas à grand-chose vue que je ne regrette aucune de me décision ».

Je me retournai alors complètement vers lui, les sourcils arqués. Il était amnésique? Était-ce cet handicap qu’il m’avait mentionné plus tôt?

«Raphaël…» commençai-je, mais je fus interrompue par la femme qui lui assurait qu’il n’y aurait aucun problème. Puis, elle claqua des mains, comme elle l’avait fait la première fois et je fus soudainement suspendue dans l’espace, flottant à la dérive à travers les astres avant de mettre pied à terre. Je n’étais ni à la frontière d’un autre monde, mais bien à … Maëlith? Sur le porche de la maisonnette où j’avais grandi, mes pieds nus frôlant les planches de bois blanches. Pourquoi étais-je ici?

«Olympe!» entendis-je une voix fluette appeler. Ma voix.

Je compris ce que j’étais en train de vivre. Le Gardien avait mentionné, par la voix des deux érudits, que cette épreuve consistait à revivre un souvenir. Je pensais que j’allais me contenter d’assister à l’un d’eux, au contraire de le revivre. Enfin, j’y étais complètement plongée : pour quelle autre raison aurais-je été de retour à Maëlith, une voix aiguë s’échappant de mes lèvres, faisant face à une Olympe à peine plus âgée?

«Yíngji, Aina!» s’exclama-t-elle, franchissant les marches qui séparaient le balconnet de la terre ferme.

Ses traits et le monde autour d’elle se figèrent un moment. Puis, j’entendis de nouveau ma petite voix s’élever. «Yíngji, Olympe! Comment vas-tu?»

Pourquoi le monde s’était-il arrêté de tourner de cette façon? Olympe était à présent à ma hauteur, un mince sourire éclairant son visage parsemé de taches de rousseur. J’avais beau me creuser la tête, je n’arrivais pas à me souvenir de ce moment de ma vie. Pourquoi le Gardien avait-il choisi ce souvenir en particulier?

«Je suis épuisée! J’ai beaucoup peint, aujourd’hui.» Elle se pencha vers moi en agitant ses longues boucles rousses. «Si tu veux, je te refilerai un autre de mes dessins. Je sais comme tu as aimé l’autre!»

Le monde s’arrêta encore, puis je m’entendis m’éclaircir la gorge. «Justement, Olympe, c’est de ce dessin dont je voulais te parler…»

Bon. Je crus comprendre pourquoi un vide se faisait ressentir à chaque fois que je penais la parole. Ces pauses étaient probablement pour moi l’opportunité de changer l’action de ce souvenir, d’intervenir, de dire quelque chose de différent. Cet exercice consistait donc à changer un souvenir, une situation. Mais pourquoi? Et pourquoi celui-ci? Enfin, pour l’instant je préférais me faire spectatrice.

«Ah?» fit Olympe en haussant un sourcil.

Une pause, encore. Puis, je perçus ma petite voix entonner : «Calliope a trouvé le dessin, aujourd’hui.»

Ah! Je m’en rappelais, maintenant. Enfin, les détails m’échappaient, mais je croyais saisir les grandes lignes de la situation. Olympe avait réalisé un dessin assez vulgaire représentant un homme et me l’avait donné. Enfin… «vulgaire». Il n’était pas explicite, mais dans la société Orine où le bon goût était héréditaire, une société complètement isolée des hommes, une petite fille trimbalant ou, pire, dessinant une illustration représentant un homme n’était définitivement pas vu d’un bon œil. Bref, Olympe, mon amie de l’époque, m’avait offert ce dessin. Je l’avais caché dans mon journal intime que je déguisais alors en cahier de grammaire (les responsables n’étaient pas non plus très chaudes à l’idée que leurs pupilles tiennent des journaux intimes). Je le trimballais partout, ce journal… même au centre d’éducation. Enfin, la Muse de l’Éloquence et de la Poésie, Calliope, que j’admirais beaucoup, avait aperçu et confisqué ce dessin. Embarrassée, j’avais pris le blâme pour Olympe et faisait face à beaucoup de punitions pour une offense que je n’avais pas commise. J’avais probablement appelé Olympe pour la convaincre d’aller dire la vérité aux Muses et surtout à ma Mère, qui avait été très déçue.

«Oh non… Tu ne leur as rien dit, pas vrai?»

Pause.

«Non, Olympe, je n’ai pas dit que c’était ton dessin. Mais…» Elle poussa un soupir de soulagement.

«Ouf! Merci Aina, t’es une vraie amie.»

Elle s’élança vers moi et m’enlaça. Je fus surprise de la vivacité de ce souvenir; je pouvais tout percevoir, tout ressentir, le tissu fin de sa robe sur mon bras nu, le chatouillis de ses cheveux dans le creux de ma nuque, son odeur un peu sucrée. Vraiment, j’aurais pu jurer qu’Olympe se trouvait réellement devant moi.

Elle s’écarta et poussa légèrement mon épaule. «Enfin, fais pas cette tête!»

Après que le monde se soit figé, puis remis à tourner, ma petite voix s’exclame : «Je suis punie, Olympe. Je ne devrais même pas te parler…»

Elle répondit du tac au tac. «Eh bien, tu feras plus attention la prochaine fois. De toute façon, tu devrais cesser de trimballer ton stupide journal partout.»

Pause.

«Je n’ai pas de journal intime,» chuchotai-je.

Elle écartilla les yeux, d’abord étonnée. Puis, son expression surprise se mua en un rictus étrange, une grimace sarcastique qui déformait son pâle faciès. «Oh, Aina…,»entonna-t-elle, de ce faux ton maternel que j’avais toujours haï «Nous savons toutes que ce carnet que tu trimballes partout n’est pas vraiment un carnet de grammaire. Enfin, j’ai gardé ce secret jusqu’à maintenant, non? Garde le mien.»

Puis, ses traits se figèrent, le monde autour d’elle perdit en couleur, en vivacité. Je fus de retour à l’endroit où j’étais au début du souvenir, devant la porte d’entrée, sur le porche de la maison de mon enfance.

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Dim 30 Aoû 2015, 22:44


Raphaël aperçut Aina se tourner vers lui, puis prononcé son prénom. Il ne réagit pas, ne tournant même pas la tête vers elle. Il ne voulait pas voir l’expression de pitié qu’elle devait afficher sur son visage. Il avait l’habitude de ce genre de réactions. A chaque fois qu’il parlait de son amnésie, c’était toujours la même chose. Il avait beau se foutre des réactions des autres, c’était toujours énervant de voir que son état affectait autant les autres. Après ça, la plupart ne pouvait s’empêcher de lui parler comme à un gamin, et le voir bien plus faible qu’il ne l’était réellement. Quand c’était contre des adversaires, il se servait de ça, mais dans la vie de tous les jours, ça posait d’autres problèmes. C’était en partie pour ça qu’il ne restait pas dans le même endroit trop longtemps. Il évitait ainsi de faire des liens avec des personnes et de finir par arrêter de croire en ses capacités. Certaines parties de sa mémoire étaient peut-être défaillantes, mais ses forces physiques, magiques et son intelligence n’en étaient pas diminuées. Au contraire, elles étaient même souvent bien plus fortes, car renforcé par sa façon d’apprendre en accéléré, et de retenir chaque détail que ses sens pouvaient percevoir.

Mais, heureusement, la femme coupa Aina, et claqua des mains. Raphaël se sentit soudain flotter dans le vide, et le noir. Il resta quelques temps ici, puis il se sentit comme aspiré vers le sol. Il eut l’impression de tomber douloureusement, puis il ouvrit les yeux. Il était couché sur le dos, les bras croisés derrière la tête. Il bailla, comme s’il venait de se réveiller. Etrangement, il n’avait pas l’impression de réellement contrôlé son corps. Il était couché dans un coin tranquille de verdure, les bras croisés derrière la tête. Il se redressa, s’étirant, et observa autour de lui, à peine réveiller. L’Elémental ne contrôlait pas son corps, et compris rapidement que c’était un souvenir qu’on lui remontrait avant qu’il ne puisse réaliser l’épreuve. Mais, bizarrement, les quelques souvenirs de lui étant enfant lui revinrent en mémoire. Il était déjà un Elémental à cette époque, et n’avait que six ans pourtant. Le garçon finit par se réveiller totalement. Il se trouvait dans un petit bosquet d’arbre, et à une centaine de mètres, il pouvait voir le village dans lequel il habitait. Il se souvenait d’Irina. C’était une belle Ange qui s’occupait de lui, mais qui n’était pas sa mère. Et il ignorait qui était sa véritable mère. Raphaël était surpris d’en apprendre autant sur lui en si peu de temps, même s’il savait qu’il finirait par oublier tout ceci. Se dire que quelqu’un l’avait déjà aimé et c’était occupé de lui quand il était plus jeune lui remontait un peu le moral. Lui qui était solitaire. Mais qu’était-il advenu d’Irina, l’avait-elle abandonné, était-elle morte, ou c’est lui qui s’était enfui ? Il allait peut-être le savoir dans ce souvenir, qui sait.

Le garçon se mit debout, et s’étira. La journée était bien écoulée, et le soir avançait. Au loin, il pouvait voir le soleil commençait à se coucher. Irina allait encore le gronder pour avoir séché les cours, mais c’était plus ennuyant qu’autre chose pour lui. Il avait déjà appris et assimilé toutes les connaissances que leur enseignait les professeurs, et était même passé à un niveau bien supérieur. Les autres de son âge apprenaient à peine à lire. Heureusement, l’Ange lui fournissait d’autres cours le soir, des cours qu’il était toujours pressé de voir, car elle lui enseignait tout ce qu’elle savait, et ses connaissances étaient énormes aux yeux de l’Elémental. Mais une chose qu’il voulait qu’elle lui apprenne, c’était la magie. Elle lui avait toujours dit non, et avait fait passé le message à tout le monde. Bon, ce n’était pas vraiment utile, car quasiment tout le village fuyait Raphaël, un garçon étrange, bien trop mature, et intelligent pour son âge. Non, il était trop différent pour que les villageois l’acceptent, eux qui n’avaient jamais voyagé, et jamais rien vue d’autre que cet endroit. Irina était différente, car elle avait voyagé, et vue assez de choses pour ne pas avoir peur d’un petit garçon un peu particulier. Et puis, sa nature gentille, et naïve lui faisait toujours voir le bon côté des choses. Elle aidait donc Raphaël a accepté sa situation, et l’aidait à devenir quelqu’un de bien. Pourtant, elle voyait toujours cet éclat sombre dans son regard, et n’arrivait pas à l’en débarrasser. Elle savait qu’il ne lui disait pas tout, mais n’arrivait pas à le faire parler.

Raphaël entendit du bruit, des rires qui se rapprochaient. Des rires d’enfants. Il serra les dents et se leva d’un bond. Ca allait encore recommencer, et il n’avait pas le temps de s’enfuir, les cinq autres enfants étaient là. Ils étaient tous plus vieux que lui. Deux filles et trois garçons, de neuf ans jusqu’à onze ans. C’était toujours la même histoire avec eux. Et, comme à son habitude, soit il prenait la fuite avant qu’ils ne soient là, soit il laissait coulé. C’était dans son caractère, et c’est souvent à cause de ça qu’il se faisait frappé et insulté. Les autres le voyaient comme un faible, lui n’en avait plus rien à faire. Les enfants lui envoyèrent des piques, auquel il répondit d’un ton ennuyé. « C’est bon, lâché-moi ». Habitué à une répartie aussi direct, mais sans grande conviction, les autres continuèrent. C’était habituel, pourtant l’Elémental distingua quelque chose de nouveaux dans leurs regards. D’habitude seul un ou deux passaient aux mains, et avaient cet éclat mauvais, mais là, tous semblaient décidés à le frapper. Comprenant que c’était plus grave que d’habitude, il voulait s’en aller, laissant la dispute où elle avait fait mine de commencer, mais l’un d’eux voulut le frapper. Il réussit à l’esquiver, tout comme un autre coup d’un autre. Mais bientôt, se fut les autres qui se précipitèrent tous sur lui. Il fut jeté à terre, et frapper de toutes part. D’abord, il se laissa faire, ramenant les genoux contre sa poitrine, et se protégeant la tête avec ses bras. Il sentit un coup de pied dans sa mâchoire, et il se mit à saigner. Il serra les dents, et attendit, encore et toujours. Pourtant, il sentit que quelque chose grandissait en lui. Un sentiment qu’il n’avait encore jamais eu. De la colère. Il en avait marre. Marre d’être traité de montre alors qu’il n’avait rien fait. Marre d’être exclu et rejeté quand il essayait de s’intégrer. Marre de tellement de choses.

Cette force se concentra en lui sans qu’il le veuille, et soudain, des filets d’eau puissant jaillir de son corps, et projetèrent les enfants plus loin. Il se releva difficilement, saignant de plusieurs endroits à cause des coups. Il avait l’impression que sa vision se réduisait, et qu’il ne voyait plus que ceux qu’il avait envie de dégager. C’était eux les monstres à le frapper ainsi, et à la torturer tous les jours. C’était eux, pas lui ! Il serait si fort les dents qu’il avait l’impression qu’il allait se briser la mâchoire, pourtant il ne faisait rien pour les desserrer. Il était tellement en colère, qu’il n’arrivait pas à la retenir. Ce n’était pas dans ses habitudes, lui qui était si calme normalement, ne se préoccupant jamais de rien, et laissant coulé. Le voilà aussi énervé que la mer en pleine tempête. Les enfants, encore sonnés, avaient quand même réussi à se redresser, regardant Raphaël, et se mettant à avoir encore plus peur. Il avait un fouet d’eau partant de chacune de ses mains, comme s’il s’apprêtait à les frapper. Ses veines bleus commençaient à ressortir sur tout son corps, et lui donnait un aspect de plus en plus effrayant. « Vous allez me lâcher à la fin ! ». Hurla-t-il, la voix déformée par la colère. « Raphaël ! ». Retentit une voix derrière lui. Cette voix était un cri de détresse, et d’inquiétude pour le garçon. Cette voix était une voix d’adulte, et de femme. Cette voix était celle d’Irina, et elle résonnait dans son dos. L’Elémental reconnut la voix, et la raison lui dictait de se calmer, mais sa colère balaya tout sur son passage. Il se retourna et projeta un fort jet d’eau en direction de l’Ange. Cette dernière, était à peine à quelques pas de lui, et se le prit de plein fouet dans le ventre. Elle fut projeter fortement en arrière, et cracha du sang, la force de l’eau bien trop puissante. Elle finit sa course au sol, et fut sur le point de perdre connaissance, mais elle s’accrocha autant qu’elle put. Elle se redressa, et essaya de parler, mais avait le souffle coupé.

Raphaël était en face d’elle toujours en colère, mais, quand il se rendit enfin compte de ce qu’il avait fait, il laissa retomber l’eau, et finit à genoux, épuisé, mais aussi choqué. Il ne se connaissait pas comme ça. Comment avait-il pu blesser la seul personne à qui il tenait ? Pourquoi est-ce qu’il avait fait ça ? Pourquoi ? C’était lui le monstre au final, seulement lui. Les larmes coulèrent le long de ses joues sans qu’il ne puisse les retenir, et un cri de douleur sortit de sa bouche. « Ra…Raphaël… Ce n’est… Rien. Je… vais bien ». Dit Irina difficilement. Mais les paroles de l’Anges ne l’atteignirent pas. Sans savoir ce qu’il faisait, l’enfant se leva, et partit en courant dans la forêt, les larmes continuant de couler à flot sur ses joues.

Soudain, le paysage se figea, et Raphaël rouvrit les yeux. Il était à nouveau couché dans l’herbe, les bras croisés derrière la tête, observant le ciel bleu. Il était revenu au début de son souvenir.

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Sombres secrets [Pv Aina]

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