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 Sombres secrets [Pv Aina]

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Dim 15 Nov 2015, 00:59


Olympe avait été là, devant moi. Les joues plus rondes que la dernière fois que je l’avais vue, me dépassant de quelques centimètres. Enfant, Olympe était un véritable modèle pour moi. Je voulais l’imiter, faire pareil, mer perdre en elle. Je me considérais si chanceuse qu’une plus âgée me juge digne de son amitié. Elle avait beau n’être que deux ans mon aînée, je me sentais si importante lorsque nous passions du temps ensemble. La vérité, c’est qu’en la revoyant ainsi, j’avais eu l’impression d’être encore la petite Aina, tentant par tous les moyens d’impressionner son amie. Partagée entre l’admiration et l’intimidation, l’amitié et le pouvoir, mes sentiments à l’égard d’Olympe n’avaient jamais été entièrement positifs. Il faut dire que notre amitié était assez débalancée, aussi. Elle n’était pas méchante, loin de là…mais elle se permettait des largesses, se donnait un air en ma présence qu’elle perdait aussitôt que d’autres filles de son âge nous rejoignaient. Nul doute qu’elle ressentait mon admiration pour elle, la devinait sans bornes et se hissait sur le piédestal sans se faire prier.

Je ne l’avais vu que peu de fois en présence d’autres Orines de son âge. J’avais d’ailleurs trouvé très étrange la charade qu’elle effectuait dans ces situations, son comportement changeant radicalement lorsque mise en la présence d’égales. La petite fille se transformait en bonne enfant, timide et bégayante, ne faisant qu’acquiescer à chaque mot prononcé par les autres, s’esclaffant trop fort, ne sachant pas où se mettre. Avec le recul, grâce à tout ce que les années m’avaient apprises, je connaissais désormais pourquoi Olympe n’avait que des amies plus jeunes et très peu de copines de son âge. Il y avait bel et bien une explication à son comportement incongru. Je ne le voyais pas, à l’époque, n’étant qu’une enfant qui mangeait dans sa main, refusant de lui trouver le moindre défaut.

Je ne regrettais toutefois pas les années au cours desquelles Olympe avait été l’une de mes plus proches amies et confidentes. Malgré les mauvais moments – qui avaient été très, très mauvais – j’avais beaucoup appris à son contact. Et puis, n’avais-je pas agi honorablement, en prenant le blâme pour mon amie? La punition que j’avais dû endurer n’avait pas été agréable, mais son châtiment à elle aurait été pire étant donné notre différence d’âge. Selon la logique des Muses, elle était plus âgée, elle aurait donc dû avoir une meilleure connaissance du bien et du mal, de l’acceptable et du mal élevé, de la malséance et de la politesse. Elle aurait donc dû donner l’exemple aux plus jeunes et non leur refiler un dessin d’aussi mauvais goût.

Parce qu’il faut bien faire la différence : les Muses n’avaient aucun problème avec la curiosité, qu’elles considéraient comme une marque d’intelligence. Si Olympe avait partagé ses inquiétudes avec elles ou avec sa Mère, au lieu de nous souffler ses incertitudes à l’oreille comme de la propagande, elle n’aurait pas été réprimandée – loin de là! – et aurait eu réponse à ses interrogations. Hélas, à cet âge, même les plus obéissantes, même les plus matures voient les figures d’autorité comme des bourreaux, des gens dont le seul désir est le désir de justice et la seule solution aux problèmes la rétribution. C’est pour cela qu’Olympe avait choisi de croire en cette théorie du complot, de croquer cette aquarelle représentant un homme. Ç’avait été beaucoup plus facile pour elle que de se rendre compte qu’elle ne pouvait pas avoir toutes les réponses à ses propres questions sans demander de l’aide à quiconque. En plus, je suis d’opinion qu’elle ressentait un étrange sentiment d’accomplissement, une vague satisfaction à nous prouver qu’elle était plus instruite, plus éduquée, plus éveillée que nous, les plus jeunes. Alors entre satisfaire cette pulsion pour le moins malsaine et se faire donner une leçon par les Muses… Il est logique qu’elle aie choisi la première option.

Hélas tout ça, elle n’en était pas consciente – et moi non plus, d’ailleurs. De toute façon, cette situation ne me demandait pas de régler les problèmes internes d’Olympe. Elle n’était pas le centre de ce souvenir : je l’étais. J’avais le feu en moi. Maintenant, il fallait que je comprenne comment le ressentir, comment le faire transparaître.

«Olympe!» entendis-je ma propre voix appeler.

C’était reparti.

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Sam 19 Déc 2015, 19:55


Raphaël comprenait enfin pourquoi il avait été rejeté étant enfant, une chose qu’il n’avait jamais pu saisir à l’âge de son souvenir. Les gens de son village étaient fermés d’esprit, vivant leur petite vie tranquille et rejetant tout ce qui sortait de l’ordinaire, ou qui était nouveau, ce qui incluait Raphaël, aussi jeune soit-il. Il fallait dire que pour beaucoup, il y avait de quoi être effrayé. A cause de son pouvoir d’apprentissage accéléré, il pouvait connaître absolument tout en quelques secondes, mais c’était effrayant. En tant qu’adulte il arrivait à mieux cacher son pouvoir, et c’était moins visible. Mais un enfant ce comportant déjà comme un adulte n’avait rien de banal. Il ignorait toujours depuis combien de temps il avait ses pouvoirs, mais il se doutait que cela remontait encore plus loin que ses six ans, car l’animosité des habitants à son égard était puissante. Beaucoup trop lourde pour être supporté bien longtemps, d’où le fait qu’il préférait se cacher dans la forêt plutôt que de se mêler avec les autres.

En analysant ses quelques souvenirs, l’Elémental pouvait voir les regards emplit de haines qu’ils lui jetaient quasiment tous. Ou alors leur façon de l’esquiver et de le fuir, évitant toute interaction social avec lui. Il voyait également qu’il était pris comme bouc émissaire. Tous les ennuies qui se passaient dans le village revenaient toujours sur lui. Evidemment, certaine fois il les provoquait. Après tout, il était toujours un enfant. Mais pas seulement, un enfant isolé, ignoré de tous, et qui ne comprenait pas pourquoi. Il cherchait donc à faire son intéressant, et son maladroit. Mais il ne créait pas toujours des ennuis. Les autres enfants aussi. Et ces derniers savaient parfaitement que jamais ils ne seraient accusés, car personne ne croyait Raphaël les rares fois où il se défendait. Alors il avait décidé de laisser couler. Toujours. Il ne réagissait jamais, ne faisant que regarder les adultes les yeux vides d’émotions, n’écoutant pas ce qu’on lui disait. La seule personne qu’il écoutait était Irina. C’était la seule qui n’avait pas totalement peur de lui. Mais comme avec tous les autres, il pouvait voir une légère appréhension envers lui. L’Ange n’avait pas peur des capacités du jeune homme, elle avait peur de l’éclat sombre dans son cœur. Et elle avait raison, car il n’avait pas très bien tourné une fois plus vieux. Le souci, c’est qu’il avait toujours vu cette émotion dans les yeux d’Irina, et cela l’avait toujours empêché de lui donner entièrement sa confiance.

Petit à petit, Raphaël commençait à comprendre d’où il tenait son caractère. Evidemment, étant un Elémental affilié à l’eau, il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’il est tendance à n’être jamais énervé, ou à ce que les insultes, et autres moqueries lui passent au travers. Cela ne l’avait jamais dérangé, car il n’y voyait aucun inconvénient, en vieillissant, il avait appris à contrôler sa colère. Mais il finissait par se rendre compte que lorsqu’il était en colère, il devenait incontrôlable. Etait-ce toujours le cas maintenant ? Si oui, avec les pouvoirs qu’il avait gagnés, et sa puissance grandissante, et qu’il ne pouvait pas se contrôler, il pourrait faire beaucoup de dégâts. Habituellement il se fichait des conséquences de ses actions, souvent minimes, car il faisait l’idiot, ou était dans des zones inhabitées en recherche d’adrénaline. Mais cette situation le faisait réfléchir. Il devait apprendre à ne plus être si passif, autant avec lui-même, qu’avec les autres. Mais il ne devait pas non plus devenir un sanguin. Son côté indifférent n’était pas si mal, mais il y avait quelques détails à corriger. Il devait être un peu plus comme l’acier.

A ce moment, Raphaël eu une prise de conscience. C’était sûrement ça le but de l’épreuve. Il n’avait pas compris au départ pourquoi ils devaient revivre l’un de leur souvenir. Mais pas n’importe lequel, il regrettait ce souvenir, et Aïna devait être dans le même cas que lui. Et c’était ce regret qui les avait amenés ici, car ils devaient réagir comme l’élément qu’ils avaient choisi. Mais c’était un changement compliqué, car contre leur nature, et tout ce qu’ils étaient. Et c’est pour cela que son souvenir repassait en boucle pour la quatrième fois. Il avait pris un certain temps pour avoir une telle prise de conscience, car il était pris dans le tourbillon d’émotions qui l’assaillait à chaque fois. Mais comment rester calme face à tant d’émotions contenues depuis si longtemps. Il était difficile de distinguer son esprit d’enfant à celui d’adulte. Il devait faire rapidement la scission entre les deux pour pouvoir réagir d’une manière bien différente.

Et le cinquième début repris. Raphaël ouvrit les yeux.


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Ven 05 Fév 2016, 08:16



Chaque répétition du souvenir ne faisait qu’engraver encore plus profondément en mon esprit le même constat : faire transparaître le feu était une tâche infiniment plus complexe qu’il n’y paraissait. J’avais pourtant pensé avoir fait du progrès, en parvenant à comprendre ce que le Gardien attendait de moi au cours de cette épreuve. M’étais-je fourvoyée dans mon analyse? Toutes les pistes indiquaient que j’avais raison, pourtant. Quel autre rapport cette épreuve pourrait-elle avoir avec l’élément de feu?

«Nous savons toutes que ce carnet que tu trimballes partout n’est pas vraiment un carnet de grammaire. Enfin, j’ai gardé ce secret jusqu’à maintenant, non? Garde le mien.» «Oui oui, merci, Olympe. Va faire joujou maintenant», persiflai-je alors que le sourire condescendant d’Olympe s’estompait à ma vue. Tout se remettait en place pour une énième répétition.

J’avais dû  revivre les mêmes moments trente ou quarante fois. Je commençais à m’exténuer mentalement. Si l’épreuve précédente avait été accablante en supplices physiques, celle-ci targuait lourdement ma sanité. Je me sentais prise au piège d’une façon que seul un barrage mental pouvait rendre possible. Impossible que le Gardien ne m’ait réellement renvoyé dans le temps, non? Se pourrait-il que sa magie soit aussi puissante? Pourtant, les érudits avaient bien précisé que notre tâche consistait à infiltrer un de nos souvenirs. Ah! Il ne fallait pas que je perde le fil. De telles pensées ne faisaient que me distraire. Je m’y égarais et prolongeait ainsi le supplice du souvenir. Ce raisonnement ne pouvait être qu’erroné : contrôler le temps n’était probablement possible que par les Aetheri. Il est vrai que le Gardien avait prouvé posséder une sagesse et un savoir inouï, mais même ma modeste personne pouvait deviner qu’il soit impossible que sous ses traits se dissimule un Aether. Non, vraiment, son œuvre ne consistait pas en un voyage dans le temps, mais bien à m’enfermer dans une prison mentale, me forçant à revivre la même conversation dévastatrice encore et encore.

Il fallait pourtant que je m’efforce de garder la tête sur les épaules. Perdre la boule ne me serait d’aucune aide en cet instant. M’efforcer de garder mon sang-froid tout en jouant avec le feu… littéralement. Quelle ironie, tout de même. «Je suis épuisée, j’ai beaucoup peint, aujourd’hui

Et Raphaël, lui? Quelle était son approche, sa stratégie? À quel souvenir se voyait-il confronté? J’éprouvai un pincement au cœur lorsque je repensai au fait que le jeune homme souffrait d’amnésie. J’avais, sans l’ombre d’un doute, été beaucoup trop dure avec lui. Du moins, au début. Je commençais pourtant à apprécier le jeune homme et ses multiples attributs. Sa ténacité. Son franc-parler. Son expérience. De plus, il m’avait montré l’étendue de son savoir à plusieurs reprises : une première fois dans la Grande Bibliothèque, lorsqu’il eut reconnu autant de langues différentes sur les couvertures de multiples volumes; et une seconde fois alors qu’il m’avait conseillé de ne pas combattre l’élément et de plutôt coopérer, pendant que je convulsais de souffrance sur le sol, ravagée par les flammes. Moi qui l’avait pris pour un simple d’esprit, au départ… S’il se trouve, peut-être avait-il déjà terminé l’épreuve! «Calliope a trouvé le dessin, aujourd’hui.»

Oui, cette théorie était très plausible. Peut-être était-il assis en tailleur, face aux érudits et au Gardien, reprenant son souffle. M’attendaient-ils? Ou avaient-ils décidés que j’avais échoué?
Une pensée affolante, terrifiante, douloureuse s’imposa tranquillement à mon esprit.
Et alors je commençai réellement à perdre la tête.

Et si Raphaël avait fini plus tôt, s’il avait réussi à maîtriser le métal? Et si il avait fini de reprendre son souffle et que les érudits n’avaient pipé mot, même après qu’il leur aie fait signe qu’il était prêt? Et si le Gardien, l’Aether du Gardien, non ce n’est pas un Aether c’est vrai, et si le Gardien leur avait dit de me laisser derrière? Alors tout cela voudrait dire que, logiquement, oui parce que c’était tout à fait logique, enfin d’après ma démarche totalement empirique, je serais encore ici, coincée dans mon souvenir, alors que Raphaël serait libre. Voilà, logique, empirique, pratique. Un plus un égale deux. Les érudits auraient bien voulu m’en tirer, ils sont pas méchants tout de même ces bons vieux érudits, mais ils n’y peuvent rien ils doivent obéir parce que le Gardien règne en maître sur cette grotte et nous y sommes tous! En fait je crois bien y avoir toujours vécu, dans cette cave! Cave, cave, cave, Maëlith, Maëlith, cave, dans ma tête, dans mes souvenirs, dans le passé, dans le futur, mais pas dans le présent parce que le présent n’existe pas, c’est du pareil au même pour moi. Alors les érudits, mes bons amis les érudits, ils ne m’avaient pas donné leurs noms d’ailleurs c’est dommage entre copains il fallait bien connaître nos noms, ils connaissent bien le mien et je ne me souviens pas leur avoir dit, en tout cas je leur ferais savoir que c’est assez impolis de leur part et moi j’aime bien les gens qui sont polis avec moi il faut dire. Bref, les deux jumeaux, Ding et Dong, là, drapés de la tête aux pieds de leur voile de suffisance, avaient bien évidemment décrété que je devais être laissée derrière. Oui, voilà. Ce qui nous emmène à maintenant. J’étais seule. Prisonnière pour toujours. Prouvé empiriquement et indubitablement. Deux plus deux égale quatre. Solitude, solitude, solitude.

«Eh bien, tu feras plus attention la prochaine fois. De toute façon, tu devrais cesser de trimballer ton stupide journal partout.»

Enfin, avec Olympe. Quel mauvais choix de souvenir, quand même. Je détestais ce souvenir. J’étais si faible, si minuscule, si… lâche. Je pensais avoir agi en bonne amie, mais Olympe n’avait fait que profiter de moi. Et cet incident pouvait sembler mineur, mais il m’avait beaucoup marqué. En fait, on peut dire qu’il avait été un point tournant pour moi. Je transportais les fruits de cet instant au bout de mes bras. Le misérable trophée de ma passivité.

Le feu était actif, lui.

«Enfin, j’ai gardé ce secret jusqu’à maintenant, non? Garde le mien.»

Et ce sourire, encore ce misérable sourire qui me tourmentait depuis des années. Je serrai les poings, crispai les dents, et flanquai un bon coup de poing sur les dents d’Olympe, exposées alors qu’elle exposait son rictus supérieur que j’exécrais tant. La menue petite fille tomba sur le sol, ses boucles rousses étalées sur le sol. Le visage de marbre, me massant les phalanges rougies à l’aide de ma main valide, j’oeillai ma meilleure amie qui gisait sur le sol. «Non.» Un mince sourire éclaira mon visage. Rira bien qui rira le dernier, Olympe. J’ouvris la bouche pour parler, mais je ressentis une décharge parcourir tout mon corps. Mon premier réflexe fut de fermer les yeux afin de mieux supporter la douleur. Lorsque je les rouvris, j’étais agenouillée dans la cave, tout près de Raphaël, à des centaines de lieues de Maëlith, et probablement tout aussi loin d’Olympe.

«Félicitations, Aina.»

Encore abasourdie, je dus prendre un instant pour comprendre ce qui venait de m’arriver. Il me fallut quelques secondes d’excès pour hocher la tête envers l’homme qui m’avait adressé la parole. «Laissons-lui un peu de temps.» Oui, bonne idée, acquiesçai-je mentalement. Le souvenir des évènements qui venaient de se dérouler défilaient tranquillement devant mes yeux. J’étais devenue folle, en fait. Les pensées que j’avais eues étaient embarrassantes et floues. Et… quoi d’autre, encore? Ah, oui : j’avais frappé Olympe!

Sous le choc de cette réalisation, je portai la main à ma bouche. Était-ce vraiment ce que j’étais sensé faire? La sensation du contact entre la main et le visage d’Olympe résonnait toujours dans mes os. J’avais bel et bien réussi l’épreuve. Mais pourquoi alors me sentais-je si peu digne d’une récompense? Pourquoi me sentais-je si… sale? J’avais toujours détesté ce moment de ma vie, c’est vrai. Mais recourir à de la violence physique contre une personne qui m’avait déjà été si chère trahissait toutes mes valeurs et mes idéaux. Était-ce donc la leçon à tirer de tout cela? Que le feu était impulsif? Qu’il ne pardonnait pas? Qu’il pouvait nous consumer de l’intérieur?

J’étais perdue.

Je levai les yeux vers les érudits, qui conversaient entre eux, les échos de leurs chuchotements se réverbérant sur les parois de la caverne. Je voyais bien qu’ils n’étaient que des guides; il aurait été stupide de placer tous mes espoirs en eux. Alors je continuai à fixer le vide, me balançant légèrement, en attendant que ma raison me revienne.

HRP:
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Lun 15 Fév 2016, 11:32


Raphaël avait trouvé la bonne solution, il en était sûr. Il devait réagir comme l’élément qu’il avait choisi, aussi dur et froid que pouvait l’être le métal. Mais pour un Elémental, lié à son élément depuis si longtemps, bien plus que longtemps les Elémentals naturels, cette épreuve était la pire de toute. Il devait agir contre lui-même. Certes, il avait ce côté froid qu’il ne montrait que rarement, mais comment résister à l’envie d’éclater après tout ce que lui faisait subir ses gamins ? N’importe qui d’autre avec un pouvoir comme le sien aurait sûrement déjà répondu, voir même aller plus loin. Non, son erreur n’était pas dans la façon dont il avait répondu à leurs agressions après tout ce temps. Mais son comportement à lui-même. Se laisser-faire, et attendre que ça passe, en se disant que ça ne servirait à rien de les envoyer balader, était là sa faute. Il devait répondre, faire quelque chose de plus marquant que simplement encaisser puis exploser. Et ses quelques mots pour les repousser vaguement n’étaient pas suffisants. Comment faire ? Comment faire ? Comment faire ? Pensait-il inlassablement tandis que les souvenirs tournaient en rond. Il ignorait comment gérer ses émotions, n’avait jamais compris comment faire. Il ne faisait que copier sur les autres, jamais il n’apprenait de lui-même. Mais gérer des émotions étaient beaucoup plus complexe, et personne ne pouvait réellement lui apprendre, même en lui montrant. C’était quelque chose qu’il devait faire seul, mais comment faire s’il ne croyait pas en ses propres capacités ? Toute sa vie, il lui avait suffi d’apprendre en un claquement de doigt, mais simplement en regardant les autres. Il ne pouvait que croire en les compétences des autres, pas en les siennes.

La boucle recommença. A nouveau les brimades orales. « Foutez-moi la paix ». Leur répondit froidement Raphaël, ce qui provoqua des échanges de regard étonné, mais les enfants continuèrent. « Pourquoi ? C’est pas comme si tu allais faire quelque chose ». L’Elémental fixa le garçon qui venait de lui parler dans les yeux. Les siens étaient teintés d’un éclat froid et menaçant, tandis que ceux de l’autre restaient aussi supérieurs qu’à la normale. Le garçon ne comprenait pas ce qui était en train de se passer chez Raphaël. Les enfants se remirent à frapper Raphaël qui sentait la colère monter en lui. Mais cette fois, il réussit à la contenir. Plutôt que d’exploser, il l’enferma en lui. Ensuite, il réussit à trouver une ouverture, se relever, et bondit sur le chef du groupe. Plutôt que de le frapper, il le maîtrisa avec une clef de bras. Son acte calma aussitôt les autres. La colère revint. Il était en position de force, il pouvait tous les battre, laisser leur apprendre qu’il ne faut jamais défier l’eau. Mais encore une fois il se contint. Lâchant le garçon, il recula, et regarda les autres. Ses yeux étaient teintés d’un écalt froid, tandis que son visage et sa voix n’exprimaient aucune émotion. « Maintenant cassez-vous ». Leur dit-il.

Soudain, une énergie traversa le corps de Raphaël, se transformant en une décharge de douleur. Serrant les dents, il se recroquevilla sur lui-même, cherchant à échapper à la douleur. Une fois qu’elle se fut atténuée, il put rouvrir les yeux, et regarder tout autour. Son esprit était de retour dans le présent, dans cette cave, et non loin se trouvait Aina, qui s’était déjà réveillé. « Bravo Raphaël ». Lui dit l’homme. Encore perdu, l’Elémental eu du mal à se mettre assis, et voir comprendre que c’était l’érudit qui venait de lui parler. Il ne lui répondit pas, trop fatigué pour le faire. Il se remémorait ce qui venait de se passer, ses souvenirs très clairs par rapport à sa vision actuelle. C’était en quelque sorte l’avantage de son pouvoir, il retenait parfaitement chaque chose, et le souvenir ne perdait pas de sa précision avec le temps, bien qu’il l’oublie le mois suivant. S’il était capable de s’en rappeler, il pourrait faire des choses plutôt incroyables. Mais le métal était donc si froid et dur que rien ne pouvait passer à travers son armure ? D’un côté cela était plutôt plaisant, car il correspondait à certaine partie du caractère de Raphaël. Mais devait-il être privé d’émotion, et de réaction pour autant ? Il ne savait pas les gérer, et avait du mal à comprendre ce qu’elle signifiait, mais cela ne l’empêchait pas de vouloir en ressentir, bien qu’elles soient si éphémères. C’était ce qui ponctuait sa vie. S’accrocher quelques temps, ressentir des sensations, avoir l’impression de compter pour quelques temps, puis disparaître et oublié. S’il n’avait pas ses rares moments, alors pourquoi continuer de vivre ?

Un certain temps passa, puis les érudits revinrent vers eux. Ils leur avaient laissé le temps de se remettre. Enfin, pas assez au goût de Raphaël, qui était épuisé, et aurait bien aimé s’effondré dans un lit pour avoir quelques heures de sommeil. Son esprit le réclamait plus que son corps. « Il vous reste une dernière épreuve ». Leur dit la femme. L’Elémental se leva, et s’approcha d’Aina, lui tendant la main pour l’aider. « Aller, on a bientôt fini, prête ? ». Lui demanda-t-il en souriant. Lorsqu’ils furent debout tous les deux, et attentif aux paroles des deux érudits, ces derniers se remirent à parler. « Vous avez appris à connaître votre élément… ». Commença l’un. « Puis à vous comporter comme lui ». Continua l’autre. « Maintenant, vous allez l’affronter ». Raphaël se retint de soupirer. Son esprit était au bord de la rupture, mais son corps allait plutôt bien. Il avait pu reprendre des forces, mais est-ce que son esprit pourrait tenir assez longtemps ? A ce moment, l’air sembla se troubler, la salle changea, et une illusion apparut devant leurs yeux. Illusion assez forte pour leur paraître tout à fait réelle. Devant Raphaël se trouvait Irina. « Raphaël !». Elle le prit dans ses bras, le serrant fort. « Je suis si contente de te revoir ». L’Elémental, trop perturbé par ses retrouvailles, restaient les bras ballant, la bouche légèrement entrouverte. Il essayait de parler, mais n’arrivait pas à formuler de phrases concrètes et distinctes. Soudain, il leva la tête, et vit des tiges d’acier pointues se diriger vers eux à toute vitesse. Il attrapa l’Ange, et sauta sur le côté, tombant durement sur l’épaule. Il roula quelques instants, esquivant les tiges, la femme dans ses bras. Il se releva, regardant autour d’eux, cherchant Aina. « Aina, tu vas bien ? »


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Mer 29 Juin 2016, 23:24



J’avais beau examiner et réexaminer mes jointures, il n’y persistait aucune marque du coup que je venais d’asséner à Olympe. Passer ma main gauche sur les os où vivait le fantôme de la chair de l’enfant frappée ne provoquait en moi qu’un vide inquiétant, dépourvu de toute origine physique. Je n’arrivais pas à me faire à l’idée que mon corps arrivait à rester si distinct du tumulte que je vivais mentalement. Mes mains ne tremblaient pas; mon poing droit n’exhibait ni blessure ni inflammation et, pourtant, chaque articulation me semblait douloureuse malgré tout. J’avais été une bonne élève, dans la cité Orine, éduquée comme il le fallait par les Muses et les aînées. Je connaissais donc l’existence d’êtres pouvant induire des illusions profondes, semblant conformes à la réalité en tous points. Cependant, la théorie différait irrémédiablement de la pratique. Ni manuel d’écolier ni ouvrage de la Grande Bibliothèque n’aurait pu me préparer à l’épreuve que je vivais présentement. Toujours agenouillée sur le sol de la caverne, les chuchotements discrets des deux érudits se réverbérant sur les parois de celle-ci, je tentai de faire la paix avec moi-même et avec ce qu’il venait de se passer.

J’avais dû revivre les mêmes moments quinze ou vingt fois, avant de parvenir à trouver la solution. J’attendais toujours à moitié la sensation d’être transportée autre part et de percevoir, sans même ouvrir les paupières, le regard moqueur d’Olympe me faire tressaillir. Une rupture entre la réalité et moi-même s’était effectuée. Je n’étais plus tout à fait ici, mais je ne voulais en aucun cas retourner là-bas. La première tâche à laquelle je devais m’atteler était de reprendre contact avec la réalité. Je commençai par regarder autour de moi. Le Gardien était toujours là, silencieux, immuable, être informe duquel je pouvais percevoir une immense sagesse. Les deux guides discutaient toujours à mi-voix, sans se formaliser de mon regard hagard. Je m’efforçai de sentir le sol sous mes pieds, sous mes mains, l’air chaud et humide qui pénétrait dans la grotte. Je respirai doucement, une fois, deux fois. Tranquillement, je repris confiance en qui j’étais sur le moment. J’étais Aina, j’avais dix-sept ans. J’avais effectué un long voyage et j’étais ici, dans cette caverne, dans le moment présent et nul part ailleurs. Une fois que je fus totalement présente, je remarquai que Raphaël était de retour lui aussi. Il semblait perdu dans ses pensées, tout comme moi.

Maintenant que j’étais de retour sur terre, il fallait que je réfléchisse à ce qu’il venait de se passer. Je venais de frapper Olympe, mon amie d’enfance. Je n’avais jamais été une personne violente, cela était tout simplement contre mon éducation et mes valeurs personnelles. Il ne fallait jamais recourir aux sévices physiques si on pouvait corriger l’autre avec les mots. Et pourtant… J’avais bel et bien frappé Olympe. Je ne pouvais le nier à présent. Une éphémère sensation de bien-être m’emplit alors devant cette certitude. Un moment qui ne dura qu’une seconde tout au plus, mais qui fut si puissante qu’elle m’arracha un sourire – un sourire tressautant, qui devait plutôt s’apparenter à un rictus de douleur, mais un sourire tout de même. Le délice vulgaire, presque pervers de cette affirmation m’emplit une fois de plus. Oui, j’avais frappé Olympe. J’avais fait plus qu’affirmer mon mécontentement, je lui avais fait ressentir mon impuissance, ma rage face à la situation. Ce coup de poing que j’avais flanqué sur sa joue immaculée, il avait été imbus d’innombrables soupirs, il avait pris sa force dans mes déceptions, dans mon orgueil bafoué, dans mes rancœurs et dans mes amertumes. J’avais trempé l’orteil dans un recoin sombre de mon âme qui était encore trop sauvage pour que j’ose m’y aventurer plus loin. Un orteil à la fois, oui. Mais le feu venait de m’ouvrir la voie.

Je n’avais aucune excuse à faire, je n’avais aucune justification à apporter à ce qu’il s’était déroulé dans ma conscience. Agir sans vergogne, voilà la leçon que le feu voulait m’apprendre. Agir et ne pas regarder en arrière. S’exprimer sans filtre et ne pas se formaliser des conséquences. Les choses étaient-elles différentes, désormais? Je ne me faisais guère d’illusions. J’avais asséné un coup à Olympe dans mon imagination, dans les méandres de ma conscience. Ma relation avec elle demeurait inchangée dans le monde réel, c’était vrai. Je ne m’étais cependant jamais sentie aussi revigorée. La réalisation que je venais de subir ne fit qu’élargir mon sourire, que j’adressai à Raphaël en attrapant la main aidante qu’il me tendait. «Plus prête que jamais,» répondis-je simplement en prenant appui sur lui pour me relever. La tête me tournait toujours légèrement, mais je repris rapidement le dessus sur mes sens.

Les érudits parlèrent rapidement de la prochaine épreuve. Avant que je pus comprendre la portée des mots qu’ils avaient débité – affronter notre élément? – ma vision devint trouble et je fus de nouveau dans un lieu qui m’était inconnu. J’inspirai profondément, tentant de maintenir le niveau de calme qui m’avait envahi alors que j’étais agenouillée. Un mouvement sur ma droite me fit pivoter vivement et j’écarquillai les yeux lorsque j’aperçu Jün à quelques mètres de moi. «Jün? Est-ce bien toi?» Elle m’adressa un large sourire et ouvrit la bouche pour me saluer, mais fut interrompue par un cri qui était sorti de ma propre gorge sans que je ne m’en rende compte. Derrière elle, crachotant et s’avançant dangereusement vers nous, une marée de lave montait à toute vitesse. Si je n’agissais pas rapidement, nous allions toutes deux être frappées par la bouillonnante roche en fusion! Par réflexe, je frottai la pierre de la bague argentée parée d’un Nyseira qui ornait mon index gauche. Une paire d’ailes apparut alors le long de ma colonne vertébrale, leur membrane transparente s’ancrant à mon épine dorsale et se confondant avec mes muscles, provoquant un frisson qui courut le long de mon corps. «Accroche-toi à moi!» criai-je à Jün en l’attirant vers moi. Je dépliai les ailes m’ayant été données par le bijou magique, puis, d’un bond déterminé, je m’élançai dans les airs. Jün s’accrochait fermement à mes hanches, prenant soin de ne pas froisser mes ailes. Je peinais à nous garder en hauteur et chaque battement provoquait en moi un spasme de douleur. Mes muscles n’étaient pas assez développés pour maintenir le poids de deux personnes; de plus, je ne me servais que très rarement de l’invocation de mes ailes, qui n’étaient pas très dégourdies. La lave continuait cependant de déferler sous nos pieds. La voix de Raphaël me parvint alors. Je l’aperçus, à plusieurs mètres de moi, sous le sol. Une inconnue était dans son sillage. La lave n’était pas encore à leur hauteur, heureusement. «Je suis ici!» lui criai-je, «au-dessus de vos têtes!»

Je commençai cependant à perdre de l’altitude. Mes ailes n’étaient pas faites pour supporter autant de poids, et cela se voyait à vue d’œil. Je pouvais sentir Jün trembler de peur alors qu’elle observait le sol se rapprocher de plus en plus rapidement. Affolée, je regardais dans tous les sens pour tenter de trouver une solution à ce problème. Je ne pouvais abandonner Jün à son sort uniquement pour sauver ma peau. Il était hors de question que je la laisse périr ainsi. Des larmes commencèrent à couler sur mes joues et, affolée, la voix tressautante, je pilai sur mon orgueil et fit appel au secours de mon compagnon. «RAPHAËL!» Je posai une main ferme sur le dos de Jün, tentant de la maintenir en place en agrippant le tissu de sa robe. «RAPHAËL, À L’AIDE, JE VOUS EN PRIE!»

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Lun 18 Juil 2016, 14:46


Raphaël s’agenouilla, prenant le visage d’Irina entre ses mains, vérifiant qu’elle allait bien. L’Ange semblait aussi perdu que lui, ne comprenant pas ce qu’elle faisait ici, mais semblait tout à fait incapable de parler. Il n’eut pas le temps de lui demander certaines choses, qu’il sentit la température grimper tout à coup. Il entendit à ce moment la voix d’Aina. Levant la tête, il la vit voler, tenant à bout de bras quelqu’un, perdant de l’altitude. L’Elémental se remit immédiatement debout, et vit alors la lave approcher. Sans même réfléchir, il attrapa Irina par le bras, et la força à se mettre debout, l’entraînant plus loin. Il devait la protéger, absolument. Il l’avait affreusement blessé il y a des années, physiquement, comme émotionnellement. Il ne pouvait que l’avoir déçu. De ce qu’il avait compris, elle l’avait élevé comme son propre fils, et lui avait lâchement prit la fuite. Et, depuis ce jour, il ne cessait de courir, trop effrayé pour se lier à quelqu’un, trop effrayé de les blesser. Mais il ne comprenait que maintenant les raisons de sa fuite. Toutes ses années où il ne se comprenait même pas, où il ne savait pas dans quel direction aller, qui il était. Au final, peut-être qu’en cherchant dans son passé, il finirait par trouver les réponses qu’il cherchait toujours. Mais au final, peut-être que retrouver son passé ne l’aiderait pas. Comment pouvait-il trouver une raison de vivre en apprenant qui il était ? C’était ridicule. Et puis, de toute façon, il finirait par tout oublier, comme d’habitude. Le peu de choses qu’il avait découvert aujourd’hui finirait par disparaître entièrement, ne laissant même pas un e bref sensation. C’était une recherche vaine et dénuée de sens.

L’Elémental voulut continuer d’avancer, mais s’immobilisa lorsqu’il entendit le cri déchirant de la jeune femme qui l’accompagnait dans cette histoire. Il tourna les talons pour la voir. Elle était en train d’essayer de soulever désespérément leur deux poids avec ses ailes. Ne l’aide pas, sauve-toi Fut l’une des nombreuses pensées qui traversa son esprit. De toute façon, que pouvait-il faire face à de la lave en fusion ? Mais quelque chose d’autre l’empêchait de bouger. Deux pensées contradictoires qui rongeaient son esprit. Un début d’héroïsme peut-être ? Non, il n’était pas un héros, il n’était qu’un lâche, un de plus parmi tant d’autre. Et cette épreuve n’était pas censé se faire seul ? Ne devait-il pas affronter seul leur élément ? Sauf que personne ne leur avait interdit. Et puis, c’était quoi cette idée. Affronter leur élément, alors qu’il commençait à peine à se comprendre. Il y avait forcément autre chose, mais quoi ? La peur de mourir brûlé, et de la voir mourir également, était bien trop forte pour lui permettre de réfléchir clairement, et calmement. Clamement ? Non, ce n’ait pas ça qu’il devait faire. Il devait réfléchir froidement. Comme le métal. Etre aussi dur que lui. C’était ce qu’on leur demandait de faire actuellement. Agir comme agirait leur élément, l’affronter n’était que pour cacher le reste de leur épreuve.

Rejetant ses sentiments, Raphaël repoussa Irina plus loin pour faire en sorte qu’elle soit plus ou moins en sécurité. De toute façon, à quoi cela servait-il ? Ce n’était sûrement pas la vraie. Une simple illusion, comme tout le reste. Il savait que l’Ange ne pouvait apparaître ainsi devant lui, sans savoir comment. C’était illogique. L’Elémental courut vers la lave. Il esquiva de justesse une tige qui lui fonçait dessus, et la saisit avec force. Il la tint à  deux mains, la soulevant juste au-dessus de son épaule, puis la planta dans le la lave,  la tenant toujours, la forçant à se plier. Elle était assez souple pour ça, tout comme assez résistante pour supporter son poids. Il sauta, et fut entraîner par son élan, l’acier se dépliant. Une fois en l’air, il lâcha. Projeter par son élan, il percuta assez violemment les deux jeunes femmes, les entraînant avec lui dans sa chute. Ils tombèrent durement au sol, mais en sécurité. Roulant pour amortir sa chute, il finit par se redresser rapidement. Il remercia un instant Mancinia de lui avoir appris cette technique sans même le savoir. Ne s’attardant pas plus sur ça, il se remit debout. Il devait vérifier sa théorie. Il s’avança de quelques pas, et s’immobilisa. Les piques de fer fonçaient vers lui, leur froideur prête à le transpercer. Il ne bougea pas pour autant, affrontant froidement son élément. Les piques le transpercèrent sans lui faire de mal. « Aina se sont des illusions ! » S’exclama-t-il. « Il ne faut pas que tu ais peur. Pense comme le feu » Si elle était aussi impulsive que les flammes, peut-être qu’elle s’en sortirait sans dommage.


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Lun 18 Juil 2016, 20:20


Les mains de Jün glissaient inexorablement, créant des marques sur ma peau habillée par le mince voile écarlate. J’attrapais sa robe avec mes deux mains, désormais, la tirant vers le haut désespérément. J’inspectai une nouvelle fois le plafond, essayant de déceler une crevasse, un tuyau, n’importe quoi me permettant de m’y accrocher, évitant ainsi une mort par un supplice inimaginable. Des larmes de rage et d’impuissance continuaient de rouler le long de mes joues. Je voulais sauver Jün – non, plutôt, je devais la sauver. Notre histoire s’était compliquée, au courant des dernières années, mais elle demeurait tout de même l’une des personnes qui me connaissait le mieux sur tout le Continent Naturel. Je ne pouvais tout simplement pas la laisser périr par ma faute. Elle n’avait pas demandé à être ici, elle n’avait pas demandé à devenir un cobaye pour ces épreuves étranges dans lesquelles je prenais part. Il ne pouvait rien lui arriver à cause de moi. Je refusais de la faire payer ma soif de savoir de sa vie. Le sang de Jün ne se serait pas versé en ce jour, pas en ce lieu. Le visage toujours baigné de larmes, alors que nous nous rapprochions toujours dangereusement de la lave bouillonnante, j’inclinai mon visage vers elle. «Je suis désolée, Jün.» J’étouffai un sanglot. «Je suis tellement, tellement désolée.» Nous perdions toujours de l’altitude à une vitesse plus qu’alarmante. Je pouvais sentir la chaleur infernale de la lave me ronger les pieds au fur et à mesure que nous nous rapprochions. «On va s’en sortir. Tu entends? On va s’en sortir, Jün!» Mais elle ne me regardait plus. Ses yeux étaient fixés sur la roche en fusion qui bouillonnait à quelques mètres sous nos deux corps. Je fermai les miens, attendant l’impact.

L’impact vint, quoi qu’il fût différent de celui que j’avais en tête. Je me sentis projetée sur le côté, Raphaël m’heurtant de plein fouet pour me faire atterrir sur le sol où je roulai un instant pour amortir la chute. Je me retrouvai par-dessus Jün, qui se protégeait le visage de ses mains. «Tu n’as rien?» lui chuchotai-je entre deux sanglots, l’aidant à se redresser. Elle fit non de la tête. Mon attention fût alors préoccupée par Raphaël, qui avait crié mon nom. Je me retournai vers lui, poussant un cri alors qu’il se faisait transpercer de part en part par de longues tiges de métal. L’Élémental ne semblait cependant pas flancher. Il se tenait toujours debout, en parfait état et m’adressait la parole. Les manifestations de nos éléments n’étaient qu’illusions? Écarquillant les yeux, je fis signe à Jün de ne pas bouger et m’avançai, jusqu’à être à la hauteur de Raphaël. J’examinai avec surprise les pics de métal s’étant figés en lui. Il ne saignait pas, ne semblait pas blessé. Il me dit alors de ne pas avoir peur. J’hoquetai, essuyant mes larmes à la va-vite. Je devais prendre exemple sur lui. Comme cela, Jün et moi pourrions quitter cet endroit saines et sauves. Nous pourrions parler de ce qu’il s’était passé, il y a un an et peut-être même rattraper le temps perdu.    

Abasourdie de la façon dont Raphaël était transpercé de toute part, sans même avoir tressailli, je tournai mon regard vers la lave qui s’avançait toujours vers moi. Il fallait que je pense comme le feu. Je me concentrai, tentant de canaliser l’état d’esprit que j’avais éprouvé plus tôt, alors que je n’avais fait qu’un avec l’élément. Le feu vit en moi, me répétai-je, le feu vit en moi. Je fermai les yeux et m’avançai doucement vers la lave, mesurant chaque pas. Je sentais la chaleur grandir au fur et à mesure que je me rapprochais, mais je continuai d’avancer. Toutes les fibres de mon corps me disaient de tourner le dos, de partir en courant et d’éviter une mort certaine. Je ne les écoutai pas, laissant le feu qui déferlait en moi brûler mes inquiétudes une par une. Lorsque j’eus fait environ dix pas vers l’avant, j’ouvris les paupières. Je fixai alors le sol, ébahie. La lave jaillissait sous moi, léchant mes pieds et mes mollets, mais je ne ressentais rien. Aucune douleur, aucun brûlement. Je me retournai vivement vers l’endroit où se tenaient Raphaël et Jün, poussant un cri de joie. Cette dernière commença à courir en ma direction, ne s’arrêtant que lorsqu’elle atterit dans mes bras ouverts. Je l’enlaçai, la serrant fort dans mes bras durant quelques secondes. Elle s’écarta légèrement et je lui donnai un baiser sur le front, le visage s’étirant en un sourire comblé. Jün ouvrit la bouche pour me parler et je lui souris, m’accrochant à elle avec la ferme intention de ne plus jamais la laisser aller. Mais la voix qui sortit d’entre ses lèvres ne fût pas la sienne. «Félicitations.» L’intonation était grave, beaucoup trop grave pour être celle de l’Orine. Je fronçai les sourcils et, avant que j’aie pu avoir le temps de comprendre, l’illusion autour de moi changea. Le plafond lisse redevint rocheux, accidenté; la lave disparut de sous mes pieds, cédant la place à un sol caverneux et strié de marbre. «Félicitations,» fit de nouveau la voix de l’érudit. Je sentis soudain le vide qui s’était créé sous mes mains. Je m’écartai de l’endroit où Jün s’était tenue pour n’y trouver que néant. Jün n’était plus. Elle avait disparue, envolée avec le mirage que le Gardien avait créé pour nous. Elle n’avait donc été qu’une illusion, elle aussi. Les larmes s’amoncelèrent dans le coin de mes yeux et je me retins pour ne pas qu’elles s’écoulent honteusement le long de mes joues. De toutes les déceptions que j’avais vécues aujourd’hui, celle-là était la plus dévastatrice.  La vraie Jün n’était pas ici et ne l’avait jamais été. Elle n’était pas consciente des épreuves que je venais de traverser, ne savait pas que, dans mon esprit, j’étais convaincue avoir réussi à la sauver d’entre les griffes du feu. «Vous avez réussi, » entonna la femme avec enthousiasme. Les yeux quittant l’ancien emplacement de Jün, je me tournai, inspectant les alentours pour m’assurer que Raphaël était, lui, toujours présent.

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Mer 20 Juil 2016, 22:35


Raphaël lança un regard à Aina, lui faisant un léger sourire, voulant être rassurant. Ce n’était peut-être pas tout à fait le cas, car il était légèrement crispé à cause de la fatigue, mais peut-être que cela marcherait. Enfin, rien que le fait de le voir transpercer sans avoir le moindre mal sembla la convaincre. Elle se tourna vers la lave, qui s’approchait de plus en plus vers elle, semblant être guidé. Il la vit se concentrer, et avancer petit à petit vers la roche en fusion, fermant les yeux. Elle continuait d’avancer, malgré la peur qu’il voyait dans son comportement. Elle voulait fuir, mais se retenait de justesse. Qui ne fuirait pas devant les flammes de toute façon ? Elle entra dans la lave, sûrement sans s’en rendre compte, car ses paupières étaient toujours closes. Elle sembla les ouvrir, s’arrêtant net, regardant le sol, puis se tourna vers lui, et l’autre illusion, criant de joie. L’Elémental lui répondit en souriant joyeusement lui aussi. L’inconnue se précipita vers Aina, et, sans plus s’attarder sur cette scène, quelque peu dingue, il tourna la tête vers Irina, qui s’avançait doucement vers lui en souriant. Il ne lui répondit pas, sachant très bien qu’elle n’était pas là.

Soudain, l’illusion disparut, cédant la place à la réalité. Il ne se préoccupa pas de la voix qu’il entendait, celle de l’un des guides. Il gardait ses pupilles bleutés rivés sur l’endroit où l’Ange venait de disparaître. Il ferma les yeux un instant, chassant les quelques souvenirs qu’il avait d’elle. De toute façon, il finirait forcément par oublier. Il battit des paupières lorsqu’il sentit les larmes embués légèrement sa vie, les chassant rapidement. Il n’allait pas pleurer pour si peu quand même. Le jeune homme se tourna ensuite vers Aina, l’observant. Elle avait plus de mal à retenir ses larmes. Quoiqu’il se soit passé avec cette Jün, cela semblait avoir eu un fort impact sur elle. Il se rapprocha d’elle, ne tenant pas compte des yeux rouge de la jeune femme, et lui dit. « Bien joué » C’était courageux d’affronter la lave, surtout qu’elle ne semblait pas être quelqu’un autant habitué au danger, et à se tenir en face de la mort que lui.

Raphaël se tourna ensuite vers le gardien, toujours aussi stoïque, et les érudits qui leur souriaient. « Vous avez réussi avec brio » « On a enfin terminé alors ? » Demanda l’Elémental. « Il vous reste une dernière étape, mais, ne vous en fait pas, elle ne sera pas aussi difficile » Dit l’homme. « En fait, vous n’aurez rien à faire, juste à vous approcher du Gardien. Ensuite, vous pourrez prendre un repos bien mérité » « Si c’est tout ce qui reste à faire » Sans attendre, l’Elémental s’approcha de l’étrange créature, qui le dominait, lévitant légèrement au-dessus du sol. Cette dernière leva ce qui ressemblait à un tentacule, et la posa sur le front de Raphaël. Aussitôt, une lumière argenté brilla, l’aveuglant un instant, et une force le traversa, et, paradoxalement, le vida de son énergie. L’être retira son membre, et l’Elémental s’écarta rapidement, légèrement instable. Il frotta son front quelques secondes, attendant que la jeune femme passe le même test. Lorsque ce fut fait, l’Elémental se tourna vers elle, souriant. « Bon, et si on sortait d’ici ? Je serais pas contre un bon repas et un lit, et toi ? » La nuit devait déjà commencer à tomber, enfin, c’est ce qu’il pensait. A force de rester ici, il avait perdu la notion du temps, surtout lorsqu’ils avaient passé un long moment dans leur souvenir.

Ils sortirent dehors, retrouvant enfin l’air libre. Il respira un bon coup, puis se précipita vers la fontaine. Cela faisait un moment qu’il attendait ça. Il posa les genoux à terre, s’appuyant sur les rebords avec ses mains, et plongea la tête dans l’eau. Rapidement, il sentit l’énergie de l’eau traverser son corps, le revigorant. Il redressa la tête rapidement, envoyant de l’eau un peu partout, et rejetant, par la même occasion, ses cheveux vers l’arrière. Il se mit à rire, d’humeur joyeuse. « Ah ! Ca fait du bien ». Il se rapprocha de la jeune femme. « Au fait, je voulais te demander ce que tu avais l’intention de faire après ta nuit de repos ? Je veux dire, est-ce que tu comptes partir du désert ? Je me disais que je pourrais t’accompagner, j’ai l’intention d’aller voir ailleurs de toute façon, donc, plutôt que de faire le voyage seul, enfin plus ou moins, ensemble se serait sympa » Lui demanda Raphaël de manière assez gauche. Il sourit, penchant la tête légèrement sur le côté, et se frotta l’arrière de la tête. « Excuse-moi, c’est très mal dit, mais ça part d’une bonne intention, promis ! »

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Jeu 21 Juil 2016, 04:52


Les yeux rougis, j’adressai un mince sourire à Raphaël alors qu’il m’offrit quelques paroles de félicitations. Je m’éclaircis la gorge avant de lui répondre, dans un effort de contenir ma voix qui tremblotait légèrement. «Merci, Raphaël.» Je reniflai quelque peu, réajustai ma robe afin de me donner une certaine contenance. L’illusion engendrée par le Gardien avait été si vive, si réelle. Les petits halètements d’effort, lorsque la fausse Jün s’accrochait à moi avec rage pour ne pas glisser; ses yeux grands ouverts alors qu’elle observait la lave avec effroi. Il m’était difficile de ne pas être en état de choc, même si j’avais désormais deviné que mon amie n’avait jamais été présente. Si elle l’avait été, j’aurais pu m’excuser, lui dire tout ce qui avait dû rester enfoui en moi, lors de ce fatidique instant, il y a de cela plusieurs lunes…Je secouai la tête légèrement. Il ne fallait pas que je me concentre sur les hypothèses. Je devais revenir au présent, laisser l’image de Jün derrière. Je me raccrochai aux paroles bienveillantes que Raphaël avait prononcées à mon intention. Les mots d’encouragement de l’Élémental avaient réussi à me faire revenir à moi-même. Il avait raison : nous avions tous deux faits de l’excellent travail. Si les obstacles concoctés par le Gardien à l’intention du jeune homme avaient été aussi éprouvantes que les miennes, il avait réussi avec brio. La mémoire de Jün était toujours fraîche dans mon esprit, mais le réconfort de mon compagnon m’aida à oublier les derniers sanglots qui s’entrechoquaient dans ma gorge.

Les érudits nous adressèrent alors quelques mots de félicitations, que j’accueillis avec un bref hochement de tête. Je ne pouvais m’empêcher d’oeiller le Gardien, qui se tenait toujours entre nos deux guides, immobile. Cet être devait être d’une puissance immense. Il ne lui avait fallu que secondes à notre contact pour lire ce que nos cœurs recelaient. Il savait qui était Olympe; il savait qui était Jün. Il connaissait mes faiblesses et comment me pousser à bout pour que je parvienne à les surmonter. Je fus parcourue d’un frisson. Sa prescience comportait-elle des limites? Je me demandai alors de ce qui se serait passé si j’avais choisi une autre voie que celle de la magie. Je fus choquée de ne pas avoir considéré la question plus tôt. Le processus aurait-il été le même? Existait-il cinq Gardiens, chacun terré dans une caverne différente, dans les souterrains du Palais de Dasha, protégeant les secrets de pouvoirs millénaires? Je ne le saurais probablement jamais. Raison de plus pour m’estimer chanceuse d’avoir bénéficié des enseignements qui m’avaient été donnés en ce jour.

Je retins un petit rire lorsque Raphaël demanda avec impatience si nous avions terminé les épreuves. Il avait beau être un peu brusque, parfois, sa candeur et son franc-parler comportaient un charme indéniable. Nous n’avions peut-être pas commencé cette aventure sur les meilleurs des termes, mais je me surpris à cultiver des pensées bienveillantes à son égard. Je le regardai se soumettre à l’ultime rituel, observant avec curiosité les gestes du Gardien, que je n’avais pas vu bouger jusqu’à maintenant. Lorsque Raphaël recula, ce fut mon tour de franchir la courte distance qui me séparait de l’entité qui flottait à quelques centimètres du sol. Je baissai les yeux respectueusement alors que je lui présentai mon front. Un flash de lumière m’aveugla un instant, et je sentis une décharge parcourir mon front puis se disséminer dans tout mon corps avant de reculer prestement. Je m’inclinai en guise de remerciement au Gardien, me demandant pourquoi j’avais dû me soumettre à cette sensation moins qu’agréable. Je portai la main à mon front, le palpant légèrement, avant de me retourner vers Raphaël et de sourire, parce que l’Élémental avait eu le même réflexe. «Oui, tout cela sonne idéal, si tu veux mon avis. Je te suis!» Aussitôt dit, aussitôt fait : après avoir adressé quelques paroles de remerciement aux érudits, je suivis Raphaël hors de l’étroit couloir de marbre, puis en dehors des souterrains, me demandant si la nuit avait eu le temps de tomber après tout le temps que nous avions passé sous terre. Enfin, je pus prendre une première bouffée d’air frais, m’emplissant les poumons de l’odeur distinctive du Palais. Avec surprise, je fis un pas de côté, laissant passer mon compagnon qui se dirigeait droit vers la fontaine pour s’y plonger la tête, provoquant les chuchotements désapprobateurs des quelques nobles qui passaient par là. Je roulai les yeux, mais eut un sourire en coin. Sa réaction était peut-être démesurée, mais il faut dire que j’avais également bien besoin d’un grand verre d’eau. Je m’approchai à pas mesurés du jeune homme, alors qu’il éclata d’un rire jovial. Je ne pus que l’imiter, évacuant le stress des dernières heures dans un rire à gorge déployée. Il exprima son contentement alors que je gloussais encore, la main devant la bouche comme le voulait l’usage. «Quelle aventure, tout de même!»

L’Élémental me demanda alors, en s’entrechoquant plusieurs fois dans ses mots, si je souhaitais l’accompagner lorsqu’il quitterait le Palais. Je l’observai avec bienveillance, une lueur amusée dans l’œil. J’étais ravie qu’il me demande de partir avec lui. Bien sûr, nous ne pouvions pas être plus différents l’un de l’autre, mais après l’épreuve que nous venions de traverser ensemble, je ne pouvais imaginer le quitter de façon abrupte. Je dus tout de même considérer son offre, me demandant si je souhaitais quitter le Palais dès demain. Après quelques secondes, je lui adressai un sourire franc et honnête, heureuse de m’être trouvée un compagnon de route. «J’en serais enchantée!» Je passai une main hésitante dans mes cheveux, jetant des regards à droite et à gauche, croisant les yeux de certains nobles qui nous épiaient d’un air réprobateur. «Allez, viens,» dis-je en l’attrapant amicalement par le bras, «je connais une servante qui peut nous faire venir un repas plutôt rapidement.»

¶FIN¶
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Sombres secrets [Pv Aina]

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