D.epuis des heures que je restais ici, sans rien faire d’autre que de broyer du noir dans mon coin. Furieux. Encore. Pour la même raison que toutes mes disputes précédentes : ma transformation en Élémental. Était-ce trop difficile d’accepter que son enfant devienne quelque chose d’autre qu’un humain? Était-ce trop compliqué pour ma mère de comprendre que c’était de sa faute si nous étions dans cette situation depuis près de deux mois? Ce que c’était frustrant les disputes! Surtout lorsque j’avais raison. Mais évidemment, ma mère refusait d’avouer que c’était SA faute. SA faute si notre relation partait en se dégradant. SA faute si tout le reste de ma famille refusait de me voir. SA faute! Sans oublier mon père! Lui qui m’a toujours détesté, lui qui a toujours voulut partir avec ma mère en me laissant derrière! En faisant ce qu’il a fait, il a réussit à accomplir ce qu’il voulait tant de son vivant : briser la belle relation que j’avais avec ma mère. Malheureusement pour lui, il est mort avant de pouvoir voir le grabuge qu’il a causé derrière lui. Je serrai les dents, encore plus en colère maintenant. Pourquoi a-t-il fallu que les besoins égoïste d’une seule personne parviennent à séparer une famille entière? Pourquoi? Lors des années précédentes, lorsque mon père était encore vivant, il faisait tout en son pouvoir pour obtenir ce qu’il voulait. Ça ne marchait que très rarement et après plusieurs tentatives ratées, il laissait tout tomber. Ironiquement, en mourant, son premier souhait à été exaucé. Tout le travail qu’il a accomplit pour briser le lien entre moi et ma mère a finalement porté fruit. Au moment où j’ai vraiment besoin d’une présence maternel à mes côtés. Tout ça à cause des enfantillages d’une seule personne…

Ne pouvant plus me contenir plus longtemps, je décidai de me défouler sur quelque chose. Je me redressai de sur mon lit et regardai autour de moi. Avait-il quelque chose dont je pouvais me débarrasser sans que je ne le regrette plus tard? Mes yeux se posèrent sur une vielle peluche. Un ourson que mon père m’avait donné pour mon je-ne-sais-combientième anniversaire. Lorsqu’il me l’avait donné, j’avais été très content et je le promenais absolument partout, trop fier de ce que je venais de recevoir de la part de mon papa. Aujourd’hui, assis sur mon lit, je repensais aux souvenirs liés à cet ours et un goût amer s’installa dans ma bouche. Hum! Mon père avait certainement acheté ce cadeau pour éviter une autre dispute avec ma mère, non pour me l’offrir de bonne grâce. Quel hypocrite de père j’ai eus! Je pris l’ours dans mes mains et ferma les yeux dans le but de faire appel à mon pouvoir. Je gardai les yeux fermés pendant quelques minutes jusqu’à ce qu’une odeur de brûlé se fit sentir. J’ouvris mes yeux et vis que la patte arrière gauche de mon ours était enflammée. Parfait! Je me levai et sortit de la maison. Je m’avançai vers la rue et jetai l’ours en flammes dessus et partit sans un regard pour ce toutou.

Je me dirigeai d’un pas rapide vers le parc, seul endroit où je pouvais me calmer sans avoir besoin de brûler quoique ce soit. C’est sûr que me débarrassé de l’ours en peluche m’a fait un grand bien mais quand je ne contrôlais pas mes fortes émotions, mon pouvoir de feu faisait souvent surface et ça prenait un assez bon bout de temps pour que je réussisse à reprendre le contrôle dessus. Pour éviter tout accident, il fallait pour cela que je trouve un endroit apaisant pour mes nerfs. Comme le parc n’était pas très loin, j’y arrivai en quelques minutes à peines. Il n’y avait pas grand monde en ce moment mais ce n’était pas moi qui allais m’en plaindre. J’avais besoin d’être un peu seul pour le moment. Je me dirigeai vers un banc installé non loin et m’assis dessus. Je m’étais un peu calmé mais pour moi, brûler un stupide ourson n’était pas suffisant. Même si je contrôlais moyennement mes pouvoirs, le feu était bien la seule chose capable de me réconforter complètement. Suivant les conseils qu’Anwen m’avait donnés la dernière fois, je m’imaginais entrain dessiner un cercle et le résultat ne se fit pas attendre. Un léger picotement se fit sentir dans ma main et deux secondes après, une boule de feu apparue dans ma main gauche. Content de mon progrès, je me mis à jouer avec, m’imaginant brûler mon père avec l’aide de cette boule de feu. MA boule de feu.

Era n'avait pas vraiment d'idée concernant ses occupations aujourd'hui. Elle savait qu'elle devait se mettre à chercher du travail, mais tous les postes de la ville ne l'intéressaient absolument pas. Il fallait dire qu'entre vendeuse, couturière, ou encore femme de chambre, elle espérait beaucoup mieux. Son plus grand plaisir était le spectacle, la danse et le chant plus particulièrement. Elle rêvait d'être l'attraction première d'un grand cabaret, le seul problème étant qu'il n'y avait aucun endroit de ce type ici. Tout était si tranquille et ennuyeux, rien donc ne pourrait lui permettre de faire quelque chose de plaisant. Elle partirait en quête de son emploi de rêve très bientôt, et à vrai dire elle avait déjà une idée de la destination où elle pourrait aller chercher, à Sceptelinôst. Quelqu'un lui avait dit un jour que de nombreuses femmes y travaillaient, comme prostituées certes, mais apparemment aussi comme danseuse. Bien qu'elle ne soit pas du tout attirée par la première option, elle tenterait surement sa chance pour la seconde. Son plus grand rêve serait évidemment d'ouvrir son propre cabaret, ainsi elle serait la patronne, et la meilleure employée du mois toute la l'année, l'idéal.

Marchant tranquillement le long du chemin du magnifique parc de la ville, elle continuait de rêver à toutes ses éventualités. Pour le moment il ne lui restait que cela, le droit de rêver, alors autant en profiter. Alors qu'elle redescendait lentement sur terre, son attention se porta sur un jeune garçon assis non loin de là. Elle avait surtout remarqué la boule de feu qu'il faisait bouger aux creux de ses mains comme un vulgaire ballon. Attirée par un tel pouvoir, elle se dit qu'il devait être particulièrement destructeur une fois maîtrisé. Malheureusement, elle ne possédait pas un tel don. Tant pis, et bien si elle ne pouvait faire de même, elle comptait bien se trouver une marionnette qui le ferait pour elle. Voyant la jeunesse de ce jeune homme comme une aubaine, elle tenta de s'en approcher. Après tout, l'enfance est la période la plus forte au niveau de la naïveté, il serait donc bête de sa part de ne pas tenter d'en profiter à son avantage. Et puis peut être que ce mioche avait d'autres talents cachés dont elle pourrait se servir à l'avenir. Ainsi, en possédant plusieurs personnes comme lui, ce serait comme une petite armée personnelle qui serait à son service sans jamais s'apercevoir qu'elle les manipulerait.

Tout d'abords, le plus dur restait à faire. Elle devait réussir à l'amadouer puis à faire de lui un parfait pantin. Elle devrait surement pour cela lui apprendre les rudiments indispensables du mal, car s'il restait tout gentil, il n'accepterait jamais de commettre des choses affreuses et cela peu importe ce qu'elle lui trouverait comme excuse. Elle devait donc tout d'abords s'occuper de sa moralité, avant de vouloir exploiter ses forces. S'approchant doucement de lui, elle prit son visage des beaux jours, souriante et accueillante. Son regard bleu se posa sur lui avec une fausse douceur, elle qui haïssait les enfants comme la peste, elle jouait parfaitement son rôle de bonnne samaritaine.

-"Bonjour. Tu as l'air agacé. Quelque chose ne va pas?... Je m'appelles Era, et toi?"

La jeune femme ne s'assit pas tout de suite, restant plutôt face à lui tout en le regardant avec gentillesse et douceur. Elle posa une main tendre sur son épaule. Espérant que le garnement se montrerait docile.

T.oute cette colère était nouvelle pour moi. Jamais une personne ne m’avait mit autant hors de moi que lui. La sérénité du parc ne m’aidait même pas à me calmer, moi un enfant aussi souriant d’habitude… Un seul évènement. Un seul évènement avait réussi à me changer… Je devais me reprendre et continuer ma vie, sans penser aux conséquences qu’on eut le passé sur ma vie actuelle. Mais pourquoi continuais-je à ressentir autant de haine et de désir de destruction? Était-ce à cause que je pensais encore à mon père? Peut-être bien. Au fur et à mesure que ma colère continuait à augmenter, la boule de feu prenait de l’ambleur. Elle grossissait rapidement. Beaucoup trop. Avant de créer une explosion qui pourrait coûter à quelqu’un dans ce parc, je fis de mon mieux pour la réduire à sa taille initiale. Heureusement pour moi, rien de dégénéra et je réussis à reprendre le contrôle du feu sans incident majeur avec un arrière goût d’amertume. C’était assez frustrant de contrôler quelque chose d’aussi dangereux, surtout lorsqu’il faisait surface en présence de forte émotions. D’un certain sens, ça voulait dire que je devais penser le moins souvent à ma famille, sinon je crois bien que je ne tiendrais pas plus d’un jour sans brûler quelque chose, voire quelqu’un. Quoique… Ça pouvait défouler non? Brûler un membre de ma famille… …Non je ne pouvais pas faire ça. C’était mal. Mais me rejeter de la manière qu’ils ont fait, ce n’était pas aussi un geste digne des adeptes du mal? Si je décidais de passer à l’acte, es-ce que ça voudrais dire me débarrasser d’une personne méchante dans le monde? Allez savoir. Je ne savais plus où mettre la tête. La vengeance n’était pas une solution sauf qu’en cas de besoin, cela pouvait bien servir. Surtout pour une personne qui vit tant de chamboulement. J’avais été trahi. N’était-ce pas une raison suffisante pour se venger?

Les pensées noires qui m’avaient pris la tête tout à l’heure revinrent à la charge. D’un côté, je me disais que me venger ne résoudrait en rien mon problème familial tandis que l’autre me disait que les tuer reviendraient à me sortir une bonne fois pour toute de ce cercle vicieux. Laquelle de ses pensées devrais-je écouter? Laquelle serait la meilleure pour moi? J’avais besoin de l’avis de quelqu’un. Qui me conseillerait la marche à suivre. Qui m’aiderait à prendre la bonne décision. Mais à qui pourrais-je demander son avis? Certainement pas à une personne que je connaissais. Elle me dirait immédiatement de suivre la première pensée, sans y réfléchir d’avantage. Non. Une personne qui pourrait réellement me guider, sans qu’elle m’oblige à suivre la « voie des gentils ». Je regardais autour de moi. Parmi les gens dans ce parc, à qui pouvais-je poser la question? Il fallait que je prenne une personne de type neutre, mais qui? Je jouais distraitement avec ma boule de feu, me répétant la question dans ma tête lorsque je la remarquais. Non loin de là, elle me fixait. Était-ce la personne désigner pour me dire qu’es-ce que je pouvais bien faire? L’inconnue devant moi s’approcha finalement après quelques minutes d’observation, un sourire accueillant collé sur les lèvres. Sans savoir le pourquoi, je me sentis immédiatement en confiance. Son sourire semblait assez sincère et je me dis que je pouvais sans doute lui parler sans qu’elle ne commence à me juger. Toujours entrain d’aborder ce visage remplis de bonne humeur, la fille s’arrêta à mes côtés, ses magnifiques yeux bleus poser dans les miens.

« - Bonjour. Tu as l’air agacé. Quelque chose ne va pas?..., demanda-t-elle gentiment. »

Si au moins elle savait! Ça n’allait vraiment pas bien, mais pas du tout! Ma vie était gâchée et j’en voulais tellement à ma famille que je me demandais si je devais les tuer ou non! Dire qu’il y a quelque mois de ça, une idée pareille m’aurait complètement révolté. Maintenant, je ne ressentais plus rien, à part une bribe d’hésitation, à savoir si je devais passer oui ou non à l’acte. Qu’es-ce que j’avais changé durant la courte période d’un mois.

« - Je m’appelle Éra, et toi? »

Le visage si gentil et souriant de cette femme me faisait du grand bien. Elle s’appelait donc Éra… Devais-je lui dire mon nom? … Une personne comme elle ne pouvait pas être bien méchante. De plus, son sourire me réconfortait énormément et avait même réussit à me calmer un peu. Du moins, assez pour que j’oublie mon père et que quelques pensées noires s’envolent. Je sentais que je pouvais lui faire confiance, alors me présenter à elle serait déjà un début. En plus, je pouvais en profiter pour lui demander ce que je devais bien faire avec ma famille.

« - Je m’appelle Scott, dis-je d’un air enjoué. Je fis une pause de quelques secondes, hésitant encore un peu. Comment réagirais Éra à ma demande? Je ne pouvais quand même pas lui dire ça, d’un coup! Nous nous connaissions à peine. Je regardais une nouvelle fois son visage. Avec ce sourire et cet air gentil collé sur elle, était-ce une bonne idée de me confier? Cette question resta sans réponse le temps d’une demi-seconde lorsque la réponse s’imprima comme un fait dans ma tête. Je devais au moins essayer avant de la juger. J’aurais une question à vous posez Éra : Que dois-je faire pour réglé un problème avec… une personne? Me venger serait-elle la bonne décision? »

Ça été assez brusque et soudain, mais je n’étais pas réputé pour tourner autour du pot comme certain on l’habitude de faire. Restait plus qu’à attendre sa réponse et je pourrais être fixé.